6.2
Auto-médecine/médecine traditionnelle
Pour rendre davantage efficace le traitement, les
ménages utilisent à la fois l'auto-médecine et la
médecine traditionnelle. En effet, selon les ménages, ce cumul de
soins consiste à administrer les deux types de soins au même
moment pour que le patient trouve rapidement la guérison. Raison pour
laquelle l'usage des écorces et des plantes médicinales est de
plus en plus récurrente dans les ménages en cas de maladie
accompagnés par les médicaments de la rue car selon eux, une
maladie comme par exemple la typhoïde ne se traite pas à la
médecine moderne, mais plutôt à la médecine
traditionnelle. Cela est dû au fait que les services de santé
modernes sont hors de leur portée, « nous utilisons la
médecine traditionnelle et l'auto-médecine pour pallier aux
difficultés d'accès aux soins de santé modernes car
lorsqu'il n'y a pas moyen de se rendre dans un centre de santé, je fais
recours à l'auto-médecine/médecine
traditionnelle » (affirme le chef du village Ediengo
âgé de 45 ans nommé Eboué E.). A travers ces propos,
l'auto-médecine et la médecine traditionnelle sont fortement
utilisées dans les ménages et pour cause l'éloignement des
formations sanitaires. Cependant, le fort attachement à
l'auto-médecine/médecine traditionnelle est lié d'autre
part au faible niveau d'instruction des chefs de ménages (90%) qui n'ont
aucune connaissance sur les bienfaits de la médecine moderne.
6.3 La consultation d'un
naturopathe/médecine moderne
A la question de savoir que faites-vous lorsque vous
êtes malade et vous ne vous y rendez pas dans une centre de
santé, les ménages (90%) ont répondu que lorsqu'ils ne se
rendent pas dans une structure sanitaire, ils consultent immédiatement
les tradipraticiens pour diverses raisons dont le manque de moyens financiers,
l'éloignement des formations sanitaires, l'absence régulier du
personnel de santé et l'absence des centres de santé, des
distances à parcourir et même le mauvais état de la route.
Ainsi, le tradipraticien avec ses soins à base des produits
prélevés directement dans la nature administre les soins de
santé traditionnels aux patients en cas de nécessité,
« lorsqu'un patient arrive dans mon cabinet de consultation et
je l'administre les premiers soins. C'est à travers ces derniers que je
vois si ça peut aller ou pas et le patient à qui j'ai
administré les premiers soins sent lui-même l'impact de ces
derniers sur son état de santé » (extrait de
l'entretien avec un tradipraticien le 28 Mars 2020 appelé Mbossou
Maurice). Les ménages ayant consultés le tradipraticien ont
réaffirmé leur attachement à ce volet de la
médecine dans leurs villages respectifs par contraintes
financières et la défaillance des politiques publiques de la
santé. Par contre, parfois la consultation d'un naturopathe s'accompagne
aussi de l'utilisation de la médecine moderne dans certains
ménages (10%).
Lors de nos enquêtes de terrain, nous nous sommes
rendu compte qu'il y a des ménages qui ont consulté les
tradipraticiens pour des accouchements à domicile car il existe des
tradipraticiens qui font accoucher les femmes dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong, comme le témoigne
cet extrait [On est venu m'appeler aux environs de 20 h30 minutes
qu'une femme enceinte pleure les douleurs de l'enfant et lorsque je suis
arrivé, je l'ai mise en observation en prenant soin d'elle et de
l'enfant , lorsque je me suis rendue compte que l'enfant est déjà
à un niveau acceptable, je l'ai fait boire le remède traditionnel
car ce dernier règle tout genre de problème qu'elle peut avoir
dans le ventre. Aux environs de 23h, j'ai dit le moment est venue, pousse, elle
a donc poussé et l'enfant est sortie. Actuellement, la mère et
l'enfant se portent bien. De plus les femmes qui ont des accouchements
difficiles je soigne, j'ai déjà eu plusieurs cas ici au village.
Quand il y a un problème pareil au village, même si c'est
à 2h du matin on vient toquer ma porte] (extrait de l'entretien
avec un tradipraticien le 26 avril 2020 nommé EDJOBI R). A travers ces
propos, on constate que les difficultés rencontrées par les
ménages sont résolues par les tradipraticiens car la
médecine traditionnelle est le principal pourvoyeur des soins de la
médecine dans certains ménages qui sont pauvres
financièrement et qui n'ont ni route aménagée, ni centre
de santé.
Le graphique suivant fait ressortir les différentes
proportions des ménages sur l'utilisation mixte des soins de
santé :
Figure 24: Utilisation des
soins de santé mixtes dans les ménages
Source : enquête de terrain 2020
Soixante-cinq pourcent (65%) de ménages utilisent
à la fois l'auto-médecine/médecine traditionnelle tandis
que 28% représente la proportion des ménages ayant fait
consulté le tradipraticien pour des soins. Enfin 7% de ménages
utilisent au même moment l'auto médecine/médecine moderne
en cas de maladie. Cependant, le fort recours à la médecine
traditionnelle est lié aussi aux croyances traditionnelles (60%)
auxquelles les chefs de ménages sont attachées car selon eux
les maladies mystiques se traitent traditionnellement. De plus, il est aussi
à noter que les ménages (80%) font recours à la
médecine moderne en cas de gravité de la maladie.
La diversité socioculturelle rurale explique les choix
portés sur certaines pratiques médicinales dans les zones rurales
de l'arrondissement de Mélong.
Contrairement à une étude menée dans la
ville de Dschang par Lemouogue J. (2018, P 275), il ressort que
« 40% des ménages consultent les cliniciens pour la
santé des enfants. Pourtant, les mêmes optent pour
l'automédication lorsqu'ils constatent un état fébrile
chez un adulte. D'autres choisissent le type de traitement en fonction de leurs
connaissances et de leurs perceptions au sujet de la maladie. C'est ainsi que
2% des enquêtés font exclusivement recours à la
médecine traditionnelle pour des soins des maladies
considérées comme surnaturelles ou mystiques, qui sont selon eux
inexplicables ou mal diagnostiquées par la médecine
moderne »].
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