Memoire Online - Ressources patrimoniales et perspectives touristiques dans le royaume Bamoun : projet de mise en place d'un bureau d'informations touristiques intercommunal dans la ville de Foumban.

Le royaume bamoun correspond au Département du Noun selon la réforme administrative actuelle. Situé dans la région de l'Ouest-Cameroun, il couvre une superficie de 7687 km² soit 52% de la superficie totale de la Région de l'Ouest avec pour capitale Foumban l'un des neuf arrondissements qu'il comporte. En 2008, sa population est passée de 434 542 habitants en 2001 à plus de 820 000 habitants aujourd'hui pratiquant une langue commune : le shü pamom. Le Département du Noun est constitué d'un haut plateau (700m) à l'Ouest surmonté de trois massifs alignés (Nkogham 2290m, Mbèpit 2000m et Mbam (2200m) et d'une plaine encaissée au pied de la falaise à l'Est de Foumban, cette plaine longe la rive du Mbam jusqu'au point de confluence avec le Noun près de Bafia.

Ce département est doté d'un climat de type soudano-guinéen à deux saisons ; une saison sèche qui s'étend de Novembre en début Mars, avec une température moyenne de 30 à 35°C et suivie d'une grande saison de pluie débutant en milieu du mois de mars à Octobre avec une température moyenne de 27 à 28°C. Nous retrouvons aussi dans cette partie du pays de nombreux microclimats dû à l'influence du relief. D'un point de vue général, on relève un climat équatorial de montagne de type Soudano-guinéen, comprenant deux grandes saisons : une sèche, qui va de novembre à mi-mars et l'autre pluvieuse qui s'étend de juillet à octobre³.

Sur le plan hydrographique, on recense plusieurs lacs, des sources dont certains sont d'origine volcanique, des fleuves tels que le Nshi'i, le Melèn, le Shié mbù et bien sûr le Noun arrosent le royaume. Ces cours d'eau aux noms évocateurs sont pour certains chargés d'histoires anecdotiques.

La végétation est dominée par une savane de transition, parsemée de forêts, de galeries avec des températures variant entre 14° et 32°C. Ce qui donne à la terre d'énormes potentialités et prédispositions pour la pratique de l'agriculture. Les cartes ci-après donnent un aperçu de la riche étendue qu'occupe le peuple bamoun dans la région de l'Ouest Cameroun.⁴

Département du Noun Département du Ndé Département du Koung-khi Département du Haut-Nkam Département de la Menoua Département du Mifi Département du Bamboutos Département des Hauts-plateaux

1.2 - DONNÉES HISTORIQUES SUR LE ROYAUME BAMOUN 1.2.1 - Origines du royaume bamoun

L'histoire des Bamoun ne doit pas se confondre à celle de ses rois. A ce propos E. MATATEYOU suggère de s'intéresser aux différents groupes ethniques que Nshare aurait trouvés précisément à : Mayo, Marapndoum, Mayouom, Njimom, Folap, Foyet, Njichom, Manjenkoutou, Matiapon, Machu, Marom, Mabouo, Mambain, Malien, Mafouatie⁵. A en croire l'auteur, ces populations furent successivement soumises par Nshare puis par ses successeurs. Les populations vaincues n'auraient gardé de leurs traditions que les danses, les chants des sociétés secrètes et les différentes formes de manifestations artistiques, (sculpture, vannerie, teinture, métallurgie, poterie, etc.). Certaines populations s'enfuirent vers l'Ouest dans la région de Bafoussam. Il s'agit des : Yaakwe, Ndiyan, Mbuo, Ripaa, Rap, Sapngwin, Tie. Les Pa', Nguren, Zrum durent aller vers Bali Nyonga au Nord-Ouest tandis que les Pu', Lien, Ngiembu et Ndun prenaient la direction de Ngambe à l'Est.

C'est donc Nshare et ses successeurs qui unifièrent les populations du Département.

Le pays bamoun est une grande « fédération de peuples »⁶ soumis par la ruse et la force, qui sont devenus Bamoun et parlant une seule langue. Vers 1300, NSHARE YEN, prince tikar serait venu de Rifum (aujourd'hui Mbankim et situé à l'Est de l'actuel royaume bamoun) ayant rompu les liens avec son père qu'il quitta accompagné d'un petit groupe d'hommes pour fonder son propre royaume. Après des années de marche au cours desquelles il soumit quelques sept principautés, il finit par s'installer avec ses compagnons dans un premier temps à NJIMOM. L'Etat bamoun y aurait été proclamé en 1394 et Njimom devient la première capitale du royaume. Le pacte fondateur scellé sous l'arbre Sép au lieu-dit Sâmba Ngùo stipule que : « L'Etat Bamoun est né et Nshare en est le roi. Il désignera librement son héritier parmi ses fils. »⁷ Les sept compagnons Nkom cosignataires sont les conseillers « intronisateurs » du Roi, chargés de garder la loi fondamentale de l'Etat et de veiller à sa pérennité. Leur fonction est héréditaire et ils sont autonomes. Ils ont le privilège de se donner la mort qu'ils sont condamnés à la peine capitale par la justice pour haute trahison, par exemple. Il est mentionné par ailleurs dans « Histoire et Coutumes des Bamum » qu'à sa mort, Nshare Yèn aurait vaincu dix-huit peuples qu'il aurait

⁵ MATATEYOU, Emmanuel, (2002), Parlons bamoun, paris, L'Harmattan, p.11. 6 & ⁷NJI GNAMBI NFOUAPON YAYA et al, [s.d.], Les origines du royaume bamoun, [s.l.].

incorporés à son Etat et établis sa nouvelle capitale à Foumban après y avoir vaincu les Pa Mbèn qu'il réinstalla dans un quartier de la ville (Mambain).

Quand MBOUMBOUO MANDOU accéda au trône durant la deuxième moitié du XVIIIème siècle, il entreprit de grandes conquêtes aux frontières naturelles du Mbam, de la Mapè et du Noun. Ce fut un personnage charismatique dont l'« Histoire »⁸ cite les propos suivants : « Je poserai les limites du royaume avec du sang et du fer noir. La guerre, c'est mon affaire. » Il aurait exercé son pouvoir à partir de 1757 environ et dut résister à l'assaut des Peuls musulmans venant du Nord-est. Durant son règne, le pays bamoun prit la forme qu'il avait à la fin du XIX^ème siècle. Ayant assujetti près quarante-huit peuples, le roi MBOUMBOUO fut indéniablement un roi belliciste. Le territoire et la population connaitront une expansion sans précédent. On aurait évalué la population Bamoun à cette période à près de 60 000 habitants pour une superficie d'environ 7700 Km2 environ. Toutefois l'histoire des rois est aussi riche et marquée quelques fois par des intrigues les plus invraisemblables dès la mort de Nshare vers 1418.

La construction de ce palais s'inspire de celui que Njoya visita à Buea chez le gouverneur allemand Von Puttkammer, il a fait l'objet de travaux de restauration en 1985 et figures parmi les attraits les plus courus du royaume.

1.2.2- Transmission du pouvoir royal, histoire et symbolique des armoiries du royaume

Nshare Yèn lorsqu'il vint de Rifum vers 1394 ordonna que le mode de succession royale ne prenne en compte que l'ascendance paternelle. Seule elle est digne de régner. `'L'héritier du roi quelque soient les circonstances ne doit jamais sortir ni de la famille des Nkom, ni des chefs vassaux, ni de la famille des Nkom shü mshüt, ni de la famille des gens du roi, ni d'une famille étrangère''⁹. Cette organisation successorale était mise sur pied par Nshare parce qu'il craignait que l'un des descendants parvenus au pouvoir n'abandonnât les coutumes venues de Rifum pour prendre celle de sa famille maternelle. Cette famille pouvait se venger contre les Bamoun qui autrefois avaient vaincu leurs ascendants. Cette organisation n'a pas failli jusqu'au roi Mbienkouo (1817-1818). Après sa mort, Ngouhouo aurait profité des troubles qui sévissaient dans le royaume et usurpé le trône. Or Ngouhouo avait été grand serviteur du roi Mbouombouo. Il n'était pas prince de sang ni apparenté à la famille royale. C'était un véritable esclave. Nsangou, fils de Ngoungoure et neveu du roi Mbouombouo se révolta, guerroya contre Ngouhouo et hérita du trône des rois Bamoun. Depuis cette rocambolesque tragédie, aucun roi n'a eu ni son frère, ni un esclave pour lui succéder. Tous ces rois ont d'une manière ou d'une autre contribué à la riche histoire du peuple bamoun malgré leur très faible représentativité au sein du musée qui leur est dédié. A nos jours, la dynastie est rendue à son 19^ème souverain en occurrence S.M MBOMBO NJOYA Ibrahim qui y accède le 09 août 1992. Le tableau suivant présente l'ensemble des souverains bamoun qui se sont succédé ainsi que la durée de leur règne.

⁹NJI GNAMBI NFOUAPON YAYA et al, [s.d.], Les origines du royaume bamoun, [s.1.].

Ordre	Noms des Rois	Période de règne
1er	NSHARA YEN	1394 - 1418
2ème	NGOUOPOU	1418 - 1461
3ème	MONJOU	1461 - 1498
4ème	MENGAP	1498 - 1519
5ème	NGOUH I	1519 - 1544
6ème	FIFEN	1544 - 1568
7ème	NGOUH II	1568 - 1590
8ème	NGAPNA	1590 - 1629
9ème	NGOULOURE	1629 - 1672
10^ème	KOUOTOU	1672 - 1757
11^ème	MBOUOMBOUO	1757 - 1814
12^ème	GBETNKOM	1814 - 1817
13^ème	MBIENKOUO	1817 - 1818
14^ème	NGOUHOUO	1818 - 1863
15^ème	NGOUNGOURE SHETFON	1863 (30 minutes)
16^ème	NSANGOU	1863 - 1889
17^ème	NJOYA IBRAHIM	1889 - 1933
18^ème	NJIMOLUH NJOYA	1933 - 1992
19^ème	MBOMBO NJOYA IBRAHIM	1992 - ...

Source : NJI GNAMBI NFOUAPON YAYA et al, [s.d.], Les origines du royaume bamoun, [s.1.]. Ces périodes ne sont que des estimations des généalogistes du palais royal bamoun.

Le pays bamoun présente une structure sociale très hiérarchisée, le tableau ci-après présente avec une relative précision les rangs et rôles respectifs dans sa communauté.

Tableau 2: Rangs et rôles dans la communauté Bamoun, la classe d'esclaves n'existant plus de nos jours.

Titres nobiliaires	Traduction littérale	Rôles ou fonctions	Nominations et successions
Mfon	Roi	Souverain bamoun	Charge héréditaire
Nkom	Ministre (cofondateur)	Conseillers intronisateurs	Nommé et héréditaire
Nah mfon	Mère du roi	Equilibre du pouvoir	Nommée
Nji Mgbetnyi Mfon	Adjoint du roi	Vice-roi	Nommé
Njinfonfon	Nji des rois	Premier ministre	Nommé
Moma'mfon	Frère ou soeur	Utérins du roi	Nommé(e)
Tita Mfon	Père du roi	Conseillers du roi	Nommé
Manshut (Tupanka)	Grand du palais (Tête des Panka	Ministre de la défense	Nommé
Ta'a-ngu	Père du pays	Chef de la justice	Nommé
Manshut Takum	Grand serviteur de la cour	Intendant en chef du palais	Nommé
Nkom shu mshut	Grand serviteur du roi	Conseiller du roi	Héréditaire
Mfon-ghome	Chef vassal	Administrateur des terres	Nommé
Shue-mfon	Chambellan	Gentilhomme chargé du service de chambre du roi	Nommé
Nji	Notable, Prince	Chargé d'une communauté reculée	Nommé et héréditaire
Mfon-tue	Roi soumis	Chef vassal	Héréditaire
Shiinshût	Gardien du palais	Services divers	Héréditaire
ⁿPùen nd?m nd?m	Hommes libres	-	-

Source : Nji GNAMBI MFOUAPON Yaya et al, [s.d.], Les origines du royaume bamoun, [s.1.].

1.3.2 - Organisation économique et socioculturelle

L'activité économique dans le département du Noun reste principalement tournée vers l'agriculture qui occupe 60-70% de sa population active et contribue pour plus de 60% à sa richesse. L'élevage et la pèche ne sont pas en reste, car constituant aussi des maillons importants qui boostent l'économie du département. Le domaine de référence de cette partie du pays est l'artisanat occupant 20-30 %, a connu un essor considérable sous l'impulsion du roi MBOUOMBOUO notamment grâce à ses nombreuses conquêtes mais aussi et surtout sous le règne de Njoya. Aujourd'hui cette activité est beaucoup plus florissante dans la ville de Foumban tout comme dans les nombreux recoins qui l'avoisinent. Le royaume s'en est forgé une renommée qui a traversé les frontières. Les produits de leur créativité sont côtés sur le plan international.

Les Pamom sont une fédération de peuples au passé glorieux. Ce peuple vieux de plus de six siècles est resté profondément attaché aux valeurs et symboles du pays. Des nombreuses fêtes que célèbre ce peuple, la plus populaire reste le Nguon. C'est un grand moment de réjouissances culturelle et traditionnelle du peuple. Ce festival qui favorise le tourisme, le petit et le grand commerce est déjà inscrit sur la liste des patrimoines culturels camerounais soumis à l'UNESCO¹ pour être érigé au rang de patrimoine culturel commun de l'humanité.

A l'origine, les Bamoun étaient animistes (culte religieux adressé aux ancêtres). Cependant, l'introduction de deux nouvelles religions se fait à la suite du contact avec le peuple haoussa qui assista Njoya en difficulté et l'arrivée des premiers colons: d'abord l'Islam ensuite le Christianisme. Pendant que l'Islam tolère la polygamie et interdit l'alcool, le Christianisme condamne l'un (la polygamie) et laisse libre cours à l'autre (la consommation de l'alcool). Conséquemment, le roi Njoya, fondera une religion syncrétiste appelée Nwet- Nkwete « poursuivre afin d'atteindre », se convertira définitivement à l'islam sous la pression des religieux foulbés².

Aujourd'hui les croyances religieuses en vigueur dans cette région sont l'Islam, le Christianisme, et un fond ancestral de religion que les monothéistes qualifient de paganisme ou de culte de crânes. Tout comme d'autres tribus de l'Ouest-Cameroun, le peuple bamoun a su conservé, malgré le temps et les mutations sociétales, ses traditions ainsi que ses us et coutumes.

1 http:/-les grandes journées culturelles et traditionnelles du peuple bamoun, page consultée le 10 janvier 2019 à 09 h13.

Un bref aperçu de ses trésors et richesses culturels est présenté ci -dessous :

Les armoiries bamoun sont devenues au fil du temps des symboles distinctifs de la royauté et du peuple. Cependant elles sont sujettes à des représentations erronées et malveillantes.

- Le serpent bicéphale, beaucoup ignorent sa véritable symbolique, pourtant il faut tout de

même dire que certains Bamoun peuvent avoir contribué à rependre cette explication fallacieuse du symbole du serpent bicéphale. Certes, les traditionalistes locaux se sont efforcés de rétablir la vérité depuis des années. Des écrivains comme Mounchili ont aussi tenté de restituer l'origine exacte du symbole du serpent bicéphale. Dans un récit illustré, l'auteur (Mounchili) explique qu'en effet, le serpent bicéphale nait de la guerre qui opposa le roi Mbouombouo aux MAPOU vers le début du XIXème siècle d'une part et aux POU qui occupaient toute la zone située entre le centre commercial de Malentouen et la rive droite du fleuve Mbam jusqu'à Ripa d'autre part.

Les Bamoun se battaient contre les POU depuis quelques années déjà. Mais ceux-ci résistaient farouchement. De plus, auraient-ils disposé d'un monstre effrayant conçu pour intervenir en dernier ressort surtout chaque fois que des envahisseurs les acculaient dans leur dernier retranchement. Le monstre était appelé Saânumpût ce qui veut dire « haut jusqu'à mordre le ciel ». Il se serait agi en effet d'un reptile artificiel géant qu'on utilisait de telle sorte qu'il passât la tête au-delà des branches pour anéantir les guerriers Bamoun. Ce monstre les sauva plus d'une fois. Mais un jour, MANCHOU, serviteur du roi de MAPOU qui aurait conçu l'engin infernal fut sévèrement réprimandé par son roi à cause d'une vague histoire de repas au palais. Vexé et brisé dans son amour propre par cet affront, il aurait fait défection et serait passé un jour du côté du roi MBOUOMBOUO à qui il dévoila le secret du Saânumpût et lui fit la démonstration devant les guerriers au palais de Foumban. Quelques temps après, MBOUMBOUO revint à la charge contre les MAPOU. Cette fois-ci aucun attaquant Bamoun n'aurait reculé quand on sortit le Saânumpût. Les POU furent donc enfin vaincus. En guise de récompense, MANCHOU devint un grand notable du palais bamoun. Il fut installé au quartier MANKA'A. Au moment où les MAPOU étaient sur le point de perdre cette guerre, on vint annoncer au roi MBOUOMBOUO que d'autres peuples l'avaient attaqué sur la frontière Ouest au bord du NOUN. Il s'agissait des Mgbètnka' appuyés par les Mèhre. Le roi dépêcha un contingent de ce côté-là pour stabiliser la situation. La victoire fut remportée sur les fronts. C'est à l'issue de ces événements que le roi Mbouombouo eut l'idée de célébrer son triomphe par un symbole qui représenterait sa double victoire. Bon nombre d'historiens bamoun pensent que le monstre reptile Saânumpût aurait inspiré l'idée d'un serpent bicéphale plutôt que d'un

lion ou d'une panthère à deux têtes. "Le serpent bicéphale est le symbole de la double victoire du roi Mbouombouo. Toute autre interprétation de ce signe est fausse et mal venue"¹.

- La grande araignée : le roi Mbouombouo fut un homme très travailleur au regard de l'oeuvre immense qu'il accomplit en agrandissant le royaume et le rendant prospère. Il aurait voulu que ses sujets adoptassent cette vertu que l'araignée mygale symbolisait par la minutie de son incessante activité. Outre cette symbolique, la grande araignée renvoie à la sagesse, la prévoyance dans la cosmogonie bamoun.

- La cloche à double gong : en plus d'être un instrument de communication, il est un instrument de rassemblement du peuple. Il est utilisé par le roi lorsqu'un besoin de rassembler le peuple s'impose pour une communication du trône. A l'écoute du son de cette cloche, la population accourt promptement au palais royal. Ainsi à la cloche à double gong symboliserait le patriotisme. L'association de tous ces éléments fait office d'armoiries du pays bamoun. Ils ont d'ailleurs inspiré la configuration morphologique du nouveau musée.

¹Mounchili, (2014), Le serpent à deux têtes ou la victoire sur deux fronts, [s.1.], Lybonar.

A tous ces symboles, peuvent être associés le Mandou Yenou nom donné au trône royal sculpté dans du bois, le Nkindi ce grand tambour d'appel de forme cylindrique, d'une envergure de 06 mètres et d'un diamètre d'environ 1,50 m. Lorsque le roi le faisait frapper, c'était pour convoquer ses sujets et leur dire de se préparer pour une campagne armée.

Le pèn njapche est un met très célèbre en pays bamoun et très sollicité par les visiteurs étrangers, il s'agit du couscous de maïs aux légumes localement appelées njapshe. Ce couscous peut également s'accompagné de Nsa'à (jeunes feuilles de l'oseille de guinée bouillies et pressées afin de les vider de leur acidité), de Gha'à (gombo), de wa'akun (feuilles de haricot séchées dont la préparation nécessite de l'huile de palme, du sel, du piment et des arachides), de Shùem (jeunes feuilles de melon). Les boissons locales sont le Kúnu' (mélasse de canne à sucre bouillie, filtrée et conditionnée dans des calebasses) et le Nzu' fü (breuvage extrait du palmier / raphia fermenté et sucré).

Le mariage coutumier, c'est tout une palette de cérémonies que ce soit dans les familles musulmanes que chrétiennes. Les plus importantes sont le Kap tu megbié (cérémonie qui donne l'occasion au futur époux d'apporter et de donner un présent symbolique en espèce ou en nature) et le Tu'u nduu (la dot, moment durant lequel s'enchevêtrent le comique, la sacré, le religieux, le profane et le moderne).

Les rites funéraires, sont des cérémonies aux allures de traditions, obligations et prescriptions fondées sur des croyances religieuses et sacrées. Le Nyi kù (période du veuvage que ce soit pour l'homme ou pour la femme. Cette personne est soumise à un ensemble d'obligations aux vertus expiatoires et purificatrices).

L'intronisation d'un roi, c'est l'une des cérémonies les plus courues ici, lorsqu'un roi décède, c'est son propre fils qui lui succède. Gardé secret, son nom est révélé aux Tita mfon et certains Nkom qui le saisissent pour les rites de succession. Le prince choisi devient effectivement roi lorsqu'il apparait en public arborant les emblèmes royaux, notamment :

? Une coiffe ornée de plumes rouge symbole d'autorité et des feuilles extraites des forêts de Njimom et des bananiers du cimetière royal.

La culture bamoun possède un fond musical très riche, auquel on associe des instruments et des danses. Le Mun njom ndù (grande cloche à double gongs utilisée par le roi dans des circonstances engageant l'intérêt général du royaume. Le Mvùegnam est une danse de la principauté de Mfoalum (groupement situé au Nord de Foumban), le Me ndu ngbara par contre est une danse très populaire et très prisée par la jeunesse.

Nous pouvons retenir de ces premières lignes que l'histoire du peuple bamoun aurait débuté dès le XIXème siècle. Il s'établit sur des terres aujourd'hui appartenant au Département du Noun avec pour capitale Foumban. Son histoire ne doit pas se confondre avec celle de la dynastie. Cette dynastie séculaire qui a vu se succéder sur le trône une dizaine de souverains contribuant différemment à la construction du pays. Le pays s'agrandit considérablement sous le règne de Mbouombouo, la culture à travers les arts, les traditions et les coutumes reste profondément ancrée dans les habitudes quotidiennes du peuple, atteignant leur apogée sous le règne du roi Njoya. Nous verrons par la suite que le royaume bamoun regorge d'énormes ressources patrimoniales aussi riches et variées que son histoire. Dans ce second chapitre à double volet, il sera question d'abord de présenter de façon substantielle son potentiel culturel et naturel et par la suite de questionner la stratégie de valorisation y afférente.

Comment s'organise la gestion actuelle du potentiel touristique dans le royaume bamoun ? Qu'offre-t-il en termes de visites culturelles ? Quelles y sont les lacunes et les améliorations à y apporter ? Dans le but de contribuer à améliorer leur mode de gestion, la présente réflexion se proposera d'effectuer une brève évaluation du potentiel en place, d'identifier et de décrire les lacunes de la gestion actuelle, et d'en proposer des réajustements pour une gestion plus efficace.

Ressources patrimoniales et perspectives touristiques dans le royaume Bamoun : projet de mise en place d'un bureau d'informations touristiques intercommunal dans la ville de Foumban.

CHAPITRE 1

1.3.2 - Organisation économique et socioculturelle