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Traitement des eaux usées domestiques par pistia stratiotes dans la commune de la N'sele à  Kinshasa/RD Congo


par Tridon YANGONGO MUFUBO
Université Pédagogique Nationale - Diplôme d'études approfondies (DEA) 0000
  

sommaire suivant

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ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

UNIVERSITE PEDAGOGIQUE NATIONALE

B.P. 8815

FACULTE DES SCIENCES

DEPARTEMENT DE BIOLOGIE

Kinshasa/Binza

TRAITEMENT DES EAUX USEES DOMESTIQUES PAR Pistia

stratiotes L. DANS LA COMMUNE DE LA N'SELE A

KINSHASA/ RD CONGO

Par

YANGONGO MUFUBO Tridon

Mémoire présenté et défendu pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en

Sciences.

Option : Biologie végétale

Orientation : Ecologie et Gestion des Ressources Végétales

Promoteur : LUAMBA Lua NSEMBO Jean, Professeur Ordinaire (UPN)

Co-promoteur : MUTAMBEL'HITY SCHIE NKUNG Deogratias, Professeur (UPN)

JURY

Présidente : NGELINKOTO MPIA Patience Professeur (UPN)

Secrétaire : PWEMA KIAMFU Victor Professeur Ordinaire (UNIKIN)

Membres : LUAMBA Lua NSEMBO Jean, Professeur Ordinaire (UPN)

MUTAMBEL'HITY S.N. Deogratias Professeur (UPN)

Novembre 2020

A :

DEDICACE

? Notre cher père KABAMBA KANTAMBWE Gilbert, vous avez été pour nous un conseiller, un consolateur et un sauveur, votre soutien au cours de ces longues années d'étude ne nous a jamais fait défaut, puisse ce travail vous apporter satisfaction.

? Notre très chère mère MUJINGA KABAMBA Monique, les mots nous manquent pour vous qualifier, vous avez passé avec nous des moments difficiles, les émotions des examens tout au long de nos études, sois réconfortée. Que ce travail réponde à vos attentes.

? Notre chère épouse MULANGU KABEYA Vanella, les mots nous manquent pour vous apprécier à juste titre, compagne vertueuse, modeste et rafinée. Puisse le tout puissant pérenniser notre union.

II

REMERCIEMENTS

Notre gratitude s'adresse aux autorités Académiques de l'Université Pédagogique Nationale (UPN) et aussi aux autorités décanales du Département de Biologie pour leur encadrement et leur esprit de préparer la relève.

Nous exprimons notre profonde gratitude et nos sincères remerciements à notre promoteur, le professeur ordinaire Luamba Lua Nsembo Jean. Honorable Maître, vos conseils et vos suggestions nous ont été d'un apport bénéfique dans la réalisation de ce travail. Toujours disponible, vous avez été pour nous un bon guide. L'intégrité, l'assiduité, le courage, le sens élevé de la responsabilité, le souci du travail bien fait sont des qualités qui vous incarnent et qui forcent l'admiration. Nous vous souhaitons longue et heureuse vie et surtout une bonne carrière professionnelle. Veuillez accepter cher Maître, l'expression de notre plus haute considération.

Nous remercions d'une manière spéciale notre Co-promoteur, le professeur Deogratias Mutambel'Hity Schie Nkung vous nous faites un grand honneur en acceptant de codiriger ce travail. Nous avons été très touchés par la spontanéité avec laquelle vous avez accepté cette responsabilité. Nous avons apprécié votre simplicité, votre humilité, votre caractère sociable qui fait de vous un homme de classe exceptionnelle, toujours à l'écoute et à l'attention des autres et surtout votre rigueur scientifique.

Nous avons eu la chance d'être un de vos élèves et soyez en rassuré que nous nous servirons toute notre vie de la méthodologie de travail que vous nous avez inculquée. Puisse le tout puissant vous accorder une longue vie, afin que nous continuions à apprendre la science auprès de vous. Recevez donc cher Maître l'expression de notre profonde gratitude et reconnaissance.

III

Nous adressons également nos sincères remerciements à nos frères et soeurs : Bila Menda Philippe Smith, Ntanga Kabamba Rachel, Kabamba Kantambwe Jeancy (Docta Mukwege), Ngalula Kabamba Ange Malahika et Ya Trido Kabamba alias Mwana ya Maman Monique, pour les liens familiaux qui nous unissent à jamais.

Nous disons spécialement merci à notre encadreur, le professeur Jean-Claude Kamb Tshijik pour ses critiques constructives.

Nous remercions nos amis, collègues et camarades : les Chefs de Travaux Ndombe Tamasala Rombaut, Alimange Linga, Kalenga Michel et les assistants ; Edouard Sisa, Maria Bila, Muanji Felly et Kabongo Trésor.

Que tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à l'accomplissement de ce travail trouvent ici l'expression de notre profonde reconnaissance.

iv

LISTE DES ABREVIATIONS

Abréviation Signification

AFNOR Agence Française de Normalisation

BLBVB Bouillon Lactose Bilié au Vert Brillant

CF Coliformes Fécaux

CT Coliformes Totaux

CTT Coliformes Thermotolérants

DAS Direction d'Assainissement

DBO Demande Biologique en Oxygène

DCO Demande Chimique en Oxygène

DEHPE Direction des Etablissements Humains et Protection de

l'Environnement

DNH Direction Nationale de l'Hygiène

ERU Eaux Résiduaires Urbains

EUB Eaux Usées Brutes

EUE Eaux Usées Epurées

IPS Inspection Provinciale de la Santé

ISO Organisation Internationale de Standardisation

MECNE Ministère de l'Environnement, de la Conservation de la Nature,

des Eaux et Forêts

MES Matières En Suspension

MINPLAN Ministère du Plan

MSP Ministère de la Santé Publique

MTPI Ministère des Travaux Publics et des Infrastructures

NH4 + Ammonium

NO2- Nitrite

NO3- Nitrate

NPP Nombre le Plus Probable

V

Abréviation Signification

NT Azote Total

NTU Nephelometric Turbidity Unit

OMS Organisation Mondiale de Santé

OVD Office des Voiries et Drainage

PED Pays en Voie de Développement

PNA Programme National d'Assainissement

RATPK Régie d'Assainissement et de Travaux Publics de Kinshasa,

REUE Réutilisation des Eaux Usées Epurées

SF Streptocoques Fécaux

vi

LISTE DES FIGURES, GRAPHIQUES ET PHOTOGRAPHIES

N° TITRE PAGE

Figure II.1 Carte de la Commune de la N'sele 61

Figure II.2 Carte de la Commune de la N'sele dans la ville-

Province de Kinshasa

62

Figure II.3 Variation de températures moyennes mensuelles 64

Figure II.4 Carte des températures de la N'sele 65

Figure II.5 Précipitations moyennes mensuelles 66

Figure II.6 Moyennes mensuelles d'humidité 67

Figure II.7 Vitesses moyennes des vents mensuels en (Km/h) 67

Figure II.8 Types de sols de la N'sele 68

Figure II.9 Evolution de la population de la n'sele de 2012 à 2018 73

Figure II.10 Hydrographie de la N'sele 75

Figure II.11 Disposition de substrats dans le pilote expérimental 75

103

105

106

107

Figure III.1 Température des EUB et des EUE avec Pistia

stratiotes et sans Pistia stratiotes

Figure III.2 pH des EUB et des EUE avec Pistia stratiotes et sans

Pistia stratiotes.

Figure III.3 Conductivité des EUB et des EUE avec Pistia stratiotes

et sans Pistia stratiotes.

Figure III.4 Turbidité des EUB et des EUE avec Pistia stratiotes et

sans Pistia stratiotes.

VII

N° TITRE PAGE

Figure III.6 MES des EUB et des EUE avec Pistia stratiotes et sans

Pistia stratiotes. 109

Figure III.7 NT des EUB et des EUE avec Pistia stratiotes et sans

111

Pistia stratiotes.

Figure III.8 NH4 + des EUB et des EUE avec Pistia stratiotes et sans

Pistia stratiotes. 112

Figure III.9 NO2- des EUB et des EUE avec Pistia stratiotes et sans

Pistia stratiotes. 114

116

117

119

121

122

123

Figure III.10 NO3- des EUB et des EUE avec Pistia stratiotes et sans

Pistia stratiotes.

Figure III.11 DCO des EUB et des EUE avec Pistia stratiotes et sans

Pistia stratiotes.

Figure III.12 DBO5 des EUB et des EUE avec Pistia stratiotes et sans

Pistia stratiotes.

Figure III.13 Coliformes totaux des EUB et des EUE avec Pistia

stratiotes et sans Pistia stratiotes.

Figure III.14 Coliformes fécaux des EUB et des EUE avec Pistia

stratiotes et sans Pistia stratiotes

Figure III.15 Streptocoques fécaux des EUB et des EUE avec Pistia

stratiotes et sans Pistia stratiotes

Photo I.1 Pistia stratiotes 57

Photo II.1 Pilote expérimental montrant le lieu de prélèvement 75

Photos II.2 Substrats utilisés dans le pilote expérimental 78

VIII

LISTE DES TABLEAUX

N° TITRE PAGE

Tableau I.1 Virus présents dans les eaux usées 27

Tableau I.2 Bactéries pathogènes présentes dans les eaux usées 28

Tableau I.3 Protozoaires pathogènes présents dans les eaux usées 29

Tableau I.4 Helminthes pathogènes présents dans les eaux usées 30

Tableau I.5 Normes de rejet de l'Organisation Mondiale de la Santé 51

Tableau II.1 Evolution de la population de la n'sele de 2012 à 2018 70

Tableau II.2 Paramètres physico-chimiques 80

Tableau II.3 Méthodes analytiques utilisées pour la recherche des

indicateurs bactériologiques de pollution

82

Tableau II.4 Calcul du nombre le plus probable de germes 87

ix

LISTE DES ANNEXES

N° TITRE

Annexe 1 Table de MAC- GRADY

Annexe 2 Résultats des paramètres physico-chimiques et
bactériologiques

Annexe 3 Résultats des analyses statistiques

10

INTRODUCTION

1. Etat de lieux

De nos jours, les questions touchant la gestion et le traitement des eaux usées et, par extension la planification et la gestion de l'environnement urbain comptent parmi les plus complexes auxquelles doivent répondre les populations, les chercheurs et les décideurs politiques à cause de leur impact sur la santé humaine et le développement durable (Attahi, 2007).

Aujourd'hui les villes africaines font partie des espaces où la problématique de la gestion de l'environnement est pertinente. Les atteintes à l'environnement sont généralisées et croissantes. La collecte des ordures ménagères et l'élimination des eaux usées constituent l'une des plus grandes difficultés que rencontrent les autorités municipales. Ces difficultés se traduisent par une accumulation de déchets ménagers, l'érection de nombreux dépôts sauvages et la stagnation des eaux usées domestiques et pluviales dans de nombreux quartiers. Les taux de ramassage des ordures ménagères atteignent rarement 50 % (Vymazal, 2005).

En effet, l'essor de l'urbanisation et la croissance démographique sont à la base de la demande croissante en eau et par conséquent la production des eaux usées sous diverses formes. Les populations se trouvent en général dans des conditions d'hygiène précaire par manque de services d'assainissement adéquats (Anonyme, 2003).

Les activités agricoles, artisanales, industrielles, commerciales et minières, produisent des eaux usées qui sont pour la plupart directement déversées dans la nature, sans aucun traitement adéquat (Akéko, 1991).

11

A la faveur d'une démographie galopante, de la faiblesse des moyens financiers et matériels et des difficultés à maîtriser la croissance urbaine, les villes africaines ont connu pendant les deux dernières décennies une forte croissance de la population et un dysfonctionnement des systèmes d'assainissement sur le cadre de vie et sur l'écosystème naturel. Cet état de chose connaît de plus en plus d'ampleur et interpelle afin que tous les acteurs impliqués prennent des décisions appropriées (Akéko, 1991).

Selon un rapport d'évaluation de l'OMS en 2016, 2,1 milliard de personnes n'ont pas accès à un service d'approvisionnement approprié et 4,5 milliards de personnes n'ont pas accès à un système d'assainissement adapté (Anonyme, 2016).

Les dysfonctionnements des systèmes d'assainissement des déchets liquides sont perceptibles dans toutes les villes ; les eaux usées stagnent dans les espaces vides, sur la chaussée et dans les drains (Diabagate, 2008).

Une forte concentration humaine en l'absence d'une efficacité politique d'évacuation des eaux usées pose le problème de l'insalubrité. Cette dernière qui a atteint le seuil critique, entrave l'essor de la qualité du cadre de vie des habitants (Yangongo, 2014).

Cette dégradation concerne également la ville de Kinshasa en général et la commune de la N'sele en particulier ; l'absence d'un système d'évacuation efficace des eaux usées domestiques, artisanales et pluviales non seulement occasionnent de nombreuses nuisances dans cette commune, mais constituent de sources potentielles permanentes de maladies hydriques (Fièvre typhoïde, diarrhées, méningite, Paludisme, infections respiratoires aigües, etc.).

12

2. Problématique

A travers le monde, la gestion des déchets solides et liquides constitue un défi notable auquel il faut répondre éfficacement pour assurer un environnement adéquat à la vie des populations. Ce défi, quoique commun aux pays du Nord et du Sud, connaît une grande ampleur dans les pays du Sud pourtant, apparemment, moins pollueurs que ceux du Nord au vu des infrastructures de production dont ils disposent. En effet, la production des déchets est corollaire au modernisme qui ne cesse de prendre de l'importance étant donné que la tendance humaine est de produire et de consommer davantage, notamment au niveau des villes (Dray et al., 1989).

Si les villes des pays du Nord semblent être à même de résorber les pollutions produites, en bénéficiant de l'expertise d'un personnel compétent, d'un financement quasi permanent et d'une opinion publique très sensible aux questions environnementales, à l'opposé, les villes des pays en voie de développement en général et de la R.D. Congo en particulier, dont la ville de Kinshasa, connaissent des situations dramatiques. En effet, Kinshasa connaît un exode rural important, rendant difficile l'accès aux services de base (logement, eau, assainissement, transport, etc.) (Dray et al., op.cit.).

Dans la perspective de répondre aux objectifs du millénaire pour le développement, les efforts engagés par le gouvernement semblent être dubitatifs et laissent une part importante de responsabilité aux structures de coopération bilatérale ou multilatérale comme PNUD, OMS, etc. Du coup, la dichotomie quant à la priorisation des efforts apparaît et se penche principalement sur l'approvisionnement en eau voulue potable, ignorant qu'à l'opposé, le volume des eaux à traiter et à évacuer augmente; ce qui accentue la dégradation du cadre de vie (Anonyme, 2016).

13

Le traitement des eaux usées est un enjeu d'ordre environnemental mondial. La production d'eaux usées ne cesse d'augmenter avec l'accroissement de la population et l'activité industrielle. Ce sérieux problème génère non seulement des risques de pollution pour les écosystèmes naturels mais entraîne également des conditions d'insalubrité et des risques sanitaires importants. Bien que cette problématique commence globalement à être maîtrisée dans les pays industrialisés, il n'en est pas de même pour la plupart des pays tropicaux (Anonyme, 2017).

La problématique de l'assainissement des eaux usées est un sujet qui demeure entier malgré des nombreuses initiatives entreprises jusqu'à ce jour. La plupart des villes se sont construites sans un plan rigoureux d'assainissement, rendant désormais complexe la recherche de solution. En effet, des pratiques plus souvent non salutaires, se sont installées aussi bien au niveau des autorités communautaires que des populations. Les systèmes de collecte et de traitement d'eaux usées et d'excréta sont très peu développés ou inexistants. La complexité des problèmes recommande désormais de développer une approche intégrée (Hassoune et al., 2006).

Face à tous les problèmes que connaît la R.D. Congo en matière d'assainissement, le recours à d'autres techniques d'épuration des eaux usées, moins coûteuses et plus simples à gérer est devenu incontournable, si l'on veut protéger les ressources en eau, la santé publique et sauvegarder les milieux récepteurs (Anonyme, op.cit.).

14

Actuellement, les aspects concernant la qualité des ressources en eau n'ont été que peu considérés : le secteur de l'assainissement connaît un grand retard et plus de 90 % des eaux usées sont rejetées dans le milieu naturel (réseau hydrographique 30 % ; sol et sous-sol 27 % ; mer 43 %), sans traitement préalable. Ainsi, le traitement des eaux usées est devenu une priorité ; aussi bien pour préserver la santé humaine et l'environnement, que pour produire une eau qui pourrait être utilisée en agriculture, en industrie et en d'autres activités sociales (Hassoune et al., 2006).

Au regard de cet état de fait, il est question de trouver des réponses aux questions suivantes :

? Est-il possible de traiter les eaux usées domestiques par la culture de Pistia stratiotes L. et avoir des résultats performants ?

3. Hypothèse

L'hypothèse de travail sur laquelle repose cette recherche est :

? Pistia stratiotes L. étant une plante épuratrice il serait possible de traiter les eaux usées domestiques par sa culture et avoir les résultats avec un taux de rabattement élevé.

4. Objectifs

4.1 Objectif général

L'objectif général fixé dans cette recherche est de déterminer, d'une part la capacité de Pistia stratiotes L. à épurer les eaux usées domestiques, d'autre part de proposer une station de phytoépuration dans la Commune de la N'sele.

15

4.2 Objectifs spécifiques

L'objectif général a été atteint grâce aux objectifs spécifiques ci-

après :

· déterminer l'efficacité de Pistia stratiotes L. dans l'épuration des eaux usées domestiques;

· analyser les paramètres physico-chimiques et bactériologiques pour la détermination de ceux d'entre eux indicateurs de l'état de pollution des eaux usées ;

· analyser comparativement les paramètres physico-chimiques et bactériologiques des eaux usées en amont et en aval d'une station pilote d'épuration utilisant Pistia stratiotes L. ou sans Pistia stratiotes L.;

· développer une méthode de traitement biologique des eaux usées.

5. Intérêt

Ce travail revêt quatre intérêts :

· Sur le plan scientifique : permettre aux ménages, aux décideurs et chercheurs, de comprendre le danger des eaux usées sur l'environnement et sur la santé humaine, et l'importance d'épurer les eaux usées domestiques;

· Sur le plan didactique : mettre à la disposition de la population et des chercheurs des connaissances nouvelles relatives au traitement biologique des eaux usées domestiques, afin d'être plus responsables de la gestion des eaux usées dans leur milieu de vie ;

· Sur le plan économique : puisque le manque d'assainissement pèse directement sur la capacité du travail des habitants et leur dynamisme économique, il est clair que la pollution et le tourisme font mauvais ménages. A ce titre, le traitement des eaux usées comporte un taux de retour intéressant sur l'investissement;

16

? Sur le plan environnemental : fournir aux habitants de la Commune de la N'sele un environnement de qualité, afin de réduire la menace que représente le rejet incontrôlé des effluents, entre autres, sur les ressources en eau souterraine et de surface, les ressources halieutiques et responsabiliser les utilisateurs pour ne plus dependre des entreprises de vidage de fosses et du système d'assainissement collectif.

6. Subdivisions du travail

Outre l'introduction et la conclusion, ce mémoire s'articule autour

de trois chapitres :

? le premier définit les concepts de base et parle des généralités sur les

eaux usées et leur traitement;

? le deuxième décrit le milieu d'étude, le matériel et les méthodes;

? le troisième présente les résultats et la discussion qui en découle.

17

CHAPITRE PREMIER

DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS DE BASE ET
GENERALITES SUR LES EAUX USEES

Dans ce chapitre il est question d'élucider quelques concepts de base relatifs aux eaux usées, de parler des généralités des eaux usées et de Pistia stratiotes L.

I.1 DEFINITION DES QUELQUES CONCEPTS DE BASES

1° Traitement

Un traitement désigne l'action de traiter c'est-à-dire une manière d'agir, de se comporter devant quelque chose. C'est aussi un ensemble des opérations sur une matière pour la transformer afin de la rendre exploitable (Kafinga, 2013).

2° Eau

L'eau est un corps liquide, inodore (sans odeur), incolore (sans aucune couleur), insipide (sans saveur, fade), transparent, composé d'hydrogène (H) et de l'oxygène (O) (Kafinga, op. cit.).

« L'eau est source de la vie », cela veut dire qu'aucune vie n'est possible sans eau. Les animaux, les plantes, les microbes ont tous besoin d'eau pour se multiplier et s'accroître harmonieusement (Kafinga, op. cit.).

3° Eaux usées

Les eaux usées sont celles qui ont été utilisées et souillées par des activités humaines (domestiques, industrielles et agricoles) (Anonyme, 2006).

Les eaux usées peuvent aussi être définies comme des eaux résiduaires d'une collectivité dont les caractéristiques varient d'un endroit à un autre, c'est-à-dire un endroit physique, chimique ou biologique (Radoux, 2006).

18

4° Eau usée domestique

Les eaux usées domestiques sont constituées d'eaux de bain, lessive, urines, fèces et résidus alimentaires (Ngelikoto, 2016).

Pistia stratiotes L.

Pistia stratiotes L. est une espèce de plantes aquatiques de la famille des Araceae parfois appelée « laitue d'eau », « salade d'eau » ou « chou aquatique ». Cette plante est maintenant pantropicale ; on la trouve en Amérique, en Asie, en Afrique, en Océanie et introduite en Europe. C'est la seule espèce actuellement acceptée du genre Pistia (Ngelikoto, 2016).

I.2 Généralités sur les eaux usées

Les hommes ont aussi besoin d'eau en quantité et de bonne qualité, car l'eau constitue le véhicule le plus commun et le plus important de la transmission de maladies. La relation entre l'eau et la santé a été reconnue depuis l'époque d'HIPPOCRATE, qui avait associé la fièvre aux lieux malsains (marécageux). En 1854, SNOW démontra que le choléra se propageait par l'eau (Encarta, 2009).

Les eaux usées constituent l'une des sources de pollution pour l'environnement et un danger pour la santé des humains et des animaux. La question de l'élimination des eaux usées a revêtu une importance croissante au début des années 1970, compte tenu de la préoccupation générale exprimée partout dans le monde, face au problème de plus en plus important de la pollution de l'environnement humain, de l'atmosphère, de rivières, des lacs, d'océans et d'eaux souterraines par les déchets ménagers, urbains, agricoles et industriels (Radoux, 2006).

On distingue trois catégories des eaux usées ; eaux usées physiques, eaux usées chimiques et eaux usées biologiques.

I.2.1 Catégorie des eaux usées

19

1° Eaux usées physiques

Les eaux usées se caractérisent par une couleur grise, une odeur de moisi ; elles peuvent être chargées de matières en suspension, de résidus végétaux, de lambeaux de papier, etc. (Doka, 1995).

2° Eaux usées chimiques

Les eaux usées, constituées de composés organiques et inorganiques qui peuvent contenir des hydrates de carbone, des protéines, des matières grasses, des pesticides, des phénols, etc. Les composés inorganiques peuvent comprendre des métaux lourds, de l'azote, du phosphore, des matières acido-basiques, de soufre, des chlorures, des matières alcalines et d'autres composés constitués de matières toxiques (Radoux, 2006).

Les gaz habituellement dissous dans les eaux usées sont l'hydrogène sulfureux, le méthane, l'ammoniac, le dioxygène, le dioxyde de carbone et le diazote. Les trois premiers proviennent de la décomposition des matières organiques des eaux usées (Radoux, op.cit).

3° Eaux usées biologiques

Les eaux usées contiennent divers micro-organismes classés dans les protistes animaux ou végétaux ; ils sont les plus préoccupants, à savoir les bactéries, les champignons, les protozoaires et les algues. Les eaux usées contiennent également de nombreux organismes pathogènes, habituellement d'origine humaine dont les uns sont responsables des maladies ; les autres sont porteuses d'une maladie donnée (Anonyme, 1995 ; Khlifi, 2006).

20

I.2.2 Origine des eaux usées

D'après (Rodier et al., 2009), on peut classer comme eaux usées, les eaux d'origine urbaines constituées par des eaux ménagères (lavage corporel et du linge, lavage des locaux, eaux de cuisine) et les eaux de vannes chargées de fèces et d'urines et les eaux pluviales et peuvent s'y ajouter suivant les cas des eaux d'origine industrielle et agricole.

1° Origine industrielle

Les eaux d'origine industrielles proviennent des différentes usines de fabrication ou de transformation. La qualité de ces eaux varie suivant le type d'industrie, elles peuvent être chargées en matières toxiques difficilement biodégradables qui nécessitent un traitement spécifique (Rodier et al.,op.cit.).

Les déchets et les effluents industriels définissent la qualité et le taux de pollution de ces eaux usées. Les établissements industriels utilisent une quantité importante d'eau qui tout en restant nécessaire à leur bonne marche, n'est réellement consommée qu'en très faible partie, le reste est rejeté. On peut néanmoins, faire un classement des principaux rejets industriels suivant la nature des inconvénients qu'ils déversent :

? pollution due aux matières en suspension minérales (lavage de charbon, carrière, tamisage du sable et gravier, industries productrices d'engrais phosphatés...) ;

? pollution due aux matières organiques et graisses (industries agroalimentaires, équarrissages, pâte à papier...) ;

? pollution due aux rejets hydrocarbonés et chimiques divers (raffineries de pétrole, porcherie, produits pharmaceutique...) ;

? pollution due aux rejets toxiques (déchets radioactifs non traités, effluents radioactifs des industries nucléaires...) (Rodier et al., op.cit.).

21

2° Origine domestique

Les eaux d'origine domestique sont constituées d'une combinaison des eaux domestiques (habitations, bureaux, bains publics) et en moindre quantité d'eaux issues de fonds de commerce et de petites industries. Les eaux domestiques sont constituées d'eaux de bain, lessive, urines, fèces et résidus alimentaires. Les eaux commerciales sont issues principalement de lavage de voitures, restaurants, cafés et pressing. Ces eaux sont chargées en matières organiques, graisses et produits d'entretiens ménagers. Elles présentent en général une bonne biodégradabilité. Elles proviennent essentiellement :

? des eaux de cuisine qui contiennent des matières minérales en suspension provenant du lavage des légumes, des substances alimentaires à base de matières organiques (glucides, lipides, protides) et des produits détergents utilisés pour le lavage de la vaisselle et ayant pour effet la solubilisation des graisses ;

? des eaux de buanderie contenant principalement des détergents ;

? des eaux de salle de bain chargées en produits utilisés pour l'hygiène corporelle, généralement des matières grasses hydrocarbonées ;

? des eaux de vannes qui proviennent des sanitaires (W.C), très chargées en matières organiques hydrocarbonées, en composés azotés, phosphatés et microorganismes (Rejsek, 2002).

3° Origine agricole

Les eaux d'origine agricoles sont constituées essentiellement des eaux de drainage des champs agricoles et des rejets de lavage des fermes d'élevage. Il s'agit d'un mélange de composés relativement biodégradable. Néanmoins, ces eaux sont parfois caractérisées par de fortes concentrations de pesticides et d'engrais artificiels. Les paramètres qui doivent être pris en considération sont l'azote nitrique, le phosphate et les substances organiques (Herteman, 2010)

22

Ce sont des eaux qui ont été polluées par des substances utilisées dans le domaine agricole. Dans le contexte d'une agriculture performante et intensive, l'agriculteur est conduit à utiliser divers produits d'origine industrielle ou agricole dont certains présentent ou peuvent présenter, des risques pour l'environnement et plus particulièrement pour la qualité des eaux. Il s'agit principalement :

? des fertilisants (engrais minéraux du commerce ou déjections animales produites ou non sur l'exploitation) ;

? des produits phytosanitaires (herbicides, fongicides, insecticides,...) (Grosclaude, 1999).

Donc, ces eaux sont issus des apports directs dus aux traitements des milieux aquatiques et semi-aquatiques tels que :

? le désherbage des plans d'eau des zones inondables ;

? faucardage chimique et des fossés, ainsi que la démoustication des plans d'eau et des zones inondables (étangs et marais).

? des apports indirects dus en particulier à l'entraînement par ruissellement, aux eaux de rinçage des appareils de traitement, aux résidus présents dans des emballages non correctement rincés ou détruits, aux eaux résiduaires des usines de fabrication et de conditionnement (Grosclaude, op. cit.).

4° Origine pluviale

Les eaux de ruissellement des zones urbaines sont généralement transportées par des réseaux d'égouts pluviaux distincts ou par des réseaux d'égouts unitaires. Le volume des eaux de ruissellement varie en fonction de l'imperméabilité du sol. Dans une zone urbaine, 30 à 50 % des eaux de pluie peuvent s'écouler en surface avant d'atteindre un réseau d'égouts séparatifs ou unitaires (Hassoune et al., 2006).

23

Dans le cas d'un réseau d'égouts séparatifs, les eaux de pluie sont rejetées directement dans les eaux réceptrices ou acheminées dans des installations de traitement des eaux pluviales afin d'en réduire le débit ou d'en améliorer la qualité (Fonkou, 2010).

Dans le cas d'un réseau d'égouts unitaires, l'ensemble des écoulements est acheminé à une installation de traitement des eaux usées lorsque le débit est faible, mais lorsqu'il est élevé et qu'il pourrait excéder la capacité du réseau d'égouts ou de la station de traitement (pendant les fortes pluies), une partie de l'écoulement est détournée vers les eaux réceptrices au moyen de structures de trop-pleins (Fonkou, op. cit).

I.2.3 Composition des eaux usées

Les eaux usées peuvent contenir des micropolluants organiques, micropolluants inorganiques et microorganismes.

1° Micropolluants organiques

Les micropolluants d'origine organique sont extrêmement nombreux et variés, ce qui rend difficile l'appréciation de leur dangerosité. Ils proviennent de l'utilisation domestique de détergents, pesticides, solvants, et également des eaux pluviales : eaux de ruissellement sur les terres agricoles, sur le réseau routier, etc. (Fonkou, op.cit.).

Ils peuvent aussi provenir de rejets industriels quand ceux-ci sont déversés dans les égouts ou même des traitements de désinfections des effluents par le chlore (haloformes) (Xanthoulis, 1993).

Les principales familles de la chimie organique de synthèse sont représentées : hydrocarbures polycycliques aromatiques, chlorophénols, phtalates... avec une concentration de 1 à 10ìg/l dans les effluents (Xanthoulis, op.cit.).

24

Dans le sol, ces micropolluants restent liés à la matière organique ou absorbés sur les particules du sol. Cependant, quelques composés ioniques (pesticides organochlorés, solvants chlorés) peuvent être entraînés en profondeur. Il semble que les plantes soient susceptibles d'absorber certains composés organiques, mais il existe peu de données disponibles à ce sujet. (Bliefert, 2010).

En raison de la faible solubilité de ces éléments organiques, on les retrouvera concentrés dans les boues et c'est surtout lors de l'épandage de ces dernières que leurs teneurs devront être contrôlées (Faby, 1997).

Les pesticides sont les éléments traces les plus surveillés, et une étude d'impact et de métabolisme est obligatoire avant leur mise sur le marché. Par contre, le danger représenté par tous les autres polluants organiques est encore mal apprécié actuellement. Les contrôles de routine ne permettent pas de repérer toutes les toxines. Par ailleurs, on ne connaît rien de la toxicité des mélanges complexes qui peuvent se former par réaction entre les différents contaminants (Baumont et al., 2004).

2° Micropolluants inorganiques

L'azote, le phosphore, le potassium et les oligo-éléments, le zinc, le

bore et le soufre, indispensables à la vie des végétaux, se trouvent en quantités appréciables, mais en proportions très variables par rapport aux besoins de la végétation, dans les eaux usées épurées ou non. D'une façon générale, 1.000m3 d'eaux usées peut apporter à l'hectare :

· de 16 à 62 kg d'azote,

· de 2 à 69 kg de potassium,

· de 4 à 24 kg de phosphore,

· de 18 à 208 kg de calcium,

· de 9 à 100 kg de magnésium,

· de 27 à 182 kg de sodium (Faby, op.cit.).

25

1.- Azote (N)

L'azote se trouve dans l'eau usée sous forme organique ou ammoniacale dissoute. Il est souvent oxydé pour éviter une consommation d'oxygène (O2) dans la nature et un risque de toxicité par l'ammoniaque gazeux dissous (NH3), en équilibre avec l'ion ammoniac (NH4 +) (Martin, 1979).

La nitrification est une transformation chimique de l'azote organique par l'intermédiaire de bactéries et passe par les étapes :

? N organique à NH4 + : ammonification

? NH4 + à NO2 : nitritation par Nitrosomonas

? NO2 à NO3 : nitratation par Nitrobacter (Chellé et al., 2005).

2.- Phosphore (P)

La concentration en phosphore dans les effluents varie de 6 à 15 mg/l (soit 15 à 35 mg/l en P2O5). Cette quantité est en général trop faible pour modifier le rendement (Anonyme, 2003).

Mais s'il y a excès, il est pour l'essentiel retenu dans le sol par des réactions d'absorption et de précipitation; cette rétention est d'autant plus effective que le sol contient des oxydes de fer, d'aluminium ou du calcium en quantités importantes. On ne rencontre pas en général de problèmes liés à un excès de phosphore (Asano, 1998).

3.- Potassium (K)

Le potassium est présent dans les effluents secondaires à hauteur de 10 à 30 mg/l (12 à 36 mg/l de K2O) et permet donc de répondre partiellement aux besoins (Faby, 1997).

Il faut noter cependant que, s'il existe, un excès de fertilisation potassique conduit à une fixation éventuelle du potassium à un état très difficilement échangeable, à une augmentation des pertes par drainage en sols légers, à une consommation de luxe pour les récoltes (Anonyme, 2003).

26

4.- Chlore et sodium

Leur origine est :

? naturelle (mer : 27g/l NaCl, et terrains salés)

? humaine (10 à 15g/l NaCl dans les urines/j).

? industrielle (potasse, industrie pétrolière, galvanoplastie, agroalimentaire)

(Gaujous, 1995).

3° Microorganismes

Les eaux usées contiennent tous les microorganismes qui peuvent être pathogènes ou apathogènes. L'ensemble de ces organismes peut être classé en quatre grands groupes, par ordre croissant de taille : les virus, les bactéries, les protozoaires et les helminthes (Baumont et al., 2004).

1.- Virus

Ce sont des organismes infectieux de très petite taille (10 à 350 nm) qui se reproduisent en infectant un organisme hôte. Les virus ne sont pas naturellement présents dans l'intestin, contrairement aux bactéries. Ils sont présents soit intentionnellement (après une vaccination contre la poliomyélite, par exemple), soit chez un individu infecté accidentellement. L'infection se produit par l'ingestion dans la majorité des cas, sauf pour le Coronavirus où elle peut aussi avoir lieu par inhalation (Anonyme, 1995).

On estime leur concentration dans les eaux usées urbaines comprise entre 103 et 104 particules par litre (tableau I.1). Leur isolement et leur dénombrement dans les eaux usées sont difficiles, ce qui conduit vraisemblablement à une sous-estimation de leur nombre réel. Les virus entériques sont ceux qui se multiplient dans le trajet intestinal ; parmi les virus entériques humains les plus importants, il faut citer les entérovirus (exemple : la polio), les rotavirus, les retrovirus, les adénovirus et le virus de l'Hépatite A (Asano, 1998).

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Tableau I.1. Virus présents dans les eaux usées

Agent pathogène

Symptômes et maladie

Nombre par

litre d'eau
usée

Voies de

contamination principales

Virus de

l'hépatite A

Hépatite A

-

Ingestion

Virus de

l'hépatite E

Hépatite E

-

Ingestion

Rotavirus

Vomissement, diarrhée

400 à 85.000

Ingestion

Virus de

Norwalk

Vomissement, diarrhée

-

Ingestion

Adénovirus

Maladie respiratoire,

vomissement, diarrhée

-

Ingestion

Astrovirus

Vomissement, diarrhée

-

Ingestion

Calicivirus

Vomissement, diarrhée

-

Ingestion

Coronavirus

Vomissement, diarrhée

-

Ingestion/ inhalation

Réovirus

Affection respiratoire bénigne et diarrhée

-

Ingestion

Poliovirus

Paralysie, méningite, fièvre

182 à

492.000

Ingestion

Coxsackie A

Méningite, fièvre, pharyngite,

maladie respiratoire

-

Ingestion

Echovirus

Méningite, encéphalite, maladie

respiratoire, rash, diarrhée,
fièvre

-

Ingestion

Source : Asano (1998)

Légende :

- : Nombre des micro-organismes dans un litre d'eau usée non déterminé.

28

2.- Bactéries

Les bactéries sont des organismes unicellulaires simples et sans noyau. Leur taille est comprise entre 0,1 et 10 pm. La quantité moyenne de bactéries dans les fèces est d'environ1012 bactéries/g (Asano, 1998).

Les eaux usées urbaines contiennent environ 106 à 107 bactéries/100 ml dont 105 proteus et entérobactéries, 103 à 104 streptocoques et 102 à 103 clostridiums (tableau I.2). Parmi les plus communément rencontrées, on trouve les salmonellas dont on connaît plusieurs centaines de sérotypes différents, dont ceux responsables de la typhoïde, des paratyphoïdes et des troubles intestinaux. Des germes témoins de contamination fécale sont communément utilisés pour contrôler la qualité relative d'une eau ce sont les coliformes thermotolérants (Faby, 1997).

Tableau I.2. Bactéries pathogènes présentes dans les eaux usées

Agent

pathogène

Symptômes, maladie

Nombre par litre d'eau usée

Voies de contamination principales

Salmonella

Typhoïde, paratyphoïde, salmonellose

23 à 80.000

Ingestion

Shigella

Bacillaire

10 à 10.000

Ingestion

E. coli

Gastro-entérite

-

Ingestion

Yersinia

Gastro-entérite

-

Ingestion

Campylobacter

Gastro-entérite

-

Ingestion

Vibrio

Choléra

100 à 100.000

Ingestion

Leptospira

Leptospirose

-

Inhalation/Ingestion

Legionella

Légionellose

-

Inhalation

Mycobacterium

Tuberculose

-

Inhalation

Source : Asano, wastewater reclamation and reuse (1998)

Légende :

- : Nombre des micro-organismes dans un litre d'eau usée non déterminé.

29

3.- Protozoaires

Les protozoaires sont des organismes unicellulaires munis d'un noyau, plus complexes et plus gros que les bactéries. La plupart des protozoaires pathogènes sont des organismes parasites, c'est-à-dire qu'ils se développent aux dépens de leur hôte. Certains protozoaires adoptent au cours de leur cycle de vie une forme de résistance, appelée kyste. Cette forme peut résister généralement aux procédés de traitements des eaux usées (Baumont et al., 2004).

Parmi les protozoaires les plus importants du point de vue sanitaire, il faut citer Entamoeba histolytica, responsable de la dysenterie amibienne et Giardia lamblia (tableau I.3) (Asano, 1998).

Tableau I.3. Protozoaires pathogènes présents dans les eaux usées

Agent

pathogène

Symptômes, maladie

Nombre par litre d'eau usée

Voies de

contamination Principales

Entamoeba histolytica

Dysenterie amibienne

4

Ingestion

Giardia lamblia

Diarrhée,

malabsorption

125 à 100.000

Ingestion

Balantidium coli

Diarrhée bénigne,

ulcère du colon

28-52

Ingestion

Cryptosporidium

Diarrhée

3 à 122

Ingestion

Toxoplasma Gondii

Toxoplasmose :

ganglions, fièvre

-

Inhalation / Ingestion

Microsporidium

Diarrhée

-

Ingestion

Cyclospora

Diarrhée, fièvre,

-

Ingestion

Source : Asano, wastewater reclamation and reuse (1998)

Légende :

- : Nombre des micro-organismes dans un litre d'eau usée non déterminé.

30

4.- Helminthes

Les helminthes sont des vers multicellulaires. Tout comme les protozoaires, ce sont majoritairement des organismes parasites. La concentration en oeufs d'helminthes dans les eaux usées est de l'ordre de 10 à 103oeufs/l (tableau I.4). Il faut citer, notamment, Ascaris lumbricades, Oxyuris vermicularis, Trichuris trichuria, Taenia saginata (Anonyme, 1995).

Beaucoup de ces helminthes ont des cycles de vie complexes comprenant un passage obligé par un hôte intermédiaire. Le stade infectieux de certains helminthes est l'organisme adulte ou larve, alors que pour d'autres, ce sont les oeufs. (Faby, 1997).

Tableau I.4. Helminthes pathogènes présents dans les eaux usées

Agent pathogène

Symptômes, maladie

Nombre par

litre d'eau
usée

Voies de

contamination Principales

Ascaris

Ascaridiase : diarrhée,

troubles nerveux

5 à 111

Ingestion

Ancylostoma

Anémie

6 à 188

Ingestion

Tænia

Diarrhée, douleurs

musculaires

-

Ingestion de

viande mal cuite

Necator

Anémie

 

Cutanée

Trichuris

Diarrhée, douleur

abdominale

10 à 41

Ingestion

Toxocora

Fièvre, douleur

abdominale

-

Ingestion

Hymenolepis

Nervosité, troubles

digestifs, anorexie

-

Ingestion

Strongyloïdes

Diarrhée, nausée

-

Cutanée

Source : Asano, wastewater reclamation and reuse (1998)

Légende :

- : Nombre des micro-organismes dans un litre d'eau usée non déterminé.

31

I.2.4 Incidences des effluents d'eaux usées urbaines

Les eaux usées peuvent influer sur l'utilisation humaine des ressources en eau et sur la structure et le fonctionnement des écosystèmes aquatiques. Le rejet d'eaux usées a pour effets :

· l'imposition de restrictions à la consommation de poissons et de mollusques;

· la dégradation des populations aquatiques et sauvages et de leur habitat (y compris de la qualité de l'eau et des sédiments);

· des incidents isolés de maladies hydriques découlant de la contamination par des eaux usées des sources d'eau potable de collectivités qui dépendent d'une alimentation en eau brute de haute qualité;

· la fermeture de plages;

· des nuisances visuelles

· des coûts accrus pour les utilisateurs agricoles, industriels et municipaux qui doivent traiter de l'eau autrement inacceptable.

Les incidences peuvent être de nature aiguë et apparaître rapidement ou être cumulatives (à long terme) et ne se manifeste qu'après une longue période (Vilagines, 2003).

Les incidences aiguës découlent généralement de concentrations toxiques d'ammoniac, de chlore résiduel total ou de métaux lourds. Dans les eaux réceptrices; de charges de DBO ou de DCO qui réduisent les concentrations d'oxygène dissous à des valeurs insuffisantes pour assurer la survie des organismes aquatiques; de forts écoulements de ruissellement urbain et d'une contamination bactérienne qui rend les mollusques impropres à la consommation humaine (Cluus, 2010).

32

1. Incidences des effluents sur la santé humaine

La mauvaise gestion des déchets ménagers est à l'origine du problème de la santé publique d'autant plus qu'il constitue le facteur dominant de création de nids de production des vecteurs de menace de la santé comme les moustiques, mouches, cafards, souris... Soumise à une urbanisation galopante et non planifiée, les villes des pays en développement apparaissent comme des espaces à risques potentiels sanitaires (Yangongo, 2014).

En général, les déchets ménagers sont mal gérés à causes de l'absence d'infrastructures d'hygiène et d'assainissement de base, un manque de synergie d'action des acteurs... cela se traduit par une hygiène défectueuse qui offre des conditions bioécologiques favorables au développement de germes pathogènes (virus, bactéries, parasites) responsables de nombreuses maladies qui sévissent dans les quartiers, les transformant de plus en plus en espace potentiellement `'épidémiogène" (un espace dont le fonctionnement génère des germes pathogènes qui provoquent des processus pathologiques et qui contribuent à faire apparaître et propager des phénomènes morbides au sein d'une population) (Yangongo, op.cit.).

2. Contamination de l'eau potable

Étant donné que l'eau destinée à la consommation, est traitée et désinfectée, les éclosions fulgurantes de maladies d'origine hydrique sont rares. Mais des cas isolés de contamination microbienne de l'eau potable ayant pour origine des ERU, des eaux pluviales insuffisamment traitées ont été signalés (Payment et al., 2002).

Des méthodes analytiques de plus en plus précises pour la détection des parasites et des virus ont donné naissance à une préoccupation à l'égard de l'innocuité d'eaux qui satisfont par ailleurs aux normes de qualité actuelles pour l'eau potable (Payment et al., op.cit.).

33

Dans le cadre d'une étude épidémiologique portant sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, il est signalé que le risque de troubles gastro-intestinaux était plus élevé chez les personnes consommant de l'eau du robinet (incidence de 0,76) ayant pour origine des eaux de surface contaminées par des eaux usées, que celui déterminé pour les personnes ayant consommé la même eau, mais filtrée dans une unité domestique d'osmose inversée (incidence de 0,50) (Payment et al., 2002).

3. Dégradation de l'environnement

Le rejet dans les eaux réceptrices d'ERU à charge de DBO élevée peut provoquer une réduction immédiate de l'oxygène dissous dans la colonne d'eau de même que des effets à plus long terme (à l'échelle de mois ou d'années) découlant de l'accumulation de matériaux consommant l'oxygène dans les sédiments benthiques (demande d'oxygène des sédiments) (Bitton, 2005).

Le manque d'oxygène dissous menace souvent les poissons et d'autres organismes en été car la solubilité de l'oxygène dans l'eau diminue avec l'augmentation de sa température. Mais sous les climats plus froids, lorsque les cours d'eau et les lacs sont recouverts de glace pendant plusieurs mois, ce manque d'oxygène dissous peut survenir en hiver, la couverture de glace prévenant toute réaération (Payment et al., op.cit.).

La réduction de la concentration d'oxygène dissous peut avoir des incidences écologiques, comme un appauvrissement de la diversité biologique et la perte d'espèces. Ainsi que les concentrations élevées d'ammoniac pouvaient être à l'origine des hécatombes de poissons (Payment et al., op.cit.).

34

4. Eutrophisation des eaux réceptrices

Les ERU (eaux résiduaires urbains) apportent des substances nutritives (N et P) dans les plans d'eau récepteurs bentiques et favorisent ainsi l'eutrophisation. Comme les substances nutritives peuvent s'accumuler dans les sédiments benthiques et être libérées dans l'eau ultérieurement, la charge en substances nutritives a un effet cumulatif et un effet immédiat (Metcalfy, 2003).

Les incidences sur les écosystèmes aquatiques de l'ajout de substances nutritives sont sources d'importantes préoccupations car ces quantités supplémentaires peuvent favoriser la croissance des producteurs primaires (algues et plantes aquatiques à racines) à des niveaux nuisibles pour l'écosystème (par exemple, modification de la dynamique énergétique et de la structure du réseau trophique, modification de l'habitat et perte d'espèces). Ces changements écologiques peuvent, à leur tour, influer sur l'utilisation humaine des ressources aquatiques notamment en ce qui a trait aux activités récréatives, aux pêches et à la qualité de l'eau utilisée à des fins urbaines, industrielles et agricoles (Metcalfy, op.cit.).

Mais même si les conséquences d'une charge excessive en substances nutritives sont claires, les concentrations de P ou de N qui font passer d'acceptable à inacceptable la qualité de l'eau d'un lac, d'un cours d'eau ou d'eaux côtières sont difficiles à définir car elles sont fonction de l'écosystème et des objectifs des utilisateurs (Metcalfy, op.cit.).

5. Toxicité directe

La toxicité des effluents urbains est fonction de divers facteurs dont la taille et l'étendue des installations industrielles et urbaines, le type et l'efficacité des procédés de traitement et de désinfection et les caractéristiques physiques, chimiques et biologiques des eaux réceptrices (Lynch et al., 2002).

35

Dans le cas des ERU, la toxicité est généralement attribuée à l'ammoniac, au chlore résiduel total (effluents chlorés), au cyanure, aux sulfures, aux phénols, aux tensioactifs et à de nombreux métaux lourds (notamment le cuivre, le zinc, le chrome et le nickel) (Lynch et al., 2002).

D'autres facteurs, comme la température, le pH, la dureté, l'alcalinité et l'oxygène dissous, ont tendance à modifier la toxicité des constituants chimiques. En outre, les composés peuvent réagir entre eux et la toxicité résultante ne reflète pas nécessairement celle des composés individuels. Par conséquent, étant donné les nombreux facteurs et leurs interactions ainsi que la spécificité au site des effets dans le milieu récepteur, il est difficile de formuler des généralisations sur la toxicité des ERU (Bonjoch et al., 2004).

Bien qu'il soit parfois possible d'attribuer la toxicité à une substance ou à un groupe de substances présentes dans un effluent complexe, il arrive souvent que la toxicité ne présente pas de relation nette avec les concentrations de substances toxiques connues (Bonjoch et al., op.cit.).

I.2.5 Réutilisation des eaux usées

L'objectif principal de la réutilisation des eaux usées est non seulement de fournir des quantités supplémentaires d'eau de bonne qualité en accélérant le cycle d'épuration naturelle de l'eau, mais également d'assurer l'équilibre de ce cycle et la protection du milieu environnant. Par définition, cette réutilisation est une action volontaire et planifiée qui vise la production des quantités complémentaires en eau pour différents usages afin de combler des déficits hydriques. En fonction des exigences de qualité des consommateurs, deux grandes classes de réutilisation peuvent être définies :

? usages potables qui peuvent être directs, après un traitement poussé, ou indirects, après passage dans le milieu naturel,

? usages non potables dans les secteurs agricoles (irrigation), industriels et urbains.

36

Sur le plan mondial, l'utilisation de cette technique par l'agriculture, l'industrie et les usages domestiques couvrent respectivement 70 %, 20 %, 10 % de leur demande en eau. Il apparaît que la réutilisation pour l'irrigation est essentiellement présente dans les pays réputés agricoles mais dont les ressources hydriques sont faibles, comme le bassin méditerranéen, le Sud des Etats-Unis (Payment et al., 2002).

Les plus grands projets de réutilisation ont été développés dans les régions de l'Ouest et de l'Est des Etats-Unis, l'espace méditerranéen, l'Australie, l'Afrique du Sud et dans les zones semi-arides de l'Amérique du Sud et de l'Asie du Sud (Ecosse, 2001).

I.2.5.1 Utilisation agricole

1° L'emploi des eaux usées en agriculture

L'emploi des eaux usées en agriculture est très ancien et les champs d'épandage ont constitué les premiers systèmes d'épuration. Le sol est un filtre efficace et un hectare contient jusqu'à une ou deux tonnes de micro-organismes épurateurs. Aujourd'hui l'intérêt principal de la réutilisation des eaux usées en culture est plus souvent l'apport d'eau indispensable aux plantations que l'épuration par le sol ou l'apport d'éléments nutritifs (Olanrewaju et al., 2004).

Des dispositions doivent être prises pour éviter les dépôts et la corrosion dans le système de distribution et un traitement préliminaire de décantation des effluents bruts est dans tous les cas à conseiller. Un prétraitement biologique est aussi souvent recommandé. Il permet, en particulier, de réduire sensiblement les risques d'odeurs voire d'accidents liés au dégagement de H2S (bâche de stockage) (Lynch et al., 2002).

37

2° Epandage des eaux usées brutes

L'épandage des eaux résiduaires ne peut pas se pratiquer sur n'importe quel sol, ni avec n'importe quelle culture. Le sol destiné à l'épandage doit avoir un drainage naturel de moyen à bon, sans excès, ce qui exclut à la fois les zones à tendance marécageuse et les pentes trop fortes, égales ou supérieures à 10 %. La profondeur du sol doit être de préférence de l'ordre du mètre : en dessous de 0,3 m, le sol est en principe inapte à l'épandage des eaux résiduaires. La texture la plus adaptée correspond à des sols limoneux ou limono-sableux (Lynch et al., 2002).

3° Irrigation par les eaux usées traitées

Contrairement à l'épandage (considéré comme un procédé d'épuration des eaux usées), dans le cas de l'irrigation, c'est la production agricole qui est la finalité première. Les eaux usées utilisées ont préalablement subi un traitement d'épuration. Pour une bonne irrigation, les eaux épurées doivent répondre aux critères de qualité suivants :

? une teneur en matières en suspension comprise entre 20 et 30 mg/I;

? une teneur en éléments fertilisants (N, P, K) acceptable;

? une teneur en sel et un taux d'adsorption du sodium moyen. Une minéralisation élevée des eaux combinée à un taux d'adsorption du sodium important peut avoir des effets néfastes sur le sol; une teneur en éléments traces métalliques faible. Il s'agit essentiellement des métaux lourds et du bore pour lesquels les apports au sol doivent être limités (Lynch et al., op.cit.).

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius