CONCLUSION
En guise de conclusion, nous venons de voir d'une
manière systématique ce lien indéniable qui se tisse entre
l'être et la liberté. Tout d'abord, il faut reconnaitre la
difficulté de vouloir dichotomiser ces deux éléments car
ils sont intimement liés. Parlant de l'être, nous avons repris la
conception des anciens partant de Parménide comme étant celui qui
a donné une connotation métaphysique au concept
« être » avec sa fameuse découverte
« l'être est le non-être n'est pas ». Puis nous
nous sommes associés à Aristote qui définit la
métaphysique comme la science de l'être en tant qu'être.
Certes, dans la conception des philosophes antiques dire l'être ne
devrait pas se limiter à des simples paroles mais il faillait une grande
activité rationnelle et intellectuelle pour le faire, par le fait que le
concept être est le plus englobant, il embrasse tout et dit tout. Ainsi
prendre l'être en tant qu'être c'est le prendre dans sa
complétude, sa globalité, sa totalité, sans pour autant le
rétrécir, l'avilir, l'altérer voire l'assujettir.
En outre, notre quête nous a conduit jusqu'à la
conception marcellienne de l'être laquelle consiste à prendre
l'être comme mystère. Le mystère n'est pas, bien entendu,
l'inconnaissable ou une lacune de la connaissance mais il est plutôt une
réalité dans laquelle je me trouve engagé, impliqué
entièrement et je ne saurais pas m'en détacher pour l'observer du
dehors ou de l'extérieur. Pour Marcel, s'interroger sur l'être
s'est s'interroger sur sa totalité et sur soi-même comme
totalité, alors je ne puis m'interroger sur l'être que parce que
je suis, j'existe en tant qu'être-incarné, c'est-à-dire un
être possédant un corps. C'est par ce point que Marcel montre sa
position inéluctable à la métaphysique existentialiste
laquelle métaphysique ne cherche plus à saisir l'être en
tant qu'être dans l'abstrait mais elle part de l'être
incarné comme donnée centrale de toute réflexion
métaphysique. Cet être incarné est bien évidemment
l'homme possédant un corps qui peut sentir par les organes de sens. Le
corps étant aussi un concept large et polysémique, nous avons
confronté quelques conceptions de ce dernier selon différents
auteurs à l'instar de J.-P Sartre (le corps-pour-soi et le
corps-pour-autrui) ; M. Merleau-Ponty (le corps-vécu ou
corps-propre) et G. Marcel (le corps-instrument ou corps-objet et le
corps-sujet).
Enfin, le chapitre a débouché sur une conception
panoramique de la liberté nonobstant l'impasse de faire une
classification systématique et unanime des libertés. Qu'à
cela ne tienne, nous avons essayé de classifier les libertés
selon les différents domaines d'application. Cela étant, nous
pouvons citer en titre d'exemple : liberté politique,
liberté métaphysique, liberté de, liberté à,
liberté pour, liberté contre etc. En dépit de toutes ces
conceptions, comme nous l'avons déjà dit
précédemment, la liberté authentique tire son fondement
dans la substance de l'homme en tant qu'être-incarné, rationnel et
ayant la volonté. Cette conception métaphysique de la
liberté est relativement proche de celle de notre auteur que nous aurons
à préciser davantage sa position et son apport dans le chapitre
qui suit.
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