RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN
N
Paix - Travail - Patrie
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UNIVERSITÉ DE DSCHANG
Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi
Cordum
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RECTORAT
ÉCOLE DOCTORALE
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UNITÉ DE FORMATION ET DE RECHERCHE
DSCHANG SCHOOL OF ARTS AND SOCIAL SCIENCES
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Website: http://www.univ-dschang.org
E-mail: udstectorat@univ-dschang.org
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REPUBLIC OF CAMEROON
Peace - Work - Fatherland
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UNIVERSITY OF DSCHANG
Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi
Cordum
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CHANCELLERY
POSTGRADUATE SCHOOL
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TRAINING AND RESEARCH UNIT
DSCHANG SCHOOL OF ARTS AND SOCIAL SCIENCES
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E-mail: udstectorat@univ-dschang.org
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DEPARTEMENT DE
GEOGRAPHIE-AMENAGEMENT-ENVIRONNEMENT
DEPARTMENT OF GEOGRAPHY AND ENVIRONMENTAL PLANNING
ACCESSIBILITE AUX SOINS DE SANTE MODERNES DANS LES
ZONES RURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
Mémoire présentéen vue de
l'obtention du diplôme de Master en Géographie
Option: Géographie de la
Santé
Réalisé par:
MBELLA MBONG Rostant
Matricule : CM-UDS-15LSH0700
Licencié en géographie
Sous la direction de:
Dr LEMOUOGUE Joséphine
Chargée de Cours
Août 2020
DEDICACE
Je dédie ce travail à:
Mon père MBONG Pascal et ma
mère DION Rose,qui me procurent le sens de la vie et
la joie de vivre;
Ma tante EBAMI Pulchérie
REMERCIEMENTS
Même si l'initiative d'entreprendre cette étude
vient de nous même, sa réalisation est le résultat de
l'apport de «petites pierres'' de la part de beaucoup de personnes. Ces
dernières, avec leurs multiples concours nous ont permis d'arriver
jusqu'à terme de notre formation.
Par conséquent, nous manifestons notre profonde
gratitude au Docteur LEMOUOGUE Joséphine, notre
directeur de mémoire pour la rigueur et l'amour de la géographie
qu'elle a su construire en nous. Nous la remercions de nous avoir fait
découvrir la géographie de la santé dont nous sommes
à présent passionnés. Qu'elle reçoive ici
l'expression de notre reconnaissance particulière
Nos remerciements vont à l'endroit du corps enseignant
du département de géographie de l'Université de
Dschang,Pr TSALEFAC Maurice, Dr Donfack Olivier, Dr
NSEGBE pour l'encadrement dont nous avons
bénéficié durant notre formation.
Mes remerciements vont aussi à l'endroit de mes parents
qui ne cessent de me soutenir et pour ce sacrifice qu'ils ont fait pour moi,
qui ne ménagent aucun effort pour trouver des solutions à mes
multiples problèmes.
Nous adressons nos remerciements aux membres de notre
famille, surtout à NGOUANGUE Crépin et à
mes petits frères ADINGO Ciril, ELONG
Jordan, EWONDE Idriss, EMATE
Christian,qui m'ont toujours soutenu sur le plan moral et
matériel, même aux heures les plus difficiles sans jamais me
dicter ma conduite.
Nous ne saurions dire merci avec des mots exacts à tous
ceux qui nous ont apporté leur soutien aussi bien moral, matériel
que financier. Cependant, nous prions Mme MOSIA Edith Mr SONE
Léonard, Mr Jonas MBOME, Mme NJIH,Mme EBAMI
Pulchéried'accepter nos sincères reconnaissances.
Nos remerciements vont à l'endroit de tous les centres
de santé et les populations avec lesquelles nous avons travaillé,
particulièrement les ménages des zones rurales enclavées
de l'arrondissement de Mélong et nos amis pour leur disponibilité
et les conseils qui nous ont donné l'envie d'aller de l'avant.
Ils sont nombreux qui nous ont aidé, que nous
remercions mais que nous n'avons pas pu citer.
SOMMAIRE
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
SOMMAIRE
iii
LISTE DES ABREVIATIONS
iv
LISTE DES TABLEAUX
v
LISTE DES FIGURES
vi
LISTE DES PLANCHES
vii
LISTE DES CARTES
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
ix
CHAPITRE I : LA CARTE SANITAIRE ET
L'UTILISATION DES SOINS DE SANTE MODERNES DANS L'ARRONDISSEMENT DE MELONG.
32
CHAPITRE II : LES DIFFICULTES D'ACCES AUX SOINS
DE SANTE MODERNES DANS LES ZONES RURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE
MELONG
60
CHAPITRE III : LES PRATIQUES SOCIOCULTURELLES
PALLIATIVES AUX DIFFICULTES D'ACCES AUX SOINS DE SANTE MODERNES DANS LES
ZONESRURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
107
CONCLUSION GENERALE
140
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
143
ANNEXES
149
TABLE DES MATIERES
160
LISTE DES ABREVIATIONS
CMA : Centre Médical d'Arrondissement
CMP : Centre Médical Protestant
COSADI : Comité de Santé du
District
CS : Centre de Santé
CSI : Centre de Santé
Intégré
EEC : Eglise Evangélique du
Cameroun
FCFA : Franc de la Communauté
financière africaine
FSPS : Fonds Spéciaux provinciaux
pour la Promotion de la Santé
HD : Hôpital de district
INS : Institut National de la
Statistique
MINSANTE : Ministère de la
Santé
ODD : Objectifs de Développement
Durable
OMD : Objectifs du Millénaire pour
le développement
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
PCD : Plan Communal de
développement
PMA : Paquet Minimum d'Activité
SPSS : Statistical Package for social
Sciences
SSP : Soins de Santé Primaire
UNICEF : Fond des Nations Unies pour
l'Enfance
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Conceptuel de l'accessibilité aux
soins de sante
5
Tableau 2: Critères
d'échantillonnage
29
Tableau 3: Les aires de santé
34
Tableau 4: Secteur et niveau des formations
sanitaires de l'arrondissement de Mélong
36
Tableau 5: Les différents niveaux du
système national de santé publique du Cameroun
40
Tableau 6: Les cas de maladie dans les centres de
santé
56
Tableau 7: Temps mis en fonction de la distance
parcourue par les ménages
70
Tableau 8: Temps mis en fonction du mode de
transport utilisé pour atteindre une formation sanitaire
71
Tableau 9: Modes de transport des patients
78
Tableau 10: Les stratégies de transport des
patients et nombre de patients transportés par les ménages les
plus éloignés des zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong
79
Tableau 11: Les dépenses des soins de
santé modernes dans les ménages
85
Tableau 12: Coût de transport
86
Tableau 13: Coût en cas d'engagement pour des
soins de santé modernes et les coûts de transport
87
Tableau 14: Niveau d'instruction et
fréquentation des structures sanitaires
89
Tableau 15: Ratio population/personnel par aire de
santé comparé aux normes de l'OMS
94
Tableau 16: Etude comparative entre le personnel
médical de l'arrondissement de Mélong et celui des normes de
l'OMS :
98
Tableau 17: Les équipements des centres de
santé en zone rurales
102
Tableau 18: Les maladies traitées par les
tradipraticiens
111
Tableau 19: Les personnes du ménage ayant
consultées la médecine traditionnelle
116
Tableau 20: Tableau croisé Dépenses de
la médecine traditionnelle pour consultation dans le ménage *
Dépenses de la médecine traditionnelle pour le traitement dans le
ménage
121
Tableau 21: Propositions faites par les
ménages pour améliorer l'accès aux soins de santé
modernes
133
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Nombre de personnel par centre de
santé (secteur public)
5
Figure 2: Nombre de lit dans les formations
sanitaires publiques
45
Figure 3: Nombre de malade par semaine secteur
public
47
Figure 4: Nombre de personnel par structure
sanitaire de santé privé
49
Figure 5: Nombre de lits (secteur privé)
50
Figure 6: Nombre de malade par structure sanitaire
privée par semaine
52
Figure 7: 7 Les maladies les plus récurrentes
dans les ménages
53
Figure 8: Les soins administrés aux patients
en zones rurales
55
Figure 9: Proportions des distances à
parcourir pour atteindre les formations sanitaires
64
Figure 10: Les activités économiques
menées par les ménages
81
Figure 11: Le niveau de revenu menstruel des chefs
de ménage
82
Figure 12: Niveau d'instruction des chefs de
ménage
88
Figure 13: Ménages ayant
déclarés la présence ou non d'un centre de santé
dans le village
92
Figure 14: La présence du personnel au Centre
de santé
95
Figure 15: Satisfaction de la qualité des
soins offerts dans les centres de santé
99
Figure 16: La perception de la qualité des
soins par les ménages dans les centres de santé
100
Figure 17: Niveau de qualification du personnel de
santé par les ménages des zones rurales
101
Figure 18: Les cas d'accouchement à domicile
dans les ménages
104
Figure 19: Les raisons de recours à la
médecine traditionnelle
110
Figure 20: La présence des tradipraticiens
dans les villages
114
Figure 21: Les types maladies traitées
traditionnellement dans les ménages
115
Figure 22: Les autres soins parallèles
utilisés par les ménages
119
Figure 23: Degré de satisfaction des
ménages de la médecine traditionnelle.
122
Figure 24: Utilisation des soins de santé
mixtes dans les ménages
125
Figure 25: Enjeux et aspiration des acteurs de la
santé
134
LISTE DES PLANCHES
Planche 1: CSI de Ndokou et et le CSI de Lelem
5
Planche 2: Lits d'hopitaux (secteur public)
46
Planche 3: Cabinet de l'espérance et le
cabinet de l'espoir
51
Planche 4: Lits d'hôpitaux (secteur
privé)
51
Planche 5: L'état des routes et pistes qui
mènent vers les formations sanitaires en saison pluvieuse
73
Planche 6: L'état des routes
empreintées par les ménages pour atteindre les formations
sanitaires.
74
Planche 7: Transport d'un patient sur les brancards
fabriqués localement
80
Planche 8: abandon du CMA de Ninong dans la
broussaille
97
Planche 9: Cabinet de consultation d'un
tradipraticien
113
Planche 10: Quelques lieux sacrés dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong
118
Planche 11: Pistes aménagées
128
LISTE DES CARTES
Carte 1: Carte de localisation de la zone
d'étude
5
Carte 2: Carte sanitaire de l'arrondissement de
Mélon
38
Carte 3: Distribution spatiale des formations
sanitaire
63
Carte 4: Carte des distances d'accès aux
structures sanitaire
67
Carte 5: Carte du réseau routier
76
Carte 6Carte de l'enclavement topographique de
l'arrondissement de Mélong
77
RESUME
L'enclavement des zones rurales de l'arrondissement de
Mélong et la défaillance des politiques publiques de santé
sont des contraintes pour l'accès des ménages aux services de
santé modernes. La présente étude s'est proposée
d'analyser les facteurs qui entravent l'utilisation des services de
santé modernes dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong. L'analyse s'endosse sur les données
qualitatives et quantitatives de terrain à travers des enquêtes
auprès des ménages, la cartographie des formations sanitaires,
des entretiens avec des différents acteurs de la santé. Il
ressort des analyses que les facteurs qui influencent l'accès des
ménages aux soins de santé modernes sont d'ordre
géographique, économique, technique et socioculturel. Car
près de 40% de ménages parcourent une
distance comprise entre 5 et 45 km d'abord à pieds et ensuite à
moto pour atteindre une formation sanitaire pour une durée de 4
à 6 heures de temps. Les modes de transport restent à pied et
à moto malgré d'autres stratégies adoptées par les
populations pour transporter les patients. De plus, l'état de la route
n'est pas en reste car près de 50% de ménages ont
déclaré avoir emprunté une route en état boueuse et
glissante pour se rendre dans une structure sanitaire. Aussi, l'on a
noté que près de 80% de chefs de ménages ont un revenu
très bas qui ne leur permet pas d'accéder aux soins de
santé modernes. Par ailleurs, 76% des chefs de ménages ont un
niveau d'instruction primaire alors que 14 % sont sans aucun niveau, ce qui
pose alors le contraste entre le niveau d'instruction et l'accès aux
soins de santé modernes. Cependant, on a noté une inégale
spatiale des formations sanitaires avec l'absence de ceux-ci dans certains
villages ayant fait l'objet de notre étude. Face donc à ces
difficultés, les ménages ont adopté des stratégies
de résilience et d'adaptation pour faire face aux difficultés
d'accès aux soins de santé modernes. Il s'agit des pratiques
socioculturelles, car près de 95 % de ménages
enquêtés font recours à la médecine traditionnelle
et consultent les tradipraticiens pour manque de moyens financiers et les
dysfonctionnements dans le secteur de la santé publique. C'est ainsi
qu'on note la présence des lieux sacrés (4%), le recours
à la voyance (74%) et à la prière (22%) en cas de
maladie. Ainsi, 80% des ménages se disent satisfaits des soins offerts
par la médecine traditionnelle.Pour essayer d'améliorer
l'accès aux soins de santé modernes, il est primordial de
construire les centres de santé en milieu rural, de renforcer le
personnel de santé et équiper les centres de santé en
matériel de prise en charge des patients, d'aménager les pistes
rurales, de lutter contre la pauvreté financière.
Mots clés : Accessibilité, Soins de
santé, médecine traditionnelle, Zones rurales
ABSTRACT
The isolation of rural areas in the district of
Mélong and the failure of public health policies are constraints for
households' access to modern health services.This study set out to analyze the
factors that hamper the use of modern health services in the remote rural areas
of Mélong district. The analysis is based on qualitative and
quantitative field data through household surveys, mapping of health
facilities, interviews with various health actors. Our surveys show that the
factors influencing household access to modern health care are geographic,
economic, technical and socio-cultural. Because nearly 40% of households cover
a distance between 5 and 45 km to reach a health facility for a period of 4 to
6 hours of time. The modes of transport remain on foot and on motorbikes
despite other strategies adopted by populations to transport patients. In
addition the state of the road is not to be outdone because nearly 50% of
households said they had left a muddy and slippery road to get to a health
facility. Also, it has been noted that almost 80% of heads of households have a
very low income which does not allow them to have access to modern health care.
In addition, 76% of heads of households have a primary education level while
14% have no education, which poses the contrast between the level of education
and access to modern health care. However, there was an uneven spatial
structure of health facilities with the absence of these in some villages that
were the subject of our study. Faced with these difficulties, households have
adopted resilience and adaptation strategies to cope with the difficulties of
access to modern health care. These are socio-cultural practices, because
almost 95% of households surveyed use traditional medicine and consult
traditional healers for lack of financial means and dysfunctions in the public
health sector. This is how we note the presence of sacred places (4%), the use
of clairvoyance (74%) and prayer (22%) in case of illness. 80% of households
say they are satisfied with the care offered by traditional medicine. To try to
improve access to modern health care, it is essential to build health centers
in rural areas to reinforce health personnel and to equip health centers with
equipment for patient care, develop rural roads, fight financial poverty in
rural areas in order to promote well-being as defined in the ODD and OMD.
Keywords: Accessibility, Health care, traditional
medicine, rural areas.
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE
L'ETUDE
1. Contexte de
l'étude
La question de l'accès aux soins de santé en
zones rurales est au coeur des réflexions à travers le monde. Le
maintien en poste des personnels soignants et la garantie d'une offre de
services et de soins de santé de qualité dans les zones rurales
enclavées se posent avec acuité à travers le monde [Chen
et al. 2004]. Dans les pays à faible revenu, la population en zone
rurale est majoritaire et, pourtant, ces territoires sont
désertés par les soignants. L'Organisation mondiale de la
santé (OMS ,2019) estime à 1 milliard le nombre de personnes
privées de tout service de soins et 4,8 milliards de personnes,
principalement en région rurale, n'ont, à ce jour, pas
accès à des soins de santé appropriés. Cependant,
l'épineuse question de l'accès aux soins primaires semble donc
universelle, mais les pays à faible revenu et leurs zones rurales en
paient le plus lourd tribut (OMS ,2019). Il existe un clair manque de
soignants dans ces régions, mais, plutôt que d'ouvrir à
tout prix un centre de santé là où il n'y a pas de
soignant, il importe de se questionner sur la raison de cette pénurie.
Lors de la conférence d'Alma Ata en 1978, l'OMS promeut l'accès
aux soins de santé primaires et lance son grand mot d'ordre mobilisateur
« la santé pour tous », à l'évidence, cet
objectif trop ambitieux ne sera pas atteint avant un longtemps (Philip 1990,
Brunet Jailly, 1993), sous sa forme de slogan, qui ne sera jamais
réalisé, le slogan de l'OMS préconise en fait
l'accès aux soins de santé particulièrement en zone rurale
où l'accès aux soins de santé est plus difficile. Cet
objectif plus concret et réaliste reste malgré tout fort
téméraire vu les ressources financières et humaines
disponibles. Le succès de cette stratégie devrait se mesurer en
termes d'amélioration de l'état de santé de la population
rurale mondiale (Philips 1990).L'inégalité d'accès aux
soins persiste, principalement entre villes et campagnes. Au niveau mondial le
taux d'accessibilité est de 76% dans les zones urbaines contre 24 % en
zones rurales (OMS 2018).
En Afrique, les milieux ruraux sont souvent
caractérisés par un enclavement, une pauvreté, un mauvais
niveau d'éducation, une insécurité alimentaire, une
malnutrition infantile aiguë, une ignorance, un déficit
d'équipement d'assainissement, mais aussi, une pénurie critique
d'agents de santé compétents, un manque de matériel
sanitaire, une mauvaise répartition de l'offre sur les
territoires(Unicef, 2018). Les individus et les communautés portent
encore le lourd fardeau de maladies pouvant être prévenues et
traitées (OMS, 2005). La situation au regard des besoins sanitaires en
milieu rural est préoccupante et grande car l'Organisation Mondiale de
la Santé estime le déficit mondial en professionnels de
santé dans les zones rurales enclavées à plus de 4
millions avec les inégalités les plus criardes en Afrique
subsaharienne. De plus, à cette pénurie, s'ajoute un
déficit qualitatif et une inégale répartition au
détriment des zones rurales enclavées à un moment
où le passage à la chronicité du Sida et
l'épidémie des maladies non transmissibles chroniques
(obésité, diabète, hypertension artérielle,
accidents et cancers) exigent des soins de qualité (OMS,
2015).Malheureusement, la situation sanitaire dans les zones rurales est encore
alarmante. Selon l'Unicef (2019), près d'un tiers des familles rurales
vivent encore à plus de dix kilomètres d'un service de
santé de base, et 35% d'entre elles souffrent d'un enclavement
saisonnier. En outre, la mortalité maternelle est plus
élevée en milieu rural et dans les communautés les plus
pauvres isolées (OMS, 2018). 44% de la population rurale ne peut se
soigner correctement, contre 29% en ville. Selon l'Organisation Mondiale de la
santéen Afrique, le taux d'accessibilité aux soins de
santé est énorme entre les zones rurales et les zones urbaines,
il est de plus de 80% en ville contre 20% en campagnes. Face à ces
constats, une bonne connaissance des spécificités sanitaires
rurales est nécessaire pour faire un véritable diagnostic de la
situation des faits de santé dans les sociétés et espaces
ruraux. Ces connaissances pourraient permettre d'identifier les meilleures
stratégies, pouvant aider à l'amélioration de la
santé dans les zones rurales en Afrique.
Au Cameroun, la désertion des formations sanitaires
rurales fragilise durablement à plus d'un titre le système
national de santé : des dizaines de centres de santé construits
et souvent équipés à grand prix afin d'améliorer
l'accessibilité géographique selon l'objectif de la
stratégie sectorielle de permettre à plus de 80% de la population
d'être à moins d'une heure de marche d'un centre de santé
(Minsanté,2008) demeurent fermés et à l'abandon dans la
broussaille. De plus, la viabilisation des districts de santé est
compromise parce que des dizaines d'aires de santé sont exclues de
l'offre des services et soins du paquet minimum d'activités prioritaires
de santé. La versatilité des agents de santé dans les
zones rurales compromet durablement les chances du Cameroun d'atteindre les
Objectifs du Millénaire pour le Développement relatifs à
la santé maternelle et infantile, et au contrôle des grandes
endémies autant qu'elle perpétue le cercle vicieux de la
paupérisation des populations rurales. La désertion des centres
de santé ruraux par les personnels soignants qualifiés constitue
un drame sur un plan humain, entraînant la désaffection des
populations vis-à-vis des structures de santé et réduisant
de ce fait l'accès aux prestations de santé de qualité en
raison de la sous qualification du personnel en place. Par ailleurs, la perte
de confiance des populations rurales vis-à-vis des formations sanitaires
publiques réduit leur taux de fréquentation et constitue le
terreau d'expansion des cabinets de soins informels qui collectent
désormais près de 30% des dépenses nationales de
santé dont les vendeurs ambulants de médicaments de
qualité douteuse et les charlatans (médecine parallèle)
(Minsanté 2008 ; Minepat 2009). Cependant, Bon nombre de structures
implantées en zones rurales n'a jamais atteint le seuil
recommandé par l'OMS (2000), qui est de 50% pour la fréquentation
d'une structure de santé par la population d'une aire de santé.
Les pics d'accessibilité en zones urbaines contrastent avec la
pénurie en zones rurales. L'inégalité d'accès des
citoyens habitant les zones rurales enclavées à un service
public par de nombreux organismes de base est patente: « 25% de
médecins et 38% d'infirmiers exercent en zones rurales pour desservir
46% de la population. Le taux d'accessibilité est de 30% en zones
rurales contre 70% en zones urbaines (Minsanté, 2010). C'est dans ce
contexte que les populations habitants les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de MELONG font face à un taux faible
d'accessibilité aux soins de santé modernes.
2. Justification de
l'étude
Le sujet intitulé « Accessibilité aux
soins de santé conventionnels dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de MELONG » est un sujet d'actualité car
dans de nombreux pays en développement, les personnes vivant en milieu
rural éprouvent des difficultés d'accès aux soins de
santé appropriés. Ainsi, il s'inscrit en droite ligne avec les
objectifs du Millénaire pour le développement. Nous voulons
à partir de ce sujet diagnostiquer les problèmes qui entravent
l'accès aux soins de santé des personnes vivant en milieu rural
plus particulièrement les zones enclavées de l'arrondissement de
MELONG.
II. DELIMITATIONS SPATIALE ET
TEMPORELLE DE LA ZONE D'ETUDE
1. Délimitation
spatiale
L'arrondissement de Melong est situé dans la
région du littoral, département du Moungo. Il couvre une
superficie de 497 km² avec une population d'environ 102 000
habitants. Il est limité : Au Nord par la Commune de Santchou, au Nord-
Ouest par la commune de Nguti située dans la région du Sud-
Ouest, à l'Ouest la commune de Banguem dans le Sud- Ouest, au Sud- Ouest
par la commune de Nkongsamba, au Sud- Est par la commune de Baré,
à l'Est par le fleuve Nkam et la commune de Kekem. Ses
Coordonnées géographiques sont: 5° 07' 22''Nord, 9°
57'08'' Est.
2. Délimitation
Temporelle
Ce travail s'étend sur la période allant de
2010 à 2020. La date de 2010 correspond à la présentation
du DSCE. Ce document reprenait les OMD et avait pour objectif de réduire
la pauvreté, améliorer l'accès aux soins de santé
entre autre. 2020 correspond à la période de la première
descente sur le terrain pour observer, analyser, relever les
améliorations et les insuffisances dans le secteur de la santé
dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG et la
rédaction du mémoire.
III. REVUE DE LITTERATURE
La problématique de l'accessibilité des
populations rurales aux soins de santé n'est pas nouvelle dans le monde
de la science. Elle a retenu l'attention de plusieurs scientifiques notamment
dans le domaine de la géographie de la santé et de
l'aménagement du territoire.
1. L'utilisation des structures
sanitaires
La carte sanitaire est un rapport qui dresse un état
des lieux détaillé du secteur hospitalier tant d'un point de vue
structure (inventaire des ressources structurelles et humaines du secteur
hospitalier et leur organisation que d'un point de vue fonctionnel
(relevé des activités, taux d'utilisation). Dans ce sens,
Mukalenge Chenge, (2010) fait un inventaire de toutes les structures de soins
existantes dans la ville de Lubumbashi, l'évolution de leur apparition
dans le temps, leur répartition géographique et les
différents prestataires institutionnels et opérationnels qui y
travaillent. Les résultats révèlent une augmentation
annuelles du nombre de structures de soins et leur concentration vers le
centre-ville ; une grande diversité institutionnelle des
prestataires (Etat, ONG locales, entreprises paraétatiques et
privés indépendants) ; une évolution exponentielle du
nombre de structures de première ligne et une croissance de la pratique
médicalisée dans ces structures.
Les formations sanitaires sont caractérisées par
leur répartition sur les territoires ruraux africains. C'est ainsi que
Maud Harand Cisse (2017) pense que le district sanitaire est devenu la
clé de voûte des systèmes de santé africains. Afin
de rompre avec la centralisation du système et d'organiser des
programmes de soins à une échelle communautaire, les territoires
nationaux ont été quadrillés en districts sanitaires, pour
la prise en charge du patient dans un parcours de ses soins
coordonnés.
Dans le même ordre d'idée, F Binam, (2002)
présente une étude transversale qui a pour but d'apprécier
les capacités de l'organisation d'une prise en charge rationnelle des
urgences dans les formations hospitalières du Cameroun. Il dit que
depuis le mois de janvier 2002, les formations hospitalières
impliquées dans la prise en charge des urgences ont été
répertoriées ainsi que leurs différents services et les
ressources matérielles et humaines disponibles. Car au total, 144
formations sanitaires prenant en charge les urgences ont ainsi
été identifiées parmi lesquels 12 hôpitaux centraux
et de référence et 123 formations du niveau du district
chargés des soins courants d'urgence à la base ; soit
respectivement un ratio général d'un hôpital pour
104 180 habitants et d'un hôpital de district pour 100000 habitants
en moyenne, pour une population de 15millions d'habitants. Parmi les services
concernés, par la prise en charge des urgences.
Dans le schéma organisationnel, le système de
santé et des soins offerts en Afrique est pratiquement partout
organisé sur le même modèle et de manière
pyramidale. Ainsi, Gorgen H. (2004) présente le schéma
organisationnel du système de santé en Afrique. Il dit qu'il
existe des structures de premier niveau pour les pathologies courantes, les
soins de proximité et la santé maternelle : dispensaire de
premiers soins , cases de santé, des structures de type hôpital de
district régional de 50 à 200 lits qui normalement offre une
palette de soins de consultations externes avec hospitalisation (
médecine, pédiatrie maternité et parfois des services de
soins) ; des structures de référence au plan national
offrant les spécialités .
Les structures sanitaires existent sur le territoire rural,
les institutions sanitaires nationales en Guinée se répartissent
entre les sept grandes régions administratives qui elles-mêmes se
subdivisent en 33 préfectures correspondant chacune à un district
de santé. C'est ainsi que Gautier et al. 2005 distinguent trois
principaux niveaux : Le premier niveau regroupe les districts ou
hôpitaux préfectoraux, les centres de santé et les postes
de santé, Les centres de santé communautaires gérés
par les communautés rurales de développement. Ils
précisent qu'en 2002, 370 postes de santé étaient
opérationnels, Le deuxième regroupe les hôpitaux
régionaux au nombre de sept et le troisième regroupe les
hôpitaux nationaux au nombre de deux. Mais aussi de nombreux
dispensaires et cabinets de santé auxquels s'endossent les populations
pour les soins de santé primaires.
2. Les Facteurs entravant la
bonne fréquentation des structures sanitaires
Les déterminants de l'accès aux soins de
santé conventionnels se définissent sur plusieursplans. Face
à ce problème, plusieurs auteurs ont essayé de montrer
les facteurs qui entravent l'accès aux soins de santé
conventionnels en milieu urbain. Certains auteurs comme Eugène Aujaleu
(1973), Jean-Luc Richard et al. (2001) pensent que l'accessibilité
technique se manifeste par l'insuffisance du personnel médical et des
centres de santé qui sont causés par la négligence du
pouvoir public. Les propos des auteurs montrent que la croissance
économique ne s'accompagne pas automatiquement de progrès et en
matière de développement et d'une amélioration de
l'accès aux soins. De ce point de vue, les plans d'ajustement
structurels (PAS) mis en place en Afrique sous la pression des institutions
internationales ont eu des effets positifs sur la croissance mais ont aussi
conduit les Etats à réduire leurs dépenses sur le plan
social, ce qui s'est traduit par une dégradation des services publics.
Ils confirment l'insuffisance des structures sanitaires publiques en milieu
rural et le progrès du secteur privé en disant que le secteur
public éprouve plus de difficultés par rapport au secteur
privé qui, est très souvent concentré et relativement
coûteux. Ainsi, Etongué R. et Elat J. (2015) nous montrent les
faiblesses et les dysfonctionnements du système de santé
Camerounais et montrent comment l'église catholique avec son centre de
santé « Mbetta Health Center » est devenue une
solution aux problèmes de santé de Mbetta. Ils montrent que les
populations avaient des difficultés à accéder aux soins
de santé car avec un manque de personnel, elles sont obligées de
se déplacer pour se soigner en cas de maladie.
Le faible équipement des formations sanitaires
empêche également les populations d'accéder aux soins de
santé conventionnels. Comme le souligne Comolet (2000) à travers
une étude menée en Guinée, le taux d'équipement
sanitaire reste très faible en guinée, 0.4 lits pour 1000
habitants alors que les usagers des services de santé assurent environ
30 pourcent du budget des hôpitaux .52 % des personnes vivant en milieu
rural ont répondu qu'en cas de maladie, le traitement se fait à
domicile contre 20% en milieu urbain.
La qualité d'infrastructure est également
déplorée. C'est dans ce sens qu'Idrissa Sane (2013)Kouadio Aka
Akou (2019), HACHEM Amel (2018),Jaffre (2003),Naeemah ( 1998),Gruenais (1996),
montrent comment la chirurgie africaine est plombée dans le sous
équipement avec des infrastructures insuffisantes et de mauvaise
qualité, ce qui pousse les populations à aller se soigner
autrement en cas de maladie.
La banque mondiale (1993) et Kaendi (1994) HACHEM (2018)
soutiennent que le niveau d'infrastructure de santé et de leur mode de
fonctionnement détermine l'utilisation des services de santé
modernes. Lule (1995) estime de son côté que dans le district de
Mangochi (Malawi), uniquement 25pourcent des femmes environ (sur 390 ayant
accepté de se prêter aux enquêtes) ont pu accoucher au
centre de santé de Nankumba, alors que 90 pourcent le voulaient. Cet
écart se justifie par des problèmes d'infrastructures sanitaires,
qui non seulement sont insuffisantes mais aussi situées à des
dizaines de Km de leurs habitants.
Ensuite, certains auteurs pensent que l'accessibilité
aux soins de santé conventionnels est liée au manque de moyens
financiers. Car le problème des ressources financières est un
obstacle à l'accès aux services de santé, de nombreuses
populations rurales en Afrique Sub-saharienne ont renoncé la
fréquentation des centres de santé. Cela a été
démontré par de nombreuses études empiriques : Wyss et
Nandjinger (1995) pour les cas respectifs du Tchad et du Kenya et Meuwisen
(2002) pour le cas du Niger, HACHEM (2018)pour le cas du Maroc, Takam (2017),
Leumo (2017) pour le Cameroun. Ces études montrent que l'introduction de
la participation financière aux soins par les usagers discrimine les
personnes à faibles revenus car la demande des soins de santé est
une fonction croissante du niveau de revenu. Elle est d'autant plus forte que
le niveau de revenu est élevé. Contrairement à un autre
groupe d'auteurs comme Didier Gobbers (2002), Ishaga Coulibaly (2007), Adam
Wagstaff, Bernard Kouassi (2008) qui pensent que la pauvreté et
l'accès aux soins de santé vont de pair. Ils montrent les
conditions difficiles pour les pauvres à accéder aux soins de
santé et affirment en même temps que la classe bourgeoise a un
accès meilleur en qualité de soins de santé par rapport
aux pauvres.
Notons que pour les populations rurales, il est très
difficile de se rendre à l'hôpital car on estime que les moyens
à dépenser à l'hôpital sont supérieurs
à ceux dont elles disposent. De ce fait, les campagnes Camerounaises
font plus recourt à la phytothérapie qu'à la
médecine moderne car les coûts sont très
élevés. Ainsi, Comemeyra C. et Ndo R. (2019) lors d'une
étude menée en 2005 estime à 9500 FCFA les coûts de
médicaments quand le malade fait appel à la médecine
moderne contre 1100 FCFA pour l'automédication moderne, 440 FCFA pour
l'automédication traditionnelle.
L'accessibilité financière suppose un
équilibre entre le coût la qualité des prestations
sanitaires, d'une part, et le pouvoir d'achat des populations d'autre part.
Dans plusieurs pays d'Afrique, l'accès aux services de santé
reste problématique, surtout pour les populations
désavantagées qui exercent des activités
économiques faiblement rentables (Unicef, 2019). En outre, elle demeure
restrictive pour les personnes vivant en zones rurales où les services
de santé sont insuffisants voire inexistants (Develtere,
2004),Kouamé (2002).
Pour ce qui concerne la distance, certains auteurs tels que
Rene Tonglet (1991), Julien Allaire (2009) et Sebastien Oliveau (2015) pensent
que la distance pour se rendre dans les hôpitaux est très
élevée et est à postériori la cause de
l'inaccessibilité aux soins de santé. De ce fait, ces auteurs
pensent qu'en zones rurales, vue le nombre restreint des centres hospitaliers,
il est difficile de se rendre dans un centre hospitalier à cause du
mauvais état des routes. Ainsi, Julien Allaire (2009) dit que
d'après une étude menée en Ouganda, au
Sénégal et au Ghana par ITDP (International transport for
development policy) analysant les conditions d'accès des populations aux
trois niveaux de services de santé présent dans ces pays (post
santé, centre de santé et hôpital) que pour accéder
au centre de santé le plus proche, les populations doivent parcourir
plusieurs kilomètres et le centre de santé le plus proche est
à 25 kilomètres . Dans le même ordre d'idée,
Agnès Guillaume (1995) dit que la distance parcourue par une femme zone
rurale pour s'acquérir des soins d'accouchement appropriés est
très longue et de ce fait, en zone rurale on assiste donc à des
cas récurrents des décès pour tenter de donner naissance
à un enfant.
En ce qui concerne l'accessibilité socioculturelle, on
n'a plusieurs points de vu ; certains auteurs comme Faye S. (2004), Ishaga
Coulibaly (2007) pensent que les populations ne se rendent pas dans les
centres de santé modernes et pour cause, la maladie est souvent d'ordre
mystique et ne peut pas se soigner dans les centres de santé modernes et
préfèrent se rendre chez les guérisseurs et marabouts au
détriment de la médecine moderne. Ainsi, Clément (2018)
classe ces maladies d'ordre mystique selon les causes suivantes :
incorporation d'un objet maléfique, perte d'une âme, possession
d'un esprit, violation d'un interdit, agression d'un sorcier. Faye (2004)
ajoute qu'en milieu rural sénégalais, quand un enfant souffre du
paludisme, les parents font recours aux soins de santé modernes mais
quand l'enfant a de la fièvre, on lui donne des plantes
médicinales, quand il pique une crise ou convulse, on fait recours aux
guérisseurs car ils pensent à ce niveau que la maladie est
surnaturelle.
Un autre groupe auteurs à l'instar d'Odile Reyverand
(1983), Yanick Jaffre (2000), pensent que les facteurs socioculturels jouent un
rôle d'entrave à l'accès aux soins de santé
modernes. Ainsi, ils pensent que les interactions entre les soignants et les
soignés ne sont pas une affaire de compétence, on tient compte
des identités sociales qui sont compliquées, ils pensent aussi
qu'il faut connaitre la population cible avant de les soigner.
L'automédication peut se définir comme l'auto
administration des médicaments en provenance des officines
pharmaceutiques sans ordonnances médicales. Différentes
études ont montré que l'automédication par la population
constitue l'un des facteurs du non consultation dans les services des soins de
santé conventionnels. A ce sujet, une étude menée au Tchad
par Itama & Mbainadjina (2006) sur l'étude socioéconomique
sur les coûts et accessibilité des populations aux soins de
santé révèle que 61 % de la population font recours aux
structures de santé lorsqu'ils sont malades, 20% vont chez les
tradi-praticiens et 19% font recours à l'automédication. Selon
cette même source en Guinée, les études menées
montrent que contrairement au Tchad où seulement 19 % font
l'automédication, en Guinée en dépit de la
proximité des structures des soins de santé, 59% des personnes
vivants en milieu rural utilisent l'automédication contre 20% en milieu
urbain, ce facteur est considéré comme étant à la
base de la sous-utilisation des services des soins de santé modernes.
3. Les déterminants
socioculturels et l'utilisation des soins de santé traditionnels.
Les services de santé traditionnels sont l'ensemble
des normes, des valeurs, des savoirs et des pratiques populaires en lien avec
la santé, régissant les manières de faire, de dire et de
penser la santé, la maladie ou encore les soins (OMS, 2018). Les
Africains sont restés pendant longtemps attachées à la
médecine traditionnelle. C'est ainsi que Lemouogue J.et Djoudja Feudjio
(2018) présentent une prédominance de la médecine
traditionnelle depuis la période précoloniale en rapport avec la
culture locale dans la ville de Dschang et plus loin, l'OMS estime que
« Les populations rurales africaines sont restées
très attachées aux pratiques de la médecine
traditionnelle. Avant l'arrivée des colons, la médecine
traditionnelle était l'unique forme de médication utilisée
pour la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies
sociales, mentales et physiques pour des populations vivant en Afrique, et elle
le reste encore pour la majorité d'entre elles, en particulier dans les
zones rurales difficilement accessibles »,car 80 % de la population
des pays à faible revenu ou moyen comptent en premier lieu sur la
médecine traditionnelle pour des soins primaires « les
guérisseurs traditionnels forment un groupe de praticiens importants qui
bénéficient souvent d'une grande crédibilité et
d'un profond respect au sein de leurs communautés »(OMS,
2000).
Le coût élevé de la médecine
moderne contraint les populations rurales à se tourner vers la
médecine traditionnelle. Dans un environnement où les ressources
sont limitées, la médecine traditionnelle permet de fournir des
traitements autres que des produits pharmaceutiques coûteux (Homsy,
1999), (Jaffré, 2000). Plus d'un tiers des habitants des pays en
développement n'ont pas accès aux médicaments essentiels.
L'accès à des thérapies traditionnelles ou
complémentaires et parallèles sûres et efficaces pourrait
être déterminant pour le développement des soins de
santé (Samuel Yonkeu, 2005).
La fréquentation de la médecine traditionnelle
est le fait que la population consulte plus les tradi-praticiens que la
médecine moderne. Une étude menée au Sénégal
par SADIO&DIOP F (août1994) sur l'utilisation et demande des soins de
santé a pu révéler plusieurs facteurs qui influencent sur
l'utilisation des structures de santé dont le coût des soins, le
revenu insuffisant et la grande fréquentation de la médecine
naturelle. Ainsi, il affirme
Parmi les 6331 individus de la zone de santé rurale
ayant déclaré être tombés malades durant le mois
précédent le passage de l'enquêteur, 50% n'ont pas
cherché les soins au moment opportun compte tenu de la pauvreté,
le secteur sanitaire moderne y compris les établissements sanitaires
tertiaires de la santé publique servent essentiellement les couches
aisées des populations rurales et la majorité de la population se
dirige principalement vers les tradi-praticiens.
Dans une zone fortement enclavées, le recours à
la médecine parallèle est urgente, Comme Auge(1986) et al, nous
disent que diverses approches diagnostiques et thérapeutiques peuvent
coexister c'est-à-dire le parcours suivit par une personne
exposée à un problème de santé pour tenter de le
résoudre. Il appelle cela le comportement de recherche de soins ou
stratégie de recours aux soins. Ceux-ci répondent à la
quête de la guérison et aussi à celle du sens de la
maladie dans les zones enclavées. Patricia Joly(2005) pense qu'en
cas de maladie d'une personne, la mise en évidence des recours
thérapeutiques traditionnels et populaires propres à la culture
s'impose. Elle présente une société en Gouteloupe qui
utilise régulièrement la thérapie comme mesure palliative
aux soins de santé modernes vu que les structures sanitaires modernes
sont absentes.
Le niveau d'étude participe également au choix
du type de médecine. Il est de ce fait relevé
que« Parmi d'autres facteurs culturels nous avons constaté
que les habitants sont peu scolarisés et ceux ayant
fréquenté n'ont pas atteint un niveau d'études
élevé. Ceci réduit les chances de postuler à un
emploi, de réaliser un revenu pour se faire soigner. A cela s'ajoute
l'ignorance de l'importance d'aller se faire soigner à l'hôpital.
Quand bien même il leur arrive de se rendre dans la formation sanitaire,
ils sont mal reçus et sont souvent obligés de recourir à
la médecine traditionnelle » Magne (2012). On constate
donc que plus le niveau d'instruction est élevé, le chef de
ménage consulte la médecine moderne, moins le niveau
d'instruction est bas, moins le chef de ménage consulte la
médecine moderne.
4. Mesures pouvant
améliorer l'accès aux soins de santé modernes
Enfin de compte, les difficultés d'accès aux
soins de santé modernes sont nombreuses. De ce fait, certains auteurs
ont tenté de donner un canevas pour avoir un accès meilleur aux
soins de santé. Selon Mariko (2003),Audibert et al. (2004),Comolet
(2000),Evens et al. (1996), la qualité d'accueil, la
disponibilité des médicaments constituent pour les premiers soins
dans les hôpitaux et une nette baisse des coûts d'accès aux
médicaments constituent les éléments favorables à
la fréquentation des unités des soins des populations. Ces
mesures peuvent dans une certaine mesure compenser la faiblesse de la
redistribution fiscale et, du fait qu'elles touchent directement l'offre, elles
peuvent jouer favorablement pour l'efficacité du fonctionnement des
structures sanitaires et la qualité des services offerts.
Un groupe constitué des auteurs tels que Rene Tonglet
(1991), F.J.C Millard (2002) pensent que la création de nouveaux centres
de santé pour réduire la distance parcourue pour atteindre les
centres de santé est nécessaire. C'est ce qui fait dire F.J.C
Millard (2002) « pour réduire le nombre de
décès causés par la tuberculose en Afrique subsaharienne,
on doit réduire les distances entre les populations et les centres de
santé car les personnes atteintes de la tuberculose meurent par ce que
la distance pour atteindre un centre de santé est élevée.
Donc la distance est un facteur de risque ».
Mathieu Noirhomme et al. (2009), Magne (2012), Takam H.
(2017), pensent à la mise sur pied d'un fond d'équité. Ils
pensent que la stratégie des fonds d'équité instaure un
système de « tiers-payeur » qui garantit aux
structures sanitaires un payement pour les soins de santé offert aux
plus pauvres. Ainsi, les fonds sociaux ont pour objectifs l'amélioration
de l'accès aux soins ; éviter que les ménages
sombrent dans la pauvreté à cause des coûts de soins ;
contribuer au financement des structures sanitaires. Comme l'indique Cerise
Maréchaux (1990), il va falloir désenclaver ces zones et
implanter des structures sanitaires pour permettre aux populations rurales
d'accéder aux soins de santé sur place. Il propose
également qu'il faut régulièrement aménager les
routes et les pistes rurales pour un meilleur accès des populations aux
formations sanitaires.
Si W. CHRISTALLER (1990) a conçu sa théorie des
lieux centraux pour expliquer la taille et le nombre de villes dans un espace
donné, cette théorie peut être expliquée en
géographie de la santé pour mieux expliquer ou permettre aux
populations d'avoir accès aux soins de santé. De ce fait,
l'application de cette théorie et la rendant plus géographique
peut améliorer l'accès aux soins de santé en permettant
aux populations dans un rayon donné d'accéder facilement à
une formation sanitaire dans une durée très courte.
Selon le rapport de l'OMS (2018) sur la santé dans le
monde, recommande aux Etats qui ont un problème de fréquentation
des structures de santé d'adopter le système de financement de la
santé par prépaiement. Bon nombre de chercheurs ont
affirmé qu'appartenir à une mutuelle de santé favoriserait
l'utilisation des structures de santé. C'est le cas de Innocent
Bayege(2004) à l'université nationale du Rwanda / Ecole de
santé publique/Maîtrise, Magne C. (2012) dans son étude
sur la contribution des mutuelles de santé à
l'accessibilité de la population aux soins de santé, il
déclare ce qui suit « six ans après le démarrage
des mutuelles de santé dans le district de Byumba, l'utilisation des
services de santé a doublé passant de 21%en 1999 à 48% en
2003 ».
,
IV. PROBLEMATIQUE
L'accès aux soins de santé conventionnels
connait une contrainte majeure dans certaines zones rurales,
particulièrement dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong. En effet, les populations de ces zones
éprouvent beaucoup de difficultés à accéder aux
soins de santé modernes. Cette situation se décline en des
difficultés d'accessibilité géographique, des
difficultés d'accessibilité économique et des
difficultés d'accessibilité technique.
L'accessibilité géographique se
caractérise par les longues distances à parcourir pour atteindre
une formation sanitaire, parfois ces populations parcourent entre 5 et 10 km de
route à pied, soit pour environs 2 à 6 heures de marche pour
arriver à un centre de santé le plus proche. Ces distances
parcourues et surtout le long temps de déplacement s'expliquent par le
fort enclavement du milieu rural exprimé à travers la
défaillance du réseau routier. La route est souvent impraticable
car, glissante et boueuse en saison pluvieuse, rendant donc la mobilité
des populations encore plus difficile car certains villages ne sont accessibles
que par des pistes. Lorsqu'un cas de maladie survient, les populations
villageoises s'organisent pour transporter la personne malade en la
transportant tour à tour soit au dos, sur les portes -tout, sur les
brancards, soit sur la moto pour atteindre un centre de santé le plus
proche.
L'accessibilité économique s'explique par la
pauvreté financière et l'insuffisance des ressources
financières auxquelles les populations rurales de l'arrondissement de
Melong font face. Le manque des moyens financiers est donc un obstacle pour
l'accès aux soins de santé modernes dans les zones
enclavées de l'arrondissement de Melong. Pour ces populations, les
coûts des soins de santé modernes sont généralement
élevés par rapport à leurs revenus. Les professions
qu'exercent les habitants ici ne leurs apportent pas de revenu suffisant pour
accéder aux soins de santé modernes, subvenir à d'autres
besoins liées à la survie de la famille.
L'accessibilité technique se caractérise par
l'insuffisance et la mauvaise répartition des centres de santé
dans la zone. Ce manque criard des formations sanitaires entraine le faible
recours des populations aux soins de santé conventionnels sur place. De
plus, on note aussi l'absence et même l'insuffisance du personnel de
santé dans certains centres de santé de ces zones rurales, le
manque d'équipement dans les centres de santé et la limite dans
l'offre des soins de santé modernes sont également à
relever.
Au regard, des difficultés liées à
l'accès aux soins de la médecine moderne, la médecine
traditionnelle se présente comme une solution. L'accessibilité
socioculturelle est visible à travers le recours de plus en plus
à la médecine traditionnelle pour pallier aux lacunes de la
médecine moderne. Les pratiques socioculturelles sont
régulièrement adoptées au quotidien par les ménages
qui estiment également que la médecine moderne ne peut pas
traiter toutes les maladies. D'où leurs recours aux soins de
santé traditionnels pour tenter de trouver des solutions à leurs
problèmes de santé. Enfin, face aux difficultés de la
population d'accéder aux soins de santé conventionnels, les
pouvoirs publics ne restent pas muets face à cette situation car nul
n'est censé ignoré que le développement d'un pays passe
par un meilleur état de santé de la population. Il est donc
primordial pour les pouvoirs publics et la communauté locale de mettre
en place des mesures pour améliorer l'accès aux soins de
santé conventionnels dans les campagnes Camerounaises en
général et dans l'arrondissement de MELONG en particulier.
Ainsi donc découle une question principale et quatre
questions spécifiques de recherche :
1. Question principale de
recherche :
Comment comprendre les difficultés d'accès aux
soins de santé modernes rencontrées par les populations rurales
des zones enclavées de l'arrondissement de MELONG ?
2. Questions spécifiques
de recherche :
· Comment se caractérise la carte sanitaire et
l'utilisation des soins de santé modernes dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de MELONG ?
· Qu'est ce qui entrave l'accès des populations
aux soins de santé modernes dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de MELONG ?
· Existe-il des pratiques socioculturelles
palliatives face aux difficultés d'accès aux soins de
santé conventionnels dans les zones enclavées de
l'arrondissement de MELONG ?
· Quelles sont les mesures prises par les
autorités compétentes pour améliorer l'accès aux
soins de santé dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de MELONG ?
V. OBJECTIFS DE L'ETUDE
1. Objectif principal
Notre objectif principal est d'analyser les facteurs qui
entravent l'accessibilité aux soins de santé conventionnels de la
population rurale des zones enclavées de l'arrondissement de Melong.
2. Objectifs
spécifiques
· Faire les caractéristiques de la carte sanitaire
et l'utilisation de l'offre des soins de santé modernes dans les zones
rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG ;
· Expliquer les facteurs qui entravent l'accès aux
soins de santé conventionnels rencontrée par les populations des
zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG ;
· Examiner les pratiques socioculturelles palliatives
aux difficultés d'accès aux soins de santé modernes dans
les zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG ;
· Analyser les mesures prises au niveau local et au
niveau national pour améliorer l'accès aux soins de santé
dans les zones rurales enclavées l'arrondissement de MELONG.
VI. HYPOTHESES DE RECHERCHE
Au regard des questions de recherche, l'on note deux
hypothèses à savoir :
1. Hypothèse
principale
Les populations rurales de l'arrondissement de MELONG
éprouvent des difficultés à accéder aux soins et
aux services de santé conventionnels dans un milieu enclavé
à travers les difficultés géographiques,
économiques, techniques et socioculturelles.
2. Hypothèses
spécifiques
· La carte sanitaire de l'arrondissement de MELONG se
caractérise par l'éloignement des centres de santé
(hôpitaux, cliniques, CMA). D'où le difficile accès des
populations aux soins de santé modernes.
· Plusieurs facteurs expliquent le difficile accès
des populations aux soins de santé conventionnels dans les zones
rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG dont le coût
des soins, la distance à parcourir, le manque des centres de
santé ;
· Il existe des pratiques socioculturelles palliatives
aux difficultés d'accès aux soins de santé modernes dans
les zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG : la
médecine traditionnelle, la thérapie ;
· les mesures sont prises au niveau local et au niveau
national pour améliorer l'accès aux soins de santé
modernes dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
MELONG.
VII. INTERET DE L'ETUDE
La valeur d'un travail de recherche se reconnait par le
progrès que ce dernier apporte à l'élaboration des
savoirs scientifiques. En effet, la dite étude relèvera
également la pertinence des difficultés d'accès aux soins
de santé, prouvant que la recherche apporte des réponses aux
préoccupations des décideurs sociaux. On relèvera tout
d'abord un intérêt scientifique puis social.
· Intérêt
scientifique : notre étude se veut un apport scientifique,
analytique et méthodologique à la compréhension et
à la saisie intelligible des préoccupations des populations face
aux difficultés d `accès aux soins de santé conventionnels
dans notre zone d'étude. De ce fait, il contribuera à
résoudre ce problème dans l'arrondissement de MELONG. Enfin,
cette recherche constituera un enrichissement dans le domaine de l'accès
aux soins de santé en milieu rural et ouvre résolument de
nouvelles pistes de recherche que les travaux actuels et futurs pourront
creuser.
· Intérêt social :
notre travail aura un apport important, car les décideurs politiques
Camerounais seront informés du problème d'enclavement et les
difficultés d'accès aux soins de santé par les populations
rurales de l'arrondissement de MELONG, du manque de structures sanitaires dans
ces zones et fourniront des voies et moyens nécessaires pour
désenclaver ces mieux ruraux afin de permettre aux populations
d'accéder facilement aux soins de santé. Ceci permettra de
résoudre inéluctablement les difficultés d'accès
aux soins de santé dans l'arrondissement de MELONG, qui passera par la
mise en oeuvre des moyens pratiques de construction des centres de
santé en milieu rural. L'étude fera aussi la lumière sur
la place de la médecine parallèle dans l'offre de soins dans
l'arrondissement en particulier et au Cameroun en général, ceci
face à une situation de défaillance des politiques publiques de
santé et de la pauvreté financière des populations.
VIII. CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE
1. CADRE CONCEPTUEL
La définition des concepts clés est d'une
importance capitale dans tout travail d'étude et de recherche en
sciences sociales. A cet effet, E. DURKHEIM affirme : << la
première démarche [...] doit être de définir afin
que l'on sache bien ce qui est en question. >> Ainsi, une telle position
va nous permettre de définir les concepts clés utilisés
dans notre recherche:
Accessibilité aux soins de santé:
Selon Brunet(1990), « l'accessibilité est la
capacité à être atteint par une clientèle, un
message, un service. Elle dépend de l'état des moyens de
transport et représente un coût : le monde entier est
accessible en tous ses points mais le coût d'accès peut
êtreélevé ». A titre d'exemple, on compare
l'accessibilité des villes, qui change dans le temps selon le mode de
transport : faute de livraison aérienne, Poitiers était
l'une des villes les moins accessibles de toutes les autres villes
françaises, puis, le TGV en a fait une ville normalement accessible. On
analyse aussi l'accessibilité des services publics, notamment de ces
deux services fondamentaux que sont la formation et la santé.
L'accessibilité se mesure donc par la capacité de la population
à atteindre les services et les soins de santé sans
difficulté.
Selon Picheral (2001) «c'est la
capacitématérielled'accéder aux ressources sanitaires et
aux services de santé, elle présente au moins deux dimensions:
matérielle et sociale. L'accessibilité traduit la
possibilité de recourir aux prestataires de soins et n'a donc qu'une
valeur potentielle (desserte). Surtout fonction du couple distance / temps
donc de la proximité ou de l'éloignement du cabinet
médical, de l'établissement de soins et de la ongueur du trajet
à effectuer. Indicateur social (inégalités) et indicateur
de santé fréquemment utilisés, l'accessibilité est
une condition de l'accès aux soins mais ne détermine pas à
elle seule le recours aux soins effectif (c'est à dire l'utilisation
effective du système). L'accessibilité se dit aussi de la
possibilité financière de recourir à des services de
santé (couverture, assurance sociale) ou à une innovation
médicale (pratique, technique, équipement, diffusion) La plus
grande accessibilité est ainsi un des objectifs premiers de tout
système de santé dans sa dimension sociale
(équité). Dans les deux cas, l'accessibilité est
maintenant considérée comme un déterminant de santé
et un éventuel facteur de risque.L'accessibilité dépendra
donc de la forme économique et technique du service. Le niveau
d'accessibilité est perçu comme un facteur de risque:
sous-entendu de développement anormal d'une maladie qui n'est pas
enrayée car pas traitée, l'accessibilité au service
devient dans une de ses acceptions un des déterminants de la diffusion
ou de la complication d'un problème morbide et donc un des
déterminants des conséquences de l'événement -
maladie, de son impact en particulier économique à
l'échelle sociétale ou psychologique à l'échelle
individuelle. La possibilité d'accéder aux soins de santé
est aussi sociale car elle dépend de la position sociale dans le groupe
et s'exprime sans faire référence à la capacité
financière.
Les dimensions de l'accessibilité aux soins de
santé :
- L'accessibilité
géographique : Ellerenvoie à la notion d'obstacle
à l'accès d'un service ou d'une infrastructure. La distance
physique est souvent utilisée pour la définir car elle permet
une interprétation plus intuitive de la notion d'obstacle. Ainsi,
l'accessibilité géographiqueest souvent considérée
comme une mesure de distance ou de densité de structures dans un espace
donné. Ainsi, elle est définit comme la mesure de
proximité, la relation entre la localisation des services et celle des
populations. Cette relation prend en compte la notion de distance-temps. De
plus, l'état de la route (bitumé, non bitumé, boueuse,
glissante), le rayon de proximité du centre de santé font
également partie intégrante de l'accessibilité
géographique.
- Accessibilité
économique : renvoie à la combinaison de
l'accessibilité géographique qui est l'exemple des centres de
santé et la capacité à atteindre à moindre
coûts (coût des soins de consultation, coût des soins de
traitement, coût des soins d'hospitalisation) les centres de santé
et les soins de santé. De ce fait, l'accessibilité
économique renvoie donc à la capacité de la population
à disposer des soins de santé à un coût
abordable.
- Accessibilité socioculturelle :
elle renvoie au comportement de la population face aux services de
santé, renvoie aussi à des préférences culturelles
et à la capacité d'adaptation des individus aux soins de
santé. Dans le cadre de cette étude, l'accessibilité
socioculturelle renvoie aux pratiques socioculturelles palliatives aux
difficultés d'accès aux soins de santé modernes. Pour
cela, on note la présence des soins de santé traditionnels
(Prières, voyances).
- Accessibilité technique : elle
renvoie aux personnels de santé en qualité et en quantité
(médecins, sages-femmes, infirmiers) fait appel à la
qualité des soins mis à la disposition des populations.
L'accessibilité technique est le ratio entre les personnels de
santé et la population. Elle renvoie à la qualité des
soins, la qualité des infrastructures sanitaires (hôpitaux, CSI,
CMA, HD, dispensaires, hôpitaux publics, hôpitaux privés).
Les types de soins (soins préventifs, soins curatifs, soins
spécialisés, soins généraux), on note
également les modes de transport (au dos, porte-tout, moto,
véhicule).
Tableau 1: Conceptuel de
l'accessibilité aux soins de sante
CONCEPTS
|
DIMENSIONS
|
COMPOSANTE 1
|
COMPOSANTE 2
|
INDICATEURS
|
ACCESSIBILITE AUX SOINS DE SANTE
|
Géographique
|
|
Distance
|
Distance à parcourir
|
Temps mis
|
Durée du trajet
|
Type de route
|
- Bitumée
- Non bitumée
- Boueuse
-glissante
|
Rayon d'influence du CS
|
-Proche
-Eloigné
|
Spatial
|
Milieu physique
|
Les obstacles du milieu physique
|
Economique
|
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Coût des soins de santé modernes
|
-Coût de consultation
- Coût du traitement
- Coût d'hospitalisation
-Coût des médicaments
|
Niveau de vie
|
Montant du revenu
|
Frais de transport
|
Coût des frais de transport
|
Technique
|
Transport
|
Mode de transport
|
-Nombre de personnes portées au dos
-Nombre de porte-tout
-nombre de brancard
-Nombre de mototaxi
|
Personnel de santé
|
|
-Nombre de sages-femmes
-Nombre de médecins
-Nombre d'infirmiers
-Nombre d'aides-soignants
|
Qualité du personnel
|
Appréciation du personnel de santé
|
Disponibilité du personnel de santé
|
-Absence du personnel de santé dans les centres de
santé
|
Type de Soins
|
-Soins préventifs
-Soins curatifs
|
Offre des soins
|
-Appréciation de l'offre des soins
- Qualité des soins
|
Catégories des formations sanitaires
|
Types de structure
|
-Nombre d'hôpitaux
-Nombre de CMA
-Nombre de SCI
-nombre de cases de santé
-Nombre de cliniques
-Nombre de formations sanitaires privées
|
|
Services des soins de santé
|
-Soins généraux
-Soins spécialisés
|
|
Equipements des centres de santé
|
-Nombre de lits
-Nombre de salles d'hospitalisation
-Nombre de services
-Nombre de bâtiments
|
Culturelle
|
Pratiques socioculturelles
|
-Consultation d'un naturopathe
-Tradipraticien
-Plantes médicinales
-Médecine traditionnelle
-automédication
|
Soins parallèles
|
-Voyance
-prières
-cultes des cranes
-Lieux sacrés
|
Recours à la médecine traditionnelle
|
-Nombre de personnes ayant fait recours à la
médecine traditionnelle
-Maladies régulièrement traitées à la
médecine traditionnelle
|
|
Sociale
|
Activités
|
Types d'activités
|
-Agriculture
-élevage
-pêche
|
Engins de déplacement
|
|
Possession d'un engin den déplacement
|
|
Maladies du ménage
|
Les maladies les plus récurrentes dans le ménage
|
Caractéristiques démographiques
|
|
-Nombre de personnes dans le ménage
-Nombre de femmes
-Niveau d'instruction
-Sexe
|
La notion de Santé
Santé : « état
complet de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas
seulement en une absence de maladie ou d'infirmité et représente
l'un des droits fondamentaux de tout être humain, quel que soit sa
race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou
sociale », « La santé résulte d'une
interaction constante entre l'individu et son milieu et représente cette
capacité physique, psychique et sociale des personnes d'agir dans leur
milieu et d'accomplir les rôles qu'elles entendent assumer d'une
manière acceptable pour elles-mêmes et pour les groupes dont elles
font partie »(OMS 1946).
En général, la santé peut être
divisée en santé physique et en santé mentale bien qu'en
réalité ces deux aspects soient en rapport. Pour
bénéficier d'une bonne santé physique, il est
recommandé de pratiquer une activité physique
régulière, d'avoir une alimentation équilibrée et
saine, en variant les nutriments et les protéines. En outre, la
santé mentale est liée au bien être émotionnel et
psychologique où un être humain peut utiliser ses capacités
émotionnelles, se développer en société et
résoudre les enjeux qui se présentent au quotidien.
La notionde soins de santé
conventionnels
Selon une définition officielle conjointement produite
par l'OMS (2018) et l'UNICEF (2018), les soins de santé conventionnels
« sont une stratégie sanitaire basée sur les soins
préventifs et curatifs et mise en oeuvre via la participation
communautaire des populations pour améliorer et mobiliser au mieux les
personnes et les moyens locaux disponibles » Ainsi, la dimension de
soins de santé primaires dont l'objectif ultime est une meilleure
santé pour tous est primordiale pour tous.
L'OMS a recensé cinq (4) éléments pour
parvenir à cet objectif :
v Réduire l'exclusion et les disparités sociales
dans le domaine de la santé ;
v Intégrer la santé dans tous les secteurs
(reformes des politiques publiques) ;
v Organiser les services de santé autour des besoins
et des attentes des populations (réforme de la prestation des
services)
Suivre des modèles de collaboration et de dialogue
politique
La notion d'enclavement
L'enclavement: est l'isolement d'un territoire donné,
repli sur lui-même, donc difficilement accessible et mal relié aux
territoires voisins et au reste du monde.Brunet(1992) dans mots de la
géographie, il définit l'enclavement comme un territoire ou
fraction de territoire entièrement situé à
l'intérieur d'un autre. Car selon lui, le mot enclavement est
rapproché des domaines de la mobilité et de
l'accessibilité. Il désigne également la situation d'un
territoire desservie par les grandes voies de communication. Le concept
d'enclavement est donc fortement associé à la dimension spatiale
et géographique dans le cadre de notre étude qui porte sur les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG.
Jean Varlet (1997) confirme qu'il n'y a d'enclavement et de
désenclavement que par rapport à un ailleurs mieux desservi. Un
espace peut être géographiquement enclavé par rapport
à d'autres espaces plus ou moins importants, selon une
hiérarchisation non exclusivement géographique ou spatiale.
Alors que le concept d'enclavement « tient a priori une place
limitée dans la production théorique des sciences sociales »
(J. Debrie, B. Steck, 2001), il demeure néanmoins ubiquitaire en
géographie et en aménagement. On le retrouve, entre autres, dans
plusieurs problématiques liées à la géopolitique,
à l'accessibilité, aux déplacements et même aux
politiques de la ville. Enclave, enclaver, enclavement,
désenclavement... l'origine de ces mots est latine. Elle vient du mot
clavis qui désignait à l'origine la tige que l'on passait dans
des anneaux. Le concept d'enclavement est souvent réduit à des
problèmes d'accessibilité spatiale commandés par des
obstacles physiques. La recherche du mot « enclavement » dans le
dictionnaire nous renvoie généralement au verbe « enclaver
» et au mot « enclave » qui signifie « un territoire
enfermé dans un autre », « absence d'accès direct
à la mer », « absence d'issue à la voie publique
», « pays à l'intérieur d'un autre », etc. Telle
est l'image relativement figée du concept, un rapport directement
lié à l'accessibilité. L'enclavement d'une région
signifie qu'elle est d'accès difficile et qu'elle est mal desservie vers
l'intérieur. À la relecture de la définition que Claude
Cabanne et son équipe donnent de l'enclavement, nous pouvons
dégager le sens suivant : isolement géographique dû aux
conditions naturelles et/ou au retard du développement. L'isolement
apparaît donc comme synonyme de l'enclavement. Non loin de cette
configuration spatiale, Pierre George et Fernand Verger, utilisent le mot
« isolement » non comme synonyme mais comme facteur l'enclavement.
Pour eux, ce dernier « par les effets de l'isolement peut aboutir à
des phénomènes identiques à ceux provoqués par
l'insularité (...) » P. George, F. Verger (1996).
Selon Paul Georges, l'enclavement est desserte, l'absence de
moyen de communication. Il est donc un obstacle à l'accessibilité
à certains besoins par la population du fait de l'éloignement et
de l'isolement. Selon Yve Lacoste, le terme enclavement désigne
l'isolement, faute d'infrastructures ou d'offre de transport de l'espace
concerné vis-à-vis de ceux qui l'environnent.
2. CADRE THEORIQUE
Une théorie est "une construction intellectuelle qui
essaie de relier le plus grand nombre de phénomènes
observés et de lois particulières en un ensemble cohérent
commandé par un principe général explicatif de tout
envisagé"(J.B Racine).
Lors de la création de l'OMS le 7avril 1948, les Etats
membres optaient pour un accès meilleur aux soins de santé
d'où l'élaboration d'un droit à la santé pour les
populations. Ainsi, vu la constitution de l'OMS, il est dit que :
« La possession du meilleur état de
santé qu'il est capable d'atteindre constitue l'un des droits
fondamentaux de tous les êtres humains »
« Le droit à la santé comprend
l'accès en temps utile, à des soins de santé acceptables,
d'une qualité satisfaisante et d'un coût abordable »
Ainsi, pour atteindre cet objectif, des principes et normes ont
été établis :
- La non-discrimination : elle garantit que les droits de
l'homme seront exercés sans discrimination fondée sur la race, la
couleur, le sexe, la langue, l'opinion ;
- La disponibilité : les établissements,
les services, les biens et les programmes en santé publique et soins de
santé doivent êtres en nombre suffisant.
- L'accessibilité : les établissements, les
biens et les services sont accessibles à tous.
- L'acceptabilité : tous les établissements
doivent respecter l'éthique médicale, les différences
culturelles et tenir compte des besoins de l'homme et des femmes tout au long
de la vie.
- La qualité : la qualité ainsi que le
niveau scientifique et médicale des établissements, des biens et
des services doivent être adaptés.
Pour atteindre cet objectif qui est de permettre aux
populations d'avoir accès aux soins de santé, W. Christaller et
A. Losh (1993) ont mis sur pieds le système des lieux centraux. Cette
théorie réduit l'espace géographique en un espace
homogène. C'est-à-dire un espace où se déplace de
manière identique à la même vitesse dans toutes les
directions. Ramenant cette théorie à la géographie de la
santé, les lieux centraux sont les centres de santé. Pour
atteindre un centre de santé, les populations font donc des choix
rationnels et se déplacent de la manière la plus
économique. Le modèle de W. Christaller permet de déduire
que les centres de santé autour desquelles vivent les populations
s'organisent spatialement en réseaux hiérarchiques qui
fonctionnent en vertu de trois(3) principes logiques :
- Le principe de marché :Ce principe
résulte de la loi économique de l'offre des soins par les centres
de santé et de la demande par la population. Un centre de santé
est considéré comme un lieu d'acquisition des soins. De ce fait,
il en résulte une concentration, une accumulation et une convergence des
populations. Plus un centre de santé offre des soins, plus son aire
d'influence entant que « lieu central »
n'estétendue.
- L'espace étant homogène, l'optimisation de la
répartition des centres de santé s'expliquerait par leur
localisation au centre et au sommet des figures hexagonales
régulières. Par conséquent, W. Christaller montre chaque
centre de santé situé au centre d'un hexagone desservirait
six(6) centres de santé secondaires au sommet de cet hexagone, ainsi, on
comprend donc la hiérarchie des centres de santé au Cameroun.
- Le principe de transport : Ce principe résulte
de la recherche de l'économie dans les déplacements entre les
centres de santé. Afin de minimiser les frais, W. Christaller propose
d'aligner les lieux centraux secondaires entre les lieux centraux principaux
sur les diagonales qui joignent les centres des hexagones initiaux. De ce
fait, chaque centre de santé situé au centre d'un hexagone
dessert six(6) centres de santé secondaires situés sur les
côtés qui l'entourent. Ainsi, atteindre un centre de santé
sera facile pour la population.
- Le principe administratifSelon W. Christaller, ce principe
est censé résulter d'une organisation spatiale pyramidale des
centres de santé secondaires autour d'un centre de santé
principal. Il situe les lieux centraux secondaires à égale
distance du lieu central principal sur les sommets d'un hexagone, chaque centre
de santé principal exerce son pouvoir administratif et politique sur les
six(6) centres de santé secondaires dans un hexagone.
Dans le cadre de cette étude, cette théorie va
permettre d'améliorer l'accès des populations rurales des zones
enclavées de l'arrondissement de MELONG aux soins de santé
modernes. A travers les lieux centraux développés par l'auteur,
la répartition géographique des structures sanitaires dans
pourrait être égale.
La théorie d'accessibilité selon
Ariel :
La théorie de l'accessibilité telle qu'elle a
été présenté par Ariel (2001) est en rapport direct
avec la théorie de cohérence dans la mesure où elle
présente les marques du degré d'accessibilité des
expressions référentielles au sein d'un texte. Cette
théorie nous permettra d'évaluer le degré
d'accessibilité. Dans cette étude, ce degré dépend
en particulier de la distance entre les zones habitées et les centres de
santé. Autrement dit, plus la distance est réduite entre un
centre de santé et les habitants, plus le degré
d'accessibilité est élevé. Par conséquent,
l'accessibilité joue un rôle déterminant dans le maintien
de la cohérence textuelle en ce sens où elle vise à
faciliter l'accès des populations aux soins de santé en prenant
en compte les différents facteurs comme celui de la distance, du
degré de saillance, du coût, des conditions de vie sociale, ainsi
que le facteur technique. Ariel (2001) signale l'importance de quatre facteurs
qui permettent de juger le degré d'accessibilité des
référents.
v Le premier facteur est relatif à la distance entre le
référent et l'expression référentielle, pour Ariel,
plus celle-ci est proche du référent, plus ce dernier est
accessible ;
v Le deuxième facteur est lié au degré de
saillance du référent. Plus celui-ci est saillant, plus il est
accessible référentiellement;
v Le troisième facteur est un facteur positionnel.
Autrement dit, plus la distance entre l'expression anaphorique et son
antécédent est grande, moins le référent est
accessible. L'unité entre l'expression anaphorique et le
référent est un facteur important permettant à
l'interlocuteur de faire des prédictions sur le degré
d'accessibilité d'un référent ;
v Le quatrième facteur concerne la compétition
entre les référents. Plus un fragment de texte contient des
référents potentiellement concurrents, moins le
référent auquel renvoie l'expression anaphorique est
accessible.
IX. METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE
Le thème de notre travail de recherche a
conditionné une méthodologie à adopter.
1. Présentation de la
zone d'étude
a.Climat
L'arrondissement de Mélong est soumis à un
climat équatorial de type guinéen. Les pluies y sont abondantes
et réparties sur presque toute l'année. On y enregistre en
moyenne 1960 mm de pluies par an. Le climat est marqué par deux saisons
de pluies dont une grande qui va du 20 juin au 15 novembre et une petite qui va
du 20 mars au 15 avril, et deux saisons sèches allant du 20 novembre au
15 mars pour la grande et du 20 avril au 15 mai pour la petite. La
pluviométrie de l'arrondissement est de l'ordre de 2350 mm de pluie par
an avec un maximum de précipitation en Août et septembre.
L'humidité permanente du climat est favorisée par la
proximité avec l'atlantique. Les températures sont basses et
peuvent descendre jusqu'à 10°C au sommet des montagnes. L'amplitude
thermique reste généralement faible.
b. Sols
Les sols ici sont noirs et essentiellement
argilo-latéritiques, mais on rencontre par endroit des sols sablo
argileux. Les sols hydro-morphes se trouvent généralement dans
les bas-fonds marécageux. Du nord au sud de l'arrondissement de
Melong, les sols sont constitués en grande partie des laves
volcaniques solidifiées qui sont des sédiments issus du Mont
Manengouba.
c. Relief
Le relief de l'arrondissement de Melong est très
varié. Toutefois, il se subdivise en deux zones : Les hautes et
nombreuses montagnes et les vastes plaines .D'une manière
générale, l'élévation du relief se fait par paliers
successifs sous la forme d'un escalier. C'est ici qu'on retrouve les hauts
sommets dont l'altitude est comprise entre 740 m (Plaine des Mbos) et 2 268 m
(Mont Manengouba). L'arrondissement de Mélong a un relief
accidenté fait de plateaux, de vallées et de collines. Elle est
marquée par des pentes tapissées quelques fois de lits de cours
d'eau de très fort débit par le bas.
d. Hydrographie
L'hydrographie de la localité est assez riche et
variée. On observe un seul fleuve : le Nkam et de nombreuses
rivières dont les principales sont : Mboussé, Edibwang,
Mouandjong, Mbe, Mounhe, Mbiang, Nkudi, Hué, Editebeng,
Mébondé, Aboho, Mbel, Meneh, Mê, Kousso, Ngoedi, Ebanouel,
Mbong, Mebang, Edjel, Moukang, Medo, Mwediboum, Mandi, Ngang, Black water,
Ma'a, Njoh, Mpouandang, Nkonkele, Mvou, Mwetibi, Otieu et Edikum desservant la
plupart des villages. De plus, il faut noter la présence de plusieurs
chutes dans les localités : Ndikambo (40m) et Schuio (37m).
Les cours d'eau rencontrés sont poissonneux, sablonneux
et pour certains, rocailleux. Ils sont exploités par les agriculteurs,
pour des besoins domestiques (boisson, lessive, cuisson, bain), la pêche
et les travaux de construction des bâtiments. Les poissons les plus
récurrents sont les carpes et les silures.
e. Flore et faune
En général, nous avons, dans les
localités proches du centre urbain, une végétation
constituée d'agroforesterie, et de savane. Dans les
extrémités nous avons des forêts secondaires et des
forêts galeries. Les principales espèces florales qu'on y retrouve
sont le Bilinga, l'Iroko, l'Azobé, le Baobab, le Padou, Landa, le
Mokingui,... ces forêts regorgent des produits forestiers non ligneux
(PFNL) tels le djansang, les noisettes, le « bitter Kola », le rotin,
le bambou, et le raphia ; et sans oublier les plantes médicinales
variées. La disparition de la forêt dans certaines
localités est une conséquence de la coupe anarchique d'arbre.
L'effet de la déforestation rend la faune pauvre.
Plusieurs espèces ont disparues de ce qui autrefois était comme
savane et forêt. Nous avons par exemple le chimpanzé et le gorille
à Ediengo, Nzakon, Mama, Mbokem ; et l'éléphant.
Néanmoins, nous avons des oiseaux sauvages (le faisant, le corbeau,
l'épervier, le toucan, la perdrix, pigeons sauvages, des animaux
sauvages (les singes, les antilopes, lièvres, porc épic, les
chats tigres, les rats palmistes et autres petits mammifères rongeurs,
sans oublier les reptiles que l'on rencontre dans les zones humides)..
f. Population
L'arrondissement de Mélong abrite une population
estimée à 102 000 âmes répartie dans 40 villages
(PCD, 201. Cependant, selon les données du 3e RGPH, la population de
Mélong est estimée à 54 279 en 2005 soit 26 497 hommes et
27 782 femmes, ce qui correspond à un rapport de masculinité de
95,37%. Sur la base de ces données et suivant le taux d'accroissement
moyen de 2,6 %, cette population est estimée à 63 316 en 2011
(PCD, 2011).
Carte 1: Carte de localisation
de la zone d'étude
2. Méthode de collecte
des données
Notre enquête a porté sur six villages de
l'arrondissement de MELONG, particulièrement sur les zones rurales
enclavées à savoir : NINONG, MBOUASSOUM, MAMA, NZOBI,
NDOKOU, EDIENGO.Les données collectées sont les données
secondaires, les données primaires ainsi que les observations.
a. collecte des
données secondaires
Les données secondaires sont obtenues grâce
à l'exploitation des sources cartographiques et des lectures qui ont
été effectuées dans les centres de documentation à
nous accessibles et sur internet notamment à travers les moteurs de
recherche tels que Google. Ainsi, la recherche documentaire nous a permis de
cerner notre problématique et de clarifier les concepts tels que :
Accessibilité aux soins de santé, Santé, Soins de
santé et enclavement. Elle nous a aussi permis d'avoir la quintessence
du document de Stratégie pour la croissance et l'emploi, le document de
stratégie sectorielle de santé et les objectifs du
millénaire pour le développement relatifs à la
santé.
b. collecte des
données primaires
Ce sont les données recueillies via les enquêtes
par questionnaires, par guide d'entretien et à travers l'observation
participante.
Un questionnaire a été administré
auprès de deux cent ménages (200) des zones rurales
enclavées de l'arrondissement de MELONG. Ceci nous a permis de collecter
les données quantitatives. Cependant, ce questionnaire, composé
d'un ensemble de questions ouvertes et fermées, construites en relation
avec nos hypothèses, objectifs, et variable de l'étude sont
administrés par nous-mêmes.
Cinq guides d'entretien ont été
administrés pour la collecte des données qualitatives. Le
premier est adressé au chef du district de santé de MELONG. Le
deuxième au Maire de la commune de MELONG/Sous-préfet de
l'arrondissement de MELONG. Le troisième est adressé aux chefs
des services des centres de santé des zones rurales, le quatrième
est adressé aux chefs des villages. En fin le cinquième est
adressé aux guérisseurs traditionnels. Ces guides d'entretien
nous ont permis de joindre le qualitatif au quantitatif dans l'analyse des
données.
L'observation participante nous a permet d'observer plusieurs
aspects de la vie socioéconomique des populations des zones
enclavées de l'arrondissement de MELONG, mais aussi la distribution des
structures de santé et de l'état des routes. Nous nous sommes
contentésde l'opinion exprimée par tel ou tel individu ou
responsable des services de santé mais aussi la réalité
elle-même sur le terrain. De plus, ces observations nous ont permis
d'avoir un contact visuel avec la population, les patients et le personnel de
santé. Elles ont été soldées par la prise des
photographies et des notes.
Les données issues des enquêtes ont permis
d'identifier les facteurs qui entravent l'accès des populations aux
soins de santé modernes afin d'aboutir aux analyses et aux
traitements.
c. Echantillonnage
Notre étude va porter sur six villages à savoir
Ninong, Mama, Mbouassoum, Nzobi, Ediengo, Ndokou.
Tableau 2: Critères
d'échantillonnage
Aire de santé choisie
|
Village choisie
|
Motif du choix
|
Taille de la population
|
Taille de la population enquêtée
|
Ndokou
|
Ninong
|
Eloignement et accès difficile
|
2500
|
31
|
|
Mama
|
Eloignement et taille de la population
|
3719
|
47
|
|
Nzobi
|
Absence d'un centre de santé et absence de route
|
1200
|
15
|
|
Mbouassoum
|
Forte densité de la population
|
4000
|
51
|
|
Ediengo
|
Rapprochement de centre-ville
|
1569
|
20
|
|
Ndokou
|
Forte densité de la population et rapprochement du
centre-ville
|
2801
|
36
|
Total
|
|
|
15 789
|
200
|
La taille de l'échantillon choisi est de cent vingt
(200) ménages. Cette taille est choisie par ce que c'est la taille
approximative pour mieux étudier et comprendre les faits. Nous avons
utiliséla méthode d'échantillonnage non probabiliste.
Pour la répartition du questionnaire, nous avons pris
la population totale de chaque village cible que nous avons multiplié
par 200 et divisé par la population totale des villages
échantillonnés. L'administration du questionnaire est faite sans
discrimination de sexe, du groupe ethnique, de classe sociale, de groupe
religieux.
3. Traitement et analyse des
données
Les données collectées dans le cadre de cette
étude combinent la recherche documentaire et le travail sur le terrain.
Elles sont dépouillées et traitées. Deux formes de
traitement ont été appliquées à savoir le
traitement manuel et le traitement informatique.
a. Traitement manuel
Il consiste au dénombrement des questionnaires,
à la codification de ceux-ci et à leur classement. Aussi, nous
avons fait une compilation des prises par thème sur la base de nos
questions de recherche et de nos hypothèses formulées au
début de notre étude.
b. Traitement
informatique
Pour mieux analyser et traiter les données issues des
enquêtes de terrain dans ce travail de recherche, il a été
nécessaire d'utiliser les logiciels SPSS et Excel pour la
réalisation des tableaux statistiques et des figures. Les cartes se sont
avérés être très nécessaires dans la
représentation de certains faits. Ainsi, pour leur réalisation,
les logiciels Map source, Mapinfo et Argis ont été
utilisés. Enfin pour le traitement de texte, il a été
utile d'utiliser le logiciel Microsoft Word version 2013.
L'analyse des données s'est traduite par
l'interprétation des tableaux et graphiques afin de déterminer
les significations statistiques. A l'aide de ces données, nous avons mis
en évidence les facteurs qui influencent le recours aux soins de
santé modernes.
4.
Difficultésrencontrées
Lors de ce travail de recherche, nous avons fait face à
plusieurs difficultés :
D'abord l'accès difficile dans notre zone
d'étude. En effet, nous avons mené notre étude dans les
zones rurales enclavées où il y a absence des routes, il aurait
donc fallu parcourir de longues distances à pied pour y arriver dans les
villages où nous avons mené nos enquêtes de terrain. Par
ailleurs, l'éloignement et l'isolement des villages ne nous a pas rendu
la tâche facile, ce qui a donc rendu compliqué notre
déplacement pour atteindre la population cible.
Ensuite, l'indisponibilité des chefs de centre de
santé des zones rurales nous a rendu la situation difficile car
étant donné que les zones rurales sontles milieux difficiles, le
personnel de santé affecté dans ces zones est
régulièrement absent. Il fallaitpasser et repasser au centre
chaque jour pour espérer avoir la chance de le retrouver à son
lieu de service. Ce qui n'a pas du tout été facile.
Le manque de moyen financiers et la rareté des moyens
de transport pour se rendre dans les villages. Car l'enclavement du
réseau routier a entrainé l'augmentation des tarifs par les
motos-taximan. Il aurait donc fallu de fortes sommes d'argent à cause
des allés et retours, ce qui a été très
compliqué pour la collecte des données auprès des
ménages.
Enfin, l'administration du questionnaire n'a pas
été facile car les ménages des zones enclavées de
l'arrondissement de Mélong vivent essentiellement de l'agriculture. Il
fallait donc attendre qu'ils rentrent des champs en soirée pour
administrer le questionnaire. Ce qui nous a pris beaucoup de temps pour
administrer le questionnaire. De plus, l'hostilité des populations n'a
pas facilité l'administration du questionnaire, étant
donné que ceux-ci ont un niveau d'instruction très bas, la
communication avec eux n'a pas été chose facile.
CHAPITRE I : LA CARTE SANITAIRE ET L'UTILISATION DES
SOINS DE SANTE MODERNES DANS L'ARRONDISSEMENT DE MELONG.
INTRODUCTION
Le système d'offre des soins de santé au
Cameroun est divisé en deux entités à savoir les soins de
santé modernes et les soins de santé traditionnels. Dans
l'arrondissement de Melong, cela est visible à travers une
diversité de formations sanitaires (Hôpitaux publics,
privés laïcs et confessionnels) d'une part et les soins de
santé traditionnels d'autre part. La carte sanitaire de l'arrondissement
de MELONG est donc visible sur l'étendue de l'arrondissement via
vingt-six formations sanitaires dont 15 formations sanitaires publiques parmi
lesquels un hôpital et 11 formations sanitaires privées,
réparties dans six aires de santé.Dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong, on note la
présence de quatre centres de santé.L'aboutissement de cette
partie a pour but de vérifier l'hypothèse selon laquelle la carte
sanitaire de l'arrondissement de Mélong se caractérise par
l'éloignement des structures sanitaires par rapport aux zones rurales.
Dans la suite de l'analyse, Il sera question de présenter à
travers les données de terrain la carte sanitaire de l'arrondissement
de Mélong et les différents soins et services offerts par ces
formations sanitaires, leurs équipements et en fin les structures
sanitaires fonctionnelles et les structures sanitaires non fonctionnelles dans
les zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong.
I. LA CARTE SANITAIRE DE
L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
La carte sanitaire est un rapport qui dresse un état
des lieux détaillé du secteur hospitalier tant d'un point de vue
structure (inventaire des ressources structurelles et humaines du secteur
hospitalier et leur organisation que d'un point de vue fonctionnel
(relevé des activités, taux d'utilisation).Dans l'arrondissement
de Mélong, elle est composée des aires de santé et des
formations sanitaires.
1. Les aires de santé
Une aire de santé est une subdivision territoriale du
district de santé autour d'une formation sanitaire leader. Cette
formation sanitaire peut être un CMA ou un CSI. C'est aussi un espace
bien définit dans lequel rayonne un ou plusieurs centres de
santé.
1.1 Les aires de santé et
leur population
Dans l'arrondissement de Melong, nous avons six (6) aires de
santé représentées dans le tableau suivant :
Tableau 3: Les aires de
santé
Les aires de santé
|
Population
|
Aire de santé de Mbouroukou
|
5 303 habitants
|
Aire de santé de Melong-centre
|
31925 habitants
|
Aire de santé de Lelem
|
7997 habitants
|
Aire de santé d'Essekou
|
4018 habitants
|
Aire de santé de Ndokou
|
8933 habitants
|
Aire de santé de Mbokambo
|
4049 habitants
|
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce tableau que l'aire de santé de
Mélong-centre est plus peuplée que les autres avec une population
de 31925 habitants, suivit de l'aire de santé de Ndokou avec 8933
habitants qui est d'ailleurs une aire de santé située en milieu
rural. De plus, l'aire de santé de Lelem vient en troisième
position avec une population de 7797 habitants. Par ailleurs, l'aire de
santé de Mbouroukou compte une population de 5 303 habitants.
L'aire de Mbokambo et l'aire d'Essekou comptent respectivement 4049 habitants
et 4018 habitants, situés en zones rurales enclavées.
1.2 Les aires de santé et
leurs différentes formations sanitaires
L'arrondissement de Mélong compte vingt-six (26)
formations sanitaires réparties dans six (6) aires de santé.
- L'aire de santé de Mbouroukou est constituée
des centres de santé intégrés de Mbouroukou et
d'Ekodang ;
- L'aire de santé de Melong-centre comprend
l'hôpital de district de Mélong, l'hôpital Ad lucem de
Mélong, le centre de santé intégré de
Mélong-centre, le centre de santé Anderson, le centre de
santé intégré de Djinjou II, le centre de santé
FESDE, EBENEZER CENTER, Cabinet de l'espérance de Melong, Cabinet de
l'espoir de Mélong, COMESOME, le centre de santé Chrsit Roi la
Miséricorde de Mélong, EEC Mélong-centre ;
- L'aire de santé de Ndokou comprend le centre
de santé intégré de Ndokou, le centre de santé
intégré de Mbouassoum, le centre Médical d'Arrondissement
de Ninong, le centre de santé intégré de Mankwa, le centre
de santé EE Mouanguel ;
- L'aire de santé de Mbokambo est constituée du
Centre médical d'arrondissement de Mbokambo et du centre de santé
intégré de Mama ;
- L'aire de santé d'Essekou comprend le centre de
santé intégré d'Essekou ;
- L'aire de santé de Lelem comprend le centre de
santé intégré de Lelem Mouatong, le centre de santé
intégré de Lelem Mangwété, le centre
médical protestant de Lelem, le centre médico-social de Lelem.
2. Les formations sanitaires
modernes de l'arrondissement de Mélong
Dans l'arrondissement de Melong, il existe une
diversité de formations sanitaires allant des formations sanitaires
publiques aux formations sanitaires privées. Mais la répartition
semble ne pas tenir compte des besoins consolidés des populations. C'est
ainsi que le tableau suivant présent l'ensemble des formations
sanitaires de l'arrondissement de Melong :
Tableau 4: Secteur et
niveau des formations sanitaires de l'arrondissement de
Mélong
Formations sanitaires
|
Secteur
|
Localité
|
Niveau
|
Hôpital de district de Melong
|
Public
|
Mélong-ville
|
I
|
Hôpital Adlucem de Mélong
|
Privé
|
Mélong-ville
|
I
|
CSI de Melong Centre
|
Public
|
New-Melong
|
I
|
CS Anderson
|
Privé
|
Nkongsoung
|
I
|
CS Djinjou II
|
Public
|
Djinjou II
|
I
|
CS FESDE
|
Privé
|
Melong-ville
|
I
|
EBENEZER CENTER
|
Privé
|
Mélong-ville
|
I
|
Cabinet de l'espérance
|
Privé
|
New-Melong
|
I
|
Cabinet de l'espoir
|
Privé
|
Melong-ville
|
I
|
COMESOME
|
Privé
|
Mélong-ville
|
I
|
Christ roi de la miséricorde
|
Privé
|
Quartier Pont à Melong-ville
|
I
|
EEC Melong Centre
|
Privé
|
Rondpoint Melong-ville
|
I
|
CSI de Ndokou
|
Public
|
Ndokou
|
I
|
CSI de Mbouassoum
|
Public
|
Mbouassoum
|
I
|
CMA de Ninong
|
Public
|
Ninong
|
I
|
CSI de Mankwa
|
Public
|
Mankwa
|
I
|
CS EE Mouanguel
|
Privé
|
Mouanguel
|
I
|
CSI de Mbouroukou
|
Public
|
Mbouroukou
|
I
|
CSI d'Ekodkang
|
Public
|
Ekodkang
|
I
|
CMA de Mbokambo
|
Public
|
Mbokambo
|
I
|
CSI de Mama
|
Public
|
Mama
|
I
|
CSI de Lelem Mouatong
|
Public
|
Lelem Moatong
|
I
|
CMP Lelem
|
Privé
|
Lelem Mangweté
|
I
|
CS COMESOME Lelem
|
Privé
|
Lelem Moatong
|
I
|
CSI de Lelem Mangweté
|
Public
|
Lelem Mangweté
|
I
|
CSI d'Essekou
|
Public
|
Essekou
|
I
|
Source : Enquête de terrain 202
Carte 2: Carte sanitaire de
l'arrondissement de Mélon
De cette carte sanitaire, nous avons 26 formations sanitaires
définies comme suit :
- 1 hôpital de district : L'hôpital de
district de Melong ;
- 1 un hôpital Ad lucem : hôpital Ad lucem de
Melong ;
- 13 centres de santé intégrés
publics : Le CSI de Ndokou, le CSI de Lelem Mouatong, le CSI de Lelem
Mangwété, le CMA de Ninong, le CSI de Djindjou II, le CMA de
Mbokambo, Le CSI de Melong-centre, le CSI de Mbouroukou, le CSI d'Ekodkang, le
CSI de Mankwa, CSI de Mama, CSI d'Essekou, CSI de Mbouassoum ;
- 4 centres de santé intégrés
privés confessionnels : Le centre de santé christ roi de la
miséricorde de Melong, le CMP de Lelem, Le centre de santé EE de
Mouanguel, le centre de santé EEC Melong-centre ;
- 7 centres de santé privés laïcs : le
COMESOME Lelem, le centre de santé FESEDE, EBENEZER CENTER, Cabinet de
l'espérance, Cabinet de l'espoir, COMESOME.
II. LE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME
DE SANTE
Le système de santé décrit les moyens
organisationnels et stratégiques mis en place par pays, par zones
géographiques ou entités communautaires afin d'assurer une
continuité et une qualité des prestations de santé. Il
réunit toutes les organisations, institutions et ressources qui
interviennent en matière de santé et qui fournissent des
soins formels (médecins, cliniques, hôpitaux et pharmacies), des
soins informels (guérisseurs traditionnels, travailleurs
communautaires).
Le secteur de la santé au Cameroun est structuré
en trois niveaux formant une pyramide dont les relations fonctionnelles sont
précisées dans le tableau ci-dessous. Il comporte trois
sous-secteurs : un sous-secteur public, un sous-secteur privé et un
sous-secteur traditionnel.
Tableau 5: Les
différents niveaux du système national de santé publique
du Cameroun
Niveau
|
Structures administratives
|
Compétences
|
Structures de Soins
|
Structures de dialogue
|
Central
|
Services centraux du ministère de la santé
publique
|
-Elaboration des concepts, de la politique et des
stratégies
-Coordination
-Régulation
|
Hôpitaux Généraux, Centre Hospitalier et
Universitaire, Hôpitaux Centraux
|
Conseils d'administration ou Comités de gestion
|
Intermédiaire
|
Délégations Régionales
|
Appui technique aux districts de santé
|
Hôpitaux Régionaux et assimilés
|
Fonds Spéciaux Régionaux pour la promotion de la
santé
|
Périphérique
|
Service de Santé de District
|
Mise en oeuvre des programmes communautaires
|
Hôpitaux de District, Centres Médicaux
d'Arrondissement, Centre de santé
|
COSADI
COGEDI
COSA, COGE
|
Source : INS/PETS2, 2010(construit à partir du SSS
2006 - 2015)
Le niveau central élabore les politiques, les normes
et les stratégies nationales : il conçoit et propose au
gouvernement les textes réglementaires et il coordonne, contrôle
et ventile les ressources vers les niveaux opérationnels. Le niveau
central est représenté par le ministère de la santé
publique avec ses cinq directions, la direction de la santé
communautaire, la direction de la médecine hospitalière, la
direction de la pharmacie, la direction des ressources humaines, la direction
des ressources financières et ses deux divisions dont la division de
la coopération, la division des études et de la planification.
Les formations sanitaires à ce niveau sont les hôpitaux
généraux de Yaoundé et de Douala, l'hôpital central
de Yaoundé, l'hôpital hospitalo-universitaire de Yaoundé,
l'hôpital Laquintinie de Douala. Ces hôpitaux servent de
référence aux niveaux provinciaux.
Le niveau intermédiaire est représenté
par les 10 délégations provinciales de la santé publique
(DPSP). Chacune suit les délimitations et la dénomination de sa
province administrative. Elles ont pour rôle la traduction en programmes
de la politique élaborée au niveau central. Toutes les directions
du niveau central sont représentées par les services provinciaux
correspondants. La province est dotée d'un comité de gestion
provincial composé des cadres de la santé, des
représentants de la population et de l'administration et qui gère
le fond spécial de solidarité pour la santé de la
province. Ce fond est alimenté par des subdivisions et des aides, par
des participations des districts de santé ainsi que par les
bénéfices de la vente des médicaments essentiels par le
centre d'approvisionnement des formations sanitaires en médicaments
essentiels. Les membres du FSPS sont élus par les comités de
santé et du district (COSADI). Les comités de santé de
district sont composés de professionnels de santé du district,
des représentants de chaque aire de santé du district ainsi que
les élus locaux ; pour l'instant ils restent embryonnaires. Le
délégué régional de la santé, pour sa part,
se trouve sous l'autorité du Gouverneur de la région
administrative, province sanitaire et province administrative
coïncidant.
Le district de santé constitue le niveau
périphérique ou opérationnel. Le service de santé
du district est dirigé par une équipe multidisciplinaire
supervisée par un médecin de santé publique qui coordonne
et supervise toutes les activités de santé de district, y compris
celles des tradipraticiens et du secteur privé moderne. Le district de
santé est desservi par un hôpital de référence. Il
est chargé d'élaborer un plan d'action sanitaire, d'assurer son
suivi et de superviser les aires de santé. Le système de
santé de district dispose de deux niveaux d'établissement de
soins : l'hôpital de district, l'hôpital de première
référence, et les centres de santé. Un comité de
gestion veille notamment à l'utilisation des fonds dit
« recettes affectées » c'est-à-dire ceux
provenant de la vente des médicaments et de la facturation de toutes
les prestations sanitaires. Ces recettes sont réparties entre les
motivations du personnel, le fond de solidarité provinciale, la caisse
de supervision du district, et le trésor public.
Le district de santé est lui-même
subdivisé en aires de santé ; l'aire de santé est
constituée par un village ou un ensemble de villages avec une population
totale de 50000 à 10 000 habitants, avec un territoire bien
définit, et est desservie par un centre de santé qui a la
responsabilité des activités de santé. Chaque centre met
à la disposition des populations le paquet minimum d'activités
en stratégies fixes et avancées : la réforme propose
un renforcement de la capacité technique des centres de santé (
personnels qualifiés, matériels techniques et logistiques
adéquats) ; le personnel des centres de santé doit alors non
seulement proposer le paquet minimum d'activités au centre pour la
population centrale de l'aire de santé mais également se rendre
dans les villages éloignés du centre pour proposer certaines
activités, surtout préventives. Les malades dont les
problèmes n'ont pu trouver de solution au niveau du centre de
santé sont théoriquement référés à
l'hôpital de district. Ces formations sanitaires sont appelées
« centres de santé intégrés » (CSI),
la notion de poste de santé villageois étant abandonnée,
et sont censés dirigées par un infirmier diplômé
d'Etat. Chaque village désigne deux représentants au sein du
comité de santé de l'aire de santé ; ce comité
élit en son sein un comité de gestion qui participe à la
gestion du centre de santé au côté de l'équipe des
professionnels de santé. Chaque comité de santé de l'aire
désigne à son tour deux personnes qui représenteront
l'aire de santé au sein du comité de santé du district.
Au niveau périphérique, subsistent des
structures de soins qui ne peuvent être rangées ni dans la
catégorie des CSI, ni dans celle des hôpitaux de district. C'est
le cas notamment des centres médicaux d'arrondissement (CMA), nouvelle
appellation des hôpitaux des arrondissements administratifs, et qui sont
les premières formations sanitaires qui bénéficient des
services d'un médecin, avant l'hôpital de district. Avant la
réforme, chaque unité administrative pouvait être desservie
par un hôpital d'arrondissement et pendant la période de mise en
oeuvre des SSP selon les directives d'Alma Ata (1980-1988), plusieurs
structures de ce type ont été construites pour améliorer
l'accessibilité géographique aux structures de soins; la crise
économique a contraint le ministère de la santé
d'arrêter la construction de ces centres devenus CMA.
1. Le système de
santé de l'arrondissement de Mélong
1.1 Le secteur public
L'arrondissement de Mélong est
représenté au niveau périphérique, à ce
niveau, il est constitué de plusieurs structures sanitaires publiques
parmi lesquelles le CSI de Ndokou, le CSI de Mbouassoum, le CMA de Ninong, le
CMA de Mbokambo. Ce sont des aires de santé constitués de
plusieurs villages comprenant entre 1000 et 2000 habitants disposant d'un
Paquet Minimum d'Activités (PMA) promotionnelles, préventives et
curatives. Ils ont pour mission première de mettre en oeuvre les
programmes communautaires à travers les structures de dialogues et de
sensibilisation des populations rurales sur l'usage de la médecine
modernes.
Photo 2
Photo 1
Clichet : Mbella
Planche 1: CSI de Ndokou et
et le CSI de Lelem
Les photos 1 et 2 présentent respectivement les
centres de santé intégrés de Ndokou et de Lelem,
situés en milieu rural.
1.1.1 Infrastructures
sanitaires et nombre de personnels de santé
Exprimées en terme de personnel qualifié et
infrastructures sanitaires, l'offre des soins de santé observés
ces dernières années une légère tendance à
l'amélioration (Leumo L, 2017). Tous les paramètres de l'offre
sanitaire ont enregistré une progression modérée. Mais
elle demeure insuffisante comparée aux normes de l'OMS qui juge que pour
un taux de couverture convenable pour les interventions essentielles en soins
de santé primaire, il faut au moins 23 professionnels de santé.
Ce taux de couverture est loin du compte dans l'arrondissement de
Mélong où pour environs 30000 habitants, on a moins de 30
professionnels de santé.
Source : enquete de terrain 2020
Figure 1: Nombre de
personnel par centre de santé (secteur public)
Il ressort de ce graphique que, l'hopital de district prend le
haut du tableau avec dix-neuf ( 19) personnels de santé suivit du Centre
Médical d'Arrondissement de Ninong avec Cinq personnels de santé.
De plus, le CMA de Mbokambo et le CSI de Mélong-Centre possèdent
chacun deux personnels de santé. En suite, les CSI de Lelem Mouatong,
SCI de Djindjou II, le CSI d'Ekodkang, le CSI de Ndokou et le CSI de Mbouassoum
disposent chacun d'un personnel de santé. En fin les CSI de
Lelem-Mangweté, de Mama, d'Essekou, et de Mbouroukou ne sont
dotés chacun d'aucun personnel de santé, ce qui pose un
réel problème d'accès aux soins des populations habitants
ces zones.
En somme, on remarque qu'il y a une insuffissance du personnel
de santé dans les formations sanitaires publiques de l'arrondissement de
Mélong car cette situationest plus criarde dans les zones rurales
enclavées. Par ailleurs, certains centres de santé ne disposent
d'aucun personnel. Meme les structures sanitaires qui en disposent
rencontrent des problèmes d'absence régulier du personnel de
santé.
1.1.2 Les lits
d'hospitalisation des formations sanitaires publiques
Les lits d'hospitalisation servent de support aux malades en
cas de maladie grave les obligeant à rester sur place à
l'hopital afin d'en bénéficier des soins appropriés, pour
une guerison quelconque. Dans les formations sanitaires de l'arrondissement de
Mélong, les lits d'hospitalisation sont diverses.
Figure 2: Nombre de lit
dans les formations sanitaires publiques
Source: enquete de terrain 2020
D'après ce graphique, l'hopital de district prend
l'entete avec 40 lits qui sont pour la plupart résolument modernes,
suivit du Centre de santé Intégré de Ndokou avec 12 lits.
De plus, le Centre de santé Intégré de Mélong
Centre dispose de 8 lits avec 4 salles d'hospitalisations. En outre, le Centre
de Santé Intégré de Mankwa qui dispose de 4 lits est
fermé d'après le chef du district de santé de
Mélong pour manque de personnel de santé « le CSI
de Mankwa est fermé depuis 2 ans car l'infirmier qui a
été affecté a déserté son poste de travail,
raison pour laquelle il reste toujours fermé par ce qu'il n'y a personne
pour admnistrer les soins de santé modernes aux
populations » (extrait de l'entretien avec le chef de district
de santé de Mélong le 20 Mars 2020). Le centre de santé de
Djidjou II est doté de six lits d'hospitalisation avec trois salles
d'hspitalisation, le Centre Médical d'arrondissement de Mbokambo et le
Centre de santé Intégré de Mbouassoum disposent chacun de
8 lits d'hospitalisation avec quatre salles pour chacun. Le Centre
Médical d'Arrondissement de Ninong est doté de quatre lits avec
quatres salles d'hospitalisation, est aussi d'ailleurs fermé pour manque
de personnel. De plus, Le Centre de santé intégré de
Mbouroukou dispose de 4 lits, celui d'Ekodkang 3 lits. Par contre, le centre
santé de Mama est doté de 7 lits et il ne fonctionne pas faute du
personnel.
Photo 2
Photo 1
clichet Mbella 2020
Planche 2: Lits d'hopitaux
(secteur public)
Le recencement des lits d'hopitaux est un indicateur de la
disponibilité des services hospitaliers. Il n'existe pas de norme
mondiale pour la densité des lits d'hopiatux par rapport à la
population totale. Dans la région européenne, la population
bénéficie de 63 lits d'hopitaux pour 10000 habitants, contre 10
pour 10 000 habitants dans la région africaine (OMS, 2019). Les six
aires de santé du secteur public dans l'arrondissement de Mélong
comptent 130 lits pour 70 salles d'hospitalisation inégalement
réparties. La qualité des lits varie en fonction des centres de
santé. On a des équipements modernes à l'hopital de
dsitrict, au CSI de Mbouassoum et de Ndokou. On récence à
coté de ces lits des lits faites en matériaux précaires,
c'est la cas des lits retrouvés dans les centres de
Mélong-centre, le CMA de Ninong et le CSI de Mankwa .
1.1.3 Capacité
d'accueil et état de fréquentation des structures
sanitaires
La question de l'acceuil dans les structures sanitaires
publiques est mitigée. De plus en plus, les patients insatisfaits se
dirigent vers les structures sanitaires autres que publiques (KEUKOUO L, 2017)
. En décembre 2010, une enquête effectuée par l'INS
Cameroun montre qu'en 2009 les formations sanitaires implantées en zones
urbaines ont reçu en moyenne 12 patients par jour contre 8 en milieu
rural. Cette démande varie aussi en fonction de la cathégorie de
la formation sanitaire. En effet, les hopitaux de district ont récu en
moyenne 22 patients par jour contre 8 dans les CMA et 6 au niveau des CSI. De
cette meme étude, il ressort par ailleurs qu'en 2009 suivant la
cathégorie de la formation sanitaire, 33 % de patients ont eu recours
aux HD contre 21 pourcent aux CMA. Au vue des differentes informations
relatives à la fréquentation des structures sanitaires, il est
clair qu'au niveau mondial en général, africain en particulier et
spécifiquement dans notre pays le Cameroun, bon nombre de structures de
soins n'a jamais atteint le seuil récommandé par l'OMS (2000),
qui est de 50% pour la fréquentation d'une structure de santé
par la population d'une aire de santé par semaine. Dans l'arrondissement
de Mélong et plus spécifiquement en zone rural, la
fréquenation des strucrures sanitaires est mitigée du fait du
mauvais fonctionnement de ceux-ci.
Figure 3: Nombre de malade
par semaine secteur public
Source : enquête de terrain 2020
L'hôpital de district de Mélong reçoit
le plus grand nombre de patients avec en moyenne cinquante (50) patients par
semaine. De plus, le centre de santé intégré de
Mélong-Centre reçoit dix (10) patients par semaine. Le centre de
santé intégré de Mbouassoum accueil huit patients par
semaine suivie du centre de santé intégré d'Ekodkang ,de
Lelem Mangweté, de Lelem Mouatong avec respectivement sept (7) et six
(6) et cinq (5) patients par semaine. Enfin le centre de santé
intégré de Djindjou II, le CMA de Mbokambo, le CSI de Ndokou
accueillent respectivement quatre (4), deux (2), deux (2) patients par semaine.
Les centres de santé de d'Essekou, de Mama, de Mbouroukou n'ont
reçu pratiquement aucun patient, ce qui suscite des interrogations sur
la qualité des soins offerts par ces formations sanitaires là.
En somme, on observe un faible taux de fréquentation
des formations sanitaires par les populations de l'arrondissement de
Mélong, ce qui suscite des interrogations sur ce faible usage des
structures sanitaires.
2. Le secteur privé
Le sous-secteur privé regroupe les structures
sanitaires privées à but non lucratifs (Confession religieuses,
associations et diverses organisations non gouvernementales) et celles à
but lucratif.
2.1 Infrastructures et
personnels de santé
L'arrondissement de Mélong compte douze (12)
formations sanitaires privées parmi lesquelles quatre structures
privées confessionnelles à but non lucratif : CS EEC
Mouanguel, EEC Mélong-Centre, Christ roi de la Miséricorde, CMP
Lelem.
Privées à but lucratif : Hopital Ad lucem,
COMOSOME, Cabinet de l'espoir, Cabinet de l'espérance, EBENEZER CENTER,
CS FESDE, CS Anderson, COMESOME Lelem.
Par rapport au secteur public, ces structures semblent les
plus appréciées par la population en raison de l'accueil, de la
qualité des payements et de la prise en charge immédiate du
patient. Les personnels sont inégalement répartis en fonction du
standing de la structure. Par exemple l'hôpital Ad lucem et le Cabinet
de l'espérance, EBENZER CENTER cumulent les plus grands effectifs alors
que le COMESOME, le CS FESDE, le CS Anderson, COMESOME Lelem, cabinet de
l'espoir sont en bas de l'échelle.
Figure 4: Nombre de
personnel par structure sanitaire de santé privé
Source : enquête de terrain 2020
Le bâti est également contrasté avec
d'une part les bâtiments délabrés et d'autres part les
bâtiments de haut standing comme le Cabinet de l'espérance
(clichet 6). Les douze services de santé dans le secteur privé
de l'arrondissement de Mélong comptent 80 lits pour 30 salles
d'hospitalisation inégalement réparties. La qualité des
lits varie en fonction des centres de santé. On a des équipements
modernes à l'hôpital Ad lucem, au Cabinet de l'espérance,
COMESOME et au CS la miséricorde.
Figure 5: Nombre de lits
(secteur privé)
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce graphique, l'hôpital Ad lucem compte
le plus grand nombre de lits (30) d'hospitalisation suivit du centre
Médico-social de Lelem avec14 lits d'hospitalisation, EBENEZER CENTER
regorge 13 lits d'hospitalisation, le cabinet de l'espoir compte 12 lits au
totalle CS FESDE compte 11 lits suivit du centre de santé la
miséricorde avec 10 lits d'hospitalisation. Le cabinet de
l'espérance et le centre de santé évangélique de
Mélong Centre occupent la dernière place avec respectivement 5 et
6 lits au total.
Clichet : Mbella
Planche 3: Cabinet de
l'espérance et le cabinet de l'espoir
Cette planche présente respectivement les cabinets des
soins du secteur privé dont le cabinet de l'espérance
situé à New-Melong, le Cabinet de l'espoir situé au
quartier pont à Mélong.
Clichet : Mbella
Planche 4: Lits
d'hôpitaux (secteur privé)
2.2 Capacité d'accueil et
état de fréquentation des structures sanitaires
Concernant la fréquentation des structures sanitaires,
bon nombre de patients insatisfaits se dirigent vers les structures sanitaires
autres que publiques dans les zones rurales de l'arrondissement de
Mélong. Les formations sanitaires privées de l'arrondissement de
Mélong accueillent chacune un nombre important de malade par
semaine.
Figure 6: Nombre de malade
par structure sanitaire privée par semaine
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce graphique, l'hôpital Ad lucem accueil
le plus grand nombre de patients (30) par semaine suivit du Centre
Médico-social de Lelem avec 14 patients suivi d'EBENEZER CENTER avec 13
patients en moyenne par semaine. De plus, Le centre de santé la
miséricorde cumule 12 patients par semaine suivi du centre de
santé Anderson, le Cabinet de l'espoir avec 11 patients chacun. Le CS EE
Mélong-Centre et le CS FESDE occupe le plus bas niveau avec 5 et 6
patients respectivement.
III. L'OFFRE DES SOINS DE SANTE
MODERNES DANS L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
La demande des soins est le désir d'un individu ou d'un
groupe de la population par rapport à une amélioration de la
santé ou à l'utilisation d'un service.En santé publique,
les demandes des soins soulèvent une série de difficultés.
La première déjà est la faible demande pour des besoins
préventifs. La deuxième est la forme subjective ou individuelle
de la demande : cette dernière est alors perçue, à
tort ou à raison, comme trop peu fréquente pour exiger une
réponse collective de santé publique. Un troisième
écueil est celui des limites de la perception individuelle. Pour
étudier le recours aux soins des populations de l'arrondissement de
Mélong, il est possible de partir de leurs recours aux soins.
La figure suivante présente les maladies les plus
récurrentes dans les ménages des zones rurales enclavées
de l'arrondissement de Mélong.
Figure 7: 7 Les maladies
les plus récurrentes dans les ménages
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce tableau que la fièvre typhoïde
apparait comme la maladie la plus récurrente dans les ménages car
91 ménages sur 200 enquêtés représentant 45 pourcent
ont déclarés avoir eu régulièrement les cas de
typhoïde dans leurs ménages. De plus, le paludisme s'en suit avec
32 pourcent ayant déclarés les cas de paludisme dans leurs
ménages. Par ailleurs, les autres maladies les plus récurrentes
dans les ménages représentent 19 pourcent dont les ménages
n'ont pas pu élucider. En fin, le diabète pointe en
dernière position avec 3 pourcent seulement selon les ménages.
1. Les soins
préventifs
La demande des soins peut être motivée par des
besoins préventifs comme la vaccination infantile. Les cases et les
postes de santé sont chargés de vacciner les enfants. Les centres
de santé jouent certes ce rôle mais ils s'occupent davantage des
soins curatifs (Leumo K, 2017). Les visites prénatales constituent aussi
des demandes de soins préventifs qui ne concernent que les femmes en
âge de reproduction (MINSANTE, 2009). Elles ont besoin d'au moins trois
visites pendant la leur grossesse. Ces consultations prénatales
permettent de réduire la mortalité maternelle. Selon les
statistiques fournies par la région médicale, 439 femmes sur un
échantillon de 100 000 perdent la vie en donnant la vie. Ce qui est
encore énorme comparé aux Objectifs du Millénaire pour le
développement fixés à 200 décès pour 100000
habitants.
Dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong, 40% de ménages ont déclaré n'avoir jamais
eu de visites prénatales dans leur ménage. Comme l'affirme un
chef de ménage âgé de 50 ans appelé ENONE R
« Ma femme ne fait jamais de consultation prénatale
pendant la grossesse et elle accouche sans problème, j'ai cinq enfants,
ils sont tous bien portant aujourd'hui ».
Cependant, les séances de vaccination infantiles sont
généralement organisées par le service du district de
santé dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong bien que celles-ci ne parviennent pas souvent dans tous les
villages à cause de l'enclavement et l'accès difficile, certains
villages bénéficient souvent des séances de vaccination
gratuites.
2. Soins Curatifs
Les soins curatifs sont les soins employés pour obtenir
la guérison en cas de maladie, par opposition à un traitement
préventif. Par ailleurs, dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong, 80% des ménages enquêtés
font souvent recours aux soins de santé curatifs en cas de maladie pour
espérer trouver la guérison. Dans les formations sanitaires
malgré la limite dans l'offre des soins et le manque de personnel, les
ménages dont l'état de santé se dégrade s'y rendent
souvent pour des soins.
La fièvre typhoïde constitue un véritable
problème dans l'arrondissement de Mélong, particulièrement
en milieu rural où 60% des ménages ont déclaré
avoir régulièrement plusieurs cas de typhoïde dans leurs
domiciles. Ainsi, même dans les formations sanitaires rurales où
nous avons menés les enquêtes, la fièvre typhoïde et
le paludisme étaient les maladies les plus dominantes. Comme c'est le
cas au centre de santé intégré de Mbouassoum et celui de
Ndokou. Ensuite, vient le diabète qui est un cas de maladie
régulièrement évacué vers l'hôpital de
district de Mélong ou bien à l'hôpital régional de
Nkongsamba puisque ces centres de santé ne disposent pas
d'équipements nécessaires pour la prise en charge des
diabétiques. Cependant, les maladies comme les infections respiratoires,
la diarrhée, la toux chronique, la dysenterie et autres touchent
également une grande partie de la population des zones rurales. De plus,
le traitement curatif dans les formations sanitaires implantées en
milieu rural reste mitigé à cause de l'éloignement des
formations sanitaires et le déficit d'infrastructures sanitaires pour
certains villages.
Toutefois, on constate qu'il y a des maladies qui touchent
particulièrement une certaine couche de la population. Les enfants sont
beaucoup plus infectés par le paludisme alors que les adultes sont
beaucoup plus touchés par la typhoïde, le paludisme et le
diabète. Ce dernier nécessite un réel suivi. Les maladies
cardiovasculaires sont aussi à mettre dans la catégorie des
pathologies touchant les adultes. Elles posent un problème de prise en
charge des malades par le système de soins primaires. La demande des
populations en soins curatifs varie selon l'âge, le sexe et la
période
Le graphique suivant présente les proportions des
ménages selon les types de soins :
Figure 8: Les soins
administrés aux patients en zones rurales
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce graphique que les soins curatifs sont
beaucoup administrés aux patients (85,71 pourcent) lorsqu'ils se rendent
dans une formation sanitaire contre les soins préventifs (14,29
pourcent). Ce faible taux de couverture des soins préventifs est
dû au fait que les programmes élargies de vaccination ne sont pas
administrés par les formations sanitaires des zones rurales. Les soins
curatifs sont administrés aux patients au par exemple au CSI de
Mbouassoum, selon les ménages ne leurs rendent pas satisfaction.
D'où le recours vers d'autres formations pour tenter de trouver la
guérison.
Tableau 6: Les cas de
maladie dans les centres de santé
Désignation
|
Nombre de cas (2019)
|
Pourcentage
|
Typhoïde
|
1000
|
35,76
|
Paludisme
|
900
|
32,18
|
Diabète
|
100
|
3,57
|
Choléra
|
97
|
3,46
|
Fièvre jaune
|
68
|
2,43
|
Rhumatisme
|
65
|
2,32
|
AVC
|
60
|
2,14
|
Mal de rein
|
55
|
1,96
|
Diarrhée
|
52
|
1,85
|
Dysenterie
|
50
|
1,78
|
Varicelle
|
49
|
1,75
|
Plaies
|
44
|
1,57
|
Traumatisme
|
40
|
1,42
|
Problème respiratoire
|
38
|
1,35
|
Abcès
|
35
|
1,25
|
Chaude-pisse
|
33
|
1,18
|
Méningite
|
27
|
0,96
|
Hémorragie
|
25
|
0,89
|
Mal de dos
|
22
|
0,78
|
Cancer
|
20
|
0,71
|
IST
|
16
|
0,57
|
Source : Registre de HD et CSI de Ndokou
Le tableau ci-contre montre clairement que l'arrondissement de
Mélong est en matière de lutte contre la fièvre typhoide
très en retard car il continue après toutes les sensibilisations
et messages du MINSANTE d'avoir le pourcentage (35,76) le plus
élevé parmi les maladies qui touchent le plus les populations
surtout celles résidantes en milieu rural. La fièvre typhoide est
certainement causée par la qualité malsaine de l'eau que consomme
la population de l'arrondissement de Mélong.
Le paludisme, le diabète et le choléra sont
également les maladies qui secouent la population de l'arrondissement de
Mélong avec respectivement 32, 18 p 3, 57 et 3,46% . La
récurrence du paludisme est dû au fait que les populations ne font
pas usage pour la majorité des moustiquaires imprégnées.
C'est ainsi que 60 pourcent des ménages enquêtés en zone
rurales ont déclarés ne pas faire usage d'une moustiquaire
imprégnée à longue durée d'action dans leurs
ménages. D'où leur exposition au paludisme.
IV. LES FORMATIONS SANITAIRES
FONCTIONNELLES ET NON FONCTIONNELLES DANS LES ZONES RURALES ENCLAVEES DE
L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
Dans l'arrondissement de Mélong en
général et dans les zones rurales enclavées en
particulier, on note le fonctionnement et le non fonctionnement de certaines
structures sanitaires.
1. Les formations sanitaires
fonctionnelles dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong
Il s'agit des centres de santé qui sont
régulièrement au service des ménages en cas de maladie et
qui offrent des soins de santé primaires. Dans nos enquêtes, nous
avons noté les centres de santé fonctionnels suivants : le
CSI de Ndokou, le CSI de Mbouassoum, le CMA de Mbokambo. De plus, dans ces
quatre centres de santé, 60% de ménages ont
déploré la limite dans l'offre des soins car parfois les centres
de santé manquent du matériel de prise en charge des patients
malgré la présence du personnel.
2. Les formations sanitaires non
fonctionnelles dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong
Malgré la présence des centres de santé
dans certains villages des zones rurales enclavées de l'arrondissement
de Mélong, ceux-ci sont abandonnés dans la broussaille faute du
personnel, ce qui entraine automatiquement leur non fonctionnement contraignant
ainsi les populations à faire long voyage pour se faire soigner. Dans
nos enquêtes de terrain, nous avons enregistré les centres de
santé suivants : le Centre Médical d'arrondissement de
Ninong, le Centre de santé intégré de Mankwa, le Centre de
santé intégré de Mama. Cependant, le mauvais
fonctionnement de ces centres de santé ne facilite pas l'utilisation des
services de santé modernes dans les ménages. Le CMA de Ninong par
exemple est résolution moderne et est doté des équipements
sophistiqués mais il ne fonctionne malheureusement pas car selon 20% de
ménages, à chaque fois qu'ils se rendent au centre Médical
pour des soins, il est toujours fermé. Selon le chef du district de
santé de Mélong, ce mauvais fonctionnement observé dans
les centres de santé des zones rurales est lié à l'abandon
de leurs postes par le personnel sanitaire affecté dans ces zones par
l'Etat pour diriger les centres de santé.
CONCLUSION
En somme, il était question dans ce chapitre de mettre
en exergue la carte sanitaire et l'utilisation de l'offre des soins de
santé dans l'arrondissement de Mélong. Nous nous sommes
fixés pour objectif de présenter la carte sanitaire et de
l'utilisation des soins de santé modernes dans la localité, avec
l'hypothèse selon laquelle la carte sanitaire de l'arrondissement de
Mélong se caractérise par l'éloignement des formations
sanitaires, d'où le difficile accès des populations rurales aux
soins de santé modernes. Il ressort que l'arrondissement de
Mélong est doté de tous les secteurs de la santé à
savoir le secteur public, le secteur privé en passant par les formations
sanitaires privées confessionnelles. Malgré une bonne
présence des formations sanitaires, ces derniers sont inégalement
répartis sur l'étendue de l'arrondissement. Cependant, on note
une forte concentration des formations sanitaires en milieu urbain au
détriment du milieu rural où les populations sont obligées
de parcourir plusieurs kilomètres pour avoir accès aux soins.
Mais alors quelles sont les facteurs qui entravent l'accès des
ménages aux soins de santé modernes dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong ?
CHAPITRE II : LES DIFFICULTES D'ACCES AUX SOINS DE SANTE
MODERNES DANS LES ZONES RURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
INTRODUCTION
En Afrique, les milieux ruraux sont souvent
caractérisés par un enclavement, une pauvreté, un mauvais
niveau d'éducation, une insécurité alimentaire, une
malnutrition infantile aiguë, une ignorance, un déficit
d'équipement d'assainissement, mais aussi, une pénurie critique
d'agents de santé compétents, un manque de matériel
sanitaire, une mauvaise répartition de l'offre des soins de santé
sur les territoires (Unicef, 2019). Les individus et les communautés
portent encore le lourd fardeau des maladies pouvant être
prévenues et traitées (OMS, 2005). La situation au regard des
besoins sanitaires du monde rural est préoccupante et grande (OMS,
2009). C'est ainsi que dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong, les populations éprouvent encore
beaucoup de difficultés à accéder aux soins de
santé modernes. Cette situation s'explique par l'enclavement
géographique du milieu et la défaillance des politiques publiques
de santé d'une part, la défaillance du réseau routier qui
est souvent impraticable surtout en saison des pluies d'autre part. L'ensemble
de ces facteurs et bien d'autres ne favorisent pas l'épanouissement de
ces populations sur le plan sanitaire. Il s'agit à la fin de cette
partie de vérifier l'hypothèse selon laquelle les facteurs qui
entravent l'accès des ménages aux soins de santé modernes
sont d'ordre géographiques, économiques, socioculturels et la
défaillance des politiques publiques de santé. A travers les
enquêtes auprès des ménages, la recherche documentaire et
les entretiens auprès des acteurs de la santé, Il sera question
de présenter d'abord les difficultés d'accessibilité
géographique ensuite les difficultés d'accessibilité
économique et les difficultés liées en terme
d'équité de l'offre des soins et enfin les effets
néfastes auxquelles font face les populations habitants les zones
rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong.
I. LES DIFFICULTES
D'ACCESSIBILITE GEOGRAPHQUE AUX SOINS DE SANTE MODERNES DANS LES ZONES RURALES
ENCLAVEESDE L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
L'accessibilité géographique est la notion de
distance-temps entre l'usager et le service sanitaire qui est
privilégié dans le sens de la capacité à produire
un recours. Un autre élément clé de la notion
d'accessibilité est la distance (Picheral H. 2001. P 286). Elle illustre
la friction de l'espace, et l'endroit le plus accessible est celui ayant la
friction minimale avec tous les autres endroits. Conventionnellement, la
distance est exprimée en kilomètre ou en temps, mais des
variables telles le coût ou l'énergie peuvent être
utilisée (H. Picheral, 2001).
Elle prend en compte dans le contexte de notre étude
l'état de la route, la distance, le temps mis, le mode de transport et
le coût de déplacement.
1. L'inégale
répartition spatiale des structures sanitaires
Dans l'arrondissement de Mélong, on note une mauvaise
répartition des formations sanitaires, particulièrement dans les
zones rurales où on note une concentration des centres de santé
et des hôpitaux en zone urbaine au détriment des zones rurales.
Dans nos analyses, nous avons relevé des fortes disparités des
centres de santé. Car la majorité des centres de santé
des zones rurales ne fonctionnent pas faute de personnel, ce qui justifie donc
de fortes migrations des ménages vers d'autres formations sanitaires en
cas de maladie.
La carte suivante présente la répartition des
formations sanitaires dans l'arrondissement de Mélong :
Carte 3: Distribution
spatiale des formations sanitaire
De cette carte, il en ressort que les formations sanitaires
sont mal distribuées sur l'étendue de l'arrondissement avec une
forte concentration en zone urbaines au détriment des zones rurales.
2. La distance à
parcourir pour atteindre une formation sanitaire
La notion de distance est au coeur de toute conception de
l'espace (Lévy L, Takam H, 2003), elle est un élément
important de la géographie « la distance est le
facteur premier de la relation des hommes à la surface de la terre, par
ce qu'elle est le principe de leurs rapports à tout ce qu'il
existe » ( Pichenal H, 1997. P 306). En dépit du fait que
l'OMS recommande un maximum de cinq kilomètres pour atteindre une
formation sanitaire, les recherches des soins de qualité pousse les
populations des zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong à aller au-delà car toutes les formations
sanitaires ne sont pas lotis en équipements techniques et
matériels ainsi, la distance à parcourir apparait à ce
stade comme une difficulté d'accès aux soins de santé
modernes. Par ailleurs, plus la distance est longue, moins les personnes seront
motivées à aller dans une formation sanitaire. C'est ce qui fait
dire à Picheral H. (2002) que la distance est un facteur entravant
l'accès aux soins de santé.
Le graphique suivant illustre les proportions des
ménages selon les distances parcourues :
Figure 9: Proportions des
distances à parcourir pour atteindre les formations
sanitaires
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce graphique que 38 % ménages parcourent
une distance comprise entre 5 et 45 km pour atteindre la formation sanitaire
la plus sollicitée. En effet, il s'agit des populations des villages
Ninong, Ediengo, Mama et Nzobi qui sont les villages plus
éloignées de notre zone d'étude, c'est ainsi que
« Lorsque nous sommes malades, on ne peut pas se rendre à
l'hôpital par ce que ce dernier est trop loin de votre village, par ce
qu'on a pas aussi de centre de santé dans notre village »
(affirmation d'un chef de ménage nommé Mr NDJABA âgé
de 54 ans).
Cependant, il est aussi à rappeler que ces villages ne
disposent pas des structures sanitaires pour certains (Nzobi, Ediengo) et pour
d'autres, les formations sanitaires ne fonctionnent pas (Ninong, Mama). Ce qui
peut donc expliquer ces longues distances à parcourir à la
quête des structures sanitaires. De plus, 21, 50% de la population
parcourt une distance comprise entre 4 et 5 km, 10.5% parcourt une distance
comprise entre 500 et 1, 5 km, une autre partie de la population de 10%
parcourt une distance comprise entre 1, 5 et 3km. Enfin, certaines populations
sont à moins de 500m de la formation sanitaire. Toutefois, ces derniers
ont affirmé le mauvais fonctionnement de leurs formations sanitaire, ce
qui engendre des déplacements vers les formations sanitaires
situées en ville. Il s'agit des villages Mbouassoum et Ndokou. Ces
distances ne respectent pas les normes prescrites par l'OMS qui est du
rapprochement de 5km maximum d'une formation sanitaire de la population.
Les longues distances à parcourir sont dues à
l'éloignement des formations sanitaires modernes. Par ailleurs, les
personnes les plus âgées éprouvent beaucoup plus de
difficultés à se déplacer facilement par ce que ayant
déjà une santé fragile, par contre les chefs de
ménages moins âgés peuvent parcourir ces distances sans
aucune difficultés majeures. De plus, cette situation s'explique aussi
par l'absence des centres de santé qui amène les populations
à se déplacer pour des soins de santé modernes.Aussi, ces
longues distances à parcourir fragilisent et dégradent davantage
l'état de santé des ménages surtout les personnes les plus
âgées et les enfants.
Ces résultats rejoignent les études
menées par Keunkouo L. (2017, P 68), Takam H. (2017, P 88) qui estiment
que l'éloignement des structures sanitaires entraine le
déplacement des populations rurales en parcourant de longues distances
pour atteindre les formations sanitaires. De plus, selonl'Unicef (2019),
près d'un tiers des familles rurales vivent encore à plus de dix
kilomètres d'un service de santé de base, ce qui pose un
réel problème d'utilisation des services de santé modernes
en zone rurale. C'est ainsi que Leumo (2017) affirme « Dans
l'aire de santé de Batotcha, 84% de la population parcours plus de 5km
pour se rendre dans une structure sanitaire et parmi les 16% couverts par la
structure de santé, 9% sont situés entre 4 km et 5
km ».Comme il a été montré par ailleurs, la
distance peut être un obstacle pour certains soins hospitaliers et peut
constituer un facteur de risque pour certaines maladies où l'urgence
médicale et chirurgicale est essentielle (Takam, 2017, P 77).
Carte 4: Carte des
distances d'accès aux structures sanitaire
De cette figure, on remarque que les ménages qui
résident autour du centre de santé éprouvent moins de
difficultés à fréquenter les centres de santé. Il
s'agit des ménages situés à moins de 500 m d'un centre de
santé. Par contre, les ménages résidant loin des
formations sanitaires éprouvent d'énormes difficultés pour
y atteindre un centre de santé. Il s'agit des ménages
situés à plus de 5km d'une structure sanitaire.
Ces résultats rejoignent les travaux effectués
par Méli V. (2018, P 55) à Bafoussam où elle
affirme « Nous retenons ici que, les femmes qui vivent
à proximité des centres de santé parcourent de très
courtes distances pour bénéficier des soins de santé
maternelle alors que celles qui y vivent loin parcourent de longues
distances».
3. Temps mis pour atteindre une
structure sanitaire
Dans les zones rurales de l'arrondissement de Mélong,
l'éloignement par rapport aux formations sanitaires qui se traduit en
temps d'accès est un obstacle en particulier lorsque le lieu de
résidence est excentré. De plus, un grand écart se creuse
entre les populations habitant les zones trop éloignées et les
populations habitants les zones qui sont un peu proches. Ainsi, le temps pour
atteindre une structure sanitaire varie en fonction des saisons et de
l'état de la route, en saison pluvieuse par exemple, il est
estimé à 5 h de temps à pied pour les villages les plus
éloignés selon nos enquêtes et qui n'ont pas de route (
Nzobi, Ediengo). C'est ainsi donc que la durée du trajet devient
problématique pour l'utilisation des structures sanitaires modernes. Par
contre, les villages les plus proches par rapport aux autres (Ndokou,
Mbouassoum) et disposant d'au moins une piste, la durée du trajet est
estimée au moins à 2h de temps à moto. Par ailleurs, les
patients rencontrent beaucoup plus des difficultés en cas de la
gravité de la maladie, il va alors se poser le problème du
transport pour les acheminer vers les centres de santé à cause
des longues distances à parcourir (environ 45 km). Le pourcentage des
ménages déclarant recourir à l'hôpital
décroit alors de 78 à 56 % (Sitrass S, 2004). La distance
ressentie peut être encore plus importante selon la topographie et peut
présenter une véritable barrière pour la mobilité.
L'éloignement des zones rurales par rapport aux structures sanitaires
entre directement en rapport avec le temps de parcours des patients pour se
rendre au lieu des soins de santé modernes pour pouvoir se soigner.
Nonobstant, même si la durée du trajet est un problème pour
les ménages, selon les enquêtes, ils sont déjà
habitués. Comme l'affirme ce chef de ménage âgé de
45 ans nommé Ewané J. « certes il est vrai que nous
n'avons ni centre de santé, ni route pour se déplacer facilement
mais ce n'est pas un grand problème pour nous car nous sommes
déjà habitués. Lorsqu'un cas de maladie survient
subitement, on prend des dispositions pour évacuer le patient le plus
tôt possible même si cela doit prendre au moins 5 h de temps
à pied, pourvue qu'il guérisse ». C'est ainsi que
le tableau suivant présente le résultat de l'enquête
menée auprès de 200 ménages sur le temps mis pour se
rendre dans une formation sanitaire par rapport à la distance :
Tableau 7: Temps mis en
fonction de la distance parcourue par les ménages
|
Effectif
|
|
Temps mis
|
Total
|
Moins de 15 minutes
|
Entre 15 et 40 minutes
|
Entre 40 et 60 minutes
|
Entre 60 et 180 minutes
|
Plus de 180 minutes
|
Distance à parcourir
|
Moins de 500m
|
14
|
2
|
0
|
0
|
1
|
17
|
Entre 500 et 1,5 Km
|
0
|
10
|
11
|
0
|
0
|
21
|
Entre 1,5 et 3km
|
0
|
0
|
20
|
0
|
0
|
20
|
Entre 3 et 4 km
|
0
|
0
|
8
|
14
|
0
|
22
|
Entre 4 et 5 km
|
0
|
0
|
4
|
36
|
3
|
43
|
Entre 5 et 45 km
|
0
|
0
|
0
|
2
|
75
|
77
|
Total
|
14
|
12
|
43
|
52
|
79
|
200
|
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort du tableau numéro 5 qu'il existe bel et bien
un lien entre la distance à parcourir et le temps mis pour atteindre une
formation sanitaire car les distances à parcourir sont fonctions du
temps mis. De plus, plus la distance est longue plus la durée du trajet
est importante et moins la distance est courte moins la durée du trajet
est courte. Sur les 200 ménages enquêtés, 14%
ménages habitent à moins de 500m d'une structure sanitaire soit
moins de 15 minutes. Par contre, 77% ménages habitent entre 5 et 45 km
des structures sanitaires les plus sollicitées soit pour un temps de
parcours de plus de 180 minutes.
La durée du trajet pour atteindre une formation
sanitaire est liée au mauvais état de la route et
l'éloignement des structures sanitaires qui sont pour la plupart
situées en milieu urbain. De plus, le temps mis dépend aussi du
mode de transport utilisé par les patients pour se rendre à
l'hôpital. Par exemple, ceux qui y vont à pieds mettent plus de
temps (environ 4h) alors que ceux qui y vont à moto mettent seulement 1h
de temps. Par ailleurs, Ce résultat n'est pas conforme aux normes
prescrites par les institutions internationales à l'instar de l'OMS sur
la durée du temps d'accès à une structure sanitaire. Ces
résultats sont confortés par une étude menée sur
l'accessibilité aux soins de santé dans l'arrondissement de
Bamendjou par Takam H. (2017, P75) qui relève que 33% de la population
met près de 3 h de temps en route, 60% met près de 2h de temps en
route pour atteindre une formation sanitaire. Dans le même ordre
d'idée, Meli V. (2018, P35) affirme « Compte tenu du
fait que, les structures ne disposent pas de tous les équipements
nécessaires à la prise en charge de la santé maternelle en
milieu rural, le temps mis pour arriver dans une structure de
référence peut aller au-delà d'1h 30min. Dépendant
de la proximité ou de l'éloignement par rapport au centre de
santé, relevons que 39,7% des femmes résidant autour des centres
de santé n'éprouvent aucune difficulté pour se rendre dans
ces structures. Alors que les femmes qui résident dans les zones
où il n'y'a pas de structures sanitaires parcourent de longue distance
donc environ 5km pour 4 h de temps »].
Cependant, le temps mis pour atteindre une formation sanitaire
dépend aussi du moyen de locomotion utilisé par les
ménages. Ainsi, le tableau suivant fait ressortir ce rapport de
dépendance :
Tableau 8: Temps mis en
fonction du mode de transport utilisé pour atteindre une formation
sanitaire
Temps mis en fonction du mode transport utilisé
|
Moto
|
Véhicule
|
A pied
|
Temps mis
|
Moins de 15 minutes
|
26%
|
1%
|
20 %
|
Entre 15 et 40 minutes
|
60%
|
0%
|
66%
|
Entre 40 et 60 minutes
|
15%
|
2%
|
48%
|
Entre 60 et 180 minutes
|
7%
|
0%
|
50%
|
Plus de 180 minutes
|
2%
|
0%
|
60%
|
Source : enquête de terrain 2020
De ce tableau, se dégage trois groupes cinq groupes de
résultats du temps mis pour atteindre une formation sanitaire en
fonction du mode de transport utilisé. Le premier groupe nous montre que
26% de ménages y vont à moto, 1% en véhicule et 20%
à pieds pour une durée de moins de 15 minutes pour atteindre une
formation sanitaire. Le deuxième groupe montre que 60% de ménages
y vont à moto, 66% à pieds pour une durée comprise entre
15 et 40 minutes. Le troisième groupe montre que pour une durée
comprise entre 40 et 60 minutes, 15% de ménage y vont à moto, 2%
à véhicule et 48% à pieds. Le quatrième groupe
montre que pour une durée comprise entre 60 et 180 minutes, 7% de
ménages y vont souvent à moto, 50% à pieds. En fin, le
cinquième groupe nous montre que pour plus 180 minutes, 2% de
ménages y vont à moto, 0% à véhicule et 60%
à pieds.
Longues durées pour atteindre les formations
sanitaires dépendent de l'état de la route, de la saison aussi et
de la distance à parcourir. L'éloignement des villages et des
formations sanitaires par rapport aux ménages expliquent le temps mis
pour atteindre une structure sanitaire. Les ménages utilisent beaucoup
plus la marche à pieds à cause de l'accès difficile dans
les villages et le manque de moyens de transport.
Contrairement aux résultats des travaux
effectués par Méli V. (2018, P13), il ressort que pour atteindre
une formation sanitaire, « 1% de femmes y vont en taxi, 4% de
femmes à pied et 12% en mototaxi arrivent à l'hôpital dans
l'intervalle (10-15min) alors que % des femmes en voiture personnelle,
10% des femmes à pied et 22% à mototaxi arrivent à
l'hôpital dans l'intervalle (15-30min) »
4. Le mauvais état de la
route
Dans les zones rurales de l'arrondissement, les pistes ou
encore les routes de classe « C »sont les plus
utilisées et celles-ci sont quasiment présentes sur toute
l'étendue communale. Si là où la route passe le
développement suit, dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong, les pistes sont peu aménagées
pour certains et pas du tout aménagées pour d'autres villages
(Photo 5) et l'accès n'y est pas souvent facile surtout en saison
pluvieuse. De plus, le mauvais état des pistes rurales qui joignent les
villages au chef-lieu de l'arrondissement sont pour la plupart enclavées
et parfois impraticables et en état de dégradation
avancée. Cette situation constitue alors un obstacle pour l'accès
des populations à des formations sanitaires et en plus, s'il est vrai
que certains villages sont desservies d'au moins une piste (Ninong, Mama,
Ndokou, Mbouassoum), d'autres par contre sont difficilement accessibles du fait
du manque des pistes aménagées (Nzobi, Ediengo). Les
ménages habitants ces zones rurales selon nos enquêtes
éprouvent encore plus beaucoup de difficultés de mobilité
en cas de maladie pour atteindre une formation sanitaire surtout lorsqu'il
pleut. C'est ainsi que [« on a des difficultés à
se déplacer pour se rendre au Centre de santé en cas de maladie
à cause du mauvais état de la route, celle-ci est souvent
impraticable surtout en saison pluvieuse, parfois on essaye de la creuser avec
les mains, jusque-là il n'y a pas grand changement, on souffre
vraiment »] (extrait de l'entretien avec un chef de
ménage le 28 Mars 2020). Au vue de l'absence des centres de
santé dans certains villages et l'éloignement de ceux-ci, la
défaillance du réseau routier est un facteur de plus qui aggrave
la dégradation de la situation sanitaire des ménages (70 %) qui
estiment que les possibilités de se déplacer en cas de maladie
sont très réduites et la probabilité pour que le patient
décède est très forte. Cependant, la route souvent
glissante (Photo 3), boueuse (Photo
4) voir même impraticable.
Photo 1
Photo 2
Photo 3
Photo 4
Clichet : MBELLA
Planche 5: L'état
des routes et pistes qui mènent vers les formations sanitaires en saison
pluvieuse
D'après cette planche, la photo 1 représente la
piste qui mène vers les villages NZOBI et EDENGO, et qui n'est
d'ailleurs pas aménagées. De plus, cette piste est aussi une voie
qui mène vers le CMA de NINONG. Cependant, la photo 2 est une piste en
situation de dégradation avancée qui mène tout droit vers
le village MAMA et vers l'hôpital de district de MELONG. La photo 3
quant-à-elle est une route qui conduit directement vers les villages
MBOUSSOUM et NDOKOU et vers l'hôpital de district de Mélong.
Enfin, la photo 4 représente une piste communale qui mène vers
le village NINONG où on note une route hyper enclavées et
très boueuse. Cette piste mène aussi vers les CSI de NDOKOU et de
MBOUASSOUM.
En somme,Les routes rurales dans l'arrondissement de
Mélong sont détériorées et sont plus ou moins non
praticables, ce qui rend les déplacements très difficiles vers
les formations sanitaires qui deviennent très limités et
constitue dès lors un entrave pour l'accès aux soins de
santé modernes.
Après un sondage fait sur un échantillon de 200
individus, nous avons obtenus le diagramme suivant :
Planche 6: L'état
des routes empreintées par les ménages pour atteindre les
formations sanitaires.
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce graphique 47 % des ménages ont
affirmé que la route est souvent boueuse lorsqu'ils se rendent au
centre de santé pour des soins. Il s'agit des pistes non bitumés
et en terre battue. Ensuite, 45 % de ménages ont déclaré
l'état glissant de la route plus précisément en saison des
pluies qui entraine la dégradation accélérée de la
route, ce qui entraine automatiquement une situation impraticable du
réseau routier (5 %). En fin, 3% de ménages ont affirmé
que la route est parfois praticable en saison sèche, mais selon eux,
malgré que celle-ci soit praticable, la distance à parcourir
reste énorme. Selon l'Unicef (2020),85% de ménages ruraux dans
le monde souffrent d'un enclavement saisonnier du réseau routier
En somme, l'état de la route est un handicap majeur
pour l'épanouissement des populations des zones rurales enclavées
de l'arrondissement de Mélong sur le plan sanitaire. De plus, ce
mauvais état de la route exprimé par les ménages
s'explique par le l'absence d'une véritable politique
d'aménagement et de développement des zones rurales, ce qui fait
que les hommes les plus âgés ne se déplacent pas facilement
en cas de problème de santé car la route pourrai davantage
dégrader leurs états de santé. Contrairement aux couches
des populations les plus jeunes qui parviennent à surmonter les
difficultés liées à l'état de la route pour se
rendre dans une formation sanitaire. Les pistes rurales fortement
enclavées rendent l'accès difficile des zones rurales de
l'arrondissement de Mélong car les pistes sont entourées des
forêts et des reliefs parfois très accidentés à
certains endroits. Ce qui justifie donc ces résultats selon lesquels la
défaillance du réseau routier constitue un obstacle pour
l'accès aux soins de santé modernes dans les ménages. Les
zones difficilement accessibles correspondent aux zones où il y a une
dégradation accélérée de la route, ce qui fait que
les ménages font recours aux soins de santé parallèles.
Ces résultats rejoignent les travaux effectués
sur l'accessibilité aux soins de santé par Méli V. (2018,
P40), Kouadio A. (2012, P146), Keunkouo L. (2017, P60) qui estiment que le
mauvais état de la route est un obstacle pour l'accès aux soins
de santé des populations habitant les zones rurales. Dans cet ordre
d'idée Takam H. (2017, P74) affirme [« les routes de
l'arrondissement sont détériorées et sont impraticables,
ce qui rend les déplacements difficiles. De ce fait, les
déplacement vers les formations sanitaires deviennent alors
limitées : ce qui constitue une entrave à l'accès aux
soins de santé modernes »]
La carte suivante nous présente alors le réseau
routier de l'arrondissement de Mélong :
Carte 5: Carte du
réseau routier
Il ressort de cette figure que les routes dans
l'arrondissement de Mélong sont abondantes mais leurs états ne
sont pas favorables sur toutes les distances et dans tous les villages. On note
toutefois l'enclavement et l'accès difficile des pistes rurales.
5. Enclavement topographique et
accès aux soins de santé modernes
L'enclavement topographique est l'ouverture ou la fermeture
des territoires ruraux à travers les nuances observées sur le
relief. Dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong, on note la présence des altitudes
hautes ou basses, des fortes pentes, des collines et même des reliefs
accidentés. C'est ainsi que ces éléments de la topographie
constituent un obstacle pour la mobilité des patients en cas de maladie.
Car les ménages les plus éloignés (Ediengo, Nzobi, Ninong)
en subissent les plus lourdent conséquences sur le plan sanitaire
à cause des hautes montagnes et la topographie accidentée.
Parfois, pour se rendre dans une formation sanitaire, il faut non seulement
parcourir de longues distances, mais aussi faire face à l'enclavement
spatial des villages.
La carte suivante fait ressortir le model numérique de
terrain à travers l'enclavement topographique des zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong.
Carte 6Carte de
l'enclavement topographique de l'arrondissement de Mélong
D'après cette carte, l'arrondissement
a un relief diversifié avec des altitudes divergentes. La couleur jaune
représente la topographie de plus de 200 mètres d'altitude, la
couleur de terre représente l'altitude comprise entre 1500-2000
mètres, la couleur Orange représente l'altitude comprise entre
1000 et 1500 mètres, la couleur rouge représente l'altitude
comprise entre 500-1000 mètres ; la couleur citron
représente une altitude de plus de 500 mètres. Toutefois, l'on
remarque aussi la présence des sommets, des bas-fonds, ainsi que des
vallées. L'ensemble des tous ces éléments constitue
l'enclavement topographique, obstacle pour l'accès des ménages
aux soins de santé modernes.
6. Accessibilité aux
soins en fonction du moyen de transport utilisé
L'accessibilité aux soins pourrait se préciser
par le pourcentage de la population pouvant se rendre à un centre de
santé en moins d'une heure de marche ou en empruntant un moyen
de transport facilement disponible(Meli V, 2018).Le mode de transport dans
notre contexte d'étude est l'ensemble des moyens utilisés par
les ménages pour se rendre dans une formation sanitaire. Dans les
zones rurales de l'arrondissement de Mélong, l'évacuation des
patients est plutôt difficile du fait du mauvais état de la
route, le manque des moyens de transport et d'engin de déplacement. Il
existe deux modes de déplacement qui se font à pied et à
moto. Le déplacement à pied consiste à parcourir une
certaine distance pour trouver un moyen de transport pour les populations des
villages Ediengo et Nzobi où même la moto n'y arrive pas du fait
du manque d'une piste. De plus, Les difficultés d'accès aux
transports sont ressenties par tous (Rebouha, 2008). C'est ainsi donc qu'ils
trouvent eux-mêmes les stratégies de transport des patients
gravement malades, en transportant les transportant soit au dos, soit sur les
brancards fabriqués localement, soit sur le porte-tout, par ce que
n'ayant pas de formation sanitaire et vivant dans des zones
éloignées et difficilement accessibles.
Le tableau suivant fait un récapitulatif du mode de
transport des patients transportés dans les ménages :
Tableau 9: Modes de
transport des patients
Mode de locomotion
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
|
Moto
|
60
|
30%
|
A pied
|
80
|
40%
|
Moto et pieds
|
60
|
30%
|
Total
|
200
|
100%
|
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce tableau, 30% de ménages ont
affirmé qu'ils se rendent souvent à moto dans les structures
sanitaires, alors que 40% y vont généralement à pied et
30% des ménages affirment qu'ils y vont souvent à pieds et
à moto. Toutefois, il est aussi à rappeler que le transport par
moto ne se fait qu'après une longue marche à pieds.
Ces moyens de transport pour se rendre dans les formations
sanitaires sont utilisés par les ménages à cause de
l'éloignement des structures sanitaires et le mauvais état des
pistes rurales, ce qui fait que la marche à pieds est le moyen le plus
approprié. Par ailleurs, on aimerait savoir si ces moyens de transport
des patients ne génèrent pas des conséquences
néfastes sur l'état de santé des patients vu les longues
distances à parcourir et l'enclavement des routes. D'une manière
générale, les personnes adultes seront plus vulnérables
que les personnes moins âgées.
Au regard de ce résultat et contrairement aux
études menées par Méli V. (2018, P54) sur
l'accessibilité aux soins de santé maternelles à
Bamougoum, il ressort que « 65, 6% de femmes empruntent la moto
pour se rendre dans une structure sanitaire, 28,2% vont à pied, 3,1%
vont en taxi et en voiture personnelle ». Dans le même
ordre d'idée, Leumo L. (2017) estime dans ses analyses que 14% de la
population rurale de Bansoa y vont à pieds pour se rendre dans les
structures sanitaires.
Cependant en dehors de la moto et des pieds, les
ménages les plus éloignés ont adopté les
stratégies de transport des patients vers les structures sanitaires car
au cas où le patient ne peut pas marcher, il est nécessaire de
trouver d'autres moyens de transport. Ainsi, le tableau suivant présente
ces stratégies :
Tableau 10: Les
stratégies de transport des patients et nombre de patients
transportés par les ménages les plus éloignés des
zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong
Stratégies de transport des patients
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
|
Portage au dos
|
60
|
30%
|
Porte tout
|
20
|
10%
|
Brancard
|
50
|
25%
|
Total
|
130
|
65%
|
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce tableau que les ménages ont
adopté trois principales stratégies à savoir le portage au
dos dont 30% de patients, les brancards fabriqués localement
représentant 25% de patients dans les ménages, le porte-tout
représente 10% de patients généralement transportés
dans les ménages.
Photo 2
Photo 1
Clichet : MBELLA
Planche 7: Transport d'un
patient sur les brancards fabriqués localement
Cette planche(photo 1 et photo 2) présente le transport
d'un patient sur un brancard fabriqué localement dans le village
Nzobi. Il est à rappeler que les populations villageoises ont
créé une équipe appelé en langue locale
« Nkeimein » et en français
« équipe d'ambulance » qui est chargée de
transporter les patients gravement malades et les femmes enceintes qui ne
parviennent pas à marcher.
II. LES DIFFICULTES ECONOMIQUES
D'ACCES AUX SOINS DE SANTE MODERNES DANS LES ZONES RURALES ENCLAVEES DE
L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
L'accessibilité financière suppose un
équilibre entre le coût, la qualité des prestations
sanitaires, d'une part, et le pouvoir d'achat des populations d'autre part.
Dans plusieurs pays d'Afrique, l'accès aux services de santé
reste problématique, surtout pour les populations
désavantagées qui exercent des activités
économiques faiblement rentables (Kouadio, 2012). En outre, elle demeure
restrictive pour les personnes vivant en zones rurales où les services
de santé sont insuffisants voire inexistants (Develtere, 2004).
Le principal déterminant de l'utilisation de
l'utilisation des services de santé modernes est l'aspect financier. En
Afrique en général et au Cameroun en particulier, les campagnes
sont caractérisées par un développement des
activités agricoles (Takam, 2017). En effet, ces activités
agricoles sont un moyen de subsistance car les produits dérivés
de cette exploitation des terres sont autoconsommés et interviennent
aussi dans le petit commerce organisé par les paysans. Les campagnes
sont donc caractérisées par une extrême pauvreté
qui est justifié par le niveau de revenu très bas voir même
inexistant conduisant à un contexte socioculturel plus ou moins
défavorable face à la situation des habitants.
1. La pauvreté
financière de la population
Les populations des zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong sont pauvres et vivent dans des conditions de
vie très difficiles. En effet, ces paysans vivent essentiellement de
l'agriculture de subsistance et d'autoconsommation, il s'agit essentiellement
de la culture du café-cacao, du mais, du manioc et de la banane
plantain. Ils pratiquent l'agriculture extensive à cause de
l'extrême pauvreté. Ces activités selon nos enquêtes
les rendent davantage pauvres et ceci à cause de la chute des prix du
café sur le marché mondial, puisque l'arrondissement de
Mélong est une région productive du café depuis
l'époque coloniale. Les terres sont propices pour la culture du
Café, ce qui fait que les paysans des zones rurales enclavées
dépendaient essentiellement de cette culture qui malheureusement ne
génère plus assez de revenu. Toutefois, l'on note
l'émergence des nouvelles cultures pour mesure de résilience
(élevage, pêche etc...). Ainsi, après un sondage fait sur
un échantillon de 200 ménages dans les zones rurales
enclavées del'arrondissement de Mélong, nous avons obtenu le
graphique ci-dessous :
Figure 10: Les
activités économiques menées par les
ménages
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce graphique que 90% des ménages vivent
essentiellement de l'agriculture de subsistance alors que le petit commerce est
pratiqué seulement par 5% contrairement à l'élevage et
les autres activités qui représentent respectivement 3% et 2%.
Par ailleurs, ces activités ne facilitent pas l'utilisation des services
de santé modernes dans les ménages.
La diversité des cultures se caractérise par un
mélange des plantes sur une parcelle, aboutissant à la
polyculture. De plus, les techniques de culture restent archaïques, ce qui
explique cette faible production, et en plus le vieillissement de la population
et le phénomène d'exode ruralont contribué au
dépeuplement des zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong. Ce qui contribue par ailleurs à la faible utilisation des
services de santé modernes et par conséquent un faible revenu.
Ce constat est conforté par Béninguisse B.
(2003, P 240) et Jean L.(2001, P 70) qui estiment que accès aux
soins de santé demeure restrictif notamment pour les populations
à faible revenus exerçant des activités économiques
faiblement rentables. Ensuite, Kouamé J. (2002, P120), estime que
« la faiblesse de rémunération des produits
agricoles constitue un handicap sérieux pour les populations rurales
dans leur volonté de transformation de leur cadre de vie et de
modernisation de leurs exploitations ».
2. Le niveau de revenu des chefs
de ménages
Dans l'arrondissement de Mélong, les populations vivent
avec un niveau de revenu bas et le plus souvent sans revenu pour certaines
personnes. De plus, ils vivent essentiellement de l'agriculture
d'autoconsommation qui ne leur permet pas de générer ou bien
d'atteindre un niveau de revenu moyen ou élevé pouvant permettre
de couvrir les besoins sanitaires en cas de nécessité. C'est
ainsi que le graphique suivant présente le niveau de revenu de 200
ménages issus du sondage :
Figure 11: Le niveau de
revenu menstruel des chefs de ménage
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce graphique, 67 % des ménages
perçoivent un revenu inférieur à 25 000 CFA le mois,
c'est-à-dire un revenu très bas et faible, ce qui entrave
d'ailleurs leur accessibilité aux soins de santé, «
J'ai des examens à faire à l'hôpital maintenant mais je
n'ai pas assez d'argent pour aller les faires » (affirme un
chef de ménage âgé de 70 ans nommé EDJOLE F.).
Ensuite, le niveau de revenu situé entre 25 000 et 40000 CFA occupe
20% et le revenu le plus élevé ici est estimé à
plus de 150000 FCFA avec 3% de la population.Le revenu que procurent les
activités économiques devrait permettre à celui qui les
entreprends et qui est malade de payer à la fois son titre de transport
pour atteindre une formation sanitaire, les frais inhérents aux soins
médicaux et éventuellement les frais de séjour.
Malheureusement, il existe de nombreux démunis en milieu rural.
En somme, la quasi-totalité des ménages des
zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong vivent en
dessous du seuil de la pauvreté, de par leurs faibles revenus, ce qui
rend d'ailleurs l'accès aux soins de santé modernes difficile.
Cependant, certains auteurs à l'instar Samuel Yonkeu (2005), Kouadio
(2019) convergent dans le même ordre d'idée en estimant que les
populations, aux pouvoirs économiques et financiers très
précaires n'ont pas accès aux soins de santé de
qualité. Ce qui est d'ailleurs le cas dans les zones rurales de
l'arrondissement de Mélong. Les résultats d'une étude
menée par Magne C. (2012, P64) indiquent que l'influence du revenu de
l'habitant sur la fréquentation des structures de santé dans
l'aire de santé de Kongso se présente de cette manière
: « 250/280 (soit 89,93%) de nos répondants ayant un
revenu inférieur à 22 .500FCFA n'ont pas fréquenté
l'hôpital. Ceux qui ont un revenu un peu élevé (plus de
22500FCFA) ont fréquenté le CMA à
87,73%(93/106) ». Ces résultats s'approchent de la
réalité constatée par Pierrot BUSHALA où 58,5% de
la population de Mudja qui ont le revenu mensuel inférieur à 50$
ne parvient pas à accéder à la nourriture et 54,6% n'ont
pas accès à la scolarisation ni aux soins de santé
primaire.
3. Le coût des soins de
santé modernes et pauvreté financière des
ménages
Le coût des soins dans l'utilisation des services de
santé en milieu rural surtout en Afrique Subsaharienne est
d'actualité (Beninguisse ,2018). Une étude sur
l'économie de la santé en Afrique vient confirmer cette relation
en stipulant ce qui suit. « De nos jours, il n'est pas
étonnant de s'entendre dire ici les gens n'ont pas de sous, ils
préfèrent mourir avec leurs maladies » (Takam H,
2017, P 79). La généralisation du recouvrement du coût
imposé par les bailleurs de fonds dans les formations sanitaires
n'a-t-elle pas transformé celles-ci en en centre de soins payant ?
« Pas d'argent, pas de soins » au point d'en vider les
structures, les tarifs de consultation très élevés pour
59% des populations pauvres constitue la première cause de non
consultation (Keunkouo L, 2017, P56).
C'est le cas dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong où les populations ne se rendent pas
immédiatement dans les formations sanitaires car ils savent que le prix
de la consultation et du traitement pourra engloutir le budget menstruel de la
famille. C'est la raison pour laquelle la majorité des ménages ne
se rendent pas dans les structures sanitaires pour des soins modernes car le
prix des soins est supérieur à leurs revenus menstruels et
annuels.
Comme le rappelle Commeyras dans son étude sur la
consommation des soins au Cameroun (2006, P110), les dépenses
d'accès aux soins sont réparties entre la consultation, les
médicaments, l'hospitalisation selon les cas, les examens et le
transport. La famille africaine pauvre ne peut supporter la totalité de
ces dépenses, ce qui limite forcément l'accès aux soins.
De même, dans le cas des ménages pauvres pour lesquels la seule
ressource est l'emploi dans le secteur informel et qui n'ont aucune
couverture sociale, il devient courant de renoncer. Les ménages pauvres
ne bénéficiant pas de couverture sociale préfèrent
l'automédication, le recours aux plantes médicinales, moins
coûteuses. Ces ménages attendent que l'état de santé
se dégrade pour recourir à un médecin spécialiste
et il devient nécessaire d'utiliser toutes les stratégies pour
payer la consultation, les analyses et les médicaments. C'est dans ce
sens que « Lorsque je suis malade, je reste à la maison et
c'est lorsque ma situation sanitaire s'aggrave que je fais des efforts pour
me rendre à l'hôpital » affirme un chef de
ménage âgé de 45 ans nommé Monsieur NGANG A.
Les ménages (90%) estiment que le coût de
traitement en cas en maladie dans les formations sanitaires modernes est trop
élevé car ils ont des revenus très bas pour couvrir les
soins de santé modernes. C'est ainsi que le tableau suivant retrace le
coût des soins :
Tableau 11: Les
dépenses des soins de santé modernes dans les
ménages
Coût de la consultation
|
Pourcentage
|
Coût d'hospitalisation
|
Pourcentage
|
Coût de traitement
|
400F-600F
|
40%
|
1000 F/jour
|
96,67%
|
2000 F-10000F (30%)
|
600F-800F
|
30%
|
2000 F/jour
|
3,33%
|
10000F-20000F (10%)
|
800F-1000F
|
20%
|
|
|
20000F-50000F (12%)
|
Plus de 1000 F
|
10%
|
|
|
Plus de 50000F (15%)
|
Total
|
100%
|
|
100%
|
67%
|
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce tableau, il ressort d'une part que 80% de
ménages ont affirmé que le coût de la consultation est
compris entre 400F-600F, 10% ont affirmé avoir fait la consultation
comprise entre 600F-800 F, 8% comprise entre 800 F-1000F et enfin 2% ont
été consulté à plus de 1000 F. Ensuite, les
coûts d'hospitalisation ne sont pas en reste car 96,67 % de
ménages ont été hospitalisé à un coût
compris 400 F et 500 F par jour tandis que 3,33% de ménages ont
affirmé avoir été hospitalisés à un
coût compris entre 600 F et 800 F par jour.
D'autre part, 40% de ménages ont déclaré
avoir dépensé les frais de traitement variant de 2000F-10000F,
alors que 30% de ménages ont avoué dépenser une somme
comprise entre 10000F-20000F, 20% ont dépensé une somme comprise
entre 20000F-50000F dans le ménage, enfin 10% de ménages
dépensent plus de 50000F pour le traitement. L'accès aux
structures financières est donc limité dans les ménages
des zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong. Il est
aussi à noter que le poids de l'âge des chefs de ménages
Le problème des ressources financières est un
obstacle à l'accès aux services de santé car de nombreuses
populations rurales en Afrique Sub-saharienne ont renoncé la
fréquentation des centres de santé. Cela a été
démontré par de nombreuses études empiriques : Wyss
et Nandjinger (1995) pour les cas respectifs du Tchad et du Kenya et Meuwisen
(2002) pour le cas du Niger. Ces études montrent que l'introduction de
la participation financière aux soins par les usagers
discriminés, les personnes à faibles revenus car la demande des
soins de santé est une fonction croissante du niveau de revenu. Elle est
d'autant plus forte que le niveau de revenu est élevé. Kouadio
(2012, P 280), nous prend l'exemple dans des localités
comme « Niablé et Ebilassokro, situées
à la frontière ivoiro-ghanéenne, de nombreux malades
reçoivent des soins médicaux au Ghana. Ils estiment que les soins
médicaux coûtent trop cher en Côte-d'Ivoire au regard de
leur pouvoir d'achat. Malgré les programmes de développement
sanitaire, une frange de la population rurale n'arrive pas à se soigner.
Que faire pour que la situation s'améliore ? »
4. Coût de transport pour
se rendre dans une formation sanitaire
Les longues distances à parcourir et
l'éloignement des villages entrainent automatiquement le coût
élevé des frais du transport. Parfois il faut débourser au
moins 6000 FCFA pour se rendre à l'hôpital de district de
Mélong pour ce qui est des villages NINONG, MAMA. Mais aussi de
l'état de la route car selon les ménages, les coûts de
transport sont plus élevés en saison pluvieuse. Cependant, les
prix de transport varient selon les villages. Il est aussi à noter que
certains ménages sont obligés de marcher à pied pour y
arriver à un certain endroit, réduisant ainsi le coût du
transport.
Le tableau suivant fait un récapitulatif des
dépenses :
Tableau 12: Coût de
transport
Frais de transport
|
Pourcentage
|
1000 F
|
2,56%
|
2000 F
|
22,44%
|
3000 F
|
3,85%
|
4000F
|
8,33%
|
5000 F
|
18,59%
|
Plus de6000 F
|
44,23%
|
Source : enquête de terrain 2020
De cette figure, il ressort que 2, 56% de ménages
payent la somme de 1000F pour se rendre à l'hôpital, 22,44% ont
déclaré qu'ils payent 2000F, 3,85% payent 3000F alors que 8,33%
payent la somme de 4000F. De plus, les ménages (18,59%) les plus
éloignés payent 5000F et plus de 6000F représentant
44,23% de ménages. Toutefois il est à noter que tous ces
transports se font à moto car c'est le moyen de transport le plus
approprié pour les pistes rurales. De plus,45% de ménages
dénoncent la cherté des coûts d'accès aux soins et
de transport. Une conséquence de cette situation est le
détournement des populations des hôpitaux et donc une
dégradation progressive de leur niveau de santé (le recours
à des tradipraticiens ou à l'automédication
présentent à terme d'énormes risques).
Les coûts de transport élevés sont dus au
manque des moyens de déplacement des patients et le mauvais
étatdes pistes rurales qui rendent le milieu difficilement accessible,
dégradant ainsi la situation sanitaire des patients.
Ces résultats convergent vers les travaux
effectués par Comolet (2000) et Kouadio (2012) respectivement en
Guinée et en Côte d'Ivoire.
Cependant, dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong, on note des coûts en cas d'engagement
pour les soins de santé modernes en y compris les coûts de
transport. C'est ainsi que le tableau suivant présente ces
coûts :
Tableau 13: Coût en
cas d'engagement pour des soins de santé modernes et les coûts de
transport
Coût de transport
|
Coût en cas d'engagement pour des soins de santé
modernes
|
Total Dépenses
|
1000 F
|
25 000 F (40%)
|
26 000 F
|
2000 F
|
50000 F (10%)
|
52 000F
|
3000 F
|
75 000 F (10%)
|
78 000 F
|
4000F
|
100000 F (15%)
|
104 000 F
|
5000 F
|
125 000 F (13%)
|
130 000 F
|
Plus de 6000 F
|
150000 et Plus (2%)
|
161000 F
|
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce tableau, les ménages ayant pris
l'engagement d'utiliser les services de santé moderne font les
dépenses suivants :premièrement les ménages qui
pourront dépenser 26 000F, deuxièment les ménages qui
pourront dépenser 52 000 F, troisièmement les ménages
qui pourront dépenser 78 000F, quatrièmement les
ménages qui pourront dépenser 104 000 F,
cinquièmement les ménages qui pourront dépenser
130 000F et en sixième position les ménages qui pourront
dépenser 161 000Fen cas d'engagement pour les soins de santé
modernes.
III. DETERMINANTS
SOCIOCULTURELS, CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES ET ACCES AUX SOINS DE
SANTE MODERNES
Les déterminants socioculturels sont l'ensemble des
facteurs culturels qui influencent sur l'utilisation des services de
santé moderne dans les ménages.Dans une étude menée
à Kinshasa par Kebela P. (2004) cité par Magne C.
(2012),il ressort qu'il existe une interdépendance
entre l'accessibilité et les facteurs socioculturels, la prise en charge
des soins par les ménages.
1. Le niveau d'instruction du
chef de ménage
Le niveau d'instruction des chefs de ménages dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong est compris
entre le primaire et le secondaire. C'est ainsi que le graphique suivant
illustre les proportions par niveau d'étude des chefs de
ménages :
Figure 12: Niveau
d'instruction des chefs de ménage
Source : enquête de terrain 2020
De ce graphique, il ressort que 14% des chefs de
ménages sont sans aucun niveau, 76% ont un niveau primaire, 10% ont un
niveau secondaire et il n'y a aucun chef de ménage qui a franchi le cap
du niveau supérieur.
Le faible niveau d'instruction observé est dû au
faible taux de scolarisation dans les zones rurales Camerounais, car la
pauvreté financière des ménages ne leur permet pas de
faire des études appropriées mais aussi la problématique
de l'accès à l'éducation qui se caractérise par
l'insuffisance voir le manque des établissements scolaires dans les
villages qui décourage les chefs de ménages. De plus, les chefs
de ménages les plus démunies sont plus vulnérables sur la
qualité de l'éducation.
Contrairement aux études menées par Magne C.
(2012), Méli V. (2012) à Bamougoum, il ressort
que« 33% sont sans instruction, 31% ont le niveau
élémentaire, 34% de femmes ont un niveau secondaire et 2% le
niveau universitaire ».
2. Rapport entre niveau
d'instruction des chefs de ménage et accès aux soins de
santé modernes
Le niveau d'instruction influence considérablement sur
l'utilisation des soins de santé modernes. Dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong, certaines chefs de
ménages ignorent les soins de santé modernes, ceci par manque de
connaissance vis-à-vis ces soins modernes.
Tableau 14: Niveau
d'instruction et fréquentation des structures sanitaires
Fréquentation d'une formation sanitaire
|
Êtes-vous rendu dans une formation sanitaire ?
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Niveau d'instruction des chefs de ménage
|
Primaire
|
53 (26%)
|
99 (50%)
|
152
|
Secondaire
|
17 (8,5%)
|
3 (2%)
|
20
|
Supérieur
|
1
|
0
|
1
|
Pas du tout
|
2 (1%)
|
25 (12,5)
|
27
|
Total
|
131
|
69
|
200
|
Source : enquête de terrain 2020
De ce tableau, il ressort que 50% des chefs de ménages
ayant le niveau primaire ont déclaré ne pas fréquenter
régulièrement les structures sanitaires en cas de maladie contre
26%.
De plus, les chefs de ménages avec le niveau secondaire
(8,5%) fréquentent de plus en plus les formations sanitaires contre 2%
seulement. Aussi le taux de fréquentation des chefs de ménages
(1%) sans aucun niveau d'étude est très faible.
Après cette analyse, on constate qu'il y a une relation
entre le niveau d'instruction et l'accès aux soins de santé
modernes car un chef de ménage qui est ignorant, qui ne connait pas
l'importance des structures de santé ne peut pas se consulter et faire
consulter les siens dont il a la responsabilité. Ce point de vue rejoint
donc celui de plusieurs auteurs dont Magne (2012), Leumo (2017), Meli (2018)
dont le faible niveau d'instruction influence sur l'accès aux soins de
santé modernes. Selon Magne C. (2012, P45) « le
niveau d'études a une grande influence sur la pratique des habitants
dans l'aire de santé de Kongso-Bamougoum. La majorité des
répondants n'a pas étudié, soit 43,75 % sont sans
étude ; 46,88% sont du niveau primaire et 9,37% sont du niveau
secondaire. sur les 263 habitants qui n'ont pas été au CMA,
153(soit 91,07%) sont sans niveau d'études. » Ce qui est
proche des résultats de l'étude menée au canada où
on a démontré que 51% des personnes qui détiennent un
diplôme d'études secondaires ont consulté un dentiste
contre 68% de ceux qui détiennent un diplôme d'études
collégiales ou universitaires. Les résultats de notre recherche
dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong
sont loin de la réalité obtenue par pierrot BUSHALA dans son
étude sur le niveau d'étude de la population du groupement Mudja
; 45,4% n'ont pas un niveau d'étude, c'est-à-dire ils ne savent
ni lire, ni écrire, seulement, 1,9% de niveau universitaire, 16,9% de
niveau secondaire, contre 35,8% du niveau primaire. Concernant la
fréquentation de services de santé 28/42 qui n'ont pas
fréquenté sont sans niveau d'études ».
Toutefois, notre étude se déroulant en pleine
crise sanitaire qui touche toute la planète terre, liée à
la COVID-19, nous avons enquêté les ménages sur celle-ci
et chemin faisant ils ont répondu que c'est une maladie qui n'existe
pas et que celle-ci est une imagination. Il s'agit d'un manque de connaissance
de la part de ces chefs de ménages.
3. Les croyances
traditionnelles
Au Burundi, des infusions sont recommandées, des
sacrifices, des prières et des interdits sont observés car,
à l'instar des autres sociétés africaines, la
société croit en la puissance de l'esprit maléfique et
à la colère de Dieu (NKURUNZIZA M, 2014).
Dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong,la majorité des chefs de ménages sont autochtones
et sont fortement attachés aux croyances traditionnelles en cas de
maladie.Ceci constitue une contrainte pour l'utilisation des services de
santé modernes car 8% de ménages ont affirmé être
rattachés aux croyances traditionnelles à la quête des
soins de santé.
4. Caractéristiques
sociodémographiques des ménages influençant l'accès
aux soins de santé
Les caractéristiques sociodémographiques sont
l'ensemble des facteurs sociaux et démographiques qui
caractérisent les ménages des zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong.
4.1 Age du chef de
ménage
L'âge influence sur l'accès aux soins de
santé modernes dans la mesure où les chefs de ménages qui
sont plus âgés ne maitrisent pas les bienfaits de la
médecine moderne et par conséquent ils font recours à la
médecine traditionnelle dans leurs ménages. Dans le cadre de
notre étude, nous avons constaté que l'utilisation des services
de santé modernes est plus accentuée chez les chefs de
ménages âgés entre 25 et 45 ans
4.2 Taille du ménage
Le nombre d'enfants dans le cadre de notre étude est
fonction du niveau d'instruction, nous avons constaté que les chefs de
ménage ayant au moins un niveau secondaire ont moins d'enfants que ceux
ayant le niveau primaire et même sans niveau. Cette situation s'explique
par le manque de connaissance sur les services de santé modernes car ils
ne sont pas suffisamment informés en ce qui concerne les bienfaits de
la médecine moderne. Dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong, 14% des chefs de ménage ont
déclaré n'avoir reçu aucune éducation, ce qui leur
permet de faire autant d'enfants que possible, limitant ainsi
l'accessibilité financière aux soins de santé modernes.
Dans ce sens, Magne C. (2012) affirme « Plus on a plusieurs
personnes à charge, plus la demande des services de santé est
élevée et plus on a des difficultés à la
satisfaire »
4.3 Le statut matrimonial
Le statut matrimonial du chef de ménage influence sur
l'accès aux soins de santé modernes dans le ménage. Dans
les zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong, les
chefs de ménage mariés (60%) ont plus d'enfants et la prise en
charge est plus difficile, les soigner aux soins de santé modernes
devient alors problématique. Par contre, les chefs de ménage
célibataires qui n'ont pas assez d'enfants à leur charge ont plus
la possibilité de recourir facilement aux soins de santé modernes
en cas de maladie, 80% des chefs de ménage ont déclaré
être mariés.
IV. LES DIFFICULTES LIEES A LA
DEFAILLANCE DES POLITIQUES PUBLIQUES DE SANTE EN MILIEU RURAL
L'équité en santé selon l'OMS (2005)
désigne « l'absence de différences
systématiques et potentiellement remédiables, dans un ou
plusieurs aspects de la santé parmi la population qui sont
définis socialement, économiquement, démographiquement ou
géographiquement ». Dans cette partie, il sera question de
mettre en exergue le manque d'équité dans la distribution des
centres de santé et donc des soins dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong en tenant compte des
normes de l'OMS. Ainsi, pour mieux comprendre les entraves
liées à défaillance des politiques publiques dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong, nous
étudierons l'absence des centres de santé dans certains villages,
le manque de personnel dans les formations sanitaires, le manque
d'infrastructures sanitaires et des équipements dans les centres de
santé et la limite dans l'offre des soins.
1. Insuffisances des centres de
santé en milieu rural
Si la présence des structures sanitaires assure le
bien-être et le maintien en bon état de santé de la
population, c'est plutôt le contraire dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong car certains villages de
notre zone d'étude ne sont dotés d'aucun centre de
santé. Il s'agit des villages Ediengo et Nzobi. C'est ainsi que cette
situation constitue un obstacle pour accéder aux soins de santé
modernes dans les ménages, ainsi, « Lorsque quelqu'un est
malade, on lui porte au dos, lorsqu'il s'agit d'une femme enceinte, on la porte
sur les brancards fabriqués localement par ce qu'on n'a pas de centre de
santé dans notre village » (extrait de l'entretien avec
le chef du village Ediengo le 22 Mars 2020 nommé Etienne M.). Par
ailleurs, cette absence des centres de santé est due à la
défaillance des politiques publiques de santé en milieu rural
selon le chef de district de santé de Mélong et la mauvaise
gestion des ressources économiques. Ce manque ne facilite pas d'ailleurs
la bonne utilisation des services de santé modernes par ces populations
qui sont obligées de parcourir d'énormes distances (20 km)
à pieds pour aller se faire soigner en cas de maladie, comme l'affirme
ce chef de ménage âgé de 39 ans appelé Eboué
Basile « l'absence d'un centre de santé dégrade
davantage notre situation sanitaire et entraine des conséquence
fâcheuses sur notre santé ». Ce qui entraine alors
la non fréquentation fréquente des structures sanitaires par bon
nombre de ménage (34%), d'où le graphique suivant :
Figure 13: Ménages
ayant déclarés la présence ou non d'un centre de
santé dans le village
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce graphique que 34% de ménages ont
déclaré avoir de centre de santé dans leurs villages alors
que 66% des ménages ont avoué ne pas avoir au moins un centre de
santé dans leurs villages et rencontrent par conséquent de
nombreuses difficultés.
Cette absence des formations sanitaires se fait ressentir
dans les ménages à travers le recours vers d'autres types de
soins et autres pratiques en cas de maladie. De plus, les chefs de
ménages ayant eu des cas de maladie dans leurs domiciles ont
déclaré qu'ils se sont déplacés à cause de
l'éloignement des centres de santé pour des soins modernes.
Cependant, les stratégies d'adaptations utilisées dans les
ménages face à l'absence d'un centre de santé sont
insuffisantes pour y retrouver l'état de santé normale en cas de
maladie. Par ailleurs, cette situation ne manque pas de décrier la
défaillance du système de santé Camerounais en
général et les problèmes de développements auxquels
font face les zones rurales enclavées en particulier dans le secteur de
la santé, et qui se caractérise par la mauvaise gestion et la
mauvaise répartition des formations sanitaires notamment en milieu
rural. La conséquence immédiate est la dégradation de
l'état de santé des populations les plus démunies qui ne
peuvent pas se déplacer pour manque de moyens financiers.
Ces résultats convergent vers les travaux
effectués par Beninguisse (2003, P130), Hérol T. (2017,
P74)pour qui dans les régions rurales où vit la majorité
des populations, les services de santé adéquats sont plutôt
rares car les chances de recourir à l'appareil médical et de se
conforter aux règles préventives en vigueur, diminuant
considérablement au fur et à mesure que la distance par rapport
aux services sanitaires le plus proche augmente et cette relation causale est
plus perceptible en milieu rural.
2. Le manque et l'insuffisance
du personnel sanitaire dans les centres de santé
Le personnel de santé est défini comme
l'ensemble des personnes dont l'activité a pour objet essentiel
d'améliorer la santé, il s'agit des médecins, des
infirmiers, sages-femmes etc...(OMS, 2006). De graves pénuries,
l'éventail inapproprié des compétences et une
répartition géographique mal équilibrée des
personnels de santé sont des obstacles majeurs à la
réalisation des objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMS, 2006). Le manque de personnel de santé dans
les centres de santé est un problème récurrent dans
quelques centres de santé existant dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong. Ainsi, ce manque de
personnel est une réalité en milieu rural qui constitue une
difficulté majeure pour l' accès aux soins de santé
modernes des populations des zones rurales enclavées de
l'arrondissement, ainsi « Nous avons un centre de
santé dans notre village avec un seul aide-soignant qui fait tout au
même moment, parfois tu arrives au centre avec un cas de maladie urgent
il est en train de consulter, il est seul, il ne peut pas se
départager » (affirme un chef de ménage
âgé de 36 ans appelé Mbidang Olivier ). A travers ces
propos, on constate qu'il ya un manque criard des personnels de santé
dans les formations sanitaires des zones rurales de Mélong. De plus
cette situation est liée peut-être au fait que les zones rurales
sont les milieux difficiles caractérisées par un enclavement
avancé, constituant ainsi un obstacle pour l'installation du personnel
sanitaire.
De plus, certains centres de santé (Mama, Ninong) ne
sont dotés d'aucun personnel de santé, ce qui pousse les
ménages à se soigner autrement. Ainsi ; le tableau suivant
fait une comparaison entre le nombre de personnel de santé et les normes
de l'OMS :
Tableau 15: Ratio
population/personnel par aire de santé comparé aux normes de
l'OMS
Les aires de santé
|
Population par aire de santé
|
Nombre de personnel
|
Ratio population/ Personnel
|
Les normes de l'OMS
|
Aire de santé de Mbouroukou
|
5 303 habitants
|
1
|
5 303
|
1 médecin/10000 habitants
|
Aire de santé de Melong-centre
|
31925 habitants
|
19
|
1680
|
1 infirmiers/3000 habitants
|
Aire de santé de Lelem
|
7997 habitants
|
1
|
7997
|
1 Sages femmes/300 femmes
|
Aire de santé d'Essekou
|
4018 habitants
|
0
|
0
|
1 médecin/10000 habitants
|
Aire de santé de Ndokou
|
8933 habitants
|
2
|
4466
|
1 infirmiers/3000 habitants
|
Aire de santé de Mbokambo
|
4049 habitants
|
1
|
4049
|
1 infirmiers/3000 habitants
|
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce tableau, le nombre de personnel d'Etat est
insuffisant dans les formations sanitaires, surtout dans les centres de
santé implantés en milieu rural. Car certaines aires de
santé sont sans aucun personnel d'Etat (L'aire de santé
d'Essekou) avec une population de 4018 habitants tandis dans les autres aires
de santé, nous avons un personnel par aire. C'est le cas de l'aire de
santé de Mbouroukou (5 303 habitants), l'aire de santé de
Lelem(7997 habitants), l'aire de santé de Mbokambo ( 4049 habitants).
Enfin l'aire de santé de Mélong concentre le plus grand nombre de
personnel qui est jusque-là insuffisant vu le nombre d'habitants.
Cependant, comparé aux normes de l'OMS, qui prévoit
L'absence régulier du personnel santé est
également déploré dans les zones rurales enclavées
de l'arrondissement car selon nos enquêtes, les centres de santé
sont régulièrement fermés à cause de l'absence du
personnel en place, par ce que disent-ils lorsqu'ils se rendent parfois au
centre de santé pour s'acquérir des soins, l'aide-soignant ou
l'infirmier est parfois absent, « le personnel en place ne vient
jamais, ce qui nous oblige à aller hors du village pour se soigner en
cas de maladie, le centre de santé est uniquement ouvert les lundis, les
autres jours il n'est pas là » ( extrait de l'entretien
avec le chef du village Ninong le 28 Mars 2020 appelé Edjolé
Félix). A travers ces propos, on constate que les populations
éprouvent des difficultés à accéder aux soins de
santé sur place à cause de l'absence régulière du
personnel. Le tableau suivant illustre les différentes proportions des
ménages ayant déclarés la présence du personnel
sanitaire au centre de santé :
Figure 14: La
présence du personnel au Centre de santé
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce graphique, 70% des ménages ont
déclaré l'absence du personnel dans les centres de santé
ce qui rend leur accès difficile aux soins de santé modernes
alors que 30% de ménages affirment qu'ils ont rencontré le
personnel de santé.
Le manque du personnel de santé dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong est certainement dû
au fait que les milieux ruraux sont un environnement difficile où les
conditions de vie ne sont du tout favorable. De plus, l'enclavement des pistes
rurales ne facilite pas la mobilité du personnel de santé vers
les zones rurales mais aussi les populations rurales qui ne fréquentent
pas les centres de santé en cas de maladie au profit des croyances
traditionnelles. Ce qui peut aussi décourager le personnel soignant
d'être régulièrement présent à son poste de
travail, ainsi, « Je reçois au trop un patient par semaine
dans le centre de santé pour des soins modernes »
(Extrait de l'entretien avec le chef de centre de santé de Mbouassoum le
23 Mars 2020 nommé NKOKE E.). A travers ces propos, on constate qu'il y
a un faible taux de fréquentation des formations sanitaires par les
ménages dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong, ce qui peut décourager le personnel sanitaire.
C'est dans le même ordre d'idée que Comolet
(2000) dans une étude menée en Guinée dénonce
l'existence d'un déficit sectoriel du personnel de santé au
profit des hôpitaux et un déficit géographique au profit
de la capitale Guinéenne Conakry. Cette situation est liée
à la fois à la mauvaise répartition du personnel de
santé à l'échelle nationale et à son niveau de
qualification, Elle limite l'accès aux centres de santé. Dans le
même ordre d'idée, l'extrait du journal
télévisé du 20 h du 15 juillet 2020 sur Canal 2
international réalisé dans le village Ninong, village qui a
d'ailleurs fait l'objet de notre étude confirme
que [« Ninong est doté d'un CMA construit par l'Etat
et abandonné dans la broussaille (Planche 7) depuis près de 10
ans faute du personnel sanitaire. Les habitants de ce village sont dans le
désarroi total et lancent un cri de détresse au ministère
de la santé publique pour que cette situation soit
régularisée. De plus, le CMA de NINONG est situé à
plus de 20 km du centre-ville Mélong, depuis près de 10 ans, ce
centre Médical est abandonné dans la broussaille faute du
personnel sanitaire contraignant ainsi les populations de ce village
estimé à plus de 1000 habitants de faire de longs voyages
à chaque fois pour aller se faire soigner, comme affirme cet
habitant ( on se déporte pour les zones
éloignées comme Mélong pour aller se soigner en cas de
maladie et nous continuons toujours à souffrir). L'Etat a
dépensé beaucoup d'argent pour construire un centre comme
celui-là et les villageois en souffrent comme s'il n'y avait pas de
centre de santé. Cependant, les populations qui dépendent
essentiellement de l'agriculture lancent un cri de détresse au MINSANTE
afin que les dispositions soient prises pour régulariser cette situation
qui chaque jour augmente la souffrance des
populations »]
Clichet : MBELLA
Planche 8: abandon du CMA
de Ninong dans la broussaille
La planche 7 représente le CMA du village Ninong
abandonné dans la broussaille faute du personnel de santé.
Cependant, le nombre de personnel de santé des zones
rurales de l'arrondissement de Mélong ne respecte pas le nombre
recommandé par l'OMS. C'est ainsi que le tableau suivant fait une
étude comparative entre le personnel médical de l'arrondissement
de Mélong et celui recommandé par l'OMS :
Tableau 16: Etude
comparative entre le personnel médical de l'arrondissement de
Mélong et celui des normes de l'OMS :
Personnel de santé
|
Minimum selon l'OMS
|
Observation dans l'arrondissement de Mélong
|
Appréciation
|
Médecins
|
1 médecin/10000 habitants
|
2 médecins/62 225 habitants
|
Déficits
|
Infirmiers
|
1 infirmiers/3000 habitants
|
30 infirmiers/62 225 habitants
|
Suffisant
|
Sages-femmes
|
1 Sages-femmes/300 femmes
|
5 sages-femmes/62 225 habitants
|
insuffisant
|
Source : enquête de terrain 2020 et OMS
D'après ce tableau, l'OMS recommande au minimum 1
médecin pour 10000 habitants alors que dans l'arrondissement de
Mélong, pour une population estimée à 62 225
habitants (SDS 2019) nous avons 2 médecins donc il y a insuffisance.
Pour ce qui est des sages-femmes, l'OMS recommande 1 sagefemme pour 300 femmes
alors que dans l'arrondissement de Mélong il n'y a que 5 sages-femmes
pour 62 225 habitants. Le nombre d'infirmier est suffisant mais on note
toutefois les fortes disparités géographiques.
Dans les zones rurales enclavées, il y a une
quasi-inexistence de ces personnels soignants, ce qui suscite un réel
problème d'accès aux soins de santé modernes car les
infirmiers et les sages-femmes ont déserté leur poste de travail
respectif, raison pour laquelle certaines populations de notre zone
d'étude préfèrent se rendre en ville pour des soins de
santé modernes en cas de maladie pour certains et pour d'autres vers la
médecine traditionnelle.
Contrairement aux résultats des travaux
effectués par Takam H. (2017, P66), le nombre de personnels de
santé dans l'arrondissement de Bamendjou est largement suffisant en
fonction de la population du dit arrondissement.
3. Manque d'équité
dans la distribution des soins de santé modernes
Malgré la présence de quelques centres de
santé dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong, on note la limite dans l'offre des soins. Ce qui pousse alors
les ménages à se déplacer à la recherche des soins
de santé modernes de qualité en cas de gravité de la
maladie, comme le confirme cette affirmation « dans notre
centre de santé on ne fait ni la consultation, ni les examens, lorsque
tu arrives on te demande de quoi tu souffres et ensuite on te donne les
médicaments c'est tout » (affirme un chef de
ménage âgé de 42 ans nommée Douong R.). Les
ménages qui se sont rendus dans les centres de santé de leur
village pour des soins n'ont pas trouvé la satisfaction totale. C'est
ainsi que les diagrammes suivant présentent respectivement la
perception de l'offre des soins et la qualité des soins :
Figure 15: Satisfaction de
la qualité des soins offerts dans les centres de
santé
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce graphique que 90% des ménages ne sont
pas satisfaits des soins offerts par leur centre de santé ceci par
manque du matériel de prise en charge des patients alors que 10%
seulement trouvent une légère satisfaction.
L'appréciation négative de la qualité
des soins dans les centres de santé par les ménages est une
réalité car il y a un manque criard du matériel de prise
en charge des patients en milieu rural, ce qui détourne les populations
des formations sanitaires implantées en milieu rural à la
recherche des soins de santé de qualité. Par ailleurs, les
populations les plus âgées font directement recours à la
pharmacopée tradtionnelles par ce qui ayant déjà une
santé fragile.
Tout comme Herol (2017) a conforté cette situation sur
les populations rurales de Bamendjou où on note la limite dans l'offre
des soins.
Les ménages trouvent alors l'offre des soins
très limités en fonction de leurs besoins en matière de
santé, comme l'illustre le graphique suivant :
Figure 16: La perception de
la qualité des soins par les ménages dans les centres de
santé
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce graphique, 83% des ménages qui se
sont rendus dans leurs centres de santé pour des soins ont
trouvé la qualité des soins mauvaises et même très
limitées alors que 9% trouvent la qualité des soins moyenne, par
contre, 2% seulement ont apprécié et 6% ne savent pas comment
était la qualité des soins.
En somme, la mauvaise qualité des soins offerts dans
les centres de santé est due au manque d'un personnel qualifié et
des équipements dans les formations sanitaires .Ces résultats
convergent vers les travaux effectués par Leumo (2017), Hérol
(2017), Béninguisse (2013) qui ont également mis en exergue la
mauvaise prestation des soins offerts dans les formations sanitaires des zones
rurales au Cameroun.
Le niveau de qualification du personnel de santé est
également déploré par les ménages dans les zones
rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong comme un obstacle
pour l'accès aux soins de santé modernes. Car dans certains
centres de santé (CMA de Ninong), aucun personnel d'Etat n'est
présent au centre médical, ce qui fait qu'il n'y a qu'un seul
personnel communautaire qui assure la prise en charge des patients et qui n'a
presque pas subit de formation. C'est ainsi que le graphique suivant illustre
le niveau de qualification du personnel de santé selon les
ménages qui se sont rendu dans une formation sanitaire moderne pour des
soins de santé :
Figure 17: Niveau de
qualification du personnel de santé par les ménages des zones
rurales
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce graphique, 85 % des ménages ont
déclaré le non qualification du personnel de santé
présent dans leur centre de santé, il s'agit essentiellement des
ménages qui sont trop éloignés des formations sanitaires.
Par contre, 8% ont déclaré le statut moyen du personnel, 3% le
trouve médiocre, 2% ont affirmé que le personnel était
qualifié, il s'agit des ménages qui sont proches de
l'hôpital de district de Mélong et 2% n'ont eu aucune idée
en ce qui concerne la qualification du personnel.
Le personnel de santé non qualifié est
lié à une inégale répartition du personnel d'Etat
en zones rurales car le personnel en place n'est pas formé, ce qui peut
donc justifier cette défaillance du personnel observée dans les
centres de santé de notre zone d'étude. Ainsi, cette situation
contribue davantage à la dégradation de l'état de
santé dans les ménages.
Dans le même ordre d'idée, certains auteurs ont
décrié cette situation dans leurs travaux de recherche à
l'instar de Takam H. (2017), Méli V. (2018), Raynaud (2013), selon eux,
le personnel de santé n'est pas généralement
qualifié dans les zones éloignées.
4. Le manque d'équipement
dans les centres de santé
Dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement,
le taux d'équipement sanitaire reste très faible. Car quelques
centres de santé existants, sont mal entretenus et d'autres sont
abandonnés dans la broussaille, ce qui pose un réel
problème d'utilisation de ces centres de santé. Au centre de
santé intégré de Ndokou par exemple, il n'y a que 3 lits
pour 2000 habitants, on note une absence du laboratoire et même d'une
pharmacie de médicament, ce qui pousse les populations à faire
recours à l'automédication. Ces équipements ne respectent
pas les normes de l'OMS en matière d'équipements dans les
formations sanitaires qui sont de 50 lits/200 habitants. De plus, à la
question de savoir pourquoi ils n'ont pas utilisés les services de
santé modernes au cours des 4 derniers mois, 95% des ménages
enquêtés dénoncent le manque d'équipement dans les
centres de santé ainsi [« Dans notre centre de
santé, on ne fait pas des examens, parfois la maladie nécessite
bon un traitement ou bien une opération mais il n'y a pas de
laboratoire, ce qui pousse la population à se soigner
autrement qu'en recourant aux services de santé
modernes »]. (Extrait de l'entretien avec un chef de centre de
santé en zone rurale appelé Biko A).
Le tableau suivant présente la situation des
équipements sanitaires dans les villages ayant fait l'objet de notre
étude :
Tableau 17: Les
équipements des centres de santé en zone rurales
Villages
|
STATUT
|
Equipements
|
Appréciation
|
Normes de l'OMS
|
NINONG
|
CMA
|
-2 lits
- pas de pharmacie
- Pas de laboratoire
-1 bâtiment
- 4 salles
|
Insuffisant
|
-50 lits/1000habitants
|
NDOKOU
|
CSI
|
-4 lits
- Pas de pharmacie
-Pas de laboratoire
-1 bâtiment
-4 salles
|
Insuffisant
|
50 lits/1000habitants
|
MBOUASSOUM
|
CSI
|
-5 lits
-Pas de pharmacie
-Pas de laboratoire
-1 bâtiment
-5 salles
|
Insuffisant
|
50 lits/1000habitants
|
MAMA
|
SCI
|
Ne fonctionne pas et est fermé
|
|
50 lits/1000habitants
|
EDIENGO
|
Pas de centre de santé
|
|
|
|
NZOBI
|
Pas de centre de santé
|
|
|
|
Source : enquête de terrain 2020, rapport du district
de santé de Mélong
On constate qu'il y a un manque criard d'équipements
dans certains centres de santé avec l'absence des pharmacies en
médicaments et des laboratoires pour faire des examens. Ces
équipements ne respectent pas les normes recommandées par
l'OMS.
De plus, on note aussi le non fonctionnement de certains
centres de santé à l'exemple de ceux de Mama et de Ninong selon
nos enquêtes, ils sont généralement fermés. Ce qui
contribue d'ailleurs à la dégradation de la situation sanitaire
des populations. En effet, 90% de nos enquêtés ont répondu
qu'en cas de maladie, le traitement se fait à domicile car disent-ils
c'est le niveau d'infrastructure de santé et de leur mode de
fonctionnement qui déterminent l'utilisation des services de
santé modernes. La situation devient de plus en plus compliquée
pour les populations n'ayant pas de centre de santé dans leurs villages
(Nzobi, Ediengo) où il faut parfois parcourir pratiquement 40 km pour
atteindre une formation sanitaire.
En somme, ce manque adéquat du matériel de prise
en charge des patients dans les formations sanitaires est une
problématique pour la fréquentation des structures sanitaires des
zones rurales. Ainsi, les ménages ne trouvent pas satisfaction
auprès des services de santé modernes de leur localité. De
plus, ce manque d'équipements dans les centres de santé de notre
zone d'étude est une conséquence de la négligence et
l'abandon des zones rurales par les pouvoir publics car les ressources
sanitaires ne sont pas régulièrement affectées dans les
centres de santé tout comme le personnel.
Dans le même ordre d'idée, Comolet,(2000, P19)
dans ses travaux effectués en Guinée estime que le taux
d'équipement sanitaire reste très faible en guinée, 0.4
lits pour 1000 habitants alors que les usagers des services de santé
assurent environ 30 % du budget des hôpitaux.
5. Les effets sanitaires
néfastes dans les ménages liés à la
défaillance des politiques publiques de santé dans les zones
rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong
Les dysfonctionnements observés dans les centres de
santé des zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong ne manquent pas de générer des conséquences
négatives sur les populations dont les cas d'accouchements à
domicile du fait de l'absence régulier du personnel santé dans
les structures sanitaires implantées en zones rurales, du manque
d'équipements dans lesformations sanitaires, de longues distances
à parcourir etc... En effet, lors de nos enquêtes de terrain, les
ménages ont déclaré avoir eu régulièrement
des cas d'accouchement à domicile, comme l'illustre le diagramme
suivant :
Figure 18: Les cas
d'accouchement à domicile dans les ménages
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce diagramme que 67% (123 ménages) des
ménages ont affirmé avoir régulièrement des
accouchements à domicile pour cause, le mauvais fonctionnement des
formations sanitaires rurales mais aussi pour des contraintes
financières, « ma femme a déjà eu plusieurs
fois à accoucher à la maison sans l'assistance d'un personnel de
santé à cause de l'absence d'un centre de santé dans notre
village et l'éloignement des autres centres de
santé » (affirme un chef de ménage
âgé de 53 ans), et 33% de ménages ont
déclaré que les accouchements dans leurs ménages se font
généralement hors du village soit un mois avant l'accouchement,
ils envoient leurs épouses en ville pour attendre qu'elles accouchent
avant de revenir au village tout juste après l'accouchement.
En suite, 5,5% des ménages ont déclaré
aussi avoir déjà eu des cas d'accouchement en chemin à
cause de l'éloignement des structures sanitaires, « elle
se rendait au Centre de santé, subitement elle a accouchée en
route à cause de l'éloignement du centre de
santé et de l'absence du personnel» (affirme un
chef de ménage âgé de 50 ans).
En fin, l'absence du personnel entraine également des
décès au sein de certains ménages comme l'affirme ce chef
de ménage âgé de 45ans « J'ai perdu ma
nièce la dernière fois qu'elle était au centre de
santé de notre village pour accoucher, l'infirmier était absent,
ce qui fait qu'elle était malheureusement décédée
en voulant accoucher à la maison ». A travers ces propos,
il se pose ici un problème d'accès aux soins de santé
maternelles dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong puisque les femmes ont aussi du mal à accéder aux
soins de santé modernes dans ces milieux enclavés.
De nombreux dysfonctionnements observés dans les
centres de santé des zones rurales de l'arrondissement de Mélong
tirent la sonnette d'alarme sur le renforcement du secteur de la santé
moderne pour le bien-être et l'épanouissement des populations. Vu
les conséquences observées dans les ménages, les mesures
pratiques doivent être envisagées pour limiter ces effets
néfastes.
Ces résultats vont dans le même sens avec les
travaux effectués par Ndingadet (2000 , P70) qui montrent que du
fait de la faiblesse des services de soins, plusieurs femmes africaines
habitant le milieu rural perdent la vie en voulant donner naissance. Cette
perte de vie est causée par l'inaccessibilité aux soins
appropriés et à la limite dans l'offre, par ce qu'elles n'ont
pas pu se rendre dans une structure sanitaire, par ce qu'elles n'avaient pas de
moyens pour se rendre dans une structure sanitaire, dans les centres de
santé afin de se procurer des soins. Dans le même ordre
d'idée, Agnès Guillaume (1995) dit que la distance parcourue par
une femme zone rurale pour s'acquérir des soins d'accouchement
appropriés est très longue et de ce fait, en zone rurale on
assiste donc à des cas récurrents des décès pour
tenter de donner naissance à un enfant.
CONCLUSION
Le présent chapitre s'est donné pour objectif
d'analyser les facteurs qui entravent l'accès aux soins de santé
modernes dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong. Il en ressort que les facteurs qui entravent l'accès des
ménages aux soins de santé modernes sont d'abord d'ordre
géographiques à l'instar des longues distances à
parcourir, le temps mis pour atteindre un centre de santé et le mauvais
état de la route (boueuse, glissante et même impraticable).
Ensuite les difficultés d'ordre économiques dont le revenu bas
des chefs de ménage qui ne permet pas de couvrir les soins de toute la
famille, le coût élevé des soins de santé modernes
et le coût des frais de transport pour se rendre dans une formation
sanitaire. Enfin les difficultés liées à la
défaillance des politiques publiques de santé dont l'absence des
centres de santé dans certains villages ayant fait l'objet de notre
étude, l'absence régulier du personnel de santé,
l'insuffisance des équipements dans les centres de santé qui ne
manque pas de générer des cas d'accouchement à domicile
(67%) et des décès dans les ménages. Cependant, les deux
modes de transport restent à pied et à moto en plus des
techniques de transport utilisées par les ménages pour
transporter les patients à l'instar des brancards fabriqués
localement, le dos, le porte-tout. Ainsi, pour faire face à ces
difficultés, les stratégies de résilience ont
été adoptées par les ménages dont les pratiques
socioculturelles.
CHAPITRE III : LES PRATIQUES SOCIOCULTURELLES
PALLIATIVES AUX DIFFICULTES D'ACCES AUX SOINS DE SANTE MODERNES DANS LES
ZONESRURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
INTRODUCTION
La médecine traditionnelle est la somme totale des
connaissances, compétences et pratiques qui reposent sur des
théories, des croyances et expériences propres à une
culture et qui sont utilisées pour maintenir le bien-être et la
bonne santé ainsi que pour prévenir, diagnostiquer, traiter et
guérir des maladies physiques et mentales (OMS, 2019). Face aux
difficultés d'accès aux soins de santé modernes,
c'est-à-dire face à l'absence des formations sanitaires, le
manque de moyen financiers, l'absence régulière du personnel au
centre de santé, l'éloignement des formations sanitaires et les
longues distances à parcourir, en bref la défaillance des
politiques publiques de santé, les pratiques socioculturelles
apparaissent comme une solution pour les ménages des zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong. Ainsi, à travers
la médecine traditionnelle (pratique qui repose essentiellement sur des
remèdes produits à partir des dérivés de la nature
et notamment de la forêt : plantes, écorces), les soins
parallèles, la population parvient à se soulager en cas de
problème sanitaire. L'objectif de ce chapitre est de déterminer
les pratiques socioculturelles en rapport avec l'hypothèse selon
laquelle il existe des pratiques socioculturelles palliatives aux
difficultés d'accès aux soins de santé modernes. Ce
chapitre se propose donc de mettre en exergue la place de la médecine
parallèle face à la défaillance des politiques publiques
de santé dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong d'une part et de proposer les mesures pouvant améliorer
l'accès des ménages aux soins de santé modernes dans ces
zones rurales enclavées.
I. LES PRATIQUES
SOCIOCULTURELLES PALLIATIVES AUX DIFFICULTES D'ACCES AUX SOINS DE SANTE
MODERNES DANS LES ZONES RURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
Les populations rurales africaines sont restées
très attachées aux pratiques de la médecine
traditionnelle. Avant l'arrivée des colons, la médecine
traditionnelle était l'unique forme de médication utilisée
pour la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies
sociales, mentales et physiques pour des populations vivant en Afrique
(Lemouogue J, 2018) et elle le reste encore pour la majorité d'entre
elles, en particulier dans les zones rurales difficilement accessibles et
l'OMS (2020) estime que « les guérisseurs
traditionnels forment un groupe de praticiens importants qui
bénéficient souvent d'une grande crédibilité et
d'un profond respect au sein de leurs communautés ».
Dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong, 80% de la population compte en premier lieu sur la
médecine traditionnelle pour des soins primaires. C'est ainsi donc qu'on
note la présence de nombreux tradipraticiens et des plantes
médicinales considérés comme une solution pour faire face
aux difficultés d'accès aux soins de santé modernes dans
les ménages.
1. Les raisons de recours
à la médecine traditionnelle dans les ménages
Dans un environnement où les ressources sanitaires sont
limitées, la médecine traditionnelle permet de fournir des
traitements autres que des produits pharmaceutiques couteux dans les zones
rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong. L'utilisation de
la médecine traditionnelle dans les ménages est dû soit
à l'éloignement des centres de santé qui se situent
à plus 20 km pour certains, soit l'absence d'un centre de santé
dans le village, soit l'absence régulier du personnel de santé au
centre de santé qui ne supporte pas les conditions de vie difficiles en
milieu rural, soit à cause des longues distances à parcourir pour
atteindre une formation sanitaire. C'est ainsi que le diagramme suivant
illustre les raisons de recours à la médecine traditionnelle
évoquées par 200 ménages issus de nos enquêtes de
terrain :
Figure 19: Les raisons de
recours à la médecine traditionnelle
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce graphique que 34% de ménages font
recours à la médecine traditionnelle à cause de l'absence
régulière du personnel de santé, 33% à cause de
l'absence d'un centre de santé dans le village. De plus, 17% ont
déclaré faire usage de la médecine traditionnelle à
cause des longues distances à parcourir et enfin 14% à cause
des coûts élevés des soins de santé modernes.
En somme, nous constatons que la médecine
traditionnelle est sollicitée par les ménages pour des premiers
soins en cas de maladie, ainsi « notre principal remède
ici chez nous c'est la tradition car on a ni centre de santé, ni route
et notre village est très enclavé » (affirme un
chef de ménage âgé de 45 ans appelé Ebombé
E.). A travers ces propos, on constate que les ménages font recours
à la médecine traditionnelle à cause de nombreuses
dysfonctionnements observées dans le secteur de la santé publique
et le manque de moyens financiers, ce qui implique alors un fort attachement
à la médecine traditionnelle.
Dans ce contexte, le Dr Alan GREENBERG (2020) affirme
« En tant que médecin à la retraite, je peux
honnêtement affirmer qu'à moins que vous soyez impliqué
dans un accident sérieux, votre meilleure chance d'atteindre la vieille
avancée, c'est d'éviter les médecins et les hôpitaux
et d'apprendre la nutrition, la médecine des plantes et autres formes de
médecine naturelle, à moins que vous ne soyez assez riche pour
avoir un naturopathe à votre disposition. Presque tous les
médicaments sont toxiques et sont conçus pour traiter seulement
les symptômes, et jamais pour vous soigner ».
2. Construction et
structuration des pratiques sanitaires locales à travers la contribution
des tradipraticiens dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement
de Mélong
Les services des tradipraticiens varient du diagnostic
à la prévention en passant par le traitement (lemouogue,
2018).
Dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong, particulièrement dans les six villages ayant fait
l'objet de notre étude, l'on a noté la présence des
tradipraticiens qui offrent des soins de santé traditionnels. Car ces
tradipraticiens traitent beaucoup plus les maladies les plus récurrentes
dans leurs villages respectifs à travers des consultations
traditionnelles et des traitements curatifs et en plus à des prix
abordables, selon les ménages qui estiment que les soins de santé
traditionnels sont mille fois moins cherts et efficaces que les soins de
santé modernes. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle ils
préfèrent sans doute les soins de santé traditionnels en
cas de problème de santé.
Le tableau suivant illustre les maladies traitées
quotidiennement par les tradipraticiens, les coûts de consultation et de
traitement :
Tableau 18: Les maladies
traitées par les tradipraticiens
Villages
|
Nombre de tradipraticiens par village
|
Nombre de personnes reçues par mois pour des
soins
|
Coût de la consultation
|
Maladies traitées
|
NINONG
|
2
|
88
|
500
|
-Typhoïde
-Hémorroïde
-Paludisme
-Convulsion
|
NDOKOU
|
3
|
79
|
200
|
-Hémorroïde
-Toux
-Accouchement difficile
-Paludisme
|
MAMA
|
2
|
50
|
300
|
-Paludisme
-Typhoïde
- Diabète
-Hépatite
|
MBOUASSOUM
|
5
|
60
|
500
|
-Paludisme
-Typhoïde
-Dysenterie
-Tétanos
-Diarrhée
|
NZOBI
|
3
|
100
|
250
|
-Typhoïde
-Paludisme
-Mal de rein
|
EDIENGO
|
1
|
90
|
500
|
-Paludisme
-Typhoïde
-Accouchement
-Mal de dos
- Maux de tète
|
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce tableau, les six villages ayant fait
l'objet de notre étude sont dotés chacun d'au moins un
tradipraticien qui assure les soins de santé traditionnels. A cet effet,
le nombre de patients varie en fonction des localités et de
l'efficacité des soins du tradipraticien, d'un village à un
autre, aussi, les coûts de consultation varient d'une localité
à une autre par exemple à NINONG, il coûte 500 F alors que
à NDOKOU, il ne coûte que 200 F, cela est aussi fonction de
l'éloignement du village.
Les maladies régulièrement consultées par
les tradipraticiens varient aussi en fonction des villages, à MAMA par
exemple, les maladies les plus récurrentes sont le paludisme et le
diabète qui attaque beaucoup plus les personnes âgées
alors qu'à NDOKOU nous avons la toux et le paludisme. Toutefois, On
constate que le paludisme et la typhoïde sont presque présents
dans tous les villages, ce qui signifie d'ailleurs que les ménages
souffrent beaucoup plus de ces deux maladies, comme ils ne peuvent pas se
rendre aux centres de santé modernes, ils se rendent plutôt chez
les tradipraticiens pour des soins, comme l'affirme le
tradipraticien « Les maladies qui ne se traitent pas
à l'hôpital je les traitent, parfois quelqu'un quitte
l'hôpital, il vient se soigner chez moi et je lui traite parfaitement, il
trouve la guérison » « ( extrait de l'entretien avec
le tradipraticien du village Ndokou le 30 mars 2020 nommé Mr
Enoné S.).
En effet, la particularité de ces soins selon les
tradipraticiens est qu'ils sont à bas prix et abordables pour tout le
monde même les ménages les plus pauvres et même parfois le
traitement se fait gratuitement, en plus c'est un traitement à base de
plantes naturelles et sans effet secondaire sur la santé.
Photo 2
Photo 1
Clichet : MBELLA
Planche 9: Cabinet de
consultation d'un tradipraticien
Cette planche présente pour la photo 2 le cabinet de
consultation d'un tradipraticien situé au village NINONG et la photo 1
représente une plante médicinale qui traite la fièvre
typhoïde appelée « Bouangue » en langue
locale.
Lors de nos enquêtes de terrain, 99% de ménages
ont affirmé qu'il existe des tradipraticiens dans leurs villages et
qu'ils s'y rendent souvent pour des soins de santé traditionnels en cas
de maladie, à la question de savoir si consultation d'un tradipraticien,
existe-il dans le village ? On a obtenu le graphique suivant :
Figure 20: La présence
des tradipraticiens dans les villages
Source : enquête de terrain 2020
On constate une surabondance des tradipraticiens dans les
villages des zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong qui assurent les soins de santé traditionnels car 99% des
ménages ont avoué l'existence des tradipraticiens dans leurS
villages respectifs.
3. La prédominance des
pratiques culturelles tandant à prendre le dessus sur l'orthodoxe
établie en matière de soins dans les ménages
Dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong, les ménages utilisent divers services de la
médecine traditionnelle soit par manque de moyens financiers, ainsi,
« actuellement je suis malade et je n'ai pas d'argent pour me
rendre à l'hôpital. Je vais plutôt me rendre chez le
tradipraticien du village pour des soins » (affirme un chef de
ménage âgé de 70 ans appelé Ewangué A). De
plus, pour chaque type de maladie, il y a des herbes pour le traitement selon
nos enquêtes comme l'affirme ce chef de village « Chez
nous, quand quelqu'un est malade, il part en brousse se défendre avec
les herbes pour voir après, par exemple mon fils qui venait
d'être malade a été traitée par le
tradipraticien » (affirme un chef de ménage
âgé de 62 ans, appelé NDJILE H.). A travers ces propos,
nous voyons que la médecine traditionnelle est une culture dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong car les
ménages comptent d'abord sur celle-ci en cas de maladie. Cependant, les
ménages font donc recours à la médecine traditionnelle
pour plusieurs maladies, comme l'illustre le graphique suivant :
Figure 21: Les types
maladies traitées traditionnellement dans les ménages
Source : enquête de terrain 2020
Soixante-dix pourcent de ménages ont
déclaré avoir fait recours à la médecine
traditionnelle pour tous les types de soins en cas de maladie et pour cause
l'éloignement des formations sanitaires et la pauvreté
financière, 19% ont affirmé avoir consulté les soins
traditionnels pour le paludisme qui est récurrent dans les villages
à cause de la non utilisation d'une moustiquaire imprégnée
à longue durée d'action. Ensuite les maladies mystiques (19%)
encore appelées maladies compliquées que les ménages
estiment qu'elles ne se traitent pas avec les soins de santé modernes,
préfèrent alors consulter les tradipraticiens pour des soins
appropriées, ainsi, « pour savoir de quoi je souffre
exactement, parfois la médecine moderne ne voit pas la maladie mais
c'est le tradipraticien qui voit plutôt » (extrait de
l'entretien avec le chef traditionnel du village Nzobi le 26 Mars 2020
nommé Eboua E.).
Les chefs de ménage font consulter
régulièrement les personnes de leurs ménages chez le
tradipraticien pour des soins. En effet, pendant nos enquêtes de terrain,
les ménages disaient qu'ils utilisent régulièrement les
soins de santé traditionnels pour toute la famille en cas de
nécessité. Le tableau suivant présente les personnes du
ménage ayant déjà consultées la médecine
traditionnelle dans les différents ménages :
Tableau 19: Les personnes
du ménage ayant consultées la médecine
traditionnelle
Les personnes du ménage
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Catégorie de personnes
|
Enfants
|
13
|
6,5
|
Adultes
|
22
|
11,0
|
Tout le monde
|
160
|
80,0
|
Total
|
195
|
97,5
|
Total
|
200
|
100,0
|
Source : enquête de terrain 2020
A travers ce tableau, on constate que la majeure partie de la
population des zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong n'a pas accès aux soins de santé modernes, car
l'utilisation de la médecine traditionnelle est très
répandue. Ainsi, presque tout le monde dans le ménage consulte le
tradipraticien (80%) y compris les enfants (6,5%) et les adultes (11%),
« tout le monde consulte le tradipraticien dans ma maison par ce
que le centre de santé de notre village est fermé mais aussi
à cause de l'efficacité du traitement » (affirme
un chef de ménage âgé de 35 ans appelé NGOUNDE E.).
A travers ces propos, les pratiques médicinales socioculturelles sont
très avancées en milieu rural de l'arrondissement de
Mélong, cette idée rejoint celle d'Emmanuel Mpondo (2012)
où la médecine traditionnelle est ancrée dans les
traditions ancestrales africaines.
Au cours de nos enquêtes de terrain, les ménages
ont affirmé que la pauvreté financière et le mauvais
fonctionnement des centres de santé sont les principaux facteurs qui les
amènent à utiliser régulièrement la médecine
traditionnelle. Car lorsque les enfants sont par exemple malades, les soins
viennent des tradipraticiens du village par ce qu'ils ont une santé
fragile selon eux. Par contre les adultes qu'à eux peuvent prendre
à la fois les plantes médicinales et la consulter les
tradipraticiens en cas de gravité de la maladie.
4. Les autres soins
parallèles Utilisées dans les ménages
Les soins parallèles ici sont entendus comme les autres
pratiques socioculturelles auxquelles les ménages font aussi recours en
cas de maladie.
4.1 La voyance
Il s'agit d'une pratique qui consiste à regarder
spirituellement l'état de santé du patient par un tradipraticien
qui a une vision de prophétie. Les ménages moins nantis ou
ignorant des zones rurales enclavées de l'arrondissement vont d'abord
à la voyance car c'est lorsqu'ils n'obtiennent pas la guérison
qu'ils frappent à la porte de la médecine moderne par
contrainte. A l'inverse, les cas despatients les plus
désespérés de la médecine moderne finissent par se
diriger vers la médecine traditionnelle, ainsi, « On
m'avait empoisonné, je suis parti à l'hôpital, je n'ai pas
pu trouver de guérison et en fin c'est le tradipraticien du village qui
m'a sauvé à travers la voyance» (extrait de l'entretien
avec un chef de village le 30 mars 2020 nommé Nguité R.). Ainsi,
la voyance apparait donc comme une certaine forme de consultation
administrée par un tradipraticien aux patients afin de détecter
la cause exacte de la maladie dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong. De plus, les ménages estiment que
certaines maladies échappent la médecine moderne et que seules
les écorces peuvent facilement évacuer et aussi car l'explication
de certains maladies mystiques n'est possible que la voyance. Comme le confirme
cet extrait[Le monde dispose de nombreux atouts parmi lesquels une
diversité végétale et minérale importante. Cette
biodiversité des plantes et des minéraux bien utilisée
restaure la santé des hommes et des animaux. C'est d'ailleurs ce
qu'avaient par un savoir séculaire toujours utilisé nos parents
pour guérir des affections parfois inconnues de la médecine dite
conventionnelle. Longtemps relayée au second plan, il est plus que
temps aujourd'hui que nous réveillions cet héritage en vue de
donner une nouvelle alternative de soins aussi bien aux populations qu'aux
animaux]. (Extrait de l'entretien avec un tradiprticien nommé
AMADOU).
4.2 Les lieux sacrés
Les lieux dits sacrés sont les lieux où les
rites culturels et les sacrifices sont régulièrement faits dans
l'optique de recouvrer la santé du requérant ou de lui assurer le
bien-être (Lemouogue J. et Djouda Y, 2018, P 272).
Dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong, les lieux sacrés sont des espaces réservés
pour des pratiques traditionnelles, qui sont généralement
isolés et dont l'accès y est prohibé pour toute personne
étrangère, appelé en langue locale
« Abein ». Les ménages des zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong font recours aux lieux
sacrés pour une restauration normale de l'état de santé du
patient. Selon nos enquêtes, cette technique consiste à amener le
patient sur l'Abien pour solliciter sa guérison auprès des
ancêtres, le milieu étant fortement influencé par la
présence des esprits. Par ailleurs, au terme de la sortie du patient au
lieu sacré, il peut retrouver sa santé normale par le biais de la
bénédiction des ancêtres, comme l'affirme ce chef de
village « les lieux sacrés constituent l'un des moyens de
guérison en cas de maladie dans notre village étant donné
qu'on a pas facilement accès aux soins de santé modernes à
cause des contraintes financières » (extrait de
l'entretien avec le chef du village nommé Etikwé E. Nzobi le 25
Mars 2020).
Photo 2
Photo 1
Planche 10: Quelques lieux
sacrés dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong
Ces images représentent quelques lieux sacrés
(recours thérapeutique) situés respectivement pour les photo 1
dans les villages Mbouassoum ( Qaurtier Ngol) et et la photo 2 à
Ninong ( Quartier Essoukouo). Une fois que les problèmes de santé
sont identifiés et nommés, on peut s'interroger sur les
explications qui en sont données et qui mettent en cause les dieux et
les esprits.
4.3 La prière
La prière est un acte codifié ou non, collectif
ou individuel, par lequel on s'adresse à Dieu ou à une
divinité ou à un être désigné comme
médiateur de Dieu. Ainsi les ménages des zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong font également
recours à la prière en cas de maladie pour solliciter la
guérison car selon eux la prière est un cri de coeur montant
directement vers Dieu. Les prières quotidiennes se font
généralement à domicile et dans les églises pour
implorer la grâce du très haut afin d'obtenir des soins dits
spirituels.
Le graphique suivant illustre les différentes
proportions des ménages qui utilisent les autres soins
parallèles :
Figure 22: Les autres soins
parallèles utilisés par les ménages
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce graphique que 74% de ménages font
recours à la voyance en cas de maladie par contre, 22% utilisent la
prière comme autre soins parallèle car selon eux, l'esprit sain
viendra délivrer le malade afin qu'il puisse définitivement
trouver la guérison et 4% de ménages font recours aux lieux
sacrés pour tenter de trouver la guérison.
L'utilisation des autres soins parallèles dans les
ménages contribue à rendre dynamique le traitement des patients
atteint d'une maladie. De plus, les personnes âgées tout comme les
enfants s'y rendent souvent à la quête de la guérison, ce
qui peut expliquer le fort attachement à ce volet de la médecine
et sa vulgarisation dans les villages. Les longues distances à
parcourir, les nombreux dysfonctionnements observés dans les centres de
santé sont à l'origine de la repentance de ces pratiques.
Cependant, ces résultats rejoignent les
résultats des travaux effectués dans la ville de Dschang par
Lemouogue J. et Djouda Y. (2018, P 265) où les populations font recours
à la voyance et aux lieux sacrés en cas de maladie.
5. Le coût de traitement
de la médecine traditionnelle et la satisfaction des ménages de
celle-ci
5.1 Le coût de traitement
des soins de la médecine traditionnelle dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong
Le choix des recours thérapeutiques ( hôpital,
tradipraticiens) s'effectue en grande partie, selon diverses formes
d'évaluation profane de la qualité des structures de soins et de
leur supposée capacité à traiter les maladies, non telles
qu'elles sont médicalement définies, mais selon la manière
dont elles sont ressenties et interprétées (Jaffré, 2000)
et aussi selon leur accessibilité (proximité des structures
sanitaires, coût des traitements, disponibilité et comportement du
personnel de santé qui traite les clients avec courtoisie).
Par rapport aux soins de santé modernes, les
ménages des zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong trouvent les coûts de traitement de la médecine
traditionnelle abordables. C'est ainsi donc qu'ils font la majorité de
leurs traitements auprès des tradipraticiens à bas coût et
aussi, le coût de traitement n'est pas fixe car il varie selon les
tradipraticiens et même les villages allant de 2000F à 25000 F
selon la maladie. Cependant, si les coûts de traitement de la
médecine moderne sont élevés, le recours à la
médecine traditionnelle apparait comme un impératif pour les
ménages en détresse financier des zones rurales enclavées
de l'arrondissement de Mélong en cas de maladie avant de voir
l'évolution de l'état de la santé du patient. C'est
lorsque l'état de la santé du patient ayant pris les soins
traditionnels ne s'améliore pas qu'on l'achemine vers un centre de
santé moderne pour des soins intensifs en parcourant de longues
distances.
Le tableau suivant fait une synthèse des dépenses
en soins de santé traditionnels dans les ménages :
Tableau 20: Tableau
croisé Dépenses de la médecine traditionnelle pour
consultation dans le ménage * Dépenses de la médecine
traditionnelle pour le traitement dans le ménage
|
Dépenses de la médecine traditionnelle pour le
traitement dans le ménage
|
Total
|
2000 F
|
4000 F
|
5000 F
|
7000F
|
8000F
|
10000F
|
12000F
|
15000F
|
20000F
|
25000F
|
Dépenses de la médecine traditionnelle pour
consultation dans le ménage
|
200 F
|
12
|
36
|
47
|
0
|
1
|
3
|
0
|
2
|
0
|
1
|
102
|
500 F
|
0
|
3
|
67
|
1
|
2
|
12
|
2
|
6
|
5
|
0
|
98
|
Total
|
12
|
39
|
114
|
1
|
3
|
15
|
2
|
8
|
5
|
1
|
200
|
5.2 La satisfaction des
ménages des soins de santé de la médecine
traditionnelle
Après la prise des produits de la médecine
traditionnelle et l'administration des soins de santé traditionnels par
les tradipraticiens, les patients peuvent retrouver la guérison tout
comme ils peuvent ne pas la trouver. En effet, la satisfaction des soins
dépend de l'efficacité du traitement administré par le
tradipraticien. C'est ainsi qu'affirme ce chef de ménage
« Ici chez nous on n'a pas de centre de santé, notre
principal pourvoyeur des soins c'est la médecine traditionnelle et nous
sommes très satisfait de la qualité des soins »
(affirme un chef de ménage âgé de 45 ans nommé
EBOUELE A). A travers ces propos, on constate une valorisation de la
médecine traditionnelle par les ménages étant donné
qu'il n'y a pas de centre de santé pour certains et pour d'autres, les
centres de santé ne fonctionnent pas. D'où ce fort attachement
à ce volet de la médecine. A cet effet, c'est lorsque le patient
ne trouve pas la guérison auprès des tradipraticiens qu'il fait
recours à la médecine moderne par contrainte en parcourant des
kilomètres sur une route dégradée pour atteindre la
structure sanitaire sollicitée. Selon les chefs de ménages,
certains soins de la médecine traditionnelle sont parfois mauvais
c'est-à-dire ne traitent pas véritablement la maladie.
Le graphique suivant présente les différentes
proportions en fonction de l'appréciation des soins de la
médecine traditionnelle :
Figure 23: Degré de
satisfaction des ménages de la médecine
traditionnelle.
Source : enquête de terrain 2020
Deux pourcent de ménages ayant fait recours à la
médecine traditionnelle ne sont pas du tout satisfait alors que 18% sont
moyennement satisfaits d'une part et 45% sont satisfaits des soins alors que
35% sont très satisfaits des soins offerts par la médecine
traditionnelle.
En somme, la satisfaction des soins de la médecine
traditionnelle varie selon les villages et les ménages car parfois les
soins reçus basculent définitivement le patient vers une parfaite
guérison. Ce qui correspond alors à une entière
satisfaction et constitue tout de même une fierté au sein du
ménage.
Ces résultats vont dans le même sens avec les
travaux effectués par Megne C. (2012, P74) à Bamougoum,
Méli V. (2018, P22) où les femmes enceintes utilisent la
médecine traditionnelle et trouvent une entière satisfaction.
6. Le recours aux soins de
santé mixtes dans les ménages
Les recours aux soins sont orientés vers l'utilisation
des services de santé modernes et les pratiques socioculturelles dans
les ménages.
6.1
L'automédication/ médecine moderne
L'automédication peut se définir comme l'auto
administration des médicaments en provenance des officines
pharmaceutiques sans ordonnances médicales (Takam H,2017). Si
différentes études ont montré que l'automédication
par la population constitue l'un des facteurs du non consultation dans les
services des soins de santé, dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong, c'est plutôt le contraire où le
recours aux soins de santé mixtes est parfois conditionné par de
nombreux dysfonctionnements observés dans le secteur de santé.
Dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong, les ménages font recours à l'automédication
parfois à cause de l'absence d'une pharmacie au centre de santé,
parfois l'éloignement des formations sanitaires et la pauvreté
financière, ainsi, « lorsque je n'ai pas d'argent pour me
rendre à l'hôpital, j'achète les médicaments de la
rue qui sont d'ailleurs moins coûteux et aussi les centres de
santé sont trop loin et on ne peut pas se déplacer
facilement » (affirme un chef de ménage âgé
de 38 ans appelé Diongué S.). De plus, l'automédication
apparait comme une pratique socioculturelle pour faire face aux déficits
des soins de santé modernes car parfois l'accès dans ces villages
n'est pas souvent évidant. De plus, l'utilisation de
l'automédication est perçue comme une mesure palliative aux
soins de santé modernes dans les ménages.
6.2
Auto-médecine/médecine traditionnelle
Pour rendre davantage efficace le traitement, les
ménages utilisent à la fois l'auto-médecine et la
médecine traditionnelle. En effet, selon les ménages, ce cumul de
soins consiste à administrer les deux types de soins au même
moment pour que le patient trouve rapidement la guérison. Raison pour
laquelle l'usage des écorces et des plantes médicinales est de
plus en plus récurrente dans les ménages en cas de maladie
accompagnés par les médicaments de la rue car selon eux, une
maladie comme par exemple la typhoïde ne se traite pas à la
médecine moderne, mais plutôt à la médecine
traditionnelle. Cela est dû au fait que les services de santé
modernes sont hors de leur portée, « nous utilisons la
médecine traditionnelle et l'auto-médecine pour pallier aux
difficultés d'accès aux soins de santé modernes car
lorsqu'il n'y a pas moyen de se rendre dans un centre de santé, je fais
recours à l'auto-médecine/médecine
traditionnelle » (affirme le chef du village Ediengo
âgé de 45 ans nommé Eboué E.). A travers ces propos,
l'auto-médecine et la médecine traditionnelle sont fortement
utilisées dans les ménages et pour cause l'éloignement des
formations sanitaires. Cependant, le fort attachement à
l'auto-médecine/médecine traditionnelle est lié d'autre
part au faible niveau d'instruction des chefs de ménages (90%) qui n'ont
aucune connaissance sur les bienfaits de la médecine moderne.
6.3 La consultation d'un
naturopathe/médecine moderne
A la question de savoir que faites-vous lorsque vous
êtes malade et vous ne vous y rendez pas dans une centre de
santé, les ménages (90%) ont répondu que lorsqu'ils ne se
rendent pas dans une structure sanitaire, ils consultent immédiatement
les tradipraticiens pour diverses raisons dont le manque de moyens financiers,
l'éloignement des formations sanitaires, l'absence régulier du
personnel de santé et l'absence des centres de santé, des
distances à parcourir et même le mauvais état de la route.
Ainsi, le tradipraticien avec ses soins à base des produits
prélevés directement dans la nature administre les soins de
santé traditionnels aux patients en cas de nécessité,
« lorsqu'un patient arrive dans mon cabinet de consultation et
je l'administre les premiers soins. C'est à travers ces derniers que je
vois si ça peut aller ou pas et le patient à qui j'ai
administré les premiers soins sent lui-même l'impact de ces
derniers sur son état de santé » (extrait de
l'entretien avec un tradipraticien le 28 Mars 2020 appelé Mbossou
Maurice). Les ménages ayant consultés le tradipraticien ont
réaffirmé leur attachement à ce volet de la
médecine dans leurs villages respectifs par contraintes
financières et la défaillance des politiques publiques de la
santé. Par contre, parfois la consultation d'un naturopathe s'accompagne
aussi de l'utilisation de la médecine moderne dans certains
ménages (10%).
Lors de nos enquêtes de terrain, nous nous sommes
rendu compte qu'il y a des ménages qui ont consulté les
tradipraticiens pour des accouchements à domicile car il existe des
tradipraticiens qui font accoucher les femmes dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong, comme le témoigne
cet extrait [On est venu m'appeler aux environs de 20 h30 minutes
qu'une femme enceinte pleure les douleurs de l'enfant et lorsque je suis
arrivé, je l'ai mise en observation en prenant soin d'elle et de
l'enfant , lorsque je me suis rendue compte que l'enfant est déjà
à un niveau acceptable, je l'ai fait boire le remède traditionnel
car ce dernier règle tout genre de problème qu'elle peut avoir
dans le ventre. Aux environs de 23h, j'ai dit le moment est venue, pousse, elle
a donc poussé et l'enfant est sortie. Actuellement, la mère et
l'enfant se portent bien. De plus les femmes qui ont des accouchements
difficiles je soigne, j'ai déjà eu plusieurs cas ici au village.
Quand il y a un problème pareil au village, même si c'est
à 2h du matin on vient toquer ma porte] (extrait de l'entretien
avec un tradipraticien le 26 avril 2020 nommé EDJOBI R). A travers ces
propos, on constate que les difficultés rencontrées par les
ménages sont résolues par les tradipraticiens car la
médecine traditionnelle est le principal pourvoyeur des soins de la
médecine dans certains ménages qui sont pauvres
financièrement et qui n'ont ni route aménagée, ni centre
de santé.
Le graphique suivant fait ressortir les différentes
proportions des ménages sur l'utilisation mixte des soins de
santé :
Figure 24: Utilisation des
soins de santé mixtes dans les ménages
Source : enquête de terrain 2020
Soixante-cinq pourcent (65%) de ménages utilisent
à la fois l'auto-médecine/médecine traditionnelle tandis
que 28% représente la proportion des ménages ayant fait
consulté le tradipraticien pour des soins. Enfin 7% de ménages
utilisent au même moment l'auto médecine/médecine moderne
en cas de maladie. Cependant, le fort recours à la médecine
traditionnelle est lié aussi aux croyances traditionnelles (60%)
auxquelles les chefs de ménages sont attachées car selon eux
les maladies mystiques se traitent traditionnellement. De plus, il est aussi
à noter que les ménages (80%) font recours à la
médecine moderne en cas de gravité de la maladie.
La diversité socioculturelle rurale explique les choix
portés sur certaines pratiques médicinales dans les zones rurales
de l'arrondissement de Mélong.
Contrairement à une étude menée dans la
ville de Dschang par Lemouogue J. (2018, P 275), il ressort que
« 40% des ménages consultent les cliniciens pour la
santé des enfants. Pourtant, les mêmes optent pour
l'automédication lorsqu'ils constatent un état fébrile
chez un adulte. D'autres choisissent le type de traitement en fonction de leurs
connaissances et de leurs perceptions au sujet de la maladie. C'est ainsi que
2% des enquêtés font exclusivement recours à la
médecine traditionnelle pour des soins des maladies
considérées comme surnaturelles ou mystiques, qui sont selon eux
inexplicables ou mal diagnostiquées par la médecine
moderne »].
II. LES PISTES SUSCEPTIBLES
D'AMELIORER L'ACCES AUX SOINS DE SANTE MODERNES DANS LES ZONES RURALES
ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE MELONG.
Un système de santé est le garant de la
santé des populations en tant que bien-être physique, mental et
social (OMS, 2000).L'objectif de toute politique de santé est de prendre
en considération l'ensemble des problèmes de santé des
populations, rurales ou urbaines, pour améliorer les conditions de
vie.
Dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong, les ménages rencontrent encore beaucoup de
difficultés à avoir accès aux soins de santé
modernes, ceci à cause de l'insuffisance des formations sanitaires
modernes, l'éloignement des structures sanitaires, l'absence
régulier du personnel de santé, le coût élevé
des soins de santé modernes, le mauvais état des pistes rurales
et les longues distances à parcourir pour atteindre les formations
sanitaires. Ainsi,la géographie de l'implantation des structures
sanitaires n'a pas tenu compte de la spécificité et de la
diversité des soins immédiats et futurs des populations rurales
en matière de soins. Cependant, face à ces difficultés,
il est important de prendre certaines mesures pour améliorer
l'accès des populations rurales de l'arrondissement de Mélong aux
soins de santé modernes surtout les ménages des zones
enclavées. Il sera donc question dans cette partie de présenter
quelques mesures pratiques pouvant booster l'accès aux soins de
santé modernes.Pour répondre à cette situation, certaines
actions importantes ont été entreprises par le gouvernement
soutenus par les organismes internationaux en vue d'améliorer
l'accès aux soins de santé dans les milieux ruraux par la
diffusion des soins préventifs et curatifs (campagnes de vaccination
gratuites, soins de santé maternel et infantile gratuits, politique de
santé communautaire, campagnes de sensibilisation, construction de
centres de santé (Mba, 2011).
1. Aménagement des
pistes rurales
L'enclavement des pistes qui mènent dans les villages
de l'arrondissement de Mélong les rend difficilement accessible,
d'où la nécessité de les aménager et les
désenclaver afin de permettre aux populations de se déplacer
facilement en cas de maladie. De plus, cet aménagement permettra de
faciliter ou bien de résoudre le problème de
l'accessibilité géographique aux formations sanitaires. A cet
effet, les initiatives menées par la commune de Mélong relatives
à l'entretien et au réaménagement des pistes rurales
à travers des projets en collaboration avec des partenaires au
développement notamment le FEICOM, avec pour objectif principal
d'améliorer l'accessibilité géographique des villages et
de les relier avec le centre urbain qui est Mélong. Aussi, dit-on
souvent que là où la route passe le développement suit et
dans le contexte de notre étude, la route doit être un moteur de
développement du secteur sanitaire dans les zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong, avec pour corollaire
d'éviter l'état des routes boueuses, glissantes et
impraticables. Cependant, la tâche revient aussi aux Ministère des
transports, du développement rural, des travaux publics des mettre en
oeuvre des stratégies d'aménagement et de désenclavement
des pistes rurales à travers la mobilisation des ressources
financières pour l'exécution des travaux.
Au cours de nos enquêtes de terrain, nous avons
constaté l'exécution de ces projets initiés par la mairie
concernant les pistes rurales à l'instar des tronçons
MBOUASSOUM-NINONG-MAMA-MANKWA car selon le maire de la commune de
Mélong, de nombreux villages de la commune sont enclavées et ne
sont joignables que par les pistes difficilement accessibles voir
inaccessibles. D'où la nécessité de procéder
à un aménagement de celles-ci afin de faciliter la
mobilité des populations et leur épanouissement sur le plan
sanitaire.
Photo 2
Photo 1
Clichet : MBELLA
Planche 11: Pistes
aménagées
Cette planche représente respectivement pour les photos
1 et 2 les pistes reliant les villages MBOUASSOUM- NINONG-MAMA-MANKWA avec le
centre urbain. Certes il est vrai que cela ne résout pas
définitivement le problème de l'éloignement des formations
sanitaires, mais facilite ledéplacement rapide avec un moyen de
transport approprié et réduit tout de même la durée
du trajet du patient. Selon la commune de Mélong, cette action
d'aménagement des pistes rurales va s'étendre sur une
durée de 5 ans et devra se poursuivre sur toutes les routes communales
y compris les zones les plus reculées.
2. Diminuer les coûts des
soins de santé modernes
Dans les pays en développement et notamment dans les
pays africains qui souffrent de plus en plus de difficultés
économiques, les difficultés d'accès aux soins de
santé modernes pèsent fortement sur la qualité de vie des
populations rurales. Pour la population pauvre ou démunie, la
santé est un atout capital, parfois le seul dont elle dispose. A cet
effet, améliorer l'accès des pauvres aux soins représente
donc un des enjeux importants. Le coût est considéré comme
le deuxième obstacle pour l'accès aux soins de santé
modernes dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélongcar le recours aux cliniques privées tout comme aux centres
de santé publics n'est pas accessible par la catégorie de la
population pauvre du fait des coûts modernes.
Quatre-vingt pourcent des ménages des zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong dénoncent la
cherté des coûts d'accès aux soins de santé
modernes. Une conséquence de cette situation est le détournement
des populations des hôpitaux et donc une dégradation progressive
de leur niveau de santé (le recours à des tradipraticiens ou
à l'automédication présentent à terme
d'énormes risques). La mise en place d'un système de couverture
maladie contre le risque maladie est une des meilleures solutions. Il implique
de procéder à une réorganisation plus rationnelle de
l'équilibre entre l'offre et la demande de santé en
libérant la consommation des ménages des charges sanitaires, par
l'instauration d'un système assurantiel donnant aux populations la
possibilité de prépayer les frais de soins.
L'amélioration de l'accès aux soins passe aussi
par l'instauration d'un système de tarification clair, uniforme et
adapté car ce système se doit d'être clair pour bien situer
les populations sur les conditions d'accès aux soins et mettre un terme
aux pratiques de tarification officieuses (Yaya, 2009). En effet, la
réduction des coûts de soins de santé modernes permettra
aux ménages de l'arrondissement de Mélong d'accéder
financièrement aux soins de santé modernes en toute
quiétude car 80% des ménages ont un niveau de revenu assez faible
avec un nombre élevé de personnes dans le ménage. Les
coûts de traitement devraient être abordables jusqu'aux couches
des populations les plus vulnérables en milieu rural,
c'est-à-dire des coûts élevés des consultations, des
médicaments, des courses en transport collectif et de
l'éloignement rendant particulièrement pénibles et
difficiles les trajets pour les personnes à la santé
fragile.Ainsi, la réduction des coûts de soins de santé
modernes revient au MINSANTE d'appliquer cette initiative en milieu rural.
3. La construction et
l'équipement des centres de santé en milieu rural
Le problème d'accès aux soins de santé
dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong se
décline aussi par le manque des centres de santé dans certains
villages d'une part et le manque d'équipement dans les centres de
santé qui existent d'autre part. D'où la nécessité
de nouvelles constructions et de nouvelles équipements.
3.1 La construction des centres
de santé
Etant donné que certains villages (Nzobi, Ediengo)
ayant fait l'objet de notre étude ne sont dotés d'aucun centre
de santé pour la prise en charge des patients sur place, il y a une
nécessité de construire de nouveaux centres de santé afin
de permettre aux ménages de se soigner sur place car en dehors de
quelques centres de santé et postes spécialisés dans les
soins de santé primaires, les hôpitaux sont quasi inexistants ou
tout au moins se situent à des dizaines de kilomètres de ces
lieux. L'implantation des centres de santé dans ces villages permettra
non seulement de faciliter l'accessibilité géographique mais
aussi financière des ménages aux structures sanitaires. De plus,
le recours récurrent à la médecine traditionnelle et
à l'auto-médecine est lié au fait qu'il n'y a pas de
centre de santé dans ces villages car la construction des nouveaux
centres de santé pourra réduire ces phénomènes,
ainsi « s'il y avait un centre de santé dans notre
village, ce qu'on ne pratique pas trop de médecine traditionnelle, c'est
elle qui nous sauve, il nous faut un centre de santé dans le
village » (affirme un chef de traditionnel âgé de
50 ans appelé EWané T). A travers ces propos, on constate
vraiment que les ménages sollicitent l'implantation d'au moins un centre
de santé dans leurs localités.
Selon le chef de district de santé de Mélong,
les projets de construction des nouveaux centres de santé sont en cours
dans les zones rurales du district de santé de Mélong pour
faciliter l'accès aux soins de santé modernes des ménages
vivant en milieu rural, et éviter au minimum le recours à
d'autres types de médecines pouvant davantage dégrader leurs
situations sanitaires. La présence d'un centre de santé au
village sera un ouf de soulagement pour les plus ménages
défavorisées et dont le niveau de revenu ne permet pas de se
rendre hors du village pour des soins modernes.
En somme, la principale attente après
l'aménagement des pistes rurales des populations n'ayant pas de centre
de santé dans leurs villages est la construction d'un centre de
santé ou d'une case de santé pour pouvoir se soigner sur place
sans toutefois parcourir de longues distances.
3.2 L'équipement des
centres de santé des zones rurales
La banque mondiale (1993) et Kaendi (1994) soutiennent que le
niveau d'infrastructure de santé et de leur mode de fonctionnement
détermine l'utilisation des services de santé modernes. Dans les
zones rurales de l'arrondissement de Mélong, quelques centres de
santé qui existent manquent cruellement d'équipements pour la
prise en charge des patients. En effet, il y a nécessité
d'équiper les centres de santé en médicaments (pour
limiter l'automédication), en lits d'hospitalisation, en laboratoire
pour faire des analyses et des examens, en salles d'hospitalisation, en salles
d'accouchement afin de permettre aux femmes enceintes de ne plus donner
naissance à domicile mais dans un centre de santé assisté
par un personnel qualifié. Il y a aussi nécessité
d'équiper les centres de santé du milieu rural en
générateur pour l'électrification des salles de malades
hospitalisés.
Le centre médical de Ninong et le centre de
santé de Mbouassoum manquent de matériel de prise en charge des
patients, ce qui conduit les ménages à faire recours à
d'autres formations sanitaires en cas de gravité de la maladie. Ainsi,
il sera donc urgent de doter ces formations sanitaires du matériel
médical sophistiqué pour un meilleur épanouissement des
ménages sur le plan sanitaire. Etant donné que le taux
d'équipement sanitaire est très faible en milieux rural, il
revient aux acteurs de la santé à l'instar de l'Etat et ses
partenaires de mettre en place des initiatives pour élever le taux
d'équipement sanitaire en milieu rural de l'arrondissement de
Mélong.
4. Augmentation du personnel
dans les centres de santé
Certains Etats réaffirment leur volonté de
garantir une égalité d'accès aux structures sanitaires
publiques conformes au principe d'égalité des citoyens devant les
services publics. En matière sanitaire, l'OMS (2019) vise une
répartition plus homogène de l'offre des soins afin de garantir
une meilleure égalité d'accès des populations à la
santé sur l'ensemble des territoires. Malgré cela, la
problématique d'accessibilité aux soins de santé modernes
se fait de plus en plus ressentir dans certains pays d'Afrique et en
particulier au Cameroun (OMS, 2019). Dans les zones rurales de l'arrondissement
de Mélong, on note un manque criard de personnel dans les centres de
santé car le personnel de santé affecté dans ces zones a
déserté son poste de travail à cause de l'enclavement du
milieu et des conditions de vie difficiles en milieu rural. Il faut alors un
renforcement du personnel de santé avec des primes de risque selon le
chef de district de Mélong, encourager le personnel affecté en
milieu rural en leur octroyant des primes car le milieu rural est un
environnement difficile. Cependant, Une meilleure répartition du
personnel national de santé afin de pallier aux disparités
géographiques, le tout grâce à des incitations telles que
des primes pour affectation en milieu rural. Selon le chef de district de
santé de Mélong, les centres de santé de Ndokou,
Mbouassoum, Ninong se verront affecter chacun un infirmier diplômé
d'Etat pour le bien- être de la population rurale dans les années
à venir. L'affectation de ces professionnels de la santé
contribuera sans doute à une meilleure prise en charge des patients en
milieu rural.
5. Lutter contre la
pauvreté en milieu rural
Etant donné que la pauvreté et l'accès
aux soins de santé modernes vont de pair, une amélioration des
conditions de vie des populations vivant en milieu rural est importante
à travers la mobilisation des fonds par le gouvernement afin d'apporter
du soutien financier aux couches des populations les plus vulnérables.
De plus, la lutte contre la pauvreté permettra de réduire au
minimum l'automédication et la fréquentation des tradipraticiens
dans les ménages.
La lutte contre la pauvreté passe aussi par la mise sur
pied d'une véritable politique de développement des zones rurales
à travers la création des fonds de solidarité
spéciales pour les ménages habitant le milieu rural et la
création des projets agricoles, étant donné que les
ménages des zones rurales vivent essentiellement de l'agriculture de
subsistance.
- La mise en place de mécanismes de financements en
faveur des familles les plus démunies afin de les inciter à
fréquenter les centres de santé ;
- Adopter un système de rémunération en
fonction de la performance est un moyen efficace de changer le comportement du
personnel de santé car l'absentéisme est un problème dans
les zones rurales et isolées.
- Une juste répartition des fruits de la croissance
car il est urgent de renforcer les capacités des pauvres et de leur
faciliter l'accès aux facteurs de production en vue de valoriser leurs
efforts et leurs forces de travail, il faudrait également valoriser la
main d'oeuvre locale par des rémunérations objectives ;
- Une prise en compte de l'opinion des pauvres. En effet,
lorsqu'elles sont isolées et dispersées, les populations
démunies n'ont pas de pouvoir d'influence sur les décisions qui
affectent leur existence. Aussi, les populations exclues des soins et
médicaments essentiels ont recours à l'automédication et
aux tradipraticiens qui offrent des prestations et des produits de
qualité parfois douteux.
Le tableau ci-après fait ressortir les propositions des
ménages pour améliorer l'accès aux soins de santé
dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong.
En effet, 35% de ménages proposent la création des centres de
santé, 25% la création des centres de santé, 17%
l'équipement des centres de santé, 6% l'aménagement et
l'entretien des pistes rurales (12%) en passant par la sensibilisation (2%), la
diminution des coûts de soins de santé moderne (10%) et la lutte
contre la pauvreté (3%) :
Tableau 21: Propositions
faites par les ménages pour améliorer l'accès aux soins de
santé modernes
Propositions
|
Effectifs
|
Pourcentage (%)
|
|
Diminuer les coûts de soins
|
20
|
10
|
Soins gratuits
|
4
|
2
|
Créations des centres de santé
|
50
|
30
|
Equipement des centres de santé
|
35
|
17
|
Augmentation du personnel de santé dans les centres de
santé
|
40
|
20
|
Sensibilisation
|
3
|
2
|
Lutter contre la pauvreté
|
7
|
3
|
Aménagement des pistes rurales
|
12
|
6
|
Tous
|
29
|
15
|
Total
|
200
|
100,
|
Source : enquête de terrain 2020
6. L'accès aux
soins de qualité : enjeu majeur pour les pouvoirs publics, les
patients et les médecins
L'analyse du rôle et des perceptions des acteurs permet
d'identifier les enjeux stratégiques concernant le système de
santé et les territoires (E. Vigneron, C. Corvez et R. Sambuc, 2001).
L'étude des attentes et des enjeux des principaux acteurs de la
santé concernant le système de santé montre que
l'accès à des soins de qualité est une
préoccupation majeure des pouvoirs publics, des patients et des
médecins (Takam,2017).
Ainsi, pour mieux comprendre la pertinence de l'accès aux
soins de qualité, JOY Raynaud (2013) a proposé la figure
suivante :
Figure 25: Enjeux et
aspiration des acteurs de la santé
Source : Joy Raynaud,P 44
D'après cette figure, nous comprenons d'abord que pour
garantir un accès meilleur aux soins de santé, les pouvoirs
publics doivent essayer de réduire les inégalités de
l'offre des soins sur le territoire, réduire les
inégalités sociales d'accès aux soins, améliorer la
qualité des soins, aider au soutien financier des projets de
santé. Ensuite les médecins doivent permettre
l'émancipation des patients dans la prise en charge de leur
santé, doivent négocier avec les pouvoirs publics pour la mise
sur pieds des structures de santé de proximité pour les
ménages des zones rurales de l'arrondissement de Mélong, tout
ceci avec pour enjeux communs accès aux soins de santé pour
tous et accès aux soins de qualité.
7. L'éducation de la
population
Les bienfaits de la médecine moderne ne sont
plus à démontrer, mais certaines populations en particulier
celles des zones rurales ignorent encore ses bienfaits. Le niveau
d'éducation joue un rôle primordial sur la fréquentation
des formations sanitaires modernes (Takam, 2017). Ainsi, le niveau
d'instruction influence de façon substantielle le recours
thérapeutique ; plus le niveau d'instruction est
élevé, plus la proportion des malades recourant à la
médecine moderne s'accroit. Il est donc nécessaire de mettre sur
pieds des initiatives de sensibilisation et d'éducation de la population
car au cours de nos enquêtes de terrain, nous avons constaté qu'il
y a des chefs de ménages (28%) qui n'ont aucun niveau
d'éducation. Ainsi, l'éducation de la population apparait donc
comme un défi à relever pour améliorer l'accès aux
soins de santé modernes dans les zones rurales de l'arrondissement de
Mélong.
8.La santé et le
bien-être: Objectif 3 de Développement Durable (ODD)
8.1 État des
lieux : ODD et santé
L'Agenda 2030 et ses 17 objectifs de développement
durable (ODD) apportent une vision transversale soulignant l'importance d'agir
sur les déterminants de la santé des populations. Plus
spécifiquement, l'ODD 3 promeut une approche globale de la
santé.
Cet objectif doit « Permettre à tous
de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous
à tout âge » et fait de la santé une
condition préalable, le résultat et un indicateur de tous les
volets du développement durable.
Donner les moyens de vivre une vie saine et promouvoir le
bien-être de tous à tous les âges est essentiel pour le
développement durable. Cependant, de nombreuses régions sont
actuellement confrontées à de graves risques pour la
santé, notamment des taux élevés de mortalité
maternelle et néonatale, la propagation de maladies infectieuses et de
maladies non transmissibles et une mauvaise santé reproductive. Des
progrès sensibles ont été accomplis dans l'accroissement
de l'espérance de vie et la réduction de certaines causes
majeures de la mortalité infantile et maternelle, mais pour atteindre
l'objectif de moins de 70 décès maternels d'ici à 2030, il
faudrait améliorer les soins de santé qualifiés. Atteindre
l'objectif de réduire d'un tiers d'ici à 2030 les
décès prématurés dus à des maladies non
transmissibles nécessiterait également des technologies plus
efficaces pour l'utilisation de combustibles propres pendant la cuisson et
l'éducation aux risques du tabac.
De nombreux efforts supplémentaires sont
nécessaires pour éliminer complètement un large
éventail de maladies et résoudre de nombreux problèmes de
santé persistants et émergents. En mettant l'accent sur un
financement plus efficace des systèmes de santé,
l'amélioration de l'assainissement et de l'hygiène, un meilleur
accès aux professionnels de santé et davantage de conseils sur
les moyens de réduire la pollution ambiante, des progrès
significatifs peuvent être réalisés pour sauver des
vies.
Pour atteindre l'ODD 3, la lutte contre la pauvreté
(ODD1) ; contre la malnutrition (ODD 2) ; contre les violences
liées au genre (ODD 5) ; l'accès à l'eau potable et
à des systèmes d'assainissement et d'hygiène (ODD
6) ; la lutte contre la pollution de l'air à l'intérieur des
habitations (ODD 7) ; la promotion d'une croissance inclusive et durable
et l'accès à un travail décent (ODD 8) ; la lutte
contre les désastres naturels et la pollution de l'air (ODD 11) ;
contre le changement climatique et ses impacts (ODD 13) et la violence (ODD 16)
sont des facteurs et déterminants de santé sur lesquels les
différents secteurs et acteurs doivent agir en coordination, tout en
renforçant les partenariats (ODD 17).
Les Objectifs de développement durable s'engagent
audacieusement à enrayer l'épidémie de sida, la
tuberculose, le paludisme et d'autres maladies transmissibles et de lutter
efficacement contre les maladies non-transmissibles d'ici 2030. Le but
visé est que chacun dispose d'une couverture maladie universelle, et ait
accès à des vaccins et médicaments sûrs et
efficaces. À ce titre, le soutien à la recherche et au
développement dans le domaine des vaccins est essentiel, de même
que l'accès aux médicaments à un coût abordable. Ils
oeuvrent pour Le renforcement de la sécurité sanitaire au niveau
international ainsi que le renforcement des ressources humaines en
santé.
8.2Les cibles mesurables de
l'Objectif 3 de développement durable à atteindre en
2030
L'Objectif 3 de développement durable
énonce 9 cibles mesurables devant être atteintes d'ici
2030 :
- D'ici à 2030, faire passer le taux mondial de
mortalité maternelle au-dessous de 70 pour 100 000 naissances
vivantes ;
- D'ici à 2030, éliminer les décès
évitables de nouveau-nés et d'enfants de moins de 5 ans, tous les
pays devant chercher à ramener la mortalité néonatale
à 12 pour 1 000 naissances vivantes au plus et la mortalité des
enfants de moins de 5 ans à 25 pour 1 000 naissances vivantes au
plus ;
- D'ici à 2030, mettre fin à
l'épidémie de sida, à la tuberculose, au paludisme et aux
maladies tropicales négligées et combattre l'hépatite, les
maladies transmises par l'eau et autres maladies transmissibles ;
- D'ici à 2030, réduire d'un tiers, par la
prévention et le traitement, le taux de mortalité
prématurée due à des maladies non transmissibles et
promouvoir la santé mentale et le bien-être ;
- Renforcer la prévention et le traitement de l'abus de
substances psycho actives, notamment de stupéfiants et
d'alcool ;
- D'ici à 2030, diminuer de moitié à
l'échelle mondiale le nombre de décès et de blessures dus
à des accidents de la route ;
- D'ici à 2030, assurer l'accès de tous à
des services de soins de santé sexuelle et procréative, y compris
à des fins de planification familiale, d'information et
d'éducation, et la prise en compte de la santé procréative
dans les stratégies et programmes nationaux ;
- Faire en sorte que chacun bénéficie d'une
assurance-santé, comprenant une protection contre les risques financiers
et donnant accès à des services de santé essentiels de
qualité et à des médicaments et vaccins essentiels
sûrs, efficaces, de qualité et d'un coût abordable ;
- D'ici à 2030, réduire nettement le nombre de
décès et de maladies dus à des substances chimiques
dangereuses et à la pollution et à la contamination de l'air, de
l'eau et du sol.
Pour atteindre ces objectifs, il
faudra:
- renforcer dans tous les pays, selon qu'il convient,
l'application de la Convention-cadre de l'Organisation mondiale de la
Santé pour la lutte antitabac ;
- appuyer la recherche et la mise au point de vaccins et de
médicaments contre les maladies, transmissibles ou non, qui touchent
principalement les habitants des pays en développement, donner
accès, à un coût abordable, à des médicaments
et vaccins essentiels, conformément à la Déclaration de
Doha sur l'Accord sur les ADPIC et la santé publique, qui
réaffirme le droit qu'ont les pays en développement, pour
protéger la santé publique et, en particulier, assurer
l'accès universel aux médicaments, de recourir pleinement aux
dispositions de l'Accord sur les ADPIC qui ménagent une
flexibilité à cet effet.
- accroître considérablement le budget de la
santé et le recrutement, le perfectionnement, la formation et le
maintien en poste du personnel de santé dans les pays en
développement, notamment dans les pays les moins avancés et les
petits États insulaires en développement.
- renforcer les moyens dont disposent tous les pays, en
particulier les pays en développement, en matière d'alerte
rapide, de réduction des risques et de gestion des risques sanitaires
nationaux et mondiaux.
CONCLUSION
Ce chapitre avait pour objectif de présenter les
pratiques socioculturelles palliatives aux difficultés d'accès
aux soins de santé modernes et de proposer les mesures pouvant
contribuer à l'amélioration de l'accès aux soins de
santé modernes dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong. Il ressort que 99% de ménages
utilisent la médecine traditionnelle pour des soins de santé. De
plus, le recours à la médecine traditionnelle est dû pour
la plupart des cas à la défaillance des politiques publiques de
santé et la pauvreté financière des ménages. La
présence des tradipraticiens et des plantes médicinales dans les
villages permettent de fournir des traitements adéquats en cas de
maladie dans les ménages. On note aussi l'offre des soins
parallèles dont la voyance, les lieux sacrés et les
prières qui sont souvent sollicités par les ménages en cas
de problème de santé, plusieurs maladies font donc l'objet de
traitement qui peut parfois aboutir à des guérisons selon les
ménages. Ce qui valide l'hypothèse selon laquelle il existe des
pratiques socioculturelles palliatives aux difficultés d'accès
aux soins de santé modernes. Cependant, les mesures pouvant
améliorer l'utilisation des services de santé modernes ont
été proposées afin de faciliter l'accès aux soins
de santé dans les ménages dont l'aménagement et
l'entretien des pistes rurales par la mairie de Mélong, lutter contre la
pauvreté financière, diminuer les coûts des soins de
santé moderne, construire et équiper les centres de santé
dans les villages enclavées pour assurer la santé et le
bien-être de la population, affecter le personnel de santé dans
les centres de santé.
CONCLUSION GENERALE
En définitive, notre travail avait pour objectif
principal d'analyser les facteurs qui entravent l'accès aux soins de
santé modernes dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong. Des hypothèses ont été
émises et confrontées à la réalité, ce qui
nous a permis d'obtenir les résultats suivants :
Tout d'abord, la diversité des formations sanitaires
qui inclut la répartition géographique de l'offre des soins de
santé moderne dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong. Nous avons noté une inégale
répartition des structures sanitaires et leurs éloignements par
rapport aux zones rurales car les centres de santé sont beaucoup
concentrés en zones urbaines (20) au détriment des zones rurales
enclavées (6) où les populations sont obligées d'aller se
soigner ailleurs en cas de maladie.
Ensuite, l'accessibilité géographique aux
structures sanitaires se caractérise par les longues distances à
parcourir pour atteindre une formation sanitaire, entre 3 et 4 km pour certains
et au moins de 500 mètres pour d'autres. Ce qui prend alors des heures
et des heures en chemin pour y arriver en fonction du moyen de transport
utilisé par le patient et l'état de la route, par exemple la
marche à pieds peut prendre pratiquement 3 à 4 heures de temps.
De plus, le mauvais état de la route ne facilite pas les
déplacements vers les formations sanitaires, qui selon les
ménages est souvent boueuse (47%), glissante (45%), impraticable (5%) et
praticable (3%) pour les ménages proches des centres de santé.
Cependant, les deux modes de transport utilisés pour atteindre les
structures sanitaires restent à pieds dont 70% de ménages et
à moto dont 30% seulement. Toutefois, on note aussi la présence
des stratégies adoptées par les ménages pour transporter
les patients en cas de maladie à l'instar du transport au dos, transport
sur les brancards fabriqués localement et sur le porte-tout. Ici, le
moyen de déplacement le plus sollicité par les ménages
reste le déplacement à pieds par ce qui se trouvant dans un
milieu fortement enclavé et difficilement accessible.
Par la suite, l'accessibilité économique se
caractérise par le manque de moyens financiers constitue un handicap
dans les ménages pour utiliser les services de santé modernes,
ceci s'est observé à travers le faible niveau revenu des chefs de
ménages (90%) car les activités menées par ces derniers ne
leurs permettent pas de générer un revenu suffisant. Nous avons
aussi pu relever le manque de moyens de transport pour se rendre dans les
formations sanitaires car les coûts de transport sont trop
élevés selon 80% de ménages dont le coût de
traitement, le coût de la consultation et le coût
d'hospitalisation. Nous avons aussi relevé de déplacement pour
atteindre les formations sanitaires les plus sollicitées par les
ménages car ces coûts varient entre 500 FCFA et 1000 FCFA, par
manque des frais de transport, les ménages sont obligées de
parcourir de longues distances à pieds pour atteindre une structure
sanitaire.
Enfin nous avons les difficultés liées à
la défaillance des politiques publiques de santé qui se
caractérise l'absence en terme d'égalité et
d'équité à travers l'absence des centres de
santé dans certains villages ayant fait l'objet de notre étude
(Ediengo, Nzobi) , l'absence régulier du personnel de santé qui
est affecté dans les centres de santé en milieu rural (CMA de
Ninong, CSI de Mama) ,l'insuffisance des équipements de prise en charge
des patients (CSI de Mboussoum, CSI de Ndokou) , la limite dans l'offre des
soins selon les ménages qui ne sont pas du tout satisfait, ce qui
contraint les ménages à aller se soigner hors du village en cas
de maladie. Cependant, les ménages lancent un cri de détresse au
Ministère de la santé publique pour que cette situation soit
régularisée. Toutefois, cette défaillance ne manque pas
de causer des effets néfastes dans les ménages dont les multiples
cas d'accouchement à domicile dont 20% de ménages de notre
échantillon ont déjà été victime à
plusieurs reprises faute du manque du personnel de santé et même
les cas d'accouchement en chemin ont été enregistrés et
pour cause l'éloignement des centres de santé et des longues
distances à parcourir sans oublié des décès dans
les ménages.
Face donc à ces difficultés, les ménages
ont adopté des pratiques socioculturelles dont le recours à la
médecine traditionnelle et aux soins parallèles pour pallier aux
insuffisances de la médecine moderne. Il s'agit notamment de la
consultation des tradipraticiens par les ménages (99%) à travers
la voyance dont 73% de ménages font recours, les lieux sacrés
(4%) et les prières( 22%). Toutefois, on note aussi les ménages
qui utilisent les soins de santé mixtes pour rendre davantage le
traitement plus efficace dont l'auto-médecine/médecine moderne
(7%), l'auto-médecine/médecine traditionnelle (65%) et la
consultation d'un tradipraticien/médecine moderne (28%).
Cependant, plusieurs mesures ont été
proposées pour améliorer l'accès aux soins de
santé modernes dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong, notamment l'aménagement et
l'entretien des pistes rurales, la construction des nouveaux centres de
santé, la lutte contre la pauvreté financière, la
construction et l'équipement des centres de santé, le
renforcement du personnel dans les centres de santé afin d'assurer le
bien-être de la population selon les normes de l'OMS et des Objectifs de
développement Durable (ODD).
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ANNEXES
Annexe 1: Questionnaire de terrain
UNIVERSITE DE DSCHANG
THE UNIVERSITY OF DSCHANG
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
FACULTY OF LETTERS AND SOCIAL SCIENCES
ECOLE DOCTORALE
Dschang school of Arts and social sciences
Département de géographie
Department of Geography
QUESTIONNAIRE POUR ENQUETE DE TERRAIN
Ce travail entre dans le cadre d'un mémoire de master 2
en géographie, préparé à l'université de
Dschang. Cette recherche s'intéresse à
l'accessibilité aux soins de santé modernes dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG. Nous
vous promettons que toutes les informations reçues seront
analysées dans l'anonymat de façon confidentielle à des
fins scientifiques. Afin de permettre à cette étude
scientifique de s'effectuer dans les meilleures conditions, nous
sollicitons votre entière collaboration.
I- IDENTIFICATION DE L'ENQUETE
1- Quel est votre sexe ?
Masculin Féminin
2- Quel est votre âge ?
25-35 ans 35-45 ans 45-65 ans
65 et plus
3- Quelle est votre situation matrimoniale ?
Marié Célibataire veuf
Concubinage Divorcé
4- Quel est le nombre de femme dans votre ménage ?
Une femme deux femmes trois femmes
quatre femmes
5- Quel est le nombre d'enfants dans votre
ménage ?......................
1-4 enfants 4-8 enfants 8-12
enfants 12 et plus
6- Quel est votre niveau d'instruction ?
Primaire secondaire
supérieur pas du tout
7- Quelle est votre activité principale ?
Agriculture élevage pêche
commerce autres
8- Nom de votre village....................................
9- Revenu mensuel.......................Revenu par
an..........................
II- ACCESSIBILITE GEOGRAPHIQUE AUX SOINS DE SANTE
MODERNES DANS LES ZONES RURALES
10- Quelle est la distance à parcourir pour atteindre
une formation sanitaire la plus proche ?
Moins de 500 m entre 500 et 1,5 km entre 1,5 et 3
km entre 3 et 4 km entre 3 et 5 km plus de 5 km
11- Combien de temps mettez-vous pour vous rendre dans un
service de santé ?
Moins de 15 min 15-40 min
40-60 min 60-120 min de plus 120 min
12- Quel est l'état de la route lorsque vous vous rendez
dans une formation sanitaire pour des soins modernes ?
Bitumée Non bitumée
Glissante Boueuses
Impraticable Praticable
13- Les obstacles du milieu physique vous empêchent-ils
d'accéder aux soins de santé ?
Oui Non
14- Si oui lesquels ?
Les fortes pentes Relief accidenté Les hautes
collines
L'enclavement spatial de votre village
Pourquoi.....................................................................................................................................................................
III- ACCESSIBILITE SOCIOECONOMIQUES AUX SOINS DE SANTE
15- Etes-vous rendu dans une formation sanitaire durant ces deux
derniers ? années ?
Oui
Non
16- Si oui pour solliciter quel service ?
Vaccination Traitement Visite d'un malade
17- Si traitement pour quel problème de
santé ?..................................
18- Dans quelle structure
SCI HD CMA
Clinique
19- quelle était la motivation ?
Gravité de la maladie
Conseil d'un parent volonté personnelle
Proximité de la structure de santé par rapport au domicile
20- quel était le coût de consultation ?
400 F- 600 F 600F-800F
800 F-1000F 1000F et plus
21- quel était le coût de traitement ?
1000 F- 2000 F 2000 F- 4000 F
4000F- 8000F 12 000 F et plus
22- Etiez-vous hospitalisé ? Oui
Non
23- Si oui quel était le coût d'hospitalisation par
jour ?
1000F/jour 2000F/jour 3000F/Jour
4000F/jour 5000 F/jour
24- Quel est généralement le coût des frais
de transport lorsque vous vous y rendez dans une formation sanitaire ?
1000 F 2000F 3000 F 5000F
6000F et plus
25- Quel est le montant de dépense en soins de
santé du ménage ?
Par mois....................................
Par an.....................................
26- Le portage des malades au dos est-il souvent payant ?
Oui Non
IV- ACCESSIBILITE TECHNIQUE AUX SOINS DE SANTE
MODERNES
27- Disposez-vous des modes de transport de personnes en cas de
maladie ?
Oui Non
28- Si Oui lesquels ?
Portage au dos
Porte-tout Brancard Moto véhicule
29- Quel est le nombre de malade que vous portez au dos par mois
dans votre
ménage ?.................................................................
30- Quel est le nombre de malade que vous transportez par moto
dans votre ménage par
mois ?...............................................
31- Quel est le nombre de personne que vous transportez par
porte-tout dans votre ménage par
mois ?............................................................
32- Votre village est-il doté d'un centre de
santé ?
Oui Non
33- Si Oui vous vous y rendez souvent pour des soins ?
Oui Non
34- S oui quels sont les soins qu'on vous avait
administrés?
Soins préventifs Soins curatifs
35- Etes-vous satisfait de la qualité des soins offerts
dans votre centre de santé ?
Oui
Non
36- La dernière que vous vous y êtes rendu dans un
centre de santé, le personnel était-il présent ?
Oui Non
37- Si Oui lequel ? Médecin Infirmier
Sage femme aide soignant autres
Localisation (quartier).........................
38- Quel était le statut du centre de
santé ?
HD CMA CSI
Public Privé
39- Quels sont les équipements du centre de
santé ?
Nombre de
salles......................Nombre de bâtiment........................
Nombre de
lits..........................
Nombre de
services.......................
40- Avez-vous déjà eu un cas d'accouchement
à domicile dans votre
ménage ?......................Pourquoi..................
En
chemin ?...................................................Pourquoi..................
41- Quelle appréciation avez-vous fait face au
personnel ?
Pas qualifié Moyen Qualifié Médiocre
Ne sait pas
42- Comment avez-vous trouvé l'offre des soins ?
Limitée Illimitée Ne sait
pas
43- Comment était la qualité des soins ?
Mauvaise Moyenne Bonne
Ne sais pas
44- Quelles sont les maladies les plus récurrentes dans
votre ménage ?
Typhoïde paludisme Diabète
Autres
45- Le centre de santé était-il doté du
logement pour desservir les malades ?
Oui Non
V- PRATIQUES SOCIOCULTURELLES PALLIATIVES AUX
DIFFICULTES D'ACCES AUX SOINS DE SANTE MODERNES
46- - Que faites-vous lorsque vous êtes malade et vous ne
vous y rendez pas dans un centre de santé ?
Auto médecine/médecine moderne
Auto médecine/médecine traditionnelle Consultation d'un
naturopathe
47- Si automédication (achat des médicaments de la
rue)
expliquez...............................................................................................................................................................................................................................................................
48- Si consultation d'un tradipraticien, existe-il dans le
village ? Oui Non
49- Pourquoi sollicitez-vous ses soins ?
Eloignement des centres de santé modernes
Coût des soins de santé modernes Croyances
traditionnelles Conseil d'un membre de la famille
50- Quelles sont les personnes de votre ménage qui ont
déjà consultées la médecine
traditionnelle ?
Enfants ?
Pourquoi.........................................................
Adultes ?
Pourquoi...................................................
Tout le monde
pourquoi..................................................................
51- Faites-vous recours aux soins de santé traditionnels
dans votre ménage pour quel type de soins ?
Tous les types Paludisme Maladies
mystiques Autres
52- Pourquoi préférez-vous les soins de
santé traditionnels ?
Pauvreté financière L'enclavement de
votre village efficacité
53- Quels sont les autres soins parallèles dont vous
faites régulièrement recours dans votre ménage ?
Voyance Prières cultes de
cranes lieux sacrés
54- Pourquoi faites-vous recours à la médecine
traditionnelle ?
Coût des soins de santé modernes Absence
d'une formation sanitaire
L'absence régulière du personnel de santé
Distance à parcourir Autres
55- Quels sont les dépenses moyennes de la
médecine traditionnelle ?
Pour la consultation................................
Pour le
traitement....................................................
56- Quel est votre degré de satisfaction de la
médecine traditionnelle ?
Très satisfait moyennement satisfait pas du
tout satisfait
VI- MESURES POUR AMELIORER L'ACCES AUX SOINS DE
SANTE MODERNES
57- Quelles solutions proposez-vous pour améliorer
l'accès aux soins de santé modernes dans votre village ?
Diminuer les coûts de soins Soins gratuits Création
des centres de santé
Equipement des centres de santé Augmentation
du personnel de santé dans les centres de santé
Sensibilisation Lutter contre la pauvreté
Aménagement des pistes rurales
Annexe 2: Guides d'entretiens
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AU CHEF DE DISTRICT DE SANTE DE
MELONG
Ce travail entre dans le cadre d'un mémoire de Master 2 en
géographie, préparé à l'Université de
Dschang. Cette recherche s'intéresse à
l'accessibilité aux soins de santé modernes dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG. Nous
vous promettons que toutes les informations reçues seront
analysées dans l'anonymat de façon confidentielle à des
fins scientifiques. Afin de permettre à cette étude
scientifique de s'effectuer dans les meilleures conditions, nous
sollicitons votre entière collaboration.
1-Quel est le nombre de formations sanitaires (Nombre
d'hôpitaux, nombre de CSI, nombre de santé, nombre CMA, Nombre de
cases de santé, nombre de formations sanitaires privés) et de
personnel de santé (Nombre de médecins, nombre de sages femmes,
nombre d'infirmiers) dans l'arrondissement de MELONG ?
2-Quelles sont les aires de santé et comment
fonctionnent-elles ?
3-Comment trouvez-vous l'offre des soins comparée aux
besoins des populations rurales ?
4-Comment expliquez-vous les limites dans l'offre des soins de
santé dans quelques centres de santé existants dans les zones
rurales de l'arrondissement de MELONG ? 5-Quel
est le nombre de personnel par centre de santé en zones
rurales ?
6-Quelles sont les mesures prises par le district de santé
et que vous proposez à l'Etat pour améliorer l'offre des soins
dans les zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG qui
souffrent d'un enclavement ?
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX CHEFS DES SERVICES DE
SANTE DES ZONES RURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
Ce travail entre dans le cadre d'un mémoire de master 2
en géographie, préparé à l'université de
Dschang. Cette recherche s'intéresse à
l'accessibilité aux soins de santé modernes dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG. Nous
vous promettons que toutes les informations reçues seront
analysées dans l'anonymat de façon confidentielle à des
fins scientifiques. Afin de permettre à cette étude
scientifique de s'effectuer dans les meilleures conditions, nous
sollicitons votre entière collaboration.
1- Comment fonctionne votre centre de santé?
2- Quels sont les soins offerts par votre centre de
santé ?
3- Combien de personnels avez-vous dans votre centre de
santé ?
4- Quels sont équipements (Nombre de lits, Nombre de
laboratoire, nombre de salles d'hospitalisation, nombre de pharmacie) de
base dont dispose votre centre de santé ?
5- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans
votre centre de santé ?
6- Comment gérez-vous les cas de maladies graves dans
votre centre de santé vu que vous rencontrez d'énormes
difficultés ?
7- Quelles mesures préconisez-vous (à l'Etat,
à la commune) pour faire face à ces difficultés ?
GUIDE D'ENTRETIEN ADDRESSE A MONSIEUR LE MAIRE DE LA
CUMMUNE DE MELONG/ SOUS PREFET DE L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
Ce travail entre dans le cadre d'un mémoire de master 2
en géographie, préparé à l'Université de
Dschang. Cette recherche s'intéresse à
l'accessibilité aux soins de santé modernes dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG. Nous
vous promettons que toutes les informations reçues seront
analysées dans l'anonymat de façon confidentielle à des
fins scientifiques. Afin de permettre à cette étude
scientifique de s'effectuer dans les meilleures conditions, nous
sollicitons votre entière collaboration.
1- La répartition de la population par village dans la
commune de MELONG
2- Les populations rurales des zones enclavées de votre
commune éprouvent les difficultés d'accès aux soins de
santé modernes d'une part à cause de l'état de route.
Comment gérez-vous les pistes rurales de ces zones ?
3- Quels sont les moyens mis sur pieds pour permettre aux
populations rurales de votre territoire d'accéder aux soins de
santé modernes vu que certaines zones rurales de votre territoire sont
encore très enclavées ?
4- Pauvreté et accès aux soins de santé
par la population rurale des zones enclavées de l'arrondissement de
MELONG. Comment pensez-vous gérer cette situation ?
5- L'insuffisance des formations sanitaires, du personnel de
santé et des équipements dans les centres de santé dans
les zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG. Quels sont
les mesures prises face à ces problèmes ?
GUIDE D'ENTRETIEN ADDRESSE AUX CHEFS DES VILLAGES
Ce travail entre dans le cadre d'un mémoire de master 2 en
géographie, préparé à l'université de
Dschang. Cette recherche s'intéresse à
l'accessibilité aux soins de santé modernes dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG. Nous
vous promettons que toutes les informations reçues seront
analysées dans l'anonymat de façon confidentielle à des
fins scientifiques. Afin de permettre à cette étude
scientifique de s'effectuer dans les meilleures conditions, nous
sollicitons votre entière collaboration.
1- Quel est le nombre de centre santé que compte votre
village ?
2- Quelles sont les maladies les plus récurrentes dans
votre village
3- D'après vous quels sont les obstacles qui entravent
l'accès de vos populations aux soins de santé modernes dans
votre village ?
4- On observe l'absence d'une centre de santé dans votre
village, dites-moi comment faites-vous pour vous soigner en cas de
maladie ?
5- Comment trouvez-vous les soins offerts par votre centre de
santé ?
6- Quels sont les centres de santé dont vous solliciter
les plus dans l'arrondissement de MELONG ?
7- Pourquoi vous choisissez ces centres de santé ?
8- Vu que votre village est tellement éloigné,
comment trouvez-vous les moyens de transport et la distance à
parcourir pour atteindre une formation sanitaire ?
9- Qu'est-ce que vous attendez des centres de santé
modernes de la qualité des soins de votre village?
10- Quelles mesures proposez-vous à l'Etat pour
améliorer l'accès aux soins de santé modernes dans votre
village ?
GUIDE D'ENTRETIEN ADDRSSE AUX GUERRISSEURS
TRADITIONNELS
Ce travail entre dans le cadre d'un mémoire de master 2 en
géographie, préparé à l'Université de
Dschang. Cette recherche s'intéresse à
l'accessibilité aux soins de santé modernes dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de MELONG. Nous
vous promettons que toutes les informations reçues seront
analysées dans l'anonymat de façon confidentielle à des
fins scientifiques. Afin de permettre à cette étude
scientifique de s'effectuer dans les meilleures conditions, nous
sollicitons votre entière collaboration.
1- Quel est le nombre de personnes que vous recevez par mois et
par an ?
2- Quel est le coût de la consultation d'une part et du
traitement d'autre part ?
3- Quelles sont les maladies que vous traitez ?
4- Expliquez la particularité de vos soins par rapport
à la médecine moderne ?
5- Pensez-vous que vos soins peuvent vraiment aider les
populations malades à retrouver leur santé normale
6- Quelles sont les attentes des populations vis-à-vis des
soins que vous leur offrez au quotidien ?
7- Quels sont les avantages des soins que vous offrez aux
populations ?
8- Quelles sont les difficultés que vous
rencontrez ?
9- Quelles sont les mesures que vous préconisez pour
améliorer vos soins
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
SOMMAIRE
iii
LISTE DES ABREVIATIONS
iv
LISTE DES TABLEAUX
v
LISTE DES FIGURES
vi
LISTE DES PLANCHES
vii
LISTE DES CARTES
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
ix
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE
1
1. Contexte de l'étude
1
2. Justification de l'étude
3
II. DELIMITATIONS SPATIALE ET TEMPORELLE DE LA ZONE
D'ETUDE
3
1. Délimitation spatiale
3
2. Délimitation Temporelle
4
III. REVUE DE LITTERATURE
4
1. L'utilisation des structures sanitaires
4
2. Les Facteurs entravant la bonne
fréquentation des structures sanitaires
5
3. Les déterminants socioculturels et
l'utilisation des soins de santé traditionnels.
9
4. Mesures pouvant améliorer l'accès
aux soins de santé modernes
10
IV. PROBLEMATIQUE
12
1. Question principale de recherche :
13
2. Questions spécifiques de
recherche :
13
V. OBJECTIFS DE L'ETUDE
13
1. Objectif principal
13
2. Objectifs spécifiques
14
VI. HYPOTHESES DE RECHERCHE
14
1. Hypothèse principale
14
2. Hypothèses spécifiques
14
VII. INTERET DE L'ETUDE
15
VIII. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
15
1. CADRE CONCEPTUEL
15
2. CADRE THEORIQUE
22
IX. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
24
1. Présentation de la zone d'étude
24
a. Climat
24
b. Sols
25
c. Relief
25
d. Hydrographie
25
e. Flore et faune
25
f. Population
26
2. Méthode de collecte des données
27
a. collecte des données secondaires
28
b. collecte des données primaires
28
c. Echantillonnage
29
3. Traitement et analyse des données
30
a. Traitement manuel
30
b. Traitement informatique
30
4. Difficultés rencontrées
30
CHAPITRE I : LA CARTE SANITAIRE ET
L'UTILISATION DES SOINS DE SANTE MODERNES DANS L'ARRONDISSEMENT DE MELONG.
32
INTRODUCTION
33
I. LA CARTE SANITAIRE DE L'ARRONDISSEMENT DE
MELONG
34
1. Les aires de santé
34
1.1 Les aires de santé et leur population
34
1.2 Les aires de santé et leurs
différentes formations sanitaires
35
2. Les formations sanitaires modernes de
l'arrondissement de Mélong
35
II. LE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME DE SANTE
39
1. Le système de santé de
l'arrondissement de Mélong
42
1.1 Le secteur public
42
1.1.1 Infrastructures sanitaires et nombre de
personnels de santé
43
1.1.2 Les lits d'hospitalisation des formations
sanitaires publiques
44
1.1.3 Capacité d'accueil et état de
fréquentation des structures sanitaires
46
2. Le secteur privé
48
2.1 Infrastructures et personnels de
santé
48
2.2 Capacité d'accueil et état de
fréquentation des structures sanitaires
52
III. L'OFFRE DES SOINS DE SANTE MODERNES DANS
L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
53
1. Les soins préventifs
54
2. Soins Curatifs
54
IV. LES FORMATIONS SANITAIRES FONCTIONNELLES ET NON
FONCTIONNELLES DANS LES ZONES RURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE
MELONG
57
1. Les formations sanitaires fonctionnelles dans les
zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong
57
2. Les formations sanitaires non fonctionnelles dans
les zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong
57
CONCLUSION
59
CHAPITRE II : LES DIFFICULTES D'ACCES AUX SOINS
DE SANTE MODERNES DANS LES ZONES RURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE
MELONG
60
INTRODUCTION
61
I. LES DIFFICULTES D'ACCESSIBILITE GEOGRAPHQUE AUX
SOINS DE SANTE MODERNES DANS LES ZONES RURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT
DE MELONG
62
1. L'inégale répartition spatiale des
structures sanitaires
62
2. La distance à parcourir pour atteindre une
formation sanitaire
64
3. Temps mis pour atteindre une structure
sanitaire
68
4. Le mauvais état de la route
72
5. Enclavement topographique et accès aux
soins de santé modernes
76
6. Accessibilité aux soins en fonction du
moyen de transport utilisé
78
II. LES DIFFICULTES ECONOMIQUES D'ACCES AUX SOINS DE
SANTE MODERNES DANS LES ZONES RURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE
MELONG
80
1. La pauvreté financière de la
population
81
2. Le niveau de revenu des chefs de
ménages
82
3. Le coût des soins de santé modernes
et pauvreté financière des ménages
83
4. Coût de transport pour se rendre dans une
formation sanitaire
86
III. DETERMINANTS SOCIOCULTURELS, CARACTERISTIQUES
SOCIODEMOGRAPHIQUES ET ACCES AUX SOINS DE SANTE MODERNES
88
1. Le niveau d'instruction du chef de
ménage
88
2. Rapport entre niveau d'instruction des chefs de
ménage et accès aux soins de santé modernes
89
3. Les croyances traditionnelles
90
4. Caractéristiques
sociodémographiques des ménages influençant l'accès
aux soins de santé
90
4.1 Age du chef de ménage
90
4.2 Taille du ménage
91
4.3 Le statut matrimonial
91
IV. LES DIFFICULTES LIEES A LA DEFAILLANCE DES
POLITIQUES PUBLIQUES DE SANTE EN MILIEU RURAL
91
1. Insuffisances des centres de santé en
milieu rural
92
2. Le manque et l'insuffisance du personnel
sanitaire dans les centres de santé
93
3. Manque d'équité dans la
distribution des soins de santé modernes
98
4. Le manque d'équipement dans les centres de
santé
101
5. Les effets sanitaires néfastes dans les
ménages liés à la défaillance des politiques
publiques de santé dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong
103
CONCLUSION
106
CHAPITRE III : LES PRATIQUES SOCIOCULTURELLES
PALLIATIVES AUX DIFFICULTES D'ACCES AUX SOINS DE SANTE MODERNES DANS LES
ZONESRURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
107
INTRODUCTION
108
I. LES PRATIQUES SOCIOCULTURELLES PALLIATIVES AUX
DIFFICULTES D'ACCES AUX SOINS DE SANTE MODERNES DANS LES ZONES RURALES
ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
109
1. Les raisons de recours à la
médecine traditionnelle dans les ménages
109
2. Construction et structuration des pratiques
sanitaires locales à travers la contribution des tradipraticiens dans
les zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong
111
3. La prédominance des pratiques culturelles
tandant à prendre le dessus sur l'orthodoxe établie en
matière de soins dans les ménages
114
4. Les autres soins parallèles
Utilisées dans les ménages
116
4.1 La voyance
116
4.2 Les lieux sacrés
117
4.3 La prière
118
5. Le coût de traitement de la médecine
traditionnelle et la satisfaction des ménages de celle-ci
119
5.1 Le coût de traitement des soins de la
médecine traditionnelle dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong
119
5.2 La satisfaction des ménages des soins
de santé de la médecine traditionnelle
122
6. Le recours aux soins de santé mixtes dans
les ménages
123
6.1 L'automédication/ médecine
moderne
123
6.2 Auto-médecine/médecine
traditionnelle
124
6.3 La consultation d'un naturopathe/médecine
moderne
124
II. LES PISTES SUSCEPTIBLES D'AMELIORER L'ACCES AUX
SOINS DE SANTE MODERNES DANS LES ZONES RURALES ENCLAVEES DE L'ARRONDISSEMENT DE
MELONG.
126
1. Aménagement des pistes rurales
127
2. Diminuer les coûts des soins de
santé modernes
128
3. La construction et l'équipement des
centres de santé en milieu rural
129
3.1 La construction des centres de santé
129
3.2 L'équipement des centres de santé
des zones rurales
130
4. Augmentation du personnel dans les centres de
santé
131
5. Lutter contre la pauvreté en milieu
rural
131
6. L'accès aux soins de
qualité : enjeu majeur pour les pouvoirs publics, les patients et
les médecins
133
7. L'éducation de la population
134
8. La santé et le bien-être: Objectif 3
de Développement Durable (ODD)
135
8.1 État des lieux : ODD et
santé
135
8.2 Les cibles mesurables de l'Objectif 3 de
développement durable à atteindre en 2030
136
CONCLUSION
139
CONCLUSION GENERALE
140
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
143
ANNEXES
149
TABLE DES MATIERES
160
|