Mémoire de Master Recherche en
Géographie
« Dynamiques Spatiales, Activités et
Sociétés (DSAS) »
Lien entre les activités humaines et mouvements
des éléphants (Loxodonta cyclotis) autour du Parc
National de l'Ivindo, Gabon.
Présenté par :
Walter Djeny MBAMY
Dr Noël OVONO EDZANG
Enseignant chercheur en Géographie Maître
Assistant(CAMES)
Pr Jules DJEKI
Enseignant chercheur en Géographie Maître de
conférences (CAMES)
Directeur : Co-directeur :
Année 2019-2020
DÉDICACES
Je dédie ce travail à celui qui a permis que je
m'inscrive dans ce programme de Master et qui m'a donné la force de le
parachever, il s'agit du Seul, Unique et Véritable
ELOHIM (Dieu) YEHOSHOUA (Jésus).
Mes dédicaces vont également à l'endroit
de mon tuteur et père M. NZONDO ATABI Paul qui a
participé avec abnégation à ma scolarisation et mon
éducation.
Mais aussi à ma compagne de tous les jours et de
terrain, mon épouse MBAMY Carole Daniela, qui a
bravé les aléas des enquêtes dans les villages du canton
Ntang-Louli pour une collecte de données conséquentes.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail n'aurait pu se faire sans
la contribution de divers acteurs fondamentaux par leurs soutiens,
encouragements et orientations.
Nous présentons nos remerciements au Professeur Jules
DJEKI qui a accepté de coordonner la direction de ce mémoire et
surtout de nous faciliter l'accès à l'administration de
l'Ogooué-Ivindo lorsqu'il était en service dans la province en
tant que gouverneur. Nous ne saurions oublier le Dr Noël OVONO EDZANG qui
a assuré la co-direction de ce travail.
Par son soutien tenace tout au long des années de
Master, nous tenons à remercier chaleureusement le Dr Marjolaine
OKANGA-GUAY. Les conseils et orientations du Dr Médard OBIANG EBANEGA
ont joué un rôle fondamental dans le rendu scientifique de ce
mémoire.
Par ailleurs, une belle équipe de chercheurs
américains de l'Université de Duke des États-Unis a
facilité la collecte de données sur le terrain par un apport
logistique, scientifique et financier. Nos remerciements s'orientent
principalement au Professeur John POULSEN pour une belle initiation à la
recherche scientifique pratique durant l'été 2017 dans le Parc
National de l'Ivindo et pour son invitation à un stage pratique à
l'Université de Duke aux USA. Merci aussi au Dr Chris BEIRNE de nous
avoir initié à la programmation avec R, au Dr Michelle LEE pour
ses conseils, au doctorant Graden FROESE pour son soutien en statistique, aux
étudiants : Seokmin KIM, Melissa BALDINO, Julia KNORR, Alina XIAO
et Anna NORDSETH.
En outre, nous voulons remercier diverses personnes qui ont
tout de même influencé positivement ce travail. Il s'agit tout
simplement :
- Des enseignants du département de géographie,
en l'occurrence le Dr Emmanuel ONDO ASSOUMOU pour ses précieux
conseils.
- Les anciens étudiants du Master DSAS, Tanguy-Roskard
NKOGHE MEFFET, Guichard DZENG OBIANG, Chamberlin NZAME ESSONO et Arlet Edword
BOUNGOINDZI BABALA.
- Du doctorant de l'Université d'Oregon aux USA
Hervé MEMIAGHE pour ses divers conseils dans le domaine du Conflit
Homme-Éléphants.
Nos remerciements vont de tout coeur vers tous les chefs des
villages Loaloa, Simintang, Ntsibelong, Minkwala, Ebessi et des chefs de
regroupement de Ebyeng-Ezuamenene et Mbes 1 & 2. Sans eux, nous n'aurions
pas eu la facilité d'accès aux différents foyers
interviewés. Nous remercions aussi les populations de ces villages pour
leur accueil chaleureux.
Enfin, nous ne pouvons pas oublier nos contemporains du master
DSAS de la promotion 10.5 : Robert OBIANG ZOGO qui a toujours
été un binôme dévoué, inspirant et
passionné de la recherche ; Dorhiane ARONDO qui a toujours su
militer pour les intérêts de la promotion ; Charles NGUEMA
dont les critiques pour ce travail ont permis de le perfectionner, KOUMBA
MANFOUMBI, Gloria BIVIGOU ILLAMA, Dominique BILOGHE, Nina MANOMBA, Christelle
ADDO MOUSSOUNDA, Olivier NKOGHE.
SIGLES ET ACRONYMES
ANPN
|
Agence Nationale des Parcs Nationaux
|
BAP
|
Budget Annuel Prévisionel
|
CHE
|
Conflit Homme-Éléphant
|
CHF
|
Conflit Homme-Faune
|
DSAS
|
DynamiquesSpatiales,Activités et Sociétés
|
FAO
|
Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
|
FDR
|
Forêts du Domaine Rural
|
GPS
|
Global Positioning System
|
INC
|
Institut National de Cartographie
|
MBG
|
Minimum Boundarie Geometry
|
MCP
|
Minimum Convexe Polygone
|
ONGs
|
Organisations Non Gouvernementales
|
PNI
|
Parc National de l'Ivindo
|
SIG
|
Système d'Information Géographique
|
UICN
|
Union Internationale de Conservation de la Nature
|
USA
|
United States of America
|
WCS
|
Wildlife Conservation Society
|
WWF
|
World Wide Fund for Nature / Fonds Mondial pour la Nature
|
SOMMAIRE
DÉDICACES
i
REMERCIEMENTS
ii
SIGLES ET ACRONYMES
iv
SOMMAIRE
v
INTRODUCTION
GÉNÉRALE 8
I- JUSTIFICATION DU SUJET 9
II- APPROCHE PROBLÉMATIQUE
12
III- APPROCHE THÉORIQUE ET ANNONCE DU
PLAN
13
PARTIE I :
PRÉSENTATION DE LA ZONE
D'ÉTUDE, ÉTAT DES LIEUX DES CONFLITS HOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE
DE L'OGOOUÉ-IVINDO ET APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE.
16
CHAPITRE I : CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES ET
HUMAINES DE LA
ZONE
D'ÉTUDE
18
CHAPITRE II : ORGANISATION HUMAINE DE LA ZONE
D'ÉTUDE ET DESCONFLITSHOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE DE
L'OGOOUÉ-IVINDO.
26
CHAPITRE III : APPROCHE
MÉTHODOLOGIQUE
40
PARTIE II :
LIENS ENTRE ACTIVITÉS HUMAINES ET
MOUVEMENTS DES ÉLÉPHANTS ET PRÉSENTATION
DESRÉSULTATS
49
CHAPITRE IV : DISTRIBUTION DES CROTTES ET
MOUVEMENTS SPATIAUX DES ÉLÉPHANTS AUTOUR DES VILLAGES
51
CHAPITRE V : SAISONNALITÉ DU CONFLIT
HOMME-ÉLÉPHANT AUTOUR DU PNI
....................................................................................
66
CHAPITRE VI : DISCUSSION ET PERSPECTIVES
85
CONCLUSION
GÉNÉRALE
93
BIBLIOGRAPHIE
97
ANNEXES
104
TABLE DES ILLUSTRATIONS
118
TABLE DES MATIERES
120
INTRODUCTION GÉNÉRALE
I- JUSTIFICATION DU
SUJET
1- Objet et champ
d'étude
La forêt équatoriale du Bassin du Congo renferme
la plus importante portion d'éléphants de forêt (
Blake, 2002). Le Gabon contient environ plus de
60% de la population d'éléphants de forêts restant en
Afrique, avec environ 45 000 individus (
Blake et al., 2008 ; ANPN, 2016). La
particularité du territoire gabonais est qu'il est couvert de 85% de
forêt dense. Ce qui facilite la croissance de nombreux organismes vivants
tels que les végétaux et les animaux favorisés par la
disponibilité de la matière organique. Cette diversité
biologique a permis aux communautés villageoises de puiser ces
ressources pour divers usages. La forêt génère aux
populations rurales d'innombrables avantages car elles exploitent la faune et
la flore pour l'agricultures, la chasse etla pharmacopée (
Vansina, 1985 ;
Bipikila, 2010 ;
Matsuura, 2015). Dans cet
écosystème, plusieurs autres activités telles que
l'exploitation forestière, minière et le tourisme sont
pratiquées. L'utilisation non durable des ressources forestières
mettrait en péril plusieurs espèces de cette biodiversité
à l'exemple des éléphants qui sont déterminants
pour mesurer la santé des forêts (
Blake, 2007 ; Campos-Arceiz, 2011). Il est
de ce fait primordial d'étudier les mouvements de ces pachydermes en
considérant lesdifférentes activités agricoles qui se
déroulent dans leur niche écologique. Donc de comprendre le lien
qui pourrait exister entre les pratiques agricoles et le mouvement des
éléphants. Ce problème comporte des enjeux multiples qui
intègrent la préservation des écosystèmes, le
maintien de l'équilibre social, la conservation et le Conflit
Homme-Éléphant.
La
Géographie est connue comme étant une science qui étudie
les phénomènes de distribution et d'organisation spatiale des
sociétés et de ce qui les composent. Et notre étude met en
évidence les liens entre les activités humaines et le mouvement
des éléphants, donc de comprendre comment les déplacements
des éléphants influencent directement ou indirectement
l'organisation spatiale des activités agricoles. Il ressort clairement
que cette étude se situe dans le champ global de la Géographie de
l'environnement, mais avec des appartenances conceptuelles et
méthodologiques qui peuvent également la classer dans les champs
disciplinaires de l'écologie et de la conservation.
2-
Contexte
7
Le Gabon disposait dans les années 1962 d'un
réseau d'aires protégées qui avait pour principaux
objectifs de protéger la biodiversité et d'exploiter la faune par
le tourisme cynégétique (Wilks, 1990). Depuis le 30 août
2002, le Gabon détient un réseau de 13 Parcs Nationaux qui est
aujourd'hui géré par l'Agence Nationale des Parcs Nationaux
(ANPN). Cette politique de conservation a été mise en application
pour le maintien de certaines espèces qui sont en voie de disparition.
Ainsi, dans le cadre de la gestion forestière, l'article 92 du Code
Forestier gabonais protège intégralement une
variété d'espèces. Une attention particulière est
accordée aux grands mammifères tels que les
éléphants qui sont intégralement protégés (
Article 174 du code forestier 2010). Or la
forêt gabonaise contient 60% des éléphants de forêt
d'Afrique (
Duru, 2016). La diminution des populations de
pachydermes se produit dans un contexte où l'éléphant de
forêt, malgré qu'il soit protégé est
prélevé illégalement. C'est pourquoi un
intérêt essentiel est accordé aux éléphants.
L'importance accordé à ces pachydermes se démontre par la
pluralité d'articles scientifiques qui leurs sont consacrés. Les
études menées sur le Conflit Homme-Faune ont montré que
l'éléphant est la cause de la plus grande perte des cultures
parmi tous les animaux incriminés (
Fairet, 2012). Cette situation est
favorisée par la diversité d'activités anthropiques qui se
déroulent dans les forêts, aussi bien à l'intérieur
qu'aux alentours des aires protégées.
Pour ce qui concerne le Parc National de l'Ivindo (PNI), il
existe plusieurs activités humaines qui sont pratiquées aux
alentours du parc et dans la zone tampon. Le PNI est bordé de villages
dont les populations ont pour principale activité l'agriculture, comme
dans la grande majorité des villages gabonais. En outre, il y a des
compagnies forestières telles que TBNI, WCTS, KHLL et SUNRY qui
exploitent intensivement le bois en zone forestière. Enfin, il existe
aussi des activités touristiques et de chasse. Cette intrusion des
hommes dans le terroir des animaux est à l'origine des Conflits
Homme-Faune.
Cette situation qui accable à la fois la faune sauvage
est les populations explique l'analyse faite dans de cette étude. Notre
analyse prendra en compte les données de transects autour des villages.
Elles ont été collectées entre 2015 et 2017 dans le cadre
du projet Community Wildlife Project piloté par le Laboratoire
Poulsen de l'Université de Duke aux Etats-Unis. Nous nous sommes
également servi de celles des mouvements de deux éléphants
à colliers GPS pendant les années 2017 et 2018. Et enfin, nous
avons utilisé des données empiriques issues de l'enquête de
terrain menée pendant les mois de juin et juillet de l'année
2019.
Le braconnage, la modification d'habitats et l'augmentation de
la population humaine accroissent probablement la pression sur les
éléphants de forêt et intensifient le Conflit-Homme-Faune (
Breuer, 2016). Les activités anthropiques
ont une véritable influence sur la vie de ces gros mammifères.
Les enjeux sont aujourd'hui multiples, c'est ainsi que plusieurs organismes
nationaux et internationaux tels que l'Agence Nationale des Parcs Nationaux
(ANPN), le WCS et le WWF s'y activent.
Avec pour mission d'assurer la protection des parcs nationaux
et leurs ressources naturelles, l'Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN)
met tout en oeuvre pour rassurer les populations et protéger la
biodiversité. D'autres acteurs internationaux de la conservation tels
que le WCS et le WWF ne cessent de mettre l'accent sur
« l'amélioration des politiques et de la législation
concernant la faune sauvage ; la conservation de l'habitat de
l'éléphant ; la réduction de l'abattage
illégal des éléphants et du commerce illégal
des produits dérivés ; la réduction du Conflit
Homme-Éléphant ; l'amélioration du bien-être
des populations vivant aux côtés des éléphants et
l'augmentation des dons et du soutien du public en faveur de la conservation
des éléphants. » (
Parker et al., 2007). L'Organisation des
Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) n'est pas en reste
dans ce vaste défit de préservation de cette espèce par la
mise en place des outils qui contribuent à l'atténuation du
Conflit Homme-Éléphant.
3- Localisation
spatio-temporelle
8
Situé au centre-est du Gabon, une partie dans la
province de l'Ogooué-Ivindo et une autre dans l'Ogooué-Lolo, le
Parc National de l'Ivindo est une aire protégée qui abrite l'une
des 5 clairières forestières les plus importantes d'Afrique
« Langoué Baï ». Il est compté parmi les
13 Parcs Nationaux du Gabon, c'est le 4e en terme de superficie
après celui de Moukalaba Doudou, Lopé et Minkébé,
avec une superficie de 3000 km2, dont la localisation
géographique est comprise entre les coordonnées 0° 15' S et
0° 30' N et entre 12° 20' et 12° 55' E (Figure 1). Avec une
faune diversifiée en gros mammifères tels que les
éléphants qui sont très abondants. On y trouve une grande
concentration de gorilles. Plusieurs autres espèces de primates,
insectes et oiseaux y ont été découverts.
Le Parc National de l'Ivindo est principalement drainé
par le fleuve Ivindo et ses importants affluents que sont la Lolo, la Djidji et
la Langoué. Les précipitations annuelles moyennes sont de l'ordre
de 1700mm, comme dans la majeure partie des forêts d'Afrique centrale (
Vande Weghe, 2006)
Ce parc est bordé de plusieurs villages tels que
Loaloa, Moyabi, Dilo, Simintang, Ntsibelong, etc. Plusieurs de ces villages
font partie de notre zone d'échantillonnage pour caractériser le
Conflit Homme-Éléphant autour du parc quand on sait bien que ces
populations vivent essentiellement de ressources de la forêt.
L'agriculture et la chasse en sont les activités fondamentales.
4-
Intérêt du sujet
Il est impérieux de se pencher sur ce problème
qui est aujourd'hui très pertinent et d'actualité, surtout qu'il
revêt un intérêt environnemental, scientifique et
socioéconomique. Notre étude se veut dans un premier temps
d'apporter des pistes de solutions à la gestion du CHE. En outre, elle
permettra de fournir aux conservateurs de la biodiversité un document
d'aide à la gestion des parcs par le suivi saisonnier des mouvements des
espèces menacées. Ce qui leur permettra de réduire le
contact entre les éléphants et les hommes par la connaissance des
lieux que fréquentent les éléphants autour des villages
proches de l'aire protégée à des périodes
précises de l'année. Enfin, les pouvoirs publics pourront
renforcer leur politique de conservation par l'intégration des contextes
sociaux dans les prises de décisions.
5- Objectif général
Dans cette étude, l'objectif sera de présenter
la configuration spatio-temporelle du Conflit Homme-Faune autour du Parc
National de l'Ivindo. C'est donc plus précisément une exploration
transversale du mouvement des éléphants corrélés
aux activités agricoles des villages situés au Nord du Parc. Il
s'agit de mettre en évidence dans cette étude, les raisons qui
attirent les éléphants autour des plantations pour mieux
comprendre le Conflit Homme-Éléphant (CHE) en lien avec les types
de cultures.
6- Objectifs
spécifiques
De façon spécifique, nous allons montrer la
période de l'année où les éléphants sont
très proches des villages et des plantations, jusqu'à quelle
distance peuvent-ils s'approcher des villages et quelle est la période
du jour où ils se rapprochent le plus des villages.
9
Figure 1 : Carte de localisation de la zone
d'étude
II- APPROCHE PROBLÉMATIQUE
1-
Problématique
Le massif forestier du Bassin du Congo est riche par son
abondance d'espèces végétales et animales. La
présence d'éléphants de forêt dans cet
écosystème est un indicateur non négligeable pour
évaluer la richesse écologique de ce bassin forestier. Les
éléphants ont cette particularité de modifier le paysage
forestier et de favoriser la dissémination de plusieurs essences
d'arbres (
Kouamé, 2010 ; Poulsen, J. et
al., 2018).
Pour des besoins alimentaires et socioéconomiques
l'homme fait usage du milieu naturel à diverses échelles. Or
lorsque les populations humaines et celles des éléphants se
chevauchent il y a une potentielle interaction entre les deux qui aboutissent
à des problèmes d'utilisation d'espace (
Buchholtz etal., 2019). L'anticipation
de l'homme dans l'habitat naturel est l'un des problèmes cruciaux
auxquels fait face la conservation (
Foley, 2002). Cette incursion des
éléphants dans l'espace humain conduit souvent à des
pertes importantes soit chez les hommes (Destructions des cultures
villageoises, des blessures d'hommes et la mort dans certains cas) et chez les
éléphants par abattages illégaux
d'éléphants. À ce moment on parle de Conflit
Homme-Éléphant.
D'ailleurs, la FAO a publié plusieurs rapports dans
lesquels elle souligne que ce type de conflit est en pleine augmentation
à l'échelle mondiale. L'UnionInternationale pour la Conservation
de la Nature (UICN) dit qu'« il y a conflit entre l'Homme et lafaune
sauvage lorsque les besoins des espèces sauvages entrent en
compétition avec ceux despopulations humaines générant des
coûts pour les deux parties ». Cela veut tout simplement dire
que lorsque les besoins de la faune sauvage sont mélangés
à ceux des populations humaines, ceci apporte très souvent des
conflits (
Kharel, 1997 ; Parker et al.,
2007). Et le Conflit Homme-Éléphant est pertinent et
récurrent autour des villages au Gabon (
Walker K. L., 2010 ; Ngama, 2016), il
enrichit d'ailleurs les médias nationaux et internationaux par des
parutions fréquentes. Les plaintes des populations villageoises sont
multiples car les raids sont répandus dans toute l'étendue de
territoire gabonais. C'est pourquoi, pour atténuer l'ampleur de ce
problème, une meilleure compréhension du schéma
spatio-temporel des activités des éléphants est important.
Il est fondamental pour nous de comprendre la configuration des mouvements des
éléphants autour des villages en lien avec les activités
agricoles, mais aussi la chasse et la pêche en répondant à
diverses questions.
2- Questions de
recherche
La problématique que nous abordons pourrait avoir
diverses orientations, c'est ainsi qu'il nous est important de se focaliser sur
le mouvement spatial des éléphants autour de sept (7) villages du
département de l'Ivindo. Nous voulons connaitre le schéma de
mouvements des éléphants selon les saisons et de les mettre en
lien avec les activités anthropiques notamment les pratiques agricoles
des populations rurales situées en périphérie du Parc
National de l'Ivindo. C'est pour cela que nous nous posons un éventail
de questions.
2.1-
Question principale
En observant la configuration spatio-temporelle du mouvement
des éléphants et en se fondant sur l'avis des populations
rurales, quels sont les facteurs qui influencent le Conflit
Homme-Éléphant ?
2.2-
Questions secondaires
- Quand et jusqu'où les éléphants se
rapprochent-ils des villages ? Les mouvements des éléphants
sont-ils conformes à une saisonnalité ?
- Quel sont les facteurs qui favorisent le contact entre
l'homme et les éléphants ?
3-
Hypothèses
· Les éléphants se rapprocheraient le plus
des villages pendant la saison sèche et en particulier dans la nuit.
· La présence des éléphants autour
des villages serait dictée principalement par le facteur de localisation
des plantations, donc de ressources alimentaires. Ce qui engendrerait des
conflits avec les humains.
III- APPROCHE THÉORIQUE ET ANNONCE
DU PLAN
1- Cadre
théorique
Les études menées sur la question des
problèmes qui se posent entre les Hommes et la Faune sauvage sont
légions. C'est en cela que nous dénombrons une pluralité
de définitions sur la question de déprédation des cultures
villageoises. La déprédation des cultures par les
éléphants s'observe lorsque les besoins de la faune sauvage
rentrent en compétition avec ceux des hommes, autrement dit c'est
lorsqu'il y a un entrelacement d'espace vécu de l'homme et de la faune
sauvage. C'est lorsque les éléphants pour leurs besoins
alimentaires se servent dans les champs des populations.
Pour satisfaire ses envies variées, l'hommes a des
besoins dans divers domaines de la vie. Ses besoins sont orientés vers
ce qui apparait être essentiel voire vital. Il est nécessaire
à l'homme de créer, transformer et inventer pour satisfaire ses
besoins. En revanche, toutes les autres espèces éprouvent de
même des besoins vitaux tels que se nourrir, se reposer, etc. De
même que l'homme, la faune sauvage a des besoins qui restent une
nécessité naturelle. Cependant, une compétition peut se
produire entre deux espèces lorsqu'elles partagent les mêmes
ressources dans un même espace géographique.
La compétition apparaît, dans un
écosystème, lorsque deux individus ou deux populations exploitent
une même ressource limitée. Elles peuvent avoir pour objet une
même source de nourriture ou un même espace (Cabane,
2012). Il survient une compétition entre les
sociétés humaines et la faune sauvage lorsque la satisfaction de
leur leurs besoins nécessite l'exploitation de la même ressource
sur un espace commun. Or il ressort que la ressource à problème
ici est produite par l'activité agricole dans les villages. Pour
réduire les dévastations causées par les
éléphants, les populations sont obligées de limiter leur
espace de culture dans une zone plus restreinte et de les rapprocher des
villages.
Les cultures agricoles qui rentrent à la fois dans le
régime alimentaire des éléphants et des populations se
raréfient car tout est réduit à un espaceexiguë,
contribuant à l'amoindrissement des ressources. Cet amaigrissement de la
ressource alimentaire est causé par deux facteurs, d'un
côté la pression des raides sur les cultures et de l'autre la
réduction des terres fertiles. Cette situation crééun
écosystème écologique qui limite la ressource alimentaire
des populations rurales. Selon la loi du minimum de Liebig (Liebig J. ;
1841), l'éléphants est le facteur qui contribue à limiter
la production agricole dans les villages. En revanche, la vie des
éléphants et des populations rurales sont soumises à
plusieurs conditions spéciales qui sont alimentées par la
disponibilité de la ressource alimentaire, pour chaque espèce,
s'il n'y a pas de nourriture disponible, la famine est présente et cela
entrave le développement des de l'espèce. Il faut donc assez de
ressources végétales en forêt pour les
éléphants et un espace agricole avec de rendement efficient pour
les populations.
Par ailleurs, il n'y a aucun doute que le milieu forestier est
un espace partagé à la fois par les hommes et les
éléphants. Il y a généralement chevauchement
d'usage de ce milieu entre les hommes et la faune sauvage par le fait qu'ils
partagent les mêmes essences floristiques. On parlera dans ce cas de
conflit territorial quand on sait que la configuration territoriale typique est
une combinaison de facteurs environnementaux divers en rapport à la
disponibilité de la ressource pour les animaux et les hommes, les
déplacements des animaux et les activités humaines
pratiquées (
Marchand, 2013). On comprend mieux la
définition du Conflit-Homme-Faune de l'UICN (2005) lorsqu'elle dit que
« les Conflits Homme-Faune surviennent lorsque les besoins
élémentaires de la faune contrarient ceux des humains, ce qui
engendre des conséquences négatives à la fois pour les
communautés et les animaux » cité par Eyebe (
2012). De façon particulière le
Conflit Homme-Éléphant, constitue aujourd'hui au Gabon un
défi et un dilemme face au développement durable1(*). Ce que nous pouvons aujourd'hui
qualifier de conflictuel entre l'homme et l'éléphant pose la
double problématique Homme-Nature et Société-Environnement
qui fondent notre étude2(*).
2- Annonce du plan
L'ossature de notre travail est composé d'un
éventail de chapitres contenus dans deux parties distinctes. La
première partie est composée de trois chapitres et la
deuxième de quatre. La première partie présente les
généralités sur la province de l'Ogooué-Ivindo,
c'est-à-dire qu'elle met en évidence le milieu physique tout en
s'intéressant au milieu anthropisé en relevant les
activités socioéconomiques. Elle donne un aperçu du
Conflit Homme-Faune (CHF) dans la province tout en s'appesantissant sur
l'animal le plus incriminé qu'est l'éléphant. Enfin, elle
consacre un chapitre à la méthodologie utilisée dans ce
travail.
En revanche, la deuxième partie montre les liens qui
existent entre activités agricoles et mouvements des
éléphants sans omettre de présenter les résultats
de l'étude. Plus précisément, elle montre la distribution
des crottes autour des villages, mais également la saisonnalité
des mouvements des éléphants pour enfin élucider la
saisonnalité du Conflit Homme-Éléphant (CHE) en lien avec
les types de cultures cultivées autour du parc de l'Ivindo avant de
discuter sur les résultats et donner des perspectives.
PARTIE I :
PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE, ÉTAT DES
LIEUX DES CONFLITS HOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE DE L'OGOOUÉ-IVINDO ET
APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE.
Cette partie de la présente étude est
constituée de trois chapitres. Le premier met en relief les
éléments du milieu physique et humain de notre zone
d'étude. Le deuxième, quant à lui,expose la structure
sociale des villages en présentant les activités exercées
dans les villages. Ce chapitre relate aussi de façon panoramique les
plaintes de dévastations déposées par les populations
auprès des autorités provinciales des Eaux et Forêts de la
province de l'Ogooué-Ivindo durant l'année 2018 et 2019. Et dans
le troisième, nous présentons la méthodologie suivie pour
effectuer ce travail.
CHAPITRE I: CARACTÉRISTIQUES
PHYSIQUES ET HUMAINES DE LA ZONE D'ÉTUDE
Etant la plus vaste en terme de superficie au Gabon, la
province de l'Ogooué-Ivindo est paradoxalement celle qui a la
densité humaine la plus faible. Ce chapitre traite effectivement la
question des aspects physiques de la province, il renseigne
précisément sur son climat de type équatoriale, son relief
dont les élévations dans le PNI peuvent atteindre les 749 m. Ses
3 700 000 hectares de forêt renferme une diversité de faune,
de flore et d'insectes de tout genre. Le fleuve Ivindo traverse principalement
la province avec d'importants affluents. Un réseau de sept bassins
versants couvre l'hydrographie de la province.
L'occupation humaine est émiettée dans la
quasi-totalité de la province avec deux grands groupes ethnique (Kota et
Fang) que l'on retrouve de façon inégale dans les quatre
départements que compte la province. Il y a également des
populations qui vivent aux alentours du PNI. Elles mènent leurs
activités principales dans la forêt.
I.1. Facteurs physiques de la zone
d'étude
I.1.1. Pluviométrie et
Température
La province de l'Ogooué-Ivindo est soumise à un
climat de type équatorial, c'est-à-dire chaud et humide, avec une
pluviométrie annuelle approximative de 1700 mm. On enregistre dans cette
province, comme dans le reste du pays, deux saisons sèches
(décembre-février et juin-août) et deux saisons de pluies
(septembre-novembre et mars-mai) dont la transition est de type australe. La
température moyenne annuelle de la région est de 23,9°C
(Obame, 2016 ; Koerner, et al., 2017 ; Beirne
et al., 2019).
I.1.2. Géologie, sol, relief
et végétation
· Géologie
La zone du PNI est constituée en majorité de
roches métamorphiques du précambrien, les gneiss catazonaux
représentant les éléments des parties plus profondes
à l'Est. Dans la partie Ouest de la région se trouvent des roches
indifférenciées du socle ancien. On y trouve la formation des
sillons volcano-sédimentaires et ferrifères composée
principalement du groupe de Belinga, la formation du craton
mésoarchéen avec un complexe granitoïde et la formation
orogène néoarchéen dont on retrouve un complexe
gneisso-migmatitique (Figure 2). La structure géologique de la zone est
composée des failles, des chevauchements et des décollements.
· Sol
Les sols sont essentiellement composés de ferralsols
xanthiquesqui occupent les plateaux et les bas de pente. Ces sols sont
très altérés, acides et constitués principalement
de kaolinites et goethites. Les fonds de vallée sont couverts de
gleysols, alors que des flvisols sont observés sur les bords de l'Ivindo
(Van Kekem, 1984). Ces sols sont assez évolués et assez fragiles,
d'assez bonne perméabilité, possédant une bonne
capacité de rétention d'eau. La superficie du parc est comprise
dans le vaste bassin sédimentaire du francevillien.
· Relief
Le relief du PNI présente des élévations
de terrain qui ont probablement été causées par les
mouvements tectoniques du Tertiaire. Les différentes
aspérités de la surface mettent en évidence une
pluralité de plateaux qui se succèdent depuis le plateau de la
station de recherche d'Ipassa à l'entrée du Parc jusqu'à
Mouyabi au Sud du Parc. En parcourant le relief du PNI, on arpente des
différentes collines ; les talwegs sont en majorité
drainés. Au centre du PNI, le relief que l'on observe est fortement
composé des roches. C'est pourquoi l'altitude dans le Parc National de
l'Ivindo varie entre 300 et 749 m depuis les plaines de l'Ivindo au mont
Kinguié.
· Végétation
La Province de l'Ogooué-Ivindo s'étend sur une
superficie de 4 607 500 hectares dont la forêt couvre 3 700 000
hectares. Les multiples plateaux du PNI sont dissimulés dans une
épaisse forêt dense qui comprend deux grands types de formations
végétales :
a) une forêt dense à tendance
semi-caducifoliée, au centre du parc, à Pycnanthus angolensis
de la famille des Myristicaceae, Pentaclethra eetveldeana qui
appartient à la famille des Fabaceae, Terminalia superba de la
famille des Combretaceae et Triplochiton scleroxylon de la famille des
Malvaceae ;
b) une forêt dense humide sempervirente à
Scyphocephalium ochocoa, Pycnanthus angolensis, Pentaclethra eetveldeana,
Celtis spp., Gilletiodendron pierreanum et Gilbertiodendron
dewevrei, groupes d'espèces qui peuvent également
s'accompagner de Scorodophloeus zenkeri, Santiria sp, Panda oleosa, Fagara
macrophylla, Petersianthus macrocarpus et Baillonnella toxisperma (
Caballé, 1986;
Momont, 2007;
Obame, 2016).
Figure 2: Carte géologique du Gabon
Source : Ministère des Mines / Direction
Générale des Mines et de la Géologie, 2009
Celle que l'on pourra nommer ici comme étant le
troisième type de formation végétale est fortement
secondarisée par les activités anthropiques. Les arbres qui
émergent appartiennent majoritairement aux Fabaceae, où
les Caesalpinioideae, les Mimosoideae et les Musanga
cecropioides communément appelés
« parassoliers » y sont respectivement les plus
présents.
I.1.3. Hydrographie et faune du
PNI
· Hydrographie
Le PNI est de même fortement drainé comme la
majorité des forêts du Gabon. Le principal fleuve de cette
région est l'Ivindo qui traverse sur plus de 90 km la partie nord du PNI
et les ¾ de la superficie de la province (Figure 3). L'Ivindo est le plus
important des affluents de l'Ogooué, la superficie totale de son bassin
est de 62 700 km2. L'Ivindo prend sa source au nord sous le nom
de « Ayina » à Minvoul à la
frontière avec le Cameroun. Il a plusieurs affluents, dans son chemin et
son principal affluent est la « Bemvoula ». Ce n'est
qu'à la confluence de la Djoua que le fleuve
« Ayina » prend l'appellation de
« Ivindo », qui revêt aussi la particularité
d'être le point marquant la frontière entre le Gabon et le Congo
au village Mvadi à 115 km en amont de Makokou. Lors de son
écoulement, par la rive droite, il se voit rejoindre par d'autres
affluents que sont, la « Nouna », la
« Nsyé » et la « Oua »
jusqu'à la commune de Makokou. Sur la rive gauche, un important
affluent, la « Zadié » qui draine la région
de Mékambo le rejoint, dans les environs de Makokou, la
« Liboumba » et la
« Mouniandjé ». Ce n'est qu'à son aval que
l'Ivindo reçoit la « Mvoung », qui traverse la
région d'Ovan, avant de se jeter dans l'Ogooué au niveau de la
station de train d'Ivindo. En dehors de ce grand bassin versant, la province de
l'Ogooué-Ivindo compte d'autres bassins versants dont celui de la Fieng
dans la zone de Booué, celui de l'Offoué dans la rive droite de
l'Ogooué tout au sud de la province, il y a aussi le petit bassin
versant de la Ngolo qui englobe plusieurs villages du département de la
Lopé. Deux autres bassins versants couvrent la partie centrale et sud du
Parc National de l'Ivindo. Près de 50% de la superficie du PNI est
drainé par la Djidji qui prend sa source dans la province de
l'Ogooué-Lolo au mont Ngouadi. Et le Sud du parc est drainé
principalement par le fleuve « Langoué » qui est un
affluent du bassin de la « Lasio » qui se jette dans
l'Ogooué à 2,5 km en aval de la station de Mouyabi dans
l'Ogooué-Lolo (Figure 3).
OGOOUE-IVINDO
Ivindo
Figure 3 : Bassins versants de
l'Ogooué-Ivindo
· Faune
La faune du bassin forestier de la zone de l'Ivindo compte
d'innombrables espèces qu'elles soient de la classe des reptiles,
fauves, grands singes, gros mammifères, etc. Les reptiles sont
représentés en grand nombre, on estime à plus de 50
espèces dont 39 espèces de serpents (
Vande Weigne, 2006) qui vivent aussi bien dans
les forêts secondaires, les marécages et même en
forêts primaires.
Pour ce qui concerne les mammifères, il existe
près de 120 espèces dont 80% sont nocturnes, 401 oiseaux, 47
amphibiens (
Vande Weighe, 2006 ; Boupoya, 2011). Ceux
qui composent l'écosystème de la canopée sont
variés et généralement diurnes. On rencontre plusieurs
types de singes dont le plus commun de la forêt de l'Ogooué-Ivindo
est le Moustac (Cercopithecus cephus) que l'on rencontre facilement en
randonnée. D'autres espèces de singe sont très
présents dans la zone d'Ipassa et tout au long du fleuve Ivindo
lorsqu'on le longe pour se rendre à Kongwé. On rencontre
généralement des Hocheurs (Cercopithecus nictitans),
Mangabé à joues grise (Lophocebus albigena), le Colobe
guéréza (Colobus guereza) qui est très rare
certainement dû à son extermination. Car son pelage est
utilisé pour fabriquer des porte-clés et des sacs, mais surtout
parce que sa queue sert beaucoup lors des rituels de circoncision chez les
Bakota. Une autre espèce de singe qui vit également dans la
canopée est celle que l'on appelle communément
« Ouistiti » qui n'est rien d'autre que le
Miopithèque de l'Ogooué (Miopithecus ogoouensis). Les
Mandrills (Mandrillus sphinx), sont aussi présents dans ce
grand massif forestier. On croise très souvent des troupeaux autour de
la station d'Ipassa, et aussi au bord de l'Ivindo non loin des chutes de
Kongwé. Une importante population de grands singes, tels que les
Chimpanzés (Pan troglodyte) et les Gorilles (Gorilla
gorilla) sont tous deux de la famille des hominidés et sont
présents dans et hors du PNI. On peut croiser facilement des gorilles
dans le parc et les observer depuis le mirador du Bai de Langoué. Par
contre les Chimpanzés sont très rares dans la forêt du
parc.
Il existe aussi 17 espèces de rongeurs dont le
Porc-épic (Atherurus africanus) qui est très
répandu dans la forêt (Vande Weghe, 2006) et que l'on peut voir la
nuit dans les trous de la dalle rocheuse du camp de Langoué. D'autres
rongeurs tels que les écureuils sont présents partout sous
différents types : l'Anomalure de Beecroft (Anomalurus
beecrofti), l'Anomalure de Derby (Anomalurus derbianus),
l'Anomalure pygmée (Anomalurus pusillus), l'Anomalure de Zenker
(Anomalurus zenkeri) et l'Anomalure aptère (Zenkerella
insignis). Un autre type de rat très connu est celui que l'on
appelle couramment au Gabon le « Hérisson » dont le
non pilote est l'Aulacode (Thryonomys swinderianus). Ce rat vit
essentiellement dans les forêts secondaires et fait beaucoup de
dégâts dans les plantations des villageois car il ronge les
tubercules, dont le manioc est le plus prisé.
Les carnivores sont aussi légions dans la zone du PNI,
dont il existe plusieurs espèces à l'exemple des
félidés qui comptent des Chats dorés (Felis
Aurata) et la Panthère (Panthera pardus). La
Panthère est disséminée dans la forêt de
l'Ogooué-Ivindo mais très difficile à croiser lors des
randonnées. Il existe une solitaire qui a été plusieurs
fois observée dans les environs de la station d'Ipassa. Nous avons
observé une autre au camp de Langoué lors des études
d'inventaire forestier en 2017 (Photo 3 de la planche 1). Il existe de
même 5 espèces de viverridés nocturnes : La Civette
africaine (Civettictis civetta) qui se rapproche très
facilement des zones de fréquentation humaine, c'est ainsi que l'on peut
les observer dans les poubelles autour des camps (Kongwé, Langoué
et la station d'Ipassa) ; la genette servaline (Genetta
servalina) qui vit sur les hauteurs des arbres et sa peau sert dans
plusieurs rites traditionnels gabonais notamment dans la circoncision chez les
Bakota ; la Genette tigrine (Genette tigrina) ; la Poiane
africaine (Poiana richardsoni) et la Nandinie (Nandinia
binotata) dont le nom commun est le « Chat huant »,
celui-ci se rapproche souvent des villages dans le but de chasser les poules
(Photo « a » de la planche 3).
Il y a d'autres frugivores tels que les
Céphalophes : bleu (Cephalophus monticola) qui est le plus
rependu dans tout le bassin forestier (Photo « c » de la
planche 3), à front noir (Cephalophus nigrifrons), à
ventre blanc (Cephalophus leucogaster), d'Ogilby (Cephalophus
ogilbyi), bai (Cephalophus dorsalis), de Peters (Cephalophus
callipygus), à dos jaune (Cephalophus silvicultor). Il est
important de noter que les deux espèces que sont le Chevrotin aquatique
(Hyemoschus aquaticus) et le Bongo (Traguelaphus euryceros)
sont de plus en plus rares dans le parc de l'Ivindo. Le Buffle de forêt
(Syncerus caffer nanus), quant à lui existe bel et bien dans la
forêt du PNI (Photo 1 de la planche 1). Sans oublier qu'il existe
d'importants troupeaux de Potamochères (Potamocherus porcus)
dans et hors parc, ils font d'ailleurs des dégâts dans les
plantations des villageois. Il y a de même une grande population
d'éléphants de forêt (Loxodonta ciclotis) dans la
forêt de la région, ils peuvent être observés dans la
majorité des villages de Makokou sur tous les axes (Libreville,
Mékambo et Okondja). Toute cette faune connait une importante pression
cynégétique par les groupements humains qui vivent à
proximité de ces forêts. Makokou est la plus grande ville et la
plus proche du PNI et de notre zone d'étude, c'est pour cela qu'il est
important pour nous de connaitre tout ce qui concerne les traits humains dans
cette zone.
Photo 1:
Buffle dans la boue du Baï de Langoué
Photo 2: Aperçu de deux Gorilles dans le parc
Cliché : Walter Mbamy, 2017
Photo 3: Panthère du camp de Langoué
Cliché : Vande Weghe, 2006
Photo 4: Eléphantdans le Baï de Langoué
Cliché : Walter Mbamy, 2017
Cliché : Walter Mbamy, 2017
Planche photo 1 : Faune du
Parc National de l'Ivindo
Une faune diversifiée peut être observée
en toute quiétude au centre du PNI, précisément dans le
Baï de Langoué. Nous avons pu photographier le buffle (Syncerus
caffer nanus) et l'éléphant (Oxodonta cylcotis) depuis le
mirador (Clichés 1 et 4). La panthère (Panthera pardus)
ci-dessus a été photographiée la nuit dans le camp de
Langoué (Cliché 3). Dans le cliché 2, nous avons l'exemple
de deux gorilles à dos argenté (Gorilla gorilla), et il
n'est pas rare d'en croiser lors des randonnées au centre du PNI.
Enfin, la province de l'Ogooué-Ivindo a des
caractéristiques physiques qui ne s'éloignent pas trop des autres
localités du Gabon, avec un climat de type équatoriale, un relief
influencé par une chaine de plateaux que l'on observe sur la
quasi-totalité du PNI. Avec 3 700 000 hectares de forêt qui
renferme une biodiversité impressionnante. L'Ivindo en est le fleuve le
plus important.
Une faible densité humaine est présente dans les
4 départements que compte la province. Certains vivent aux alentours du
PNI. Et mènent leurs activités principales en zone
forestière.
CHAPITRE II :ORGANISATION
HUMAINE DE LA ZONE D'ÉTUDE ET DESCONFLITS HOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE
DE L'OGOOUÉ-IVINDO.
Dans ce chapitre nous nous focalisons sur l'occupation humaine
de notre zone d'étude. Il y a une population composée d'ethnie
Fang et Kota qui environne le parc le PNI avec des villages proches du parc.
Cette proximité du parc fait en sorte que plusieurs de leurs
activités forestières (pêche, chasse et cueillette) se font
à l'intérieur de celui-ci.
L'agriculture est pratiquée dans tous les villages de la province et les
populations font face aux dévastations par la faune sauvage. Plusieurs
plaintes de dévastations venant de divers villages ont été
déposées auprès des autorités provinciales des Eaux
et Forêts durant les années 2018 et 2019. L'évaluation
financière des pertes va de 40 800 à 114 937 200 F
CFA au total. Le principal animal incriminé est l'éléphant
parce qu'il dévaste tout sur son passage. La récurrence et la
force de dévastation des plantations par ce pachyderme crée ainsi
une antipathie des populations envers, non seulement les
éléphants, mais surtout les autorités en charge de la
conservation de la biodiversité.
II.1. Traits humains de la zone de
Makokou
II.1.1. Contexte historique de la
ville de Makokou
La province de l'Ogooué-Ivindo, vaste de 4 607
500hectares est la plus grande du Gabon par sa superficie. Elle compte 63 293
habitants, avec une densité de 1,4 hab/km2 qui fait d'elle
l'une des provinces à faible densité humaine. Makokou a
été fondée 1908 et est devenue le chef-lieu de cette
province 50 ans plus tard, c'est-à-dire en 1958. L'étymologie du
nom de cette ville donne en Kota « Makokou »
qui signifie « Les cailloux ». La commune de Makokou a une
superficie de 8 747 ha avec environ 31 quartiers subdivisés en 3 grands
blocs : Quartier Central, Mbolo et Zoatab. La diversité culturelle
est manifeste car les groupes ethniques qui y vivent ont leur propre rite. Le
groupe Kota qui occupe la plus grande surface de la province a des subdivisions
internes qui enrichissent sa diversité ethnique. Les
Bakwélé et les Fang sont tout de même nombreux.
II.1.2. Peuplement et groupes
ethniques
La population de la province de l'Ogooué-Ivindo est
passée de 48862 habitants en 1993 à 63 293 habitants en 2013
(RGPH, 1993 ; RGPH, 2013). En revanche, l'ensemble de la population de la
province est reparti de façon inégale dans les 4
départements que compte la province. En regardant la population par
département de la province, il ressort que le département de
l'Ivindo, dans lequel se trouve la ville de Makokou, reste le plus
peuplé avec une densité correspondante à 1,6
Hab/Km2. Alors que celui de la Zadié qui vient en second a
une densité de 1,5 Hab/Km2 pendant que le département de la
Lopé et la Mvoung ont respectivement 1,0 Hab/Km2 et 0,9
Hab/Km2 (Tableau 1). La répartition géographique des
groupes ethniques de la province est la conséquence des grands courants
migratoires et des guerres ethniques. L'histoire du peuplement de
l'Ogooué-Ivindo et de la ville de Makokou remonte depuis longtemps. Les
différents groupes ethniques actuels ont suivi des migrations
précises ; du Nord-Est viennent les Bougom (Akélé),
les Shamaye, les Ndambomo et les Bakota; les Fang viennent du Nord du
Gabon ainsi que les Bakwélé. Makokou rassemblerait aujourd'hui
tous les groupes ethniques que l'on retrouve dans la province. À
l'origine, cette province était subdivisée en 4 groupes ethniques
que sont les Fang, les Bakota, les Tsogo et les pygmées. Les
pygmées se sont graduellement mélangés aux groupes qui les
ont côtoyés, tels que les Bougom à Mékambo. Or
les Mitsogo se sont le plus installés au sud de la province plus
précisément dans celle de l'Ogooué-Lolo au point où
on ne compte plus, aujourd'hui, ce groupe ethnique parmi ceux de
l'Ogooué-Ivindo. Ce qui fait en sorte qu'en réalité,
l'Ogooué-Ivindo compte deux grands groupes ethniques : Les Bakota
et les Fang. Ces deux groupes se partagent Onze (11) ethnies dont les
Bakota sont majoritairement représentés (Tableau 2).
Source : RGPL-2013, Direction
Générale des Statistiques, Octobre 2015
Tableau 1 : Population de la province de
l'Ogooué-Ivindo selon les départements
DEPARTEMENTS
|
POPULATIONS
|
DENSITES (Hab/Km2)
|
Département de l'Ivindo
|
31 073
|
1,6
|
Département de la Zadié
|
15 816
|
1,5
|
Département de la Lopé
|
12 382
|
1,0
|
Département de la Mvoung
|
4 022
|
0,9
|
Réalisation : Mbamy Walter, 2020
Tableau 2 : Groupes ethniques de la province de
l'Ogooué-Ivindo
Ethnies
|
Groupe
|
Localisation
|
Origine
|
Kota
|
Kota
|
Makokou, Mékambo, Boué, Ovan
|
Nord Congo, Est de la province
|
Kwélé
|
Kota
|
Makokou, Mékambo
|
Venu de l'amont de l'Ivindo, Nord
|
Fang
|
Fang
|
Makokou, Ovan
|
Nord du Gabon
|
Makina
|
Fang
|
Boué, Makokou, Ovan
|
Nord du Gabon
|
Nzaman
|
Fang
|
Makokou, Ovan
|
Nord du Gabon
|
Ntoumou
|
Fang
|
Makokou, Ovan
|
Nord du Gabon
|
Okandé
|
Kota
|
Boué
|
Congo, Nord-est
|
Shaké
|
Kota
|
Boué, Mékambo, Makokou
|
Est
|
Bougom
|
Kota
|
Mékambo
|
Est
|
Hongwé
|
Kota
|
Mékambo, Makokou
|
Okondja sur la Sébé
|
Shamaye
|
Kota
|
Makokou,
|
Okondja sur la Sébé
|
Ndambomo
|
Kota
|
Boué, Makokou
|
Okondja sur la Sébé
|
II.2. Population, type d'habitat et
activitéssocio-économiques
II.2.1. Population
La zone nord du PNI est fortement marquée par une
empreinte humaine observable par la présence d'activités
anthropiques. Bien que la province soit faiblement peuplée on peut
quand-même, lorsqu'on parcourt les forêts des zones rurales, voir
des impacts humains par les activités diverses (agriculture,
pêche, chasse et cueillette) et les infrastructures (Routes, pistes et
maisons) depuis le village Simintang jusqu'à Minkwala en passant par
Loaloa.
II.2.2. Type d'habitat
Les villages du nord du parc de l'Ivindo et celui de Loaloa
sont constitués d'infrastructures d'habitations selon la configuration
de la majorité des villages du Gabon. Les matériaux d'habitation
sont principalement faits de terre et de bois et parfois en tôle. Les
habitations sont souvent regroupées par familles, et la configuration
spatiale est généralement composée d'un trio dans lequel
on retrouve en général une case centrale qui contient plusieurs
chambres à coucher, une cuisine très proche de la maison
centrale, un corps de garde, puis des latrines traditionnelles souvent
situées derrière la case centrale. Ces maisons sont
situées de part et d'autres d'une route généralement non
bitumée. Tous ces villages ont des maisons d'utilité publique
telles que les dispensaires, écoles et églises.
Photo 1:
Village Ebyeng-Edzuamene sur l'axe Makokou-Libreville Photo 2:
Village Simintang sur l'axe Makokou-Libreville
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Photo 3: Village Djeng à l'amont de l'Ivindo
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Photo 4: Village Nze-Vatican sur l'axe
Makokou-Mékambo
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Planche photo 2 : Types
d'habitats des villages de l'Ogooué-Ivindo
La planche photographique ci-dessus
nous présente les différents types d'habitats que l'on retrouve
dans les villages des trois principaux groupes ethniques. Les deux
photographies du haut (Clichés 1 et 2) présentent la
configuration des habitats des villages Fang avec généralement
des maisons en planche situées au bord de la voie en latérite qui
rallie Makokou et Libreville. Au cliché 3, nous avons Djeng, un village
Kwélé située au bord de l'Ivindo avec des maisonsen terre
et une route sans latérite. Dans la photo 4, c'est la visualisation d'un
village Kota avec une route en latérite et des habitats mixe en terre,
en tôle et en planche.
II.2.3.
Activités socio-économiques
Les groupes humains qui vivent autour du PNI
n'échappent pas au mode de vie des autres populations rurales. Les
habitants de ces villages ont pour principales activités la chasse, la
pêche, la cueillette, les petits commerces et l'agriculture. L'artisanat
quant à lui est pratiqué à échelle très
réduite dans la mesure où la disponibilité des ressources
végétales obéit à la contrainte des saisons.
· La chasse
Les populations pratiquent la chasse car c'est le moyen le
plus sûr d'avoir de la subsistance pour la famille. La pratique de chasse
remonte depuis les temps des ancêtres, elle s'est transmise de
générations en générations, bien qu'elle se soit
altérée au fil des ans. Avant l'arrivée des armes à
feu, les villageois capturaient les animaux à l'aide des filets, des
chiens de chasse, des lances et des pièges. Aujourd'hui, la chasse se
fait avec les armes à feu et les pièges. Les chasseurs peuvent
parcourir plus de 10 km pour installer leur campement de chasse en vue de
capturer une diversité de gibier car plus on est loin du village mieux
on a du gibier en abondance et diversifié. La capture d'animaux est
faite majoritairement à l'aide d'armes à feu de type calibre 12
pour le petit gibier (antilope, gazelle, singe, etc.) et carabine pour les
grands mammifères tels que les éléphants et hippopotames.
La capture au piège est faite avec du câble métallique
très solide qui pourrait capturer les animaux robustes tels que les
sangliers, les panthères et même les éléphants dans
de rares cas. Ces pièges sont souvent posés non loin des villages
(environ 2 km) pour un accès rapide pour vérification
fréquente. L'activité de chasse a pour but la consommation
familiale et l'excédent est vendu pour l'achat d'autres denrées
qui rentrent dans les besoins familiaux.
Planche photo 3 : Butin de chasse exposé
aux abords de la route pour la vente
c
b
a
Exposition du gibier aux abords de la voie principale pour
commercialisation. Nous avons uneNandinie (Nandinia binotata) dont le
nom commun est le « Chat huant » (a), céphalophe
bleu (Cephalophus monticola) (c), cephalophe à front noir
(Cephalophus nigrifrons) (b), céphalophe à ventre blanc
(Cephalophus leucogaster) (c) et une mangoust (Ichneumia
albicauda)sur la photode centre (b).
Cliché: Walter Mbamy, 2019
· La pêche
La pêche est une activité pratiquée de
façon périodique selon les saisons. Dans les villages qui
détiennent des petites rivières, la saison sèche est la
période idéale pour faire de la pêche à la nasse,
ceci dans le but de capturer tout ce qui existe dans le cours d'eau peu importe
la taille. Dans les villages qui ont des fleuves plus importants, la
pêche se fait en toute saison. Elle se fait avec des outils artisanaux
dans les fleuves proches des villages. Le groupe de pêche est souvent
constitué des femmes, à des moments c'est une famille, lesquels
vont camper au bord de la rivière pendant quelques jours pour capturer
et fumer les poissons qui seront mis en vente afin que le revenu serve à
la subsistance de la famille. C'est à Loaloa que les hommes pratiquent
le plus la pêche car elle se fait sur tout le long de l'Ivindo jusqu'aux
chutes de Kongwé, surtout entre les rapides de Loaloa, les chutes
de Kongwé et de Migouli. C'est l'activité la plus lucrative
à Loaloa car plusieurs familles vivent de la pêche.
· Le commerce
En dehors des activités champêtres, de chasse et
de pêche, quelques rares personnes font aussi des petits commerces pour
vendre des denrées de première nécessité et les
boissons. Cette activité est faite à très petite
échelle car elle n'est pas dans la culture des gabonais.
· L'agriculture
En générale, il y a de l'activité
agricole dans tous les villages de la province, une agriculture de subsistance
faite avec des techniques traditionnelles où se cultive
généralement le manioc, la banane et quelques légumes.
Elle se faisait environ jusqu'à 3 à 5 km du village, mais
aujourd'hui cette distance a totalement diminué au point où elles
se font derrière les maisons. C'est généralement en fin de
grande saison sèche que les plantations sont débroussées
et brûlées, c'est-à-dire en juillet et août. Cette
agriculture itinérante sur brulis est la principale activité dans
la région, si non l'unique si l'on excepte la technique en
expérimentation à Simintang, dans la barrière
électrique ou les champs ne sont pas brûlés. Mais les
populations font aujourd'hui face à la dévastation des
plantations par les éléphants.
II.3. Aperçu du Conflit
Homme-Faune dans l'Ogooué-Ivindo
II.3.1. Répartition des
plaintes et Evaluation de pertes par village
· Plaintes par village
La question d'intrusion des éléphants dans les
plantations des villageois est un problème fondamental dans les villages
de tout le département de l'Ivindo voire de toute la province. En effet,
les éléphants visitent même les abords des maisons, ce qui
a d'ailleurs fait l'objet du dépôt de multiples plaintes de la
part des populations qui se trouvent impuissantes.
Le cadre législatif et règlementaire stipule,
dans l'article 314 du code forestier que « Les dommages
causés par les animaux sauvages sont, après enquête, pris
en charge par l'État à l'exclusion de ceux occasionnés par
la chasse illicite ». Quelques populations
avisées signalent aux autorités compétentes les
dégâts, qui à leur tour descendent sur les lieux de
dévastation afin d'en évaluer l'ampleur. A ce titre, les victimes
des dégâts causés par les éléphants ont
déposé plusieurs plaintes auprès de la direction
provinciale des Eaux et Forêts de Makokou. Depuis plus de 4 ans des
plaintes sont déposées. Au deuxième et troisième
trimestre 2018, 437 plaintes, en tout, ont été formulées
et déposées dans la province. On a précisément
enregistré 101 plaintes dans le Département de l'Ivindo au
2e trimestre de l'année 2018 et au 3e trimestre
336 plaintes du Département de la Lope.
· Pertes par village
Dans l'objectif de recevoir un quelconque dédommagement
par les autorités en charge des Eaux et Forêt, les populations
doivent déposer une plainte signée par la victime et le chef de
village auprès du représentant local du Ministère.
Celui-ci va dépêcher un agent muni d'une fiche de constat sur le
terrain (Annexe 3). Cette fiche de constat dument rempli, signée par les
autorités locales et compétentes sera jointe à la plainte
pour mise dans le répertoire du Ministère. Apres
dépôt de dossier, les populations dans un espoir permanent
d'être dédommagées. Pour une évaluation
financière standard, le Ministère en charge de l'Agriculture a
pris le décret n°1016/PR/MEADPR fixant le
barème d'indemnisation à verser en cas de
« destructions volontaires ». En effet,
selon le calcul numéraire fait, il ressort que le coût d'un
bananier dévasté est de 6 000 F CFA et 3 000 F CFA pour
les autres plantes telles que le manioc, taro, igname, ananas, canne à
sucre, etc. Nous avons pu faire une évaluation financière des
pertes enregistrées le 2e trimestre de l'année 2018
dans la province de l'Ogooué Ivindo. Au total il y a eu 11 villages qui
ont déposé des plaintes durant ce trimestre de 2018, la
totalité des bananiers dévastée est évaluée
à 40 824 000 F CFA3(*). Le manioc qui est plus cultivé a
été dévasté à hauteur de
184 059 000 F CFA (Annexe 1 a et b). Le total des pertes de ces
villages est de 259 649 400 F CFA. Et les pertes par village sont
énormes, elles vont de 40 800 à 114 937 200 F CFA
(Tableau 3).
EF= Evaluation Financière ; NP= Nombre de
Plante ; VP= Valeur de la Plante
Source : Données du Ministère des
Eaux et Forêt / DGFAP, 2019. Réalisation : Walter Mbamy,
2020
Tableau 3 : Evaluation financière des pertes
par village au deuxième trimestre 2018
Villages
Cultures
|
Bananier
|
Manioc
|
Canne à sucre
|
Mais
|
Ananas
|
Taros
|
Evaluation financière (CFA)
|
KOMBANI
|
942
|
22300
|
11576
|
2670
|
682
|
896
|
114937200
|
ELATABAKOTA
|
621
|
8728
|
|
|
|
|
26556600
|
NKARITOM
|
80
|
5664
|
251
|
|
|
|
17793000
|
NGOREKI
|
41
|
1612
|
708
|
|
|
|
6984600
|
OVAN-VILLAGE
|
2462
|
|
|
|
|
|
1477200
|
KOUMAMEYONG
|
2112
|
6224
|
840
|
|
15
|
|
22504200
|
AYOL
|
195
|
4984
|
128
|
|
|
|
15453000
|
Carrefour SHM
|
7
|
|
|
|
6000
|
|
18004200
|
MINTOM
|
190
|
11376
|
|
|
40
|
|
34362000
|
MBOULA
|
86
|
465
|
|
|
30
|
|
1536600
|
BAKWAKA
|
68
|
|
|
|
|
|
40800
|
II.3.2. Animaux
incriminés
Les animaux impliqués dans la destruction des
plantations des villageois sont divers. Dans cette partie nous allons les
présenter selon les deux catégories que nous avons
formulées : les rongeurs et ceux qu'on qualifie de
dévastateurs.
· Les rongeurs
Les dévastations des cultures des villageois sont
variées selon le mode de destruction. Il y a généralement
deux types de destructions : destruction au sol et celle que l'on pourrait
qualifier de « destruction aérienne ». Le premier
type concerne la destruction des tiges souterraines d'un organe
végétal communément appelé
« tubercule » par un animal. De ce fait, tous les animaux
qui mangent les tubercules sont qualifiés de rongeurs. Dans notre
inventaire d'animaux qui causent des problèmes aux populations, on site
en tête de liste, par le fait qu'il ronge en permanence les plantations,
le « hérisson » dont le nom pilote est l'Aulacode
(Thryonomys swinderianus). Nous avons ensuite le sanglier autrement
dit Potamochère (Potamocherus porcus), celui-ci est très
dangereux par le fait que la visite d'un troupeau peut faire disparaitre des
dizaines de mètres carrés de manioc en une seule visite.
· Les
dévastateurs
La destruction de la partie aérienne des cultures est
réservée aux animaux que nous qualifions, dans notre
classification, de dévastateur. Ces dévastateurs peuvent aller
jusqu'à déraciner la plante toute entière et perturber son
fonctionnement et son développement. Plusieurs animaux jouent ce
rôle de dévastateur, on note les chimpanzés, les mandrills
et l'éléphant qui reste le plus incriminé.
L'éléphant est le plus dangereux parce qu'il dévaste une
plantation entière en une seule visite et cela devient de plus en plus
fréquent dans tous les villages de la province de
l'Ogooué-Ivindo. L'antagonisme créé par sa
dévastation a fait naitre une antipathie de la part des populations sur
les éléphants.
II.3.3. Description de
l'éléphant
Il existe trois types d'éléphants
caractérisés par région, l'éléphant d'Asie
dont le nom scientifique est Elephas maximus, celui de savane qui est
connu sur le nom de Loxodonta Africana et l'éléphant de
forêt qui est Loxodonta cyclotis.Ces éléphants
peuvent se différentier par leur morphologie, les deux espèces
d'Afrique sont bien distinguables par leur taille car celui de savane est plus
grand et à grandes oreilles contrairement à son cousin qui est
plus petit avec des oreilles arrondis et des défenses plus droites. Mais
leur cousin d'Asie est le plus petit de tous. Le mâle adulte
d'éléphant d'Afrique peut mesurer jusqu'à 3,50 m et
pèse 5 à 6 tonnes, la femelle pourrait avoir un poids allant
jusqu'à 4 tonnes et 3 m de taille. À la naissance, un
bébé pèse 120 kg. La durée de vie de ces
pachydermes est en moyenne 60 ans. Les fonctions reproductrices des mâles
se mettent en place à l'âge de 10-15 ans mais ce n'est qu'a 30 ans
qu'ils commencent à se reproduire car à cet âge ils sont
plus imposants et peuvent maintenant se battre dans le but de conquérir
les femelles (Despard Estes, 1992 ; Kingdon, 2012). La période de
gestation des éléphants est la plus longue des mammifères
terrestres. Elle dure entre 20 à 22 mois et cette période peut
aller jusqu'à l'âge de 50 ans. Elle peut mettre bas en moyenne 10
à 12 éléphanteaux et l'espacement des naissances varie
entre 2 ans et demi à 5 ans. Les éléphants consacrent une
grande partie de leur temps à chercher de la nourriture. Pour satisfaire
leurs besoins alimentaires, ils passent environ 16 à 20 heures par jour
et parcourent de longues distances. Un éléphant mange environ 5%
de son poids par jour (
Kingdon, 2015), leur alimentation est
composée d'une grande variété de
végétaux : herbes, écorces, racines, feuilles,
fruits, etc. Ils ont précisément besoin d'environs 150 à
180 kg de nourriture en saison sèche et entre 200 à 260 kg en
saison de pluie et peut boire jusqu'à 140 L d'eau par jour (Parker,
2007).
Dans notre zone d'étude les signes de présence
d'éléphants sont très visibles. Lorsqu'on fait des
randonnées en forêt, à moins de 100 m, il est facile de
voir des signes de présence d'éléphants ; soit des
crottes, des traces, ou des arbres défaits de branches ou
d'écorces. Et même des carcasses d'éléphants peuvent
être vues (Voir photo 3 de la planche 4). Cette quasi omniprésence
des éléphants autour des villages du nord du parc, jointe
à leur action nuisible dans les plantations ont facilité la
naissance d'une représentation négative de cet animal dans la
conscience collective des habitants.
Photo 1: Crotte d'éléphants sur la route
d'Ipassa
Photo 2: Traces d'éléphants dans un
marécage
Cliché : Walter Mbamy, 2017
Photo 3: Carcasse d'éléphant autour d'Ipassa
Cliché : Walter Mbamy, 2017
Photo 4: Arbre écorché par les
éléphants
Cliché : Walter Mbamy, 2017
Cliché : Walter Mbamy, 2017
Planche photo 4 : Signe de présence des
éléphants
Les signes de présence d'éléphants sont
nombreux, dans la planche photo ci-dessus nous avons pu répertorier
quelques-uns. En cliché 1, nous avons des crottes
d'éléphants sur la route qui mène à la station de
recherche d'Ipassa. Et sur cette crotte pousse un légume
fréquemment cultivé dans les champs, il s'agit de l'amarante. La
photo 2 nous présente une piste marécageuse où on peut
voir les empreintes des pas d'éléphants dans la boue. En photo 3,
nous avons la carcasse d'un éléphant non loin de la station de
recherche d'Ipassa. Et la photo 4 nous montre un arbre de l'Odika (Irvengia
gabonnensis) écorché par les éléphants dans la
forêt du PNI.
II.3.4. Antipathie villageoise sur
l'éléphant
Les problèmes engendrés par la présence
des pachydermes dans les plantations, autour des maisons des populations
environnant le parc de l'Ivindo et de toute la province sont tellement
récurrents. La proximité des éléphants aux villages
menace fortement la sécurité alimentaire des villages car
après le passage d'un éléphant dans un champ, la famille
victime voit son moyen principal de subsistance se volatiliser. La famine
occasionnée par l'éléphant a créé une
aversion extrême chez les populations sur le pachyderme. La colère
est frappante et réelle. Les personnes que nous avons interrogées
ont attribué à l'éléphant des qualificatifs qui
expriment leur désarroi. Bien que ceux-ci pourraient avoir une
connotation anecdotique, mais sont des réels cris de coeurs impuissants
face à ce problème. Dans plusieurs villages ; certains
qualifient l'éléphant de « Celui qui a porté les
gallons », « Le fils du Président »,
d'autres disent « celui qui a plus de valeur que l'homme ».
Aux acteurs politiques, les populations disent « On ne votera pas,
allez-y appeler les éléphants ils vont vous voter »,
les habitants d'un village de l'amont de l'Ivindo nous ont dit « On
va aller rester en forêt et les éléphants vont venir rester
au village », un autre nous a dit avec franchise que « le
problème des éléphants va créer une guerre civile
au Gabon ». Toutes ces réactions sont très criardes
dans les zones rurales, c'est au point où il y a des populations qui ont
déserté leur village à cause de la famine
créée par la dévastation de leur plantation par les
éléphants. Nous avons pu relever trois villages abandonnés
et 3 autres qui le sont partiellement. Laissant tous les investissements dans
les hautes herbes y compris les infrastructures publiques telles que les
écoles, pompes et éclairages publics (Photo 2planche 5).
Planche photo 5 : Infrastructures et villages
abandonnés à cause des éléphants
Photo 1 : Village Mabèlè a 11 Km de Makokou
sur l'axe Mékambo
Photo 2 : Belle école de Mabèlè dans les
hautes herbes
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Photo 3: Village Zoula sur l'amont de l'Ivindo
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Photo 4 : Village désert de Zoula
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Le désarroi des populations face à la
dévastation des plantations par les éléphants est
réel. La planche photographique ci-dessus nous montre les
différents villages qui ont été abandonnés par les
villageois. La photo 1 et 2 présente la situation du village
Mabèlèou le beau bâtiment de l'école publique se
trouve dans l'herbe et les table-bans à la traine, les maisons sont
inhabitées. La situation dans le village Zoula sur l'amont de l'Ivindo
est la même (Photo 3 et 4), le village est désert et envahit par
les hautes herbes.
En définitive, la province de l'Ogooué-Ivindo a
une occupation humain diversifiée en matière de groupe ethnique.
Les principales ethnies qui environnent le parc PNI sont les Fang et les Bakota
dont la structure des villages est composée des habitats majoritairement
en planche pour les villages Fang et les villagesBakota ont un nombre important
des habitations en terre, en tôle et quelques fois en planche. Ces
populations ont pour activités principales l'agriculture, la
pêche, la chasse et la cueillette. Les dévastations des
plantations par les éléphants sont nombreuses et
récurrentes dans les villages. Plusieurs plaintes contre
l'éléphant ont été déposées
auprès des autorités provinciales des Eaux et Forêts en
2018 et en 2019. Les pertes financières se situent entre 40 800 et
114 937 200 F CFA. L'insécurité alimentaire que cela
créé dans la vie des populations suscite une animosité
envers, non seulement les éléphants, mais surtout les
autorités en charge de la conservation de la biodiversité. C'est
tout à fait une raison de plus qui justifierai la réalisation
d'études approfondis sur la question en convergeant plusieurs types de
données pour mieux cerner les raisons qui rapprochent les
éléphants autour des villages. Quelle approche
méthodologique à adopter pour mieux appréhender le
problème en vue de donner une piste de solution ?
CHAPITRE III : APPROCHE
MÉTHODOLOGIQUE
Dans la démarche scientifique, la méthodologie
occupe une place fondamentale et indispensable car elle détient
l'ossature du processus détaillé qui nous permet de trouver des
réponses cohérentes à notre questionnement de
départ. C'est ainsi que AKTOUF (
1987) définit la méthode comme
« la procédure logique d'une science, c'est-à-dire
l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en oeuvre pour que le
cheminement de ses démonstrations, de ses théories soit clair,
évident et irréfutable ». De ce fait, dans ce chapitre, nous
allons présenter la méthodologie utilisée pour
délimiter la zone d'étude et comment on s'est servi des
données issues des transects autour des villages, de celles des points
GPS de deux éléphants à collier et celles
socio-économiques issues du questionnaire.
III.1
Délimitation de la zone d'étude et inventaire des
données
La vaste étendue de la province de
l'Ogooué-Ivindo et la présence globale du CHE ont
été deux facteurs non négligeables qui ont
complexifié le choix de la zone d'étude. De ce fait, pour
déterminer notre zone d'étude, nous avons trouvé un moyen
plus logique et soutenable en considérant les paramètres
environnementaux et les mouvements des éléphants à
colliers GPS. Dans un premier temps nous avons considéré les
villages environnant le PNI comme facteur déterminant quand on sait bien
que plusieurs forêts du domaine rural (FDR) se trouvent dans la zone
tampon du parc. Deuxièmement, nous avons identifié les espaces
ruraux visités par les éléphants à collier du PNI,
c'est-à-dire les éléphants dont le domaine vital couvre
les villages.
L'analyse spatiale s'est faite en observant le mouvement de
deux éléphants à collier nommés
Amélia et Nzamba. Elle s'est faite par une succession
d'étapes :
1. Importation des points de géolocalisation des deux
éléphants de 2017 à 2019 sur ArcMap version 10.3.
2. Création d'un modèle permettant de relier les
points (Minimum Convexe Polygone) dans le but d'avoir un aperçu apparent
du tracé des éléphants et du polygone de l'ensemble des
points (Minimum Boundarie Geometry).
3. Sachant que le collier GPS émet le point de
localisation de l'éléphant après une heure, nous avons
réalisé une zone tampon d'une distance de 500m à partir du
polygone obtenu. Cela a été fait dans l'objectif de couvrir au
maximum la superficie totale parcourue par les éléphants.
4. Un autre modèle réalisé nous a permis,
ensuite, d'extraire les villages contenue dans le polygone afin de les choisir
comme villages de notre zone d'étude, aussi de faire des zones tampons
(100 m, 500 m et 1 Km) des maisons de ces villages et de faire enfin
l'extraction des points d'éléphants intersectés dans ces
différentes zones tampons.
III.2.
Les données utilisées
La compréhension du CHE dans la province de
l'Ogooué-Ivindo ne pouvait se faire sans la combinaison des
données diverses. Dans cette étude nous avons combiné
trois types de données issues des facteurs environnementaux, des
mouvements des éléphants et des interviews auprès des
villageois.
III.2.1. Les données des
crottes des éléphants
Lors du projet (Community Wildlife Project)4(*) avec l'Université de
Duke, nous avons pu récolter des crottes dans 10 villages situés
autour de Makokou (Figure 5). Ces données ont été
récoltées pour comprendre la
« défaunation »5(*) autour des villages de Makokou de août 2015
à janvier 2017. Les transects étaient situés à 2 Km
des villages, il y en avait 6 par village et pouvait s'étendre sur une
distance 8 km. Le positionnement des Transects s'est fait de sorte qu'ils
soient perpendiculaires au plan des rivières importantes (Figure 5).
Pour la présente étude, ces données nous ont permis
d'estimer la densité et le nombre d'éléphants autour des
villages. A chaque observation de crotte, l'enregistrement se faisait en
prenant certains paramètres, dont l'heure d'observation ; la
distance et son état. La notation qui renseignait sur l'état
de la crotte était simplifiée par les abréviations
suivantes : (F) pour Fraîche, (R) pour Récente, (V) pour Vieille,
(TV) pour Très vieille et (D) pour Dégradée (White &
Edwards, 2000). Ce système permettait non seulement de
répertorier toutes les crottes et surtout pour mieux archiver les
données.
Dans la planche photo 6 nous présentons en image,
comment se déroulait l'inventaire des crottes et leur état. En
photo de gauche, nous sommes en pleine fouille de la crotte pour séparer
les différents types de graines ingérées dans leur
alimentation. Au milieu nous avons des crottes fraiches et à droite des
crottes ayant fait plus de 24h (récente).
Planche photo 6 : Inventaire
des crottes d'éléphants
Cliché : Walter Mbamy, 2018
Source : Geoeye-1 de
l'application mobile Save The Elephants
a
b
Les deux images satellites ci-dessus présentent les
mouvements des deux éléphants que nous avons suivi. A gauche, le
mâle Nzamba dans la zone nord du PNI et à droite,
Amelia qui se trouve près de la station de recherche d'Ipassa
en bordure de route.
Image satellite 1 :
Observation des mouvements des deux éléphants à collier de
notre étude.
III.2.2. Les données
spatiales
L'éléphant peut marcher pendant plusieurs
heures, 8 à 9 km par heure et il peut de ce fait parcourir plus de 90 km
par jour pour glaner ce qui lui sert de nourriture dans la forêt. Pour
cette étude nous avons eu besoin de données de mouvements des
éléphants dans l'objectif de connaître où les
éléphants vont et quand. De ce fait, nous avons utilisé
les données des colliers GPS de deux éléphants du PNI.
L'ANPN a posé des colliers sur plusieurs éléphants dans
différents parcs nationaux (
Mills, 2017), aujourd'hui 17
éléphants du PNI sont équipés. Le GPS du collier
émet le signal de position de l'éléphant dans l'intervalle
d'une heure. Ces données nous ont permis de connaître la
saisonnalité et la distance de rapprochement des éléphants
autour des villages et des plantations. Le choix de ces deux
éléphants a été fait sur la base de la localisation
de leur niche écologique qui englobe plusieurs villages du PNI et dont
l'impact de leur passage est évident et très visible (Figure 7).
III.2.3. Les données
d'enquêtes
· Echantillonnage
Pour une réalisation efficiente de notre étude,
il était primordial de scruter la volumineuse littérature en lien
à cette problématique. Ce pharamineux exercice nous a permis
d'avoir une visibilité autour des éléphants de
forêts, leur écologie comportementale et leurs habitudes
alimentaires. Elle nous a également permis de connaitre l'ampleur du
conflit dans plusieurs zones du monde. Mais aussi comprendre les
différentes méthodes dissuasives fréquemment
utilisées par les villageois pour les éléphants.
Après la revue des documents liés à
l'étude sur les éléphants et cerné tous les
contours rattachés à la question, nous avons
procédé à une enquête de terrain par un
questionnaire. Il a été important de faire un
échantillonnage de la population total de notre zone d'étude.
L'échantillonnage avait pour but de réduire le coût de la
collecte de données sur l'ensemble de la population des villages en
réunissant une information provenant d'un sous-ensemble au lieu de la
population entière. Pour ce faire, nous avons opté pour
l'utilisation des méthodes d'échantillonnage probabiliste,
jugées essentielles pour assurer l'objectivité sur la perception
des populations du CHE. De façon précise, nous avons
procédé à un échantillonnage probabiliste de
commodité, ou l'unité d'enquête est
sélectionnée selon la convenance. Nous avons
considéré un ménage comme unité d'enquête (
Parry & Campbell, 1992 ;
Tchamba, 1995 ;
Epanda, 2019).
· Enquête de terrain
Les données collectées à la fois
qualitatives et quantitatives dans sept (7) villages du département de
l'Ivindo nous ont permis d'avoir les humeurs des victimes des
dévastations (Figure 4). Un questionnaire de cinquante-trois (53)
questions bien élaboré nous a permis de faire ce laborieux
travail de terrain. Le questionnaire a été réalisé
avec le logiciel SphinxPlus.V5.TuiTe (Annexe 9 pour le model de
questionnaire). Ce questionnaire a été administré à
101 ménages. Le protocole d'enquête a été fait selon
une procédure aléatoire. Nous avons considéré les
orientations des points cardinaux comme point de départ. Le village est
divisé en deux parties séparées par la route dont l'une
des parties est considérée soit comme le nord ou le sud. Le choix
des maisons à débuter l'enquête entre les deux
parties s'est faite par une orientation aléatoire en utilisant une
pièce de monnaie (pile ou face pour Nord ou Sud). De même, pour
commencer à l'Est ou l'Ouest de la partie choisie on utilise la
pièce de monnaie dans le but de connaitre où commencer
l'enquête. Après avoir atteint le 1/4 des personnes
à enquêter dans un côté, on se
déplaçait du côté opposé pour faire le
sens contraire. Les données issues du questionnaire
administré aux populations présentent les informations sur les
plantations, la distance par rapport au village, le type de culture, la
période de culture, le temps de récolte, la
préférence des éléphants par rapport aux cultures
selon l'ordre d'importance. Elles permettent aussi de nous renseigner sur le
conflit avec les éléphants. C'est pourquoi, il était
important pour nous de savoir s'ils ont eu des problèmes avec les
éléphants et combien de fois dans l'année (
Dipanjan Naha, 2018) Aussi d'avoir la perception
qu'ils ont du problème, les méthodes dissuasives
utilisées, le niveau d'impact du problème, évaluation
financière des pertes, la distance où le problème est le
plus pertinent.
III.3. Traitement et méthode
d'analyse
Les données collectées ont subi plusieurs
traitements après avoir été stockées et
épurées. Le mode de stockage des données de terrain a
naturellement été la mémoire de l'ordinateur pour le moyen
physique et le OneDrive pour une sauvegarde en ligne. En effet, les
données d'enquête collectées via le logiciel
SphinxPlus.V5.TuiTe ont été exportées et
épurées avec Microsoft Excel 2016, ce logiciel nous a permis
également de réaliser des tableaux et graphiques. Pour une
meilleure analyse du contenu, nous avons choisi de réduire le nombre de
catégories en « regroupant »
certaines de celles qui sont similaires dans des catégories plus larges.
Nous avons catégorisé et codifié les transcriptions des
enquêtes. La liste des catégories est examinée et
regroupée sous un ordre spécifique (
Burnard, 1991).
Figure 4 : Carte des zones d'enquête
Par exemple, nous avons décidé qu'en fonction
des réponses des gens sur ce qui amène les
éléphants autour des villages, toutes les réponses ont
été regroupées dans une catégorie intitulée
« Facteurs de proximité des éléphants ».
Par ailleurs, les données qualitatives et quantitatives
collectées par les questionnaires ont également été
transférées sur SIG en vue de les thématiser sur carte par
le biais de l'outils ArcMap d'ArcGis 10.3. Nous avons de même
réalisé toutes nos cartes (localisation, hydrographie, etc.) avec
ArcGis. L'outil R-studio Version 1.2.1335 important pour nous, a
permis de réaliser les graphiques et boites à moustache ainsi que
des manipulations de statistiques descriptives.
Graphique 1 : Méthodologie suivie.
III.4.
Considération éthique
Les enjeux de l'éthique de la recherche occupent de
plus en plus une place importante dans la gestion de la recherche tant sur le
plan international que national (
Levy et Bergeron, 2010). Notre recherche a
été légiférée sur un cadre éthique
basé à la fois sur la recommandation universitaire, par une
lettre de recommandation (Voir annexe 2) délivrée par le
département de Géographie par le canal du Master DSAS via le
coordonnateur du Master. Mais aussi sur des principes d'autorégulation
par la rédaction d'un Consentement Libre et Eclairé dont nous
avons fait une présentation à l'orale à chaque personne
interrogée avant de poser une quelconque question. La lettre
de recommandation nous a été utile dans la mesure où elle
nous autorisait à faire de la recherche dans notre zone d'étude.
Dans le but de prévenir les populations de notre arrivée, nous
avons d'abord fait une tournée pré-enquête pour informer
les différents chefs de village de notre arrivée et de l'objet de
nos questions. C'était soit des chefs de villages tels que dans les
villages Loaloa, Ntsibelong, Simintang et Ebessi ou des chefs de regroupements
de Ebyeng et Edzuamene, de Mbes composé de Mbes 1 et Mbes 2 et de Endoum
et Minkwala.
Le Consentement Libre et Eclairé était
présenté à l'oral avant chaque entretien. Cela permettait,
à l'avance, à chaque personne interrogée d'accepter ou de
refuser l'entretien. C'était une garantie que les informations
recueillies resteraient confidentielles et anonymes, et que ce travail est fait
dans le cadre purement universitaire.
III.5.
Difficultés rencontrées
Cette étude empirique qui nous a plongé dans
l'univers du monde rural du Gabon profond nous a amené à faire
face à plusieurs situations inconfortables. S'adonner au
périlleux exercice de collecte de données par enquête dans
les villages relève du courage quand on sait que la mobilité est
conditionnée par l'acquisition d'un moyen de locomotion sûr, en
l'occurrence une voiture car le mauvais état de route était loin
de rendre les choses faciles. Nous avions certes eu la grâce de se
déplacer à plusieurs reprises avec le véhicule de
l'Université de Duke, mais à des moments nous avions dû
marcher entre certains villages.
En outre, pour une thématique qui est perçue
d'un mauvais oeil par les populations du fait que les éléphants
sont la raison fondamentale de leur souffrance et surtout que plusieurs fils
des villages sont ou ont gouté à la prison à cause de
l'éléphant. De même, les villages de notre zone
d'étude sont parmi ceux qui subissent le plus la dévastation par
les éléphants. Cette aversion contre l'éléphant a
fait que dans certaines maisons nous avons été soit
ignorés soit insultés parce qu'on venait parler des
éléphants.
De plus, nous avons été confrontés
à des limites de finances et du temps. C'est-à-dire que les
finances que nous avions à disposition et le temps consacré
à la collecte des données ne pouvaient permettre de faire des
descentes approfondies dans les champs pour des mesures de superficies
dévastées. Toutes ces difficultés ont fortement
influencé la quantité des données collectées car
nous pouvions avoir un échantillon plus important que celui que nous
avons utilisé dans cette étude.
CONCLUSION DE LA PARTIE
En somme, la province de l'Ogooué-Ivindo a des atouts
naturels qui favorisent le développement d'une diversité
biologique impressionnante. Sa forêt renferme une quantité
importante d'éléphants qui causent des dommages auprès des
populations par le fait qu'ils dévastent leurs plantations. Tous les
groupes ethniques qui y vivent sont impactés, que ce soit les Fang, les
Bakota et les Bakwélé. Le nombre de plaintes
déposées auprès des autorités provinciales des Eaux
et Forêts en 2018 et 2019 en témoignent, soit plus de 874
plaintes. La valeur financière des pertes va jusqu'à
114 937 200f CFA. Face à cela les populations sont dans une
aversion envers les éléphants et les pouvoirs publics. Cette
étude qui se veut que comprendre les raisons qui rapprochent les
éléphants autour des villages s'est basée sur une approche
méthodologique qui combine trois types de données. Nous avons
utilisé des données issues des colliers GPS posés sur les
éléphants, des crottes d'éléphants et d'une
enquête auprès des populations. Le choix du site
d'échantillonnage a été fait sur la base du domaine vital
des deux éléphants à collier GPS et de la proximité
des villages au PNI.
PARTIE II :
LIENS ENTRE ACTIVITÉS HUMAINES ET MOUVEMENTS DES
ÉLÉPHANTS ET PRÉSENTATION DESRÉSULTATS
Dans cette partie, il sera question d'élucider les
différentes étapes que nous avons utilisées pour
répondre à nos questions de recherche. Nous faisons savoir dans
un premier temps comment la distribution des crottes peut nous renseigner sur
la présence des éléphants autour des villages. Dans un
deuxième temps, nous analysons la densité des points des
éléphants pour ressortir les déplacements temporels des
éléphants et aussi la distance de rapprochement des
éléphants autour des villages. Troisièmement, nous
montrons la saisonnalité des visites des éléphants dans
les champs et aussi les préférences des
éléphants.
CHAPITRE IV : DISTRIBUTION DES
CROTTES ET MOUVEMENTS SPATIAUX DES ÉLÉPHANTS AUTOUR DES
VILLAGES
Durant la période comprise entre août 2015 et
janvier 2017, l'Université de Duke a mené une étude aux
alentours de Makokou. Cette étude a permis de récolter les
échantillons de crottes d'éléphants autour des villages.
Ces données nous permettent, par l'évaluation de la
densité des crottes de confirmer qu'il y a une activité
importante d'éléphants autour des villages. Nous comprenons
aussi, par les données des points GPS de la position des
éléphants, qu'il est possible d'avoir une saisonnalité de
mouvements des éléphants et de connaitre leur distance de
rapprochement par rapport aux villages.
IV.1. Données historiques
des crottes d'éléphants
IV.1.1. Transect de collecte
La mesure de la densité des éléphants
dans une portion de forêt s'est toujours faite par des méthodes
conventionnelles dont la plus usitée est celle du comptage des crottes (
Jachmann H., 1991 ;
Barnes, 1996 ;
Koerner et al 2017). Le projet sur la
communauté de la vie sauve (Community Wildlife project) piloté
par l'Université de Duke, a permis de faireun inventaire des crottes sur
un total de 1941 transects linéaires par marche qui pourrait
correspondre à 37737 km (Figure 5) pendant 17 mois. Des équipes
de para-écologistes étaient installées dans chaque village
pour faire l'inventaire sur les mêmes transects. Un même transect
pouvait être parcouru plus de 20 fois pour relever au maximum la
présence de nouvelles crottes. Le résultat de cet inventaire est
utilisé dans cette étude pour justifier la présence
d'éléphants autour des villages de notre zone d'étude. En
effet, les crottes ont été comptées aussi bien du
côté du parc de l'Ivindo que de l'autre, autrement dit des deux
côtés des villages afin de ne minimiser aucune niche
écologique des éléphants.Parmi les villages
impliqués dans le projet, il y'en a 4 qui appartiennent à notre
zone d'étude (Mbes, Ebessi, Ntsibelong et Minkwala). C'est sur ces
derniers que nous avons exclusivement effectué les différentes
analyses et traitements.
Figure 5 : Carte des transects autour des villages du
département de l'Ivindo
Source de données des transects : Comunity Widlife
Project, Duke University, 2015-2017
Villages
Nombre des crottes
Ntsiete
Ntsengkele
Ntsibelong
Minkwala
Mbes
Massaha
Latta
Indombo
Etakaniabe
Ebessi
Graphique 2 : Distribution des crottes par
villages
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
La boite à moustache ci-dessus nous présente la
différence de dispersion des crottes par village. Les villages Ebessi et
Ntsibelong ont la plus grande concentration et une dispersion importante, suivi
de Minkwala, Mbes et Massaha. Bien que ce soit à Massaha que l'on a
enregistré le nombre de crotte le plus élevé sur un
transect parcouru (voir sur le graphique le point le plus haut qui correspond
à 37 crottes), mais Minkwala reste la zone où les crottes sont
les plus densément reparties. Cela veut dire qu'à Minkwala on a
comptéquasimentla même quantité des crottes à chaque
transect marché, alors que dans certains villages, il y a eu des jours
de marche oùaucune crotte n'a été vue. C'est pourquoi les
points noirs, qui sont considérés comme les valeurs aberrantes de
notre jeu de données, sont trèsrapprochés à
Minkwala alors qu'àEtakanyabe, Ebessi, Ntsibelong et Massaha ils sont
espacés (Exemplaire de table de données brutes en annexe 7 a et
b).
IV.1.2. Gradient de distribution
spatiale des crottes par village
Nc
Bien que la collecte des donnéesse soit
effectuée dans plusieurs villages des trois grands axes principaux (Axe
Makokou-Okondja, axe Makokou-Mékambo, axe Makokou-Libreville),mais nous
présentons dans la carte ci-dessous uniquement les villages qui sont
compris dans notre zone d'étude (Figure 6). La régularité
et la présence des crottes sur chaque transect nous
révèlent que les éléphants fréquentent les
alentours de ces villages. Il est d'ailleurs important de signaler que les
crottes ont pu être collectées les deux côtes de la route,
que ce soit du côté Nc
D= ------
Dist
nord comme le sud (côté du PNI). Nous avons
calculé la densité des crottes par la formule simple
ci-dessous :
Dreprésente la densité, Nc
correspond au Nombre de crottes et Dist est la longueur d'un
transect.
Ce que nous avons constaté c'est qu'il y a une
densité importante des crottes dans les villages proches de Makokou,
à l'exemple d'Ebessi dont la densité 2,68 est la valeur la plus
élevée au 2e transect sur les 6 transects qu'il compte au total.
Cependant à Ntsibelong la densité la plus élevée
est de 1,51 (Tableau 4). En plus, la carte de la représentation spatiale
des crottes nous montre de façon claire la dispersion spatiale des
crottes par transect (Figure 6).
Figure 6 : Carte de représentation spatiale des
crottes par transects
Les crottes sont distribuées de façon
inéquitable, les villages Ebessi et Minkwala présentent
globalement les plus grandes valeurs des crottes collectées dans un
transect. Ils ont respectivement 155 et 123 (Tableau 4). La position des
villages par rapport aux transects dans lesquels nous avons collecté les
crottes nous révèle bien qu'il y a fréquemment des
éléphants autour de ces villages. C'est ici la certification que
les éléphants sont bien présents autour des villages de
Makokou et leur distribution est sporadiquement observée dans notre zone
d'étude en particulier et dans la province de l'Ogooué Ivindo en
général.
Tableau 4 : Nombre et
densité des crottes par village de la zone d'étude
Villages
|
Transects
|
Nbr de sessions
|
Nombre des crottes
|
Longueur (Km)
|
Densité des crottes
|
Ebessi
|
1
|
29
|
86
|
58,925
|
1,459482393
|
Ebessi
|
2
|
29
|
155
|
57,675
|
2,687472909
|
Ebessi
|
3
|
28
|
76
|
56
|
1,357142857
|
Ebessi
|
4
|
27
|
96
|
51,293
|
1,871600413
|
Ebessi
|
5
|
27
|
24
|
53,457
|
0,448958976
|
Ebessi
|
6
|
29
|
37
|
56
|
0,660714286
|
Mbes
|
1
|
38
|
27
|
63,325
|
0,426371891
|
Mbes
|
2
|
35
|
57
|
62,815
|
0,90742657
|
Mbes
|
3
|
36
|
57
|
58,15
|
0,98022356
|
Mbes
|
4
|
27
|
57
|
43,318
|
1,315850224
|
Mbes
|
5
|
32
|
48
|
58,175
|
0,825096691
|
Mbes
|
6
|
32
|
48
|
60,7
|
0,7907743
|
Minkwala
|
1
|
34
|
49
|
68
|
0,720588235
|
Minkwala
|
2
|
33
|
86
|
66
|
1,303030303
|
Minkwala
|
3
|
33
|
84
|
66
|
1,272727273
|
Minkwala
|
4
|
34
|
123
|
68
|
1,808823529
|
Minkwala
|
5
|
35
|
55
|
70
|
0,785714286
|
Minkwala
|
6
|
31
|
33
|
61,015
|
0,540850611
|
Ntsibelong
|
1
|
30
|
90
|
60
|
1,5
|
Ntsibelong
|
2
|
30
|
71
|
58,925
|
1,20492151
|
Ntsibelong
|
3
|
24
|
43
|
48
|
0,895833333
|
Ntsibelong
|
4
|
24
|
58
|
48
|
1,208333333
|
Ntsibelong
|
5
|
29
|
88
|
58
|
1,517241379
|
Ntsibelong
|
6
|
27
|
57
|
51,25
|
1,112195122
|
Total
|
84
|
733
|
1605
|
1403,023
|
27,60137398
|
Source: Comunity Widlife Project, Duke University, 2015-2017
Réalisation: Mbamy Walter, 2020
IV.1.3. Estimation de la densité
d'éléphants
Après avoir évalué la densité de
crottes par village, on peut également procéder à une
estimation du nombre d'éléphants par transect. En effet, les
densités animales peuvent théoriquement être obtenues
grâce à l'estimation des facteurs de conversion,
c'est-à-dire du taux de production et de dégradation des crottes.
La relation qui en résulte est la suivante :
D = Dc x Td/Tp
où D représente la Densité animale, Dc la
Densité de crottes sur le transect, Td le Taux moyen dégradation
des crottes, Tp le Taux moyen de production des crottes (White et Edwards,
2001 ; Mathot et Doucet, 2006).
Le taux de décomposition des crottes varie avec le
milieu et dépend aussi de la température que de la
précipitation. Pour avoir le taux moyen de dégradation des
crottes, nous avons considéré le taux de dégradation de
6,193 jours obtenu par une étude menée dans la réserve du
Dja au Cameroun en 2018 (Bruce T. et al 2018). Cette valeur est
utilisée dans cette étude parce que laréserve du Dja
partage plusieurs paramètres environnementaux avec notre zone
d'étude et n'est pas géographiquement très
éloignée du PNI. Pour ce qui concerne le taux moyen de production
des crottes, nous avons pris le taux de défécation de Tchamba
(1992) puisque c'est l'étude de défécation avec le plus
grand échantillonnage. Les données de Tchamba donnent une moyenne
de 19,77 défécations par jour et une variance de 0,911. Nous
pouvons alors évaluer la densité d'éléphants par la
connaissance de la densité des crottes par transectmarché.
Subséquemment, on estime avoir en moyenne 1,72 éléphant au
Km2 dans les transectsdu village Ebessi, 1,3 éléphant
dans les transects du village Mbes, 1,4éléphant dans ceux de
Minkwala et 1,01 dans les transects de Ntsibelong. Ces valeurs de
densité d'éléphants au Km2 sont significatives
et soutien une présence permanente d'éléphants autour des
villages.
IV.2. Saisonnalité des
mouvements des éléphants
A la recherche de nourriture les éléphants
peuvent changer plusieurs habitats en un jour et ainsi parcourir près de
200 km en une seule journée pour une moyenne annuelle de 2 800 Km (
Mills et all, 2018). Les
éléphants de forêt sont toujours en mouvement dans un
environnement dont ils maitrisent les différents composants qui font
partie de leur domaine vital. Le domaine vital représente les
localisations d'un animal pour une période donnée selon une
fréquence de répartition correspondante. Cette observation est
relativement évaluée par la quantité proportionnelle de
temps qu'un animal a passé dans cette zone (
Worton 1989,
Seaman & Powell 1996,
Momont 2007). Dans cette étude, pour
évaluer le domaine vital de nos deux éléphants nous avons
utilisé la méthode de polygone convexe minimum (MCP). Le
mâle solitaire Nzamba dont la distance de déplacement
journalière peut atteindre les 100 Km et la femelle Amelia qui
se déplace avec deux juvéniles dont le plus grand pourrait
être âgé de 7 ou 8 ans et le moins âgé doit
avoir 3 ou 4 ans (
Beirne et al., 2019) se déplace
plus lentement. La superficie du domaine vital des deux éléphants
est de 76611 ha, elle est plus de 8 fois plus grande que celle de la commune de
Makokou. A des moments ils se retrouvent proches des villages, à
d'autres ils sont dans la forêt. Comme l'illustre la carte de la figure
7, l'éléphant Nzamba partage à lui seul plus de 7
villages en dehors du massif forestier. Il se retrouve souvent très
proches des maisons et passe aussi du temps dans les concessions
forestières. Cet éléphant partage à lui seul
différents types d'occupation du sol, le PNI, le domaine rural et les
concessions forestières (Figure 7).
La carte de la figure7 nous informe
que toute la partie nord du parc y compris 14 villages du canton Ntang-louli et
une partie de la commune de Makokou est inclus dans le domaine vital de ces
deux éléphants. Le tracé en rouge est celui de
Nzamba et celui en violet est de Amelia. On remarque des
concentrations importantes des tracés à des points
précis. Les réunifications de tracés de la partie Est
de la carte correspond aux zones d'activités champêtre des
habitants du village Loaloa et Edoung-Avion. Aussi, c'est une zone
fréquentée majoritairement par Amelia, on observe
d'ailleurs une concentration de son tracé autour de Ipassa où
elle est fréquemment observée. On a une concentration des traces
de Nzamba au nord, cette zone à proximité du village
Ebyeng-Edzua a vu naître un projet communautaire de plantation d'un
verger initié par le Ministère de l'Agriculture. Mais il n'a
malheureusement pas connu une évolution normale car les arbres
plantés ont été dévastés par les
éléphants. Les autres zones de jonction des tracés sont
généralement des zones de localisation d'arbres prisés par
les éléphants donnant saisonnièrement du fruit. Certaines
zones sont des clairières marécageuses très
fréquentées par les éléphants.
Figure 7 : Tracé des
deux éléphants de notre étude
IV.2.1.
Rapprochement des éléphants autour des villages par jour
Les éléphants de notre base de données
nous présentent un rapprochement journalier typiquement identique. Les
éléphants se rapprochent le plus des maisons des villages
lorsqu'il devient sombre ou très tôt le matin comme le montre le
graphique 3 ci-dessous. Nous avons considéré la distance des 100
m du village parce qu'elle est le mieux représentative pour ce qui
concerne l'impact qu'ils pourraient avoir sur les plantations quand on sait que
les plantations sont très proches des maisons des villages. C'est autour
de 16h que les éléphants commencent à migrer vers les
villages et à 20h ils se retrouvent derrière les maisons pour
passer toute la nuit. On comprend mieux pourquoi les dévastations des
champs par les éléphants se font uniquement la nuit dans ces
villages.
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Graphique 3 : Visitation à 100m des
éléphants dans les 24h
Selon les résultats de
projections des points GPS des éléphants à colliers, nous
comprenons qu'ils vont jusqu'à se rapprocher à 100 m des villages
(Figure 8). Et cela pourrait être encore plus proche car le signale du
collier GPS est émis dans l'intervalle de 1 heure. Il se pourrait donc
qu'ils se soient rapprochés à une cinquantaine de mètre
pendant la période de latence du collier (Annexe 5 pour visualiser
à grande échelle la densité des points GPS dans chaque
village).
D'ailleurs, les populations villageoises qui vivent la
réalité des rapprochements des éléphants nous font
savoir lors des enquêtes de terrain que ces derniers se rapprochent
même à 0 m de la maison. Il y en a qui affirment que les
éléphants vont jusqu'à se servir en eau dans les gros
récipients qui servent à recueillir les eaux de pluies
derrière les maisons. La grande majorité, plus de 80%, affirme
que la distance de rapprochement la plus importante est à moins de 50 m
car ils disent apercevoir les éléphants tout le temps et qu'a
cette distance de rapprochement ils ressentent le plus d'impact de passage
d'éléphants car ces pachydermes ne peuvent se rapprocher des
habitations sans dévaster ce qu'ils trouvent sur leur passage (Graphique
3). Ils occasionnent soit la destruction de leur champ ou font des
dégâts matériels en détruisant des biens.
Entre
150 et 500 m
Entre 50 et 150 m
A moins de 50 m
Nombre de réponses
Distance de présence de éléphants
Plus de 1 Km
Entre 500 et 1 Km
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Graphique 4 : Distance d'approche des
éléphants la plus importante
A partir du graphique 1 nous savons désormais que les
éléphants sont proches des villages 12h/24 chaque jour. Avec la
densité des points des éléphants nous avons pu
évaluer le nombre de temps que passe un éléphant autour
d'un village par le calcul de la densité Kernel. La connaissance du
domaine vital permet aussi d'analyser comment les animaux utilisent les
habitats et quelles sont leurs préférences. Un autre avantage de
cette méthode est qu'elle arrive bien à interpréter les
domaines vitaux d'animaux ayant plusieurs zones d'activité, et dont la
répartition des localisations est normale (
Seaman & Powell 1996).
Figure 8 : Carte de la
densité des points GPS des éléphants par village
Pour ce qui concerne les deux éléphants
Amelia et Nzamba, la densité de leur point peut nous
révéler le temps passé dans un milieu spécifique et
il y a une différence considérable entre les
deux.Nzamba, il passe 30% de son temps à environ 4 km du
village. C'est énorme pour un éléphant dont le domaine
vital englobe plus de 10 villages du canton Ntang-Louli.Ameliaquant
à elle passe 75% de son temps autour des villages et de la station de
recherche d'Ipassa. Ce résultat n'est pas étonnant car cet
éléphant est vu chaque semaine dans les alentours d'Ipassa et
parfois autour du village Loaloa. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les
points sont plus denses autour d'Ipassa (90%) et en suite de Loaloa (60%). Et
ce qu'il faut noter avec Amelia, contrairement à
Nzamba, c'est qu'elle vient fréquemment très proche des
maisons, donc environ à 5 m des maisons (Figure9).
Figure 9 : Densité Kernel des deux
éléphants Amelia et Nzamba en %
IV.2.2. Rapprochement annuel des
éléphants autour des villages
Le rapprochement annuel montre, selon les distances de 100,
500 et 1000m, que la densité des points des éléphants est
plus importante pendant les mois de décembre, juillet et août. Ce
qui sous-entend, selon ces données, que c'est en période de
saison sèche que les éléphants approchent le plus des
villages (Graphique 5).
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Graphique 5 : Graphiques des visites mensuelles des
éléphants à 100m et 500m
Les éléphants mâles tels que
Nzamba se déplacent très vites en passant par plus de 20
stations de ravitaillement en eau et en nourriture par jour. A 100m et 500m de
distance du village, le mâle Nzamba est irrégulier. Mais
à la distance de 500m on observe quand même un pique de
rapprochement au mois de juillet suivi de décembre et janvier. Ce qui
pourrait correspondre sensiblement à la période de saison
sèche. Par contre pour la femelle Amelia, il est bien
évident de distinguer quelle saison elle se rapproche le plus.
D'ailleurs, lorsqu'on observe son rapprochement à 100 m, il ressort
clairement que c'est au mois de septembre qu'elle se rapproche le plus, ce qui
concorde avec à la saison de pluie. Et à la distance de 500 m,
son pique de rapprochement est toujours au mois de septembre suivi du mois
d'avril. On est toujours en saison de pluie (Annexe 8 pour visualiser la base
de données brutes). La différence de saison entre les deux
éléphants peut s'expliquer par la vitesse de déplacement
entre des deux éléphants. Nzamba est plus rapide, par
conséquent déplace le signal aussi vite favorisant la perte des
informations spatio-temporelles utiles pour connaitre la saisonnalité de
ses déplacements. Le déplacement lent de la femelle est
favorisé par la présence des deux juvéniles qui
l'accompagnent. Cet état lui permet de se sédentariser à
certains endroits ou l'abondance de nourriture est évident. Se
déplacer de façon objective dans différents habitats.
C'est pourquoi l'étude de la saisonnalité de mouvement de
Amelia nous amène à bien distinguer les saisons de
l'année et savoir quelle période de l'année elle visite
les plantations des villages. Cela est plus proche de la réalité
car l'éléphant a une programmation saisonnière de
déplacement selon la disponibilité de nourriture.
En observant la visitation annuelle des deux
éléphants a 100m des villages on a au moins un pique durant le
mois de septembre. Or en janvier, mars et mai on a un nombre des visites
d'éléphants identique. Une fois de plus les mois qui ressortent
sont ceux appartenant à la saison des pluies (Graphique 6).
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Graphique 6 : Visitation annuelle à 100 m des
villages
1
En définitive, l'abondance des crottes peuvent nous
renseigner sur la densité des éléphants autour des
villages. D'ailleurs au Km2 nous avons une estimation de 1,72
éléphant.Cette densité d'éléphants à
2 km du village sous-entend que l'on peut croiser un
éléphantà tout moment. Cela confirme l'assertion des
populations selon laquelle les éléphants sont non loin des
maisons et qu'ils en croisent même en allant puiser de l'eau à la
rivière. Cela se justifie dans la mesure ou le tracé GPS de
Nzamba et Amelia montre qu'il y a concentration des traces
non loin des maisons. Aussi, leur densité des points montre qu'ils
passent beaucoup de leur temps dans les zones fréquentées par les
populations. Leur période favorite de rapprochement est la saison de
pluie.
CHAPITRE V : SAISONNALITÉ DU
CONFLIT HOMME-ÉLÉPHANT AUTOUR DU PNI
Après avoir exploré le rapprochement des
éléphants selon les données des crottes et celles des
colliers GPS, nous voulons maintenant les corréler avec ceux des
enquêtes de terrain. Ainsi, ce chapitre nous permettra d'avoir la
perception des populations sur le CHE, nous allons aussi avoir leur opinion sur
les mois que les éléphants approchent le plus des villages.
V.1. Activité agricole et
CHE
Différentes activités sont pratiquées
dans les villages. Nous avons pu répertorier l'agriculture, la chasse,
la pêche, la cueillette et les petites activités commerciales
(Graphique 7). Mais l'agriculture reste la plus rependue et pratiquée,
c'est la raison pour laquelle dans cette étude nous nous focalisons
uniquement sur les activités agricoles.
V.1.1. Agriculture dans les
villages
· La place de
l'activité agricole dans l'économie du village
Le moyen de subsistance est la préoccupation
première de toutes les sociétés. Le milieu rural
n'échappe pas à cet objectif de la vie, c'est pourquoi pour des
besoins alimentaires les villageois se servent de leur environnement
immédiat pour puiser le nécessaire en menant diverses
activités de pêche, de chasse, de cueillette et
d'agriculture. Nous avons voulu savoir l'activité qui occupe les
populations, c'est-à-dire l'activité qui prend la plus grande
partie de leur temps au quotidien, c'est ici l'occupation principale au
village. Selon les résultats de notre enquête de terrain, le
pourcentage des agriculteurs parmi les personnes interrogées est de
89,1%. Cette valeur est expliquée par le fait qu'en dehors d'autres
activités qu'un individu peut pratiquer, l'agriculture demeure la
principale. En revanche, la pêche est fortement pratiquée dans le
village Loaloa, cela a influencé le pourcentage d'observation à
3% du total des personnes interrogées. Enfin, pour les autres
activités nous avons 5% de personnes dont la chasse demeure
l'activité principale, 2% préfèrent mener une
activité commerciale dans le village et seulement 1% a pour
activité principale la cueillette (Graphique 7).
Activité
principales
|
Réponses
|
%
|
Agriculture
|
90
|
89
|
Chasse
|
5
|
5,0
|
Cueillette
|
1
|
1,0
|
Pêche
|
3
|
3,0
|
Petit commerce
|
2
|
2,0
|
Total
|
101
|
100
|
Graphique 7 : Activités principales des
populations
Réalisation : Walter
Mbamy, 2020
· Evolution de l'activité agricole selon la
distance des plantations
v Aperçu historique des activités agricoles
A l'origine il y avait des terres qui appartenaient
spécifiquement aux clans, aux familles et même à des
villages entiers. Aucun étranger ne pouvait y installer son village ou
son champ sans en avoir obtenu l'autorisation. Pour être autorisé,
il fallait payer comptant, ou s'acquitter de certaines redevances à
temps marqué. Au fil des ans chacun pouvait installer son champ
n'importe où, pourvu qu'il prenne la précaution de le marquer au
début de la saison sèche. Pour cela, il suffisait d'entamer le
débroussaillage à la machette de quelques mètres
carrés de brousse.
Après récolte et épuisement total de la
plantation, si des arbres poussent dans le champ après qu'il a
été abandonné, les fruits de ces arbres appartiennent
à tout le monde, gens de la famille ou étrangers. Au contraire,
si ces arbres poussent sur l'emplacement d'un ancien village, leurs fruits
reviennent aux anciens habitants de ce village, et à personne d'autre,
suivant les endroits occupés par leurs cases respectives.
A cette époque les plantations étaient faites
pour fournir aux familles de quoi vivre, ils se contentaient de cultiver le
strict nécessaire. La monoculture était en vogue, les uns ne
cultivaient que des bananiers; d'autres donnaient tous leurs soins aux
arachides au détriment des cultures plus substantielles. Après
quelques années, la polyculture a succédé à la
monoculture. Dans chaque village on plantait désormais un peu de tout
dans un même espace : bananiers, manioc, taros, ignames, patates,
maïs, arachides, etc. Ce type de culture se trouvait être plus
rémunératrice par la vente des denrées, grâce aux
nombreux débouchés qu'ils trouvaient à l'époque
coloniale, cela leur a amené à agrandir l'étendue de leurs
champs. De plus, en dehors de leurs champs individuels, plusieurs regroupements
de femmes de village sont astreints à cultiver des plantations communes,
dont les produits étaient tout d'abord destinés à
approvisionner les Postes de l'Administration coloniale, les Maisons de
Commerce, des Colons (
Walker André, 1940).
v Evolution des activités agricoles
Le type d'agriculture pratiqué dans les villages
contraignait les agriculteurs à s'éloigner des villages pour
aller de plus en plus dans la forêt à la recherche de rendements
plus efficients. L'agriculture itinérante sur brulis, a toujours
été pratiquée dans les villages au Gabon, les cultivateurs
se devaient de mettre en jachère des plantations dont ils avaient
déjà épuisé la récolte. De nos jours, un
renversement de situation est observé, les plantations sont
localisées à quelques mètres des maisons. Autrefois ce
genre de plantation était considéré comme des jardins,
mais pour ces populations aujourd'hui, ce sont des plantations. Il y en a qui
ne peuvent pas faire des plantations à plus de 50 m de la maison de peur
de tout perdre. Dans plusieurs villages, les populations plantent sur la cour
de la concession car au moins le suivi sera efficient et la récolte
assurée (Annexe 4 planche 8). En outre, nombreux sont ceux-là qui
préfèrent ne plus se lancer dans l'activité agricole ou
encore préfèrent limiter le nombre de plantation, deux
plantations au maximum, pour ne pas être dans un regret amère si
on se retrouvait à perdre plusieurs hectares. En interrogeant les
populations sur le nombre d'anciennes plantations qu'ils possèdent, on
se rend bien compte que 47.5% des personnes interrogées possèdent
plus d'anciennes plantations que de nouvelles. A priori on dirait que c'est
normal d'avoir plus d'anciennes plantations que de nouvelles, mais ici on veut
mettre en lumière le manque d'intérêt à
l'agriculture aujourd'hui par rapport il y a 10 ans. Celles qui, pourtant
valide, avaient la possibilité d'avoir plus de 2 plantations
préfèrent soit faire des petits jardins derrières les
maisons ou de se contenter à acheter du riz et du poulet à
Makokou. De plus, leurs anciennes plantations sont situées à plus
de 1 km du village par rapport aux nouvelles.
Nous avons considéré comme nouvelles plantations
dans cette étude celles qui nourrissent les familles, donc celles d'un
an, ou celles qui sont en plein aménagement pour être
cultivées. Le découragement de faire les plantations a atteint
une grande majorité, c'est au point où il y a 13% des
répondants qui affirment ne pas avoir des nouvelles plantations et 51%
détiennent une seule plantation tandis que celles qui ont 2 nouvelles
plantations sont à 23%. Ces chiffres nous montrent le
désintérêt de plusieurs villageois sur les activités
champêtres. (Graphique 8 ci-dessous).
Graphique 8 : Evolution du nombre de
plantation
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Plus de 6
· Plantes les plus
cultivées
L'agriculture traditionnelle telle que pratiquée dans
les villages du Gabon obéit à des techniques rudimentaires par
l'utilisation des outils manuels. C'est souvent des plantations en polyculture
dont le manioc occupe la plus grande surface. Le reste de l'espace de la
plantation est partagé par quelques rejets de bananes qui serviront
à varier l'alimentation en matière d'accompagnement lors des
repas. Dans l'intention d'avoir des légumes dans les repas, un espace
identifié comme étant fertile par la présence de cendre et
de résidus de bois brulée, se voit être ensemencé
des légumes tels que l'oseille, l'amarante, l'aubergine et quelque fois
le gombo. D'autres peuvent diversifier leur plantations en y ajoutant quelques
ananas, canne à sucre, igname, etc. Dans les
plantations de notre étude, nous avons pu relever plusieurs plantes
cultivées fréquemment et celles cultivées de façon
épisodiques. Les plus cultivées sont le manioc, la banane,
l'arachide et le maïs car elles sont cultivées en début de
saison de pluie (Graphique 9). En général il est cultivé
des pistaches africaines (communément appelé concombre), des
ignames, des ananas, de la canne à sucre et une variété de
légumes (amarante, oseille, aubergine, gombo).
Graphique 9 : Période de culture et de
récolte des cultures
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Il existe une saisonnalité des cultures, la
majorité des plantes bénéficient de la saison pluvieuse
pour bien se développer. C'est pourquoi les agriculteurs dans les
villages enquêtés nous ont exposé les mois qu'ils mettent
en terre et la période de récolte. Ce graphique est le
condensé de l'explication des agriculteurs sur leur activité.
C'est une représentation graphique des réponses au questionnaire.
De ce fait, les valeurs des planting et récolte correspondent au nombre
de répondants et non à la quantité récoltée
par plantation.
V.1.2. Déprédation
par les pachydermes
Les éléphants de forêt se déplacent
facilement dans les forêts environnants les villages. Cela est visible
par la multitude des traces et crottes qui marquent leur présence. C'est
la preuve qu'ils cohabitent désormais avec les populations villageoises.
Car ils partagent les mêmes ressources telles que les cours d'eau, les
pistes et certaines essences végétales dont le Kumu (gnetum
africanum), l'Odika (Irvengia gabonensis) et le Gambea
(Chrysophyllum lacourtianum). Lorsque les éléphants
rencontrent des plantations lors de leur recherche de nourriture, ils ne
manquent pas de se servir dans les plantations, causant ainsi un
désastre et poussant à l'agonie une sécurité
alimentaire qui peine à se mettre en place au Gabon. Bien que les
plantations se font de plus en plus proches des maisons, cela n'empêche
pas les éléphants de se rapprocher des villages. Ils mangent
principalement les plantes qu'ils aiment et qui sont disponibles (
Kingdon, 2012). Nous avons constaté que
les heures de rapprochement sont principalement la nuit (
Erin K. Buchholtz et al 2019) comme le
démontre d'ailleurs les résultats du graphique 3. Ils
s'approchent à des fréquences très
régulières dans une année. Dans le mois, ils viennent
plusieurs fois de suite. Nous avons voulu savoir combien de fois les
éléphants visitent les plantations dans une année, on
s'est rendu compte que plusieurs répondants disent que les
éléphants ont visité leur champ plus de 4 fois (graphique
10).
Graphique 10 : Nombre de visite des
éléphants dans une année par village
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
0 fois 1 fois 2 fois 3 fois 4
foisPlus de 4fois Nombre de visites
Nombre de réponses
Lorsque l'on se focalise sur le nombre de fois que les
éléphants ont visité les champs entre 2016 et 2019, on
remarque que de 2016 à 2018 les visites ont été plus de 4
fois, c'est-à-dire que les visites des plantations sont
fréquentes. Par contre, en 2019 on remarque une baisse importante des
dévastations des éléphants dans les champs. Il y a moins
de visites d'éléphants dans les plantations (graphique 11). Cette
tendance peut s'expliquer par le fait que nous avons considéré
les données de la moitié de l'année et qu'à la
période de l'enquête la saison sèche n'était pas
encore achevée.
0 fois
1 fois 2 fois 3 fois 4 fois Plus de 4 fois
Nombre de visites
0 fois 1 fois 2 fois 3 fois 4 fois Plus
de 4 fois
Nombre de visites
0 fois 1 fois 2 fois 3 fois 4 fois Plus
de 4 fois
0 fois 1 fois 2 fois 3 fois 4 fois Plus
de 4 fois
Nombre de réponses
Nombre de réponses
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Graphique 11 : Nombre de visite des
éléphants entre 2016 et 2019
V.1.2. Techniques de protection mises en place
Les populations sont tellement exacerbées par des
visites fréquentes d'éléphants dans leurs plantations que
certaines utilisent des méthodes létales et non-létales
pour les refouler. Les méthodes de protection sont choisies selon
l'accessibilité et la facilité de mise en application, certains
utilisent des méthodes dont ils ont eu connaissance ou celles vus chez
le voisin. Tous sont à la recherche de méthodes dissuasives plus
efficaces.
L'enquête de terrain nous a permis de prendre
connaissance des méthodes traditionnelles, pour la plupart,
édifiées pour atténuer le conflit à leur niveau
(Graphique 12). Il y en a qui procèdent soit par surveillance (9%) des
plantations ou font tout simplement du bruit (41%) pour les repousser.
Quelques-uns font usage de tire de coup de feu, d'installation de
pièges, de lampe torche, bénéficient de la barrière
électrique et 26% allument des feux dans les champs.
Graphique 12 : Méthodes de dissuasion
utilisées par les populations
Toutes ces méthodes se montrent inefficaces au fil des
temps, cependant ils sont obligés de les utiliser quand même dans
l'espoir de dissuader. Mais il y en a qui ont fait leurs preuves et c'est
d'ailleurs la raison pour laquelle elles sont pratiquées dans la
totalité des villages où nous sommes passés :
- Faire du bruit : Il est question des
outils a forte sonorité qui émettent des sons forts lorsqu'on
frappe dessus. Ils sont placés derrière, à
côté des maisons, où dans les champs. Les objets
métalliques (futs, tôles, cuvettes métalliques) sont
fréquemment utilisés, mais aussi des bidons vides. L'exemple est
montré dans les images ci-après ou à gauche (a) un papa du
village Minkwala frappe sur un bidon vide dans son champ et une maman de Mbes
(b) fait du bruit derrière sa maison pour dissuader les
éléphants. D'autres utilisent même des vuvuzelas ou leur
propre voix en criant tout simplement.
a
b
- Allumer un feu : la fumée
émise par la combustion du bois est un bon moyen pour distraire les
éléphants lorsqu'ils s'approchent des champs (a et b). C'est
pourquoi 26% des personnes interrogées allument des feux dans le but de
chasser les éléphants. Toutes ces personnes affirment que cette
méthode permet juste de faire savoir aux éléphants qu'il y
a présence humaine et que cela les empêcherait de s'approcher.
Mais il y a d'ailleurs des histoires ou des éléphants a plusieurs
reprises ont uriné sur le feu pour l'éteindre, d'autres ont
simplement éparpillé le bois et les braises dans le but
d'éteindre le feu.
a
b
- Surveillance : Cette méthode a
le compromis d'être à la fois efficace et complexe à
réaliser pour les villageois car elle consiste à construire des
cabanes, même des maisons, dans le lieu où est localisé la
plantation. La difficulté c'est que les éléphants visitent
les champs pendant la nuit, autrement dit lorsque le gardien dort, et il arrive
qu'ils visitent aussi lorsque ceux qui sont chargés de faire la garde se
déplacent. L'avantage est que les éléphants
s'éloignent facilement par le bruit des humains et que ces surveillances
se font en association. C'est le cas des villages Mbes (b) et Ebyeng-edzua (a)
où une zone a été choisie par des familles pour installer
leurs plantations en un seul bloc. Et les résultats sont
satisfaisants.
a
b
- Coup de feu : Plusieurs agriculteurs
sont généralement des chasseurs et ont par conséquent des
fusils de chasse à la maison. L'un des moyens les plus sur de refouler
un éléphant est de tirer un coup de feu en l'air. Il y en a qui
tirent directement des coups de feu sur l'éléphant pour le
blesser.
- Epouvantail : Fabriqués dans le
but de créer une illusion chez les animaux, les épouvantails sont
faits à partir de vieux vêtements disposés de sorte
à avoir une forme humaine. En général, c'est un
vêtement accroché sur des branches ou autour d'un bois solidement
fixé au sol. Tel est le cas dans les villages Loaloa (b) et Minkwala
(a), mais cela n'empêche pas la visite d'éléphants dans les
champs.
b
a
- Torche électrique : On sait que
l'éléphant déteste la lumière, cette méthode
dissuasive a pour but de chasser l'éléphant lorsque celui-ci la
rencontre. Car c'est une lampe torche électrique que l'on laisse allume
dans le champ toute la nuit. Il faut bien des moyens financiers
conséquents pour l'achat permanent des batteries
- Piège : La méthode
consiste à ériger des pièges autour de la plantation.
Généralement il est question d'un bois sur lequel on plante de
gros clous afin que, lorsque l'éléphant viendrait à
piétiner dessus se verrait être transpercé et fuirait. Mais
il y a aussi certains plus ingénieux qui utilisent du fil
métallique pour faire des pièges à
éléphants.
- Barrièreélectrique : Il
est question des barrières électriques expérimentales
érigées par l'ANPN dans le cadre du projet « Fil
faune » dans plusieurs villages y compris celui de Simintang (photo a
et b ci-dessous). C'est une barrière composée d'un ouvrage fait
de fil métallique et soutenu par des supports de bois dure solidement
enfouis dans le sol, ces fils sont connectés à une centrale
électrique qui est alimentées par un système
d'électrification issu du photovoltaïque. Au contact des fils
contenant des centaines de voltes, l'éléphant reçois un
énorme choc amplifié par sa masse corporelle, ce qui le contraint
à fuir.
a
b
- a
b
Lampe : Le principe consiste allumer des
lampes à pétrole dans le champ pendant la nuit. Ces lampes
peuvent être soit de type tempête (b) ou fait de façon
artisanale avec une boite dans laquelle on met du pétrole et une
mèche en coton qui sort en surface (a). Mais ces lampes exigent des
coûts de maintenance et d'achat du pétrole.
- Radio : C'est une façon de
faire du bruit pour chasser les éléphants. Il s'agit de laisser
la radio en marche dans le champ pour faire croire aux éléphants
qu'il y a une présence humaine.
V.1.3. Autres arbres que les
éléphants mangent
Le constat fait c'est que les éléphants ne
s'intéressent pas seulement aux cultures des populations lorsqu'ils
viennent près des villages, plusieurs autres ressources
forestières intéressent les pachydermes. Ils mangent aussi les
feuilles d'avocatiers et 53% de nos répondants affirment cette
assertion. L'avocatier est d'ailleurs l'un des arbres fruitiers les plus
présents dans les villages. Ils mangent aussi les fruits des arbres tels
que l'Odika (Irvengia gabonnesis) (Planche photo 7 b) qui pousse
facilement derrière les maisons, le fruit du Gambea (Chrysophyllum
lacourtianum) (Planche photo 7 a), le palmier à huile
(Arecacee) dont le chou est apprécié par les
éléphants (Planche photo 7 c). Il y a aussi les fruits du
goyavier (Psidium guajava) qui les intéresse et à
quelques fois les fruits d'oranger (Citrus X sinensis) et de
corossolier (Annona muricata) (Graphique 13).
a
c
b
Planche photo 7: Fruits et palmier consommés par
les éléphants
Ici sont représentés les quelques fruits
consommés par les éléphants. Nous avons un fruit frais du
Gambea (Chrysophyllum lacourtianum)posé au sol (a). En image
(b), nous avons les fruits de l'Odika (Irvengia gabonnesis). Le
palmier est aussi prisé par les éléphants pour son chou,
nous avons dans cette image (c) un palmier renversé par les
éléphants non loin du village Loaloa.
Graphique 13 : Pourcentage des arbres
mangés par les éléphants autour des villages
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
V.2. Perception des populations sur
le Conflit Homme-Éléphant
V.2.1. Facteurs des
rapprochements
L' approche d'enquête par un questionnaire
administré directement aux cultivateurs nous a permis d'avoir un point
de vue direct entre groupes et individus dans chaque village
enquêté sur leur perception pour avoir au finish des
données qualitatives (
Treves et al. 2006;
Fairet 2012). Les résultats issus de ce
questionnaire sont le ressentit des populations, c'est l'expression de leur
vécu, ce qui leur donnerait la légitimité de
résultats à considérer. En effet, les perceptions peuvent
apporter des pistes d'actions pour améliorer la conservation et la
gouvernance de la gestion de l'environnement. C'est donc une forme de preuve
qui mérite une place centrale dans la boîte à outils pour
le suivi, l'évaluation et l'adaptation des programmes et politiques de
conservation. Les études qualitatives et quantitatives fondées
sur les perceptions sont plus efficaces, holistiques et mieux adaptées
à certaines questions (
Bennett, 2016). En particulier, la connaissance
des perceptions par des évaluations locales peut être utile pour
comprendre des impacts sociaux des phénomènes environnementaux
afin de prendre des mesures adéquates pour des résultats
écologiques favorables à la conservation de la
biodiversité.
Les facteurs qui rapprochent les éléphants
autour des villages selon les populations sont évalués suivant la
fréquence des réponses. Il ressort qu'en faisant un tri de
réponse, il s'est dessiné des groupes bien distincts. Les
populations ont unanimement pointé du doigt la présence de champs
en majorité, en suite la déforestation et enfin ils ont
accusé la politique de conservation qui semble-t-il favoriserait la
multiplication des éléphants qui sont désormais en grand
nombre pour dévaster en masse leur plantations (Graphique 14).La
proximité des champs aux villages est une pratique nouvelle. Les
éléphants s'intéressent aux plantations de plus en plus et
53,4% des populations des villages estiment que ce rapprochement est dû
à la présence des champs. On sait très bien que les
éléphants se déplacent selon des intérêts
alimentaires de façon générale et venir derrière
les villages dans le but de se nourrir est de ce fait un bon choix pour eux car
ils peuvent richement s'alimenter. La déforestation est un
phénomène orchestré par l'action anthropique a des buts
essentiellement économiques. La province de l'Ogooué-Ivindo est
aujourd'hui l'une des meilleures destinations pour les exploitants forestiers
car le massif forestier est grand et contient diverses essences de bois divers.
On enregistre d'ailleurs plus d'une quinzaine qui exerce dans la province,
c'est pourquoi 38,6% des populations affirment que le déplacement des
éléphants autour du village est dû à ces
activités d'exploitation forestières qui utilisent des gros
engins, modifiant ainsi certaines niches écologiques.
Déforestation
Politique de conservation
Présence de nourriture
Graphique 14 : Facteurs de rapprochement des
éléphants
Nombre de réponses
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Il y a 11% du territoire gabonais classé espaces
protégés, la province de l'Ogooué-Ivindo est
constituée des parcs d'importantes superficies. Tous les villages de
notre zone d'étude sont situés à proximité du PNI.
Une petite poignée de la population des villages n'hésite pas
à accuser la politique de conservation comme étant à
l'origine du rapprochement des éléphants autour des maisons. En
effet pour ces 8% de la population, le rapprochement des
éléphants est dû au fait qu'ils soient intégralement
protégés et que cela aurait favorisé l'augmentation de la
population d'éléphants.
Cette perception est de même observable selon le
critère sexe (Graphique 15). Selon les femmes, ce sont les plantations
qui expliquent la présence des éléphants autour des
villages. Cette sensibilité des femmes par rapport aux hommes est
expliquée par le fait que ce sont elles qui passent le plus de temps
dans les plantations et que ce sont elles qui font le constat de
dévastation en premier dans le champ avant les hommes. Aussi, ce sont
elles qui dépensent le plus d'énergies dans l'entretien et le
suivie de l'évolution du champ. C'est en quelque sorte elles qui sont le
plus émotionnellement affectées par la dévastation. En
revanche, les hommes, par rapport aux femmes, stigmatisent la
déforestation comme facteur majeur de rapprochement des
éléphants. Cela est logique dans la mesure ou les
activités des hommes se déroulent le plus souvent en forêt,
ils y vont généralement pour la chasse. De ce fait, ils sont les
premiers à constater les dégâts de l'exploitation
forestière dans la forêt. Et ce sont eux aussi qui sont le plus
souvent employés dans les compagnies forestières, ce qui
leur donnent une certaine connaissance des activités
pratiquées et des essences coupées en forêt qui rentrent
dans le régime alimentaire des éléphants.
Nombre
de réponses
Femme
Homme
Déforestation
Politique de conservation
Présence de nourriture
Sexe
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Graphique 15 : Facteurs de rapprochement des
éléphants selon le sexe des répondants
Bien que peut sont ceux-là qui incriminent la politique
de conservation, on note une égalité légère
d'hommes et de femmes qui l'accuse.
Les villages de notre zone d'étude ont des
critères qui leur sont propre et devront être pris en compte quand
il est question d'évaluer la perception par rapport aux facteurs de
rapprochement des éléphants. En prenant le facteur
présence de nourriture autour des villages et lorsqu'on le compare entre
les villages, il ressort que les perceptions diffèrent d'un village
à un autre (Graphique 16). Le village Ntsibelong est celui qui le
présente comme facteur majeur par rapport aux autres villages, suivi du
village Minkwala. Les villages Mbes et Simingtang ont un même nombre de
répondants qui présentent ce facteur. Enfin les villages
Ebyeng-Edzua, Loaloa et Ebessi clôturent la liste. Pour ce qui est de la
déforestation, les différents villages ont au moins
unanimement fustigés ce facteur. Il faut noter au passage que la
quasi-totalité des villages de notre zone d'étude a subi
l'exploitation forestière dans les années antérieures et
les stigmates sont encore perceptibles dans les forêts par la
présence des routes, des parcs à bois et des chablis. C'est
pourquoi de Simintang à Minkwala les populations ont
énuméré l'exploitation forestière sur leur axe (axe
Libreville-Makokou). Par contre le village Loaloa est celui qui a le moins
présenté ce facteur, cela est certainement dû au fait que
ce village est historiquement lié aux activités de conservation
de la réserve d'Ipassa et du PNI aujourd'hui.
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Déforestation
Politique de conservation
Présence de nourriture
Réponses
Village
EbessiEbyeng
Loaloa
Mbes
Minkwala
Ntsibelong
Simitang
Graphique 16 : Facteurs de rapprochement des
éléphants selon la perception des villages
Pour le facteur politique de conservation tant brandi par les
populations, il ressort que sur les 7 villages de notre étude, seulement
4 l'ont présenté comme facteur de rapprochement. Mais le village
Loaloa stigmatise le plus la présence du parc que les autres villages.
Et cela s'explique par le fait que ce village se situe dans la zone tampon du
parc et par conséquent subit directement les décisions
liées à celui-ci. Donc cette aversion est plus due au
mécontentement engendré par certaines interdictions qui les
empêchent de mener plusieurs activités dans la forêt.
V.2.2. Saisonnalité des
visites d'éléphants dans les champs
Les éléphants sont observés autour des
villages à tout moment de l'année. Mais il était important
pour nous d'avoir la saisonnalité de visite d'éléphants
dans une année, donc de connaitre à quelle période de
l'année il y a le plus de dévastation des cultures selon les
populations. L'analyse des données issues de notre questionnaire nous
révèle que la saison ou les éléphants
dévastent le plus les plantations est la période de saison des
pluies (graphique 17 ci-dessous) cette saison correspond principalement la
récolte et la culture de certaines plantes telles que le manioc, la
banane, le maïs et l'arachide (graphiques de l'annexe 6). Les
éléphants visitent le plus les plantations pendant les mois de
février, mars, avril, mai et août, septembre, octobre, novembre.
En revanche, durant les mois de décembre, janvier, juin et juillet il y
a moins de visite d'éléphants, par conséquent moins de
dévastations.
Nombre de réponses
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Graphique 17 : Visite des éléphants
selon les saisons
J F M AM J J
A S O N D Mois
En somme, l'activités agricole est la principale dans
les villages, elle a toujours contribué à l'alimentation en
denrées vivrières dans les foyers. C'est
généralement le manioc et la banane qui sont plantées
constamment, les autres plantes telles que l'arachide et le maïs sont
cultivées saisonnièrement. Mais progressivement
l'intérêt de faire des grands champs a disparue chez plusieurs
personnes à cause des dévastations répétées.
Le nombre de nouvelles plantations par famille diminue au fil des
années, on est passé de 3 nouvelles plantations par saison en
2016 à une seule en 2019, quelques fois même aucune. Malgré
les mesure de dissuasion prises, il n'y a aucune amélioration. En effet,
en dehors des plantations qui attirent les éléphants autour des
villages, il y a aussi les arbres fruitiers et certaines essences d'arbres
telles que l'Odika et le Gambea. Les populations accusent les pouvoirs publics
et n'hésitent pas à dénoncer l'exploitation
forestière. Pour eux, la principale cause de régularité
des éléphants derrières leurs maisons est la
présence des plantations. Nous retenons que c'est en saison de pluie que
les visites d'éléphants dans les champs sont importantes.
Notamment les mois de mi-février à mi-mai, correspondant aux mois
de récolte essentielle du manioc, d'un peu de canne à sucre, de
banane et d'igname. Or de mi-août à mi-décembre, c'est la
période primordiale de récolte de banane et de planting du
manioc, canne à sucre, ignames, maïs et arachides (voir graphiques
de l'annexe 6).
CHAPITRE VI : DISCUSSION ET
PERSPECTIVES
La corrélation entre l'activité agricoles et les
mouvements des éléphants a été prouvée dans
les deux précédents chapitres. Il a été aussi
montré que les éléphants se rapprochent des habitations
des villages et que la saisonnalité des mouvements des
éléphants coïncide avec les saisons des récoltes de
certaines cultures telles que la banane, le manioc, l'arachides, etc. En outre,
dans ce chapitre, nous discutons et donnons des perspectives sur ces
trouvailles. Nous observons que les éléphants se rapprochent des
villages de façon fréquente et viennent même très
proche des habitations. Cela conforte l'hypothèse selon laquelle ces
pachydermes trouvent des alternatives alimentaires autour des villages. C'est
pourquoi les populations n'hésitent pas à affirmer que les
éléphants suivent les plantations situées autour des
villages. Ces populations n'hésitent pas à proposer des solutions
pour remédier à ce problème. Enfin nous émettons
des perspectives qui permettrons d'améliorer les efforts de conservation
des organismes étatiques et non étatiques.
VI.1. Discussion
Il a été démontré par une
récente étude au Parc National de la Lopé que 81% des
fruits de forêt a diminué dans la période de 1986 à
2018 (
Bush et al., 2020). Cette
réduction de fruits est due aux diverses pressions humaines directes sur
les communautés végétales et animales. Cela sous-entend
que les éléphants ont de moins en moins de ressources disponibles
dans le milieu naturel. De ce fait, d'autres sources de nourriture pourraient
offrir un certain soulagement et les cultures des villageois comblent donc ce
manque. L'étude sur le CHF réalisée par Fairet en 2012 a
démontré que la fréquence graduelle de la
déprédation s'accroit au fur et à mesure que l'on
s'éloigne du centre du village. Or dans cette étude, il ressort
que la déprédation est concentrée autour des villages.
VI.1.1.
Distance de rapprochement des éléphants
Une étude récente réalisée dans le
sud du Gabon montre que la distance moyenne des plantations par rapport au
village est de 1,43 km (
Nse
Nkoghe, 2019), or dans notre zone d'étude
la distance moyenne des plantations par rapport à la voie principale est
de 449 m. A cette distance de rapprochement les éléphants
n'hésitent pas à venir dévaster les plantations. Ces
dernières se situent derrière les maisons et sont des
polycultures. Certaines personnes préfèrent planter sur la
devanture à 30 m de la maison. Ce type de champ était autrefois
appelé des jardins permettant d'avoir plus facilement et rapidement des
tubercules de manioc, quelques légumes et les feuilles de manioc sans
parcourir une grande distance. Mais la situation actuelle contraint totalement
à changer les techniques agricoles dans plusieurs mesures :
- sur la superficie des champs, en effet, les surfaces
cultivées s'amenuisent progressivement car les champs sont de plus en
plus petites (moins de 500 m2),
- sur la modification de la technique traditionnelle de
culture itinérante sur brulis avec rotation de site. Bien que le brulis
soit toujours pratiqué dans la totalité des villages
visités, mais la jachère n'est plus réalisée dans
son entièreté. En dehors de brûler après
débroussaillage, la mise en jachère après récolte
ne se fait plus car les populations préfèrent ne plus
s'éloigner des villages. C'est plutôt une sédentarisation
des cultures dans un même milieu que l'on observe. Cela réduit
à la fois la qualité de production et la productivité
à cause de l'appauvrissement des sols.
On assiste ainsi à une sorte de cohabitation entre
éléphants et populations qui pourrai durer plus longtemps dans la
mesure ou les éléphants sont intégralement
protégés au Gabon.
VI. 1.2. Facteurs de rapprochement des
éléphants
On sait que les éléphants se déplacent
dans l'objectif principal de se nourrir. Cette recherche de nourriture les
amène à parcourir des centaines de kilomètres de distance.
On comprend incontestablement que c'est la nourriture qui les rapproche des
villages puisque ces derniers peuvent se rapprocher dans les 100 m, 50 m voire
0 m.
Ils arrivent déjà dans les villages où
ils consomment les plantes cultivées par les populations. Ils consomment
aussi les arbres fruitiers qui poussent derrière les maisons. Les
éléphants mangent principalement le manioc et la banane lors de
leurs visites et aussi les feuilles d'avocatiers, des mangues sauvages
communément appelées Odika, des fruits du Gambea que
l'on appelle en langue Fang Abam ou Ebambou en Kota.
En dehors de ceux cités précédemment, ils consomment
aussi d'autres cultures telles que les ananas, les ignames, les concombres, les
feuilles d'arachides, le maïs, le chou de palmiers, etc.
C'est toute cette richesse nourricière qui est la
principale cause de déplacement des éléphants vers les
villages. C'est pourquoi les populations étant alertées par cela,
ont instaurées des méthodes de refoulement
d'éléphants de leurs plantations malgré leur
inefficacité.
VI.1.3.
Solutions proposées par les populations
Les solutions répertoriées dans cette partie
sont issues du questionnaire administré aux populations dans le but
d'avoir leur perception, donc de connaitre les solutions qu'ils proposent
(Graphique 16). Tout d'abord, les perceptions se réfèrent aux
observations individuelles, compréhensions, interprétations et
les évaluations des objets de référence, actions,
expérience, individualité, politique, ou nos attentes. En
général, les populations ont relevé quelques propositions
dont l'arrêt de l'exploitation forestière, la construction des
barrières électriques, le dédommagement des victimes,
développement de la filière élevage, l'aide des
autorités et proposent que l'on abatte les éléphants. Les
solutions proposées par les populations sont disproportionnées
selon la sensibilité des répondants et selon leur antipathie due
à une dévastation récente. Ces propositions peuvent
être comprises de la façon suivante :
- L'arrêt de l'exploitation
forestière : Peu de personnes ont esquissé cette
proposition comme solution pour lutter contre la dévastation des
cultures. Ces personnes exhibent le fait que c'est le fait que l'on coupe les
arbres qui rentre dans le régime alimentaire des éléphants
que ces derniers sont contraints de se rapprocher des endroits où ils
pourraient compenser ce déficit et se retrouvent dans les champs des
populations.
- La construction des barrières
électriques : Malgré son caractère
onéreux sur la construction et son entretient, plusieurs populations ont
néanmoins proposé la construction de barrières
électriques car ces populations ont eu vent des résultats
positifs des barrières électriques dans les villages ou elles ont
été posées.
- Le dédommagement les
populations : Après le dédommagement de 2016, il
n'y a plus eu de dédommagement, cependant il y a de plus en plus de
plaintes des populations. Dans l'espoir de recevoir une compensation de leur
perte, les populations ne cessent de crier à un dédommagement de
leurs cultures.
- Le développement de
l'élevage : Cette proposition a été
présentée par une seule personne, du coup elle reste une solution
faiblement envisagée par les populations, cette alternative pourrait
être expliquée par deux faits : les populations n'ont pas une
véritable culture d'élevage car ils élèvent
uniquement quelques poules et d'autres des cabris pour des consommations
familiales ou pour d'éventuelles cérémonies. Ils ignorent
la rentabilité économique que cette activité pourrait
engendrer.
- Une solution gouvernementale : Tous
ont à l'unanimité appelé à la rescousse de l'Etat
pour que des solutions soient trouvées. Peu importe ce qu'il mettra en
place, mais ce qu'ils veulent c'est d'en finir avec cet épineux
problème de dévastation des cultures.
- L'abattage des
éléphants : la battue administrative est l'action
administrative locale autorisée par l'administration des Eaux et
Forêts, visant à abattre un animal présentant un danger
pour les populations humaines ou leurs biens ou à réguler une
population de la faune sauvage. Mais les populations qui se voient être
dévastées accusent l'Etat dans sa politique de conservation des
éléphants et selon eux ça contribue à la
multiplication des éléphants. Et cela augmenterait de facto le
nombre de dévastations. Ils sont prêts à faire leur propre
justice en abattant les éléphants eux-mêmes, s'ils ont la
possibilité.
Les solutions proposées peuvent être
observées selon le sexe car les femmes ont des points de vue
différents des hommes (Graphique 18). Il ressort que les femmes et les
hommes de façon égale interpellent les pouvoirs publics sur ce
problème majeur.
Nombre
de réponses
Arrêt de la déforestation
Barrière électrique
Dédommagement
Développement de l'élevage
Solution gouvernementale
Abattage deséléphants
Graphique 18 : Solutions proposées par les
populations
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Pour ce qui est de la proposition d'abattre des
éléphants, les femmes l'emportent sur les hommes. Cela peut
s'expliquer par le fait que ce soit les femmes qui dépensent plus
d'énergie pour les champs et ce sont elles qui observent les
dégâts de passage d'éléphants dans le champ, c'est
donc elles qui vivent le plus ce sentiment de colère après le
passage d'un éléphant, du coup leur seul désir est de tuer
tous les éléphants afin qu'elles jouissent du fruit de leur dur
labeur. La proposition de compenser ce problème en instaurant des
unités d'élevage dans les villages a été
proposé par un seul homme. Par contre, en ce qui concerne la solution de
dédommagement, les hommes et les femmes de façon
égalitaire demandent à être dédommagés. Les
hommes proposent majoritairement la construction des barrières
électriques pour solutionner ce problème. Il en est de même
pour la proposition d'arrêter la déforestation. Si les hommes
proposent le plus l'arrêt de la déforestation comme moyen pour
lutter contre la déprédation des cultures par les
éléphants c'est parce que ce sont les hommes qui font plus la
chasse et donc qui sont en contact avec la forêt, qui peuvent voir les
effets de la déforestation.
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Femme
Homme
Sexe
Arrêt de la déforestation
Barrière électrique
Dédommagement
Développement de l'élevage
Solution gouvernementale
Abattage deséléphants
Nombre de réponses
Graphique 19 : Solutions proposées par les
populations selon le sexe
VI.2. Perspectives
VI.2.1. Sur le plan de la
conservation
Les champs disciplinaires qui s'intéressent au domaine
de la conservation sont légion. La conservation est aujourd'hui
axée principalement dans la biodiversité faunique et floristique.
Plusieurs Organisations Non Gouvernementales (ONGs) s'activent dans divers
domaines de la conservation des espèces rares et en voie de disparition.
L'éléphant qui est considéré comme
méga-jardinier (
Turkalo and Fay, 2001;
Blake, 2002;
Poulsen et al., 2017;
Cardoso et al., 2019,
Ngama, 2019) se doit d'être conservé
pour son apport dans la régénération des forêts. Une
cohabitation avec les humains s'impose dans les zones où ils partagent
les mêmes ressources telles que les sources d'eau, le bois de chauffage
et fruits sauvages. Si dans certains pays d'Afrique australe (Namibie, Kenya,
Zimbawe, Botwana, etc.), il existe une certaine cohabitation entre
éléphants et les humains, au Gabon cela est moins envisageable,
sinon impossible dans plusieurs régions. Il est de ce fait urgent de
trouver des méthodes qui permettront de réduire au maximum les
contacts entre éléphants et populations. Pour ce faire, il serait
judicieux de faire un usage de méthodes non létales de
refoulement des éléphants. Nous proposons d'améliorer les
méthodes traditionnelles satisfaisantes telles que la production de
bruit. On pourrait combiner le savoir issu de l'intelligence artificielle et
des nouvelles technologies pour créer des objets sonores à forte
autonomie électriques pour repousser les éléphants. Si la
précédente proposition semble être onéreuse et non
accessible pour le moment, on peut implémenter la méthode de
surveillance. Sur la surveillance des plantations, nous proposons que les
écogardes soient recrutés spécialement pour surveiller les
plantations au même titre qu'ils font des patrouilles dans la forêt
pour lutter contre le braconnage.
La méthode létale à utiliser dans
certains cas est celle d'abattre l'éléphant qu'on aurait
identifié comme étant à problème. Cela doit se
faire promptement à chaque fois que les dévastations sont
abondantes dans un village. La mise en place des projets de
développement local dans les villages ciblés à l'avance
comme ayant un taux inquiétant de dévastation est une autre
solution. Ces projets communautaires pourraient être le
développement de l'écotourisme communautaire qui consisterait
à donner la gestion d'une réserve naturelle de conservation de la
biodiversité aux communautés à proximité des
villages. L'Etat à son tour doit fournir à ces conservateurs
ruraux tous les outils nécessaires pour que les communautés
villageoises trouvent de la valeur économique dans
l'éléphants à chaque fois que des touristes viendront les
observer. D'autres projets tels que l'élevage doivent être
vulgarisés. Ceci dans le but de trouver une solution à la faim
qui sévit dans les villages à cause du manque de plantations.
VI.2.2.
Sur le plan de la recherche scientifique
Nous savons que plusieurs études ont été
menées sur la question, mais il en faut davantage tant que le
problème persiste. Il est vrai qu'une étude récente
menée dans le PNI a démontré que les mouvements des
éléphants de forêt sont déterminés par les
ressources alimentaires et les facteurs climatiques (
Beirne et al., 2020). Mais il faut que
des études surl'évaluation de l'abondance des fruits sauvages
soient réalisées. L'étude consistera à faire des
transects qui permettrons d'estimer la densité des fruits autour des
villages et de faire le lien avec la présence d'éléphants.
Aussi faire des études comparatives entre les forêts n'ayant pas
d'activité d'exploitation forestière et celles ayant de
l'exploitation forestière. Cela permettra d'avoir l'impact de
l'exploitation forestière sur le mouvement des éléphants.
Cette étude se voulait bien au départ d'évaluer l'impact
de l'activité d'exploitation de bois sur le mouvement des
éléphants mais pour diverses insuffisances nous n'avons pas suivi
cette orientation.
CONCLUSION DE LA PARTIE
Il est important de retenir que l'on peut évaluer le
nombre d'éléphants par la méthode de comptage des crottes.
La valeur de la densité d'éléphants que nous avons
approximativement trouvée donne lieu de réaliser que les
populations n'exagèrent pas lorsqu'elles disent voir les
éléphantstous les soirs. Cette densité de1,72
éléphant au Km2insinue qu'il y a cohabitation
inévitable avec les communautésvillageoises. L'analyse des
donnéesGPS montre aussi que Nzamba et Ameliapassent
respectivement 40 et 75 % de leur temps non loin des villages. La saison
favorite de rapprochement est la saison de pluie. Sachant bien que les
populations ont pour principaleactivité l'agriculture. Malgré
cela, les éléphantsdévastentfréquemment leurs
champs. On arrive à la conclusion que ce sont les champs qui attirent
les éléphants. C'est pourquoi progressivement
l'intérêt de faire des grands champs a disparue chez les
communautés villageoises. On observe une diminution du nombre de
nouvelles plantations, certaines n'ont plus de plantations et
préfèrent manger du riz. Pour celles qui s'efforcent de cultiver,
elles mettent des mesures de dissuasion en vain. Le constat fait c'est qu'en
dehors des plantations qui attirent ces pachydermes, il y aégalement les
arbres fruitiers et certaines fruits sauvages telles que l'Odika et le Gambea
qui les attirent.
Cette situation infernale qui s'éternise ne fait
qu'augmenter la haine des populations sur les éléphants et les
pouvoirs publics. Ils ne peuvent plus manger convenablementà cause des
éléphants. Car la mémoire futée de
l'éléphant fait qu'il programme ses visites des plantations
exactement aux mois de mi-février à mi-mai et de mi-août
à mi-décembre qui correspondent aux mois de récolte
essentielle du manioc, d'un peu de canne à sucre, de banane et d'igname.
Cette période concorde avec celle de la saison de pluie.
CONCLUSION GÉNÉRALE
La déprédation des cultures par les
éléphants est et reste jusqu'à présent un
problème majeur dans les villages du Gabon en général et
dans la province de l'Ogooué-Ivindo en particulier. Les populations ont
depuis moins d'une décennie vu le problème s'accentuer. Cette
recrudescence des raids d'éléphants sur les cultures a fait
naître une aversion des populations envers les décideurs
politiques et environnementaux. Aujourd'hui sur l'axe Makokou-Libreville
où nous avons mené notre enquête dans trois regroupements
de villages et quatre villages, la chanson est la même « Les
éléphants nous affament ». Cette étude s'est
voulue de comprendre le lien qu'il y a entre les activités agricoles et
les mouvements des éléphants par une analyse de la distance de
rapprochement des éléphants aux villages, tout en faisant le lien
de leur mouvement avec les cultures disponibles selon les saisons.
Il est important de retenir que l'on peut estimer la
densité des éléphants par la méthode de comptage
des crottes. Le comptage réalisé nous a révèle
qu'autour des villages, il y a une densité de 1,72
éléphant au Km2 c'est la preuve qu'une population
d'éléphants sillonne les villages de notre site d'étude.
Rappelons-nous que chaque éléphant a un domaine vital bien
distinct, or il y a de plus en plus d'éléphants dont le domaine
rural fait partie de leur niche écologique. Avec une mémoire
programmée, ces pachydermes iront tout simplement se servir en temps
opportun dans les plantations conduisant ainsi des dommages. Leur
mémoire développée leur permet de localiser les sources de
restauration peu importe la distance, les facteurs édaphiques,
climatiques et environnementaux. Ils peuvent donc avec exactitude revenir
à la même période de l'année pour une ressource
alimentaire. Nous avons constaté pour le cas des deux
éléphants que nous avons suivi pendant 3 ans, par le canal du
collier GPS, que l'on peut bien distinguer une saisonnalité de mouvement
journalière et mensuelle. Surtout que la saisonnalité de
mouvement est différente d'un éléphant à un autre
bien que ces derniers partagent un même domaine vital. De ce fait,
plusieurs facteurs pourraient influencer les mouvements
d'éléphants, notamment le facteur sexe qui s'est
révélé lors de l'analyse de nos données.
A une différence perceptible, la saisonnalité de
mouvement n'est pas la même d'un individu à un autre.
L'éléphant mâle Nzamba se rapproche le plus, dans
les 100m, durant les mois de décembre où le pic est atteint et
février pour ensuite revenir les mois d'avril et Juin ; or en
juillet et août il est quasiment absent. Cette irrégularité
pourra démontrer que cet éléphant a une alimentation
sélective autour des villages car le mois de décembre correspond
à la récolte de l'arachide, maïs et ignames sachant que les
éléphants se nourrissent des feuilles d'arachide, de maïs et
de tubercules d'ignames. Le mois de février et avril correspondent
à la période de récolte de la banane plantain et juin est
le mois où les populations récoltent l'igname et l'ananas. A une
distance plus éloignée du village notamment 500 m et 1 km
environ, il se dessine une saisonnalité bien distincte de rapprochement
de cet éléphant. Les mois de rapprochement sont novembre,
décembre et juin, ce qui correspond à la période de saison
sèche et de récolte d'arachide et de maïs.
Mais pour ce qui concerne la femelle Amelia, il existe par contre une
saisonnalité en toutes distances (100 m, 500 m et 1 km), son mois favori
de rapprochement majoritaire reste celui d'août suivi des mois de mars et
avril dans les 500 m du village et à 1 km de rapprochement. Il se trouve
que c'est en saison de pluie qu'elle se rapproche le plus, donc pendant les
couples de mois de mars-avril et août-septembre. Les
préférences de ces mois pour cet éléphant ne sont
pas anodines, en effet, les mois de mars et avril correspondent à la
période de récolte de manioc autrement dit c'est la
période de maturité de la plante, ou les feuilles sont belles et
en bonne état dû aux multiples précipitations qui les
nourrissent en eau. C'est aussi généralement en cette
période que les femmes du village vont couper les feuilles de manioc
pour la consommation familiale et quelques fois pour les vendre à
Makokou. Il n'est pas rare d'observer les traces de passage
d'éléphants dans les champs en ces temps-là.
En combinant les données des deux
éléphants pendant une année sur une distance de 100 m, on
se rend compte que le pic de visite des plantations s'observe pendant le mois
d'août. Or c'est en août que les villageois apprêtent leur
plantation et mettent en terre les cultures qui vont recevoir les
premières pluies de septembre bien qu'en cette période on
récolte les derniers régimes de banane chétifs pour une
consommation. Cela dit, le vecteur de rapprochement des éléphants
à cette période de l'année est la disponibilité de
la banane. La perception de la population sur le CHE et sur les
activités menées dans le village est un facteur à tenir
compte dans le combat pour la résolution du conflit.
La perception des populations sur le problème a permis
d'explorer en profondeur la nature et la magnitude de l'impact social dû
au CHE et discerner si le point de vue des populations locales sur l'impact
social de la conservation des éléphants est juste ou
équitable, car les initiatives de la conservation sont souvent
critiquées par rapport à leur impact sociaux-économiques
qui sont souvent qualifiés d'injustes. Cette injustice peut souvent
avoir des résultats défavorables sur les populations locales et
leurs subsistances.
Des interviews semi directifs ont été
menées dans 7 localités dont 3 regroupements de villages et 4
villages qui donnent en totalité 10 villages. Nous avons de même
fait des observations directes des plantations pour avoir une idée sur
l'impact des dégâts et de la distance des plantations. De
même, nous avons croisé des informations qualitatives. Le manioc
et la banane sont les cultures les plus dévastées selon
l'enquête sociale et cette assertion est confirmée par plusieurs
études (
Fairet, 2012 ;
Nse
Nkoghe, 2019). Les plantations se rapprochent de
plus en plus des villages, on est en moyenne à 449 m du village. Les
intrusions des éléphants sont plus fréquentes en saison de
pluie car c'est la période de développement des bananiers et de
récolte de feuilles de manioc et de plusieurs autres plantes et
légumes.
Nous pouvons affirmer que les mouvements des
éléphants autour des villages sont liés à la
disponibilité des sources alimentaires au cours de l'année. Ils
suivent le cours des saisons de cultures et de récoltes des plantes.
Paradoxalement la saison pluvieuse est le moment ou la destruction des cultures
est la plus accentuée, cette période correspondant à la
récolte des cultures villageoises prisées par les
éléphants. On sait très bien que cette période
pluvieuse est aussi la période de fructification d'abondantes
espèces d'arbres consommés par les éléphants.
Il y a plusieurs études qui se penchent sur le CHE,
malgré tout, le problème persiste. Plusieurs méthodes ont
été expérimentées sans résultats
conséquents. Il faut que l'on regarde de même ce problème
en amont, autrement dit à sa racine, son origine et sa base qui sont
consolidés par des défis économiques. L'exploitation
forestière reste la plus grande activité anthropique qui
influence le mouvement des éléphants. C'est pourquoi les cherches
doivent se focaliser dessus. Il est important que de profondes études
sur l'implication de l'exploitation forestière sur le mouvement des
éléphants soient menées.
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ANNEXES
1- Réalisation : Walter Mbamy, 2020
a. Evaluation financière des dédommagements
par village
1- b. Quantité de cultures dévastées
par village
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
2- Lettre de recommandation du Département de
Géographie
3- Fiche de constat des dégâts causés
par la faune sauvage
4- Planche photo 8: Plantations à
proximité des maisons
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Photo 6: Manioc planté autour d'une maison
inachevée à Ebessi
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Photo 5: Champ de manioc derrière la maison à
Mbes
Photo 1: Bananerai derrière la maison à
Simintang
Photo 2: Champ de maïs à côté des
toilettes à Mbes
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Photo 3: Champ de manioc clôturé à Mbes
Cliché : Walter Mbamy, 2019
Photo 4: Champ de manioc en bordure de route à
Ntsibelong
Cette planche photographique présente la
proximité qu'ont désormais les plantations aux maisons. On y
trouve de tout à l'intérieur (manioc, maïs, arachide,
banane, etc.). On retrouve le manioc généralement partout,
Ebessi, Mbes etNtsibelong, de la bananeà Simintang et du maïs
à Mbes
5- Cartes de la visualisation spatiale de distance de
rapprochement des éléphants
6- Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Graphiques montrant le lien entre la présence des
éléphants et la disponibilité des cultures
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
7- a. Exemple de données brutesdes crottes
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
7-b.
8- Partie brute des données des colliers
GPS
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
9- Réalisation : Walter Mbamy, 2020
Questionnaire
Réalisation : Walter Mbamy, 2020
DES ILLUSTRATIONS
TABLES DES ULLISTRATIONS
Figure 1 : Carte de localisation de la zone
d'étude
11
Figure 2: Carte géologique du Gabon
20
Figure 3 : Bassins versants de l'Ivindo
22
Figure 4 : Carte des zones d'enquête
45
Figure
5 : Carte des transects autour des villages du département de
l'Ivindo
52
Figure
6 : Carte de représentation spatiale des crottes par transects
54
Figure
7 : Tracé des deux éléphants de notre étude
58
Figure
8 : Carte de la densité des points par village
61
Figure 9 : Densité Kernel des deux
éléphants Amelia et Nzamba en %
62
Graphique 1 : Méthodologie suivie.
46
Graphique 2 : Distribution des crottes par
villages
53
Graphique 3 : Visitation à 100m des
éléphants dans les 24h
59
Graphique 4 : Distance d'approche des
éléphants la plus importante
60
Graphique 5 : Graphiques des visites mensuelles
des éléphants à 100m et 500m
63
Graphique 6 : Visitation annuelle à 100
m des villages
64
Graphique 7 : Activités principales des
populations
67
Graphique 8 : Evolution du nombre de
plantation
69
Graphique 9 : Période de culture et de
récolte des cultures
70
Graphique 10 : Nombre de visite des
éléphants dans une année
71
Graphique 11 : Nombre de visite des
éléphants entre 2016 et 2019
72
Graphique 12 : Méthodes de dissuasion
utilisées par les populations
73
Graphique 13 : Pourcentage des arbres
mangés par les éléphants autour des villages
78
Graphique 14 : Facteurs de rapprochement des
éléphants
79
Graphique 15 : Facteurs de rapprochement des
éléphants selon le sexe des répondants
81
Graphique 16 : Facteurs de rapprochement des
éléphants selon la perception des villages
82
Graphique
17 : Visite des éléphants selon les saisons
83
Graphique 18 : Solutions proposées par
les populations
88
Graphique 19 : Solutions proposées par les
populations selon le sexe
89
Tableau 1 : Population de la province de
l'Ogooué-Ivindo selon les départements
27
Tableau 2 : Groupes ethniques de la province de
l'Ogooué-Ivindo
28
Tableau 3 : Evaluation financière des
pertes par village au deuxième trimestre 2018
33
Tableau 4 : Nombre et densité des crottes par
village de la zone d'étude
55
Planche
photo 1 : Faune du Parc National de l'Ivindo
25
Planche
photo 2 : Types d'habitats des villages de l'Ogooué Ivindo
29
Planche photo 3 : Butin de chasse exposé
aux abords de la route pour la vente
31
Planche photo 4 : Signe présence des
éléphants
36
Planche photo 5 : Infrastructures et villages
abandonnés à cause des éléphants
38
Planche
photo 6 : Inventaire des crottes d'éléphants
42
Planche photo 7: Fruits et palmier consommés
par les éléphants
77
Planche photo 8: Plantations à
proximité des maisons
107
Image
satellite 1 : Observation des mouvements des deux éléphants
à collier de notre étude.
42
TABLE DES MATIERES
DÉDICACES......
i
REMERCIEMENTS
ii
SIGLES ET ACRONYMES
iv
SOMMAIRE......
v
INTRODUCTION
GÉNÉRALE 6
I- JUSTIFICATION DU SUJET 7
1-Objet et champ d'étude 7
2-Contexte........... 7
3-Localisation spatio-temporelle 8
4-Intérêt du sujet.....
x
5-Objectif général..
x
6-Objectifs spécifiques
x
II- APPROCHE PROBLÉMATIQUE
12
1-Problématique.....
12
2-Questions de recherche
13
2.1- Question principale
13
2.2- Questions secondaires
13
3-Hypothèses........
13
III- APPROCHE THÉORIQUE ET ANNONCE DU
PLAN
13
1-Cadre théorique..
13
2-Annonce du plan.
15
PARTIE I :........
16
PRÉSENTATION DE LA ZONE
D'ÉTUDE, ÉTAT DES LIEUX DES CONFLITS HOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE
DE L'OGOOUÉ-IVINDO ET APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE.
16
CHAPITRE I : CARACTÉRISTIQUES
PHYSIQUES ET HUMAINES DE LA ZONE D'ÉTUDE
18
I.1. Facteurs physiques de la zone
d'étude
18
I.1.1. Pluviométrie et
Température
18
I.1.2. Relief et
végétation
18
I.1.3. Hydrographie et faune du PNI
21
I.2. Traits humains de la zone de
Makokou
26
I.2.1. Contexte historique de la ville de
Makokou
26
I.2.2. Peuplement et groupes ethniques
26
CHAPITRE II : ORGANISATION HUMAINE DE
LA ZONE D'ÉTUDE ET DESCONFLITS HOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE DE
L'OGOOUE-IVINDO.
26
II.1. Population, type d'habitat et
activités socio-économiques
28
II.1.1. Population
28
II.1.2. Type d'habitat
28
II.1.3. Activités
socio-économiques
30
II.2. Aperçu du Conflit Homme-Faune dans
l'Ogooué-Ivindo
32
II.2.1. Répartition des plaintes et
Evaluation de pertes par village
32
II.2.3. Animaux incriminés
34
II.2.4. Description de
l'éléphant
34
II.2.5. Antipathie villageoise sur
l'éléphant
37
CHAPITRE III : APPROCHE
MÉTHODOLOGIQUE
40
III.1 Délimitation de la zone
d'étude et inventaire des données
40
III.2. Les
données utilisées
41
III.2.1. Les données des crottes des
éléphants
41
III.2.2. Les données spatiales
43
III.2.3. Les données
d'enquêtes
43
III.3. Traitement et méthode
d'analyse
44
III.4. Considération
éthique
46
III.5. Difficultés
rencontrées
47
CONCLUSION DE LA PARTIE
48
PARTIE II :
49
LIENS ENTRE ACTIVITÉS HUMAINES ET
MOUVEMENTS DES ÉLÉPHANTS ET PRÉSENTATION
DESRÉSULTATS
49
CHAPITRE IV : DISTRIBUTION DES CROTTES
ET MOUVEMENTS SPATIAUX DES ÉLÉPHANTS AUTOUR DES
VILLAGES
51
IV.1. Données historiques des crottes
d'éléphants
51
IV.1.1. Transect de collecte
51
IV.1.2. Gradient de distribution spatiale des
crottes par village
53
IV.1.3. Estimation de la densité
d'éléphants
56
IV.2. Saisonnalité des mouvements des
éléphants
56
IV.2.1. Rapprochement des
éléphants autour des villages par jour
59
IV.2.2. Rapprochement annuel des
éléphants autour des villages
63
CHAPITRE V : LA SAISONNALITÉ DU
CONFLIT HOMME-ÉLÉPHANT AUTOUR DU PNI
66
V.1. Activité agricole et CHE
66
V.1.1. Agriculture dans les villages
66
V.1.2. Déprédation par les
pachydermes
70
V.1.3. Autres arbres que les
éléphants mangent
77
V.2. Perception des populations sur le Conflit
Homme-Éléphant
78
V.2.1. Facteurs des rapprochements
78
V.2.2. Saisonnalité des visites
d'éléphants dans les champs
82
CHAPITRE VI : DISCUSSION ET
PERSPECTIVES
85
VI.1. Discussion
85
VI.1.1. Distance de rapprochement des
éléphants
85
VI. 1.2. Facteurs de rapprochement des
éléphants
86
VI.1.3. Solutions proposées par les
populations
86
VI.2. Perspectives
90
VI.2.1. Sur le plan de la conservation
90
VI.2.2. Sur le plan de la recherche
scientifique
91
CONCLUSION DE LA PARTIE
92
CONCLUSION
GÉNÉRALE
93
BIBLIOGRAPHIE.....
97
ANNEXES.............
104
TABLES DES ULLISTRATIONS
118
TABLE DES MATIERES
120
* 1Rapport du forum National
sur les Conflits Homme-Faune au Gabon, Libreville, 6-7 Juillet 2015
* 2 RopiviaMarc Louis, 2007
« Manuel d'initiation à l'Épistémologie de
la science Géographique : Ecocide et déterminisme
anthropique », l'Harmatan, p.14
* 3 Ce calcule a
été effectué sur la base des prix des pieds de plantes
homologués par le Ministère de l'Agriculture.
* 4Etude menée par
Nicholas School of the Environment, de l'Université de
Duke. Et financéeparUS Fish and Wildlife, 2015-2017
* 5Disparition progressive
des animaux. Dans cette étude il s'agissait de mesurer le gradient de
diminution de la faune sauvage en partant des villages.
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