SOMMAIRE
SOMMAIRE
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DEDICACE
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REMERCIEMENTS
iii
LISTE DES TABLEAUX
iv
LISTE DES SCHÉMAS
iv
LISTE DES PHOTOS
iv
LISTE DES GRAPHIQUES
iv
LISTE DES ANNEXES
iv
LISTE DES SIGLES
v
RÉSUME
vi
ABSTRACT
vii
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
PREMIÈRE PARTIE : LES MOTIVATIONS DE
L'ETHNICISATION POLITIQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG
33
CHAPITRE 1 : ETHNICISATION POLITIQUE COMME
VOLONTÉ MANIFESTE DE CONTRÔLE POLITIQUE
35
CHAPITRE 2 : POIDS DES CONSTRUCTIONS SOCIALES
SUR L'ETHNICISATION POLITIQUE À DSCHANG
44
DEUXIÈME PARTIE : INFLUENCE DE
L'ETHNICISATION POLITIQUE SUR LA PARTICIPATION POLITIQUE ET LE VIVRE
ENSEMBLE
54
CHAPITRE 3 : PARTICIPATION POLITIQUE FACE
À L'ETHNICISATION POLITIQUE
56
CHAPITRE 4 : LA QUESTION DU VIVRE ENSEMBLE FACE
À L'ETHNICISATION POLITIQUE
67
CONCLUSION GÉNÉRALE
82
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
87
ANNEXES
92
TABLE DES MATIÈRES
107
À
MES PARENTS :
KAMDEM DAVID Dodel
et
MEKOGUEM Angeline
REMERCIEMENTS
La mise sur pied de ce document n'aurait pas été
possible sans la contribution de plusieurs personnes. Ainsi, nos remerciements
vont à l'endroit de tous ceux qui nous ont aidé à,
élaborer et finaliser ce mémoire. Le soutien a été
multidimensionnel, se déclinant sous l'aspect académique,
matériel, moral et spirituel. Ainsi, nos remerciements vont à
l'endroit de :
L'encadreur, le Dr Valentin NGOUYAMSA, qui n'a
ménagé aucun effort pour améliorer la qualité
scientifique de ce travail depuis la conception jusqu'à la
réalisation, afin qu'il tende vers la perfection. Nous lui disons toute
notre reconnaissance.
Les Professeurs Jean-Émet NODEM et Alain Roger BOULLA
MEVA'A, les Docteurs Mathias ATSATITO, Vivien MELI MELI, ISMAÏLA DATIDJO,
qui nous ont constamment apporté une assistance cognitive, afin que ce
mémoire prenne forme. Leurs conseils permanents nous ont permis
d'améliorer la qualité de cette recherche.
Les différentes personnes ressourcesqui par leurs
participations ont contribué à réaliser la base empirique
sur laquelle s'appuie cette étude. Nous leur disons toute notre
reconnaissance.
Les doctorants, Trésor FOBASSO, Félix HABIT
TANKEU, Karim NANA, pour leur accompagnement constant, leurs critiques et
idées qui ont contribué à rendre ce travail plus
intelligible.
Les camarades de promotion qui ont contribué par leurs
remarques constructives à la qualité de ce mémoire.
Au personnel de la cellule informatique de la Faculté
des Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Dschang qui nous a
permis d'améliorer la mise en forme de notre travail.
À la communauté ecclésiastique de
l'Église Messianique et Évangélique du Cameroun,
assemblée de Dschang et au pasteur Jean-Louis ESSOUMA pour leur soutien
spirituel.
Enfin, aux amis Michaël ASSILKINGA, Christian TESSA,
Elvis Justin TADJO, Pauline BEMO et maman Reine EVINA pour leurs encouragements
et le soutien multiforme.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Construction du
concept d'ethnicisation politique
4
Tableau 2: Construction du
concept du vivre ensemble
24
Tableau 3 : Taille de
l'échantillon
28
Tableau 4: Matrice
synthétique du projet de recherche
30
Tableau 5: Analyse
synthétique de quelques discours recueillis sur les motivations de
l'ethnicisation politique à Dschang
37
Tableau 6: Croisement entre
l'appartenance ethnique et l'appartenance politique de quelques
enquêtés
47
Tableau 7: Synthèse
des discours sur la participation politique face à l'ethnicisation
politique
58
Tableau 8: Variation du taux
d'abstentionnisme selon le sexe
63
Tableau 9: Synthèse
des discours sur le vivre ensemble face à l'ethnicisation politique
69
Tableau 10: Discours
synthétiques sur la distanciation entre les peuples
72
Tableau 11: Synthèse
des discours sur l'inégalité dans le partage des ressources et le
favoritisme
75
Tableau 12 : Synthèse
des perceptions du vivre ensemble à Dschang par les populations
76
LISTE DES SCHÉMAS
Schéma 1:
Schéma d'analyse
4
Schéma 2:
Représentation récapitulative des motivations
dans l'ethnicisation politique à Dschang
52
LISTE DES PHOTOS
Photo 1:
Présumé sardinard circulant sur internet
4
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1:
Hiérarchisation des motivations dans l'ethnicisation
politique
4
Graphique 2:
Représentation des enquêtés par sexe
63
Graphique 3: Tendances
concernant la participation politique face à l'ethnicisation
politique
66
Graphique 4: Tendance
concernant le vivre ensemble face à l'ethnicisation politique
78
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1: Guide
d'entretien
4
Annexe 2: Liste des
enquêtés
94
Annexe 3:
Récapitulatif de la recherche
95
Annexe 4 :
Synthèse des transcriptions
97
LISTE DES SIGLES
MINEPAT : Ministère de
l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du
Territoire
MINJEC : Ministère de la
Jeunesse et de l'Éducation Civique
MRC : Mouvement pour
la Renaissance du Cameroun
RDPC : Rassemblement
Démocratique du Peuple Camerounais
ASA : Action Sociale Africaine
FLSH : Faculté des Lettres et
des Sciences Humaines
AFC : Alliance Franco-Camerounaise
RÉSUME
L'Arrondissement de Dschang comme toutes les autres
sociétés du Cameroun et même d'Afrique, est marqué
par le phénomène ethnique qui influence son fonctionnement. Au
Cameroun, en Afrique et dans le monde en général, les
préoccupations ethniques ont toujours existé. Elles sont au
centre des débats et deviennent au fil du temps un maillon importantdans
la compréhension des logiques des sociétés. C'est ainsi
que dans l'Arrondissement de Dschang, elles sont présentes et arrive
même à structurer la vie dans cette partie du pays. La politique
qui est l'instrument de gestion de la cité devient prise en
captivité par les ethnies. Ainsi, le problème que soulève
cette étude est celui de la problématique d'une cohésion
sociale face à l'ethnicisation du champ politique. Ce travail a donc
pour objectif de montrer en quoi est-ce que l'ethnicisation du champ politique
contemporain contribue à la détermination des comportements et
attitudes politiques dans l'Arrondissement de Dschang. Dans l'optique de cerner
les contours de la question à travers une approche compréhensive,
les théories du fonctionnalisme relativisé et de
l'interdépendance nous ont servi de grille de lecture et permis
d'analyser et de comprendre le phénomène étudié.
Ainsi, de ce travail il ressort que l'ethnicisation du champ politique est
motivée par une volonté manifeste de contrôle politique
à travers la formation d'un fief, d'une base. Ensuite, il en
découle une reconfiguration de la participation politique des
populations à travers l'adoption des comportements comme
l'abstentionnisme et le désintérêt pour la chose politique.
Dès lors, le vivre ensemble, mieux la cohésion sociale, semble
être plus un slogan qu'une réalité, son
implémentation est problématique au milieu d'un champ politique
ethnicisé.
Mots
clés :ethnicisation,ethnicisation politique, participation
politique, vivre ensemble
ABSTRACT
Like all other societies in Cameroon and even in Africa, the
Dschang Subdivision is coloured by the ethnic phenomenon that influences its
functioning. Ethnicity which once wasn't more considered, is at the center of
debates and over time, it becomes an important link in the understanding of
society's logics. Thus, it is present in Dschang Subdivision, and manages to
structure life in that part of the country. Politics which is the instrument
of city management becomes an instrument taken in captivity by ethnicity. Then,
this work aims to show in which measure the ethnicization of contemporaneous
political field contributes to determine political behaviors and attitudes in
Dschang Subdivision. With a view to define the border lines of the question
through a comprehensive approach, theories of relativized functionalism and
interdependency served us as reading grid; they allow us to analyse and
understand the phenomenon under study. Thus, this work shows that political
ethnicization is motivated by a clear desire for political control through the
formation of a fiefdom. Then, this means a reconfiguration of the political
participation of the populations through the adoption of behaviors such as
abstentionism, the lack of interest in politics. Therefore, living together is
more a slogan than a reality, its implementation is problematic in the midst of
ethnicized political field.
Key words:ethnicisation, political
ethnicization, political participation, living together
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1. Contexte et justification de
recherche
Le Cameroun est l'un des pays où le vivre ensemble est
prôné. Sa vision à l'horizon 25-30 ans est celle d'un
pays « émergent, démocratique et uni dans sa
diversité »1(*). Cette assertion manifeste l'importance de
l'unité et de la démocratie pour le développement du
Cameroun. Même si ces deux idéaux sont placés sur un
même pied d'égalité avec l'émergence, il faut dire
que d'un point de vue stratégique, cette dernière est davantage
une conséquence des deux premières. En effet,
La vision systématise les aspirations et visions
exprimées par les différents acteurs à travers : une
nation unie, solidaire et jouissant d'un environnement de paix et de
sécurité ; Une démocratie réelle, forte et
juste ; une administration décentralisée et au service du
développement ; une jeunesse camerounaise bien formée et assurant
la relève ; un accès de tous aux services sociaux de base de
qualité, Une allocation équitable des ressources entre villes et
campagnes et entre les régions du pays 2(*).
Cette interpellation a suscité l'action de recherche en
sciences sociales et humaines, car ces idéaux intéressent
l'Homme et la société. D'une part, l'unité nationale,
au-delà d'être une construction qui fait appel à la
participation de tous, implique un processus de mise en commun des
différentes composantes de la société :
Régions, ethnies, cultures, générations, sexe, classes
sociales, civiles et militaires, corporations, opinions, religions, entre
autres. D'autrepart, la démocratie tire son essence de la
liberté, de l'égalité et de la souveraineté du
peuple camerounais. Ainsi, comme l'a reconnu la stratégie
gouvernementale de développement, le premier des enjeux dans la ligne de
mire de l'émergence est celui de la consolidation du processus
démocratique et du renforcement de l'unité nationale.
Le défi majeur ici est la réduction de
l'hétérogénéité, des forces centrifuges et
des velléités de replis identitaires. Le relèvement de ce
défi apparait logiquement comme le maillon fondamental dans la
consolidation de l'intégration nationale, de la paix, de la justice, de
la cohésion sociale, de la démocratie, bref, du vivre
ensemble. Ce que nous essayons de montrer à travers ce contexte est
la poursuite des études sur la cohésion sociale, sur
l'unité ethnique et tribale des peuples et sur le vivre ensemble au
Cameroun. Toute une structure a d'ailleurs été mise sur pied par
le système en place dans l'optique d'implémenter ce vivre
ensemble. Il s'agit notamment de la Commission Nationale pour la Promotion du
Bilinguisme et du Multiculturalisme. Ladite commission oeuvre, nous l'avons
dit, pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme au Cameroun dans
l'optique de maintenir la paix, de consolider l'unité nationale du pays
et de renforcer la volonté et la pratique quotidienne du vivre ensemble
de ses populations.
De plus, la réorganisation gouvernementale du 09
décembre 2001 a vu la création du Ministère de la jeunesse
et de l'éducation civique, dont la mission principale est
l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique du gouvernement dans
le domaine de la jeunesse, de l'éducation civique et de la promotion de
l'intégration nationale. L'éducation civique, tout comme
l'intégration nationale constituent les fondamentaux de tout
développement durable. Une république exemplaire passe par
l'assimilation, par tous les camerounais, des principes et valeurs que sont
entre autres l'amour de la patrie, la paix, la solidarité, le travail,
l'honnêteté, le respect, la tolérance,
l'intégrité. L'unité dans la diversité fait
allusion au respect des différences et des identités, au respect
des valeurs, au vivre ensemble harmonieux, bref, à l'intégration
nationale. Le vivre ensemble est la manifestation d'une vie d'ensembleconforme
au devoir et à la conscience morale. Il est également compris
comme la manifestation qui s'exprime dans les rapports interindividuels et les
agissements des personnes. À l'issue du colloque international sur
l'éducation civique et l'intégration nationale tenu à
Yaoundé du 08 au 10 juillet 2013 sur le
thème « Éducation civique et
intégration nationale, enjeux, défis et perspectives pour la
construction d'une république exemplaire »3(*), des recommandations ont
été formulées parmi lesquelles l'élaboration et la
mise en oeuvre des programmes sectoriels d'éducation civique et une
stratégie camerounaise d'intégration nationale.
En substance, l'intégration nationale vise à
former des citoyens enracinés dans leur culture, respectueux de
l'intérêt général, du bien commun, de
l'éthique et des valeurs démocratiques, soucieux du vivre
ensemble harmonieux et ouverts au monde4(*).
Cependant, l'observation faite dans le paysage politique
actuel au Cameroun est qu'il y a une certaine partition de la vie politique en
ethnies et une certaine adhésion à un parti politique suivant
l'ethnie du parti créé. L'on note un affrontement réel
entre les différents partis dans la conquête et la conservation du
pouvoir politique, et ce à tous les prix.
H-L MENTHONG5(*) disait que « la concurrence
entre partis politiques lors des compétitions électorales est
perçue comme étant une concurrence entre les différentes
communautés camerounaises dans la recherche de
l'hégémonie ». Les partis, lors de chaque
consultation électorale, cherchent à conserver leurs fiefs
électoraux tout en essayant d'étendre leur influence dans les
zones où celle-ci est faible. On peut donc parler d'une ethnicisation
des partis politiques au Cameroun en ce sens que l'adhésion à un
parti politique se voit influencée par l'ethnie d'appartenance.
Autrement dit, l'adhésion à un parti dans une certaine mesure se
fait sans tenir compte de l'idéologie et du programme politique du
parti. Au contraire, le facteur ethnique et tribal devient pesant dans le
choix d'un parti politique.
De plus en plus, la notion de fiefapparait avec insistance sur
la scène politique camerounaise, renvoyant un parti politique à
une ethnie et une Région du pays en particulier.D'ailleurs,
H-LMENTHONG6(*)parlait
déjà de fief électoral dans ses travaux sur le double
scrutin municipal et législatif de 1996. Même si le contexte est
bien différent de celui d'aujourd'hui, même si
l'applicabilité de ses recherches au contexte actuel est questionnable,
la logique actuelle ne s'écarte pas significativement des conclusions
qu'elle émet. C'est ainsi qu'au Cameroun quand on parle du
Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais(RDPC), l'on voit
directement son fief qu'est le Sud, pareil pour le Social Democratic Front(SDF)
qui renvoie au Nord-Ouest, l'Union Nationale pour la Démocratie et le
Progrès(UNDP) qui renvoie au Nord, le Mouvement pour la Renaissance du
Cameroun(MRC) qui renvoie à la région de l'Ouest, l'Union des
Populations du Cameroun(UPC) qui renvoie au Littoral.
Cette configuration ethnique voire régionale des partis
politiques au Cameroun nous donne à croire que tout avait
été prévu à l'avance, à savoir que la
plupart des ethnies que compte le Cameroun soient représentées
sur la scène politique par un parti politique ; mais aussi et
surtout, elle renseigne sur le caractère instable des comportements et
attitudes politiques des acteurs. L'actualité témoigne en notre
faveur en ce sens où le Cameroun sort fraîchement d'une
période électorale pendant laquelle le fief électoral
s'est avéré être une véritable réalité
sur la scène politique Camerounaise.
Étant donné que les minorités ethniques
sont une évidence au Cameroun, MPAGE7(*) affirme :
La gestion démocratique du pluralisme doit viser
toujours à atteindre le plus large consensus possible, ce qui signifie
que l'adhésion des minorités est partie de ce consensus. À
cette condition, on peut être assuré que la place faite aux
différences dans le fonctionnement des institutions sera aussi grande
que le maintien de la cohésion sociale le rend possible.
Dans une société multiculturelle, la
problématique de la cohabitation et de l'intégration de
différents segments sociologiques est un défi quotidien pour les
gestionnaires de la cité. Il semble dès lors que la prise en
compte des composantes ethniques, linguistiques, religieuses, politiques et
économiques qui constituent la société dans son ensemble
représenterait en atout. ALAWADIZelao8(*) disait que «sur le chemin de
construction nationale, il n'y a plus de Bamiléké, de
Béti, de Kirdi, d'Anglo-bami, de bassa.... Désormais il n'y a que
des Camerounais tout court... Ainsi, les particularismes socioculturels sont
appelés à disparaître pour faire place à
la conscience nationale ».
2. Problème de
recherche
Le vivre ensemble se trouve au jour le jour questionné
au vue de l'actualité camerounaise. La situation actuelle
révèle que dans certaines Régions du pays,il se vit des
tensions d'ordre ethnique, tribal, linguistique (en l'occurrence la crise dite
anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest) qui
favorisent le repli identitaire des uns et des autres. Dans ces conditions, les
individus, loin de rechercher l'entente avec leurs compatriotes, entrent
plutôt dans une sorte de compétition, d'affrontement (physique,
verbal) pour la satisfaction de leurs besoins et pour une meilleure
visibilité.
Tout à côté de cette crise anglophone,
nous notons la naissance sur le champ politique de deux notions à
savoir : « Tontinards » et
« Sardinards », notions nourries lors de la récente
échéance électorale d'octobre 2018. Ces notions
utilisées pour catégoriser les peuples ont et continuent de
susciter beaucoup de polémiques sur les réseaux sociaux. Bien que
la période électorale soit passée, ces notions ont
laissé des stigmates et des séquelles dans la cohabitation
mutuelle au Cameroun, notamment entre l'ethnie béti et celle
bamiléké. C'est entre autre l'une des tensions qui créent
une véritable barrière (psychique et ontologique) à
l'unité sociale du pays car à y voir de près, ces notions
de « Tontinards »
et « Sardinards » n'ont pas systématiquement
disparu du champ politique et de la conscience collective. Bien que se
côtoyant et communiquant mutuellement, il y'a comme une cassure, une
barrière psychique réelle dans le processus
d'interaction des populations ; ces notions influent encore de
manière subtile sur les uns et les autres. Cependant, le constat fait
est celui selon lequel la vie politique est traversée par une
réalité ethnique. L'ethnicisation des partis politiques au
Cameroun est une réalité et elle a fait paraitre sur la
scène politique la notion de Fief électoral. Ceci implique que
chaque parti politique aurait un terroir acquis à sa cause.
Également, les notions de
« Tontinards » et de « Sardinards »
évoquées plus haut témoignentdes mécanismes non
réglementaires d'acquisition des suffrageset de la séparation des
partis politiques en ethnie.L'actualité montre que, sont
qualifiés de « Tontinards » ceux qui appartiennent
au parti MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun) et de
« Sardinards » ceux qui militent pour le RDPC
(Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais). Pour être plus
clair et précis, « Tontinards » renvoie aux
Bamilékés puisque ce peuple est reconnu pour la pratique de
tontine; et « Sardinards » fait référence aux
bétis, car le parti auquel est collée cette étiquette est
dirigé par un fils béti. Cette nouvelle dichotomie de la
scène politique camerounaise, dans un sens plus large, peut être
un élément de compréhension des attitudes radicalistes des
uns et des autres. Dans des jeux de mots, principalement sur la toile, chacun
défend sa position ; il y a comme une sorte de repli identitaire
qui anime les uns et les autres.
Cette partition des partis politiques en ethnie amène
à se questionner sur le but escompté par les acteurs du champ
politique camerounais. D'un point de vue réaliste, la remarque est qu'il
y'a comme un paradoxe implicite ou explicite qui se crée au sein du
champ politique contemporain. Il ne se perçoit pratiquement pas
d'adéquation entre la situation escomptée qu'est la quête
d'un vivre ensemble et les pratiques quotidiennes ; elles naviguent
à contre-courant de cette fin. Cette configuration ethnique des partis
politiques au Cameroun est comme une épine dans la chaussure etpourrait
empêcher toute possibilité d'un vivre ensemble. Ce dernier est mis
en péril au nom de l'acquisition des suffrages, et des querelles
politiques comme cela a été le cas lors du récent scrutin
électoral. Avant, pendant et au lendemain d'un tel spectacle
électoral, les militants des partis en arrivent à créer
des barrièresontologiques et psychiques avec l'autre. Les agitations des
réseaux sociaux sont une preuve démontrant une incapacité
de vivre avec l'autre quoiqu'appartenant à la même nation. L'on en
arrive à penser que si ces agitations et ces échanges
n'étaient pas que fictifs, virtuels mais aussi corporels et physiques,
l'on assisterait à des dommages graves pouvant conduire à la
limite aux effusions de sang, à un génocide entre acteurs. Les
périodes électorales deviennent donc des périodes
où l'on note un affrontement identitaire réel. La période
électorale rime le plus souvent avec violences interethniques. Loin
d'être un moment de confrontations politique et idéologique, elle
est un temps de réactivation des conflits identitaires et de
construction d'une identité nationale plurielle où les clivages
communautaires resurgissent avec acuité dans l'espace public.
3. Problématique
Un certain nombre de questionnements sont suscités
dans ce mémoire,questionnement qui d'avantage nourrit le désir et
la curiosité d'investiguer sur cette thématique. Dans cette
partie donc, il est question de présenter les différentes
questions de recherche, hypothèses de recherche et objectifs de
recherche qui orienteront notre travail.
3.1. Questions de recherche
Le contexte qui environne notre étude, le
problème qu'il soulève suscite un certain nombre de questions qui
peuvent être déclinées en une question principale et trois
questions secondaires.
3.1.1.Question principale de
recherche
La question principale retenue dans ce travail est la
suivante :
En quoi l'ethnicisation politique contribue-t-elle à
la détermination des attitudes et comportements politiquesdes
populations de l'Arrondissement de Dschang ?
3.1.2 Questions secondaires de
recherche
Elles se déclinent en trois à savoir :
- Quelles sont les motivations de l'ethnicisation
politiquechez les populations dans l'Arrondissement de Dschang ?
- Comment l'ethnicisation politique influence-t-elle la
participation politique des populations dans l'Arrondissement de Dschang ?
- Quelle est l'influence de l'ethnicisation politique sur le
« vivre ensemble » à Dschang ?
3.2 Hypothèses de
recherche
Les questions formulées ci-dessus nous ont permis de
formuler une hypothèse principale et trois hypothèses
secondaires.
3.2.1 Hypothèse
principale de recherche
Dans l'Arrondissement de Dschang, l'ethnicisationpolitique
contribue à accorder une certaine primauté à l'ethnie et
au groupe identitaire dans les tractations et les transactions politiques et
met en avant le facteur ethnique dans l'exercice du jeu politique local.
3.2.2 Hypothèses
secondaires de recherche
De cette hypothèse principale, découlent les
hypothèses spécifiques suivantes.
- Les motivations de l'ethnicisation politique dans
l'Arrondissement de Dschang sont entre autres la volonté
d'acquérir les faveurs de la population et ses suffrages à
l'occasion des échéances électorales.
- L'ethnicisation politique influence la participation
politique des populations à Dschang à travers les choix
opérés par ces derniers lors des périodes
électorales.
- L'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre
ensemble à Dschang est la création des clivages, des
discriminations et repli identitaire.
3.3 Objectifs de recherche
Nous avons dans le cadre de ce travail un objectif principal
et trois objectifs secondaires.
3.3.1 Objectif principal de
recherche
Montrer en quoi l'ethnicisation politique contribue à
la détermination des attitudes et comportements politiques des
populations de l'arrondissement de Dschang.
3.3.2 Objectifs secondaires de
recherche
- Identifierles motivations de l'ethnicisationpolitique dans
la ville de Dschang.
- Cerner l'influence de l'ethnicisation politique sur la
participation politique des populations à Dschang.
- Appréhender l'influence de l'ethnicisation politique
sur le vivre ensemble à Dschang.
4. Cadre théorique
Le cadre théorique de ce travail regroupe entre autre
une revue de la littérature pour s'imprégner des écrits
déjà effectués sur la question qui nous préoccupe
et les théories mobilisées pour ce mémoire.
4.1. Revue de littérature
Le thème que nous abordons dans ce travail n'est pas
nouveau. En effet, une fouille de la littérature a conduit vers certains
auteurs qui ont parlé de la question d'ethnicisation, de l'ethnie, du
tribalisme, des clivages ethniques, du vivre ensemble. Bref plusieurs auteurs
se sont succédés sur la question qui nous occupe dans ce travail
en abordant un aspect de celle-ci.
4.1.1 L'ethnicisation
politique
Dansses recherches, N MAYER9(*)analyse les modèles explicatifs du vote. Elle
entrevoyait déjà une certaine ethnicisation de la politique en ce
sens où le groupe ethnique d'appartenance influe sur la décision
politique des uns et des autres. Qui vote pour qui et pourquoi ? qu'est-ce
qui explique le choix électoral des uns et des autres ? Telles sont
les questions auxquelles, avec la collaboration d'autres experts, elle tente
d'apporter des esquisses de réponses. En ce qui concerne les
modèles explicatifs du vote elle nous fait remarquer l'existence du
modèle psychologique ou déterministe du vote. Bref, il y'a un
déterminisme social et culturel qui influence le comportement
électoral ; la société, la famille, le parti
politique déterminent le choix électoral des citoyens ; Le
choix est moins réfléchi, raisonné que
déterminé par ces facteurs.Malgré le fait que cet ouvrage
soit centré sur les sociétés non africaines, il est
révélateur et est source d'enrichissement pour notre
thème. Nousnous inspirerons des travaux de ce livre pour creuser
d'avantage notre sujet. Un exercice de réadaptation s'avère donc
important dans ce cas.
H-LMENTHONG10(*)dans son travail de recherche ne s'éloigne pas
tellement du travail de N MAYER, elle s'inscrit dans sa continuité car
elle nous présente le milieu politique comme étant sous l'emprise
du pouvoir ethnique au point d'en avoir une répercussion sur le choix
des citoyens lors des périodes électorales. Elle dévoile
le déterminant important du comportement politique qu'est le vote,
fortement dominé par l'appartenance ethnique.
L'idée principale de H-LMENTHONGici est celle selon
laquelle le vote au Cameroun, comportement politique et moyen par lequel les
représentants du peuple sont choisis, est influencé par les
groupes d'appartenances ethno-régionales et linguistiques. L'ethnie est
instrumentalisée à des fins de calcul politique en vue de
l'occupation des positions de pouvoir dans l'ordre dirigeant. Les
élections constituent donc un excellent cadre d'analyse de l'interaction
entre les partis politiques et les communautés ethno-régionales.
Le choix des citoyens ne repose des lors pas forcement sur les programmes
politiques des acteurs en compétition mais sur les avantages que la
conquête d'une position de pouvoir ou l'exercice d'un rôle
d'autorité par un membre de leur communauté d'appartenance
peuvent leur apporter en termes de gains, d'avantages politiques,
matériels et symboliques et la place que ladite communauté
occupera.
Par rapport à ce qui a été
soulevé, nous pouvons dire que H-L MENTHONGaborde un aspect de la
question qui retient notre attention dans ce travail à savoir que la vie
politique est ethnicisée et se transparait dans les choix
électoraux opérés par les électeurs. Cependant,
l'auteur semble réduire le comportement politique au vote uniquement or
il existe bien d'autres déterminants du comportement politique tout
aussi important qui nécessitent d'être relevés. Le vote
n'est qu'une forme de comportement politique conventionnel. À
côté du vote nous avons des formes non-conventionnelles du
comportement politique comme : les manifestations de rue, le terrorisme,
et la guerre. De plus, l'influence de groupe d'appartenance ne s'exerce pas
uniquement sur le vote. Comme l'a ditP ABOUNA11(*), même dans l'occupation de l'espace ainsi que
l'appartenance religieuse, l'ethnie joue un grand rôle qui n'est pas
à négliger. S'inspirant donc du travail de cet auteur, nous nous
proposons dans notre recherche d'analyser une autre forme d'influence de
l'ethnicisation politique sur le comportement politique des camerounais.
P ABOUNA 12(*), dans le chapitre quatre de son ouvrage,nous montre
à son tourà partir de l'exemple du Cameroun comment l'ethnie
fonde, plus que toute autre chose, la conduite humaine dans l'appartenance
politique et le choix des représentants du peuple en contexte multi
partisan.Inspiré de H-L MENTHONG, il ditqu'il y'a une configuration
ethnique des partis politiques en ce sens que pratiquement tout parti politique
soit parti d'une ethnie ou d'une région. La conséquence donc de
cette ethnicisation des partis politiques est l'ethnicisation des
revendications politiques. De manière plus explicite, l'auteur tout au
long de son travail démontre le pouvoir irréfutable de
l'ethnie ; ce que l'ethnie est capable de faire et de faire faire aux
hommes et aux institutions. Son idée est celle selon laquelle l'ethnie
détient un pouvoir coercitif qui est jusqu'ici ignoré,
c'est-à-dire, ce qui est en elle ordonne, impose ou dicte aux hommes de
faire telle ou telle chose, de poser tel ou tel acte. La vie politique est
ethnicisée nous ledit l'auteur de par la configuration ethnique des
partis politiques.
L'auteur est innovateur dans son travail car il fait ressortir
l'aspect coercitif de l'ethnie à divers niveaux de la vie politique
ainsi que les formes d'ethnicisation au Cameroun.Aveclui nous sommes d'avis sur
le fait que le milieu politique a été et est influencé par
des logiques ethniques. Cependant, notre projet de recherche va au-delà
de ça car en plus de vouloir montrer que l'ethnie détient un
pouvoir coercitif qui touche la quasi-totalité de la vie en
société, chose déjà approuvée et
évidente, nous cherchons ses influences sur le comportement politique
des camerounais.De manière plus claire nous recherchons l'influence que
la récupération d'un parti politique par les membres d'une
même ethnie peut avoir sur la cohésion sociale au Cameroun.De
plus, le contexte de cette recherche est bien différent de celui pendant
lequel l'auteurmenait ses travaux. Le climat actuel du pays est propice
à notre étude car il révèle un champ politique
fortement ethnicisé. De plus, le Cameroun sort fraîchement d'une
élection présidentielle qui nous a fourni assez
d'éléments nouveaux et pertinents pour étayer notre
travail.
Un travail plus récent sur la question d'ethnicisation
du champ politique est celui de V NGOUYAMSA et T FOBASSOGUEDJO 13(*). Se basant sur des faits plus
proches et récents à savoir l'échéance
électorale du 7 octobre 2018, ils essayent de comprendre
l'élection au Cameroun. Est-ce un moment de liberté d'expression
ou de revendications politiques ? Telle est la question qui sous-tend leur
recherche. Sans s'écarter des auteurs précédemment
évoqués, ils aboutissent à la conclusion que le champ
politique est ethnicisé car malgré le contexte
d'intégration nationale, l'ethnicité constitue encore un levier
sur lequel les acteursdu champ politique s'appuient pour animer le champ de
compétition électoral et construire une dynamique de mobilisation
et d'affrontement.
4.1.2 Réalité de
la différence entre les sociétés et les Hommes
MWEIVIORKA14(*), montre que l'expérience de
la différence et celle de l'altérité se sont
accompagnées, depuis longtemps des tensions et des violences. Les
sociétés sont marquées par une différence de
culture, de personnalité, de tradition, de pratique ; Ce qui
entraîne ou alors peut entraîner ce que SHUNTINGTON appelle
« le choc des civilisations »15(*). Chacun de nous venons de
quelque part (campagnes, villages...etc.), nous appartenons à une
société particulière (occidentale, Africaine...etc.), bref
nous avons été forgés d'une certaine façon et une
personnalité de base16(*) nous a été donnée. Si la
différence culturelle est devenu préoccupante c'est pour la
raison qu'elle est fondatrice de tensions, de conflits, de violences et
d'antagonismes qui mobilisent toutessortes d'acteurs au coeur de nos
sociétés et qui questionnent notre capacité à vivre
ensemble17(*). La
connaissance que nous propose ce travail nous renseigne sur les
différences qui existent dans nos sociétés, chose qui nous
sera utile dans l'élaboration de notre mémoire. De plus, à
partir de cet ouvrage, nous allons à travers un effort d'appropriation
adapter la notion de différence à notre thème.
Allant dans le même sens, R GMÜNDER et J-B
KENMOGNE18(*), montreront
à leur tour que la différence est présente c'est ainsi
qu'on pourrait parler de différence tribale, ethnique. Ils traitent de
la question du tribalisme et des moyens les plus efficaces pour bannir cette
pratique, du moins, pour limiter ses actions néfastes.
D'entrée de jeu, les auteurs nous dresse une liste de
conflits et d'affrontements d'ordre ethniques et tribales, pour ainsi montrer
à quel point ces phénomènes sont présents à
tous les niveaux de la vie (politique, religieuse, sociale) et constituent une
réelle problématique. Ils montrent aussi que le tribalisme est en
nous et se manifeste par les stéréotypes et
préjugés, la généralisation, les boucs
émissaires, et le sentiment de persécution. En ce qui concerne le
contexte environnant, pour comprendre vraiment le tribalisme, il faut aussi se
pencher sur les structures sociales. Le tribalisme selon cet ouvrage
revêt plusieurs formes concrètes. C'est ainsi que dans la famille,
à l'école, dans l'administration, dans la recherche d'un emploi,
dans la culture, dans le sport, les migrations et l'accès à la
terre, dans la constitution, dans les partis politiques, le tribalisme est
présent. À l'épilogue de leur travail, R
GMÜNDERetJ-BKENMOGNE proposent des pistes d'action dans l'optique de
combattre et de vaincre le tribalisme. Deux principes sont à retenir
dans cette lutte : toujours commencer la lutte par soi-même,
commencer la lutte par sa propre tribu ; combattre le tribalisme partout
et toujours c'est-à-dire non seulement lorsqu'on est perdant et que l'on
est victime mais également lorsqu'on est gagnant, lorsqu'on profite
d'une injustice. C'est ainsi que le tribalisme doit être combattu
à l'école, dans les universités, dans l'administration,
dans les médias, dans la loi, dans l'église, dans la
société en général.
Nous retenons une chose en particulier dans cet article, que
les partis politiques sonttribalistes et ethniques en ce sens que certains
partis politiques sont calqués sur une tribu, mieux, sur une ethnie
particulière. Notons tout de même que ce travail a
été fait avec la collaboration d'un pasteur et par
conséquent, il émet un jugement de valeur en se positionnant par
rapport à la réalité étudiée. Il juge le
tribalisme comme mauvais et néfaste pour la
société ; leur recherche est à tendance
éthique et moralisante. Nous en tant qu'étudiant en sociologie,
nous nous donnons comme mission d'observer et de comprendre sans jugement,
l'influence du tribalisme, de l'ethnicisation politique sur le comportement
politique, sur la cohésion sociale au Cameroun. La prédiction ou
encore la prise de position ne relève guère de la sociologie. Le
contexte social actuel nous donne d'amples informations sur les questions de
tribalisme, d'ethnicité. C'est donc notre projet, de se baser sur le
faits actualisés et nouveaux pour comprendre et expliquer ces
phénomènes. Dans ce sens, nous nous inscrivons dans une logique
de dépassement de ce qui a été dit et fait.
J LONSDALE19(*) apporte sa contribution à la
compréhension de la différence car les uns et les autres
étant différents, il faut faire un dépassement dans la
compréhension des langages de la société en Afrique. Il
faut construire une analyse du politique par le bas20(*), c'est-à-dire de
décoder les langages de la société civile en Afrique non
plus seulement à travers ses expressions religieuses ou
institutionnelles, mais aussi et surtout à partir des groupes ethniques
ou autres qui en seraientson point faible. L'ethnie fait partir de la structure
des sociétés africaines. L'appartenance ethnique est un fait
social universel : tout être humain crée sa culture à
l'intérieur d'une communauté qui se définit par opposition
aux autres.
Imaginer une nouvelle « tribu »
peut-être le meilleur moyen de s'ouvrir à l'extérieur,
d'embrasser le progrès social. Si certains aspects de
l'ethnicitéprésententeffectivement un pesant héritage de
tradition,sa manifestation est chaque jour réinventée pour
satisfaire à de nouveaux besoins. L'identité culturelle est ce
que les gens « en font plutôt que le résultat d'une
fatalité historique ». L'auteur entend par
« ethnicité morale » l'aune controversée de
vertu civique à laquelle chacun mesure l'estime qu'il a de
lui-même21(*). Elle
est bien différente de l'absence de principes qui président au
« tribalisme politique » dont les groupes se servent dans
la lutte pour les ressources politiques. Il n'existe pas nécessairement
de connexion entre l'ethnicité morale et le tribalisme politique. Chaque
groupe possède un éventail de traditions renouvelables qui
codifient la manière de traiter honorablement avec un étranger.
Dans cet article, l'auteur montre le pesant ethnique dans le
codage des langages de la société,chose que nous attestons. Dans
notre projet de recherche nous allons nous appropriés de ce qu'a dit J
LONSDALEpour appréhender le phénomène d'ethnicisation
politique. En plus de montrer que l'ethnie est présente dans nos
sociétés, nous voulons montrer que le milieu politique est
ethnicisé et savoir si une cohésion sociale est possible dans ces
conditions. C'est en cela que nous nous démarquons dans ce travail de ce
qui a été dit par J LONSDALE au sujet de l'ethnie et de
l'ethnicité.
C HALPERN et J-C RUANO-BORBALAN22(*) traiteront de la question
identitaire humaine et donneront des réponses à un certain nombre
de questions ; entre autres, ils tentent de comprendre comment se
construit l'identité individuelle ; comment se fait
l'intégration des individus au sein d'un groupe, d'une communauté
ou d'une société ; comment analyser les conflits ethniques
et religieux ; si la mondialisation mène à l'unification des
cultures. Dans le cadre de notre sujet, nous allons adapter ces questionnements
à la société camerounaise pour mesurer l'ampleur de la
question identitaire.
D SIMO23(*) quant à luirévèle que
l'identité, loin d'être une donnée, est une construction.
L'auteur tente, non pas d'inaugurer, mais de soutenir un discours qui a du mal
à prendre pied en Afrique. Il essaie de proposer une manière de
parler de nos ethnies, une autre manière de les vivre. Il ne s'agit
point de nous éloigner de nos cultures ancestrales, mais d'apprendre
à mieux les voir, à mieux les étudier, à mieux les
admirer, à mieux nous en inspirer. Bref,à nous en approcher non
pas avec dévotion, mais avec lucidité, afin qu'elles ne soient
pas des prétextes de notre aveuglement et de notre perte mais des
éléments de notre salut et de notre survie. Cette
démonstration de la construction de l'identité conduit à
enrichir cette réflexion, maisne révèle pas
l'étendue de la thématique.
4.1.3 Vivre ensemble face aux
différences ethniques et identitaires
La réalitéde la différence a
pousséATOURAINE 24(*) àse poser une question très pertinente:
pourrons-nous vivre ensemble ?
Il est vrai que nous vivons un peu ensemble sur toute la
planète, mais tout aussi vrai que partout se renforcent et se
multiplient les groupements identitaires, les associations fondées sur
une appartenance commune, les sectes, les cultes, les nationalismes ; les
sociétés redeviennent des communautés en réunissant
étroitement sur le même territoire société, culture
et pouvoir sous une autorité religieuse, culturelle, ethnique et
politique qu'on pourrait appeler charismatique, puisqu'elle trouve sa
légitimité non dans la souveraineté populaire,
l'efficacité économique ou même la conquête
militaire, mais dans les dieux, les mythes ou les traditions d'un
communauté. Lorsque nous sommes ensemble, nous n'avons presque rien en
commun, et lorsque nous partageons des croyances et une histoire, nous rejetons
ceux qui sont différents de nous. L'auteur dit que nous ne vivons
ensemble qu'en perdant notre identité. Comment pourrons-nous vivre
ensemble si notre monde est divisé au moins en deux continents, de plus
en plus éloignés l'un de l'autre ? se demande A TOURAINE.
À partir des travaux de cet auteur, nous
étudions le cas spécifique du Cameroun en réadaptant et en
questionnant cette problématique du vivre ensemble par rapport aux
populations camerounaises.
Dans le même ordre d'idée, F THUAL25(*) publie aux
éditionsMARKETING un ouvrage intitulé « les conflits
identitaires » où il montre que la différence
crée des conflits identitaires qui ont et qui continuent de marquer
l'histoire du monde. Ces conflits sont un véritable frein à une
volonté quelconque de cohésion sociale. Un conflit identitaire
est un conflit qui touche au fondement des sociétés. Un groupe
ethnique ou religieux victime d'injustice, emploiera tous les moyens
nécessaires pour rectifier la frontière qui les séparent
des autres à travers soit des compromis ou des avantages
réciproques. Les conflits identitaires sont des conflits pour la survie
du groupe non seulement matérielle, mais avant tout culturelle et
psychologique.
Transposé à la société
camerounaise, nous pouvons dire qu'il y un réel conflit identitaire et
ethnique qui la secoue mais là n'est pas notre préoccupation ici.
L'auteur met l'accent sur des conflits dans lesquels l'Afrique et encore moins
le Cameroun ne se retrouve impliqué. Cette étude est
centrée sur les sociétés camerounaises. Cet ouvrage nous
permet d'enrichir les connaissances sur la société camerounaise
en matière de conflits identitaires.
P-GPOUGOU26(*) nous renseignera sur l'opérationnalisation de
la démocratie tenant en compte l'ethnicité, les identités
et la citoyenneté. Ces différences sont évidentes et font
désormais partie du registre principal de la construction des
sociétés démocratiques. L'Afrique centrale n'a pas
été en marge du courant mondiale qui stipule que : le
dégel des relations internationales et la démocratisation ont
exacerbé les particularismes ethniques, identitaires ou nationalistes.
Les poudrières ethno-régionales, le sentiment de marginalisation
de certains groupes ethniques, les conflits économiques d'accès
à la terre et aux ressources naturelles, y compris l'eau et la
forêt, ont conduits à des ajustements politico-administratifs
taillant la régulation politique sur des équilibres
précaires.
La problématique de l'ethnicité et des
identités dévore ainsi toutes les démocraties. Certaines
constitutions des États d'Afrique centrale ont consacré, sous
diverses forme le droit à la différence, soit par le biais de la
reconnaissance de la diversité culturelle et ethnique, soit par les
garanties spécifiques octroyées aux groupes minoritaires, sans en
apporter les limites concrètes ni le processus d'identification des
bénéficiaires. Bref, cet article analyse la problématique
de construction des sociétés démocratiques plurielles. Les
analyses de cet article sont significatives et représentatives des
réalités locales, elles ne sont pas exhaustives ; Elles ne
traitent pas de toutes les situations identitaires rencontrées en
Afrique centrale. Tout de même, ce travail nous sera utile au fur et
à mesure que nous avancerons dans notre projet de recherche.
Toujours dans l'optique de montrer qu'il y'a une réelle
différence entre les Hommes et qu'elle a des implications
considérables sur nos sociétés, sur le vivre ensemble,E
NJOH MOUELLEet T MICHALON27(*)nous fait comprendre que les solidarités
ethniques s'avérant, dans les pays d'Afrique plus puissantes que la
solidarité nationale, la formule de l'État-nation est
privée de son nécessaire substrat et ne peut donner que les
piètres résultats aujourd'hui constatés .Les deux auteurs
sont habités par une préoccupation très voisine :
tandis que E NJOH MOUELLEse demande comment accélérer
l'émergence de l'État-nation malgré la prédominance
des solidarités ethniques, E MICHALON lui cherche la solution permettant
de faire un meilleur usage de la réalité des ethnies afin de
fonder des États capables d'assumer la mission essentielle d'un
État moderne, à savoir, organiser la vie collective par des
règles connues,stables et respectés sur l'ensemble du territoire.
C'est l'idée principale développée et exposée par
ces auteurs tout au long de leur travail dans ce livre. Les clivages ethniques
sont une évidence dans les sociétés africaines et sont en
même temps un frein à la construction de l'État nation,
à l'harmonie des peuples, d'une solidarité nationale. Ces
clivages ethniques se transparaissent même dans le milieu politique. E
NJOH MOUELLE nous dit à ce sujet que : « .... Et
comme le vote devient tribal dans la plupart des situations, il est clair que
ce ne sont pas les programmes d'actions des candidats qui font la
différence entre les compétiteurs, mais uniquement leur
appartenance tribale.... »28(*) .
Ces travaux dans le présent travail de recherche
permettent d'appréhender les clivages ethniques et leurs freins à
la constitution de l'État-nation en Afrique. Ainsi, ipso facto, il nous
éclair par rapport à notre thème de recherche. Dans ce
travail, nous étudions le cas typique du Cameroun, basé sur des
faits nouveaux et observables pour comprendre la situation du vivre ensemble,
du lien social en relation avec l'ethnicisation politique. Bref, dans leur
continuité, nous essayerons davantage dans le contexte politique actuel
d'analyser l'influence de l'ethnicisation du champ politique sur la
cohésion sociale.
Positionnement
Les travaux jusqu'ici recensés dans le cadre de ce
travail révèlent un milieu politique ethnicisé ; une
configuration des partis politique qui n'échappe guère à
la logique ethnique ; un affrontement entre les ethnies lors des
échéances électorales dans l'optique de la
conquête et de la conservation du pouvoir politique ; des clivages qui
naissent entre les hommes du fait de leur différence ethnique, sociale,
tribale et même linguistique. Seulement, il existe un manque à
savoir dans la problématique du vivre ensemble dans un contexte
marqué par l'ethnicisation politique au Cameroun. Jusqu'ici la
question du vivre ensemble par rapport à l'ethnicisation politique a
été, il nous semble un peu délaissée et
négligée. C'est ce déficit qu'il faut combler par la
présente recherche. Car de toute évidence, même si les
stratégies d'intégration nationale sontélaborées,
même si l'aspiration à une réelle harmonie, une
cohésion sociale accapare toutes les couches de la
société, le constat général est que plusieurs
réalités à savoir l'ethnicisation politique, le repli
identitaire, les conflits identitaires,s'intensifient et constituent une
véritable épine dans la chaussure du Cameroun sur le chemin vers
l'intégration nationale.
4.2 Théories
mobilisées
4.2.1 Le fonctionnalisme
relativisé de Robert King Merton
R-KMERTON29(*) est un sociologue américain. Son oeuvre
réputé est social theory and social structure. Il est
généralement présenté comme le fondateur de la
sociologie des sciences. Bien que se réclament du courant
fonctionnaliste, il reproche à T. Parsons d'avoir surestimer la fonction
sociale intégratrice des actions individuelles. Ainsi certaines
pratiques religieuses peuvent être sources de conflit et non pas
d'intégration. Il faut également nous dit MERTON, abandonner
l'idée selon laquelle il est possible de construire une théorie
générale en sociologie et réintroduire un dialogue entre
la recherche empirique et la recherche théorique.Selon lui, il faut
prendre en compte la fonction latente et la fonction manifeste dans la
compréhension d'une situation. Il dit d'ailleurs
que : « rechercher un changement social sans reconnaitre
ouvertement les fonctions manifestes et latentes remplies par l'organisation
à transformer, c'est procéder à des rites sociaux
plutôt qu'à un social engineering »30(*).Les fonctions manifestes sont
des conséquences objectives qui, contribuant à l'ajustement ou
à l'adaptation du système, sont comprises et voulues par les
participants du système. Les fonctions latentes sont,
corrélativement, celles qui ne sont ni comprises, ni voulues.
Les concepts clés de la sociologie fonctionnaliste de
MERTON sont ceux du rôle et du statut. Le rôle se rapporte aux
différentes missions et taches qu'exerce l'individu ou la
société tandis que le statut correspond à la position
occupée par l'individu dans le système. Autrement dit, les
rôles sont des comportements appris par l'individu sur la base de ses
statuts actuels ou futurs. Ils correspondent à une attente sociale
à laquelle l'individu se conforme pour valider sa présence dans
le statut considéré. On peut avoir, par rapport à un
statut plusieurs rôles c'est-à-dire les comportements sociaux plus
ou moins attendu.
Ces travaux de MERTON nous permettront dans nos analyses
de rechercher, comme nous le recommande l'auteur, les fonctions manifestes et
latentes de l'ethnicisation politique dans le système social, mieux dans
le champ politique camerounais contemporain.L'objectif visé à
travers l'ethnicisation du champ politique peut être attient ;
cependant, il n'en demeure pas moins que les effets pervers de cette pratique
soient remarqués. Il ne va pas de soi que la pratique politique, sous le
prisme de l'ethnicisation, n'ait que d'effets positifs et escomptés
(fonctions manifestes). Cette pratique, scannée de plus près peut
laisser et laisse des traces indésirables et indélébiles
sur son chemin (fonctions latentes). Par la suite il devient difficile de se
défaire de ces stigmates qui deviennent problématique. En outre,
à traversles fonctions latentes et manifestes nous allons essayer de
déceler les rôles des acteurs par rapport à leur statut
social.
4.2.2 La notion
d'interdépendance chez Norbert Elias
N ELIAS31(*) est surtout connu pour ses travaux de sociologie
historique sur « le processus de civilisation » en
Occident. La critique de l'opposition classique entre individus et
société apparaît comme des fils conducteurs des travaux de
cet auteur. Il recommande de ce fait aux chercheurs de sortir de l'opposition
entre individu et société et propose alors d'utiliser les armes
de l'histoire. Car, pour lui, la représentation d'un moi
séparé extérieur à la société, telle
que nous la connaissons aujourd'hui n'a pas existé à toutes les
époques dans toutes les sociétés. Ainsi, l'individu n'est
pas considéré comme une entité extérieure à
la société, ni la société considérée
comme une entité extérieure aux individus, et donc, la
société n'est ni envisagée comme la simple
agrégation des unités individuelles (individualisme
méthodologique), ni comme un ensemble indépendant des actions
individuelles (holisme). L'objet propre de la sociologie pour N ELIAS, ce sont
les individus indépendants.
Plus loin, il nous parlera des formes
d'interdépendance, marge de liberté et structure de la
personnalité. La notion d'interdépendance est donc importante
dans le dispositif théorique de N. Elias ou il la compare à un
jeu d'échecs : « comme au jeu d'échecs, toute
action accomplie dans une relative interdépendance représente un
coût sur l'échiquier social, qui déclenche un faiblement en
contre cout d'un autre individu... limitant la liberté d'action du
premier joueur ». La société est donc envisagée
comme le tissu mouvant et changeant des multiples interdépendances
réciproques qui lient les individus les uns avec les autres. Mais le
tissu social est traversé par de nombreuses formes d'interrelations qui
s'entrecroisent.
L'application de cette théorie dans notre travail
consistera à souligner l'interdépendance existante entre les deux
concepts étudiés à savoir : l'ethnicisation politique
et vivre ensemble. En effet ces concepts ne doivent pas être vu comme
deux réalités séparées, opposées et
indépendantes mais plutôt comme liées pour ainsi cerner les
contours. En soi, l'un implique l'autre dans la structuration et le
fonctionnement du système social. De même, les faits liés
au phénomène d'ethnicisation du champ politique ; les
implications y afférées doivent être prises et
analysées comme un tout lié par des indépendances
réciproques. De plus, Les acteurs du champ politique camerounais en
général et à Dschang en particulier sont dans un jeu
d'interdépendance (à l'exemple d'un jeu d'échecs où
deux ou plusieurs joueurs rivalisent d'adresse) au cours duquel chacun joue ses
cartes et les bonnes cartes dans l'optique de tirer son épingle du jeu,
tout en limitant la possibilité de l'autre joueur d'avancer.
4.3 Définition des
concepts
D'entrée de jeu, il serait intéressant de
clarifier certains concepts qui paraissent déterminants pour la
compréhension de la suite de notre travail car comme le disait E
DURKHEIM32(*)
Les mots de la langue usuelle, comme les concepts qui les
expriment, sont toujours ambigus et le savant qui les emploierait tels qu'il
les reçoit de l'usage et sans leur faire subir d'autres
élaborations s'exposerait aux plus graves confusions. Non seulement la
compréhension en est si peu circonscrite qu'elle varie d'un cas à
l'autre suivant les besoins du discours, mais encore, comme la classification
dont ils sont le produit ne procède pas d'une analyse méthodique,
mais ne fait que traduire les impressions confuses de la foule [...]
La définition des concepts est une étape
essentielle dans la compréhension d'un thème d'étude en
science sociale. Le chercheur doit définir ou expliquer les principaux
concepts qu'il étudie, afin de lever toute équivoque dans la
compréhension. Ainsi, il est donc important pour nous dans ce
mémoire de définir les concepts d'ethnicisationpolitique et de
vivre ensemble.
- Ethnicisation politique
L'ethnicisation est la tendance ou le fait d'ethniciser,
c'est-à-dire de définir quelque chose d'un point de vue ethnique,
à tort ou à raison. Il peut également être
définit comme le fait d'attribuer un caractère ethnique à
un phénomène. L'historien G NOIRIEL33(*), dans son livre
intitulé immigration, antisémitisme et racisme en France,
parle de l'ethnicisation en décrivant durant tous un chapitre
intitulé l'ethnicisation du discours sur l'immigration, le
cheminement historique qui a abouti à tenter d'expliquer les
problèmes sociaux par l'origine des personnes. Ainsi, l'on distingue
plusieurs formes d'ethnicisation parmi lesquelles on peut citer
l'ethnicisassions religieuse, l'ethnicisation médiatique,
l'ethnicisation des violences, l'ethnicisation des organes de presse et
l'ethnicisation politique. C'est cette dernière qui nous
intéresse et que nous sommes appelés à définir.
X ALBO 34(*) dans ses études sur les indiens Aymaras de
Bolivie, nous dit que l'ethnicisation de la vie politique apparait lorsqu'un
peuple (à l'exemple des Aymaras) commence à s'organiser et fonder
des partis politiques afin de défendre leurs droits.C'est
également Lorsqu'il se positionne comme peuple, comme ethnie et va alors
se différencier de l'autre partie de la population, en créant
leur propre groupe porté par des revendications d'ordre ethnique.
Dans la même perspective, J-P LAVAUD35(*) en étudiant la Bolivie
nous révèle qu'il y'a ethnicisation de la politique quand on
assiste ou alors quand on est confronté à la monté
d'entités locales qui essayent de s'imposer par la force ; c'est
lorsque différents groupes ethniques vont se former et s'organiser en
entitélocale qui vont essayer de se faire entendre par le force. Les
distinctions, les séparations, les divisions sociales au nom de l'ethnie
étant ainsi instaurées et légitimées au nom de la
justice, la paix qui se dessine dès lors n'est pas celle du savoir vivre
ensemble avec les différences et les conflits nés de ces
différences, mais celle de la cohabitation des groupes
autoproclamés différents, par murs symbolique
interposés.
Dans le cadre de notre travail, nous appréhendons le
concept d'ethnicisation politique comme le fait d'instrumentaliser l'ethnie
à des fins purement égoïstes et égocentriques dans la
sphère politique ; de donner une coloration ethnique aux faits et
actions politiques ; le procédé par lequel les acteurs
politiques parviennent à obtenir des suffrages dans leur lutte, leur
course pour l'acquisition et la conservation du pouvoir politique. Il est
important de noter que l'ethnie sur la scène politique en soi ne fait
pas problèmemais ce sont les usages qui en sont fait qui donnent lieu de
se questionner.
Tableau 1:
Construction du concept d'ethnicisation politique
Dimensions
|
Composantes
|
Indicateurs
|
Au niveau de l'ethnicisation des partis politiques
|
- Les leaders de ces partis
|
- Les noms des leadeurs de ces partis
- Le siège ou alors le fief de leur partis
|
- Les militants de ces partis
|
- L'origine ethnique de la majorité des personnes issues
ces partis
- Leur choix lors des échéances
électorales
- Naissance et émergence des notions de Tontinard et
Sardinards
|
Source : enquête documentaire,
2019.
- Vivre ensemble
À l'heure de la mondialisation, à l'heure du
multiculturel et des échanges entre les peuples, aborder la question du
vivre ensemble est une manière de préserver les
États-nations tout en les rendant ouverts.L'origine du concept vient
d'une citation de Martin Luther King « nous devons apprendre
à vivre ensemble comme des frères, sinon, nous allons mourir tous
ensemble comme des idiots ». De même, A TOURAINE 36(*) posait la question
« pourrons-nous vivre ensemble, égaux et
différents ? ».Nous sommes condamnés à
vivre ensemble autant mieux le faire de manière harmonieuse.
Inspiré du dictionnaire Larousse, le Cahier du vivre
ensemble de la communauté urbaine de Doualadéfinit ce concept
comme étant : « cohabitation harmonieuse entre
individus ou entre communauté »37(*). C'est un concept qui exprime
les liens pacifiques, de bonnes ententes qu'entretiennent des personnes des
peuples ou des ethnies avec d'autres dans leur espace de vie ou leur
territoire. Les grands thèmes ou principes du vivre ensemble sont la
diversité culturelle, l'inclusion sociale, l'économie sociale et
solidaire, les alternatives, l'entrepreneuriat collectif, la valorisation des
potentiels endogène. Sans s'écarter systématiquement de la
définition du dictionnaire Larousse, le Grand dictionnaire
terminologique, office québécoisde la langue française,
définit le vivre ensemble comme : « forme de
cohésion et de solidarité sociales, de tolérance et de
civilité reposant sur des liens qui se déploient sur le plan du
vécu et du quotidien entre les individus des différents groupes
ou catégories de personnes (âge, sexe, ethnie, etc.) d'une
société. »
Pour A BOIVIN 38(*) c'est un « assentiment partagé
à vivre le destin commun au sein de toutes les différences
humaines ». Dans une perspective de prolongement, Inspiré
d'une phrase de BARTHES R39(*)dans son cours « comment vivre
ensemble », 1997, le vivre ensemble est le fait d'accepter et
construire une sociabilité sans aliénation de l'autre. Le conseil
de l'Europe40(*) quant
à lui va plus loin dans l'explication qu'il donne de ce concept. Pour
lui, le vivre ensemble présuppose :
- La liberté d'expression et le pluralisme
d'opinions ;
- Le respect de la dignité humaine, de la
diversité culturelle et des « droits des autres »,
afin de garantir la tolérance et la compréhension ;
- La participation de tous les citoyens aux affaires
publiques, en leur donnant un accès à l'information et aux
médias.
C ROUHIER41(*), psychologue à l'école de la paix de
Grenoble disait que : « vivre ensemble ne va pas de soi et il
faut répéter que cela s'apprend ».Selon elle, on
pourrait décliner un certain nombre de définitions de ce vivre
ensemble. C'est :
- Promouvoir des valeurs
- Développer la solidarité
- Réorganiser notre vie commune sur terre
- Former à la citoyenneté
- Respecter les cultures, les religions
- Prévenir les conflits
- Renforcer la volonté des individus à
être des acteurs
- Apprendre à chacun à reconnaitre en l'autre la
même liberté qu'en soi même.
De toutes ces définitions sus évoquées du
vivre ensemble, il faut dire qu'elles ont certains points de similitude
à savoir que le vivre ensemble implique : l'acceptation de l'autre
tel qu'il est, une bonne gérance de la différence de culture et
d'ethnie, la cohabitation pacifique de tous les segments (politiques,
sociologiques) de la société. S'agissant de ce travail, la
distanciation ne sera pas tellement grande entre des définitions
précédemment données à ce concept. Nous entrevoyons
par vivre ensemble une existence pacifique entre les Hommes malgré les
multiples différences auxquelles ils font face (politiques, sociales,
culturelles).
Tableau 2:
Construction du concept du vivre ensemble
Dimensions
|
Composantes
|
Indicateurs
|
Politique
|
- En ce qui concerne les Processus démocratiques et de
l'opérationnalisation de la justice
|
- Une justice indépendante et accessible à
tous
- Une nation unie solidaire et jouissant d'un environnement de
paix et de sécurité
- Une démocratie réelle, forte et juste
|
- Au niveau des politiques publiques
|
- Une administration décentralisée et au service
du développement
- Une nation favorisant l'égal accès des femmes
et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives,
autant que leur égalité professionnelle
|
Sociale
|
- Dans le secteur de l'éducation et de l'accès
à l'emploi
|
- Un niveau de chômage et de sous-emploi
résiduel
- Une famille stable et harmonieuse
- Un niveau de pauvreté, d'analphabétisme et
d'exclusions résiduelles
- Une jeunesse bien forte et exaltant le mérite et
l'expertise nationale
|
- Dans la gestion de la problématique genre
|
- Un accès à tous aux services sociaux de base
de qualité
- Une femme au rôle social renforcé et
économiquement autonome
|
Culturelle
|
- En ce qui concerne les pratiques culturelles propres
à chaque groupe
|
- Une culture camerounaise affirmée dans son
unité plurielle, attrayante et exploitable au plan international
- Une collaboration harmonieuse des différents groupes
ethniques
- Un respect de la culture, tradition et coutume des autres
|
- Au niveau de la cohabitation mutuelle
|
- Accepter altérité, la différence,
l'autre ; concevoir l'autre comme soi-même
|
Source : enquête documentaire,
2019.
4.4 Intérêt de
l'étude
L'intérêt de l'étude sur le vivre ensemble
face à une ethnicisation de la politique, se situe à
l'échelle bidimensionnelle, à savoir scientifique et
opérationnel.
4.4.1 Intérêt
scientifique
Le nouveau paysage de la politique africaine multipartiste est
fortement influencé par l'instrumentalisation du phénomène
ethnique, nous dit P HUGON 42(*). Vue sous cette angle, l'ethnicisation politique est
donc une logique sociale qui, traversant la société, doit en
traverser l'explication. Sur le plan scientifique, cette étude pourra
permettrede mettre en exergue les aspects relatifs à la crise du vivre
ensemble de la société camerounaise face à une
ethnicisation de la politique, mode de fonctionnement qui perpétue les
clivages et la rupture du lien social.
Cette étude pourra potentiellement permettre
d'éviter de naturaliser l'ethnicisation politique à Dschang mais
de l'inscrire dans une historicité dont la dynamique est porteuse de
constructions et de déconstructions, des stratégies et des
calculs des acteurs, du poids des structures et des conjonctures ; le
projet s'engage dès lors à rompre avec l'évidence qui
consisterait à croire que puisque l'appareillagelégislatif visant
à implémenter le vivre ensemble existe, l'harmonie existe.
4.4.2 Intérêt
opérationnel
Sur le plan opérationnel, cette étude pourra
éventuellement inciter les acteurs politiques à
reconsidérer leurs actions dans le jeu politique, à abandonner la
poursuite d'intérêts égoïstes et egocentriques qui
nuisent véritablement à une possibilité de vivre ensemble.
De plus, cette recherche pourra être une puce à l'oreille des
personnes ou alors des ministères en charge de l'élaboration des
politiques d'intégration nationale, afin d'attirer leur attention sur la
nécessité d'ajuster les politiques jusqu'ici émises.
L'étude interpelle le décideur à comprendre que l'avenir
de la nation dépend en partie de la capacité à
implémenter, de manière ferme les décisions qui sont
prises.
5. méthodologie de
recherche
5.1 Techniques de collecte des
données et justification de leur choix
5.1.1 Observation directe
D'après R QUIVYet V CAMPENHOUDT43(*), « l'observation directe est celle
où le chercheur procède lui-même au recueil des
informations, sans s'adresser auxsujetsconcernés. Ellefait directement
appel à son sens de l'observation ». C'est donc un
moment de curiosité scientifique durant lequel nous allons nous
intéresser aux pratiques sociales, aux indépendances qui se
développent entre les acteurs sociaux.
Dans le cadre de notre étude, l'observation directe a
été faite essentiellement dans les partis politiquesles plus
représentés dans la ville de Dschang et dans les rues de ladite
ville.En ce qui concerne les partis politiques nous avons observé la
structure de ceux-ci, leur fonctionnement. L'observation a également
été faite sur le phénomène de distribution des
gadgets par les leaders des partis dans l'optique de fidéliser la
population.Notons ici que l'observation a
étédésengagée.
5.1.2 Les entretiens
individuels
Nous avonsutilisé principalement dans cette logique
l'entretien sémi-directif ou sémi-dirigé en ce
sens « qu'il n'est pas entièrement ouvert, ni
canalisé par un grand nombre de questions
précises »44(*) et donc laisse plus de liberté à
l'enquêté dans son récit. En d'autres termes, il s'agit
d'un procédé d'investigation scientifique utilisant un processus
de communication verbale pour recueillir des informations sur un sujet
précis. Il se caractérise par des questions ouvertes
libellées d'avance, suivant un ordre prévu. Les informations
recueillies aident à mieux comprendre ou cerner les réponses
obtenues. C'est ainsi que l'entretenir a été fait
séparément avec les femmes, les hommes, les membres des partis
politiques, les leaders politiques, la sociétécivile bref les
Hommes politiques. Nous avons procédé à la collecte de
données via des enregistrements téléphoniques, des notes
écrites, qui ont été exploités plus tard dans
l'analyse.
5.1.3 La recherche
documentaire
La recherche documentaire, comme son nom l'indique est encore
appelée étude des traces, elle consiste en la collecte des
données à travers des documents. Pour toute étude
scientifique et particulièrement en sciences sociales, la recherche
documentaire est une étape primordiale et indispensable c'est d'ailleurs
pourquoi R QUIVY et V CAMPENHOUDT45(*)affirment que :
Les lectures préparatoires servent d'abord à
s'informer des recherches déjà menées sur le thème
du travail et situer les nouvelles contributions envisagées par rapport
à elles. Grâce à ces lectures, le chercheur pourra en outre
mettre en évidence la perspective qui lui paraît la plus
pertinente pour aborder son objetde recherche
Cette étape exploratoire consiste en la consultation
des documents disponibles et relatifs à notre sujet d'étude.
Ainsi, nous avons fait nos investigations à labibliothèque de la
facultédes lettres et de sciences humaines (FLSH) de l'université
de Dschang, à l'Alliance Franco-Camerounaisede Dschang (AFC), à
la bibliothèque Action Sociale Africaine (ASA) de Dschang. De plus, nous
avons lu quelques ouvrages empruntés et photocopiés, des articles
de journaux ou revues. Même internet a été très
utile dans ce cadre. Plusieurs ouvrages traitent de façon
générale ce thème. Il s'agit des ouvrages abordant des
concepts comme l'ethnie, l'ethnicisation, l'ethnicisation politique, les partis
politiques, les crises sociopolitiques en Afrique, les clivages ethniques et
biens d'autres. Bien, que les études sur ces thèmes n'abordent et
n'abondent pas pour le vivre ensemble face à l'ethnicisation politique
à Dschang, nous avons pu néanmoins faire un rapprochement, tant
ces phénomènes sont identiques pour le Cameroun et l'Afrique.
Cette recherche documentaire a permis de nous familiariser avec les
réalités, les notionsspécifiques et d'établir la
revue de littérature. Elle a permis aussi de reformuler la
problématique, les hypothèses et objectifs de la recherche,
procédée au choix de l'échantillon, dresser la
bibliographie et interpréter les résultats.
Dans le cadre de ce travail, nous avons également
consulté les rapports concernant la vision et mission du MINJEC et du
MINEPAT relative à l'intégration national et au vivre ensemble,
les statistiques des dernières élections. Bref, nous avons
consultéles ouvrages, rapports, articles susceptibles de nous procurer
d'amples informations sur la question d'ethnicisationpolitique et de vivre
ensemble, et dont le corpus documentaire rime avec notre thème.
5.2 Échantillonnage
(critères retenus, type d'échantillonnage, taille de
l'échantillon, etc.)
5.2.1 Zone d'étude
La zone d'étude retenue pour ce travail est la ville de
Dschang car dans cette ville nous disposons de toutes les catégories
sociales importantes pourl'étude. En effet la ville de Dschang regroupe
des personnes provenant d'horizons diverses, de cultures, d'ethnies
différentes ; il y'a donc un brassage de cultures. Cela peut se
comprendre à travers le fait qu'elle soit une ville estudiantine.
5.2.2 Types et taille de
l'échantillon
Afin de constituerun échantillon, nous
avonsprocédé à l'échantillonnage à choix
raisonné. Le choix de ce type d'échantillonnage se justifie par
le fait qu'il n'existe pas de base de sondage qui puisse être
utilisée dans la sélection des enquêtés. Il a
été raisonné sur la base de certains critères comme
les lieux de rencontre avec les enquêtés et l'âge. Nous
avonségalement utilisé l'échantillonnage accidentel. Il
s'est agi de sélectionner au hasard des individus dans la ville afin de
leur soumettre à un entretien.
Notre échantillon est constitué de 30 personnes
dont 20 individusissues de divers partis politiques de l'Arrondissement de
Dschang et 10 personnes de la population de Dschang. La justification de
l'échantillon réside dans l'incapacité et la
difficulté de s'adresser à l'ensemble de la population. La raison
du choix porté sur les partis politique réside dans le fait que
ce soient eux qui animent la scène politique surtout par leurs
confrontations durant les échéances électorales.Les
mouvementssociaux, les débats et polémiques suscités par
ceux-ci avant, pendant et après le récent scrutin
présidentiel du 07 octobre 2018 attire d'avantage notre
curiosité.
La précision importante à faire est que
l'échantillon a été plus socialement représentatif
que statistiquement représentatif car les composantes sociales
intéressantes pourl'étude sont représentées dans
notre échantillon. Autrement dit, nous avons misé sur
l'adéquation de l'échantillon avec les buts et objectifs de la
recherche.
Tableau 3 : Taille de
l'échantillon
Hommespolitiques
|
Populations
|
TOTAL
|
20
|
10
|
30
|
Source :enquête de terrain,
2019.
5.3 Techniques d'analyse des
données
Nous avons utilisé comme technique d'analyse des
données la technique qualitative. Les méthodes qualitatives sont
des techniques qui permettent d'étudier les phénomènes
complexes qui sont difficiles à représenter sous forme
d'indicateurs quantifiables. P N'DA46(*) affirme que : « l'approche
qualitative vise à donner un sens au phénomène à
travers, ou au-delà de l'observation, de la description, de
l'interprétation et de l'appréciation du milieu et du
phénomène tel qu'il se présente ». Pour
étudier des faits particuliers, l'approche qualitative use des
techniques appropriées, dont l'observation, l'étude de cas, et
les entretiens.
Les données recueillies sur le terrain ont
été traitées à l'aide de la technique d'analyse de
contenu. Cette analyse est faite à partir des corpus,
c'est-à-dire de l'ensemble des données issues des transcriptions
des différentes interviews enregistrées et celles issues des
prises de notes et de l'observation. Il s'est agi d'analyser les discours, les
propos des acteurs à travers nos cadres théoriques.Le
procédé a consisté à constituer des tableaux,
précédés de quelques discours de terrain qui sont
commentés par la suite à l'aide des théories
mobilisées et de la revue de littérature. Aussi, nous avons fait
ressortir des histogrammes et des figures dans le but de faciliter la
compréhension de nos dires par rapport à un élément
de notre travail. De manière claire, pour analyser nos informations
collectées sur le terrain, nous avons présenté
premièrement les données de terrain sur les différentes
thématiques de ce mémoire ; deuxièmement, nous avons
construit des tableaux de résultats en ressortant les items, verbatims
et indices, lesquels indices ont constitué des sous-titrages à
commenter ; troisièmement, nous avons interprété et
discuté les résultats en nous appuyant sur les théories
évoquées et sur la revue de la littérature.
5.4 Conduite du travail de
collecte des données
Les informations nécessaires pour cette étude
ont été recueillies auprès des populations de
l'Arrondissement de Dschang (des deux sexes). La période de collecte des
données allait du 16-04-2019 au 14-05-2019. Pendant cette
période, nous sortions rencontrer les enquêtes, avec qui nous
avions des échanges de 20 minutes minimum à 1 heure maximum.Plus
précisément, il s'agissait pour nous dans un premier temps de
descendre dans les rues de l'Arrondissement de Dschang pour rencontrer ces
populations afin de les interroger. Dans un second temps, nous nous sommes
rendus dans les sièges des partis politiques où ils font leurs
réunions habituelles, ceux-là qui répondent au profil que
nous recherchons.
6. plan d'exposition et
difficultés rencontrées
6.1 Plan d'exposition
Ce travail est subdivisé en deux grandes parties, la
première comporte deux chapitres, et la deuxième deux
également. Soit quatre chapitres au total.
La première partie est titrée
« les motivations de l'ethnicisation politique à
Dschang » ; dans cette partie, nous dégagerons
quelques motivations dans l'ethnicisation politique, qui aboutit à une
reconfiguration du jeu politique. Les chapitres qui meublent cette partie sont
les suivants :
- Chapitre 1 :ethnicisation politique comme
volonté manifeste de contrôle politique
- Chapitre 2 : poids des constructions sociales sur
l'ethnicisation politique à Dschang
La deuxième partie quant à elle est
intitulée « influence de ethnicisationpolitique sur la
participation politique et le vivre ensemble ». Dans cette
partie, nous cherchons à comprendre comment l'ethnicisation politique
reconfigure le comportement politique des populations d'une part et cerner la
problématique du vivre ensemble dans un contexte d'ethnicisation
politique d'autre part. L'argumentaire est structuré dans cette partie
autour de deux chapitres à savoir :
- Chapitre 3 : participation politique face à
l'ethnicisationdu champ politique
- Chapitre 4 : la question du « vivre
ensemble » face à l'ethnicisation politique
Tableau 4: Matrice
synthétique du projet de recherche
Question de départ: qu'est-ce que
l'ethnicisation politique a comme influence sur le vivre ensemble des
populations à Dschang ?
|
Question, hypothèse et objectif
principaux
|
Question principale
|
Hypothèse principale
|
Objectif principal
|
Chapitres
|
En quoi l'ethnicisation politique contribue-t-elle à
la détermination des attitudes et comportements politiques des
populations dans l'Arrondissement de Dschang ?
|
Dans l'Arrondissement de Dschang, l'ethnicisation politique
contribue à accorder une certaine primauté à l'ethnie et
au groupe identitaire dans les tractations et les transactions politiques et
met en avant le facteur ethnique dans l'exercice du jeu politique local.
|
Montrer en quoi l'ethnicisation politique contribue à
la détermination des attitudes et comportements politique des
populations dans l'Arrondissement de Dschang.
|
Chapitre I à IV
|
Questions, hypothèses et objectifs
secondaires
|
Questions secondaires
|
Hypothèses secondaires
|
Objectifs secondaires
|
Chapitres
|
Quelles sont les motivations de l'ethnicisation politique chez
les populations de l'Arrondissement de Dschang ?
|
Les motivations de l'ethnicisation politique dans la ville de
Dschang sont entre autre la volonté d'acquérir les faveurs
de la population et ses suffrages à l'occasion des
échéances électorales.
|
Identifier les motivations de l'ethnicisation politique dans
la ville de Dschang.
|
Chapitre I & II
|
Comment l'ethnicisation politique influence-t-elle la
participation politique des populations dans l'Arrondissement de Dschang ?
|
L'ethnicisation politique influence la participation
politique des populations à Dschang à travers les choix
opérés par ces derniers lors des périodes
électorales.
|
Cerner l'influence de l'ethnicisation politique sur la
participation politique des populations à Dschang.
|
Chapitre III
|
Quelle est l'influence de l'ethnicisation politique sur le
vivre ensemble à Dschang ?
|
L'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble
à Dschang est la création des clivages, des discriminations et
repli identitaire.
|
Appréhender l'influence de l'ethnicisation politique
sur le vivre ensemble à Dschang
|
Chapitres IV
|
Schéma 1:
Schéma d'analyse
L'ethnicisation politique
Motivations effet
sur la participation
politique et le vivre ensemble
Contrôle politique construction sociale
effet sur la participation effet sur le
politique vivre ensemble
formation d'une base attachement à sa
distanciation
communauté choix des
gouvernants rivalités
contrôle de son aire abstraction faite du
sociologique projet politique revendications
redistribution
regroupements politiques
déséquilibrée
des
ressources
Célébration des communautaires
abstentionnisme
nominations en
favoritisme
communauté
fragilisation de l'unité
Festivals et pratiques préjugés ethniques
nationale
culturelles
désintéressement
Source : enquête de terrain,
2019.
6.2 Difficultés
rencontrées
Quelques difficultés peuvent surgir en situation de
recherche, difficultés qui, dans les cas extrêmes peuvent
empêcher et annuler la recherche. La réalisationde ce
mémoire a été notre première expérience de
chercheur en sciences sociales et en sociologie en particulier. Ainsi, depuis
la phase théorique et conceptuelle jusqu'à l'analyse des
données et l'interprétation des résultats, la tâche
n'a pas été facile.
La première difficulté dans ce travail est
située au niveau de l'accès aux documents. Les
bibliothèques que nous avons visitées étaient pour la
plupart pauvre en ouvrages et articles traitant de la question qui nous
accapare dans ce travail. Pour pallier à cela, nous avons dû
emprunter les documents chez des camarades et connaissances. Également,
une autre difficulté à laquelle nous avons fait face dans la
rédaction de ce mémoire est celle liée au sujet
lui-même.Il faut dire que ce sujet est une question sensibledans la
mesure où le phénomène est source de méfiance dans
la sphère politique. Ainsi, certains membres des partis MRC et RDPC et
même certaines personnes de la population n'ont pas souhaité
répondre à nos questions en se soumettant à notre guide.
Une méfiance et répulsion farouche nous ont été
adressées, certains nous considérant comme espion.Malgré
ces méfiances les informations ont été recueillies
auprès de certaines de ces personnes réticentes grâce
à la mise en confiance de l'enquêté et la garanti de garder
l'anonymat. Néanmoins, nous avons bénéficié de
l'accueil de l'accueil chaleureux de certains membres.
Ce qui peut être considéré comme
troisième difficulté est liéeà la question genre et
participation politique. Nous avons eu de la peine à trouver des
personnes ressources du genre féminin. Celles abordées se
montraient très réticentes et manifestaient un
désintérêt. Quand bien même certaines acceptaient de
se soumettre au guide, il suffisait juste de prononcer le mot
« politique » pour que plusieurs désistent. Pour
pallier à cela le procédé était le même que
pour la difficulté précédente mais malgré cela,
plusieurs d'entre elles refusaient toujours decoopérer.
PREMIÈRE PARTIE :LES MOTIVATIONS DE
L'ETHNICISATION POLITIQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG
« Tout est politique, et tout s'encadre dans la
politique. Le commerce est politique. Même le sport est politique. La
politique touche à tout et tout touche à la politique. Dire que
l'on ne fait pas de politique, c'est avouer que l'on n'a pas le désir de
vivre », estime R UM NYOBÈ 47(*). Pour ainsi dire qu'aucun
aspect de la vie sociale n'échappe au regard parfois imposant de la
politique. Son omni présence lui donne un pouvoir partout où les
hommes se trouvent impliqués. L'ethnicisation du champ politique
contemporain fait de plus en plus son apparition dans les débats
publics. La question de l'ethnie dans les affaire politique a un certain nombre
d'implication et de questionnement qui, transposée sur le champ
scientifique peut ou alors constitue un stimulant pour la recherche. Dans cette
partie consacrée aux motivations de l'ethnicisation politique dans
l'Arrondissement de Dschang, il est question d'avoir une idée sur ce qui
constitue la base de ce phénomène, ce qui à partir duquel
il prend corps et se développe. Aussi, cette partie à priori
voudrait dire que le phénomène d'ethnicisation de la politique ne
va pas de soi, on n'en est pas arrivé là de manière
hasardeuse. Ceci est le fruit d'une quelconque aspiration ; motivé
par certains éléments.Nous ferons l'étalage de
quelques-unes des motivations de ce phénomène. En effet,
plusieurs raisons motivant ce phénomène ont été
avancées par les personnes enquêtées. Ces raisons ont
été recueillies et ont pu être rangées en deux
grandes principales à savoir : la volonté manifeste de
contrôle politique et le poids des constructions sociales.
CHAPITRE 1 : ETHNICISATION POLITIQUE COMME VOLONTÉ
MANIFESTE DE CONTRÔLE POLITIQUE
Le phénomène d'ethnicisation du champ politique
dans la société contemporaine est une réalité
présente qui, à la longue ne laisse personne indifférent.
Que ce soit les acteurs ou leaders politiques, membres de la
société civile, simple sympathisant ou militant d'un quelconque
parti politique, chacun est concerné par ce dernier. Ce chapitre met en
exergue l'une des motivations dans l'ethnicisation du champ politique
contemporain dénichée sur le terrain au cours de la phase de
collecte des données. Il s'agit en l'occurrence de la volonté
manifeste de contrôle politique.
Pendant la collecte des données, plusieurs des
enquêtés se sont succédés sur cette question
liée aux motivations dans l'ethnicisation politique à Dschang,
représentant la première partie de notre travail. À
l'entame de l'analyse des différents aspects de la question, nous
présenterons tout d'abord comme précédemment
annoncé à la partie méthodologique, quelques discours de
terrain sur la question puis des interprétations et analyses
suivront.
QUELQUES DISCOURS SUR LES MOTIVATIONS DE
L'ETHNICISATION POLITIQUE A DSCHANG
EN2 : Je pense que c'est juste parce que si un dirigeant
d'un parti politique qui et d'une ethnie particulière à cause de
ça les membres également de cette ethnie trouvent qu'oh il faut
qu'on supporte notre frère. C'est une autre sorte de patriotisme
politique il faut supporter ton frère. Ils trouvent également que
parce que ton frère est en haut, ils vont également
bénéficier de cela.
EN3 : L'ethnicisation politique vient
généralement fragiliser l'opinion publique, ça vient
détourner l'opinion publique. Déjà les bourreaux ils ont
pris le pouvoir et ils utilisent la stratégie « diviser pour
mieux régner ». Parce que les gens visent un poste ; ils
créent des divisions partout, c'est pour fragiliser le culte de
l'intérêt général, c'est pour abroutir le peuple,
les maintenir dans le sous-développement afin qu'ils ne s'entendent
jamais. Quand on lit le socle le livre de la démocratie, on se rend
compte que les objectifs d'un parti politique sont de conquérir le
pouvoir et le confisquer (qui déduit tout ce qu'on peut imaginer),
lorsqu'on sent qu'un peuple est suffisamment éveillé, on utilise
d'autres canaux afin qu'ils soient fragilisés, on les intimide, en les
empêchant d'accéder à la lumière que le politicien a
eu accès. Aucun parti politique n'a l'intérêt du peuple
donc c'est un semblant de démocratie. C'est pour l'aliénation du
peuple ; endormir le peuple afin de ne pas compromettre leur enjeu,
même entre eux les partis ils sont en conflit, quand on sent que tu veux
attirer l'attention du peuple on t'éteint. Ils sont conscients qu'ils
gouvernent mal, mail ils veulent à tout prix nous empêcher de voir
claire. En fait l'ethnicisation politique est un instrument utilisé par
le pouvoir contre le peuple pour préserver ses enjeux. L'enjeu des
partis est le même à la seule différence que certains font
moins de mal que d'autre, pendant que l'un blesse sans
anesthésié, l'autre anesthésie avant de blesser.
EN4 : c'est une arme pour les hommes politique, l'arme
des faibles, parce qu'on ne veut pas travailler on compte sur les faveurs de
ses frères du village c'est mon frère et je vote pour lui (
intérêt égoïste), les gens vont chez eu pour aller
battre campagne, on estime que chacun ne sera mieux écouté que
chez lui , c'est une façon de valoriser l'ethnie en matière
politique, chacun va aller parler à ses frères, pour les
motivation d l'ethnicisation ,on a pas besoin d'argument, ce que je dis n'a
plus d'importance, vous n'avez même plus besoin d'un programme politique
c'est votre frère quand il va monter il va penser à vous. Au
Cameroun les postes sont considérés comme des postes de
mangeoire, si c'était pour travailler c'est qu'on ne fête pas
quand on vous nomme
EN12 : Parce que le tribalisme est mis en avant, ils
savent que c'est leur frère qui est devant et en haut, eux ils vont en
bénéficier. Par contre si on prend un qui n'est pas de leur tribu
ça ne sera pas en leur faveur, c'est pour flatter la population, en
donnant de gadgets à son ethnie et autres pour avoir son vote
EN18 : Ça date de depuis nous remarquons que dans
les villes il y'a les associations des ressortissants de tel ou de tel village
(association des Bamilékés alors qu'ils vivent à
Yaoundé). L'égocentrisme qui anime la plupart des leadeurs
politiques, ils pensent à leur intérêt personnel ; il
y'a aussi la pauvreté des populations (matérielle et
spirituelle) ; le manque de culture politique (la plupart arrive là
par opportunisme) ; chacun sachant que son nombril est enterré
quelque part a toujours tendance à revenir vers les siens ; on
miroite un quelconque bien être du groupe. Surfer sur la fibre ethnique
ne peut pas nous propulser au pouvoir parce qu'on a toujours besoin des voix
des personnes d'autres groupes ethniques
EN21 : D'abord sur le plan sociologique, le camerounais
se retrouve facilement dans sa communauté, il s'y sent à l'aise.
Le Cameroun n'a pas encore bâti quelque chose qui est au-dessus de la
communauté. Lorsqu'un camerounais va quitter arriver par exemple au
Gabon, la première chose qu'il voudra faire c'est de chercher d'abord sa
communauté, pour se retrouver dans sa communauté à travers
les associations, ce qui fait que sur le plan politique, c'est à peu
près la même configuration, les Camerounais ont tendance à
se retrouver dans une communauté qui est la leur. Mais de là
à parler d'ethnicisation je ne pense que c'est un peu trop fort le dire
ainsi, ce serait par exemple dire que toutes les personnes qui ont voté
pour le RDPC seraient Bétis parce que l'on sait très bien que sur
le plan géographique c'est le grand Nord qui détient l'agenda
politique au Cameroun. Mais on a eu pendant les élections des tendances
qui se sont récupérés avec les anglo-Bamis.
C'est-à-dire que l'essentiel des militants du SDF qui étaient des
anglophones et des bami s'est disloqué au profit du MRC, son
électorat s'est disloqué. Les bamis pour la plupart se sont
retrouvés dans le MRC et là ça revient à ce que je
disais que le camerounais aime se sentir dans sa communauté, ils se sont
retrouvés dans la communauté, ils ont vu un leader qui pouvait
porter leur désirs et là on peut revenir au plan historique car
il a été toujours dit que les Bamis ne peuvent pas accéder
à la fonction présidentielle, donc cette fois avec le MRC ils se
sont dit ah enfin quelqu'un qui pourrait nous sortir de cette image-là,
ils se sont donc trouvés adhérant ou militants aux idées
du MRC. Il y'a l'intérêt aussi parce que je vote mon frère
parce que plus tard il va se souvenir de la communauté, on se sert de la
communauté pour accéder à des fonctions politiques. Le
leader politique peut se servir de la communauté pour avoir se base pas
pour espérer accéder au pouvoir parce que au Cameroun, un
bamiléké ne peut pas gagner en ne faisant confiance et en
s'appuyant seulement sur ses frères bami encore que tous les bami ne
sont pas derrière ce parti bami là.
Ces discours d'enquêtés nous permettent de
dresser le tableau suivant :
Tableau5: Analyse
synthétique de quelques discours recueillis sur les motivations de
l'ethnicisation politique à Dschang
ENQUÊTÉS
|
SEXE
|
Items
|
NOYAU RÉFÉRENT
|
EN2
|
M
|
« Il faut qu'on supporte notre frère. C'est
une autre sorte de patriotisme politique il faut supporter ton frère.
Parce que ton frère est en haut, ils vont également
bénéficier de cela ».
|
-attachement à sa communauté
-intérêt recherché
|
EN3
|
M
|
« L'ethnicisation politique vient
généralement fragiliser l'opinion publique, ça vient
détourner l'opinion publique. Déjà les bourreaux ils ont
pris le pouvoir et ils utilisent la stratégie diviser pour mieux
régner ».
|
-stratégie de contrôler le peuple
|
EN4
|
M
|
« chacun va aller parler à ses frères,
pour les motivations de l'ethnicisation, on n'a pas besoin d'argument, ce que
je dis n'a plus d'importance, vous n'avez même plus besoin d'un programme
politique c'est votre frère quand il va monter il va penser à
vous »
|
-recherche du soutien des siens
-abstraction faite du programme politique
-intérêt recherché
|
EN12
|
F
|
« Ils savent que c'est leur frère qui est
devant et en haut, eux ils vont en bénéficier. Par contre si on
prend un qui n'est pas de leur tribu ça ne sera pas en leur
faveur »
|
-intérêt recherché
-préjugés concernant les autres groupes
|
EN18
|
M
|
« Ça date de depuis nous remarquons que dans
les villes il y'a les associations des ressortissants de tel ou de tel village
(association des Bamilékés alors qu'ils vivent à
Yaoundé). Chacun sachant que son nombril est enterré quelque part
a toujours tendance à revenir vers les siens »
|
-regroupement communautaires
-attachement à sa communauté
-Valoriser l'ethnie ou la communauté
|
EN21
|
M
|
« D'abord sur le plan sociologique, le camerounais
se retrouve facilement dans sa communauté, il s'y sent à l'aise.
Le Cameroun n'a pas encore bâti quelque chose qui est au-dessus de la
communauté. Le leader politique peut se servir de la communauté
pour avoir ne se base pas pour espérer accéder au pouvoir
»
|
-Attachement à la communauté
-formation d'une base
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Source : données du terrain,
2019
Ce tableau contient les discours synthétiques des
enquêtés (classés par sexe) relatives à la
thématique motivation de l'ethnicisation politique à Dschang.
Nous nous servirons de la colonne intitulée « noyau
référent » pour structurerl'analyse.
1. Stratégie
politicienne
Une analyse du phénomène d'ethnicisation
politique à Dschang, montre qu'il s'agit là d'une
stratégie politicienne, bien penser et ficeler à l'avance. Pour
dire ainsi que l'homme politique l'utilise comme une arme sur la scène
politique pour diverses raisons et usages. Cette stratégie politicienne
se perçoit à travers deux éléments à
savoir : d'une part la formation d'une base et d'autres parts le
contrôle de son aire sociologique.
1.1 Formation d'une base, d'un
fief
S'appuyer sur sa communauté d'origine pour avoir le
pouvoir semble être mission impossible car en réalité, on
est forcé d'aller ailleurs grignoter dans d'autres groupes sociaux pour
se hisser à la tête.Par contre, la communauté d'origine est
importante dans une certaine mesure. Un parti politiquene nait pas ex nihilo,
sans matière première et ressources humaines première. Tel
est le discours qui était repris par nombre d'enquêtés. La
logique constatée voudrait qu'il y ait des personnes constituant des
prémices à la naissance d'un parti. Lesquelles personnes ne
viennent nulle part que de la communauté du leader politique. La
volonté de se faire une base, un fief, des personnes sur qui l'on
pourrait compter si tout le reste vient ou alors venait à nous
lâcher motive le phénomène ethnicisation.
C'est ainsi qu'étant Bamiléké et voulant
mettre sur pied un parti politique, l'on a tendance à se retourner
premièrement chez les siens avec qui on partage la même culture
Bamiléké. Par contre, le même Bamiléké qui
veut créer une formation politique et qui se retourne vers les personnes
considérées commeétrangères à son ethnie
d'appartenance connaitra pas mal de problème. Le peuple avec qui nous
partageons les mêmes pratiques culturelles, les mêmes
manières de faire, sentir, bref avec qui l'on peut avoir un quelconque
contact culturel, constituerait un capital social de base assez
important ; ce qui représente d'ores et déjà un
électorat considérable. Tout porte à croire que nous
sommes en plein dans une posture où : « je
commence avec les gens de chez moi, On ne crée pas un parti dans le
vide, ça part de quelque part, et c'est normal que tes frères
adhèrent et te soutiennent »48(*). C'est la même
idée que partage un autre des enquêtés qui renchérit
en disant que : « Il est plus facile de convaincre ses
frères, vu les liens en communs, ce qui constituerait déjà
un électorat considérable surtout dans les élections
législatives et municipales. Mais pour rester au pouvoir il faut viser
tout le peuple pas juste l'ethnie »49(*)
L'on peut percevoir en cette stratégie de formation
d'une base un certain nombre d'implications notamment deux principales à
savoir : l'on est mieux compris et écouté chez soi ;
les nôtres ou du moins la majorité nous soutiendra quoiqu'il
arrive. Pour la première, il peut en ressortir que l'échange, la
communication est plus facile et fluide avec les siens en raison des liens
sociaux qui nous lient, de l'héritage historique que nous avons en
commun. Chaque peuple est caractérisé par des pratiques qui lui
sont propres et ne reconnait comme membre de ce peuple que celui qui
développe ces caractéristiques. L'on sera mieux reçu chez
soi qu'ailleurs car on estime que les nôtres ne peuvent pas nous trahir.
Pour la deuxième implication, à savoir que l'on
bénéficiera du soutien des siens, il faut noter que ce soutien
est inconditionnel et à la limite aveugle en raison justement de
l'appartenance à la même communauté.
Nous pouvons à partir de cette raison issue des
données collectées sur le terrain par rapport aux motivations
dans l'ethnicisation politique, faire un rapprochement avec les
travauxH-LMENTHONG 50(*).
Cette dernièrequi, dans ses études sur le double scrutin
législatif et municipale de 1996, remarquant et faisant allusion
à la notion de fief électoral laissait déjà
transparaitrel'idée de base électorale. Pour ainsi dire que les
formations politiques que compte le Cameroun, ont une base qui constitue leur
fief électoral ; une population avec laquelle on débute dans
l'optique de se faire connaitre plus tard par les autres. La géographie
électorale, désigne couramment par « fief »,
le territoire d'ancrage local d'un personnage politique d'envergure
régionale ou nationale. Le fief électoral est le territoire
d'origine ou d'ancrage, dans lequel l'élu(e) en fait parfois son
quartier de campagne, et celui éventuellement où il (ou elle) se
replie en cas de défaite. Il s'agit souvent d'une municipalité ou
d'une circonscription législative. Le fief est très souvent
l'espace où l'on réalise les meilleurs scores, par effet
d'amitié locale. En cela, les propos actualisés des populations
de Dschang viennent corroborer ce que remarquait déjà cet auteur.
Dans la continuité de leur raisonnement, les enquêtés
laissent remarquer également que le leadeur ou alors l'Homme
politiqueest animé par le désir d'avoir une certaine
prépondérance sur son aire sociologique.
1.2 Contrôle de son aire
sociologique
L'influence sociale ou la pression sociale, est l'influence
exercée par l'individu ou un groupe sur chacun de ses membres dont le
résultat est d'imposer des normes diminuantes en matière
d'attitude et de comportement. Cette influence peut et entraîne
généralement la modification des comportements, attitudes,
croyances, opinions ou sentiments d'un individu ou d'un groupe à la
suite d'un contact avec un autre individu ou groupe. Précisons que pour
noter un tel effet d'influence, une quelconque relation doit exister entre ces
entités. Dans cette partie, nous montrons la stratégie
politicienne de contrôle de l'aire sociologique par le leader politique
à travers une certaine influence, pression que ce dernier a ou exerce
sur son groupe sociologique d'origine.
À l'exemple du berger qui souhaite avoir une totale
influence sur son troupeau et un contrôle absolu sur ses moindres
mouvements ; les maintenir dans l'enclos afin d'éviter tout
dérapage et perte, les populations de Dschang pensent que le leader
politique également, dans une volonté manifeste de contrôle
politique voudrait avoir une main mise dans tout ce qui concerne les
populations de son aire sociologique. Le contrôle ici renvoie à la
vérification, surveillance exercée par un individu ou une
autorité, dans les domaines les plus variés. Dans le cas
présent, le contrôle ici suppose que le leader politique dans sa
stratégie mise en place pour l'atteinte d'un objectif, désir
avoir un regard et une maitrise absolue sur son peuple ou sa communauté.
Se sentir maîtres de tout, avoir le contrôle sur tout plairait
à tous. Le leader politique, puisqu'il s'agit de lui, trouverait cette
posture très idéale car celui-ci a des aspirations qui ne peuvent
être comblées sans l'approbation et la participation de la
population. Avoir une certaine influence sur sa communauté d'origine
serait bénéfique dans la mesure où le peuple se soumettra
à nos désirs ; il pourra faire croire au peuple ce qu'il
veut parce que ce dernier n'a que lui pour repère.
Pour le leader politique, le contrôle sur son aire
politique est très important voire même capitale car il permet
d'éviter toute surprise, dérive ; donner une ligne de
conduite au peuple et pallierà tout comportement indésirable pour
ce dernier. Bref, le leader politique souhaite par ce contrôle de sa zone
sociologique prévoir la réaction et le comportement des
populations. Avec un peuple qui échappe au contrôle, tout est
susceptible d'arriver. On ne saurait anticiper des actions sur un peuple qu'on
ne maîtrise pas. Écoutons à titre illustratif les propos de
cet enquêté : « C'est pour
l'aliénation du peuple ; endormir le peuple afin de ne pas
compromettre leur enjeu, même entre eux les partis ils sont en conflit,
quand on sent que tu veux attirer l'attention du peuple on t'éteint. Ils
sont conscients qu'ils gouvernent mal, maisils veulent à tout prix nous
empêcher de voir claire» Dans un champ politique
ethnicisé, le contrôle sur sa communauté s'avère
donc être un idéal pour les acteurs politiques car dans cette
posture, ceux-ci réfléchissent et agissent en lieu et place du
peuple, dans l'optique d'éviter autant que faire se peut toute trahison.
Tout ceci contribue à corroborer l'une des
théories utilisées dans ce travail à savoir le
fonctionnalisme relativisé.Nous comprenons à travers cette
volonté de contrôle del'aire sociologique que le leader politique
nourrit en lui certaines aspirations ignorées par la majorité de
la population que la présente recherche dévoile. Nous
dénichons là une motivation dans l'ethnicisation politique qui
exprime la fonction latente de celle-ci. C'est précisément ici
que la sociologie ou alors le sociologue intervient car dans sa mission
première il doit contribuer à l'éclairage des
consciences ; démystifier la réalité pour la rendre
évidente pour le profane.
2. Valorisation de l'ethnie en
politique
La compréhensionde la volonté manifeste de
contrôle politique peut également être claire à
travers la valorisation de l'ethnie en politique. Valoriser l'ethnie en
politique revient à donner un certain poids aux différentes
ethnies, montrer sa particularité ainsi que sa singularité qui
prennent parfois l'allure d'une sorte de comparaison. L'on peut comprendre
cette valorisation de l'ethnie en politique à travers certains
indicateurs tels que : les célébrations des nominations en
communauté et les festivals et pratiques culturelles.
2.1 Célébration
des nominations en communauté
Un autreconstat fait dans les récits
d'enquêtés au bout du recueil des données est celui selon
lequel les populations de l'Arrondissement de Dschang pensent que les
réjouissances liées à une nomination ne sont pas
exemptées de la coloration ethnique.Il en ressort que comme toutes les
sociétés camerounaises, les réjouissances prennent
l'allure des fêtes communautaires. Le triomphe d'un individu appartenant
à une ethnie en particulier fait jubiler son groupe social entier
donnant ainsi l'impression que c'est tout le groupe qui a triomphé. Ceci
dans la mesure où lorsqu'un ressortissant d'une ethnie est promu
à un poste administratif, ministériel voire même
présidentiel, il a tendance à rentrer dans sa communauté
fêter cette ascension politique avec les siens ; une sorte de
valorisation de son groupe d'appartenance, mieux, de son ethnie par rapport
à l'autre. C'est du moins l'avis que partagent bon nombre de nos
enquêtés.
Dans un premier temps, on serait tenté de croire que
l'individu est nommé pour servir uniquement à sa Région ou
alors à sa communauté d'appartenance et non à la
société toute entière. C'est cette même
préoccupation qui anime certains des enquêtés notamment
l'enquêté numéro 4 qui affirme que :
« Au Cameroun les postes sont considérés comme des
postes de mangeoire, si c'était pour travailler c'est que on ne
fête pas quand on vous nomme »51(*). Cette assertion donne une
impression que l'objectif n'est pas le travail ; le désir de servir
son pays, sa région ou encore sa localité ; la
volonté d'accomplir une tâche citoyenne, mais celui de montrer
à l'autre que nous sommes supérieur et qu'on a gagné et
qu'il a perdu ; mieux, que nous sommes favorisés par rapport
à lui.
De plus,tout ceci pourrait, dans un second temps laisser
entrevoir et croire que les différentes ethnies sont dans une
compétition au bout de laquelle il y'a eu un vainqueur et un vaincu. Les
vainqueurs se retirent entre eux pour célébrer leur victoire et
les perdants de leur côté digèrent leur défaite en
attendant une échéance prochaine, espérant faire mieux.
Là, l'on peut comprendreH-L MENTHONG 52(*) toujours dans ses travaux de 1996 sur le double
scrutin législatif et municipal, quand elle estime que les
compétitions électorales sont des moments non de confrontation
entre les idées, pour savoir quel programme politique sied le mieux aux
aspirations des populations mais plutôt celui d'une réelle
confrontation entre les différentes communautés ethniques dans la
recherche de l'hégémonie.
Toute chose qui montre que les acteurs politiques ou alors
quelques-uns semblent ne pas être conscients des implications de certains
postes d'une part et d'autre part, qu'ils le sont mais les outrepassent pour
des raisons liées à la communauté.
2.2 Festivals et pratiques
culturelles
Le Cameroun dans son ensemble comporte plusieurs groupes
ethniques aux pratiques culturelles multiples différentes les unes des
autres. La culture camerounaise est caractérisée par une
très grande diversité, liée à sa diversité
ethnique. Au Cameroun on rencontre une multitude d'évènements
culturels qui mettent en lumière la diversité du patrimoine
ethnique qu'offre le pays dit « Afrique en
miniature »53(*). Ainsi, beaucoup trouvent que dans un souci d'avoir
une certaine visibilité, une reconnaissance à l'échelle
nationale, cela passerai par la valorisation de la culture ethnique en
politique, chaque peuple a ses pratiques culturelles qui lui sont propres et
qu'il voudrait vulgariser. Cette vulgarisation impliquerait que chacun de son
côté érige des journées où, c'est la culture
qui est célébrée. C'est ainsi qu'on peut apercevoir des
journées consacrées aux festivals de chaque peuple ; tout
ceci avec le soutien et la subvention de certaines élites
ressortissantes de la même communauté. Au fil du temps, ces
rencontres sont devenues de véritables rendez-vous, qui ont gagné
en popularité au point où, à chacune des éditions,
on dénombre une multitude de festivaliers d'origines diverses en
quête de découverte. Une analyse profonde de ces festivals nous
montre qu'il y'a comme une certaine volonté de différenciation
sociale qui anime la plupart des ethnies. Ce qui découle de la
stratégie politicienne de valorisation de l'ethnie en politique à
travers les festivals et pratiques culturelles, est que chaque groupe social
marque ou alors veut marquer sa différence par rapport à
l'autre.
Ainsi, dans la même logique,M WEIVIORKA54(*) avait vu juste en affirmant
que nous sommes tous différents. Les sociétés sont
marquées par une différence de culture, de personnalité
car chacun de nous avons été forgé d'une certaine
manière, nous avons des pratiques culturelles différentes. La
précision à faire est celle selon laquelle cette
différence n'est pas que l'apanage des sociétés africaines
mais de toutes les sociétés du monde.
La réalité constatétout au long de ce
chapitre, et ce à travers les informations recueillies est que le
phénomène d'ethnicisation du champ politique à Dschang est
motivé par une volonté manifeste de contrôle politique par
la plupart des leaders de partis politiques ou Hommes politiques tout
simplement. Cette volonté de contrôle nous l'avons vu, se
manifeste par des éléments comme : la formation d'un
fief ; le contrôle de son aire sociologique ; la
célébration communautaire des nominations ; les pratiques et
festivals culturels. Tout ceci témoigne des fonctions cachées de
l'ethnicisation du champ politique que certains ignorent mais qui structurent
les agissements des personnes ; bien que beaucoup l'ignore, cela s'est
avéré être une réalité lors de notre descente
sur le terrain.
CHAPITRE 2 : POIDS DES CONSTRUCTIONS SOCIALES SUR
L'ETHNICISATION POLITIQUE À DSCHANG
Ce chapitre tente de montrer d'autres motivations subtiles
dans l'ethnicisation du champ politique qui sont en réalité le
résultat des constructions que se font les populations ; des
constructions qui naissent sous l'impulsion de l'ethnicisation du champ
politique. Ces motivations sont le résultat d'un schéma
monté par les populations dans l'optique de tirer un quelconque profit.
1. Primat de la
rationalité communautaire
La rationalité telle qu'elle est perçue ici
renvoie aux choix que les membres d'une communauté font, choix qui
restent colorés par le facteur ethnique. Ce sous titrage montre que les
choix de la population qui les amènent à être
renfermés sur leur communauté sont une forme de
rationalité selon eux. Longtemps perçu comme de
l'égoïsme, de la cupidité, la réalité
constatée et rendue évidente à l'issu de la descente sur
le terrain est que loin de là, c'est une forme de rationalité
communautaire en ce sens que le choix n'est pas hasardeux ; c'est la
résultante d'une réflexion bien murit ; le coût des
pertes et les gains ont été pesés afin d'opérer un
choix. Militer pour son frère ou un membre de son ethnie en
espérant bénéficier de quelques avantages venant de lui
est non seulement une sorte de loyauté vis-à-vis de ce dernier
mais bien plus encore, c'est une décision que peut arriver à
dicter la raison communautaire. Ainsi, à travers un résumé
de toutes les raisons avancées par les enquêtés, nous
pouvons apercevoir cette rationalité communautaire à travers deux
éléments à savoir : l'attachement à sa
communauté et l'abstraction faite du projet politique.
1.1 Attachement à sa
communauté
L'attachement à la communauté d'origine ne
résulte pas de l'ignorance ou de l'incompétence de la population
mais est le fruit d'un usage rationnel de la pensée. Il est un aspect
à ne pas négliger lorsqu'il est question d'analyser le
phénomène ethnique. La notion d'attachement implique
l'idée d'un lien affectif, qui rapproche un individu d'un autre. La
communauté occupe une place de choix au sein des sociétés
camerounaises au point où chacun arrive à se définir par
rapport à son groupe social d'appartenance. Il est mal conçu un
individu n'ayant pas une communauté de référence à
laquelle il s'identifie et pour laquelle il manifeste une loyauté. Le
peuple a ses raisons de faire tel ou tel choix, raisons qui sont de son point
de vu rationnelles.
Dans le même ordre d'idée, l'attachement à
la communauté implique le fait de s`intéresser à tout ce
qui concerne et touche à la communauté. Autrement dit, se sentir
personnellement impliqué lorsque la communauté rencontre un
problème, prêt à la défendre contre les autres, les
intrus, l'extérieur avec qui on ne partage pas la même culture.
L'on est plus informé des réalités de notre
communauté d'appartenance ce qui pourraitamener à consommer
localement.
Nous pouvons établir un lien entre l'attachement
à la communauté et le tribalisme dont parlent R GMUNDER
etJ-BKENMOGNE55(*). Pour
eux, le tribalisme signifie, dans un sens large, un amour excessif, une
fierté exagérée qui va au détriment du respect et
de l'ouverture à l'autre. Autrement dit, le tribalisme recherche
l'intérêt égoïste de sa propre tribu. Parce qu'on est
attaché à notre communauté, on conçoit mal que
cette communauté puisse nous vouloir du mal ; par
conséquent, le mal vient presque toujours des autres d'où le
concept de « boucs émissaires »dont ils font
allusion dans leur ouvrage pour faire porter aux autre tribus et ethnies le
chapeau de tout ce qui arrive. Le caractère problématique de ce
phénomène du tribalisme les pousse, à l'épilogue de
leur analyse à entrevoir des voies de sortie pour libérer la
société de ce phénomène.
Les dires de ces auteurs sont soutenus par certains des
enquêtés rencontrés sur le terrain. Lors de la collecte des
informations, nous avons pu constater que l'individu à Dschang plus
précisément est attaché à sa communauté
d'origine, lié à son groupe social. Voici d'ailleurs les propos
d'un informateur qui s'est prononcé sur la question « chacun
sachant que son nombril est enterré quelque part a toujours tendance
à revenir vers les siens »56(*)
1.2 Abstraction faite du projet
politique
Considérant l'attachement des uns et des autres
à leur communauté d'origine, il va de soi que l'attention n'est
plus prêtée sur le projet politique des différents
protagonistes pour le pouvoir ou une quelconque fonction. Selon les
données recueillies sur le terrain, il ressort qu'on a besoin de rien
d'autre que le lien social pour avoir l'approbation des siens. Écoutons
à ce propos l'une des personnes ressources « chacun va
aller parler à ses frères, pour les motivations de
l'ethnicisation, on n'a pas besoin d'argument, ce que je dis n'a plus
d'importance, vous n'avez même plus besoin d'un programme politique
c'est votre frère quand il va monter il va penser à
vous »57(*).
Une conséquence débouchant de l'abstraction
faite du projet politique peut-être la montée et la
perpétuation du vote ethnique. Le vote ethnique ou clanique existe
partout dans le monde, aussi bien dans les pays démocratie
avancée que sur le continent africain. Mais il semble être plus
inquiétant en Afrique. Ce vote se caractérise par des
intérêts ethniques et claniques.
En concordance avec le terrain nous avons pu faire la remarque
que « Je vote un tel parce qu'il est de chez moi, parce
qu'il est de ma région, un point c'est tout »58(*). Les électeurs ne
tiennent compte ni du programme, ni des capacités réelles du
candidat à qui ils accordent leurs suffrages. Ils se fondent
principalement sur l'appartenance soit religieuse, régionaliste,
ethnique etc., avec l'espoir de mieux bénéficier des biens du
pouvoir dès lors que c'est leur frère qui y est. Dans la logique,
c'est un vote irrationnel, or la démocratie est le rationnel. On
réfléchit, on raisonne en démocratie pour améliorer
et envisager le développement. Nous convenons donc que nous sommes
là en plein dans un modèle déterministe du comportement
électoral qui peut se rapprocher de celui que décrit que
décrit N MAYER59(*)
etH-L MENTHONG60(*)quand
elles étudient les modèles explicatifs du vote mais il y'a une
équivoque à lever. Certes le vote ou alors le comportement
politique est déterminé par les liens affectifs, le sang, la
langue, la culture qui lient les populations, cependant il faudrait voir en
cela non pas l'irrationnel mais une sorte rationalité dite communautaire
car l'individu agit en fonction des convictions qui sont les siennes,
convictions qui sont le résultat des idées murement
réfléchies. Loin de voir en l'individu un «
aliéné » qui prends des décisions hâtives,
qui agit par instinct, voyons plutôt quelqu'un qui pose une action
rationnelle en finalité.
Dans le même ordre d'idée, nous remarquons au
bout de cette analyse plus approfondie des discours recueillis que
l'attachement à la communauté, l'abstraction faite du programme
politique peut avoir aussi des répercutions dans le choix des partis
politique. Plus précisément, c'est l'identification des
enquêtés qui suscite cette remarque. Voici d'ailleurs le tableau
d'identification de quelques enquêtés selon leur origine ethnique
et leur appartenance politique.
Tableau 6:
Croisement entre l'appartenance ethnique et l'appartenance politique de
quelques enquêtés
Numéro de l'enquêté
|
Région d'origine
|
Parti politique d'appartenance
Ou affectionné
|
EN2
|
Sud-Ouest
|
SDF
|
EN6
|
Centre
|
RDPC
|
EN7
|
Ouest
|
MRC
|
EN8
|
Ouest
|
SDF
|
EN10
|
Ouest
|
MRC
|
EN11
|
Ouest
|
MRC
|
EN15
|
Ouest
|
MRC
|
EN17
|
Sud-Ouest
|
RDPC
|
EN18
|
Centre
|
RDPC
|
EN21
|
Ouest
|
RDPC
|
EN22
|
Ouest
|
MRC
|
EN25
|
Ouest
|
MRC
|
EN26
|
Ouest
|
MRC
|
EN27
|
Ouest
|
MRC
|
EN29
|
Centre
|
RDPC
|
EN30
|
Ouest
|
MRC
|
Source : enquête de terrain,
2019.
Dans ce tableau représentant le croisement entre la
Région d'appartenance et l'appartenance politique de quelques
enquêtés, nous remarquons quele choix du parti politique ne
s'éloigne pas significativement de la logique ethnique. Pour la
majorité, l'attachement à la communauté d'origine influe
sur la formation politique d'appartenance en ce sens que, selon le tableau, la
plupart des personnes originaires de l'Ouest Cameroun appartiennent au parti
MRC, parti dit Bamilékés. Le constat est également fait
pour les personnes interrogées ressortissantes du centre qui, pour la
plupart militent pour le parti RDPC, parti taxé de « parti
Bétis ». Ceci montre que la logique actuelle tend à se
rapprocher de ce que MENTHONG H-L61(*) pensait en affirmant à la page 42 de son
travail sur le vote que les
« Les partis politiques reproduisent en grande
partie les clivages ethniques au prix d'un travail de construction de
l'identification et de la représentation, même si le nombre de
partis politiques ne correspond pas à celui des
ethnies »
2.Volonté de
catégorisation des peuples
L'une des constructions sociales qui émerge et
quirenseigne sur les motivations dans l'ethnicisation du champ politique
contemporain est entre autre la catégorisation des peuples. Loin
d'être une donnée, elle relève d'une construction que les
peuples se font au cours de leur échange mutuel.
2.1 Regroupements
communautaires
Quand on observe à première vu l'Arrondissement
de Dschang, l'on peut avoir l'impression que les populations sont
homogènes mais, suite à la descente sur le terrain, le constat
qui est fait est celui selon lequel, de plus en plus les populations sont
catégorisées et cela se comprend à travers les
regroupements communautaires. Les populations sont rangées par
catégorie en raison de la culture, de la langue. Au niveau des
données rendues disponibles par cette étude, il semble que
l'individu aime se sentir en communauté, il aime être avec les
personnes qu'il considère comme les siens. C'est en fait de ce
désir de se sentir en communauté que découle les
regroupements communautaires. Dans la société camerounaise, la
communauté occupe une place de choix ; Les consciences
communautaires priment pratiquement sur tout parfois même sur
l'État car le pays n'a pas encore bâti quelque chose qui est
au-dessus de la communauté. C'est-à-dire que les populations sont
plus animées par la conscience communautaire que nationale.
L'on peut d'avantage comprendre ce regroupement communautaire
à travers les associations et réunions annexes
créées dans des villes pour faire adhérer ceux-là
qui se réclament de ce groupe. On peut dès lors parler par
exemple de « l'association des bétis » qui regroupe
tous les bétis où qu'ils se trouvent sur le territoire national,
de « l'association des bamilékés » qui en son
sein rassemble les ressortissants bamilékés. Même à
l'échelle internationale, ces regroupements sont perceptibles et
continuent de fonctionner. Une transposition sur le champ politique nous fait
remarquer à peu près la même configuration car la plupart
adhère à une formation politique toujours dans l'optique de
sentir en communauté, proche des siens. Écoutons d'ailleurs les
propos d'un informateur sur la question :
D'abord sur le plan sociologique, le camerounais se retrouve
facilement dans sa communauté, il s'y sent à l'aise. Le Cameroun
n'a pas encore bâti quelque chose qui est au-dessus de la
communauté. Lorsqu'un camerounais va quitter arriver par exemple au
Gabon, la première chose qu'il voudra faire c'est de chercher d'abord sa
communauté, pour se retrouver dans sa communauté à travers
les associations, ce qui fait que sur le plan politique, c'est à peu
près la même configuration, les Camerounais ont tendance à
se retrouver dans une communauté qui est la leur.62(*)
À propos du champ politique qui obéit presque
à la même configuration, nous pouvons dire que les partis
politiques en majorité sont des relais pour les regroupements
communautaires car une formation politique qui naît a pour militants en
majorité les ressortissants du groupe sociologique du leader (comme peut
le démontrer le tableau 6). Ceci parce qu'ils pensent qu'il y'a qu'une
personne du milieu qui puisse comprendre et solutionner les problèmes
auxquelles on fait face. Les populations veulent se reconnaitre en le leader
à travers des traits liés à l'ethnie, à la
communauté. À ce sujet, écoutons une fois de plus un
informateur
Mais on a eu pendant les élections des tendances qui se
sont récupérés avec les anglo-Bamis. C'est-à-dire
que l'essentiel des militants du SDF qui étaient des anglophones et des
bami s'est disloqué au profit du MRC, son électorat s'est
disloqué. Les bamis pour la plupart se sont retrouvés dans le MRC
et là ça revient à ce que je disais que le camerounais
aime se sentir dans sa communauté, ils se sont retrouvés dans la
communauté, ils ont vu un leader qui pouvait porter leur désirs
et là on peut revenir au plan historique car il a été
toujours dit que les Bamis ne peuvent pas accéder à la fonction
présidentielle, donc cette fois avec le MRC ils se sont dit ah enfin
quelqu'un qui pourrait nous sortir de cette image-là, ils se sont donc
trouvés adhérant ou militants aux idées du MRC.63(*)
Nous comprenons là que les formations politique sont
d'une certaine manière des lieux de regroupement communautaire en ce
sens que comme nous l'explique cet enquêté, l'on est capable de
migrer d'une formation politique à une autre dans l'optique de
satisfaire le besoin et le désir pressant de se sentir en
communauté, avec les siens. Nous comprenons également que
l'individu milite pour une formation politique qui tend à se rapprocher
de sa communauté d'appartenance. Une alternative est toujours
trouvée pour perpétuer ce regroupement communautaire entre les
peuples.
2.2 Préjugés
ethniques
De plus en plus, les uns et les autres arrivent à une
catégorisation des populations à Dschang à travers des
idées préconçues, des préjugés ethniques.
Faux ou pas, là n'est pas le noeud du problème. Ce qui importe
c'est que les uns et les autre à force d'être taxer de tous les
maux ont fini par y croire et à vivre selon ce qui est dit d'eux. Toute
chose qui affecte considérablement leur vie en société.
Les réponses aux différentes questions du guide d'entretien
employé dans ce travail font état de ce que les ethnies sont
stéréotypés ; que plusieurs étiquettes sont
collées à certains à tort ou à raison. Voici
quelques étiquettes collées à certaines ethnies issues de
la descente sur le terrain : « les bamilékés sont
incapables de gouverner et de faire la politique, ils sont des
tontinards ; les bétis sont des sardinards »64(*).
« Lorsqu'on dit par exemple que les
bamilékés ne pourront jamais accéder au pouvoir ça
fragilise la couche massive ce sont des mots dissuasifs pour vous
décourager à participer aux mouvements politiques. En fait c'est
créé pour ça, influencer la participation politique des
populations »65(*) . Les notions de
« tontinards » et de « sardinards »
plus précisément, loin d'être des simples mots
utilisés comme référence à deux peuples
précis à savoir Bétis et Bamilékés sont
porteurs de sens. Les récits remontent à la dernière
échéance électorale pendant laquelle l'on a assisté
à un réel spectacle opposant ces deux groupes.
Dans leur article intitulé « pour vaincre le
tribalisme,R GMÜNDER et J-B KENMOGNE66(*) montrent que le tribalisme est en nous et se
manifeste par bien de chose comme le phénomène de boucs
émissaires, le sentiment de persécution, la
généralisation. Bien plus encore, ils montrent que le tribalisme
se manifeste par les stéréotypes et préjugés qui au
fil du temps, servent à catégoriser et à
caractériser certains groupes sociaux.
R-K MERTON67(*) exhortait et recommandait dans ses travaux un
principe pour l'analyse des phénomènes sociaux. Il proposait
d'identifier les fonctions manifestes et les fonctions latentes dans l'analyse.
Au regard des données collectées et analysées, nous
remarquons que certaines fonctions parfois inavouées et cachées
ressortent en surface ; des effets indésirables par les
populations. À la lumière donc de cette théorie, nous
comprenons un certain nombre de chose par rapport à l'ethnicisation du
champ politique dans l'arrondissement de Dschang.
Les différentes interventions sur la question
concernant les motivations dans l'ethnicisation politique à Dschang nous
amènent construire le graphique suivant :
Graphique 1:
Hiérarchisation des motivations dans l'ethnicisation
politique
Source : données de terrain,
2019.
Selon les différentes raisons avancées par les
enquêtés concernant les motivations de l'ethnicisation du champ
politique, nous avons pu dresser ce graphique dans l'optique
d'hiérarchiser, classifier selon les tendances ces dernières.
Nous y retrouvons quatre modalités à savoir :
stratégie politicienne, valorisation de l'ethnie, rationalité
communautaire et catégorisation des peuples, chacune étant
représentée par une couleur. La tendance dominante est une
stratégie politicienne, suivie par la valorisation de l'ethnie et la
catégorisation des peuples qui sont égaux et la
catégorisation des peuples. L'explication que nous pouvons donner
à cela est que la politique étant fait par les politiciens,
ceux-ci se serve de l'ethnie pour arriver à leurs fins. Elle leur sert
de stratégie pour soit se frayer un chemin dans l'espace politique, soit
pour dominer, ou encore pour contrôler les populations. Toujours est-il
qu'ils s'en servent d'une manière comme d'une autre dans l'exercice du
jeu politique.
Schéma 2:
Représentation récapitulative des motivations dans
l'ethnicisation politique à Dschang
Volonté manifeste de
contrôle politique
Stratégie politicienne
valorisation de l'ethnie en politique
Formation contrôle de l'aire
D'une base sociologique
célébration communautaire festivals et pratiques
Des nominations culturelles
Poids des
constructions sociales
Rationalité communautaire
catégorisation des peuples
Attachement à abstraction du
regroupements préjugés
sa communauté projet politique
communautaires ethniques
Ethnicisation politique
Source : enquête de terrain, 2019.
À l'épilogue de ce chapitre où il
était question du poids des constructions sociales, il en ressort que
ces constructions sont entre autre le primat de la rationalité
communautaire qui s'aperçoit par l'attachement des individus à
leur communauté et l'abstraction qui est faite du programme
politique ; également, nous avons vu une autre construction sociale
qui est la volonté de catégorisation des peuples qui peut
s'apercevoir à travers les regroupements communautaires et les
préjugés ethniques. Tout compte fait, l'individu dans sa
société est rationnel même si ses choix et décisions
donnent l'impression qu'il ne l'est pas. De plus, avec les données
collectées, nous avons pu corroborer les théories qui nous ont
servi de support d'analyse. L'individu est dans une interdépendance avec
la société dans laquelle il vit comme nous le ditN ELIAS
68(*)dans ses recherches
innovatrices ; il agit sur la société tout comme la
société agit sur lui. Ainsi au vue de l'ethnicisation du champ
politique contemporain, la participation politique et le vivre ensemble ne
sont-ils pas inquiétés ?
DEUXIÈME PARTIE : INFLUENCE DE L'ETHNICISATION
POLITIQUE SUR LA PARTICIPATION POLITIQUE ET LE VIVRE ENSEMBLE
L'indépendance des États africains a fait
miroiter pour quelques temps une lueur d'une vraie autonomie, focalisée
autour d'une nation forte et unie, devant entraîner un
développement effectif. Les États africains après leurs
indépendances ont connu au cours de leur processus politique,
l'autoritarisme bourgeois, les coups d'État, le parti unique avec la
personnalisation du pouvoir, le népotisme, la dictature, qui ont conduit
à un processus de démocratisation dans les années 1990. Ce
processus entaché de corruption, d'élection truquée, de
gouvernance patrimoniale et clanique, de manipulations constitutionnelles, de
manipulations ethniques demeure un échec sur le continent. En outre, ces
difficultés rencontrées sont en partie expliquées aussi
par le facteur ethnique. Ce dernier est considéré comme le
vestige du passé, est vu comme un nouveau paradigme de la situation
politique actuelle africaine. C'est du moins l'avis de R POURTIER 69(*). C'est une source de
potentiels conflits qui minent l'Afrique si cela ne l'est
déjà.Dans le cas qui nous intéresse dans cet exercice de
recherche à savoir le cas du Cameroun et plus précisément
celui de l'Arrondissement de Dschang, nous voulons dans cette partie analyser
et comprendre quels peuvent être les effets de l'introduction de ce
facteur ethnique en politique sur la participation politique et le vivre
ensemble des populations de l'arrondissement de Dschang ; les
modifications qu'il engendre sur le comportement et les attitudes politique des
populations. Quand on parle d'ethnicisation du champ politique, il serait
naïf de ne pas entrevoir le choc qu'elle peut provoquer sur la
participation politique et le « vivre ensemble ». Ainsi
l'analyse sera faite en rapport avec les populations de l'arrondissement de
Dschang.
CHAPITRE 3 : PARTICIPATION POLITIQUE FACE À
L'ETHNICISATION POLITIQUE
Chaque citoyen doit participer aux affaires concernant son
pays, c'est un devoir citoyen. Cette participation est d'autant plus importante
qu'elle est nécessaire pour voir les choses changer et
s'améliorer. Ainsi, le citoyen doit participer à la politique
pour une double raison : d'une part, il participe pour apporter sa
contribution à la bonne marche de son pays par la manifestation de son
devoir citoyen prévu par la constitution ; c'est par cette
participation qu'il peut faire connaître et exprimer ses volontés.
D'une autre part, il doit participer parce que c'est à travers elle
qu'il peut impacter sur les décisions prises. Au vue des dynamiques
politiques70(*) qu'ont
connues les sociétés africaines et camerounaises en particulier,
plusieurs modifications ont suivi dès lors. On se retrouvera
confronté de plus en plus au débarquement du facteur ethnique
dans les affaires politique. Ce débarquement a eu de lourdes
conséquences sur la participation politique des populations de
l'arrondissement de Dschang. C'est ses conséquences que nous nous
proposons d'analyser dans ce chapitre à la lumière des
informations collectées sur le terrain.
QUELQUES DISCOURS DU TERRAIN SUR LA PARTICIPATION
POLITIQUE FACE À L'ETHNICISATION POLITIQUE
EN2 : Certainement je pense que ça va influencer
et ça influence parce que une fois que s'est ethnicisé les
membres d'une ethnie particulière vont trouver cela important de voter
leur frère et ça se voit peut-être dans notre
actualité dans notre société, nous voyons peut-être
le MRC, beaucoup de gens plus précisément de l'Ouest ont
décidé que noo c'est derrière MRC. Ils ne savent
même pas quel est son programme politique (parce que j'ai pris la peine
de demander aux gens que qu'est-ce que Maurice Kamto a proposé mais les
gens n pouvaient pas dire, ils disaient seulementohohKamto sans connaitre ce
que Kamto a promi. Beaucoup de gens ne sont même pas le militants d'un
parti politique alors ça influence d'une manière occasionnelle
parce que lorsqu'on voit des gens peut-être on dit Maurice Kamto est en
train de venir à Dschang on voit une masse on voit une foule venir voir
et supporter, lorsqu'il parle on crie on va penser que parmi les gens
là, eux tous ont des cartes d'électeur, eux tous vont aller voter
le MRC mais la triste vérité est qu'ils ne se sont même pas
inscris aux élections. Et même ceux qui se sont inscris vont
trouver que on ne part même pas voter parce qu'on connait
déjà celui qui va gagner
EN3 : Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique c'est
justement pour freiner la participation massive des populations, vous
détourner de votre intérêt. On sait que si vous êtes
unis et que vous allez voter contre l'autre, vous pourrez à la longue
réclamer votre vote et cela pousse les gens dans la rue. Lorsqu'on dit
que « les bamilékés ne pourrons jamais accéder
au pouvoir » ça fragilise la couche massive ce sont des mots
dissuasifs pour vous décourager à participer aux mouvements
politiques. En fait c'est créé pour ça, influencer la
participation politique des populations
EN4 : ça influence en ce sens que les discours
politique ne sont plus sondés, on ne demande pas le programme politique
mais on demande qu'il est d'où.si je me mets là maintenant
à parler à la place de fête un discours politique, tous
ceux qui vont passer vont dire il est d'où ? Dès qu'on voit
que ce n'est pas un Dschang on asse disant que moi je ne traite pas avec ces
gens-là, mais si quelqu'un entend que c'est son frère, il va
s'arrêter pour suivre analysés mais parce que c`est mon
frère je milite derrière lui. On voit que tel a remporté
à 100% dans telle région parce que c'est le chez lui
EN9 :Le vote n'est plus objectif, c'est par rapport
à la tribu et à l'intérêt. Le choix des partis
politique est ethnique, on regarde d'abord à l'ethnie avant le programme
politique ; ce sont les non-dits qui gouverne le Cameroun. Les
revendications sont ethniques à 80% parce que le leader lutte d'abord en
faveur de notre base tribale et à 20% pour la cause nationale
EN12 : Ça influence certes mais dans certaines
régions mais pas partout, on retrouve les gens de même ethnie que
celui qui est en haut mais compte tenu de leur quoscient intellectuel refuse
d'y adhérer parce que ils constatent que soit la personne qui est en
haut n'applique pas les règles qui seront en leur faveur. Or dans un
autre parti celui qui est en haut vise plutôt pour l'intérêt
général. Selon qu'on soit bourgeois ou prolétaire on a un
type de comportement, riches et pauvres n'ont pas le même problème
donc ça dépend du niveau de vie de chacun. Le prolétaire
cherche le parti qui donne la nourriture or le bourgeois va sur la logique il
réfléchit avant d'agir. Le prolétaire décide
d'adhérer à un parti d'où il tire un avantage personnel
(par exemple lors des campagnes on distribue les pagnes, nourriture etc. Or le
bourgeois n'a pas besoin de tout ça il en a déjà lui il
adhère au parti qui va dans la logique et qui supporte
l'intérêt général
EN14 : Je suis candidat à une élection, toi
et moi nous sommes de la même contrée, tu ne cherches pas à
savoir si le programme politique que moi je présente est un programme
peut-être qui résout un certain nombre de problème. Toi ce
qui t'importe c'est que si tu me vote moi qui suis ton frère du village,
même si toi tu ne bénéficie pas directement des actions que
je vais entreprendre, indirectement tu vas en bénéficier parce
que une fois élu je reviendrais à la source faire un certain
nombre de réalisation. Ça a une grosse influence parce que quand
on observe la dernière élection présidentielle, c'est dans
la région de l'ouest que le MRC a eu son plus gros résultat.
Ça veut dire que le poids ethnique à peser, l'ethnicité
à peser de tout son poids pour que cela soit ainsi. C'est vrai on va
dire à Douala aussi il a gagné mais c'est une ville cosmopolite
constitué en majorité des bamilékés donc à
ce niveau encore l'ethnie a été mis en avant. Création
d'un antagonisme du fait d'un attachement fort des populations à leur
leader qui est de la même ethnie qu'elle-même au niveau des
manifestations les meneurs sont ressortissants de la même ethnie que le
leader. Le désintéressement total de la chose politique et
l'abstentionnisme ont eu cours avant la période électorale de
2018 parce que avant cette période les bamilékés pour
ainsi dire ne s'intéressaient pas trop à la chose politique parce
qu'il y'avait pas un leader charismatique qui pouvait porter leur
intérêt. Mais maintenant avec l'avènement du MRC en 2012,
il va sans dire que les peuples de l'ouest ont commencé à
s'investir politiquement ; mais cet investissement s'est le plus accru
à l'occasion des élections du 7 octobre parce qu'au Cameroun on a
enregistré une participation record aux élections donc ça
peut être facteur d'abstentionnisme comme facteur de mobilisation sur la
scène politique. On s'abstient quand on n'a pas un des nôtres
derrière qui on peut s'allie pour faire bloc, mais dès lors qu'on
se rend compte qu'on a un dès notre, massivement on se lance
derrière lui
EN15 : Parce qu'on a utilisé cette manière
de faire la politique et ça n'a pas marché, le gens sont
découragés, l'abstentionnisme, on s'est battu à notre
niveau et ça n'a rien donné ça peut me pousser à me
révolter, exprimer son mécontentement
EN20 : On fonctionne avec le ventre et non plus avec la
tête. Il y'a la foule mais vide de sens, pas compétente ; il
y'a peu de personnes qui peuvent défendre le parti, critiquer le
pourvoir en place avec des arguments solides
À partir de ces interventions, nous pouvons construire
le tableau suivant :
Tableau 7:
Synthèse des discours sur la participation politique face à
l'ethnicisation politique
ENQUÊTÉS
|
SEXE
|
Items
|
Noyau référent
|
EN2
|
M
|
« Certainement je pense que ça va influencer
et ça influence parce que une fois que s'est ethnicisé les
membres d'une ethnie particulière vont trouver cela important de voter
leur frère et ça se voit peut-être dans notre
actualité dans notre société,
Beaucoup de gens ne sont même pas le militants d'un
parti politique, ne se sont même pas inscris aux élections. Et
même ceux qui se sont inscris vont trouver que on ne part même pas
voter parce qu'on connait déjà celui qui va gagner »
|
-choix des gouvernants
-Désintérêt de la chose politique
- épuisement dû au combat improductif
|
EN3
|
M
|
« Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique c'est
justement pour freiner la participation massive des populations, vous
détourner de votre intérêt.
» ça fragilise la couche massive ce sont des mots
dissuasifs pour vous décourager à participer aux mouvements
politiques. »
|
-abstentionnisme de la population
-découragement de certains
|
EN4
|
M
|
« Ça influence en ce sens que les discours
politique ne sont plus sondés, on ne demande pas le programme politique
mais on demande qu'il est d'où. »
|
-Subjectivité dans les choix politiques
|
EN9
|
M
|
« Le vote n'est plus objectif, c'est par rapport
à la tribu et à l'intérêt. Le choix des partis
politique est ethnique, on regarde d'abord à l'ethnie avant le programme
politique ; ce sont les non-dits qui gouverne le Cameroun. Les
revendications sont ethniques à 80% parce que le leader lutte d'abord en
faveur de notre base tribale et à 20% pour la cause
nationale »
|
-subjectivité identitaire
- ethnicisationdes revendications politiques
|
EN12
|
F
|
« Ça influence. Le prolétaire cherche le
parti qui donne la nourriture. IL décide d'adhérer à un
parti d'où il tire un avantage personnel (par exemple lors des campagnes
on distribue les pagnes, nourriture etc. »
|
-manque d'objectivité
|
EN14
|
M
|
« Je suis candidat à une élection, toi et
moi nous sommes de la même contrée, tu ne cherches pas à
savoir si le programme politique que moi je présente est un programme
peut-être qui résout un certain nombre de
problème. »
|
-subjectivité
-recherche d'une satisfaction personnelle
|
EN15
|
M
|
« Parce qu'on a utilisé cette manière de
faire la politique et ça n'a pas marché, le gens sont
découragés, l'abstentionnisme, on s'est battu à notre
niveau et ça n'a rien donné ça peut me pousser à me
révolter, exprimer son mécontentement »
|
-découragement
Abstentionnisme
mécontentement
|
EN20
|
M
|
« On fonctionne avec le ventre et non plus avec la
tête
Il y'a la foule mais vide de sens, pas compétente ;
il y'a peu de personnes qui peuvent défendre le parti, critiquer le
pourvoir en place avec des arguments solides »
|
-manque d'objectivité
-Hypocrisie de la population
|
Source : données du terrain,
2019.
Le présent tableau est celui des analyses
synthétiques de quelques discours de terrain relatifs à la
thématique participation politique face au phénomène
d'ethnicisation du champ politique. Prenant en compte les données de la
colonne « noyau référent », nous rendrons
compte de ce qu'il en ressort.
1. Prépondérance
de la subjectivité identitaire
La subjectivité voudrait dire que l'on n'est plus
objectif dans les décisions et choix que l'on prend. Ça voudrait
également dire que les raisons qui motivent un choix sont plus
personnelles que générale. Quand on parle de subjectivité
identitaire ici, cela revoie à un manque d'objectivité qui
amène les populations à opérer des choix guidés par
leur appartenance ethnique et non des choix prenant en compte toutes les
couches ethniques et la société dans son entièreté.
Le phénomène d'ethnicisation du champ politique contemporain a
engendré au sein des populations une très grande
subjectivité.C'est du moins ce qui ressort du terrain. Cette
dernière peut se constater au niveau du choix des gouvernants et dans
les revendications politiques.
1.1 Dans les choix des
gouvernants
À l'entame de ce sous titrage, écoutons les
propos de cet enquêté parlant de l'effet de l'ethnicisation
politique sur la participation des
populations : « Ça m'a influencé au point
où la récente élection j'ai dit je ne peux pas voter un
francophone, c'est un anglophone que je vais voter. »71(*)
Choisir un gouvernant, la personne devant présider aux
destinées de la nation ou de la localité est très
délicat et nécessite un certain niveau de réflexion. C'est
un phénomène complexe, un acte personnel. Cependant, le triste
constat qui a été fait dans l'arrondissement de Dschang est celui
selon lequel il y'a une grande subjectivité qui amine les populations
quand il s'agit d'opérer un choix, de déterminer les élus
de la localité. On parle dès lors d'une subjectivité
identitaire pour ainsi dire que bien que la subjectivité soit là,
elle ne s'écarte pas pour autant de l'appartenance ethnique et
identitaire. Le choix initialement conçu comme un acte personnel ne
l'est plus car il s'inscrit dès lors dans des démarches
collectives, des cultures et des traditions. Plus que les programmes, ce qui
importe en compétition électorale, c'est l'identification des
électeurs à un candidat considéré comme natif du
terroir. À ce propos, les programmes électoraux importent peu en
définitive puisque les choix se portent d'abord sur les candidats et non
sur les idées. Conscients de l'influence qu'exerce l'ethnie sur les
attitudes électorales, les gourous politiciens peuvent donc s'en servir
intelligemment pour étancher leur soif de pouvoir politique. Le
déterminant ethnique est très important dans le choix des
leaders. Les acteurs politiques en ont bien conscience et joue sur cet
aspect.
Voici quelques propos du terrain parlant de l'ethnicisation
politique et le choix des gouvernants pour corroborer ce que nous affirmons.
« C'est une arme pour les hommes politique,
l'arme des faibles, parce qu'on ne veut pas travailler on compte sur les
faveurs de ses frères du village »72(*)
« Il est plus facile de convaincre ses frères,
vu les liens en communs, ce qui constituerait déjà un
électorat considérable surtout dans les élections
législatives et municipales »73(*)
Au vue de ces dires, on conçoit mal une autorité
de la localité de Dschang provenant d'une autre ethnie ; qu'un
béti par exemple soit maire à Dschang cela n'est pas encore
encré dans les mentalités des populations. Également, ces
dires nous amènent à comprendre la subjectivité dans le
choix des gouvernants qui se transparait plus dans le cadre des
élections municipales et législatives.
Nous ne pouvons dès lors pas comprendre la
subjectivité dans le choix des gouvernants si nous envisageons
séparer l'individu de la société mieux de son groupe
social, si nous les considérons comme deux entités distinctes.
Les actions des populations de l'arrondissement de Dschang sont mieux
cernées quand on envisage de considérer la société
dans laquelle elles vivent. Par conséquent, considérer l'individu
comme entité séparé de la société serait un
biais considérable dans la compréhension de ses agissements.
Bref, nous devons en ces deux entités (société et
individu) voir une sorte d'interdépendance, une
complémentarité puisque les faits qui en découlent sont
issus de cette relation d'interdépendance.
1.2 Dans les revendications
politiques
Une revendication est l'action de revendiquer, de
réclamer ce que l'on considère comme étant un droit. Quand
on parle de revendications politique, cela renvoie à la
réclamation d'ordre politique d'une chose que l'on estime qu'elle est
à nous ; chose pour laquelle on se bat et dont on nous a longtemps
privé. La présente recherche a montré que du moment
où la vie politique est ethnicisée, il va de soi que les
revendications politiques soient elles aussi entachées du facteur
ethnique. La montée des réclamations ethno-régionales,
fondées sur des particularismes régionaux se retrouve
amplifiée par le phénomène d'ethnicisation de la
politique. Plus haut nous avons vu qu'il y'a une poursuite
d'intérêts égoïstes et égocentriques des
populations ; en faisant un croisement entre les réponses à
ces deux variables à savoir les motivations de l'ethnicisation politique
et la participation politique face à l'ethnicisation du champ politique,
il en ressort que l'un entraîne, débouche sur l'autre et vice
versa. Le fait que chacun soit en quête d'un bien être
communautaire et identitaire conduit aux réclamations identitaires
également. Chacun est à l'aise du moment où ce n'est pas
lui ou son groupe ethnique qui est marginalisé. Quand on parle de
subjectivité dans les revendications politique, cela voudrait dire que
l'on commence à se plaindre du moment où c'est nous qui sommes
atteint et victime d'une quelconque injustice.
Tant que c'est l'autre (ethnie différente à la
nôtre) qui est touchée, nous ne nous voyons en aucune
manière impliqués. Les revendications ne visent plus dès
lors l'intérêt général mais celui partisan ; et
nous sommes là en plein dans une posture où ce qui arrive
à l'autre ne me concerne pas, par conséquent, ça l'engage
lui seul.
Vue sous cet angle, nous pouvons mieux cerner PABOUNA
74(*)dans le
chapitre 5 de son ouvrage intitulé « le pouvoir de
l'ethnie : introduction à l'ethnocratie », et faire un
rapprochement entre ses travaux et ce résultat de la présente
recherche. Là, il nous fait comprendre avec l'exemple des partis
politiques camerounais que les revendications politiques sont
ethnicisées. Pour lui l'ethnicisation des revendications politiques est
la conséquence directe et nécessaire de la configuration ethnique
des partis politiques. L'un des exemples pris dans son ouvrage concerne les
populations du grand Nord qui, le 31juillet 2002 produisent un document
écrit qu'elles choisissent
d'appeler : « Mémorandum sur les problèmes du
Grand Nord ». Ce mémorandum exprime bien la dialectique du
« eux » et du « nous » car les
ressortissants de la partie septentrionale du Cameroun expriment des
revendications en fonction de leur région ; ils revendiquent par
exemple l'absence des personnes originaires du grand Nord dans la haute
administration.
2. Reconfiguration du
comportement politique
Dans cette partie, nous voulons montrer que l'influence de
l'ethnicisation du champ politique à Dschang abouti à la
reconfiguration de la participation et du comportement politique des uns et des
autres. Dans participation politique, nous voyons la participation
conventionnelle (le vote) comme celle non conventionnelle (manifestations de
rue, boycott, grève). Le comportement politique ne se limite pas juste
au vote même si celui-ci garde un caractère central. Ainsi, les
comportements politiques désignent l'ensemble des pratiques sociales
liées à la vie politique. Ils renvoient notamment aux
comportements électoraux des individus, mais aussi de façon plus
large à leur participation à des manifestations ou mouvements
sociaux, implication dans un parti politique. Les individus par ces
comportements, tentent d'influencer les gouvernants. Nous allons donc voir
certaines reconfigurations du comportement politique dans la ville de Dschang
qui sont entre autre l'abstentionnisme, le désintérêt de la
chose politique et la formation d'un bloc solide de pression.
2.1 Abstentionnisme soutenu par
l'épuisement
Lors d'une élection, d'un référendum ou
plus généralement d'une délibération, le
comportement d'abstention correspond au fait de ne pas prendre part à
l'acte électorale de voter. Les personnes qui s'abstiennent sont
taxées d'abstentionnistes. On peut voir en l'abstentionnisme une forme
de revendication car en s'abstenant, on parle en silence dans l'optique de se
faire comprendre et entendre par les autorités politiques. Les
motivations des abstentionnistes sont de plusieurs ordres et aussi
variées. Mais tout d'abord nous présentons quelques discours de
terrain montrant l'abstentionnisme des populations.
« Les gens sont fatigués de voir une
même personne au même endroit, et son entourage vient aussi de son
ethnie. Le désir d'essayer avec une autre
tribu »75(*)
« Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique
c'est justement pour freiner la participation massive des
populations »76(*)
« L'ethnicisation entraîne
l'épuisement quand on mène un combat depuis longtemps sans suite
et on abandonne »77(*)
« Désintéressement de la chose
politique »78(*)
Tous ces discours montrent que les populations de
l'arrondissement de Dschang manifestent un abstentionnisme vis-à-vis de
la chose politique et ceci est dû à l'improductivité des
actions menées pour un changement. Du moment où les efforts
consentis pour l'alternance au pouvoir, la visibilité sur la
scène politique se sont avérés inefficaces, on prend du
recul tout en gardant une mauvaise idée de la politique. Lors de cette
recherche, nous avons également constaté sur le terrain que les
femmes manifestent plus un abstentionnisme par rapport aux hommes.
Tableau 8:
Variation du taux d'abstentionnisme selon le sexe
Hommes
|
Femmes
|
TOTAL
|
26
|
4
|
30
|
Source : enquête de terrain,
2019.
Ce tableau nous permet de dresser le l'histogramme
suivant :
Graphique 2:
Représentation des enquêtés par sexe
Source : données du terrain, 2019.
Ce graphique montre que le taux d'abstentionnisme est plus
élevé chez les femmes, elles estiment que la politique n'est pas
leur domaine de prédilection. Ce nombre insignifiant de femmes loin de
vouloir dire que les femmes ne faisaient pas partie de notre
échantillon, représente celles qui ont bien voulu répondre
à nos questions en se soumettant à notre guide d'entretien. La
plupart désistaient dès lors que le terme politique était
mentionné d'où la question persistante de l'engagement et de la
participation des femmes en politique.
2.2
Désintéressement de la chose politique
L'ethnicisation de la politique a également comme effet
sur la participation politique des populations à Dschang le fait de se
désintéresser de la chose politique. Ce
désintérêt montre que les populations ont vu en la
politique une chose improductive, incapable de solutionner leur problème
existentiel. Il est difficile de s'accrocher à quelque chose dont
après un certain temps, le bilan reste chimérique. Les
populations jugent donc bon de vaquer à leur occupations quotidiennes
(commerce, achat-revente, moto taxi, etc.) chose qui est plus rentable que de
perdre de l'énergie pour un sort qui est déjà
scellé. De plus en plus les discours du genre :
« ça va me donner quoi ? Ça va m'apporter
quoi ? La politique aux politiciens, ça ne me concerne
pas » font leur apparition.
Cela a d'ailleurs été le cas lors de cette
recherche. Tout ceci, montre le pessimisme des populations vis-à-vis de
la chose politique. Ce que nous montrons dans ce sous-titre est que
l'ethnicisation du champ politique, entraîne un
désintérêt des populations de l'arrondissement de Dschang
de la politique en ce sens où lors que l'ethnie est introduite dans les
affaires politiques, on a tendance à croire que ce n'est plus une
personne qui détient le pouvoir mais une ethnie. Du coup, les autres
ethnies estiment avoir perdu et par conséquent manifeste un
désintérêt des affaires politiques ; facilitant ainsi
la pérennité au pouvoir de celui qui y est. La réponse de
l'enquêté n°3 qui est une des réactions parmi tant
d'autre, nous révèle ce désintérêt de la
politique qui est engendré par l'ethnicisation. Écoutons-le
à ce propos « Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique
c'est justement pour freiner la participation massive des populations, vous
détourner de votre intérêt. On sait que si vous êtes
unis et que vous allez voter contre l'autre, vous pourrez à la longue
réclamer votre vote et cela pousse les gens dans la
rue ».À un autre de renchérir en affirmant que
Beaucoup de personnes se font enregistrées à
ELECAM mais n'entrent pas en possession de leur carte,
ça fait que beaucoup de camerounais ne se sont pas
exprimé. Plus de la moitié des camerounais ne s'inscrivent pas
sur les listes électorales, si leurs suffrages ne sont pas pris en
compte ils ne vont plus aller voter d'où le
désintérêt de la chose politique, puisque si le
résultat est connu d'avance ça ne sert à rien d'aller
voter79(*)
Tout ceci montre un certain désintérêt des
populations par rapport à la chose politique.
Désintérêt qui est souvent une manière d'exprimer
son ras-le-bol, son mécontentement.
2.3 Stéréotypes et
formation de bloc solide de pression
L'ethnicisation de la politique à un certain moment
fait croire que le champ politique est un milieu hostile, dangereux et rempli
de prédateurs. On se croirait dans une espèce de jungle où
le plus faible et dévoré par le plus robuste. Les gens
conçoivent de plus en plus la politique comme une arène de combat
où la victoire n'est donnée qu'à la suite d'un
affrontement sérieux entre les différents protagonistes à
un quelconque poste ou fonction. Vue sous cet angle, la politique n'est donc
plus le terrain d'échange pacifique d'idées, où il fait
bon vivre et où l'on pourrait se sentir protégé et en
sécurité. On participe dès lors à la politique pour
se défendre contre l'autre qui veut nous oppresser, qui nous taxe de
tous les maux, qui a une vision (fausse ou vraie) de nous à travers des
stéréotypes ; d'où la conception de la participation
politique comme une riposte, comme une volonté de se mettre ensemble
pour être plus fort contre un ennemi commun. On assistera donc à
une reconfiguration de la participation politique des uns et des autres dans la
mesure où beaucoup pensent que, participer à la politique c'est
se former en bloc de pression afin de revendiquer un ayant droit, protester
contre une position jugée indésirable et inconfortable. Un
enquêté, s'exprimant à propos va dire
que : « On sait que si vous êtes unis et que vous
allez voter contre l'autre, vous pourrez à la longue réclamer
votre vote et cela pousse les gens dans la rue. »80(*)
L'introduction de l'ethnie dans les affaires politiques
engendrant la formation de clan de pression, implique que nous sommes plus fort
unis ensemble que séparer ; ensemble nous pouvons faire face
à l'autre qui veut s'en prendre à nous. Notons ici que quand nous
parlons de l'unité, il s'agit d'une unité identitaire et
clanique. C'est une unité pour marquer sa différence par rapport
à l'autre. M WEIVIORKA81(*)disait que si la différence culturelle est
devenue préoccupante c'est pour la raison qu'elle est fondatrice de
tensions, de conflits, de violences et d'antagonismes qui mobilisent toutes
sortes d'acteurs au coeur de nos sociétés et qui questionnent
notre capacité à vivre ensemble. C'est ainsi que, selon les
données du terrain, certains groupes ethniques s'insurgent contre
d'autre dans l'optique de protester contre une certaine accaparation du pouvoir
et des richesses du pays. Les uns trouvant qu'ils ne sont pas suffisamment pris
en compte par les politiques publiques, qu'ils sont marginalisés, forme
un groupe solide de pression. À partir de tout ce qui a
été dit concernant la participation politique et l'ethnicisation
politique, nous pouvons dresser le graphique suivant :
Graphique 3:
Tendances concernant la participation politique face à
l'ethnicisation politique
Source : données du terrain,
2019.
Ce graphique témoigne de la tendance très forte
de l'influence de l'ethnicisation politique sur la participation politique des
populations à Dschang. L'ethnie transposée sur la scène
politique est à priori vulnérable ; cependant, elle
s'avère être un maillon essentiel dans la compréhension de
la trajectoire des attitudes et comportements politiques. La participation
politique est grandement influencée par l'ethnicisation politique comme
le montre ce secteur.
La participation politique face à l'ethnicisation du
champ politique est, comme vutout au cours de ce chapitre, sérieusement
modifiée. C'est ainsi qu'on assistera à une
prépondérance de la subjectivité identitaire, se
manifestant dans les choix des gouvernants et dans les revendications
politiques ; tout à côté de cette subjectivité,
l'on remarquera une reconfiguration du comportement politique qui se visualise
à travers des comportements comme l'abstentionnisme et le
désintérêt de la chose politique. C'est d'ailleurs ce que
nous retenons de cette partie du travail. Cependant, cette nouvelle donne que
l'ethnicisation politique inflige à la participation politique ne
peut-elle pas aussi avoir d'impact sur le vivre ensemble ? En effet, le
vivre ensemble fortement proclamé dans les sociétés
camerounaises ne serait-il pas en péril ?
CHAPITRE 4 : LA QUESTION DU VIVRE ENSEMBLE FACE À
L'ETHNICISATION POLITIQUE
Le discours qui s'empare des débats publics aujourd'hui
au Cameroun est celui du vivre ensemble, de la cohésion sociale et de
l'harmonie de tous les peuples. Ce discoursest amplifié, miroitant une
certaine stabilité sociale, politique et économique. Le vivre
ensemble est prôné à travers les stratégies
d'intégration des différents ministères comme le MINJEC le
MINEPAT. Bien plus encore, il est prôné à travers la vision
générale des gouvernants qui est celle d'une intégration
nationale, d'un Cameroun unie et indivisible dans sa diversité
culturelle et ethnique. Quand on parle du Cameroun, on parle de l'Afrique en
miniature c'est-à-dire toute l'Afrique dans un seul pays. Cependant, une
réalité et pas des moindres, reste persistante dans la
société camerounaise. Les appartenances ethniques, les
diversités culturelles, considérées comme une richesse du
territoire se sont transposées sur la scène politique en ce sens
où le champ politique se retrouve coloré par le facteur ethnique.
Le jeu politique se fait mais dans un climat largement influencé par les
appartenances tribales, linguistiques et ethniques. On parle dès lors
d'une ethnicisation du champ politique. À cette ère
contemporaine, la question ethnique est devenue problématique sur la
scène politique raison pour laquelle nous avons par la présente
recherche voulu jeter un regard introspectif avec pour but d'analyser et de
comprendre la question. Dans ce chapitre donc, nous voulons questionner le
vivre ensemble face à l'ethnicisation de la politique. Autrement dit,
nous envisageons entrevoir le sort du vivre ensemble dans un climat politique
fortement dominé par des fractions identitaires. À la
lumière des informations collectées sur le terrain auprès
des populations de l'arrondissement de Dschang, nous rendrons compte sur les
effets de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble.
QUELQUES DISCOURS DE TERRAIN SUR LE VIVRE ENSEMBLE
FACE À L'ETHNICISATION POLITIQUE
EN1 :le vivre est presque impossible parce que chacun va
dire que puisque c'est telle ethnie, de ma famille, de mon village, de ma
région je préfère plutôt m'aligner derrière
lui. À partir de là donc je suis en train de voir les distances
qui se créent ; parce que tu vas dire que ça c'est un bassa
et je suis bamiléké je ne peux pas aller voter pour lui. Je
prends par exemple toi es mon frère, tu appartiens à un parti
politique, je suis dans l'obligation d'appartenir à ce même parti
politique. Voilà maintenant Y à coté qui n'est pas de
notre ethnie de notre région, je vais dire je m'en fou ce lui il va
m'apporter quoi ? Et cela entraine une dislocation sociale parce que
chacun cherche là où ça va plus peser, on cherche d'abord
à satisfaire son ethnie.
EN2 :ça influence parce que l'homme ne voudrait
pas voir ce qui est bien mais voudrait seulement voir que c'est mon
frère bamiléké, c'est mon frère anglophone qui est
devant donc je veux voter pour lui et le vivre ensemble n'est pas ça.
Quand on dit dans la constitution que le Cameroun est un et indivisible cela
implique que, que tu sois béti, ewondo, que tu sois
bamiléké ça n'empêche pas que quelqu'un d'une autre
ethnie que la tienne peutte voter. Mais on constate que l'ethnicisation et le
vivre ensemble ne peuvent pas marcher. Cela c'est juste une autre
manière de faire les gens resté dans les conflits, conflit qui en
principe ne devraient pas exister. La constitution a prévu que une fois
voté en tant que peut-être sénateur, tu es sénateur
pour toute la république du Cameroun ; tu n'es pas sénateur
ou député pour seulement le parti politique qui t'a voté,
t'a tribu et c'est ça le vivre ensemble dont on parlait.
Cela entraine des clivages et rivalités en ce sens que
même si tu as quelque chose à proposer je ne veux même pas
voir, tu es qui, tu parles le français et moi l'anglais alors je vote
seulement celui qui parle ma langue. Ça m'a influencé au point
où la récente élection j'ai dit je ne peux pas voter un
francophone, c'est un anglophone que je vais voter.
EN3 : L'impact de l'ethnicisation politique sur le vivre
ensemble est en voie d'être opérationnel. Ça va
déboucher sur une guerre ethnique une guerre tribale, et il y'a pas pire
qu'une guerre ethnique. On a voulu créer des guerres de clan mais
ça a échoué. Maintenant comme on sait que les jeunes ont
été suffisamment compressé, chaque jour ils crient oh
souffrance, misère ; il faut alors venir avec un problème
ethnique pour diviser le peuple pour qu'ils prennent les machettes les uns
contre les autres ; pour que l'un dise « ah l'histoire des
bamilékés là moi suis pas dedans hein », plus
tard cela pourra créer une guerre ethnique
EN5 : le problème est au niveau du partage du
gâteau national, il y'a une petite poignée qui mange le
gâteau. C'est ça qui oppose les camerounais. Le camerounais ne
déteste pas l'autre parce qu'il vit au Cameroun colle lui ou parce qu'il
est de telle ou telle ethnie. On doit peut-être interdire le fait d'aller
fêter sa nomination dans son village.lui même sais ce qu'il doit
faire et ce que la population attend de lui mais il part dans son village
manger et boire avec ses frères sans se demander s'il sera même en
mesure de satisfaire toute la population
EN7 : création des clivages, des
divisions
Le Cameroun est composé de plusieurs groupes qui
veulent se différencier les uns des autres, les clivages, le culte de la
différence, dû au fait que l'État n'a pas appris la notion
de la nation, le patriotisme. Certains se sentent exclus de la gestion des
affaires politiques. Usage du faux, du truquage, si ton nom ne te permet pas
d'accéder à une fonction. Il y'a aussi la discrimination. Les
lois doivent être impartiales pour éviter les replis identitaires
et les frustrations. Le noeud du problème c'est la chose publique, elle
doit être bien gérée
EN14 : L'ethnicisation politique fragilise l'unité
nationale c'est la conséquence première de ce
phénomène parce que avant les élections récentes,
le mot d'ordre était unité nationale. Mais dès lors qu'on
prône l'unité alors que sur le terrain il y'a des fractions au nom
des obédiences politique qui naissent ça veut dire que
l'unité nationale est fragilisée. Parce que si les
obédiences politiques qui naissent sont à caractère
national on n'en serait pas arrivé là. Mais maintenant le
principal parti de l'opposition a un encrage plus ethnique ; on a eu un
débat tontinard et sardinard sur les réseaux sociaux du coup
l'alliage de ces deux peuples est presque impossible, les clivages tribaux vont
naitre,
Tableau 9:
Synthèse des discours sur le vivre ensemble face à
l'ethnicisation politique
ENQUÊTÉS
|
SEXE
|
Items
|
Noyau référent
|
EN1
|
M
|
« Le vivre est presque impossible parce que chacun va dire
que puisque c'est telle ethnie, de ma famille, de mon village, de ma
région je préfère plutôt m'aligner derrière
lui. À partir de là donc je suis en train de voir les distances
qui se créent ; Cela entraine une dislocation sociale parce que
chacun cherche là où ça va plus peser, on cherche d'abord
à satisfaire son ethnie. »
|
-crise du vivre ensemble
-distanciations sociales
-dislocations
|
EN2
|
M
|
« Ça influence parce que l'homme ne voudrait
pas voir ce qui est bien mais voudrait seulement voir que c'est mon
frère bamiléké, c'est mon frère anglophone qui est
devant donc je veux voter pour lui et le vivre ensemble n'est pas ça.
Cela entraine des clivages et rivalités en ce sens que
même si tu as quelque chose à proposer je ne veux même pas
voir »
|
-crise du vivre ensemble
-clivages
-rivalités
|
EN3
|
M
|
« On a voulu créer des guerres de clan mais
ça a échoué. Maintenant comme on sait que les jeunes ont
été suffisamment compressé, chaque jour ils crient oh
souffrance, misère ; il faut alors venir avec un problème
ethnique pour diviser le peuple pour qu'ils prennent les machettes les uns
contre les autres ; pour que l'un dise « ah l'histoire des
bamilékés là moi suis pas dedans hein », plus
tard cela pourra créer une guerre ethnique »
|
-distanciation entre les peuples
-crise du vivre ensemble
|
EN5
|
M
|
« Le problème est au niveau du partage du
gâteau national, il y'a une petite poignée qui mange le
gâteau. C'est ça qui oppose les camerounais. Lui-même sais
ce qu'il doit faire et ce que la population attend de lui mais il part dans son
village manger et boire avec ses frères sans se demander s'il sera
même en mesure de satisfaire toute la population »
|
-déséquilibre dans la répartition des
richesses
-favoritisme
|
EN7
|
M
|
« Création des clivages, des divisions. Le
Cameroun est composé de plusieurs groupes qui veulent se
différencier les uns des autres, les clivages, le culte de la
différence, dû au fait que l'État n'a pas appris la notion
de la nation, le patriotisme. Certains se sentent exclus de la gestion des
affaires politiques. Usage du faux, du truquage, si ton nom ne te permet pas
d'accéder à une fonction. Il y'a aussi la discrimination. Les
lois doivent être impartiales pour éviter les replis
identitaires et les frustrations. Le noeud du problème c'est la chose
publique, elle doit être bien gérée »
|
-divisions
-exclusion de certaines ethnies
- fragilisation de l'unité nationale
-favoritisme
|
EN14
|
M
|
« L'ethnicisation politique fragilise l'unité
nationale c'est la conséquence première de ce
phénomène. On a eu un débat tontinard et sardinard sur les
réseaux sociaux du coup l'alliage de ces deux peuples est presque
impossible, les clivages tribaux vont naitre »
|
-crise du vivre ensemble
-fragilisation de l'unité nationale
|
Source :données du terrain,
2019.
1. Fragilisation de la communion
des peuples
L'idée qui ressort lorsque nous parlons de
désenchantement de la communion entre les peuples est celle selon
laquelle, le vivre ensemble, la communion entre les peuples est plus
théorique que pratique. On le proclame au Cameroun et plus
particulièrement à Dschang, terrain de l'étude, juste des
lèvres mais la réalité nous révèle autre
chose. Elle n'est plus palpable ; la diversité culturelle est en
soi un élément de désunion que d'union. Longtemps vu comme
une réalité, l'on s'aperçoit aujourd'hui que ce n'est
qu'une chimère, une illusion qui n'existe presque pas. L'acquis qu'on
pensait préserver n'est, au regard de la réalité qu'une
utopie. Lors des entretiens réalisés avec les personnes
ressources, nous avons pu dégager que le vivre ensemble est sur une
mauvaise pente face à l'ethnicisation politique ceci dans la mesure
où cette dernière est facteur de distanciation entre les peuples
et des rivalités entre groupes.
1.1 Distanciation entre les
peuples
V NGOUYAMSA et T FOBASSO 82(*) se demandaient en remarquant que les populations
camerounaises font toujours l'objet de replis identitaires et d'exclusion
si : « les mécanismes de redistribution des
richesses et répartition des places selon les distinctions
ethno-régionales sont celles qu'il fallait afin de faciliter
l'intégration de tous et ainsi d'impulser le développement tant
attendu. » plus loin, ils renchérissent en disant :
Les particularismes, les différences, les
divisions socioculturelles étant entretenus et légitimées
au nom de la défense de son identité et de la quête des
suffrages, le climat social qui se dessine au Cameroun, au lendemain des
élections présidentielles, n'est pas nécessairement celui
d'un vivre ensemble avec les différences et les conflits nés de
ces différences, mais celui de la cohabitation de groupes
autoproclamés différents, par murs symboliques
interposés.83(*)
L'un des éléments permettant de constater le
désenchantement de la communion entre les populations de
l'arrondissement de Dschang est la distanciation, une démarcation
symbolique84(*). Les
groupes sont de plus en plus distant les uns des autres. Au nom des
appartenances ethniques, de l'attachement des uns et des autres à leur
groupe ethnique, les peuples arrivent à ériger des
barrières entre eux brisant ainsi toute possibilité de communion
et d'échange mutuel. Le vivre ensemble qui est proclamé se trouve
ainsi fragilisé car son sort est hypothéqué au nom des
fractions claniques. Notons que la distance qui se crée entre les
groupes ethniques n'est pas forcement physique et palpable mais même de
manière ontologique et psychique, le blocage est là. Au vue de la
multi culturalité de la société camerounaise, nous sommes
condamnés à nous voir, à cohabiter, à nous
côtoyer dans nos activités quotidiennes. Cependant, un blocage
psychique demeure : celui du « je » et du
« tu » ; du « nous » et du
« eux ». Ayant conscience que nous sommes différents
culturellement des autres, nous émettons toujours des réserves
dans la collaboration avec autrui. À la lumière de quelques
discours de terrain, nous pouvons remarquer cette distanciation entre les
peuples.
Tableau 10: Discours
synthétiques sur la distanciation entre les peuples
ENQUETES
|
ITEMS
|
INDICES
|
EN1
|
« À partir de là donc je suis en train de
voir les distances qui se créent ; parce que tu vas dire que
ça c'est un bassa et je suis bamiléké je ne peux pas aller
voter pour lui. Cela entraine une dislocation sociale parce que chacun cherche
là où ça va plus peser, on cherche d'abord à
satisfaire son ethnie »
|
-distanciation
-dislocation sociale
|
EN2
|
« Cela entraine des clivages et rivalités en
ce sens que même si tu as quelque chose à proposer je ne veux
même pas voir, tu es qui, tu parles le français et moi l'anglais
alors je vote seulement celui qui parle ma langue »
|
-division sociale
-distanciation
Sociale
|
EN4
|
« Les manifestations des différentes cultures
sont une façon de manifester sa différence par rapport à
l'autre, le ngondo, le ngwen étaient interdits, même à
santchou il y avait une manifestation qui a été interdite parce
que c'est manière de montrer que vous êtes différents de
l'autre"
|
-distanciation entre les peuples
-différence entre les peuples
|
EN21
|
« il y'a des fissures et frustrations parce que
certaines personnes estiment que les bétis contrôlent tout ;
tontinard et sardinard résultent d'un manque de culture politique et de
l'intolérance parce qu'on ne respecte plus l'autre, on ne respecte plus
les idées de l'autre, on veut à tout prix adhérer à
nos propres idées personnelles »
|
-distanciation dû aux frustrations
|
EN22
|
« les ethnies se tirent dessus, elles s'affrontent,
le Nord-Ouest est en conflit, les bétis qui insultent les
bamilékés »
|
-distanciation sociale
|
Source : résultat des entretiens,
2019.
Ce tableau est une esquisse de ce que pensent les populations
de l'Arrondissement sur le vivre ensemble face à l'ethnicisation
politique, à savoir que c'est une source de distanciation, de
dislocation et d'éloignement entre les peuples. Cette distance est
psychique mais parfois, elle brise les barrières qui la gardent interne
pour être physique, réelle et palpable.
La distance est d'avantage présente avec les
stéréotypes de « tontinards » et de
« sardinards. » Certes il ne faut pas prendre cela pour
acquis mais ce qui captive est le fait selon lequel ces notions aient
gagné en importance et arrive même à structurer la vie en
société. Vue sous cette angle, ces notions contribuent à
la formation des comportements radicalistes débouchant sur des replis
identitaires qui sont des véritables freins au vivre ensemble. C'est
d'ailleurs ce que pense l'une des personnes enquêtées quand elle
affirme que : « on a eu un débat tontinard et
sardinard sur les réseaux sociaux du coup l'alliage de ces deux peuples
est presque impossible, les clivages tribaux vont
naitre »85(*).
1.2 Rivalités entre
groupes
Depuis quelques temps, les rivalités entre ethnies sur
presque toute l'étendue du territoire du Cameroun, laissent entrevoir et
penser à des lendemains incertains qui pèsent de tous leurs poids
sur le pays d'Afrique centrale. D'après les statistiques officielles, le
Cameroun compte en 2006 quelques 16,5 millions d'habitants, soit près de
350 groupes ethniques. En effet, depuis le début des années 1990
qui coïncident avec la fin de l'ère du parti unique, on remarquait
déjà les premières tensions86(*). Ainsi, depuis
l'avènement du pluralisme politique et du multipartisme, symbole d'une
ouverture à la démocratie, les rivalités ethniques ont
gagné en vitalité et en intensité. Des facteurs de
destruction de l'équilibre social, les luttes qui structurent
l'interaction entre les diverses ethnies, entraînent des effets plus ou
moins tragiques qu'il convient de prendre plus au sérieux et ce le plus
tôt possible. La démocratie a ouvert des espaces de liberté
aux populations qui se sentaient submergées, et du coup, plusieurs
d'entre eux ont trouvé plus simple de s'exprimer à travers des
regroupements reflétant leurs régions ou leurs ethnies.
Ce résultat de la présente recherche selon
lequel il y'a rivalité entre groupe ne s'écarte pas
significativement de la réalité qui est vécu au Cameroun
tout entier. Dans la ville de Dschang, les populations pensent qu'il y'a une
rivalité en raison des divergences ethniques et politiques. Selon les
dires de ceux-ci, « les gens se battent pour un oui ou un
non »87(*),
tout ceci au nom des appartenances ethniques. Parce que je n'appartiens pas
à ton groupe social, tout ce que je dis est analysé autrement,
sondé dans l'optique d'y trouver quelque chose de condamnable.
Dans le même ordre d'idée,F THUAL88(*) dans ouvrage intitulé
« les conflits identitaires », faisant
référence aux identités, montrait que la différence
crée des conflits identitaires qui ont et continuent de marquer
l'histoire du monde. Ces conflits sont un véritable frein à une
volonté quelconque de cohésion sociale. Un conflit identitaire
est un conflit qui touche au fondement des sociétés. Un groupe
ethnique ou religieux victime d'injustice, emploiera tous les moyens
nécessaires pour rectifier cette frontière qui les
séparent des autres à travers soit des compromis ou des avantages
réciproques. Les conflits identitaires sont des conflits pour la survie
du groupe non seulement matérielle, mais avant tout culturelle et
psychologique.
2. Au niveau étatique
Plus loin au niveau étatique, les effets de
l'ethnicisation du champ politique sont perceptibles, nous affirment les
populations de Dschang, entraînant ainsi une crise du vivre ensemble des
populations.
2.1 Déséquilibre
dans la redistribution des richesses
Lutter contre les inégalités dans la
répartition des ressources et richesses est l'un des facteurs
structurels dont dépendent les conditions de vie quotidiennes, aux
niveaux mondial, national et local. Que certains individus vivent dans
l'abondance alors que d'autres se suffisent de peu ; que certains puissent
mener une vie aisée pendant longtemps alors que d'autres ont droit
à une vie réduite voire même cruelle et que ces
différences soient perceptibles tant à l'échelle mondiale
qu'à l'intérieur des pays, n'est en aucun cas un
phénomène naturel. Il n'est pas non plus le fruit du hasard.
L'inégalité dans les conditions de vie quotidienne est le fait de
structures et de processus sociaux profonds. Le déséquilibre est
systématique, c'est le résultat de normes, politiques et
pratiques sociales qui tolèrent voire même favorisent les
disparités d'accès au pouvoir, aux richesses et à d'autres
ressources sociales indispensables.
L'ethnicisation politique donc entraîne de lourde
conséquences sur le vivre ensemble de toutes les populations de
l'arrondissement de Dschang en ce sens où elle embarque avec elle un
certain nombre de chose telles que le favoritisme, la répartition
disproportionnée des richesses du pays ; ce qui ne satisfait pas
les populations. Ceux-ci se sentant marginalisés dans leur propre pays,
sont continuellement sur la défensive, dans une posture de
réclamation d'un ayant droit.
Les populations ne se voient pas suffisamment prises en
compte par les détenteurs du pouvoir car pour elles, lorsqu'un
dirigeant issu d'une ethnie particulière est positionné, il
servira de pont pour faire monter ses frères du même groupe
sociale que lui ; d'où la montée du favoritisme au
détriment de la méritocratie. Le terrain nous a fourni assez
d'éléments permettant de faire ce constat. Voici quelques
discours permettant de mieux cerner nos propos.
Tableau 11:
Synthèse des discours sur l'inégalité dans le
partage des ressources et le favoritisme
Enquêtés
|
Items
|
Indices
|
EN5
|
« Le problème est au niveau du
partage du gâteau national, il y'a une petite poignée qui mange le
gâteau. C'est ça qui oppose les camerounais »
|
-mauvaise distribution des richesses, du gâteau national
|
EN9
|
« Le problème c'est la répartition des
ressources et richesses »
|
-mauvaise répartition des ressources
|
EN18
|
« une infime partie profite des richesses pourtant tous
aspirent au bien être ou a besoin d'une société où
les valeurs sont respectées »
|
-répartition disproportionnée des richesses
|
EN21
|
« Il faut que l'État forme les gens et revoit sa
redistribution des richesses parce que tant qu'un groupe aura l'impression que
l'autre est au-dessus il y aura toujours des différents »
|
-mauvaise redistribution des richesses
|
Source :données issues des
entretiens, 2019.
2.2 Fragilisation de
l'unité nationale
L'unité nationale devient de plus en plus rare. C'est
plus un slogan qu'une réalité. Alors que récemment le
Cameroun a célébré sa 45ème fête
nationale de l'unité, des questions sur l'effectivité de celle-ci
reste posées. La célébration de la fête nationale
est un moment important pour la vie d'une quelconque nation. C'est l'occasion
pour l'ensemble des populations sans distinction d'origine, de tribu et de
culture de communier, d'affirmer son sentiment patriotique et d'adhésion
à une même vision pour la préservation du vivre ensemble
harmonieux, gage de la construction d'une nation exemplaire, indivisible, forte
et émergente. C'est également l'occasion pour le gouvernement de
communier avec les populations locales en vue de promouvoir la paix,
l'unité, la solidarité, la cohésion sociale et la
dynamique de l'intégration nationale. Mais, il faut interroger la
gouvernance du Cameroun pour parler de la dynamique d'intégration
nationale. L'unité nationale et le vivre ensemble tels qu'ils sont
magnifiés par le gouvernement aujourd'hui ne sont pas une copie conforme
de la réalité ; et ce d'autant plus avec le champ politique
contemporain ethnicisé.
La fragilisation de l'unité nationale selon l'avis des
populations interrogées dans la zone d'étude est en grande partie
imputée au phénomène d'ethnicisation de la politique.
Cette unité dans la diversité tant chantée se retrouve
heurtée à un obstacle plus grand et fort qu'elle. Les
regroupements communautaires, les replis identitaires, pèsent de tout
leur poids devant un vivre ensemble dépourvu de forces vitales pour
survivre. Pour la plupart des personnes interrogées, le vivre ensemble
n'est qu'une illusion, c'est en fait l'arbre qui cache la forêt. Il est
devenu plus un slogan pour beaucoup qu'une effectivité. Son
implémentation a toujours connu et été confronté
aux obstacles dont celui de l'heure est l'ethnicisation politique. La
définition qui est généralement collée à la
politique est que c'est l'art de gérer la cité, la gestion des
hommes. Cependant, le temps présent laisse entrevoir et donne de croire
qu'elle gère plutôt les groupes sociaux.
Tableau 12 :
Synthèse des perceptions du vivre ensemble à Dschang par
les populations
ENQUÊTÉS
|
NIVEAU D'ÉTUDES
|
ITEMS
|
NOYAU
RÉFÉRENT
|
EN1
|
baccalauréat
|
« le vivre est presque impossible
parce que chacun va dire que puisque c'est telle ethnie, de ma famille, de mon
village, de ma région je préfère plutôt m'aligner
derrière lui »
|
-Pas de vivre ensemble
|
EN2
|
universitaire
|
« Mais on constate que l'ethnicisation et le vivre ensemble
ne peuvent pas marcher. Cela c'est juste une autre manière de faire les
gens resté dans les conflits, conflit qui en principe ne devraient pas
exister »
|
-Crise du vivre ensemble
|
EN3
|
universitaire
|
« L'impact de l'ethnicisation politique sur le vivre
ensemble est en voie d'être opérationnel. Ça va
déboucher sur une guerre ethnique une guerre tribale, et il y'a pas pire
qu'une guerre ethnique »
|
-Crise du vivre ensemble
|
EN4
|
universitaire
|
« le repli identitaire a encore tout
gâté, on veut montrer qu'on est chez soi et que toi tu n'es pas
chez toi »
|
-Crise du vivre ensemble
|
EN8
|
universitaire
|
« la commission du vivre ensemble ce sont des
histoires, il a fallu la crise pour qu'ils donnent l'impression de trop
s'intéresser à la population »
|
-Vivre ensemble, pure slogan
-crise du vivre ensemble
|
EN14
|
universitaire
|
« L'ethnicisation politique fragilise l'unité
nationale c'est la conséquence première de ce
phénomène parce que avant les élections récentes,
le mot d'ordre était unité nationale. Mais dès lors qu'on
prône l'unité alors que sur le terrain il y'a des fractions au nom
des obédiences politique qui naissent ça veut dire que
l'unité nationale est fragilisée »
|
-crise du vivre ensemble
|
EN16
|
universitaire
|
« Le vivre ensemble qu'on brandi est plus un slogan
qu'une réalité. C'est le politique qui fait problème, le
vivre ensemble politique parce qu'on a constaté que le pouvoir est
resté dans les mains d'une ethnie particulière »
|
-inexistence d'un vivre ensemble
|
EN22
|
universitaire
|
« les ethnies se tirent dessus, elles s'affrontent, le
Nord-Ouest est en conflit, les bétis qui insultent les
bamilékés »
|
-Crise du vivre ensemble
|
Source : résultat des entretiens,
2019.
Le présent tableau est un aperçu des perceptions
des populations de l'arrondissement de Dschang par rapport au vivre ensemble.
Pour elles, c'est un concept sans consistance qui est juste théorique.
Il est vide de sens. Nous remarquons que ces différentes perceptions
sont des positions prises par des personnes ayant un certain niveau
intellectuel leur permettant d'avoir un jugement réfléchi et
claire sur la question ; la majorité a un niveau universitaire qui
lui permet d'avoir des positions libres de toutes influences extérieure.
À travers donc ces assertions, on comprend mieux les
préoccupations de T MICHALON E et NJOH MOUELLE89(*)quand ils s'interrogent sur la
question de l'État et les clivages ethniques. La problématique
qui soutenait leurs travaux était celle de l'effectivité d'un
État-nation au milieu des divisions ethniques, des appartenances
tribales. Un rapprochement fait avec les données collectées
montre que les questions du vivre ensemble, de l'unité nationale ne se
posent pas nouvellement car longtemps pensées avant. Ce qui est par
contre nouveau, c'est l'intensité qu'elles prennent aujourd'hui,
laquelle intensité soutenue par l'ethnicisation politique
contemporaine.
Graphique 4:
Tendance concernant le vivre ensemble face à l'ethnicisation
politique
Source : résultat des entretiens,
2019.
La remarque que nous faisons après lecture de ce
graphique est que le vivre ensemble est menacé. Dans un climat politique
ethnicisé, le vivre ensemble se trouve submergé par les tendances
identitaires. L'unité nationale prônée à
l'échelle nationale n'est pas une réalité selon l'avis des
populations la ville de Dschang car les uns et les autres en raisons de leurs
appartenances ethniques et politiques cultivent le repli identitaire, regarde
l'autre avec du recul et des idées préconçues.
2.2.1 L'irruption et dichotomie
des notions de « Tontinards » et de
« Sardinards»
Le champ politique contemporain camerounais a
été secoué durant la récente élection
présidentielle d'octobre 2018. Cette périodefait resurgir pas mal
de souvenirs dans les consciences individuelles et même collectives.Le
tumulte entaché de part et d'autre du facteur identitaire né de
cette échéance électorale, est la conséquence de
l'irruption dans le champ politique de deux qualificatifs identitaires à
savoir « Tontinards » et
« Sardinards ». Tout tournait autour de ces qualificatifs
au point où, à la réaction d'un individu, on pouvait
immédiatement le ranger en fonction de ces notions. Vue sous cet angle,
la quête d'une certaine unité nationale demeure
problématique car comme le pense cet
enquêté, « on a eu un débat tontinard et
sardinard sur les réseaux sociaux du coup l'alliage de ces deux peuples
est presque impossible, les clivages tribaux vont
naitre »90(*). Ainsi, les attitudes de replis identitaires se
remarquent à répétition limitant les chances d'une vie
commune. Cet enquêté fait à peu près le même
constat en affirmant que : « On a remarqué lors
de la dernière période électorale que les débats
étaient plus ethniques du genre les bamilékés ont fait
quoi, ils n'ont rien fait ils ne peuvent pas prendre le pouvoir. Les
bamilékés eux aussi de leurs côtés disent que les
gens du centre ont trop tué le pays »91(*). Quoique les élections
soient passées, la présente recherche révèle que
ces deux qualificatifs continuent de rythmer la vie en société en
ce sens que les uns sont encore perçus comme étant des
« Tontinards » donc Bamilékés et
d'autres comme « Sardinards » renvoyant au peuple
Béti. Dans cette logique, ces deux concepts favorisent,
quoiqu'étant de simples mots, l'émiettement du lien social tant
recherché au nom des fractions ethniques et identitaires.
Photo 1:
Présumé sardinard circulant sur internet
Source : réseaux sociaux92(*)
Cette image reflète la catégorie de personne
taxée de « Sardinard » car on aperçoit un
présumé sympathisant du parti RDPC ayant dans ses mains
croisées derrière, un pain et une sardine
La vie commune implique l'acceptation de l'autre, ses
idées et sa manière de percevoir les choses. La présente
recherche à sa phase de collecte des informations, révèle
que dans l'arrondissement de Dschang, les populations ne sont pas encore
libéréesde la dichotomie « Tontinard » et
« Sardinard ». De manière subtile, elle influence
encore les populations et par conséquent, fragilise l'unité
nationale tant proclamée. Dans le processus de cohabitation, l'autre est
moins perçu comme un citoyen plutôt qu'un adversaire.Un
enquêté dira que : « tontinard et sardinard
résultent d'un manque de culture politique et de l'intolérance
parce qu'on ne respecte plus l'autre, on ne respecte plus les idées de
l'autre, on veut à tout prix adhérer à nos propres
idées personnelles, les sardinards estiment qu'il ne faut pas soutenir
les tontinards »93(*). Dans leur communication de Mars 2019, V NGOUYAMSA et
T FOBASSO GUEDJO94(*)
entrevoyaient déjà l'effet pervers de ces qualificatifs de
« Tontinards » et de « Sardinards »
lorsqu'ils affirment que : « Or, ils sont lourds de
sens et se réfèrent précisément aux habitus
socioculturels et politique de deux identifiés sociales camerounaises.
C'est donc l'histoire d'un conflit entre deux Régions (Ouest et Sud du
Cameroun) ou deux ethnies (Bamilékés et Bétis) qui sont
ici subsumée en ces concepts. »95(*).
Le vivre ensemble est au coeur des débats locaux,
nationaux et même internationaux.C'est une préoccupation de tout
État soucieux d'une paix intérieure, d'une harmonie et d'une
bonne vie entre ses populations. Cela est d'autant plus le souci de
l'État du Cameroun taxé d'Afrique en miniature en raison non
seulement des richesses de son sol, de son écosystème mais aussi
et surtout de sa diversité culturelle. Au regard de la
réalité touchée des doigts dans la ville de Dschang, nous
constatons qu'il y'a une véritable crise du lien social. Le mariage
social considéré comme atout à la formation d'une
société où règne la paix, est pratiquement une
illusion. Tout ceci à cause des fractions identitaires et ethniques, du
repli de chacun et de tous sur sa culture et son groupe d'appartenance. Cette
crise du vivre ensemble, nous l'avons vu, se manifeste par un
désenchantement de la communion des peuples en ce sens que les
populations sont distantes les unes des autres, qu'une rivalité
naît entre groupe. Plus loin encore, cette déchéance du
vivre ensemble est perçue à travers le déséquilibre
dans la redistribution des richesses, la montée du favoritisme au
détriment de la méritocratie et la fragilisation de
l'unité nationale. Que ce soit la distanciation entre les peuples et la
fragilisation de l'unité nationale en passant par les rivalités
ethniques et le déséquilibre remarqué dans le partage des
richesses, nous voyons en eux les effets pervers du phénomène
d'ethnicisation politique. Ces effets sont loin d'être des effets
escomptés par la population ainsi que les Hommes politiques. En
concordance avec les analyses de R-K MERTON96(*) qui prescrit dans l'analyse d'un
phénomène sociale, de dégager le latent et le manifeste de
celui-ci, nous pouvons dire que l'ethnicisation du champ politique
contemporain, quelles que soient ses motivations, entraîne avec elle un
certain nombre d'effets latents et indésirables qui peuvent sembler
jusqu'ici inconnus par beaucoup.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Au Cameroun, la question du vivre ensemble est en soi une
réalité prônée. Que ce soit les Hommes politiques ou
encore les membres de la population en passant par la société
civile, chacun à son niveau le proclame ouvertement. Ceci est d'autant
plus le cas qu'aujourd'hui, il existe tout un encadrement institutionnel visant
à implémenter ce vivre ensemble de toutes les populations du
Cameroun. Cet effort et engouement des gouvernants pour la cohésion des
peuples ainsi que leurs intégrations, peut se comprendre à
travers le constat selon lequel, le Cameroun est un pays multiculturel, ce qui
lui a valu l'appellation de « Afrique en miniature ».
Cependant, par opposition à cette volonté commune d'une
cohésion nationale, survient une certaine ethnicisation dans le champ
politique contemporain. La politique devient au fil du temps, colorée
par le phénomène ethnique. Ce facteur ethnique à travers
les fractions identitaires pourrait constituer une barrière face
à l'opérationnalisation du vivre ensemble tant
proclamé.
Aujourd'hui comme dans le passé, l'ethnie
représente une valeur sociale à base de laquelle s'organisent la
structure et la logique sociale. En tant que telle, elle favorise la
classification sociale et la reproduction d'une certaine
inégalité entre les groupes sociaux. Aujourd'hui plus rien
n'échappe à son contrôle pour ainsi dire qu'elle a envahi
l'espace public. Sur le champ politique également, le constat qui se
dégage est que l'ethnie s'est frayé un chemin et semble-y dicter
sa loi au point de vouloir imposer une ligne de conduite. Ce pouvoir presque
écrasant, à voir de plus près, prend effet dans
l'Arrondissement de Dschang. À Dschang, le facteur ethnique
contrairement à ce que l'on se serait imaginé, est présent
dans l'exercice du jeu politique et agit sur les comportements politiques des
populations. Ce constat nous a amené à nous questionner sur la
problématique du vivre ensemble face à l'ethnicisation du champ
politique. Ainsi, nous avons formulé notre question de recherche de la
manière suivante : En quoi est-ce que l'ethnicisation du champ
politique contribue-t-elle à la détermination des attitudes et
comportements politiques dans l'Arrondissement de Dschang ? À
partir de cette question, nous avons formulé les hypothèses
suivantes :
Comme hypothèse principale, nous avons
énoncé que dans l'Arrondissement de Dschang, l'ethnicisation
politique contribue à accorder une certaine primauté à
l'ethnie et au groupe identitaire dans les tractations et les transactions
politiques et met en avant le facteur ethnique dans l'exercice du jeu politique
local.
De cette hypothèse principale a découlé
les trois hypothèses spécifiques qui suivent :
La première proposition est que les motivations de
l'ethnicisation politique chez les populations dans la ville de Dschang sont
entre autre la volonté d'acquérir les faveurs de la population et
ses suffrages à l'occasion des échéances
électorales.
La seconde est que l'ethnicisation politique influence la
participation politique des populations à Dschang à travers les
choix opérés par ces derniers lors des périodes
électorales.
La troisième quant à elle révèle
que l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à
Dschang est la création des clivages, des discriminations et replis
identitaires.
Prenant en compte ces hypothèses, ce travail avait pour
objectif principal demontrer en quoi l'ethnicisation politique contribue
à la détermination des attitudes et comportements politiques des
populations dans l'Arrondissement de Dschang. De manière plus
précise et spécifique, il s'agissait
D'identifier les motivations de l'ethnicisation politique chez
les populations dans la ville de Dschang.
De cerner l'influence de l'ethnicisation politique sur la
participation politique des populations à Dschang.
Et d'appréhender l'influence de l'ethnicisation
politique sur le vivre ensemble à Dschang.
Dans l'optique de cerner les contours de ces multiples
questionnements et vérifier nos hypothèses, nous avons
opté pour les théories de l'interdépendance et du
fonctionnalisme relativisé qui proposent une logique assez
particulière dans l'analyse et la compréhension d'un
phénomène social. Nous avons également après la
collecte des données qualitatives usant le guide d'entretien,
procédé à l'analyse de contenu des discours recueillis.
De cette étude, il transparait trois principaux
résultats.
En ce qui concerne les motivations de l'ethnicisation
politique chez les populations à Dschang, il s'est avéré
que ce qui motive ce phénomène à Dschang est entre autre
une stratégie politicienne de formation d'une base et du contrôle
de l'aire sociologique, la valorisation de l'ethnie en politique, la
rationalité communautaire et la catégorisation des peuples. Dans
la politique il faut avoir une maîtrise des choses et se faire des
alliés et ceux-ci proviennent généralement du même
groupe sociologique que le leader politique. Les populations quant à
elles en raison des liens solides qu'elles partagent avec la communauté
ethnique d'appartenance privilégieront celle-ci au détriment
d'autre. Notre enquête a révélé que la
communauté exerce un poids sur l'individu et vice versa. De même
que l'individu cherche à contrôler et à influencer la
société, elle le contrôle aussi et par conséquent
influence son comportement.
Ces résultats nous permettent de confirmer d'une
certaine manière la première proposition que nous avons faite
à savoir que c'est la volonté d'acquérir les faveurs et
les suffrages de la population, motive l'ethnicisation politique à
Dschang. Cependant une révélation a enrichi ce travail en ce qui
concerne les motivations de ce phénomène d'ethnicisation
politique. En plus des faveurs de la population, les Hommes politiques usent de
ce phénomène comme stratégie de formation d'une base, d'un
fief car selon les données rendues disponibles, une formation politique
ne naît pas dans le vide ; elle commence quelque part avec une
population bien précise.
Une attention portée sur la participation politique
face au phénomène d'ethnicisation de la politique a permis de
comprendre que la participation politique est sérieusement
heurtée à l'ethnicisation politique en ce sens où l'on
aboutit à une monté de la subjectivité dans les choix et
une reconfiguration de la participation et du comportement politique.
Résultat qui permet de confirmer l'hypothèse selon laquelle
l'ethnicisation politique influence la participation politique des populations
à Dschang à travers les choix opérés par ces
derniers lors des périodes électorales. L'élément
nouveau qui donne une coloration nouvelle à cette recherche est le
résultat selon lequel la participation politique face l'ethnicisation
politique se retrouve reconfigurée dans la mesure où l'on aboutit
à une reconfiguration du comportement politique des populations à
travers l'adoption des comportements comme l'abstentionnisme, le
désintérêt de la chose politique dû à un
combat improductif de vouloir changer l'ordre des choses. Au vu des efforts
entrepris par les populations pour un certain changement, une alternance, qui
se sont avérés vain, beaucoup en sont découragées
et décident d'abandonner.
Concernant l'autre pan de notre travail relatif à la
problématique du vivre ensemble face à l'ethnicisation politique,
il en ressort que ce phénomène a des conséquences sur le
vivre ensemble à Dschang. C'est plus un slogan qu'une
réalité car nous remarquons des distances qui se créent en
raison des appartenances politiques et ethniques, ce qui nuit à la
collaboration entre les groupes sociologiques. Ceci amène
également à confirmer l'hypothèse selon
laquelleL'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à
Dschang est la création des clivages, des discriminations et replis
identitaires. Chacun vie renfermé sur son ethnie limitant ainsi toute
possibilité de vivre ensemble.
Au bout du compte, les conclusions issues de l'analyse de
l'ethnicisation dans champ politique à Dschang, nous permettent de
constater que l'ethnie semble s'ériger en un élément
à ne pas négliger comme l'a dit J LONSDALE97(*), il parait important de la
prendre en compte dans la compréhension du langage et des logiques des
sociétés car cette dernière détient un
pouvoir98(*) qui est
capable d'imposer une ligne de conduite aux hommes et aux institutions. De
même, si cette recherche a concouru à montrer que l'ethnie a un
certain pouvoir, elle a aussi permis de mettre en évidence le facteur
instrumentaliste de celle-ci par les Hommes politiques. Ces derniers
l'instrumentalisent à des fins de calculs politiques.
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consulté le 15/06/2019 à 12h.
NDAM NJOYA Nzoméné : « Opinion- Cameroun:
"Sardinards" Vs "Tontinards" Quand Cabral Libii se trompe volontairement de
définition(s) », 2018, in
http://www.cameroonvoice.com/news/article-news- 36251.html, consulté
le 7/ 12/ 2018.
ü DICTIONNAIRES
DORTIER, Jean-François (2013).,
Dictionnaire des sciences sociales, ed sciences humaines.
ANNEXES
Annexe 1: Guide
d'entretien
Mesdames, Monsieurs !
Afin de parachever notre cursus de Master, parla
rédaction de notre mémoire en vue de l'obtention d'un Master II
en sociologie, nous, étudiants à l'université de Dschang,
envisageons d'effectuer une recherche sur le
thème :l'ethnicisation dans le champ politique
Camerounais : cas dans l'arrondissement de Dschang. Face au
problème d'étude orienté vers l'influence de
l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble, sur la cohésion
sociale, nous aimerons nous entretenir avec vous, afin de recueillir des
informations pertinentes sur, les motivations de l'ethnicisation politique, sur
l'influence de l'ethnicisation politique sur la participation politique des
populations à Dschang et sur l'influence de l'ethnicisation politique
sur le vivre ensemble. Ainsi, nous comptons sur votre coopération et
vous promettons de garder l'anonymat et d'utiliser vos informations à
des fins purement scientifiques.
I. Identification de l'enquêté
Niveau d'étude
Ethnie
Parti politique d'appartenance
II. Motivations dans l'ethnicisation politique
- Acteurs politiques et simples militants
Acquisition des faveurs de la population (faible
popularité)
Acquisition des voix lors des périodes
électorales
Démembrer le clan adverse
Poursuite d'intérêts égoïstes
III. L'ethnicisation politique et participation politique des
citoyens
- Reconfiguration de la participation politique
Marches de contestations
Mouvements de grève
Choix électoraux opérés
Abstentionnisme de la population
Manifestation d'un désintérêt pour la
politique
IV. L'ethnicisation politique et vivre ensemble
Type d'influence
Création des clivages
Encouragement du repli identitaire
Monté de la discrimination
Mesures prises par les autorités compétentes
Annexe 2:Liste des
enquêtés
Numéro de l'enquêté
|
Région d'origine
|
Parti politique d'appartenance
|
Niveau d'étude
|
Âge
|
sexe
|
Dates d'entretien
|
EN1
|
Ouest
|
Aucun
|
baccalauréat
|
40
|
M
|
16-4-2019
|
EN2
|
Sud-Ouest
|
SDF
|
M2
|
23
|
M
|
16-4-2019
|
EN3
|
Ouest
|
Aucun
|
Licence
|
35
|
M
|
16-4-2019
|
EN4
|
Ouest
|
Aucun
|
baccalauréat
|
56
|
M
|
17-4-2019
|
EN5
|
Ouest
|
Aucun
|
baccalauréat
|
57
|
M
|
17-4-2019
|
EN6
|
Centre
|
RDPC
|
CP
|
20
|
F
|
18-4-2019
|
EN7
|
Ouest
|
MRC
|
universitaire
|
46
|
M
|
18-4-2019
|
EN8
|
Ouest
|
SDF
|
M1
|
27
|
M
|
19-4-2019
|
EN9
|
Ouest
|
Aucun
|
probatoire
|
45
|
M
|
19-4-2019
|
EN10
|
Ouest
|
MRC
|
licence
|
67
|
M
|
19-4-2019
|
EN11
|
Ouest
|
MRC
|
BEPC
|
60
|
M
|
20-4-2019
|
EN12
|
Ouest
|
Aucun
|
M1
|
24
|
F
|
20-4-2019
|
EN13
|
Ouest
|
Aucun
|
L2
|
23
|
M
|
20-4-2019
|
EN14
|
Ouest
|
Aucun
|
D2
|
28
|
M
|
22-4-2019
|
EN15
|
Ouest
|
MRC
|
M2
|
40
|
M
|
22-4-2019
|
EN16
|
Ouest
|
Aucun
|
Licence
|
26
|
M
|
22-4-2019
|
EN17
|
Sud-Ouest
|
RDPC
|
Baccalauréat
|
43
|
M
|
22-4-2019
|
EN18
|
Centre
|
RDPC
|
Licence
|
39
|
M
|
22-4-2019
|
EN19
|
Nord-Ouest
|
Aucun
|
Baccalauréat
|
23
|
F
|
22-4-2019
|
EN20
|
Adamaoua
|
Aucun
|
Licence
|
30
|
M
|
30-4-2019
|
EN21
|
Ouest
|
RDPC
|
D1
|
24
|
M
|
30-4-2019
|
EN22
|
Ouest
|
MRC
|
M2
|
29
|
M
|
2-5-2019
|
EN23
|
Centre
|
Aucun
|
M1
|
24
|
M
|
2-5-2019
|
EN24
|
Nord
|
Aucun
|
M1
|
45
|
M
|
2-5-2019
|
EN25
|
Ouest
|
MRC
|
M2
|
24
|
M
|
6-5-2019
|
EN26
|
Ouest
|
MRC
|
Baccalauréat
|
62
|
M
|
6-5-2019
|
EN27
|
Ouest
|
MRC
|
L3
|
37
|
F
|
10-5-2019
|
EN28
|
Ouest
|
Aucun
|
baccalauréat
|
40
|
M
|
10-5-2019
|
EN29
|
Centre
|
RDPC
|
Licence
|
54
|
M
|
10-5-2019
|
EN30
|
Ouest
|
MRC
|
Probatoire
|
34
|
M
|
14-5-2019
|
Annexe 3:
Récapitulatif de la recherche
Questions
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Hypothèses
|
Objectifs
|
Informations recherchées
|
Méthode
|
Stratégie
|
Type de question
|
QP : en quoi l'ethnicisation politique contribue-t-elle
à la détermination des comportements et attitudes politiques des
populations dans l'arrondissement de Dschang ?
|
Dans l'arrondissement de Dschang, l'ethnicisation politique
contribue à accorder une certaine primauté à l'ethnie et
au groupe identitaire dans les tractations et les transactions politiques et
met en avant le facteur ethnique dans l'exercice du jeu politique.
|
Montrer en quoi l'ethnicisation politique contribue à la
détermination des attitudes et comportements politique des populations
dans l'arrondissement de Dschang.
|
Informations liées à l'influence de
l'ethnicisation de la politique sur détermination des attitudes et
comportements politique des populations dans l'arrondissement de Dschang
|
qualitative
|
Guide d'entretien
|
Questions ouvertes
|
QS1 : quelles sont les motivations dans l'ethnicisation
politique chez les populations dans l'arrondissement de Dschang?
|
Les motivations dans l'ethnicisation politique chez les
populations dans la ville de Dschang sont entre autre la volonté
d'acquérir les faveurs de la population et ses suffrages à
l'occasion des échéances électorales.
|
Identifier les motivations dans l'ethnicisation politique dans
l'arrondissement de Dschang.
|
Les informations concernant les motivations dans l'ethnicisation
politique dans la ville de Dschang sont prioritaires ici
|
Qualitative
|
Guide d'entretien
|
Questions ouvertes
|
QS2 : comment l'ethnicisation politique influence-t-elle la
participation politique des populations dans l'arrondissement de
Dschang ?
|
L'ethnicisation politique influence la participation politique
des populations à Dschang à travers les choix
opérés par ces derniers lors des périodes
électorales.
|
Cerner l'influence de l'ethnicisation politique sur la
participation politique des populations à Dschang.
|
Les Informations liées à l'influence de
l'ethnicisation politique sur la participation politique des populations de
l'arrondissement de Dschang sont à rechercher ici
|
Qualitative
|
Guide d'entretien
|
Questions ouvertes
|
QS3 : quel est l'influence de l'ethnicisation politique sur
le vivre ensemble à Dschang?
|
L'influence de l'ehnicisation politique sur le vivre ensemble
à Dschang est la création des clivages, des discriminations et
repli identitaire
|
Appréhender l'influence de l'ethnicisation politique sur
le vivre ensemble à Dschang
|
Ici nous recherchons les informations liées à
l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à
Dschang
|
qualitative
|
Guide d'entretien
|
Questions ouvertes
|
Annexe 4 :
Synthèse des transcriptions
Thématique 1 : Motivations dans l'ethnicisation
politique
Enquêtés
|
Items
|
1
|
|
2
|
Je pense que c'est juste parce que si un dirigeant d'un parti
politique qui et d'une ethnie particulière à cause de ça
les membres également de cette ethnie trouvent qu'oh il faut qu'on
supporte notre frère. C'est une autre sorte de patriotisme politique il
faut supporter ton frère. Ils trouvent également que parce que
ton frère est en haut, ils vont également
bénéficier de cela
|
3
|
L'ethnicisation politique vient généralement
fragiliser l'opinion publique, ça vient détourner l'opinion
publique. Déjà les bourreaux ils ont pris le pouvoir et ils
utilisent la stratégie « diviser pour mieux
régner ». Parce que les gens visent un poste ; ils
créent des divisions partout, c'est pour fragiliser le culte de
l'intérêt général, c'est pour abroutir le peuple,
les maintenir dans le sous-développement afin qu'ils ne s'entendent
jamais
|
4
|
, c'est une façon de valoriser l'ethnie en
matière politique, chacun va aller parler à ses frères,
pour les motivations d l'ethnicisation, on n'a pas besoin d'argument, ce que je
dis n'a plus d'importance, vous n'avez même plus besoin d'un programme
politique c'est votre frère quand il va monter il va penser à
vous. Au Cameroun les postes sont considérés comme des postes de
mangeoire, si c'était pour travailler c'est qu'on ne fête pas
quand on vous nomme
|
5
|
C'est pour détourner les populations du vrai
problème et apporter un faux problème qui ne va pas nous faire
avancer, c'est la faiblesse du politique camerounais. C'est-à-dire tous
les camerounais partent d'abord chez eux. C'est un phénomène
universel parce que même dans d'autre pays comme les États-Unis
quand un homme politique émerge on commence à dire qu'il est de
telle religion, de telle secte, il est né et a grandi dans telle ville.
On l'oriente déjà vers là où se trouve son fief
|
6
|
|
7
|
Instrumentaliser l'ethnie pour conserver le pouvoir, et c'est
entretenu par le pouvoir en place
Écarter la population des véritables objectifs
dû au fait qu'il n'Ya pas une forte culture politique
Amener les populations à manifester peu
d'intérêt pour la chose, quand la majorité
s'intéresse il y'a problème et l'on s'inquiète, il faut
tout faire pour que la population ne s'intéresse pas à la
politique
Certains partis réussissent dans leur fief parce qu'ils
n'ont pas la capacité de vendre leur image à
l'extérieur
|
8
|
Ça a toujours été comme ça il y'a
toujours eu le tribalisme au Cameroun du genre si un leader est du Nord, la
plupart de ses adeptes vont venir de là. S'il et du sud
comme le président actuel c'est pareil or ça ne devrait pas
être ça
Acquisition des faveurs de son peuple (RDPC au sud, MRC
à l'Ouest)
Intérêt recherché c'est un jeu que le
pouvoir a mis en place pour pouvoir détourner les camerounais des vrais
problèmes ; c'est une stratégie du pouvoir
|
9
|
Intérêt égoïste, pour ne pas
être marginalisé, pour recueillir les voix et avoir du soutien,
pour mieux asseoir sa base
Les hommes politique ne cherchent pas le pourvoir mais leur
part de gâteau
C'est une stratégie pour atteindre un but en masquant
les choses, pour gagner, une ethnie veux dégager l'autre
|
10
|
On ne crée pas un parti dans le vide, ça part de
quelque part, et c'est normal que tes frères adhèrent et te
soutien
C'est l'élite qui mange qui a créé
ça pour se maintenir dans la mangeoire, pour faire peur
C'est l'homme politique qui amène ça pour
distraire s'est également un jeu d'intérêt et une
stratégie d'intimidation (le chef de mon village a peur de voter contre
le RDPC parce qu'il reçoit certains avantages de celui-ci),
Célestine courtes qui refuse de recevoir KAMTO à bagangté,
qu'il vienne chez elle pourtant ils sont tous Bamilékés
|
11
|
La raison c'est le sectarisme, chacun veut se mettre à
part marquer sa différence par rapport à l'autre,
l'intérêt égoïste des uns et des autres
|
12
|
Parce que le tribalisme est mis en avant, ils savent que c'est
leur frère qui est devant et en haut, eux ils vont en
bénéficier. Par contre si on prend un qui n'est pas de leur tribu
ça ne sera pas en leur faveur, c'est pour flatter la population, en
donnant de gadgets à son ethnie et autres pour avoir son vote
|
13
|
Ça date de longtemps mais ça n'a pas encore pris
de l'ampleur. Avec l'institution de la politique d'équilibre
régional, on catégorisait déjà les gens dès
le départ, il y' avait un mal être qui obligeait les gens à
se mettre en groupe pour être plus forts, par exemple les
Bamilékés qui sont en majorité se mettent ensemble pour
faire pression sur le pourvoir en place. C'est pour la conquête du
pouvoir parce que je me mets un peu à la place des
bamilékés si un gars du sud fait plus de 30 ans au pouvoir
ça veut dire que nous sommes idiots et ils essayent de se
défendre
|
14
|
au Cameroun on fait la politique des élections, et
n'ayant pas une forte culture politique préétablie au
départ, pendant les élections, on ne cherche pas à savoir
qui des candidats en liste a un programme politique bancable, on se dit bon X
est de chez moi Y est de chez moi automatiquement je vote pour lui parce que
s'il est élu automatiquement il y'a un certain nombre de choses qui vont
être faites au village ou alors dans la localité où il est
ressortissant et à laquelle moi également j'appartiens.
|
15
|
L'égocentrisme politique, le tribalisme qui fait en
sorte que chaque région ou chaque ethnie veut plutôt valoriser la
personne ressortissante de cette ethnie. Nous sommes dans un pays où la
pauvreté est élevée il y'a des gens qui ne font pas la
politique pour faire mais en fonction de ce qui les avantage raison pour
laquelle lors des manifestations politique, on voit un jeune qui défile
avec plusieurs partis. Il est à la quête des moyens pouvant lui
permettre de survivre
|
16
|
Les motivations sont de deux ordres, du point de vue
historique et culturel. Du point de vue historique nous sommes arrivés
à cette configuration, c'est un schéma mental. C'est pour avoir
une côte de popularité, l'adhésion est plus facile
lorsqu'on va vers les siens. Ça devient un fait génétique
en ce sens que ça devient normal. On considère l'autre comme
opposant juste parce qu'il n'appartient pas à notre ethnie (un ennemi
politique)
|
17
|
C'est pour avoir plus de vote, pour avoir plus de
représentant au parlement, parce qu'on se dit que si un de notre est en
haut le développement va suivre
|
18
|
Ça date de depuis nous remarquons que dans les villes
il y'a les associations des ressortissants de tel ou de tel village
(association des Bamilékés alors qu'ils vivent à
Yaoundé)
L'égocentrisme qui anime la plupart des leadeurs
politiques, ils pensent à leur intérêt personnel ; il
y'a aussi la pauvreté des populations (matérielle et
spirituelle) ; le manque de culture politique (la plupart arrive là
par opportunisme) ; chacun sachant que son nombril est enterré
quelque part a toujours tendance à revenir vers les siens ; on
miroite un quelconque bien être du groupe
|
19
|
C'est pour créer les différences entre les
peuples
|
20
|
L'intérêt personnel en étant dans tel ou
tel camp plutôt que dans l'autre
Le regroupement en ethnie n'est pas un problème mais
c'est la vision que prône ce groupe, ils n'ont pas de programme politique
solide
|
21
|
D'abord sur le plan sociologique, le camerounais se retrouve
facilement dans sa communauté, il s'y sent à l'aise. Le Cameroun
n'a pas encore bâti quelque chose qui est au-dessus de la
communauté. Lorsqu'un camerounais va quitter arriver par exemple au
Gabon, la première chose qu'il voudra faire c'est de chercher d'abord sa
communauté, pour se retrouver dans sa communauté à travers
les associations, ce qui fait que sur le plan politique, c'est à peu
près la même configuration, les Camerounais ont tendance à
se retrouver dans une communauté qui est la leur.
|
22
|
Il y'a certaines ethnies qui n'arrivent pas à
s'assumer, il y en a qui ont un complexe d'infériorité, ils
pensent que d'autres sont supérieurs à eux ils se sentent
incapable (d'une façon ou d'une autre) de pouvoir gérer ou faire
certaines choses. Je crois que c'est un moyen pour eux de sortir la tête
de l'eau et de se faire voir puis que on dit que quand tu ne te fais pas assez
voir, il faut trouver tous les moyens
|
23
|
La notoriété ethno-politique, l'accaparation du
pouvoir par les ressortissants d certaines ethnies, la facilitation
d'accès à certains services publics dirigés par les
ressortissants de la même ethnie. C'est pour tisser des réseaux
politiques et mieux dominer, il y'a aussi la recherche d'un
intérêt.
Il est plus facile de convaincre ses frères, vu les
liens en communs, ce qui constituerait déjà un électorat
considérable surtout dans les élections législatives et
municipales. Mais pour rester au pouvoir il faut viser tout le peuple pas juste
l'ethnie
|
24
|
|
25
|
|
26
|
lorsque le frère ou la soeurde la même ethnie et
au pouvoir, alors on peut bénéficier d'un traitement ou aavntage
particulier
|
27
|
La bible dit que le coeur de l'homme est méchant, on ne
supporte pas un bamiléké parce que le bamiléké
là va nous apporter quelque chose de bien on le supporte parce qu'il est
bamiléké, d'abord ce n'est pas objectif. Deuxièmement, on
ne supporte pas un bamiléké parce qu'il est compétant pour
cela mais on le supporte parce qu'il est bamiléké et je suis
bamiléké
|
28
|
En fait l'ethnicisation politique est un instrument
utilisé par le pouvoir contre le peuple pour préserver ses
enjeux. L'enjeu des partis est le même à la seule
différence que certains font moins de mal que d'autre, pendant que l'un
blesse sans anesthésié, l'autre anesthésie avant de
blesser
|
29
|
Manipuler la fibre tribale et mettre le uns contre les autres
pour réussir (la réaction de l'autre qui dit dites-moi s'il y'a
un concours pour devenir de telle ethnie et moi je ferais) on veut
empêcher l'autre d'accéder aussi au pouvoir comme il est dit des
bamilékés qu'ils ne sont pas faits pour gouverner
|
30
|
Chacun protège ses intérêts il y'a les
Eton qui supportent le MRC plus que les Bamilékés ; pour
déstabiliser l'autre parti on le taxe de parti tribal, la peur
d'échouer lorsqu'on voit que ça peut donner avec l'autre,
lorsqu'il perce et prend de l'ampleur. Ça a été le cas
avec le SDF en 1992 mais les autres partis ne sont inquiétés
parce qu'ils savent que ça ne peut rien donner
|
Thématique 2 : participation politique face
à l'ethnicisation politique
enquêtés
|
Items
|
1
|
ça influence dans la mesure où je vais prendre par
exemple deux candidats X et Y dans ce pays on constate que si les
bétis sont plus nombreux c'est eux qui vont toujours gagner les
élections
|
2
|
certainement je pense que ça va influencer et ça
influence parce que une fois que s'est ethnicisé les membres d'une
ethnie particulière vont trouver cela important de voter leur
frère et ça se voit peut-être dans notre actualité
dans notre société, nous voyons peut-être le MRC, beaucoup
de gens plus précisément de l'Ouest ont décidé que
noo c'est derrière MRC. Ils ne savent même pas quel est son
programme politique (parce que j'ai pris la peine de demander aux gens que
qu'est-ce que Maurice Kamto a proposé mais les gens ne pouvaient pas
dire, ils disaient seulementohohKamto sans connaitre ce que Kamto a promi.
|
3
|
. Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique c'est justement pour
freiner la participation massive des populations, vous détourner de
votre intérêt. On sait que si vous êtes unis et que vous
allez voter contre l'autre, vous pourrez à la longue réclamer
votre vote et cela pousse les gens dans la rue. Lorsqu'on dit que
« les bamilékés ne pourrons jamais accéder au
pouvoir » ça fragilise la couche massive ce sont des mots
dissuasifs pour vous décourager à participer aux mouvements
politiques. En fait c'est créé pour ça, influencer la
participation politique des populations
|
4
|
ça influence en ce sens que les discours politique ne sont
plus sondés, on ne demande pas le programme politique mais on demande
qu'il est d'où.si je me mets là maintenant à parler
à la place de fête un discours politique, tous ceux qui vont
passer vont dire il est d'où ? dès qu'on voit que ce n'est
pas un Dschang on passe disant que moi je ne traite pas avec ces
gens-là, mais si quelqu'un entend que c'est son frère, il va
s'arrêter pour suivre analysés mais parce que c`est mon
frère je milite derrière lui. On voit que tel a remporté
à 100% dans telle région parce que c'est le chez lui
|
5
|
beaucoup de personnes se font enregistrées à
ELECAM mais n'entrent pas en possession de leur carte,
ça fait que beaucoup de camerounais ne se sont pas
exprimé. Plus de la moitié des camerounais ne s'inscrivent pas
sur les listes électorales, si leurs suffrages ne sont pas pris en
compte ils ne vont plus aller voter d'où le
désintérêt de la chose politique, puisque si le
résultat est connu d'avance ça ne sert à rien d'aller
voter
|
6
|
Beaucoup soutiennent des partis sans connaitre leur projet
dû au manque de culture politique (niveau intellectuel) ; quand bien
même le niveau intellectuel est là, il y'a la peur parce qu'on
n'est pas libre, le climat politique est violent
|
7
|
l'épuisement quand on mène un combat depuis
longtemps sans suite et on abandonne
Depuis le multipartisme le vote n'est plus libre il est
dominé par un certain nombre de facteurs tels que l'ethnie
Ça s'étend même dans le sport (le
leadership de l'équipe nationale, le championnat local : telle club
parce qu'il est de telle ethnie ne doit pas emporter
Dans les fonctions administratives, l'occupation des postes
Ce ne sont pas les programmes politiques qui flattent
|
8
|
ça influence parce des gens sont quittés du RDPC
pour le MRC et il y'a plus trop de participation politique
Désintéressement de la chose politique
Le vote est ethnique au Cameroun il y'a des pères et
mère du village qui ne connaissent rien du parti ni du programme de
gouvernance du parti mais ils s'en vont voter parce qu'il et de mon village
Tribalisme dans les bureaux, l'accès aux fonctions
|
9
|
le vote n'est plus objectif, c'est par rapport à la tribu
et à l'intérêt
Le choix des partis politique est ethnique, on regarde d'abord
à l'ethnie avant le programme politique ; ce sont les non-dits qui
gouverne le Cameroun
Les revendications sont ethniques à 80% parce que le
leader lutte d'abord en faveur de notre base tribale et à 20% pour la
cause nationale
|
10
|
Tu es fonctionnaire au Cameroun = voter pour le RDPC, tu
échoue à un concours = c'est parce que tu n'appartiens pas au
mouvement
|
11
|
on vote au Cameroun parce qu'on dit qu'il faut que BIYA passe et
nous allons toujours rester en haut par rapport aux grands postes qu'ils
occupent dans le pays (avoir les avantages et faveurs)
|
12
|
ça influence certes mais dans certaines régions
mais pas partout, on retrouve les gens de même ethnie que celui qui est
en haut mais compte tenu de leur quoscient intellectuel refuse d'y
adhérer parce que ils constatent que soit la personne qui est en haut
n'applique pas les règles qui seront en leur faveur.
|
13
|
ça influence parce que prenons par exemple Kamto beaucoup
l'on voté parce que c'est leur frère (moi si ma carte sortait je
ne devais pas voter Kamto parce que son programme ne me plaisait pas, il est
inadmissible que dès le départ tes militants prônent
l'ethnicisation et tu ne calme pas ça vite mais tu prends cela comme
cheval de batail pour pouvoir conquérir le pourvoir)
|
14
|
je suis candidat à une élection, toi et moi nous
sommes de la même contrée, tu ne cherches pas à savoir si
le programme politique que moi je présente est un programme
peut-être qui résout un certain nombre de problème. Toi ce
qui t'importe c'est que si tu me vote moi qui suis ton frère du village,
même si toi tu ne bénéficie pas directement des actions que
je vais entreprendre, indirectement tu vas en bénéficier parce
que une fois élu je reviendrais à la source faire un certain
nombre de réalisation
|
15
|
parce qu'on a utilisé cette manière de faire la
politique et ça n'a pas marché, le gens sont
découragés, l'abstentionnisme, on s'est battu à notre
niveau et ça n'a rien donné ça peut me pousser à me
révolter, exprimer son mécontentement
|
16
|
prenons l'exemple de quelqu'un qui a grandi dans une
localité, il a été formé d'une manière et ne
peut que participer comme il a été amené à le
faire.L'ethnicisation limite sa vue pour l'accès au pouvoir. Du point
historique, on a été amené à croire que le pouvoir
appartient à une certaines catégories d'individus, du coup quand
on n'est pas dans cette catégorie-là, on voit le pouvoir nous
échapper et quand on se retrouve dans une ethnie on croit qu'on peut
avoir facilement accès au pouvoir
|
17
|
|
18
|
ça influence parce qu'on se retrouve avec des
dirigeants originaires d'une seule tribu
|
19
|
les uns et les autres vont se haïr, se diviser ; si
mes frères me voient voter pour une personne n'appartenant pas à
notre ethnie, ils vont manifester un certain mécontentement ; donc
on vote parce qu'il est notre frère
|
20
|
on fonctionne avec le ventre et non plus avec la tête
Il y'a la foule mais vide de sens, pas
compétente ; il y'a peu de personnes qui peuvent défendre le
parti, critiquer le pourvoir en place avec des arguments solides (manque de
compétence, politique du ventre)
|
21
|
dans le vote, on ne vote plus raison mais on vote le coeur,
non plus ce qu'on peut recevoir en terme idées mais
Ça crée des clivages entre les groupes et les
sociétés, on élève sa communauté tout en
détruisant celle d'en face
|
22
|
ça affecte la participation politique dans le sens
où la méritocratie n'est plus vraiment prônée. En
fait quand on est « xénophobe », on se dit
supérieur à l'autre, forcement on prend un parti pas parce que on
sait que ce parti est meilleur pour nous ou ce qui va nous faire évoluer
mais beaucoup plus parce qu'on dit bon voilà c'est mon frère, on
suit notre frère, on ne suit pas la personne qui va vraiment aider notre
pays à se développer.
Les gens pensent que leur voix ne compte pas, comme ils sont
inférieurs et n'ont pas le pouvoir de prendre certaines
décisions, ils ne s'y mettent pas vraiment
|
23
|
: dans le recherche du pouvoir et de
l'intérêt, on se dit que si on se rallie aux
bamilékés, les élus bamilékés
privilégieront leur zone pour le développement matériel et
infrastructurel, l'ouverture des portes à certains services, et de la
notoriété sur certaines ethnies
|
24
|
beaucoup de gens ne sont même pas le militants d'un
parti politique alors ça influence d'une manière occasionnelle
parce que lorsqu'on voit des gens peut-être on dit Maurice Kamto est en
train de venir à Dschang on voit une masse on voit une foule venir voir
et supporter, lorsqu'il parle on crie on va penser que parmi les gens
là, eux tous ont des cartes d'électeur, eux tous vont aller voter
le MRC mais la triste vérité est qu'ils ne se sont même pas
inscris aux élections. Et même ceux qui se sont inscris vont
trouver que on ne part même pas voter parce qu'on connait
déjà celui qui va gagner. Alors ça joue d'une part et
d'une autre part c'est seulement pour animer la sphère politique (le
folklore, l'hypocrisie) parce que beaucoup de gens sont politiquement ignorants
de beaucoup de choses ils n'ont pas voté, ils sont là ils ne
s'inscrivent pas sur les listes. Très bientôt on aura les
élections municipales mais si tu demandes a beaucoup de gens combien se
sont inscris c'est grave et on le force chaque jour.
|
25
|
aucune ethnie ne peut faire la moitié de la population
pour pouvoir assurer et garantir une certaine victoire à quelqu'un
|
26
|
À travers l'usage de la langue yemba lors des meetings
et des campagnes électorale
|
27
|
Si en politique on doit être fort, on doit l'être
d'abord avec la cohésion et l'adhésion des siens. Le soutien des
siens devrait être un acquis dans la conquête du pouvoir aussi les
revendications peuvent être ethniques car le groupe ethnique du leader
politique devient un groupe d'intérêt politique. L'appartenance
ethnique influence largement le vote.
|
28
|
Mêmele milieu universitaire est politisé, pour
soutenir c'est politisé, on va chercher à savoir si vous
appartenez à tel parti politique, pour avoir un doctorat, pour avoir une
agrégation il faut appartenir à tel loge à tel parti
politique, les étudiants envoyés sur le terrain sont parfois de
pions pour sonder et permettre aux hommes politique de changer de
stratégie, on leur attribue des thèmes pour sonder le peuple.
Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique c'est justement pour freiner la
participation massive des populations, vous détourner de votre
intérêt. On sait que si vous êtes unis et que vous allez
voter contre l'autre, vous pourrez à la longue réclamer votre
vote et cela pousse les gens dans la rue.
|
29
|
Ça a une grosse influence parce que quand on observe la
dernière élection présidentielle, c'est dans la
région de l'ouest que le MRC a eu son plus gros résultat.
Ça veut dire que le poids ethnique à peser, l'ethnicité
à peser de tout son poids pour que cela soit ainsi. C'est vrai on va
dire à Douala aussi il a gagné mais c'est une ville cosmopolite
constitué en majorité des bamilékés donc à
ce niveau encore l'ethnie a été mis en avant. Création
d'un antagonisme du fait d'un attachement fort des populations à leur
leader qui est de la même ethnie qu'elle-même au niveau des
manifestations les meneurs sont ressortissants de la même ethnie que le
leader
|
30
|
Les revendications sont ethniques parce que certains chefs
locaux se regroupe pour faire pression sur l'État parce que leurs
enfants ne sont pas situés ou sont peu dans le gouvernement actuel, ils
plaident pour que le gouvernement puisse aussi regarder de ce
côté-là pour que leur enfant soient placés
|
Thématique 3 : la question du vivre ensemble face
à l'ethnicisation politique
Enquêtés
|
Items
|
1
|
le vivre est presque impossible parce que chacun va dire que
puisque c'est telle ethnie, de ma famille, de mon village, de ma région
je préfère plutôt m'aligner derrière lui. À
partir de là donc je suis en train de voir les distances qui se
créent ; parce que tu vas dire que ça c'est un bassa et je
suis bamiléké je ne peux pas aller voter pour lui
|
2
|
ça influence parce que l'homme ne voudrait pas voir ce
qui est bien mais voudrait seulement voir que c'est mon frère
bamiléké, c'est mon frère anglophone qui est devant donc
je veux voter pour lui et le vivre ensemble n'est pas ça. Quand on dit
dans la constitution que le Cameroun est un et indivisible cela implique que,
que tu sois béti, ewondo, que tu sois bamiléké ça
n'empêche pas que quelqu'un d'une autre ethnie que la tienne peutte
voter. Mais on constate que l'ethnicisation et le vivre ensemble ne peuvent pas
marcher.
|
3
|
un peuple éveillé peut faire tomber le
système, si nous luttons tous ensemble sans trahison, si nous visons les
mêmes objectifs. Plus l'énergie estcanalisée, plus
ça devient une mitrailleuse.
L'impact de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble
est en voie d'être opérationnel. Ça va déboucher sur
une guerre ethnique une guerre tribale, et il y'a pas pire qu'une guerre
ethnique. On a voulu créer des guerres de clan mais ça a
échoué. Maintenant comme on sait que les jeunes ont
été suffisamment compressé, chaque jour ils crient oh
souffrance, misère ; il faut alors venir avec un problème
ethnique pour diviser le peuple pour qu'ils prennent les machettes les uns
contre les autres ; pour que l'un dise « ah l'histoire des
bamilékés là moi suis pas dedans hein », plus
tard cela pourra créer une guerre ethnique
|
4
|
le repli identitaire a encore tout gâté, on veut
montrer qu'on est chez soi et que toi tu n'es pas chez toi les choses qu'on
avait interdites on est revenu déçu, au temps d'AHIJO on avait
interdit tous ces repli-là maintenant on a fait sortir tout ça
encore. Les manifestations des différentes cultures sont une
façon de manifester sa différence par rapport à l'autre,
le ngondo, le ngwen étaient interdits, même à santchou il y
avait une manifestation qui a été interdite parce que c'est
manière de montrer que vous êtes différents de l'autre.il
faut concevoir le pays tel que si je suis né et a grandi à
Dschang, même si mon père est Bassa je suis Dschang
|
5
|
le problème est au niveau du partage du gâteau
national, il y'a une petite poignée qui mange le gâteau. C'est
ça qui oppose les camerounais. Le camerounais ne déteste pas
l'autre parce qu'il vit au Cameroun colle lui ou parce qu'il est de telle ou
telle ethnie. On doit peut-être interdire le fait d'aller fêter sa
nomination dans son village.il même sais ce qu'il doit faire et ce que la
population attend de lui mais il part dans son village manger et boire avec ses
frères sans se demander s'il sera même en mesure de satisfaire
toute la population, il faut rechercher l'intérêt de la
population, il faut faire que la population s'intéresse à la
chose politique on veut mettre en place un conseil régional mais combien
savent les attributions et à quoi sert le conseil régional et
même le profil de ceux qui y seront .
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6
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7
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création des clivages, des divisions
Le Cameroun est composé de plusieurs groupes qui veulent
se différencier les uns des autres, les clivages, le culte de la
différence, dû au fait que l'État n'a pas appris la notion
de la nation, le patriotisme
Certains se sentent exclus de la gestion des affaires politiques
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8
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la commission du vivre ensemble ce sont des histoires, il a fallu
la crise pour qu'ils donnent l'impression de trop s'intéresser à
la population. Avant la crise anglophone quand on composait, on donnait le
sujet ou l'épreuve uniquement en français mais depuis que la
crise anglophone a commencé ils font les épreuves en
français et anglais pour les deux langues. Ça
prouve qu'ils connaissaient ce qu'il fallait faire et ne faisaient rien
avant. Le climat politique actuel ne favorise pas le vivre
ensemble car chacun défend son idée. Dans les interventions des
représentants des partis politique sur les plateaux de débat
c'est grave, l'opposition est terrible au point où l'on se demande si on
pourra et comment allons-nous vivre ensemble
|
9
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on a toujours vécu ensemble, il y'a un problème
d'intérêts ;
Le problème c'est la répartition des ressources et
richesses.
Montée du tribalisme
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10
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le problème du Cameroun est par niveau (riches pauvres,
mariage entre eux, ils ont les mêmes problèmes)
|
11
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échec de la méritocratie, dans les concours
d'intégration les méritant sont au quartier, le favoritisme
Le vivre ensemble c'est un masque pour voiler les yeux des gens
ça n'existe plus car il voudrait qu'on ouvre la porte à tout le
monde mais eux ils ouvrent la porte quand c'est l'un des leurs
|
12
|
ici au Cameroun celui qui a choisi son parti ne veux pas entendre
parler de l'autre ce qui crée les tensions, les gens se font des
ennemis, il y'a des rancunes qui naissent
Il faut que chacun accepte le choix de l'autre sans toutefois
s'immiscer à l'intérieur (pourquoi est-ce que tu choisis, c'est
parce que tu aimes la nourriture etc.
|
13
|
Les leaders des partis n'ont pas de problème de vivre
ensemble ce sont les petits militants partis prennent ça au
sérieux et ils oublient que c'est un jeu politique, ça devient
une sorte de rancunes et de colère qui crée un certains
différent
|
14
|
L'ethnicisation politique fragilise l'unité nationale
c'est la conséquence première de ce phénomène parce
que avant les élections récentes, le mot d'ordre était
unité nationale. Mais dès lors qu'on prône l'unité
alors que sur le terrain il y'a des fractions au nom des obédiences
politique qui naissent ça veut dire que l'unité nationale est
fragilisée. Parce que si les obédiences politiques qui naissent
sont à caractère national on n'en serait pas arrivé
là. Mais maintenant le principal parti de l'opposition a un encrage plus
ethnique ; on a eu un débat tontinard et sardinard sur les
réseaux sociaux du coup l'alliage de ces deux peuples est presque
impossible, les clivages tribaux vont naitre,
|
15
|
le Cameroun regorge plusieurs groupes ethniques et si chaque
ethnie veut se faire voir sur la scène politique il y aura toujours
problème, on fait semblant de vivre ensemble au Cameroun, quand chacun
vise l'intérêt. Chacun doit accepter ce que l'autre est capable de
faire, qu'ils mettent en avant la politique de l'intérêt
général de la communauté
|
16
|
le vivre ensemble qu'on brandi est plus un slogan qu'une
réalité. C'est le politique qui fait problème, le vivre
ensemble politique parce qu'on a constaté que le pouvoir est
resté dans les mains d'une ethnie particulière (qui l'a pris en
otage et l'a brandi au détriment de la bonne gouvernance) ; c'est
la question du partage du gâteau national qui revient et c'est un aspect
qui doit être plus analysé (les soulèvements de la partie
anglophone ne sont pas un problème social mais un problème
politique de gestion du pouvoir. La répartition du gâteau est
entre les politiciens.
|
17
|
|
18
|
le vivre ensemble est possible à condition qu'on
s'accepte malgré nos différences ; une infime partie profite
des richesses pourtant tous aspirent au bien être ou a besoin d'une
société où les valeurs sont respectées, où
l'intérêt général est au-dessus des
intérêts partisans (la crise anglophone les gens l'on créer
pour leur intérêt, envoyant leur enfant fréquenter à
l'étranger, ils ont instrumentalisé)
Implémenter la politique de l'équilibre
régional au détriment du mérite car les plus forts peuvent
venir d'une seule région
|
19
|
le vivre ensemble est menacé (les populations du
nord-ouest qui se déplacent à cause de la crise dans leur
région ;
Il faut donc s'accepter mutuellement
|
20
|
: création des divisions, les gens se
battent pour un oui ou un non ; ils ne se battent plus parce que celui qui
est là respecte ou pas l'intérêt général mais
parce que c'est mon frère et ça crée des divisions. Parce
qu'on ne recrute non pas sur la compétence, les uns et les autres sont
frustrés
Il faut mettre de côté ces regroupements
ethniques et prôner l'intérêt général ;
il faut de nouveaux leaders avec des visions basées sur le camerounais
et non sur une ethnie en particulier, laisser celui qui peut mieux faire,
faire
|
21
|
il y'a des fissures et frustrations parce que certaines
personnes estiment que les bétis contrôlent tout ; tontinard
et sardinard résultent d'un manque de culture politique et de
l'intolérance parce qu'on ne respecte plus l'autre, on ne respecte plus
les idées de l'autre, on veut à tout prix adhérer à
nos propres idées personnelles, les sardinards estiment qu'il ne faut
pas soutenir les tontinards.
|
22
|
Les ethnies se tirent dessus, elles s'affrontent, le
Nord-Ouest est en conflit, les bétis qui insultent les
bamilékés. Le climat actuel ne favorise pas le vivre ensemble.
Les uns cherchent à dominer et à appuyer les autres
|
23
|
au Cameroun, les bétis, bulus, les nordistes sont plus
avantagés que les autres parce qu'ils ont la majorité de leaders
politiques, et ils sont suffisamment implantés dans l'administration
pour positionner d'abord leurs frères avant de penser au reste, histoire
de monopoliser le pouvoir entre eux
|
24
|
Le vivre ensemble est menace car il y'a une tendance à
l'appartenance ethnique dû au dernier résultat de
l'élection présidentielle
|
25
|
Certains groupes sont plus avantagés que d'autre qui sont
minoritaire d'où la cohésion sociale qui est difficile entre les
peuples. Encore avec les crises dans le nord-ouest et le sud-ouest le vivre
ensemble n'est pas favorisé
|
26
|
Le climat politique actuel n'a rien à voir avec le vivre
ensemble à Dschang parce que les actions ou systèmes politique
sont perfectibles. La représentation ethnique au sein du pourvoir
politique peut être améliorée
|
27
|
Comme on dit l'ignorance tue, c'est ce qu'on ne connait pas qui
va nous tuer et c'est ce que nous vivons et c'est ce qui tue la
société. La société est ignorante de beaucoup de
choses alors ils ne savent même pas ce qui est là et ce qui est
nécessaire même alors j'ai également pris mon temps pour
demander aux gens que quels sont les candidats qui sont en train de
compétir pour être président, c'était fort de
constater que les gens ne pouvaient pas citer 4 à 5 ils connaissaient
seulement Paul BIYA, Maurice KAMTO et même pour le SDF beaucoup pensaient
que c'était NFRU NDJI alors que c'était JOSUA
|
28
|
La commission mussonguèdepuis qu'ils sont là tu les
as vus ici à Dschang ? ils sont là seulement pour manger
c'est une mangeoire. Ce sont les autorités qui prônent les
replis identitaires
|
29
|
Le président AHDJO ressortissant du nord a
cédé le pouvoir à BIYA ressortissant du sud et lui qui
estime être en train de ne le perdre pas en le cédant à un
individu mais à un peuple. Le pays est en perte de repère et la
politique a une grande influence sur la vie sociale, la politique touche
à tout et tout touche à la politique.
|
30
|
Je prends le cas du MRC et du RDPC vous voyez ce qui se passe les
bamilékés sont en train de dire ohohKamto et les Bétis
Paul Biya. Or c'est quelque chose qu'on devait dire le Cameroun est
indivisible, on doit vivre ensemble, le béti regarde le
bamiléké comme un béti et le bamiléké
regarde le béti comme un bamiléké
|
TABLE DES MATIÈRES
SOMMAIRE
i
DEDICACE
Erreur ! Signet non
défini.
REMERCIEMENTS
iii
LISTE DES TABLEAUX
iv
LISTE DES SCHÉMAS
iv
LISTE DES PHOTOS
iv
LISTE DES GRAPHIQUES
iv
LISTE DES ANNEXES
iv
LISTE DES SIGLES
v
RÉSUME
vi
ABSTRACT
vii
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
1. Contexte et justification de recherche
2
2. Problème de recherche
5
3. Problématique
7
3.1. Questions de recherche
7
3.1.1. Question principale de recherche
7
3.1.2 Questions secondaires de recherche
7
3.2 Hypothèses de recherche
7
3.2.1 Hypothèse principale de recherche
7
3.2.2 Hypothèses secondaires de recherche
8
3.3 Objectifs de recherche
8
3.3.1 Objectif principal de recherche
8
3.3.2 Objectifs secondaires de recherche
8
4. Cadre théorique
8
4.1. Revue de littérature
8
4.1.1 L'ethnicisation politique
9
4.1.2 Réalité de la différence
entre les sociétés et les Hommes
11
4.1.3 Vivre ensemble face aux différences
ethniques et identitaires
14
4.2 Théories mobilisées
17
4.2.1 Le fonctionnalisme relativisé de Robert
King Merton
17
4.2.2 La notion d'interdépendance chez
Norbert Elias
18
4.3 Définition des concepts
20
4.4 Intérêt de l'étude
24
4.4.1 Intérêt scientifique
25
4.4.2 Intérêt opérationnel
25
5. méthodologie de recherche
25
5.1 Techniques de collecte des données et
justification de leur choix
25
5.1 .1 Observation directe
25
5.1.2 Les entretiens individuels
26
5.1.3 La recherche documentaire
26
5.2 Échantillonnage (critères retenus,
type d'échantillonnage, taille de l'échantillon, etc.)
27
5.2.1 Zone d'étude
27
5.2.2 Types et taille de l'échantillon
27
5.3 Techniques d'analyse des données
28
5.4 Conduite du travail de collecte des
données
29
6. plan d'exposition et difficultés
rencontrées
29
6.1 Plan d'exposition
29
6.2 Difficultés rencontrées
32
PREMIÈRE PARTIE : LES MOTIVATIONS DE
L'ETHNICISATION POLITIQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG
33
CHAPITRE 1 : ETHNICISATION POLITIQUE COMME
VOLONTÉ MANIFESTE DE CONTRÔLE POLITIQUE
35
1. Stratégie politicienne
38
1.1 Formation d'une base, d'un fief
38
1.2 Contrôle de son aire sociologique
40
2. Valorisation de l'ethnie en politique
41
2.1 Célébration des nominations en
communauté
41
2.2 Festivals et pratiques culturelles
42
CHAPITRE 2 : POIDS DES CONSTRUCTIONS SOCIALES
SUR L'ETHNICISATION POLITIQUE À DSCHANG
44
1. Primat de la rationalité communautaire
44
1.1 Attachement à sa communauté
44
1.2 Abstraction faite du projet politique
45
2. Volonté de catégorisation des
peuples
48
2.1 Regroupements communautaires
48
2.2 Préjugés ethniques
49
DEUXIÈME PARTIE : INFLUENCE DE
L'ETHNICISATION POLITIQUE SUR LA PARTICIPATION POLITIQUE ET LE VIVRE
ENSEMBLE
54
CHAPITRE 3 : PARTICIPATION POLITIQUE FACE
À L'ETHNICISATION POLITIQUE
56
1. Prépondérance de la
subjectivité identitaire
59
1.1 Dans les choix des gouvernants
59
1.2 Dans les revendications politiques
60
2. Reconfiguration du comportement politique
62
2.1 Abstentionnisme soutenu par
l'épuisement
62
2.2 Désintéressement de la chose
politique
64
2.3 Stéréotypes et formation de bloc
solide de pression
65
CHAPITRE 4 : LA QUESTION DU VIVRE ENSEMBLE FACE
À L'ETHNICISATION POLITIQUE
67
1. Fragilisation de la communion des peuples
70
1.1 Distanciation entre les peuples
70
1.2 Rivalités entre groupes
73
2. Au niveau étatique
74
2.1 Déséquilibre dans la
redistribution des richesses
74
2.2 Fragilisation de l'unité nationale
75
2.2.1 L'irruption et dichotomie des notions de
« Tontinards » et de « Sardinards »
78
CONCLUSION GÉNÉRALE
82
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
87
ANNEXES
92
TABLE DES MATIÈRES
107
* 1Ministère de
l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du
Territoire, « formulation de la vision de
développement à long terme », Document de
travail, décembre 2009, P.5.
* 2Ibid.
* 3
MINJEC, « Stratégie camerounaise d'intégration
nationale », 2015, p7.
* 4 Idem
* 5 MENTHONG
Hélène-Laure : « vote et communautarisme au
Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in
des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998.
pp.51
* 6MENTHONG
Hélène-Laure : « vote et communautarisme au
Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in
des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998,
pp.43
* 7PAGE Michel :
« Intégration, identité ethnique et cohésion
social », OUELLET, F & PAGE, M., pluriethnicité,
éducation et société. Construire un espace commun,
Québec, 1991, P.147.
* 8 ALAWADI
Zelao : « Élections de « seconde
génération » et démocratisation passive au
Cameroun : sens et (Im-) puissance de la dynamique électorale en
temps d'ajustement libéral », revue de la faculté des
sciences politique et juridique de l'université de Dschang, Tome 19,
2017, P 39.
* 9MAYER Nonna :
« qui vote pour qui et pourquoi ? Les modèles explicatifs
du choix électoral », pouvoirs, vol1, n°120, 2007, PP
10-16.
* 10 MENTHONG,
Hélène-Laure : « vote et communautarisme au
Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in
des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998
PP.20-50.
* 11 ABOUNA Paul.,
pouvoir de l'ethnie : introduction à l'ethnocratie,
Yaoundé, Harmattan, 2011, PP 21-33.
* 12Idem. PP.21-124
* 13 NGOUYAMSA Valentin et
FOBASSO GUEDJO Trésor : « Élection
présidentielle au Cameroun : entre liberté d'expression et
revendications ethniques », colloque international pluridisciplinaire
du LAASSE, Université Félix Houphouët-Boigny, 6ème
Edition, Mars 2019. PP.1-15.
* 14WEIVIORKA Michel.,
la différence, France, Balland, 2001, PP.11-20.
* 15 HUNTINGTON Samuel.,
the clash of civilization and the remaking of world order, New
York,1996
* 16 RALPH, Linton.,
l'individu dans la société, Paris, Gallimard, 1969.
* 17 TOURAINE, Alain.,
pourrons-nous vivre ensemble ? France, Fayard, 1997, PP. 197-240
* 18GMÜNDER, Retro
& KENMOGNE, Jean-Blaise : « pour vaincre le
tribalisme : principes, réflexions et
perspectives », CIPRE, 2002, pp.5-90.
* 19LONSDALE Jean.,
ethnicité morale et tribalisme politique, Paris, Karthala, 1996,
PP.98-120.
* 20 CHABAL Patrick
«power in Africa: An Essay», in political interpretation, Londres,
1992 & 1994, PP. 93-94
* 21 LONSDALE Jean.,
ethnicité morale et tribalisme politique, Paris, Karthala,
1996, PP.99
* 22HALPERN,
Cathérine& RUANO-BORBALAN, Jean-Claude : «
identité(s) », France, sciences humaines, 2004, PP.
1-9 et 355-359.
* 23SIMO
David., Constructions identitaires en Afrique, Yaoundé,
CLE, 2006, PP.25-42.
* 24TOURAINE Alain.,
pourrons-nous vivre ensemble ? France, Fayard, 1997, PP.15-28.
* 25THUAL François.,
Les conflits identitaires, Paris, Marketing, 1995, PP.161-189
* 26POUGOUE
Paul-Gérard : « ethnicité, identités
et citoyenneté en Afrique centrale », Yaoundé,
UCAC, n°6-7, 2002, PP.12-72.
* 27 NJOH MOUELLE,
Ebénézer& MICHALON, Thierry., l'État et les
clivages ethniques en Afrique, Yaoundé, ifrikiya et CERAP, 2011,
PP.5-123.
* 28 Le
phénomène électoral est l'arbre qui cache la forêt
en cette question de démocratie ! Des élections pour la
désignation des représentants du peule sont ouvertes à
tout le monde : suffrage universel oblige ! On voit des
analphabètes se faire guider et parfois se faire souffler le nom du
candidat ou de la liste en faveur de qui il faut voter. Et comme le vote
devient tribal dans la plupart des situations, il est clair que ce ne sont pas
les programmes d'actions des candidats qui font la différence entre les
compétiteurs, mais uniquement leur appartenance tribale. De nombreux
échecs sont encore enregistrés et le chemin reste long à
parcourir. NJOH MOUELLE, Ebénézer& MICHALON, Thierry.,
l'État et les clivages ethniques en Afrique, Yaoundé,
ifrikiya et CERAP, 2011, PP.12
* 29 MERTON Robert-King.,
Éléments de théories et de méthode
sociologique, paris, Plon, 1953, 2è Edition, 1965.
* 30MERTON Robert-King.,
Éléments de théories et de méthode
sociologique, paris, Plon, 1953, 2è Edition, 1965,
P137.
* 31ELIAS Norbert., la
société en cours (achevé en 1933 mais publié
seulement en 1969), avec un avant-propos « sociologie et
histoire »de 1969, trad. Franç., préface de CHANTIER.
R, Paris, Flammarion, coll. « champs »,1985.
* 32 DURKHEIM Émile.,
de la division du travail social, Paris, PUF, 1893.
* 33NORIEL, Gérard.,
immigration, antisémitisme et racisme en France, Fayard, 2007,
PP. 589-667.
* 34 ALBO, Xavier., racine
de américa, elmundoaymara, Madrid, Alianza Edition-UNESCO, 1988, P
607.
* 35LAVAUD, Jean-Pierre.,
« la Bolivie : vers l'anarchie
segmentaire ? L'ethnicisation de la vie politique »,
paris, Hérodote, n°123, 2006, PP.62-81.
* 36TOURAINE Alain.,
pourrons-nous vivre ensemble ? France, Fayard, 1997.
* 37 Cahier du vivre
ensemble de la communauté urbaine de Douala., Collections Cahier de la
CUD, n°011, juin 2017, pp. 5
* 38BOIVIN
Albert-Pierre : « Elan, humaniste citoyen », éd
Amalthée, vol1, 2009, P184.
* 39 BARTHES
Roland : « comment vivre ensemble », cours et
séminaires au collège de France 1977-1978, Paris, seuil, 2002.
* 40 Conseil de l'Europe
créé en 1949 au lendemain de la seconde guerre mondiale, vivre
ensemble, avril 2009, p 56
* 41 ROUHIER
Catherine : « apprenons à vivre ensemble »,
Paris, la Cigale, vol1, 2005, P83.
* 42 HUGON, P.,
l'économie de l'Afrique, paris, la découverte, 1993.
* 43QUIVY, R &
CAMPENHOUDT, V., manuel de recherche en sciences sociales, Paris,
Dunod, 1995, p. 164.
* 44QUIVY, R &
CAMPENHOUDT, V, op.cit., p. 195
* 45QUIVY, R &
CAMPENHOUDT, V, op.cit., P.81
* 46N'DA Paul.,
méthodologie de la recherche de la problématique à la
discussion des résultats, université de cocodji Abidjan,
éd universitaire de côte d'ivoire, 2006.
* 47UM NYOBE Ruben.,
discours à l'ONU, 1952.
* 48 Enquêté
n° 10, 19 -4- 2019.
* 49 Enquêté
n°23, 2 -5- 2019.
* 50 MENTHONG,
Hélène-Laure : « vote et communautarisme au
Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in
des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998
PP.20-50.
* 51 Enquêté
n°4, 17 -4- 2019.
* 52 MENTHONG,
Hélène-Laure : « vote et communautarisme au
Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in
des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998,
PP.51
* 53GOUFAN A.
Itong : « implication politique et transformation de la
république sociale chez les pygmées Bagyeli de
Bipindi-Lolodorf », in KPWANG K. Robert : la chefferie
traditionnelle » dans les sociétés de la grande
zone forestière du Sud-Cameroun (1950-2010). Paris, l'Harmattan, 2011,
P. 433
* 54WEIVIORKA Michel.,
la différence, France, Balland, 2001, PP.11-20.
* 55GMÜNDER Retro &
KENMOGNE, Jean-Blaise : « pour vaincre le tribalisme :
principes, réflexions et perspectives », CIPRE, 2002,
pp.5-90.
* 56 Propos de
l'enquêté n°18, 22 -4- 2019.
* 57 Propos de
l'enquêté n°4, 17 -4- 2019.
* 58Récapitulatif des
interventions sur la question visant à savoir si le vote est ethnique
* 59MAYER Nonna :
« qui vote pour qui et pourquoi ? Les modèles explicatifs
du choix électoral », pouvoirs, vol1, n°120, 2007, PP
10-16.
* 60 MENTHONG,
Hélène-Laure : « vote et communautarisme au
Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in
des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998
PP.20-50.
* 61 MENTHONG,
Hélène-Laure : « vote et communautarisme au
Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in
des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998,
PP.42.
* 62 Propos de
l'enquêté n°21, 30 -4- 2019.
* 63Propos de
l'enquêté n°21, 30 -4- 2019.
* 64 Données du
terrain
* 65 Propos de
l'enquêté n°3, 16 -4- 2019.
* 66GMÜNDER Retro &
KENMOGNE, Jean-Blaise : « pour vaincre le tribalisme :
principes, réflexions et perspectives », CIPRE, 2002,
pp.5-90.
* 67MERTON Robert-King.,
Éléments de théories et de méthode
sociologique, paris, Plon, 1953, 2è Edition, 1965.
* 68ELIAS Norbert., la
société en cours (achevé en 1933 mais publié
seulement en 1969), avec un avant-propos « sociologie et
histoire »de 1969, trad. Franç., préface de CHANTIER.
R, Paris, Flammarion, coll. « champs »,1985.
* 69POURTIER R., Afrique
noire, Paris, Hachette, carré géographique,
2ème Edition, 2010, p141-159
* 70 Le passage du parti
unique au multipartisme, de la dictature à la démocratie, des
élections sans alternatives aux élections dites concurrentielles.
* 71Propos de
l'enquêté n°2, 16 - 4 - 2019.
* 72 Propos de
l'enquêté n°4, 17-4- 2019.
* 73 Propos de
l'enquêté n°23, 2 -5- 2019.
* 74 ABOUNA Paul.,
pouvoir de l'ethnie : introduction à l'ethnocratie,
Yaoundé, Harmattan, 2011, PP 77-92.
* 75 Propos de
l'enquêté n°15, 22 -4- 2019.
* 76 Propos de
l'enquêté n°3, 16 -4- 2019.
* 77 Propos de
l'enquêté n°7, 18 -4- 2019.
* 78 Propos de
l'enquêté n°8, 18 -4- 2019.
* 79 Propos de
l'enquêté n°5, 17 -4- 2019.
* 80Propos de
l'enquêté n°3, 16 -4- 2019.
* 81WEIVIORKA Michel.,
la différence, France, Balland, 2001, PP.11-20.
* 82 NGOUYAMSA Valentin
& FOBASSO GUEDJO Trésor., « Élection
présidentielle au Cameroun : entre liberté d'expression et
revendications ethniques », colloque international pluridisciplinaire
du LAASSE, Université Félix Houphouët-Boigny, 6ème
Edition, Février 2019. P.7.
* 83 NGOUYAMSA Valentin
& FOBASSO GUEDJO Trésor., « Élection
présidentielle au Cameroun : entre liberté d'expression et
revendications ethniques », colloque international pluridisciplinaire
du LAASSE, Université Félix Houphouët-Boigny, 6ème
Edition, Février 2019, P. 12.
* 84 Idem.
* 85 Propos de
l'enquêté n°14, 20 -4- 2019.
* 86
http://ipsnews.net/français/2006/10/30/politique-cameroun-la-montée-la-montée-des-conflits-interethniques-inquiète-de-plus-en-plus/
consulté le 15/06/2019 à 12h.
* 87 Propos de
l'enquêté n°22, 2 -5- 2019.
* 88 THUAL,
François., Les conflits identitaires, Paris, Marketing, 1995.
PP.161-189
* 89 NJOH MOUELLE,
Ebénézer& MICHALON, Thierry., l'État et les
clivages ethniques en Afrique, Yaoundé, ifrikiya et CERAP, 2011,
PP.12
* 90Propos de
l'enquêté n°14, 22-4-2019.
* 91 Propos de
l'enquêté n°13, 20-4-2019.
* 92NDAM NJOYA
Nzoméné : « Opinion- Cameroun: "Sardinards" Vs "Tontinards"
Quand Cabral Libii se trompe volontairement de définition(s) »,
2018, in http://www.cameroonvoice.com/news/article-news- 36251.html,
consulté le 19/ 06/ 2019.
* 93 Propos de
l'enquêté n°21, 30-4-2019.
* 94 NGOUYAMSA Valentin et
FOBASSO GUEDJO Trésor : « Élection
présidentielle au Cameroun : entre liberté d'expression et
revendications ethniques », colloque international pluridisciplinaire
du LAASSE, Université Félix Houphouët-Boigny, 6ème
Edition, Mars 2019. PP.10-12.
* 95 Op.cit. P.11.
* 96 MERTON Robert-King.,
Éléments de théories et de méthode
sociologique, paris, Plon, 1953, 2è Edition, 1965.
* 97 LONSDALE Jean.,
ethnicité morale et tribalisme politique, Paris, Karthala,1996,
PP.99.
* 98 ABOUNA, Paul.,
pouvoir de l'ethnie : introduction à l'ethnocratie,
Yaoundé, Harmattan,2011.
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