HAUTE ÉCOLE BRUXELLES-BRABANT
Domaines Sciences juridiques
et Sciences économiques et de gestion -
ISES
HAUTE ÉCOLE FRANCISCO FERRER
Catégorie Économique
Cooremans
Année académique 2020 - 2021.
EN QUOI LES SAVOIRS ET PRATIQUES
LOCAUX POURRAIENT-ILS CONTRIBUER à REGENERER LES SOLS AGRICOLES ?
ETUDE DE CAS CROISEE AU BURKINA FASO ET EN BELGIQUE
TRAVAIL DE FIN D'ÉTUDES DE THOMAS
KARAGA
EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME DE BACHELIER
EN COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT
PROMOTEUR : DUBUISSON
FRANÇOIS-XAVIER
1
2
Ce travail de fin d'études a pu aboutir grâce au
soutien de plusieurs personnes que je souhaite remercier.
Je voudrais d'abord remercier et témoigner ma
reconnaissance à Mr François-Xavier Dubuisson, promoteur de mon
travail de fin d'études, qui fut au cours de ces années qui
viennent de s'écouler, bien plus qu'un promoteur. Travailler sous sa
supervision, est rythmé de rigueur et de curiosité scientifique,
de disponibilité et d'enthousiasme. Enfin merci de tout coeur d'avoir,
surtout pendant les moments d'incertitudes et de changements éducatifs
liés à la Covid-19 d'avoir toujours su insuffler l'envie et
d'avoir compris certaines de mes angoisses tant elles étaient
éloignées de la recherche. J'associe à ces pensées
tous mes autres professeurs qui m'ont tenu durant ce cycle, en particulier :
Mme Dominique Weber, Mr Emmanuel Klimis, Mme Céline Azizieh.
Je voudrais remercier Mathilde Rulens et madame Maya Diagne,
avec lesquelles j'ai eu l'opportunité et la chance de travailler lors de
mes différents stages en mettant en pratique mes connaissances apprises.
Ces collaborations furent très riches d'enseignement et
d'expériences. Je leur remercie pour leur grande disponibilité,
discussions et conseils.
... Et puisque le professionnel, l'amitié et les
rencontres se sont bien souvent mélangés,
... Je voudrais saluer et remercier tous mes amis
rencontrés à Bruxelles. Je pense à Cherif Ousmane et sa
famille ; Madina Kida ; Adama DOSSO et sa famille ; Hugo Charlemagne et sa
copine Astrid Hebben. Milles merci pour ces soirées étudiantes
mémorables, ces moments de retrouvaille au centre de Bruxelles, ces
voyages entre amis, ces conseils et astuces.
Mes pensées remplies d'affection et de tendresse vont
à l'endroit de tous mes camarades étudiants rencontrés
lors de nos études au sein de la HE2B.
Paola Villasuso devenue au fil des années une soeur
pour moi, je me remémore nos trajets ensemble après nos
journées de cours d'hiver et de printemps fatigantes, de nos sorties, de
nos balades...
3
Ces années, nous les avons passées ensemble dans
les salles de cours, dans des moments de stress, d'entraide, d'angoisses et
aussi de joies lors de nos sorties pour les fins d'examens. Je vous souhaite
tout le bonheur dans vos futures occupations professionnelles ou
éducatives, vous le méritez !
Merci aux familles Konseimbo et Zerbo pour leur soutien et leur
amour...
Merci maman, papa pour votre amour, vos soutiens et vos
sacrifices... A mes frères et soeur, que ce travail de votre
aîné soit pour vous une source d'inspiration et d'investissement
dans les études.
4
Table des matières
Liste des abréviations 7
Introduction 8
1 Pratiques agricoles régénératrices au
Burkina Faso et en Belgique 10
1.1 Dégradation des sols 10
1.1.1 Définition 10
1.1.2 La dégradation du sol due aux activités
Humaines. 11
1.2 L'agriculture régénératrice 12
1.2.1 Définition et origine 12
1.2.2 Principes 12
1.2.3 Techniques de conservation et de
régénération des sols 12
1.2.3.1 Les ouvrages durables 13
1.3 Liens entre l'agriculture régénératrice
et le développement durable. 14
1.4 Présentation du milieu d'étude au Burkina Faso
: la région soudano-sahélienne. 15
1.4.1 Climat 15
1.4.2 Pluviométrie et température 15
1.5 Techniques agricoles régénératrices au
Burkina Faso. 16
1.5.1 Le zai 16
1.5.1.1 Définition et origine 16
1.5.1.2 Principes 17
1.5.1.3 Les avantages 20
1.5.1.4 Les faiblesses de cette pratique 21
1.5.1.5 Facteurs de réussite du zaï 22
1.5.2 Les cordons pierreux 22
1.5.2.1 Définition et origine 22
1.5.2.2 Principes 22
1.5.2.3 Etapes de la mise en place 23
1.5.2.4 Les faiblesses des cordons pierreux 25
1.5.2.5 Les avantages des cordons pierreux 25
1.5.3 Les demi-lunes 26
1.5.3.1 Définition et origine 26
1.5.3.2 Étapes de la mise en place des demi-lunes 27
1.5.3.3 Forces 28
1.5.3.4 Faiblesses 29
1.6 Présentation du milieu d'étude en Belgique
29
5
1.6.1 Climat de la Belgique 30
1.6.2 Pluviométrie 30
1.7 Techniques agricoles régénératrices en
Belgique 32
1.7.1 La couverture végétale du sol 32
1.7.1.1 Définition 32
1.7.1.2 Procédé 32
1.7.1.3 Les conséquences de la couverture
végétale permanentent des sols 32
1.7.1.4 Faiblesses de la technique de la couverture permanente
des sols 33
1.8 Problématique et méthodologie. 34
2 Partie Pratique : réponses à la question de
recherche 36
2.1 Greenotec 36
2.1.1 Présentation de Greenotec 36
2.1.2 Exposé des résultats de la TCS lors de
l'entretien avec Greenotec 36
2.1.3 Résultat de 30 ans en TCS et un double couvert chez
Benoit Vandevoorde
(membre de Greenotec). 37
2.1.3.1 Type de sol, cultures et évolution 37
2.2 Regenacterre 38
2.2.1 Présentation de Regenacterre 38
2.2.2 Exposé des résultats de la TCS obtenus lors
de l'entretien avec Regenacterre 39
2.3 Présentation de l'agriculteur Hamadé Ouedraogo
et de son champ 40
2.3.1 Récoltes de mais de 1995 à 2005 (avant la
mise en place du zaï) 41
2.3.2 Rendements en francs CFA des ventes de maïs de 1995
à 2005 42
2.3.3 Données de récoltes après l'adoption
de la technique du zaï 43
2.3.4 Production de maïs de 2006 à 2018 sur une
parcelle de 10 hectares. 43
2.3.5 Production de haricot de 2006 à 2018 sur une
parcelle de 5 hectares 44
2.3.6 Courbe d'évolution de la production du maïs et
de haricot 45
2.3.7 Difficultés liées à la mise en place
du zaï 45
2.3.8 Retombées sociaux-économiques 45
2.4 Tableau de comparaison des pratiques agricoles
régénératrices au Burkina Faso et en
Belgique. 46
3 Conclusion 49
4 Bibliographie 52
5 Annexes 54
5.1 Annexe 1 54
5.2 Annexe 2 62
5.3 Annexe 3 65
6
5.4 Annexe 4 70
5.5 Annexe 5 71
5.6 Annexe 6 72
5.7 Annexe 7 73
7
Liste des abréviations
HE2B : Haute Ecole de Bruxelles-Brabant. ODD : Objectifs de
Développement Durable. FAO : Food and Agriculture Organisation.
GREENOTEC : Groupement de Recherche sur l'Environnement et
d'Etude de Nouvelles Techniques Culturales.
ONU : Organisation des Nations Unis.
IRM : Institut Royal Météorologiques.
TCS : Techniques de Conservation des Sols.
8
Introduction
Pour relever les défis de l'agriculture durable, les
agriculteurs du monde entier doivent innover au travers de techniques agricoles
adéquates. L'article de presse « 80 % de la déforestation
est due à l'agriculture » (Hervieu, 2015) explique que 80% des
forêts détruites chaque année sont dus à
l'agriculture. En adoptant donc des techniques durables, cela permettra de
faire face aux trois défis auxquels l'agriculture de demain est
confronté à savoir : « Nourrir une population en expansion,
procurer un revenu aux agriculteurs et protéger l'environnement »
(Jonathan Brooks, 2019).
Mon intérêt personnel pour la thématique
est né tout d'abord du fait que : « Né en 1946, Yacouba
Sawadogo, par la technique du le zaï a réussi à reboiser une
forêt d'une quinzaine d'hectares qui fait rempart à
l'avancée du désert dans la Province du Yatenga, région du
Nord du Burkina Faso » (Rédaction B24, 2020). Cette prouesse fut
accomplie grâce à la maitrise d'une technique agricole
régénératrices dénommée le zaï. Il
était dès lors important pour moi d'expliquer ces techniques
agricoles régénératrices et d'étudier leurs
bienfaits sur les sols et sur l'environnement en général. Ces
faits m'ont conduit à me poser la question de savoir en quoi les
pratiques et savoirs locaux peuvent contribuer à maintenir la
régénération des sols agricoles tant au Burkina Faso qu'en
Belgique. Au vu des grandes surfaces de forets détruites dans le monde
à des fins de culture, quelles sont les techniques qui permettent de
régénérer les terres agricoles cultivées en lieu et
place de détruire des forêts ? Comment ces techniques agricoles se
mettent-elles en place ? Quels sont leurs avantages et désavantages ?
Quels sont les impacts de ces techniques agricoles sur la vie
socio-économique des cultivateurs ?
Pour ce faire, le TFE s'articulera autour de deux grandes
parties. La première sera théorique et établira,
après une recherche documentaire approfondie, nous expliqueront les
différentes techniques agricoles régénératrices en
Belgique et au Burkina Faso. Elle débutera par les liens entre
l'agriculture régénératrice et le développement
durable ; dans un second temps nous verrons pourquoi les causes et les types de
dégradation des sols ; troisièmement nous présenterons
9
trois techniques agricoles régénératrices
au Burkina Faso qui sont le zaï, les cordons pierreux et les demi-lunes ;
et finalement la couverture permanente des sols agricoles en Belgique. La
présentation et l'étude des techniques agricoles
régulatrices dans ces deux pays seront précédés par
une présentation de leurs milieux naturels respectifs à savoir,
leur climat, pluviométrie, et évapotranspiration.
Dans la seconde grande partie, j'analyserai de manière
pratique à travers une présentation et des interviews, un projet
d'agriculture régénératrice au Burkina Faso mené
par un paysan avec différents chiffres de récoltes et les
retombées socio-économiques et en Belgique. Ces entretiens
serviront à répondre à la question problème
à travers l'intervention de plusieurs acteurs de ces projets. En
Belgique je vous exposerai les résultats de mes interviews avec les deux
chercheurs de deux structures d'étude, de conseil et
d'expérimentation de pratiques agricoles
régénératrices. Il s'agit de l'asbl Greenotec qui est
l'acronyme de Groupement de Recherche sur l'Environnement et d'Etude de
Nouvelles Techniques agricoles qui vise à transmettre et faciliter
l'application des techniques agricoles régénératrices par
les paysans, mais aussi à innover et faire des recherches sur des
techniques agricoles existantes ; ensuite je vous exposerai Regenacterre qui
est une association sans but lucrative pour le développement et la
promotion de l'agriculture régénératrice.
Du côté du Burkina Faso, je présenterai un
projet d'agriculture régénératrice. Pour conclure, je
présenterai via un tableau, les avantages et les inconvénients
(économiques, sociaux, techniques) des différentes pratiques
agricoles régénératrices dans ces deux pays ; enfin je
vous exposerai le ressenti des personnes interviewées à propos
des différentes perspectives des techniques agricoles et leurs effets
à long terme sur l'environnement et les rendements agricoles.
La conclusion aura comme objectif de synthétiser et de
mettre en relation les réponses obtenues des parties théoriques
et pratiques à mon questionnement de départ.
10
1 Pratiques agricoles
régénératrices au Burkina Faso et en Belgique
1.1 Dégradation des sols 1.1.1
Définition
La dégradation d'un sol stable est le
phénomène évolutif associé à la perte de son
équilibre ; son équilibre étant régulé par
ses différentes composantes qui sont entre autres l'eau, l'air, les
matières minérales et organiques.
Nous notons que ce phénomène de
dégradation évolutif est différent de l'évolution
naturelle liée au climat et à la végétation locale
(LA DECOMPOSITION DE LA MATIERE ORGANIQUE, s.d.). Elle est provoquée par
le remplacement de la végétation primitive par une
végétation secondaire, qui modifie l'humus et la formation du
sol. En effet, après un certain moment d'évolution
parallèle entre le sol et la végétation, un état
d'équilibre est atteint ; cet écosystème stable est
appelé climax. On parle de progression lorsque le sol évolue vers
le climax.
Lorsque l'état d'équilibre,
caractérisé par le climax est atteint, il tend à se
maintenir stable au cours du temps. La végétation
installée sur le sol fournit l'humus et assure la circulation ascendante
des nutriments. Elle protège donc le sol de l'érosion en jouant
le rôle de barrière. Les plantes réduisent l'érosion
en liant les particules du sol aux racines. Ainsi, toute modification
légère est rapidement corrigée et l'équilibre
rétabli.
Toutefois, lorsque l'écosystème subit un
déséquilibre très important due par exemple à une
destruction importante de la végétation, il devient très
difficile voire impossible de retrouver un équilibre semblable au
passé. Dans ce cas, l'érosion, causée par plusieurs agents
(tels que l'eau et le vent, les activités chimiques et physiques de
l'homme), est responsable de la destruction des horizons supérieurs du
sol, et est à l'origine d'un phénomène de rajeunissement
du sol. Le phénomène de dégradation des sols peut donc
être observé partout car il dépend du climat et de l'action
de l'Homme.
11
1.1.2 La dégradation du sol due aux
activités Humaines.
La dégradation du sol est causée par l'action de
l'homme. En effet, il peut modifier profondément l'évolution des
sols par action directe et brutale, telle que le défrichement, coupes
abusives, pâturage en forêt, ratissage des litières
(Mathieu, 2020). La dégradation des sols peut aussi être
causée par le changement climatique lié au comportement de
l'homme. Le changement climatique peut élever le niveau de mers et
océans et ainsi conduire à une érosion du littoral.
De façon indirecte, l'Homme aménage des routes
et des villes qui augmentent les surfaces imperméables et favorisent le
ruissellement et donc l'entraînement du sol.
Le phénomène d'érosion
s'accélère via les pratiques agricoles intensives et via
l'utilisation de produits chimiques agricoles. En effet, l'agriculture augmente
les risques d'érosion en déséquilibrant la
végétation locale.
Parmi les pratiques agricoles accélérant
l'érosion du sol nous pouvons noter la monoculture, la culture en rangs
espacés, le surpâturage, et le labour.
La modification des méthodes de travail du sol par la
mécanisation augmente également les risques d'érosion et
donc de dégradation du sol. En effet, la fertilisation par engrais
minéraux au dépend de fumure organique augmente
immédiatement le rendement mais déstructure peu à peu la
structure du sol. On constate de même une diminution progressive de la
teneur du sol en matière organique, ainsi qu'une diminution de
l'activité biologique du sol.
Enfin, la coupe abusive du bois en particulier est à
l'origine de la dégradation des sols forestiers.
La dégradation des sols engendre plusieurs
conséquences parmi lesquelles on a la diminution des rendements
agricoles, les catastrophes naturelles, la dégradation de la
qualité des eaux et la perte de la diversité biologique.
Nous pouvons lutter contre l'érosion des sols via
plusieurs techniques qui permettent d'améliorer et de corriger les
situations de dégradation. Bien que
12
simples, les méthodes utilisables pour réduire
l'érosion ne sont souvent pas pratiquées, car leurs
bénéfices à court terme ne semblent pas évidents.
La reconstruction d'un sol est en particulier possible grâce à des
techniques agricoles qui permettent d'améliorer la structure du sol,
d'apporter de la matière organique et de limiter le ruissellement (telle
qu'une couverture végétale permanente).
1.2 L'agriculture régénératrice
1.2.1 Définition et origine
L'agriculture régénératrice possède
plusieurs définitions, mais par définition
générale, elle est décrite comme
étant l'ensemble des pratiques agricoles qui concourent à
plusieurs objectifs dont l'essentiel est de renforcer avec des méthodes
naturelles la qualité des sols malades et épuisés. Ces
méthodes naturelles sont entre autres des pratiques traditionnelles
paysannes du monde entier. Ces pratiques agricoles paysannes
diversifiées en fonction des lieux où l'on se trouve
s'améliorent de générations en générations
au grand bonheur de l'environnement et des populations qui
bénéficient de ses bienfaits.
1.2.2 Principes
Nos recherches ont permis de noter trois principes de
l'agriculture régénératrice
(Fátima, 2020). Le premier principe consiste à
ne pas labourer excessivement, car en labourant trop souvent, les organismes
présentes sous la terre ne trouvent plus les conditions idéales
pour vivre et la matière organique diminue. Ainsi les plantes peuvent
à travers leurs racines puiser tous les nutriments permettant leur bonne
croissance. Le deuxième principe consiste à toujours avoir un
ensemble divers de plantes sur l'exploitation, plutôt que de la
monoculture. Cela permet de favoriser la biodiversité en attirant
énormément d'animaux et d'insectes, ce qui va créer des
insectes auxiliaires qui permettent de contrôler les différentes
attaques des insectes nuisibles sans qu'on ait à intervenir. Enfin, le
dernier principe consiste à couvrir le sol de cultures ou plantes tout
au long de l'année, toujours dans l'optique de favoriser la
biodiversité.
1.2.3 Techniques de conservation et de
régénération des sols
13
La lutte antiérosive classique consiste
généralement à appliquer des structures
antiérosives et techniques culturales qui montrent des aptitudes
à retenir l'eau et à ralentir l'érosion. Avant de porter
un choix sur une technique il serait bon de passer en revue toutes les
pratiques antiérosives afin de déceler leurs efficacités
et les éventuels problèmes que provoque leur application.
1.2.3.1 Les ouvrages durables
Les ouvrages sur lesquels nous allons porter notre
étude sont dit durables et s'énumèrent comme suit : Pour
le cas du Burkina Faso, nous avons le zaï, les cordons pierreux et les
demi-lunes ; et pour le cas de la Belgique nous avons la couverture
végétale permanente des sols agricoles. Afin de bien les
étudier, nous allons les décrire, ensuite examiner leurs
avantages et leurs inconvénients. Afin de faire un choix clairvoyant,
nous allons les décrire, ensuite examiner leurs avantages et leurs
inconvénients dans un tableau par rapport à notre
étude.
Le Food and Agriculture Organization (FAO) à travers
son manuel n°70 (FAO, s.d.) stipules que :
« Il y'a un certain nombre de règles qui doivent
être respectées pour la restauration des sols :
1) Si le sol est décapé par l'érosion,
il faut avant tout se rendre maître du ruissellement (cordon de pierres,
haies vives, ...)
2) Si le sol est compact, il faut réaliser un travail
profond pour restaurer la macroporosité de la couverture
pédologique.
3) La structure étant généralement
instable, il faut en même temps enfouir un stabilisant (de la
matière organique bien décomposée, du gypse, de la chaux)
et semer une végétation produisant un enracinement profond et une
biomasse exubérante capable de stabiliser les macropores du profil (ex.
sorgho, Stylosanthes, Pennisetum, maïs, etc....).
4) Si l'horizon superficiel a été appauvri ou
décapé, il faut réintroduire une microflore et une
mésofaune susceptibles de remettre en route l'évolution positive
de la structure et l'assimilabilité des nutriments minéraux
(fumier ou compost bien décomposés).
5) Si le sol est acide, il faut amender le sol jusqu'à
ce que le pH dépasse 5 et que la toxicité aluminique et
manganique soit écartée.
14
6) Enfin, corriger progressivement les carences
minérales du sol en alimentant les plantes cultivées à
leur rythme et en emballant le complément minéral (N et P) dans
la fumure organique pour éviter sa lixiviation par le drainage ou son
immobilisation par le fer ou l'alumine libre. »
1.3 Liens entre l'agriculture
régénératrice et le développement durable.
Selon la définition donnée dans le rapport de la
commission mondiale sur l'environnement et le développement de
l'Organisation des Nations Unies (ONU), dit rapport Brundtland (Our Common
Future, 1987), ou cette expression est apparue la première fois en 1987,
« Le développement durable est un développement qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux
leurs ». Lorsque nous regardons de plus près les objectifs de
développement durable, adoptées par les nations unies en 2015 et
à atteindre à l'horizon 2030, nous remarquons que l'agriculture
régénératrice remplit les 2ème et
15ème objectif de développement durable ODD (LES
OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE (ODD), 2015) de l'ONU. Le
deuxième objectif dénommé « zéro faim »,
qui consiste à augmenter la production de manière durable en
respectant l'environnement. Il faut donc augmenter la production alimentaire,
tout en tenant compte de la préservation environnementale. L'agriculture
régénératrice y est définie comme « l'ensemble
des pratiques agricoles qui concourent à plusieurs objectifs dont
l'essentiel est de renforcer avec des méthodes naturelles la
qualité des sols malades et épuisés », nous voyons
qu'elle rejoint parfaitement le deuxième objectif du
développement durable, puisqu'elle vise à
régénérer des sols dégradés afin de produire
des aliments pour nourrir la population au lieu de détruire des
forêts ou des écosystèmes. Le 15ème
objectif de développement durable de l'ONU est de « restaurer,
réserver et gérer durablement les écosystèmes
15
terrestres et notamment les sols, l'agriculture
régénératrice restaure les sols et contribue à
nourrir les populations ». L'agriculture
régénératrice concourt donc au développement
durable en nourrissant des populations de manière durable.
1.4 Présentation du milieu d'étude au
Burkina Faso : la région
soudano-sahélienne.
Dans ce chapitre, nous présenterons le milieu
d'étude du Burkina Faso à travers son climat, sa
pluviométrie et ses températures avant d'aborder les techniques
agricoles régénératrices.
1.4.1 Climat
Le Burkina Faso, pays ouest-africain possède un climat
tropical de type
soudanien (Burkina Faso, 2021). Ce climat est
caractérisé par deux saisons : la saison sèche et la
saison d'hivernale. La saison sèche est marquée par des vents
secs qui soufflent du nord-est au sud-ouest. Elle dure 5 mois, elle va
d'octobre à mars. Avril est le mois le plus chaud avec l'arrivée
de la mousson et de vents humides. La saison hivernale se résume par des
vents humides, elle dure de fin mai à début septembre. Le mois
d'octobre est un mois charnier qui voit souffler les vents secs d'harmattan qui
causent des maladies telles que la grippe, la méningite et la
pneumonie.
1.4.2 Pluviométrie et température
La pluviométrie au Burkina Faso varie d'une zone à
une autre, le pays est
divisé en trois zones pluviométriques (Climat du
Burkina Faso, s.d.). Ces zones pluviométriques rassemblent des points
d'égale quantité de pluies tombées sur une saison
donnée. Ces zones pluviométriques sont :
- La zone sahélienne : elle concerne le nord du pays avec
une
pluviométrie faible, elle est arrosée par 400
à 600 millimètres de pluie annuellement. Ses températures
sont très élevées surtout en période sèche,
elle possède une température moyenne supérieure à
29,5 degrés.
16
- La zone sub-sahélienne : C'est une zone qui est
située au centre du pays. Elle est arrosée de 600 à 750
millimètres de pluie chaque année. La moyenne des
températures y et comprise entre 28 degrés Celsius et 29,5
degrés Celsius.
- La zone nord-soudanienne : Elle concerne le sud du pays.
C'est la zone la plus pluvieuse du pays et la moins chaude. Elle est
caractérisée par des pluies relativement abondantes et une saison
des pluies plus longues avec plus de 74 jours de pluies et entre 1 000 et 1 300
millimètres de pluie chaque année et des températures
moyennes inférieures à 28°.
Figure 1 : Carte générale du Burkina avec les
isohyètes et la zone d'étude (
https://www.researchgate.net/figure/Carte-generale-du-Burkina-avec-les-isohyetes-et-la-zone-detudefig1323203725)
1.5 Techniques agricoles
régénératrices au Burkina Faso. 1.5.1 Le zai
1.5.1.1 Définition et origine
Le zaï est une pratique de culture traditionnelle de
céréales (mil, mais, sorgho, ...) née dans le nord du
Burkina Faso, plus précisément des provinces du Yatenga mais elle
s'est aussi répandue dans certains pays limitrophes tels que le Mali et
le Niger (Zaï (agriculture), 2021). Zai signifie en langue mooré*
« se
17
lever tôt et se hâter pour préparer sa
terre » parce que c'est une pratique culturale qui a le désavantage
de nécessiter des centaines d'heures de laborieux travail à
l'hectare. Elle consiste à concentrer l'eau et les
éléments nutritifs (fumier) autour de la plante cultivée.
La pratique avait été plus ou moins abandonnée du fait de
l'arrivée de techniques agricoles mécanisées dans les
champs. Cette réapparition est dû au fait que le nord du Burkina
Faso a traversé une sécheresse et que le zai était l'une
des méthodes pour rendre le sol cultivable et faire renaitre la
végétation détruite. Yacouba Sawadogo, paysan
burkinabé, vivant dans la région connue sous le nom de Sahel
compte parmi ceux qui contribuent à faire renaître cette
technique, c'est précisément en 1974 que la lutte de Yacouba
Sawadogo a commencé (Yacouba Sawadogo, l'homme qui a vaincu le Sahara,
2021).Cette pratique culturale s'adapte efficacement aux zipellés, qui
sont des surfaces de terre encroûtées fortement
dégradées. Cette pratique culturale est aujourd'hui
classée parmi les techniques de conservation des eaux et des sols.
1.5.1.2 Principes
Nos recherches nous ont permis de nous rendre compte que le
zaï peut être exécuté de deux manières (Fiche
technique #5 -la technique du zai). D'abord il y'a le zaï manuel et enfin
le zai mécanique.
- Le zai manuel : C'est une technique qui a pour but de
préparer la terre très tôt avant la saison des pluies. Il
faut en premier lieu creuser des petits trous manuellement et à l'aide
d'une houe locale à manche court appelée « daba ». Ces
petits trous doivent être creusés chaque 70 centimètres,
avoir 20 à 40 centimètres de diamètre et une profondeur
comprise entre 10 et 20 centimètres. Le creusage des petits trous doit
se faire en rejetant la terre en croissant vers l'aval, pour capter les eaux de
ruissellement. Les trous sont creusés lors de la saison sèche qui
s'étend du mois de novembre jusqu'en juin. Ces petits trous permettront
de piéger le sable, les limons et les matières organiques
emportés par le vent. La surface du champ doit être ensuite
entourée de cordons de pierres pour maitriser le ruissellement violent
sur ces terres encroutées. A partir des premières pluies avant la
période d'hivernage l'agriculteur y dépose de la matière
organique (fumier) par trous de semis que l'on recouvre d'une fine couche
18
de terre. Les termites et autres insectes sont alors
attirés par la décomposition des matières organiques, ils
creusent donc des galeries au fond des semis qu'elles transforment en
entonnoirs. Après les premières averses de pluie de l'hivernage,
environ deux semaines après l'apport du fumier, le cultivateur y
sème en poquets1, une douzaine de graines de
céréales en fonction du type de terre. Lorsqu'il s'agit de
terrains lourds, c'est le sorgho qui est semé, cependant lorsqu'il
s'agit de terrains sableux et gravillonnaires, c'est le mil qui est
semé. Les eaux de pluie ruissellent, puis pénètrent dans
les semis et créent des poches d'humidité en profondeur qui sont
à l'abris de l'évaporation rapide. La technique agricole du
zaï permet donc de concentrer localement l'eau enrichie par le
ruissellement et les nutriments transformés par les termites. Nous
notons que l'application du zaï peut être limité par le
manque de main d'oeuvre et de fumier car c'est une technique qui demande
beaucoup de temps de travail, environ 300 heures. Cette technique est
très pénible car elle est pratiquée avec des outils
rudimentaires à savoir les pioches et les dabas. Il demande en outre la
fabrication et le transport de compost ainsi que la confection d'un cordon de
pierres ou de diguettes antiérosives autour du champ pour maitriser le
ruissellement. Au bout de trois années d'exploitation, le sol
dégradé devient moins compact et plus perméable.
- Le zai mécanique : Toutes les difficultés
liées à l'application de la technique du zai manuel, ont
poussé les paysans à l'améliorer via sa
mécanisation. La principale difficulté rencontrée est la
forte demande en main d'oeuvre. En effet, le temps de travail manuel est
considérable, dépendant de la nature du sol, il peut valoir 300
heures par homme et par hectare. De plus, l'opération se déroule
pendant la période sèche et chaude est difficile pour les
paysans. La mécanisation de l'opération consiste à
réaliser des passages croisés de la dent de travail du sol en sec
en traction animale.
· Le premier passage est fait dans le sens de la pente :
l'écartement entre passage correspond à l'écartement entre
poquets.
1 Poquet : Trou utilisé lors du semi pour y
placer plusieurs graines.
·
19
Le second est perpendiculaire à la pente et croise le
premier. Les écartements entre passage correspondent aux
écartements entre lignes de semis. L'écartement entre les trous
varie selon la culture envisagée.
· A l'intersection des 2 passages se trouve la cuvette
de zaï : on excave la terre des points d'intersection et on la
dépose en aval de chaque cuvette.
Un apport de fumier est effectué manuellement deux
semaines avant le semis. Le poquet de zaï bien rempli peut être
utilisé durant deux années de suite avant d'être
renouvelé. Il est obligatoire de faire une alternance de culture
céréalières et oléagineuses afin d'éviter la
monoculture. Une lame de fer de biseautée à ses deux bouts est
montée sur le bâti d'un outil aratoire à traction animale.
La lame en fonction de sa taille peut servir tant dans les sols argileux
cohérents que dans les sols limoneux et sableux peu cohérents. Le
temps de travail est estimé à 130 heures par hectares pour le
zaï mécanique avec extirpation de terre. Il y'a un sous-solage*
croisé qui est effectué tous les 80 centimètres, avec une
dent pénétrant sous la croûte, juste après la
récolte, permet de diminuer de moitié le temps de creusement des
zaï. Le passage croisé de la dent de travail du sol en sec donne
permet à une grande quantité d'eau de s'infiltrer facilement par
rapport à la méthode manuelle. Cette technique peut être
trois fois plus rapide que celle manuelle et ses effets sur le sol et la
production de la culture sont considérables. Il permet un apport de plus
de fumier et de grains par rapport à la méthode manuelle. Il est
aussi possible d'apposer un complément minéral, tel que le
phosphate naturel qui permet d'améliorer la production de biomasse. Le
sol encrouté est réhabilité après 2 années
de pratique du zaï mécanique. Cette technique est couteuse en
accessoire pour les paysans, mais il faut aussi noter que qu'elle permet aux
paysans d'augmenter leurs récoltes et leurs revenus, donc
l'investissement est vite rentabilisé.
Photo illustrant un champ ayant subi la technique du zaï,
les poquets ont été creusés et remplis de fumier en
attendant la première pluie :
Figure 2 : Photo montrant un champ ayant subi la
technique du zai avec les poquets remplis de fumier (
http://www.agrintalk.com/technique-de-realisation-de-zai/)
Photo illustrant des jeunes pousses de maïs ayant
poussé dans les poquets de
zaï :
Figure 3 : culture de maïs poussant dans les poquets
de zaï (
http://www.inadesformation.net/actualites/les-agriculteurs-kenyans-experimentent-la-technique-zai-pour-faire-face-aux-effets-du-changement-climatique-2/)
20
1.5.1.3 Les avantages
21
Au vu des étapes de la mise en place, nous notons que
la technique du zaï produit plusieurs avantages (Fiche technique #5 -la
technique du zai) qui sont entre autres :
- La technique du zaï permet de récolter la pluie
et les eaux de ruissellement ce qui permet de contenir et retenir l'eau de
pluie dans les parcelles cultivables et donc améliorer et augmenter es
rendements.
- Cette technique protège les graines et les
matières organiques d'être emportées par le
ruissellement
- Elle concentre les nutriments et la disponibilité de
l'eau sur la parcelle cultivée pendant et après de la saison des
pluies ;
- Elle augmente les rendements, et réactive les
activités biologiques dans le sol et mène éventuellement
à une amélioration de la structure du sol.
Nous notons aussi que le zaï permet la
régénération de la végétation sur les champs
de zaï lorsque le fumier ajouté aux fosses contient des graines ou
des pousses d'arbres. C'est cette méthode utilisée par Yacouba
Sawadogo qui a permis la régénération d'une forêt de
27 hectares pendant obtenant ainsi un prix Nobel alternatif et permettant aux
populations qui avaient fui du fait de la sécheresse, de revenir
cultiver leurs champs, maintenant cultivables grâce à la
régénération du sol. Si elle est correctement
exécutée, la technique du zaï peut augmenter la production
de près de 500%.
1.5.1.4 Les faiblesses de cette pratique
Nous notons que la technique du zaï a plusieurs
faiblesses (Éric ROOSE, 1993) qui rendent compliqué son
application et son suivis, ces différentes faiblesses sont :
- La pénibilité du creusage des petits trous
sur de grandes parcelles en respectant les séparations entre trous.
- Les apports de fumier peuvent être limités ou
insuffisants
proportionnellement à la taille de la parcelle à
cultiver ou régénérer.
22
- La main d'oeuvre peut être insuffisante au vu de tous
les efforts à déployer.
- Les moyens de transport de personnes ou de fumier peuvent
être limités dans certaines zones.
- Les zones à très faible ou à très
forte pluviométrie ne peuvent pas
bénéficier de la technique du zaï puisque
cette technique demande une quantité d'eau suffisante, mais pas beaucoup
au risque d'engorger les cultures.
1.5.1.5 Facteurs de réussite du zaï
Nous notons que le zaï peut se mettre en place
uniquement si la main d'oeuvre et les moyens logistiques sont présents.
Sur de grandes exploitations, il faudrait plusieurs cultivateurs qui
travaillement pendant un nombre d'heures et aussi des moyens logistiques pour
transporter le fumier et autres composants nécessaires.
1.5.2 Les cordons pierreux
Dans ce chapitre nous présenterons les cordons pierreux,
une des techniques agricoles régénératrices au Burkina
Faso, nous expliquerons ces principes avec des images illustratives et enfin
nous exposerons les faiblesses et les atouts de cette technique.
1.5.2.1 Définition et origine
Les cordons pierreux sont des dispositions
antiérosives appliquées et conçues sur des terres en pente
composés de blocs de pierres disposées en une ou plusieurs
rangées le long des courbes de niveaux, ou autour d'un champ (Jeanette
Geppert, 2012). Ces dispositions permettent de filtrer les eaux de
ruissellement trop forts d'une part et d'autre part de provoquer un
écoulement plus lent des eaux en aval. Les cordons pierreux permettent
de récupérer les terres dégradées, de lutter contre
l'érosion hydrique et de faciliter l'infiltration des eaux de pluie.
1.5.2.2 Principes
23
La technique des cordons pierreux a plusieurs principes, parmi
ces principes nous notons que les entassements de pierre doivent se faire dans
un fossé creusé selon les courbes de niveau ; ensuite
réduire la vitesse d'écoulement de l'eau afin de limiter sa force
d'érosion et enfin favoriser l'infiltration de l'eau dans la
parcelle.
1.5.2.3 Etapes de la mise en place
Pour mettre en place une structure de cordons pierreux, il
convient premièrement de repérer les courbes de niveau et le sens
de l'écoulement de l'eau ; ensuite tracer sur le sol, avec une pioche ou
une daba, un trait qui suit la courbe de niveau ou encore la bordure du champ ;
ensuite creuser un sillon de 10-15 centimètres de large et de 15-20
centimètres de long, le long du trait ; par la suite poser de grosses
pierres dans le sillon en amont de l'écoulement de l'eau ; combler par
la suite le vide restant en aval avec des pierres plus petites ; couvrir la
structure avec la terre sortie pour creuser le sillon et finalement , s'il y a
assez de pierres réaliser une structure de 15-20 cm de hauteur avec le
restant. A la fin de tout ce travail, il faut impérativement placer
ensuite des pierres sur ces lignes tracées pour empêcher le
passage de l'eau. (Jeanette Geppert, 2012)
24
Figure 4 : mise en place de cordons pierreux suivant les
courbes de niveau (
http://www.laboress-afrique.org/ressources/assets/docP/DocumentN0965.pdf)
25
Figure 5 : cordons pierreux suivant la courbe de niveau
(
http://www.laboress-afrique.org/ressources/assets/docP/DocumentN0965.pdf)
1.5.2.4 Les faiblesses des cordons pierreux
Nous notons que le respect des courbes de niveau et des normes
techniques est important pour optimiser les effets des cordons. La
proximité de carrières ou de moellons décide des moyens de
transport à prévoir (charrettes ou camions). Dans les
années humides, les cordons peuvent provoquer une stagnation de l'eau
sur des parties du champ, ce qui peut être préjudiciable aux
cultures. Dans ce cas, les paysans doivent ouvrir les cordons pour drainer
l'eau.
1.5.2.5 Les avantages des cordons pierreux
A travers les étapes de la mise en place des cordons
pierreux, nous constatons qu'ils présentent plusieurs avantages. Tout
d'abord, ils empêchent les eaux de ruissellement d'éroder les sols
agricoles et d'entraîner leurs constituants vers les cours d'eau. Ensuite
ils augmentent l'infiltration des eaux de pluie dans la nappe. Ensuite ils
26
conservent et améliorent la fertilité des sols et
enfin cette technique fonctionne sur tous type de sol, qu'il soit caillouteux,
sableux ou argileux. Facteurs de réussite
A travers l'explication des différentes étapes de
la mise en place des cordons pierreux, nous notons que la réussite
à grande échelle de ces dispositifs est conditionnée par
deux facteurs. Premièrement, étant donné qu'elle
nécessite de nombreux blocs de pierres, il faut prévoir des
moyens de transports pour transporter les blocs de pierres en cas de leurs
non-présence sur les champs. Ce transport a un cout, et il n'est pas
évident pour les agriculteurs de pouvoir supporter ces couts de
transport. Le cout des transports peut être supprimé, si l'Etat
Burkinabè subventionnait l'achat des charrettes aux paysans pratiquant
cette technique. Les charrettes montées sur les ânes pourraient
transporter des quantités assez grandes de blocs de pierres vers les
champs, mais aussi aider à transporter le fumier qui est aussi
indispensable dans la mise en place de ces dispositifs. Comme deuxième
condition, sachant que les cordons de pierres sont des techniques il faudrait
la présence d'une main d'oeuvre dépendant de la taille des champs
pour mettre en place ces dispositifs.
1.5.3 Les demi-lunes
1.5.3.1 Définition et origine
Elle consiste à déblayer la terre de bassins de
quelques mètres pour former des cuvettes ou des monticules d'un
demi-cercle à l'aide de pic, pioche et pelle (Dipama). Elle est
notamment appliquée sur les terrains ayant une inclination et ayant un
climat aride ou semi-aride comme le nord du Burkina Faso, pour concentrer les
eaux de pluie, réduire le ruissellement et cultiver sur des terres
encroûtées. La demi-lune facilite ainsi la réhabilitation
des sols dégradés, la récupération des terres
pauvres et l'augmentation des superficies cultivables. Cette technique est
utilisée au nord du Burkina Faso pour la réhabilitation des
sols.
27
Elle ressemble à la technique du zaï, mais elles
restent différentes par leurs caractéristiques.
1.5.3.2 Étapes de la mise en place des
demi-lunes
Les demi-lunes peuvent être mises en place suivant 5
étapes principales (Agrintalk, 2016) qui sont :
· Il faut d'abord déterminer les courbes de
niveau à l'aide de plusieurs instruments tels que : le triangle à
sol, les levés topographiques ou à l'aide d'un GPS ;
· Ensuite, il faut procéder au traçage
à l'aide de daba, pic, pioche ;
· Ensuite faut que son implantation se fasse par
pivotement à l`aide d'un compas de 2mètres de rayon ;
· Ensuite il faut que la terre de déblais soit
déposée sur un demi-cercle en un bourrelet semi circulaire au
sommet aplati ;
· Enfin, les demi-lunes doivent être
disposées géométriquement sur les courbes de niveau.
28
Figure 6 : vue en perspective et disposition des
demi-lunes (
https://qcat.wocat.net/upload/fb/9/fb9f5816-f330-44f9-9b65-3429ef233e6f.jpg).
Figure 7 : Groupe d'Hommes appliquant la technique de la
demi-lune dans un champs (
https://www.jstm.org/restauration-des-sols-degrades-le-zai-et-la-demi-lune-deux-techniques-agricoles-pour-
arreter-le-desert/)
1.5.3.3 Forces
Les demi-lunes réduisent la vitesse de ruissellement des
eaux et contribuent à une meilleure valorisation de ces
dernières. L'humidité du sol augmente et la perte de sol fertile
est réduite. Dans le cas des demi-lunes agricoles, les cultures
survivent à des périodes de sécheresse temporaires. Les
demi-lunes sylvopastorales contribuent à un reverdissement remarquable
de l'environnement et promeuvent la biodiversité. Quand elles sont
réalisées sur des terres abandonnées, le gain en termes de
rendement est de 180 kg/ha de grains de mil supplémentaires et de 400
kg/ha de paille par an pour les demi-lunes agricoles (Jeanette Geppert, 2012).
À moyen terme, les demi-lunes favorisent une sédimentation et
contribuent à la récupération de terres et à leur
protection.
1.5.3.4 Faiblesses
Nous remarquons qu'en cas de fort ruissellement, les demi-lunes
retiennent un volume d'eau assez important dont le poids doit être
supporté par les bourrelets2. L'eau qui déborde des
demi-lunes peut causer des brèches sur les demi-lunes ou creuser des
rigoles sur les côtés. Sur certains sites, l'infiltration d'eaux
pluviales est améliorée la première année
après construction des demi-lunes, mais si la terre n'est pas
sarclée à la houe, cet effet diminue considérablement les
années suivantes. Cependant, en cas de fortes pluies, les demi-lunes en
terre ne sont pas appropriées. Le caractère non filtrant de
l'ouvrage peut provoquer l'inondation des plants et la stagnation de l'eau.
Cela peut réduire les rendements des cultures sensibles à des
excès d'eau. La production animale peut être réduite parce
que les sites sylvopastoraux doivent être protégés contre
la divagation des animaux.
XXX
1.6 Présentation du milieu d'étude en
Belgique
2 Bourrelet : Excroissance observée sur
certaines parties des greffes et boutures.
29
Commenté [FD1]: Ici, Thomas, on s'attend
à une brève conclusion. Le texte
du dessus est intéressant mais très descriptif. En quoi les
éléments que vous avez amenés sont liés à la
problématique du travail ? De la même façon que pour le
« chapeau », la conclusion permet de situer le lecteur et de
comprendre le fil rouge et la logique que vous suivez
|
30
J'ai choisi d'étudier et présenter une technique
agricole régénératrice Belge tout d'abord parce que la
Belgique est mon pays d'adoption pour les études, j'ai voulu donc
comparer les techniques agricoles Burkinabè à celle de la
Belgique et ainsi voir par quels moyens ces pays
régénèrent les terres dégradées afin de
participer au développement durable. Dans ce chapitre, nous
présenterons le milieu d'étude de la Belgique à travers
son climat, sa pluviométrie et ses températures avant d'aborder
la couverture permanente des sols comme technique agricole
régénératrice en Belgique.
1.6.1 Climat de la Belgique
La Belgique possède un climat tempéré, plus
précisément un climat
tempéré océanique, puisqu'il se situe
entre climat polaire au nord et le climat subtropical au sud. La
proximité de la Belgique avec la mer a une forte influence sur son
climat parce que la mer et les océans mettent beaucoup de temps à
se réchauffer ou à se refroidir, donc la chaleur
emmagasinée par ceux-ci est lentement restituée à
l'atmosphère. C'est pourquoi ce climat atténue les extrêmes
climatiques (Le climat en Belgique, s.d.). Ce climat est marqué
principalement par des hivers doux et pluvieux et des étés
relativement frais et humides.
1.6.2 Pluviométrie
L'institut Royal de Météorologie (IRM) signale que
les normales annuelles des quantités de précipitations en
Belgique varient du simple au double sur le territoire : de 700 mm/an pour la
partie nord de la Hesbaye à presque 1400 mm/an pour la région des
Hautes Fagnes (Atlas climatique, s.d.). La moyenne sur la Belgique
s'élève à 910 mm/an. Les normales des quantités de
précipitations sont influencées par le relief. Les endroits les
plus élevés en altitude plus élevés connaissent en
moyenne des quantités de précipitations plus
importantes que les zones de faible altitude.
Les quantités de précipitations sont les plus
abondantes en hiver et plus faibles au printemps. Le mois de décembre
est le plus pluvieux avec 100 mm en moyenne tandis que le mois d'avril est le
plus sec avec 50 mm en moyenne. D'avril à septembre, les
précipitations sont maximales dans
31
les Hautes Fagnes, tandis que d'octobre à mars, elles sont
maximales dans la zone Libramont-Carlsbourg-Bouillon. Les quantités
mensuelles de précipitations en région côtière sont
parmi les plus faibles du pays, à l'exception de l'automne où
l'on observe un gradient négatif de la côte vers
l'intérieur du pays lié à la température plus
élevée de la mer en cette saison. Les quantités de
précipitations sont également faibles dans la partie nord de la
Hesbaye, excepté d'avril à août. Elles y sont même
minimales de septembre à décembre.
Carte de la répartition de la quantité de
précipitations annuelles moyennes.
Figure 8 : carte de la répartition de la
quantité de précipitations annuelles moyennes (
https://www.meteo.be/fr/climat/atlas-climatique/cartes-climatiques/precipitations/quantites-de-precipitations/annuel).
Le fait d'aborder les précipitations
météorologiques est très important, puisque la
météo via la pluviométrie impacte considérablement
les sols et donc les
32
types d'agricultures régénératrices pouvant
être pratiquées sur ces sols. Le climat Belge étant
différent de celui du Burkina Faso, les types de sols et les techniques
agricoles régénératrices le seront également.
1.7 Techniques agricoles
régénératrices en Belgique
Dans ce chapitre, nous aborderons la couverture
végétale du sol comme technique agricole
régénératrice, nous la définirons,
présenterons le procédé, ses conséquences et ses
faiblesses.
1.7.1 La couverture végétale du sol
1.7.1.1 Définition
La couverture végétale du sol est définie
comme étant l'alternance successive de cultures annuelles et de cultures
intermédiaires, de telle manière que le sol soit toujours
occupé par des plantes maîtrisées (Fabrice Loubes,
2016).
1.7.1.2 Procédé
Nous notons que cette technique est assez facile à mettre
en place, et qu'elle consiste à garder les champs couverts permanemment
en les recouvrant de petites plantes herbacées. Elle dépend de la
succession des cultures et des différents matériaux disponibles
pour le semis, ainsi que des objectifs et des contraintes de la période
d'interculture. Ce choix d'interculture se fera également en fonction du
type de sol, du mode de destruction du sol, s'il est physique ou chimique et du
prix des
semences.
1.7.1.3 Les conséquences de la couverture
végétale permanentent des sols
Les effets directs de la couverture végétale
permanente des sols sont :
- L'augmentation du taux de matière organique, à
condition que les résidus de récolte et la culture
intermédiaire soient laissés et se décomposent sur
place.
33
- L'amélioration de la structure et de la
fertilité du sol grâce aux systèmes
racinaires différents et à la fixation de l'azote
via les légumineuses.
- La mise en place d'une régulation biologique contre le
développement des adventices par compétition hydrominérale
et lumineuse et des ravageurs en favorisant l'installation de prédateurs
entomophages et granivores.
- L'introduction de nouvelles espèces dans la rotation,
diminuant ainsi la pression parasitaire.
- La réduction de l'utilisation de produits
phytopharmaceutiques, d'une part, et la diminution de la lixiviation du nitrate
d'autre part, réduisant la pollution des cours d'eau et des nappes
phréatiques.
La couverture végétale permanente des sols induit
aussi des effets indirects. En effet, elle accroît l'activité
biologique du sol et par là améliore ses propriétés
physico-chimiques (température tamponnée, fertilité
chimique, circulation et rétention de l'eau, aération du sol...).
Les racines des plantes utilisées y contribuent-elles aussi. Cette
couverture joue aussi un rôle d'écran au vent et à la pluie
limitant ainsi l'érosion éolienne et hydrique et
améliorant les conditions de culture.
1.7.1.4 Faiblesses de la technique de la couverture
permanente des sols
Les contraintes de la couverture permanente des sols sont
nombreuses, puisque les couverts sont un nouveau système de culture
qu'il faut apprendre à connaître (Delaunois, 2009). Tout d'abord,
ils peuvent entraîner un coût supplémentaire si la semence
est chère ou si l'on augmente les passages pour le travail du sol. Une
technicité importante est aussi nécessaire pour obtenir certains
résultats recherchés : plus de rendement et moins de charge. Ceci
demande donc du temps. De nouveaux outils sont parfois très utiles pour
réaliser ces nouveaux itinéraires techniques (semoir avec disques
ouvreurs, chasses mottes rotatifs, semoir de semis direct...). Ces outils ne
sont pas forcément disponibles. Enfin, les couverts sont plus faciles
à implanter et à détruire en système de semis
direct. Or, les semis directs sont actuellement
34
peu développés. Le couvert végétal
est ainsi une technique prometteuse, mais qui demande encore beaucoup de mises
au point pour une efficacité optimale.
1.8 Problématique et méthodologie.
Ma recherche théorique a commencé par un
état de lieu des techniques agricoles
régénératrices actuelles existantes au Burkina Faso et en
Belgique. J'ai choisi de faire une étude croisée dans ces deux
pays (Burkina Faso et en Belgique) tout d'abord parce que, dans mon pays le
Burkina Faso, les changements climatiques et l'action de l'homme jouent un
rôle dans la dégradation du sol, je voulais donc voir dans quelle
mesure on pourrait régénérer les sols détruits et
aussi l'impact de la régénération sur la vie sociale des
populations pour la plupart défavorisés.
Ensuite du côté de la Belgique, je voulais voir
si les pratiques agricoles régénératrices étaient
les mêmes qu'au Burkina Faso, ou s'il y'avait des similitudes.
J'ai exploré la littérature disponible sur les
pratiques agricoles régénératrices. Dans l'objectif de
rester dans la réalité des pratiques agricoles
régénératrices des deux pays, j'ai dans un premier temps
choisis d'utiliser des sources issues de sites internet belges de conseil ou
d'association d'agriculteurs belges ; pour le cas du Burkina Faso, j'ai
également choisi d'utiliser des sources de sites internet
spécialisés dans les pratiques agricoles
régénératrices du Sahel. Dans cette partie
théorique, il était très important pour moi de commencer
par d'abord voir les causes de la dégradation des sols, faire un lien
entre l'agriculture régénératrice et le
développement durable ; ensuite présenter les milieux climatiques
des deux pays avant de présenter, définir et expliquer des
techniques agricoles régénératrices. J'ai essentiellement
développé mon sujet sur trois techniques agricoles
régénératrices au Burkina Faso : le zaï, la demi-lune
et les cordons pierreux ; et une seule technique agricole
régénératrice en Belgique : la couverture permanente des
sols. Mes recherches m'ont permis de me rendre compte que les techniques
agricoles régénératrices en Belgique ne sont pas aussi
variées et nombreuses que celles du Burkina Faso. J'ai dans chaque pays
mis en exergue et démontré en quoi ces techniques agricoles
interviennent le
35
développement durable aussi bien dans pour les
collectivités que pour l'environnement.
Dans la partie pratique de mon travail, dans un souci de
fiabilité des réponses et des données et pour
répondre à la question-problème, j'ai
réalisé 3 entretiens qualitatifs et qualitatifs avec des acteurs
de l'agriculture régénératrice dans ces deux pays, avec
une durée moyenne de 30 minutes. Pour le Burkina Faso, je me suis
intéressé à interviewer un agriculteur du nom de
Hamadé Ouedraogo qui a eu l'occasion d'appliquer une technique agricole
régénératrice à savoir le Zaï. Il a donc
partagé son expérience, sur son ressenti et les résultats
d'avant et après l'application de la méthode, ce qui a permis de
confirmer la partie théorique. Hamadé Ouedraogo a aussi fait
parvenir des photos de feuilles d'archives dans lesquels sont des
données importantes sur les récoltes avant et après la
mmise en place de la technique du zaï, je les ai analysés pour donc
mieux comprendre l'impact de cette technique dans son champ.
Pour la Belgique j'ai eu l'honneur d'interviewer des
chercheurs de deux structures de recherche et de conseil à l'agriculture
régénératrice en l'occurrence : Greenotec et Regenacterre.
L'interview de ces chercheurs a été très
bénéfique puisqu'ils interviennent directement auprès des
agriculteurs en les conseillant sur la technique de la couverture des sols ; et
sont donc informés de l'évolution de l'application de ces
techniques par les agriculteurs via les visites de terrain ou des études
expérimentales. Ces acteurs vont me permettre de vérifier les
informations de ma recherche théorique et d'y rajouter des
données quantitatives et qualitatives essentielles.
A la fin, avec les données obtenues dans la partie
théorique et pratique, j'ai synthétisé dans un tableau les
avantages, désavantages et points communs des différentes
techniques agricoles régénératrices.
36
2 Partie Pratique : réponses à la
question de recherche.
2.1 Greenotec
2.1.1 Présentation de Greenotec
Le choix de Greenotec, n'est pas anodin, puisqu'il est le
Groupement de
Recherche sur l'Environnement et d'Etude de Nouvelles Techniques
Culturales est une association sans but lucrative qui a été
fondée officiellement en 2006 sur les bases du Groupement
d'Intérêt économique. Elle a été
créée à l'initiative et à l'intention
d'agriculteurs motivés par la recherche de solutions concrètes
aux problèmes pratiques qu'ils rencontraient au jour le jour dans
l'adoption de Techniques de Conservation des Sols (TCS) sur leur exploitation.
Cette association comptait au début 10 membres, mais compte maintenant
230 membres. La majorité des membres sont wallons.
2.1.2 Exposé des résultats de la TCS lors
de l'entretien avec Greenotec
Notre entretien avec le chercheur et agronome Laurent Serteyn de
Greenotec
(annexe 1) a été très instructif, tant
sur la technique agriculture régénératrice
utilisée, tant sur les résultats obtenus. Nous avons d'abord
appris que son organisation est chargée de promouvoir et conseiller les
agriculteurs sur l'agriculture régénératrice et aussi
promouvoir les produits issus de cette agriculture
régénératrice / de conservation. Il nous a appris que la
méthode qu'ils utilisent est celle dite de la couverture permanente des
sols, qui est une technique assez simple mais qui est basée sur trois
piliers qui sont dépendamment liés, la technique ne peut pas
être appliquée si l'un des piliers n'est pas appliqué ou
elle mal appliqué. Le premier pilier consiste à garder
permanemment le sol couvert de plantes vivantes ou mortes pendant un certain
temps durant les périodes sensibles à l'érosion, le
deuxième pilier consiste à effectuer une rotation de cultures et
de les rallonger afin que le sol ne reste jamais nu, ça aidera à
renforcer la santé du sol. Le 3ème pilier consiste
à diminuer le travail du sol, à bannir le labour afin de ne pas
retourner le sol. L'avantage c'est que ça aide à passer en
culture « semi-direct », qui veut dire que les graines vont
être plantées sans travail du sol. On apprend aussi que dans
l'agriculture régénératrice en Belgique, les engrais
chimiques et les herbicides ne sont pas bannis, mais ils sont diminués
pour détruire les couverts hivernaux avant les semis. Le fumier est
ajouté en grande quantité aux couverts végétaux
pour améliorer la santé du sol.
37
Comme résultats obtenus sur la
régénération des sols après l'application de la
couverture permanente des sols agricoles, monsieur Laurent Serteyn nous
explique que ces résultats sont en perpétuelle évolution,
ce ne sont pas des résultats aboutis, le système est
continuellement amélioré. Les résultats dépendent
du type de sol, et comme les régions ou des fermes voisines peuvent
avoir des sols différents, alors les résultats doivent être
nuancés. Il nous explique que lorsque la technique de la couverture
permanente des sols est bien appliquée sur un bon sol, et que le labour
est arrêté, on observe tout de suite une augmentation du taux de
verts de terre présents dans le sol. Ce taux de verre de terre est plus
élevé que dans un champ qui est permanemment labouré et
retourné. Les verres de terre étant à la base de la
structure du sol et de l'enfouissement de la matière organique aideront
les couverts végétaux et le fumier à bien être
décomposés et enfouis dans le sol. Il y'a aussi l'arrêt de
l'érosion qui est observé, puisque les couverts
végétaux vont améliorer et maintenir la structure du sol,
il n'y aura donc plus de coulée de beau sur les autoroutes dû
à l'érosion. Lorsque c'est un sol dégradé, il
recommencera à se restructurer et retrouver ses qualités en
nutriment dentant.
2.1.3 Résultat de 30 ans en TCS et un double
couvert chez Benoit Vandevoorde (membre de Greenotec).
J'ai choisi ce projet / champs car il montre le bilan de 30
ans en TCS et comment ça permis la
régénération/conservation des sols. Monsieur Benoit
Vandevoorde est cultivateur et a un champ sur lequel il a appliqué la
couverture permanente des sols comme technique de conservation des sols. Il
explique durant son entretien avec un agronome de Greenotec les
diffeérents changements observés lors du passage à la TCS
sur son champs (Vandevoorde, 2021).
2.1.3.1 Type de sol, cultures et évolution
Le champ est situé au Brabant-Wallon, il a un sol
sableux. Comme c'est un sol sableux, Lors de la sécheresse, les
betteraves sont collées au sol.
38
Ça répond à notre question de plusieurs
manières, d'abord il montre lavant mise en place de la couverture
permanente du sol, l'après la mise en place des couverts
végétaux avec les résultats.
L'agriculteur nous explique que de 2002 à maintenant,
il a labouré 4 fois et à chaque fois c'était dans des
situations impérieuses. Avant la mise en place de la technique des
cultures végétales, il explique que lorsqu'il était petit
il n'y avait pas mal d'érosion en hiver, et de coulée de boue, du
au labour des champs. Dès qu'il pleuvait il y'avait de la boue sur
l'autoroute 25 puisque quand les labours se font, et qu'il pleut, l'eau
traîne la boue jusqu'à l'autoroute. Maintenant ça fait des
années qu'il ne faut plus nettoyer l'autoroute 25 du fait l'arrêt
des labours. L'agriculteur explique avoir fait un mélange de 4 plantes
pour obtenir de l'engrais vert, il ne trouve pas l'importance de faire de
l'engrais vert avec 10 plantes.
L'agriculteur utilisait de la moutarde comme engrais vert au
début de la mise en place de la technique de couverture permanente des
sols, vu qu'elle est moins coûteuse. La moutarde est un excellent engrais
vert parce qu'elle forme un couvert végétal touffu et dense, ce
couvert végétal touffu laisse très peu de place aux
mauvaises herbes. Lorsque ce couvert est broyé, il se transforme en de
matière organique importante, et qui permet d'améliorer
efficacement la qualité du sol.
L'agriculteur a trouvé que la structure du sol s'est
améliorée après la mise en place des couverts
végétaux permanents. En conditions humide, ça va mieux
avec quelqu'un qui est en non-labour que quelqu'un qui est en labour. Une
grande différence, est que ça facilite l'implantation de
certaines cultures.
2.2 Regenacterre
2.2.1 Présentation de Regenacterre
Regenacterre est un centre d'études de techniques
agricoles puisqu'elle fournit du conseil indépendant à ses
agriculteurs-membres, pour une meilleure application de l'agriculture de
conservation / régénération. Elle effectue sur des
parcelles pilotes, des expérimentations en conditions réelles
pour tester économiquement les innovations prometteuses de l'agriculture
régénérative.
39
2.2.2 Exposé des résultats de la TCS
obtenus lors de l'entretien avec Regenacterre
Notre entretien avec Frédéric Muratoni (annexe
3) agronome chez Regenacterre nous a appris plusieurs enseignements sur le
procédé de la mise en place de la technique de couverture
permanente des sols et de ses résultats pratiques :
1) Tout d'abord, concernant la mise en place de la technique,
il nous explique qu'en fait l'agriculture régénératrice
est un ensemble de techniques, mais qui ne sont pas vraiment définis par
la manière de procéder mais par les objectifs, les objectifs de
résultat, et le résultat c'est augmenter la matière
organique du sol, et donc le carbone dans le sol, et augmenter la vie du sol.
Il explique que lorsqu'on parle de santé du sol en anglais, alors on
voit bien qu'il y'a différents paramètres dans le sol : la
biologie, la chimie, la physique du sol. Ces trois paramètres doivent
être augmentées. Alors, il y'a trois piliers comme dans
l'agriculture de conservation. C'est d'abord la diminution du travail du sol,
la couverture du sol, et la rotation des cultures. Et à cela, on ajoute
la santé de la plante, ça veut dire qu'on va augmenter ce qui va
renforcer la santé de la plante et diminuer tout ce qui va affaiblir la
plante. Et donc on sait que certains traitements notamment herbicides vont
affaiblir la plante, elles vont tuer les mauvaises herbes à coté,
mais elles vont aussi affaiblir la plante, donc il y'a ce pilier-là, qui
est la santé de la plante. Et il y'a un cinquième qui est
l'intégration dans l'environnement, parce que si on parle de
l'agriculture régénératrice ici, ça n'a rien
à voir avec l'agriculture régénératrice au Burkina
Faso ; on pourra utiliser la technique de couverture du sol avec telle ou telle
méthode, mais on va utiliser autre chose comme matière
végétale, intégrer l'animal dans le système. Le
cinquième pilier c'est une sorte de, ça s'appelle l'adaptation
à l'environnement des techniques. Le fait qu'il soit adapté les
techniques au système, ne pas changer le système. Étant
donné que la structure Regenacterre donne des conseils aux agriculteurs
sur les TCS, elle récolte aussi des informations et résultats de
leurs parts.
2) Il nous explique que les agriculteurs observent
l'augmentation du taux de matière organique dans le sol, puisqu'avec le
travail du sol, les sols
40
s'appauvrissent. Quand le taux de matière organique
augmente, il y'a une résistance à la sécheresse et
à l'érosion, et aussi une plus grande rétention d'eau.
Donc tout ceci permet d'augmenter la santé du sol, et
régénérer la structure du sol en lui apportant des
nutriments (matière organique).
3) Il explique que le seul inconvénient à la
couverture permanente des sols c'est que les mauvaises herbes seront difficiles
à éliminer, étant donné que les produits chimiques
sont moins ou pas du tout utilisés. Concernant les perspectives
d'implémentation de la couverture permanente des sols à
l'agriculture industrielle, monsieur Muratoni indique qu'il y'a maintenant des
techniques de non travaille du sol, de plantation sans travail du sol, il y'a
peut-être 5 ou 6 ans en arrière, il y'avait qu'un constructeur ou
deux constructeurs qui faisaient du semoir comme, et maintenant tous les grands
constructeurs de machines agricoles font de gros semoirs , qui sont donc
utilisés pour faire de grandes cultures, vraiment l'agriculture
industrielle et qui permet d'utiliser les techniques où on travaille
moins le sol, et donc ici, le risque c'est de faire qu'une partie du
système.
4) Il indique que c'est important que tous les piliers soient
utilisés, toutes les techniques soient utilisées en même
temps, parce que si on fait que du semi- direct et qu'on ne fait pas des
couvertures du sol, et qu'on utilise beaucoup de produits phytosanitaires ou de
produits chimiques, alors on va avoir trois inconvénients par rapport
aux avantages. Mais c'est adapté à l'agriculture industrielle.
2.3 Présentation de l'agriculteur Hamadé
Ouedraogo et de son champ
Ma visite sur la ferme de monsieur Hamadé Ouedraogo le
13 février à 10 heures, et mon entretien
téléphonique avec lui le 22 avril à 10h, m'ont permis de
vérifier et de voir à quel point le zaï contribue à
la régénération de la terre et au développement
socio-économique de sa famille. Hamado Ouedraogo, paysan
Burkinabè est cultivateur sur un champ de 15 hectares situé
à Koubri, localité située à 15 kilomètres au
sud de la capitale Ouagadougou. Au début il ne cultivait
41
son maï que sur 10 hectares. Il a commencé
à appliquer la technique du zai il y'a 10 ans juste après que son
champ ait commencer à se dégrader pour deux raisons. Tout d'abord
parce qu'il appliquait beaucoup d'engrais chimiques pour augmenter les
rendements et accélérer la production de cultures et aussi parce
qu'il n'alternait pas les cultures, il cultivait ainsi chaque année
uniquement le maïs. Au bout de 15 ans d'exploitation, il s'est rendu
compte que ses rendements étaient à forte baisse et que le champ
se dégradait. Les engrais chimiques ayant affecté le sol, il
était devenu très pauvre en nutriments minéraux. Cette
situation le conduit alors à se tourner vers avec le changement
climatique et la pluie qui devient rare cette technique est mieux.
2.3.1 Récoltes de mais de 1995 à 2005,
avant la mise en place du zaï
Données des récoltes de maïs de 1995 à
2005 avant la mise en place du zaï issu de l'annexe 6 :
Année
|
Maïs récolté (en tonnes)
|
1995
|
50
|
1996
|
65.00
|
1997
|
68.71
|
1998
|
69.27
|
1999
|
72.12
|
2000
|
74.30
|
2001
|
48.85
|
2002
|
43.46
|
2003
|
35.00
|
2004
|
32.68
|
2005
|
25.87
|
42
2.3.2 Rendements en francs CFA des ventes de maïs
de 1995 à 2005
Données des rendements en francs CFA des ventes de
maïs de 1995 à 2005 avant la mise en place du zaï, issu de
l'annexe 7 :
Année
|
Rendement en francs CFA de la vente de maïs
|
1995
|
5.469.000
|
1996
|
5.850.000
|
1997
|
6.183.000
|
1998
|
6.234.300
|
1999
|
6.490.000
|
2000
|
6.687.000
|
2001
|
6.000.000
|
2002
|
5.680.000
|
2003
|
4.450.000
|
2004
|
4.090.000
|
2005
|
3.120.000
|
Avec les données des rendements de la vente de
maïs de 1995 à 2005, j'ai construit une courbe pour mieux
expliciter l'évolution des rendements :
Mais récoltés en tonnes de 1995 à 2005
80
20
10
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Mais réccoltés en tonnes
43
2.3.3 Analyse des récoltes de mais de 1995
à 2005
Le tableau des récoltes de mais de 1995 à 2005 nous
montre trois constats :
- Au cours des quatre premières années, de 1995
à 1998, on observe un accroissement du nombre de tonnes de maïs
récoltés, cet accroissement intervient d'année en
année. Il peut est expliqué comme l'a dit le cultivateur par
l'utilisation excessif des engrais chimiques, ce qui a pour effet de
booster.
- De 1999 à 2000, nous observons une stabilisation des
récoltes, variant entre 72.12 tonnes et 74.30 ; cette stabilisation
précède la période de chute des récoltes.
- Après 2000, nous observons une chute de la
récolte du mais, cette chute brutale est due comme l'a dit le
cultivateur qui a remarqué que l'utilisation abusive des engrais
chimiques dans son champs l'avait détruit en rendant difficile la
pénétration de l'eau de pluie dans le sol, le sol s'étant
asséché, l'eau de pluie ruisselait et ne pénétrait
pas les racines des cultures.
2.3.4 Données de récoltes après
l'adoption de la technique du zaï Hamadé Ouedraogo ayant
remarqué que ses récoltes de maïs baissaient
drastiquement à cause de l'utilisation abusive d'engrais
chimiques qui rendaient le sol pauvre et moins nutritif en composés
organiques, a décidé de pratiquer le zaï en 2006 pour rendre
riche le sol et au lieu de pratiquer de la monoculture comme avant, il a
divisé son champ de 15 hectares en 2 parties, 10 hectares pour le
maïs et 5 hectares pour le haricot en pratiquant deux cultures chaque
année : le maïs et le haricot.
2.3.5 Production de maïs de 2006 à 2018 sur
une parcelle de 10 hectares.
Données de la production de maïs de 2006 à
2018 sur une parcelle de 10 hectares, issues de l'annexe 5 :
Années
|
Quantité de maïs récoltés
|
2006
|
50.23
|
44
2007
|
53.50
|
2008
|
54.12
|
2009
|
59.21
|
2010
|
63.09
|
2011
|
64.87
|
2012
|
64.98
|
2013
|
67.32
|
2014
|
68.97
|
2015
|
70.00
|
2016
|
73.46
|
2017
|
76.84
|
2018
|
80.21
|
2.3.6 Production de haricot de 2006 à 2018 sur
une parcelle de 5 hectares
Données de la production de haricot de 2006 à
2018 sur une parcelle de 5 hectares, issues de l'annexe 4 :
Années
|
Quantité de haricot récolté en tonnes
|
2006
|
15.32
|
2007
|
15.89
|
2008
|
16.90
|
2009
|
18.76
|
2010
|
20.12
|
2011
|
22.09
|
2012
|
23.54
|
2013
|
25.61
|
2014
|
32.80
|
2015
|
33.21
|
2016
|
34.00
|
2017
|
34.78
|
2018
35.45
45
2.3.7 Courbe d'évolution de la production du
maïs et de haricot
A l'aide des tableaux de récoltes
précédents, j'ai construit une courbe des récoltes de mais
et de haricot de 2006 à 2018, pour ainsi mieux les analyser :
Quantité de mais et haricot récolté
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
2018
Mais récolté en tonnes Haricot
récolté en tonnes
2.3.8 Difficultés liées à la mise
en place du zaï
Étant donné que son champ est étendu sur 15
hectares, ce qui est très grand, le cultivateur à lui seul ne
pouvait pas passer ses journées à creuser à creuser les
petits trous nécessaires à la mise en place du zaï, il a
dès lors acheter quatre charrues qu'il a monté sur quatre de ses
boeufs pour creuser les petits poquets. La charrue et les boeufs ayant
facilité le travail, sans l'aide de ses 3 frères, le travail
aurait été encore plus fastidieux.
2.3.9 Retombées sociaux-économiques
Comme retombées sociaux-économiques, Hamadé
Ouedraogo nous a expliqué que grâce à la technique du
zaï qui a amélioré ses rendements de production et
rendements économiques, il a commencé à pouvoir faire face
à plusieurs dépenses sociales, dont la scolarisation de ses
enfants, les soins médicaux, et les besoins de bases. Il a aussi
aidé les agriculteurs voisins qui ne
46
connaissaient pas la technique du zaï ou qui l'appliquaient
mal, ces même améliorations sociaux-économiques y ont
été aussi observées.
2.4 Tableau de comparaison des pratiques agricoles
régénératrices au Burkina Faso et en Belgique.
Toutes les informations recueillis dans les différentes
parties (théorique et pratique) de notre travail nous permettent de
classifier les différentes techniques agricoles
régénératrices dans ces deux pays en fonction de leurs
avantages, inconvénients et points commun. Le principal point commun des
pratiques agricoles régénératrices au Burkina Faso et en
Belgique :
- Les intrants chimiques (engrais chimiques ou herbicides) sont
diminués ou supprimés : En Belgique, nous avons vu que la
technique de la couverture permanente des sols nécessite des herbicides
afin de détruire les couverts hivernaux. Tandis qu'au Burkina Faso, les
techniques de régénération des sols (zaï,
démi-lune, cordons pierreux) ne nécessitent pas d'engrais
chimiques ou d'herbicides, les mauvaises herbes sont arrachées
directement au lieu d'utiliser des herbicides.
- Le travail du sol est totalement supprimé : Dans les
deux pays, les travaux des sols agricoles sont supprimés lorsqu'il
s'agit de techniques de régénération des sols. Le travail
du sol déstructure, dénature le sol ayant pour effet de lui faire
perdre ses nutriments et de diminuer le taux de verres de terres qui est
essentiel pour un meilleur enfouissement et une meilleure décomposition
de la matière organique.
- Le fumier comme matière organique : Dans toutes les
techniques agricoles régénératrices
étudiées, nous remarquons dans tous les cas que le fumier est
utilisé comme matière organique afin de renforcer la santé
du sol via les nutriments organiques qui vont résulter de la
décomposition de ce fumier par les verres de terres qui les enfouiront
ensuite dans le sol.
47
Technique de conservation des sols (TCS)
|
Avantages
|
Inconvénients
|
Zaï
|
Contient et retient l'eau de pluie dans les
champs ; augmente les rendements ; concentre les nutriments sur
le champ ; réactive les activités biologiques du sol.
|
Pénibilité de la technique ; main d'oeuvre
élevée ; manque de transport de main d'oeuvre et de fumier ;
conditionnalité liée à la pluviométrie.
|
Cordons pierreux
|
Empêche l'érosion du sol par la pluie, augmente
l'infiltration de l'eau de pluie dans la nappe.
|
Couts liés au transport de la main d'oeuvre et des
pierres.
|
Demi-lune
|
Reverdissement de l'environnement, augmente le rendement des
cultures, protection et
|
Risque d'excès d'eau ; non filtration de l'eau de pluie ;
risque de baisse de rendements de cultures.
|
48
|
récupération des sols.
|
|
Couverture
|
Augmentation du
|
Technicité
|
permanente du
|
taux de matière
|
importante ; couts
|
sol
|
organique, régulation
|
de nouveaux outils et de
|
|
biologique du sol
|
semences.
|
|
; réduction de l'utilisation de produits phytosanitaires ;
introduction de nouvelles espèces dans la rotation.
|
|
49
3 Conclusion
Tout au long de la rédaction de ce travail de fin
d'études, mon but était de rechercher à travers une
recherche théorique approfondie et une étude de cas comment les
techniques agricoles locales au Burkina Faso et en Belgique permettent
d'assurer la régénération des sols
dégradés.
Avant de présenter les résultats de mes
recherches, j'ai fait le lien entre la notion d'agriculture
régénératrice et le développement durable et donne
les causes de la dégradation des sols. J'ai en effet abordé les
objectifs du développement durable dans lesquels l'agriculture
régénératrice s'inscrit puisqu'elle permet de nourrir la
population en préservant l'environnement. J'ai aussi
énuméré les règles prescrites par la FAO et qui
doivent être respectées pour pouvoir assurer la restauration des
sols ; ces règles sont au nombre de six. J'ai divisé les
résultats de mes recherches en deux grands chapitres. Ce travail nous a
permis de tirer plusieurs enseignements. Nous avons appris les techniques
agricoles locales par lesquelles ces deux pays régénèrent
les sols dégradés. Nous avons dans un premier temps
réalisé que les types de sols dépendent de la
pluviométrie et du climat en général. Étant
donné qu'il y'a une différence de climat majeur entre le Burkina
Faso qui est de type tropical et la Belgique qui est de type
tempéré, il y'a donc une différence de types de sols. Les
techniques agricoles régénératrices sont aussi
différentes par leurs procédés du fait du climat et du
type de sols différents.
Dans le premier chapitre, j'ai abordé le Burkina Faso.
J'y ai décrit la pluviométrie et les différentes
températures ; puis j'y ai définit, expliqué les
principes, les avantages et désavantages de trois techniques agricoles
régénératrices, à savoir : le Zaï, les cordons
pierreux, et la demi-lune. La recherche théorique sur le Burkina Faso
n'a pas rencontré de difficultés majeures puisqu'il existe une
documentation en ligne très large sur les techniques agricoles
régénératrices au Burkina Faso.
Dans la deuxième partie de ma recherche
théorique, j'ai abordé la Belgique, en y présentant
d'abord son climat (pluviométrie et température). Mais contre
toute attente, je me suis rendu compte que les techniques agricoles
régénératrices en Belgique ne sont pas aussi
variées que celles pratiquées au Burkina Faso. Après avoir
parcouru plusieurs articles et ouvrages à ce sujet, je me suis rendu
compte qu'il n'y avait que la technique de la couverture permanente des sols.
Cette couverture permanente des sols contient plusieurs étapes pour
être appliquée. Cette partie théorique m'a apporté
des éléments de réponses à ma
question-problème.
Ma recherche pratique a consisté à rechercher
des acteurs de l'agriculture régénératrice dans les deux
pays et à leur soumettre un questionnaire d'entretien
50
afin d'avoir plusieurs autres informations et
expériences qui aideraient à répondre aussi à la
question-problème.
J'ai réalisé trois interviews dont 2 en Belgique
et une au Burkina Faso. Du côté du Burkina Faso, j'ai eu
l'occasion de rencontrer et visiter le champ d'un paysan lors de mon dernier
séjour au pays en février 2021, cette interview m'a permis de
toucher les réalités et difficultés auxquelles sont
confrontées les paysans dans un pays en développement et qui
rencontre des périodes de sécheresse assez fréquentes.
L'agriculteur burkinabé m'a donné des informations et
données pré et post application de la technique du Zaï dans
son champ, ces informations et données ont permis de voir à quel
point la technique agricole du Zaï restaure les sols et augmente les
rendements. L'agriculteur en plus d'avoir donné des informations sur la
restauration des sols et les récoltes, nous a aussi expliqué
à quel point les matériaux achetés lui ont rendu le
travail moins pénible. Il a aussi donné les avantages sociaux et
économiques de l'application de la technique du Zaï, l'augmentation
des récoltes dû au renforcement de la santé du sol conduit
à l'amélioration des conditions de vie familiales en facilitant
le paiement des frais de scolarité des enfants et des prises en charge
médicales de la famille.
Du côté de la Belgique, j'ai eu l'honneur
d'interviewer deux grands acteurs de l'agriculture
régénératrice qui sont Greenotec et Regenacterre. Les deux
structures apportent des conseils aux agriculteurs sur l'agriculture
régénératrice et mènent des recherches et
expérimentations sur l'agriculture régénératrice.
Leurs proximités auprès des agriculteurs est avantageux
puisqu'ils sont proches, suivent et voient directement les résultats des
techniques agricoles régénératrices. En Belgique
particulièrement, les chercheurs de Greenotec et Regenacterre ont
expliqué que la technique de la couverture permanente des sols n'est pas
un système aboutit, il est en perpétuel amélioration.
Dans les deux pays, les acteurs sont sereins et ont confiance
en l'agriculture régénératrice pour l'avenir. Du
côté de la Belgique, les chercheurs ont montré qu'il y'a
une possibilité d'insertion de l'agriculture
régénératrice dans l'agriculture industrielle.
Au Burkina Faso, ces techniques sont majoritairement
utilisées pour stopper l'avancée du désert ou pour
reconstruire des couverts végétaux détruits à cause
de la sécheresse, tandis qu'en Belgique c'est majoritairement contre
l'érosion.
Dans les deux pays, tant bien que les techniques agricoles
régénératrices diffèrent par leurs
procédés, ils concourent aux mêmes objectifs ; d'abord
renforcer la structure du sol, et ensuite l'enrichir avec des nutriments tels
que le fumier ou des plantes mortes. Au Burkina Faso, il y'aura un
aménagement de la parcelle cultivable en creusant des piquets ou en
installant des structures qui vont concentrer les nutriments sur la parcelle ;
alors qu'en Belgique il n'y aura pas de poquets creusés, il y'aura la
couverture végétale permanente du sol et la rotation des
cultures. C'est dû au fait qu'en Belgique, le sol est naturellement plus
riche
51
en nutriments et n'a donc pas besoin d'être
creusé pour y ajouter du fumier. L'agriculture
régénératrice en Belgique sert donc à garder le sol
riche en nutriments continuellement.
En Belgique l'avantage est aussi social et économique
puisque la couverture permanente des sols empêche l'érosion et
permet d'éviter des coulées de boues sur les autoroutes lorsqu'il
pleut, ce qui permet à l'Etat d'économiser de l'argent par
rapport au nettoyage des voiries. Les recherches théoriques et pratiques
ont permis de répondre à la question problème, nous avons
vu les techniques et mécanismes qui permettent de
régénérer les sols agricoles dégradés. Mais
en Belgique, la couverture permanente des sols passe par l'utilisation des
produits chimiques, alors que l'agriculture régénératrice
ne doit pas utiliser de produits chimiques ou du moins l'utiliser le moins
possible. Les produits chimiques dans l'agriculture
régénératrice en Belgique sont utilisés pour
détruire les couverts végétaux gelés lors de la
période hivernale. Cette utilisation de produits chimiques doit
être considérablement réduit à l'ultime recours et
en petite quantité pour ne pas polluer le sol.
En conclusion, ce travail nous apprend que dans ces deux pays
(Burkina Faso et Belgique), les agriculteurs sont soucieux de la
préservation de leur environnement en produisant de telle sorte à
ne pas nuire à l'environnement, et à garder des rendements
satisfaisants. Au vu des réponses des interviews, nous remarquons qu'il
faut un appuie des différents gouvernements dans l'agriculture
régénératrice afin de faciliter la tâche aux
agriculteurs qui doivent se procurer de nouveaux matériaux et faire face
à certaines contraintes logistiques.
52
4 Bibliographie
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la demi-lune. Récupéré sur agrintalk:
http://www.agrintalk.com/technique-de-realisation-de-la-demi-lune/
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cordons pierreux. Récupéré sur
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https://www.meteo.be/fr/climat/climat-de-la-belgique/atlas-climatique/cartes-climatiques/precipitations/quantites-de-precipitations/annuel
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Burkina_Faso#Climat
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intérêts et les contraintes des couverts végétaux ?
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https://www.paysantarnais.com/actualites/quels-sont-les-interets-et-les-contraintes-des-couverts-vegetaux:DQVPSH3E.html
Dipama, J. M. (s.d.). LU POUR VOUS : BURKINA FASO : DES
PRATIQUES AGRICOLES ENDOGÈNES POUR ATTÉNUER L'IMPACT DU
CHANGEMENT CLIMATIQUE. Récupéré sur iedafrique:
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Récupéré sur Agroécologie&Solidarité:
http://agroecologie-solidarite.org/wp-content/uploads/2018/11/Fiche-technique-5-La-technique-du-zai.pdf
Hervieu, S. (2015). 80% de la déforestation est due
à l'agriculture. Le monde.
Jeanette Geppert, F. (2012, 03). Bonnes Pratiques de CES/DRS.
Contribution à l'adaptation au changement climatique et à la
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reca-niger.org:
https://reca-niger.org/IMG/pdf/Bonnes__pratiques-CES-DRS-GIZ.pdf
Le climat en Belgique. (s.d.).
Récupéré sur
climat.be:
https://climat.be/en-belgique/climat-et-emissions/climat
Rédaction B24. (2020, 12 13). Burkina24.
Récupéré sur Yacouba Sawadogo, « Champion de la terre
2020 »:
https://www.burkina24.com/2020/12/13/yacouba-sawadogo-champion-de-la-terre-2020/
Zaï (agriculture). (2021).
Récupéré sur Wikipedia:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Za%C3%AF_(agriculture)#:~:text=En%20langue%20Moor
%C3%A9%2C%20zai'%20vient,p%C3%A9nible)%20%C3%A0%20l'hectare.
53
54
5 Annexes
5.1 Annexe 1
Type de contact : entretien par
vidéo-conférence sur Google meet
Date : 24 avril 2021
Durée : 50 minutes
Interlocuteur : Laurent Serteyn
Fonction : Agronome chargé de recherche
(courriel :
serteyn.l@greenotec.be)
Entreprise : ASBL Greenotec (Groupement de
Recherche sur l'Environnement et d'Etude de Nouvelles Techniques Culturales),
site internet :
Greenotec.be/pages/presentation.html
Description : elle a été
créée à l'initiative et à l'intention d'un groupe
d'agriculteurs motivés par la recherche de solutions concrètes
aux problèmes pratiques qu'ils rencontrent dans leur vie quotidienne
dans l'adoption de Techniques de Conservation des Sols (TCS) sur leur
exploitation.
Nombre de membres : 230
Localisation : Sterpisse, 126 B-5300 Bonneville
(Belgique)
55
Questions-réponses
Thomas Karaga : Bonjour, je suis Thomas KARAGA, et je suis
étudiant en 3ème année de bachelier en commerce et
développement durable, et dans le cadre de mon travail de fin
d'études, j'ai choisi le thème de la
conservation/régénération des sols au Burkina Faso et en
Belgique, je veux faire une étude croisée des différents
pratiques de conservation et régénération des sols. Et je
vous ai choisis pour l'entretien, parce que j'ai vu sur internet, que vous
êtes une ASBL qui aide les agriculteurs à mettre en place des
techniques de conservation des sols ; et j'aurais quelques questions pour vous.
Tout d'abord, je vais vous demander de vous présenter en quelques
mots.
Laurent Serteyn : Oui, moi je m'appelle Laurent Serteyn, je
suis ingénieur agronome, mais docteur en agronomie aussi. Je travaille
à l'ASBL Greenotec depuis octobre 2020, donc c'est assez récent.
Précédemment, je faisais une thèse de doctorat en
entomologie, j'ai des connaissances à ce niveau-là aussi. Au sein
de Greenotec, j'ai différents rôles, un peu comme dans toutes les
équipes ; de mener des expérimentations en champs chez
l'agriculteur ou avec des partenaires publiques ou privés, ça
dépend. Avec les membres de l'équipe, on doit aussi communiquer
beaucoup, pour vulgariser les résultats auprès du grand publique
ou auprès d'autres agriculteurs ; et notre mission est de conseiller les
agriculteurs sur base de nos recherches sur le terrain. On donne des conseils
de pratique d'agriculture de conservation des sols à tout agriculteur
qui le demande. J'ai aussi une mission, qui est de valoriser les produits de
l'agriculture de conservation à leurs justes valeurs on va dire, de
manière différenciée par rapport au circuit
conventionnel.
Thomas Karaga : D'accord, merci beaucoup pour la
réponse. J'aimerai savoir, quelles techniques utilisez-vous pour la
conservation des sols ?
Laurent Serteyn : L'agriculture de
régénération, comme on l'appelle chez nous l'agriculture
de conservation, c'est un synonyme. Elle se base chez nous, sur 3
56
piliers. Le premier pilier, c'est la couverture permanente du
sol, donc on ne veut jamais laisser le sol à nu, il faut toujours
qu'elle soit couverte par des plantes parfois vivantes, parfois
détruites pendant un certain temps. Donc implanter des couverts
d'interculture comme on les appelle, un mélange de plantes qui va
couvrir le sol de la récolte de la culture principale ou celui de la
culture suivante particulièrement l'hiver, c'est-à-dire les
périodes plus sensibles à l'érosion, ça c'est un
premier pilier. Le deuxième grand pilier, c'est l'allongement des
rotations ; pour que le système fonctionne, il faut amener de la
diversité végétale, il faut sortir d'un schéma
classique composé de céréales, patates, betteraves et puis
tourner sur une rotation courte. Au lieu de ça, il faut l'allonger avec
d'autres cultures. En Wallonie, on va apporter du colza, différents
types de céréales, du maïs. On va vraiment allonger le cycle
de rotation, ce qui est bien important pour permettre une vie du sol, une
santé du sol optimale. Le 3ème pilier, c'est la
diminution du travail du sol, on bannit « le labour », le labour qui
va avoir pour effet de retourner complètement le sol. Le but, c'est de
passer en non-labour, ne plus retourner le sol, et l'autre extrême
positif vers lequel on veut tendre c'est le « semi-direct » ; on
sème directement les graines sur un sol qui n'a pas été du
tout chamboulé, retourné, gratté. Et entre le labour et ce
semi-direct, il y'a des techniques de travail du sol moins impactantes que le
labour, mais qui permettent d'implanter la culture lorsqu'on n'est pas bien
équipés en matériel. On peut que même passer avec
des outils avec des outils avec des dents pour gratter le sol et permettre une
bonne structure pour la plante qu'on veut planter. On peut faire mettre des
disques pour remuer un peu la surface, c'est ce qu'on appelle les techniques
culturales simplifiées. On travaille qu'à même le sol, plus
légèrement et moins en profondeur qu'un labour.
Et ces trois piliers ensemble sont comme les piliers d'un
tabouret donc si on retire un, le tabouret ne tiendrait plus. Les 3 sont
importants, sinon le système n'est pas cohérent. Les 3 piliers
vont permettre à postériori de réduire l'usage des
intrants chimiques, on va réduire la dépendance au engrais
synthétiques, ou aux herbicides, aux pesticides, aux insecticides. On
dépend encore des herbicides pour détruire les couverts
hivernaux. C'est donc pour le moment un point sur lequel on travaille pour
trouver des alternatives et des techniques culturales qui permettent de
réduire les herbicides, même s'il est plus compliqué que
les autres.
57
Et tout ça, pour combiner, va permettre de
régénérer la vie du sol, le fait d'apporter beaucoup de
matières organiques, parce qu'on va essayer de toujours ramener la
matière organique comme du fumier. On va aussi restituer les
déchets, les résidus de la culture. Par exemple, la paille qu'on
va hacher et laisser sur le sol, donc en amenant beaucoup de matière
organique, on va nourrir la vie du sol, on va nourrir les verres de terre, les
microorganismes qui vont décomposer tout ça, et on va
créer un cycle biologique vertueux qui va conduire à la
fertilité naturelle du sol progressivement. Et c'est grâce
à toutes ces matières organiques qu'on va avoir une structure du
sol optimale pour la plante et pouvoir se passer progressivement des machines.
Le fait d'avoir une bonne vie du sol va améliorer la chimie du sol et la
disponibilité en minéraux et oligoéléments.
Thomas Karaga : D'accord, et quels ont été les
résultats de ces techniques ?
Laurent Serteyn : Ces résultats, ils sont en permanente
évolution, on n'est pas dans un système abouti. Le principe
même de l'agriculture de conservation, c'est qu'on est en permanente
amélioration et recherche de s'améliorer ; donc on n'a pas de
résultats finis, ou on est contents et on a un système miracle
qui fonctionne. Il faut savoir que lorsqu'on parle de sol, on parle de tout un
écosystème ; et qui dit écosystème dit
variétés d'organismes vivants, mais aussi de type de sols
différents. Parfois, on a plus de teneur en argile, parfois c'est plus
calcaire, parfois c'est plus caillouteux, parfois c'est plus sableux ou
limoneux. Et chaque fois qu'on a un type différent, les techniques
doivent être adaptées et les solutions qu'on croyait bonnes d'un
côté, ne seront pas forcément bonnes sur un autre type de
sol ; c'est ce qu'il faut bien comprendre. Il faut bien comprendre aussi que
nous, on est une ASBL créée par des agriculteurs, un groupe
d'agriculteurs ; qui sont pionniers depuis... la plupart du temps depuis 20, 25
ans, qui ont arrêté de travailler leur sol par le labour et qui
ont voulu se concerter et se coordonner pour expérimenter, centraliser
les résultats de nos études plus facilement, et plus
efficacement. Mais, donc comme on est un groupe d'agriculteurs à la
base, il faut qu'on soit vraiment attentifs à la cohérence de nos
pratiques à l'échelle de la ferme. On prête une attention
à ce que l'agriculteur maintienne des rendements satisfaisants.
Première chose, surtout avec le prix de vente des produits de
l'agriculture de conservation qui sont dans le circuit conventionnel, donc
l'agriculteur ne doit pas prendre des risques, il doit maintenir
58
des rendements, il doit aussi financièrement se
retrouver, il doit avoir un bilan comptable qui tienne la route. On ne peut pas
dire à l'agriculteur : « achète cette machine, elle est
géniale, elle va faire fonctionner votre système », parce
qu'il a des investissements, on doit tenir compte de son état actuel en
contraintes, en habitudes... ça c'est vraiment important de bien
comprendre. Même sur la Wallonie qui a un petit territoire, il y'a des
fermes voisines qui n'ont pas forcément les mêmes sols, donc il
faut bien faire attention à cela. De manière très
générale, pour te faciliter un peu la vie, je peux
déjà dire que les systèmes qu'on appelle «
polyculture élevage » sont les plus adaptés à ce
modèle agricole. Pourquoi ? Parce que la place de l'élevage au
sein de l'exploitation va permettre premièrement d'amener beaucoup de
matières organiques au sol, mais aussi grâce à la
présence de l'élevage, l'agriculteur va pouvoir valoriser des
cultures différentes, ça va le pousser et permettre d'allonger
les rotations. Et donc de valoriser les couverts, parfois des couverts
d'interculture pour les moutons ou de valoriser des cultures à
finalité fourragères, ou des prairies temporaires dans la
rotation ; tout ça pour aider le système de conservation des sols
à fonctionner. C'est un truc à retenir, c'est la
polyculture-élevage qui est le plus prometteur. Ou alors la très
proche collaboration et coopération entre cultivateurs et entre
éleveurs. Il faut qu'il y'ait une collaboration et une étroite
discussion entre eux, c'est vraiment important. Les résultats, on les
voit par exemple lorsqu'on arrête de labourer, on voit plus de verres de
terres. Donc on a plus de verres de terres dans un champs de l'agriculture de
conservation que dans un champ qui est labouré chaque année, et
les verres de terres sont à la base de toute la structure du sol et de
l'enfouissement de la matière organique qui a pleins de vertus. Donc
ça, on l'observe, on l'a observé, et c'est un résultat qui
est flagrant. On voit aussi que les couverts végétaux vont
améliorer la structure du sol, vont maintenir la structure du sol, vont
limiter l'érosion. On voit beaucoup de témoignages d'agriculteurs
qui disent que depuis qu'ils sont allés dans ce
système-là, ils n'ont plus vu de coulées de boue le long
des routes quand il y'a des pluies et donc ça a aussi un impact sur la
société et les finances de la commune, par exemple qui doit
nettoyer la route ; et ça on l'oublie un peu vite, mais c'est un service
rendu par l'agriculteur de passer dans un tel système. Ce sont des
résultats très concrets que l'on observe tous les jours dans ce
système.
59
Thomas Karaga : D'accord, merci. Selon vous, quel avenir cette
technique a-t-il ? Et pensez-vous que l'on réussira à s'en passer
de l'agriculture industrielle ?
Laurent Serteyn : En fait l'agriculture de conservation comme
on l'entend en Wallonie est très bien adaptée, il maintient les
rendements, sur des cultures industrielles, sur des grandes surfaces. C'est un
modèle agricole qui est transposable à un grand nombre de
contextes. Ça c'est une première chose, la deuxième chose
qui est un point négatif, c'est que parfois, les industries
agroalimentaires demandent une pureté irréprochable des produits,
ou alors quand l'agriculteur doit produire des semences, il ne faut pas qu'il
y'ait d'autres semences dedans. Il y'a parfois des industries agroalimentaires
qui obligent l'agriculteur à labourer son champ pour être
sûr qu'il n'y ait pas de mauvaises herbes dans le champ, parce que le
labour permet vraiment d'enfouir toutes les mauvaises herbes ; et donc
là c'est un frein. En fait, on pourrait ne pas labourer et produire
qu'à même de très bons produits et ça se passerait
très bien, mais ils devraient payer un peu plus cher ou trier un peu
mieux leurs produits. Donc oui, c'est totalement transposable, on peut faire
à grande échelle, on peut généraliser cette
pratique, ça va marcher, et ça on est convaincus. S'il y'a de
l'aide à l'investissement pour les agriculteurs, ça implique
plein d'autres choses, mais il faut aussi de l'aide publique pour faciliter la
transition, il faut du conseil indépendant pour aider l'agriculteur
à franchir le pas et améliorer ses pratiques. Mais c'est un
système qui peut marcher pour l'ensemble des cultures ; avec des
cultures plus ou moins faciles. C'est donc plus facile de faire de la
céréale en agriculture de conservation que de la betterave par
exemple. Parce que pour la betterave, on va devoir travailler le sol en
profondeur, ou alors quand on va récolter les betteraves, on va abimer
la structure du sol. Donc il y'a des cultures plus simples que d'autres, mais
on y travaille pour améliorer. Et donc, notre travaille tous les jours,
ici chez Greenotec c'est rechercher des solutions pour les cultures comme la
betterave, les pommes de terre, les céréales, et le colza. Alors
pour l'autre partie de ta question, l'évolution, en fait l'agriculture
de conservation en Belgique est très dépendante du glyphosate
pour le moment. Comme on couvre les champs toute l'année par les plantes
avant de semer la culture suivante, il faut les détruire ; et si on ne
peut pas labourer pour les détruire, et bien ça devient
compliqué. Alors on amène des moutons, on va broyer pendant
60
le gèle etc... Mais il y'a souvent un moment, pas
forcément systématiquement, on est très dépendant
de la voie chimique pour évacuer tout le couvert et avoir un sol propre,
sans d'autres plantes pour pouvoir semer la culture suivante. Et là pour
le glyphosate, il n'y a pas encore d'alternatives aussi efficaces, en sachant
qu'on ne pulvérise jamais le glyphosate sur une culture qui va
être récoltée. Mais il n'y a pas d'alternatives
suffisamment efficaces au glyphosate, or il y'a des grandes chances que dans
quelques années, il soit totalement interdit. Et donc, on cherche des
alternatives, et notre gros challenge c'est les recherches qu'on mène
aussi en partenariat avec d'autres structures, c'est de concilier l'agriculture
biologique à l'agriculture de conservation, non seulement on va essayer
de se passer de labour ; or l'agriculture biologique doit labourer de temps en
temps ; et d'un autre côté, se passer d'intrants chimiques ; or
que pour le moment l'agriculture de conservation a besoin de produits chimiques
et de produits phytosanitaires. Et donc là, on est dans deux visions de
l'agriculture, que l'on va essayer de rejoindre, et pour le moment,
techniquement parlant, on ne sait pas encore le faire. On n'a pas encore les
connaissances matérielles, ni le recul nécessaire à cette
agriculture bio de conservation, mais notre objectif à long terme, c'est
d'y arriver. Peut-être qu'on n'y arrivera jamais, mais ce n'est pas
grave, on cherche en tout cas.
Thomas Karaga : J'espère qu'on va y arriver.
Pensez-vous que les agriculteurs obtiennent un rendement plus
élevé en pratiquant l'agriculture
régénératrice ou avec les produits chimiques ?
Laurent Serteyn : En fait, dans le sens ou nous on l'entend,
dans l'agriculture de conservation, on utilise des produits chimiques, donc
l'agriculteur arrive à maintenir des rendements souvent
équivalents à l'agriculture conventionnelle avec labour et
produits chimiques. Il y'a parfois des baisses de rendement, surtout les
premières années. Au moment du temps de transition d'un
système avec labour, pour passer à un système sans travail
du sol, il y'a un moment où il faut rétablir la vie du sol avec
la matière organique. Donc souvent la première année, il
peut y avoir des baisses de rendement et donc une baisse de revenu pour
l'agriculteur. Mais souvent après, on a une remontée, et parfois
on peut même dépasser les rendements de l'agriculture
conventionnelle avec labour. Ce n'est pas une vérité absolue
comme je l'ai dit, ça dépend des régions, du sol, de
61
l'agriculteur, de la culture et des machines. Donc je ne peux
pas dire d'office qu'il y'a des améliorations de rendements, mais
parfois on observe l'inverse, parfois on a des diminutions de rendement. Mais
parfois, ce n'est pas grave, ce qui est vraiment important, on a qu'à
même des diminutions de rendements plutôt que de
l'amélioration, c'est quelque chose qu'on observe Par contre, outre le
rendement, il y'a le bilan financier à la fin de l'exploitation. Et donc
l'avantage de l'agriculture de conservation, c'est que l'agriculteur va
dépenser moins de carburant, moins de mazout pour aller labourer, il va
passer moins souvent dans les champs, moins souvent les machines pour
travailler le sol, ou traiter ses cultures, parce qu'il met moins de
pesticides, ça va réduire le cout également. Donc il y'a
toute une série de travaux, de chantiers sur la ferme qui sont
diminués, et donc qui diminuent les coûts de l'agriculteur,
même s'il y'a diminution de rendement, le bilan financier final est
plutôt meilleur que l'agriculture conventionnelle avec labour.
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5.2 Annexe 2
Type de contact : entretien par appel audio
Date : 23 avril 2021
Durée : 25 minutes
Interlocuteur : Hamadé Ouedraogo
Fonction : Cultivateur
Entreprise : champ agricole
Description : Hamadé Ouedraogo exploite
un champ de 15 hectares avec ses trois frères et a mis en place une
technique agricole régénératrice (le zai).
Nombre de membres : 4
Localisation : Koubri, Burkina Faso
63
Thomas Karaga : Bonjour j'espère que vous allez bien,
comme je vous l'avais dit quand jetais au Burkina, j'appelle pour un entretien
concernant vos techniques de régénération agricoles dans
le cadre de mon travail de fin d'études. J'aimerais savoir tout d'abord,
quelle technique utilisez-vous ?
Hamadé Ouedraogo : D'accord, je suis content de pouvoir
t'aider dans ce travail. J'utilise la technique du zai sur une parcelle
cultivable de 15 hectares. J'ai commencé à l'utiliser il y'a
quelques temps. Mes trois frères m'ont aidé à le mettre en
place dans mon champ car cette technique n'est pas aisée surtout avec
nos températures très élevées.
Thomas Karaga : D'accord, je vois, mais qu'est-ce qui vous a
poussé à adopter cette technique ?
Hamadé Ouedraogo : J'ai adopté cette technique
parce que j'utilisais beaucoup d'engrais chimiques pour augmenter mon rendement
agricole. Au début c'était bien, mes productions augmentaient,
mais avec le temps, le sol a commencé à se dégrader et
donc les rendements ont baissé. Cela a beaucoup affecté mes
récoltes et nos entrées d'argent ont baissé brusquement
J'ai dû donc me renseigner sur cette technique et l'adopter.
Thomas Karaga : Ou êtes-vous renseigné sur cette
technique ? auprès de qui ou de quel organisme ?
Hamadé Ouedraogo : Je me suis renseigné
auprès de la direction provinciale de l'agriculture, et on m'a
expliqué les différentes étapes pour mettre en place la
technique du zai. Mais plus tard, j'ai partagé mes connaissances
là-dessus sur les autres agriculteurs qui ne savaient pas comment le
mettre en place ou qui le mettaient mal en place.
Thomas Karaga : Cultivez-vous pour ensuite revendre ou c'est
beaucoup plus pour votre subsistance ?
Hamadé Ouedraogo : Ici, avec les conditions de vie
difficiles, nous les paysans, nous cultivons d'abord pour nous nourrir, ensuite
nous revendons l'excédent pour mettre nos enfants à
l'école, pour nous soigner ou pour assurer d'autres petits
64
besoins. Ce qui fait que si nos récoltes ne sont pas
bonnes, c'est toute l'année qui va être amère pour nous. Si
les récoltes sont bonnes, alors c'est toute la famille qui est heureuse,
et tout le monde en profite, surtout nos enfants qui vont à
l'école.
Thomas Karaga : Oui, je vois, quels ont été les
résultats de la technique du zaï sur votre exploitation agricole
?
Hamadé Ouedraogo : Les retombées sont
allées très vite, je dirai à mon fils de t'envoyer les
données des récoltes des différentes années, tu
verras comment la technique du zaï a ravivé mon champ. Le haricot
qui ne poussait pas, pousse désormais.
Hamadé Ouedraogo : Il y'a eu beaucoup de
retombées économiques et sociales. Nos récoltes de
maïs et d'haricots se sont accrus, donc les revenus aussi
forcément, on a plus de soucis pour faire face à certaines
dépenses sociales, les enfants vont à l'école, et ne
craignent plus d'être renvoyés à la maison pour
défaut de paiement des frais de scolarité, on arrive aussi
à se soigner et assurer les besoins basiques de toute la famille. Ces
retombées ont été aussi observées chez les
agriculteurs voisins à notre exploitation qui ne savaient pas comment
mettre en place la technique ou qui la mettaient mal en place.
65
5.3 Annexe 3
Type de contact : entretien par appel audio.
Date : 03 mai 2021.
Durée : 25 minutes.
Interlocuteur : Frédéric Muratori (
f.muratori@regenacterre.be).
Fonction : Agronome chargé de recherche
(courriel :
serteyn.l@greenotec.be).
Entreprise : Regenacterre, site internet :
https://www.regenacterre.be/.
Description : association sans but lucrative
pour le développement et la promotion de l'agriculture
régénératrice.
Nombre de membres : Plus de 100 membres.
Localisation : 19, rue du buisson, 1360 Perwez.
66
Thomas Karaga : Bonjour monsieur, enfin on s'appelle vu votre
emploi du temps très occupé, je vais commencer par la
première question. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots
?
Frédéric Muratori : Oui, me présenter moi
personnellement ou la structure ?
Thomas Karaga : Oui, vous personnellement, j'ai vu sur
internet ce que votre structure fait comme actions
Frédéric Muratoni : Heu, moi je suis
Frédéric Muratoni, je suis agronome, j'ai fait l'agronomie
à Louvain-La-Neuve il y'a une vingtaine d'années. J'ai
travaillé dans la recherche et puis maintenant, je travaille chez
Regenacterre.
Thomas Karaga : D'accord, pouvez-vous me dire quelle technique
de conservation/régénération des sols utilisez-vous ou
préconisez auprès des agriculteurs ?
Frédéric Muratoni : En fait l'agriculture
régénératrice c'est un ensemble de techniques, mais qui ne
sont pas vraiment définis par les techniques mais par les objectifs, les
objectifs de résultat, et le résultat c'est augmenter la
matière organique du sol, et donc le carbone dans le sol, et augmenter
la vie du sol. On parle de santé du sol en anglais, alors on voit bien
qu'il y'a différents paramètres dans le sol : la biologie, la
chimie, la physique du sol. Ces trois paramètres doivent être
augmentées. Alors, la technique pour arriver à ces objectifs, il
y'a trois piliers comme dans l'agriculture de conservation. C'est d'abord la
diminution du travail du sol, la couverture du sol, et la rotation des
cultures. Et à cela, on ajoute la santé de la plante, ça
veut dire qu'on va augmenter ce qui va renforcer la santé de la plante
et diminuer tout ce qui va affaiblir la plante. Et donc on sait que certains
traitements notamment herbicides vont affaiblir la plante, elles vont tuer les
mauvaises herbes à coté, mais elles vont aussi affaiblir la
plante, donc il y'a ce pilier-là, qui est la santé de la plante.
Et il y'a un cinquième qui est l'intégration dans
l'environnement, parce que si on parle de l'agriculture
régénératrice ici, ça n'a rien à voir avec
l'agriculture régénératrice au Burkina Faso ; on pourra
utiliser la technique de couverture du sol avec telle ou telle méthode,
mais on va utiliser autre chose comme matière végétale,
intégrer l'animal dans le système. Le cinquième pilier
c'est une sorte de, ça s'appelle
67
l'adaptation à l'environnement des techniques. Le fait
qu'il soit adapté les techniques au système, ne pas changer le
système.
Thomas Karaga : pouvez-vous me dire quels ont
été les résultats de ces techniques ?
Frédéric Muratoni : En fait, nous ce qu'on fait
c'est du conseil agricole auprès des agriculteurs, qui choisissent de
suivre ou pas ces techniques, et donc il y'a des agriculteurs qui commencent
à avoir de bons résultats, parce que le premier résultat
c'est l'augmentation du taux de matière organique dans les sols. Et
ça en Belgique, on a des problèmes d'appauvrissement des sols,
certaines régions qui produisent beaucoup de légumes avec du
travail intensif du sol, ont fini par diminuer les taux de matière
organique, et donc c'était ça le premier résultat, quand
on augmente le taux de matière organique dans le sol, on a des
résistances à la sécheresse qui sont plus importantes, et
des risques d'érosion qui sont moins importantes chez l'agriculteur avec
les techniques régénératrices.
Thomas Karaga : D'accord, et ces techniques ont telles des
désavantages ou c'est uniquement que des avantages.
Frédéric Muratoni : Lee principal avantage c'est
comme je viens de le dire, quand on a plus de matières organiques, il
y'a des effets secondaires bénéfiques, comme diminution à
l'érosion, maintien de l'eau, la matière organique c'est du
carbone, donc si on augmente la quantité de matières organiques,
on aura beaucoup de carbone. Il aller voir l'initiative 4 pour 1000 sur
internet, qui est une initiative en France. Vous voyez de quoi je parle ?
Lorsque vous taper sur google 4 pour 1000 France, il y'a des explications sur
la théorie qui veut que si on augmentait de 0,4% le taux de
matières organiques de partout dans le monde dans les sols agricoles, on
pourrait capter suffisamment de carbone pour balancer le changement climatique,
et il y'a beaucoup de références, il faut aller voir sur
internet. Et donc il y'a ça comme avantage, alors il y'a un autre
avantage, c'est que quand réfléchit à la santé de
la plante, et qu'on va commencer à diminuer l'utilisation de produits
chimiques. Après, il y'a des inconvénients, l'inconvénient
c'est que si on ne travaille plus le sol, on peut avoir des problèmes de
mauvaises herbes qui sont plus difficiles à contrôler que quand on
laboure le sol. Quand on travaille le sol avec des outils, c'est facile de ne
plus avoir de
68
mauvaises herbes. Alors que quand on travaille le sol sans, il
faut être plus attentif.
Thomas Karaga : D'accord, et pensez-vous que l'agriculture
industrielle peut utiliser ces techniques là ou pas ?
Frédéric Muratoni : Ah oui, c'est pas plus
facile, c'est vrai, mais il y'a maintenant des techniques de non travaille du
sol, de plantation sans travail du sol, il y'a peut-être 5 ou 6 ans en
arrière, il y'avait qu'un constructeur ou deux constructeurs qui
faisaient du semoir comme, et maintenant tous les grands constructeurs de
machines agricoles font de gros semoirs , qui sont donc utilisés pour
faire de grandes cultures, vraiment l'agriculture industrielle et qui permet
d'utiliser les techniques ou on travaille moins le sol, et donc ici, le risque
c'est de faire qu'une partie du système. C'est donc important que tous
les piliers soient utilisés, toutes les techniques soient
utilisées en même temps, parce que si on fait que du semi-direct
et qu'on ne fait pas des couvertures du sol, et qu'on utilise beaucoup de
produits phytosanitaires ou de produits chimiques, alors on va avoir trois
inconvénients par rapport aux avantages. Mais c'est adapté
à l'agriculture industrielle.
Thomas Karaga : D'accord, c'était toutes les questions
que j'avais à vous poser, j'ai eu vraiment les réponses que je
voulais, c'était vraiment très détaillé.
Frédéric Muratoni : Ah oui, D'accord,
c'était court, j'ai cru qu'on allait parler pendant deux heures. Je
voudrais rajouter qu'un des autres avantages dont on parlait tout à
l'heure : augmentation du carbone, lutte contre l'érosion... ça
peut parfois être intéressant pour la communication de l'acheteur.
Donc on travaille par exemple avec des producteurs de pomme de terre, et un
maltais qui achète du grain pour faire de la bière , et lui il
veut acheter du grain de nos agriculteurs parce que alors il peut parler aux
brasseurs pour dire que « si vous acheter du grain qui est produit comme
ça, vous faites du bien à l'environnement, vous pouvez
réparer la planète en utilisant le grain de nos agriculteurs qui
utilisent ces techniques de régénération », donc il
y'a un côté commercial derrière aussi.
Thomas Karaga : A grande échelle, pensez--vous qu'il
y'a des avantages sociales ou économiques pour la Belgique à
adopter ces techniques-là ?
69
Frédéric Muratoni : Oui, c'est sûr, il y'a
de plus en plus de citoyens qui veulent qu'on remplace les pesticides par autre
chose, qui veulent qu'on fasse attention à l'érosion, quand par
exemple, la biodiversité. C'est important que maintenant, l'agriculture
maintenant change vers des modèles qui répondent à tout
ça. Et donc, il y'a des opportunités, les industriels qui
commencent à comprendre qu'il y'aura même un marché
maintenant, donc c'est sûr qu'il y'a des opportunités qui vont
amener même d'avantage la société à
développer ce genre d'agriculture. Il y'a par exemple les techniques
d'agroforesterie, donc amener des lignes d'arbres autour des parcelles,
ça fait aussi partie des techniques. C'est comme si on avait une grosse
boite à outils, c'est comme si l'agriculture
régénératrice c'était toutes les techniques
possibles pour utiliser les bienfaits de la nature, et donc l'agroforesterie
par exemple qui peut embellir le paysage ou retenir des coulées de
boues, pour les citoyens, pour la société, c'est de bons
avantages, donc voilà.
Thomas Karaga : D'accord merci beaucoup pour toutes vos
réponses, et votre temps.
Frédéric Muratoni : Je t'en prie, bon travail
à toi et beaucoup de courage.
70
5.4 Annexe 4
71
5.5 Annexe 5
72
5.6 Annexe 6
73
5.7 Annexe 7
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