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Groupes armés et conditions socio-économiques de la population de Shabunda au Sud-Kivu


par Jacques LUTALA KATAMBWE
Université de Lubumbashi  - Diplôme d'Etudes Approfondies en Sciences politiques et Administratives. Option : Science Administrative 2020
  

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2.2. PRESENTATION GEO-HISTORIQUE DU TERRITOIRE DE SHABUNDA

Il est nécessaire, voire même important de présenter, dans cette section, le champ de nos recherches et analyses afin de permettre à nos lecteurs de saisir la variabilité de la base sur laquelle la réalité de nos résultats a été tirée. Cette section nous aidera également à avoir une vue d'ensemble, du Territoire de Shabunda tant sur le plan géographique, historico-politique et administratif, économique que démographique.

2.2.1. Situation géographique

Le Territoire de Shabunda dont le chef -lieu porte le même nom est le plus vaste de la province du Sud - Kivu avec une superficie de 25.216 km² représentant 40% de l'espace provincial. L'un des huit Territoires qui composent la Province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo, le Territoire de Shabunda n'a aucune ouverture avec l'extérieur, car le milieu étant quasi entièrement enclavé. Il est limité :

ü A l'Est par les Territoires de PANGI, KASONGO (au Maniema) et de FIZI (au Sud-Kivu) ;

ü A l'Ouest par les Territoires de KALEHE, KABARE, WALUNGU et MWENGA (au Sud-Kivu) ;

ü Au Nord par les Territoires de WALIKALE (Nord-Kivu) et PUNIA (au Maniema) ;

ü Au Sud par les Territoires de FIZI (Sud -Kivu) et KABAMBARE (dans le Maniema).

Avec un relief dominé par des collines, des montagnes et quelques vallées, le Territoire de Shabunda est traversé par un réseau hydraulique varié et dense, dont les trois principales rivières sont : La Ulindi, la Lugulu et la Elila.

Dans cette partie de la forêt tropicale, deux climats sont dominants ; le climat équatorial et le climat de montagne. Il y a aussi deux principales saisons : la saison de pluies et saison sèche.

2.2.2. Situation historico-politique et administrative

Il sied d'abord de signaler que ce sont les Balega qui forment le peuple majoritaire (plus de 90% de l'ensemble) du Territoire de Shabunda ; que d'autres appellent des BAREGA ou les WAREGA) dont la finesse de l'art est connue dans le monde entier mais malheureusement non exploité suite à l'enclavement du territoire. La minorité est constituée par des Bakwami, Batembo et Batali. Cependant, cette majorité n'avait jamais constitué un motif d'orgueil et d'hégémonie en terme de rendre complexe la cohabitation interne avec les autres.

Le 17 Janvier 1904, le poste de Shabunda est créé par le commandant CROONE de l'Etat Indépendant du Congo (E.I.C en sigle) et regroupe tous les Lega et autres peuples ayant des affinités culturelles avec eux. Le poste dépendait administrativement du Territoire de LOKANDU, dans le Maniema.

En 1933, la Province de Costermansville est fondée et elle comprend deux districts : Maniema et Kivu. Le poste de Shabunda est scindé en deux territoires : KIHEMBWE (qui deviendra PANGI) est rattaché au Maniema et Shabunda est envoyé au Kivu(48(*)).

Comme on peut le constater, le rattachement de Shabunda au district du Kivu a résulté de l'arbitraire du pouvoir colonial dont le souci a été cette fois basé sur le découpage de l'espace et non plus en tenant compte des affinités culturelles.

En 1947, la Province de Costermansville est divisée en trois districts : le Maniema, le Sud-Kivu et le Nord-Kivu. Le Territoire de Shabunda est rattaché au Sud - Kivu(49(*)).

L'organisation du territoire en 1947 qui a fait éclater Shabunda est motivée par la création d'emplois pour les chômeurs de la métropole à cause de la crise de l'après-guerre. Ce découpage a été encore une fois arbitraire.

En 1961, le District d'ELILA est fondé ; il regroupe les Territoires de Mwenga, Pangi et Shabunda avec siège à Shabunda. Les pourparlers envisagent d'y ajouter les territoires de FIZI, PUNIA et WALIKALE. On revient à l'ancienne formule de l'année 1904 de regrouper les Balega. Le choix de Shabunda comme siège résulte de sa position centrale par rapport aux autres territoires.

En Août 1962 est créée la Province du Kivu-central. Sous la hantise d'hommes politiques de cette Province, on signera pour le Territoire de Shabunda son annexion à la Province du Kivu - central qui deviendra plus tard la Province du Sud-Kivu.

L'importance des relations économiques et commerciales entre le Maniema et les Balega (du moins les deux zones voisines Pangi et Shabunda) a motivé l'asphaltage de la route Kindu-Shabunda dont les travaux ont été arrêtés au niveau de Kalima (120Km de Shabunda) à cause des troubles des années 1960.

Du point de vue situation administrative, le Territoire de Shabunda est l'un des huit territoires du Sud-Kivu. Il est composé de 2 collectivités (Bakisi et Wakabango 1er), de 11 groupements et de 833 villages. Le Territoire est chapeauté par un administrateur du territoire, chaque collectivité est dirigée par un chef de collectivité, le groupement par un chef de groupement, le chef de village contrôle le village.

2.2.4. Situation économique

Le Territoire de Shabunda regorge des ressources naturelles incommensurables, allant des essences ligneuses et espèces animales, aux ressources agricoles et minières de très grande valeur.

Les sources majeures de revenus en Territoire de Shabunda sont l'exploitation artisanale des minerais, l'artisanat, l'agriculture, le petit commerce, l'élevage et la pêche.

· Mines

Hormis ses richesses naturelles du sol, le Territoire de Shabunda regorge aussi d'immenses ressources du sous - sol : l'or, le colombo-tentalite, la cassitérite, le wolfram, le diamant, le calcaire,... ce qui a justifié la présence de la Sominki (société minière du Kivu) qui est une société à capitaux belges, aujourd'hui en faillite, dans ce territoire. Aujourd'hui aucune société n'oeuvre dans le Territoire, la population s'adonne à l'exploitation artisanale des minerais.

L'exploitation minière emploie très faiblement la main d'oeuvre active, exclusivement masculine, étant donné que le travail fait appel à la force musculaire faisant défaut à la femme, cette activité procure un petit revenu pour la subsistance de quelques familles (50(*)).

· Artisanat

Les activités de menuiserie, de scierie, de tissage, de vannerie, de sculpture sont bien connues dans le territoire et sont exercées avec un goût raffiné (Art Lega). Fort malheureusement, ces activités ne sont pas en pleine expansion par manque d'encadrement des artisans et surtout suite à l'enclavement du territoire.

L'homme et la femme s'adonnent selon le cas, à des diverses activités. L'on remarque que les hommes s'attèlent à la menuiserie, la scierie, la vannerie, la sculpture, ... tandis que la femme s'emploie davantage dans le tissage.

L'artisanat est exercé avec finesse et procure un petit revenu de subsistance aux artistes. L'enclavement du Territoire ne permet pas aux producteurs de vendre assez pour ne survivre que cette activité.

Par ailleurs, l'on constate que l'artisanat, une fois recadrer, redynamiser et restructurer, ouvrirait le Territoire au tourisme et procurerait des ressources considérables aux exploitations d'oeuvres d'art et partant, assurerait un revenu en plus à l'Etat.

· L'agriculture

Le Territoire de Shabunda a la vocation agricole et emploie une frange de la population. Il s'agit d'une agriculture de subsistance, donc de type traditionnel (sans machines, matériels aratoires, ni engrais et utilise des techniques et méthodes archaïques de brulis et de jachère).

L'agriculture est une activité essentiellement réservée à la femme, l'homme se contente de l'abattage de zones forestières.

Jadis, le Territoire de Shabunda constituait le poumon économique de la Province du Sud - Kivu par sa production agricole excédentaire. Aujourd'hui, cette production a régressé suite à la libéralisation de l'exploitation artisanale de minerais, à la destruction de toutes les unités de production et de transformation des produits agricoles et au manque de matériels aratoires.

Deux saisons déterminent le calendrier agricole dans le Territoire de Shabunda.

1èreSaison A

Elle prend cours à partir du mois de mai et se termine au mois d'octobre, c'est la période de la culture de riz, arachide, maïs, banane, coton, palmier à huile. La période allant d'octobre à décembre correspond à la celle de semer.

2èmeSaison B

Elle commence au mois de décembre jusqu'au mois de février. De février à mai correspond à la période de récolte du riz. Les cultures d'arachide, du maïs, du manioc, de l'amarante et le haricot sont développées à cette période. Les denrées alimentaires sont vendues localement et en dehors du territoire. Il s'agit notamment d'huile de palme et d'arachide.

Il s'avère que la modernisation de l'agriculture, le recyclage et l'encadrement des moniteurs agricoles, le renouvellement des cultures de coton et la réhabilitation des plantations (de café, cacao et palmier à huile) constituent le socle du redécollage économique du Territoire.

· Commerce

Le petit commerce, tourné exclusivement vers les produits de première nécessité, est en vogue dans le Territoire de Shabunda. Il permet à certains habitants d'assurer la scolarité de leurs enfants, de se préoccuper de l'habillement de ces derniers, ainsi que de leurs soins de santé. Tout compte fait, cette activité est, dans bien des cas, exercée par les Bashi et autres tribus environnantes. On observe malheureusement la dollarisation du milieu, la flambée des prix due essentiellement à l'enclavement du Territoire de Shabunda. Les articles n'arrivent dans le territoire que par voie aérienne.

· Elevage

L'élevage occupe une place de choix dans l'économie du Territoire de Shabunda, en ce sens qu'il est pratiqué presque par tous les villages, un petit cheptel de caprins (chèvres, porcs, moutons) ou d'animaux de basse cours (coqs, pigeons, poules, canards, perdrix) qui vivent en liberté autour des cases. Chaque famille dispose en moyenne de deux ou trois têtes de petit bétail qui se nourrissent sans utilisation de technique d'élevage particulière.

Le chien, bénéficiaire d'aliment et de soins de la plupart du maître, est principalement élevé pour la chasse, tandis que la poule, la chèvre et le mouton tiennent lieu surtout d'animaux de sacrifice dans de nombreuses circonstances, cérémonies religieuses ou magico-religieuses, rites de guérison, rassemblement des liens, réparation des injures en l'endroit d'un supérieur, ...

Il est bon de signaler que, suite à la guerre (conflits armés), aujourd'hui dans beaucoup des villages, on ne trouve plus ces bétails, ils sont exterminés par des pillages, l'instabilité de la population et le déplacement de la population d'un endroit à un autre.

· La chasse

La chasse fut dans le temps une activité très importante quand les forêts furent encore denses et conservaient beaucoup d'animaux. Elle produisait beaucoup de viande dont une partie était destinée à la vente et une autre à la consommation familiale. Avec l'intensification de la chasse au fusil et l'exploitation abusive des animaux sauvages par la population, beaucoup d'espèces animales ont disparu.

· La pêche et la pisciculture

L'Activité de la pêche comble les déficiences alimentaires. La pêche est aussi une activité traditionnelle, sa rentabilité est fonction des périodes. La pêche est facilitée par la présence des rivières Ulindi et Lugulu ainsi que par leurs affluents. La pratique de la pèche se fait sans distinction de sexe, et cela durant la période de crue ou d'étiage. A cela, la saison sèche reste la saison la plus favorable pour la pèche. Durant cette période, les riverains organisent des expéditions de deux à trois mois dans des Lutanda (maquis).

La carence des poissons à un certain moment a incité les paysans du Territoire de Shabunda à la pratique de la pisciculture et cela a créé une économie familiale pendant une certaine période dans les ménages. Cette pratique de pisciculture vise à élever et à multiplier le nombre des poissons dans un étang. Elle vise d'abord à contrôler où ils habitent pour les exploiter.

Partout dans le Territoire de Shabunda, la population s'adonne plus au travail d'étangs. Cela est motivé par des grands rendements de leur production et de l'intérêt de chacun à la consommation des poissons frais par rapport aux poissons fumés et salés venant du Maniema et de Bukavu. Il n'existe aucune entreprise, dans le Territoire de Shabunda, qui pratique la pêche industrielle.

2.2.5. Situation démographique

Il convient de signaler que le Territoire de Shabunda comptait depuis les années 2016, une population estimée à 1.008.020 habitants, soit une densité de plus ou moins 37 habitants/Km2 (51(*)).

Cette population de 1.008 020 habitants était repartie de la manière ci-après :

- 667 541 Habitants dans la chefferie de Bakisi ;

- 167 739 habitants de la collectivité de Wakabango I ;

- 171 923 habitants à Shabunda - Centre qui est le chef-lieu de ce territoire ;

- 817 représentent la population étrangère dans le Territoire (52(*))

Tableau n°1. : situation démographique de la collectivité/chefferie de BAKISI

Groupements

Chef-lieu

Population

Total

Hommes

Femmes

Garçons

Filles

Bangoma

Matili

22 681

27 754

29 261

28 801

108 497

Beigala

Kikamba

13 062

14 249

16 521

19 563

63 395

Bagabo

Kassa

14 645

15 744

18 309

20 170

68 868

Bakyunga

Mapimo

14 802

15 940

16 947

184 481

66 170

Bamuguba Nord

Lulingu

28 974

27 838

35 098

36 563

128 473

Bamuguba Sud

Kigulube

29 821

38 610

31 379

34 682

134 492

Baliga

Mulungu

22 866

23 652

24 848

26 153

97 519

TOTAUX

 

148 943

163 808

172 369

184 421

667 541

Source : Bureau de l'État-civil du territoire de Shabunda, rapport annuel 2016.

Tableau n° 2 : Situation démographique de la collectivité/chefferie de WAKABANGU 1er

Groupements

Chef-lieu

Population

Total

Hommes

Femmes

Garçons

Filles

Ikama kasanza

Kitandi

12 457

10 445

10 686

10 369

43 957

Basitabiala

Kalole 3

5 582

5 547

6 632

6 780

24 561

Nkulu

Mikaba (Kanyombo)

11 065

10 954

12 690

11 688

46 397

Batali

Mulongo

14 736

16 295

10 300

11 493

52 824

TOTAUX

 

43 840

43 241

40 328

40 330

167 739

Source : Bureau de l'État-civil du territoire de Shabunda, rapport annuel 2016.

Quartiers

Population

Total

Hommes

Femmes

Garçons

Filles

Lupimbi

4 604

5 097

5 683

6 176

21 560

Administratif

8 635

9 254

10 168

11 391

39 448

Mankulu

2 214

2 336

2 417

4 018

10 985

Kizikibi

1 930

1 762

3 925

4 216

11 833

Kitete

1 344

1 566

10 661

7 430

21 001

Mbangayo

7 000

8 500

23 955

25 545

65 000

Nyalubwe

416

470

449

761

2 096

TOTAUX

26 143

28 985

57 258

59 537

171 923

Tableau n° 3 : Situation démographique de SHABUNDA - CENTRE


Tableau n° 4 : Situation démographique de la population étrangère à Shabunda

Population

 

Hommes

Femmes

Garçons

Filles

Total

327

179

147

164

817

Source : Bureau de l'État-civil du territoire de Shabunda, rapport annuel 2016Ø Commentaire des tableaux

Il ressort de l'interprétation du tableau n°1 que la collectivité de Bakisi a une population évaluée à 667.541 habitants catégorisés de la manière ci - après : 148 943 hommes, 168 808 femmes, 172 369 garçons et 184 421 filles repartis selon les groupements comme suit : 134 492 habitants pour le groupement de Bamuguba Sud, 128 473 habitants pour le groupement de Bamuguba Nord, 108 497 habitants au groupement de Bangoma, 97 519 habitants constituent la population du groupement de Baliga et 68 868, 66 170 et 63 395 habitants respectivement aux groupements de Bagabo, Bakyunga et Beigala.

En ce qui concerne le tableau n°2 qui reprend la situation démograpique de la collectivité de Wakabango 1er, il s'observe que cette collectivité est constituée de 167 739 habitants reparti de manière ci - après selon les groupements : 52 824 pour le groupement de Batali, 46 397 au groupement de Nkulu, 43 957 et 24 561 respectivement pour le groupement d'Ikama Kasanza et celui de Basitabiala. Ce tableau montre que cette collectivité est composée de 43 840 hommes, 43 241 femmes, 40 328 garçons et 40 330 filles.

La situation démographique de la population de Shabunda - centre représentée dans le tableau n°3 démontre que 171 923 habitants constituent la population du chef - lieu de ce territoire. Cette population se répartit de la manière suivante selon les quartiers : 65 000 habitants pour le quartier Mbangayo, 39 448 pour le quartier administratif, 21 560 pour celui de Lupimbi, les 21 001 habitants sont du quartier Kitete, 11 833 habitants au quartier Kizikibi, Mankulu en compte 10 985 et enfin 2 096 habitants composent le quartier Nyalubwe.

Ces habitants sont repartis par catégories selon qu'on est homme, femme, garçon ou fille de la manière ci - après : 59 537 filles, 57 258 garçons, 28 985 femmes et 26 143 hommes.

Quant à la situation démographique de la population étrangère représentée au tableau n°4, il est important de retenir que le Territoire Shabunda compte 817 habitants étrangers répartis comme suit : 327 hommes, 179 femmes, 164 filles et 147 garçons.

* 48 Ordonnance 43/Aimo du 15 Mars 1935

* 49 Ordonnance 43/Aimo du 15 Mars 1935

* 50 DSRP-Territoire de Shabunda, 2004, p. 26

* 51Bureau de l'État-civil du territoire de Shabunda, rapport annuel 2016.

* 52 Idem

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus