Chap. V. DISCUSSION
Au terme de notre travail, nos objectifs étaient de
déterminer l'association entre les caractéristiques
sociodémographiques maternelles notamment l'âge maternel, le bas
niveau de scolarité, le niveau socio-économique
défavorisé, le statut matrimonial, une parité faible ou
élevée et les soins prénatals insuffisants et le risque de
FPN ; également de déterminer l'influence des
antécédents médicaux et obstétricaux maternels
notamment l'antécédent de FPN, d'avortement, de diabète,
d'infection à VIH, d'hypertension gestationnelle, de paludisme au cours
de la grossesse, de consommation d'alcool au cours de la grossesse,
d'infections génito-urinaire au cours de la grossesse et de tabagisme au
cours de la grossesse sur la survenue d'une naissance de FPN.Ces derniers ont
été tous atteints.
Notre travail présente néanmoins des limites
liées aux difficultés encourues dans la récolte et
l'analyse de nos résultats, notamment l'insuffisance des ressources
humaines et financières qui auraient pu permettre le recrutement d'un
échantillon plus grand afin d'aboutir à des résultats plus
affinés ; limites liées également au biais de
mémorisation dû au fait que les mères des
nouveau-nés de FPN se souviennent mieux des évènements
ayant marqué le déroulement de la grossesse que celles des
nouveau-nés du groupe de comparaison.
Notre étude a révélé queles
mères d'âge inférieur à 20 ans avaient un risque 2,5
foisplus élevé de donner naissance à un FPN(p=0,007).
L'étude menée par Kabamba M. et al.[18] à
Lubumbashi/RDCavait également retrouvé des taux
élevés de FPN chez les mères de moins de 20 ans.AmineM.et
al.[19] à Marrakech avaient trouvés des taux de FPN plus
élevés chez les mères ayant un âge plus bas par
rapport à celui de notre série soit 16 ans. Cette
prédominance des FPN chez les jeunes mères serait lié au
fait qu'elles ne sont pas psychologiquement préparées à la
conception et sont encore, à cet âge, financièrement
dépendantes. Aussi, est-il qu'elles sont à cet âge en
pleine croissance et que la grossesse entraine une compétition pour les
nutriments avec le foetus ; une faible efficacité des fonctions
placentaires a été également évoqué chez les
jeunes mères [6].
Nos résultats ont montré que les primipares
avaient un risque 3,3 fois plus élevé de donner naissance
à un FPN (p=0,011). Kamonayi M. et al.[20] ont également
observé que la primiparité favorise la survenue du faible poids
denaissance. KayasthaS.[21]a pour sa part montré que
lamultiparité seule était un facteur de risque de faible poids de
naissance.Par contre, Demmouche A. et al.[22]ont rapporté l'absence de
relation entre la parité et leFPN.
La majorité des mères ayant eu des enfants de
FPN sont mariées mais sans aucune différence significative.
L'étude de Miaffo S.[23]n'a pas non plus retrouvé une
corrélation significative entre le statut marital et le FPN.
LebretonJ.[24]en 2009, au terme d'une étude réalisée en
Guadeloupe dans deux centres hospitaliers universitaires, conclut que les
femmes seules sont plus à risque d'avoir un enfant de FPN et ce risque
est maximal lorsqu'elles vivent sans conjoint mais en famille. En effet, le
fait de ne pas être marié a longtemps été
considéré comme un facteur de risque de prématurité
et de petit poids de naissance [25],cependant les modifications de
comportements, les moeurs et la généralisation de la cohabitation
des couples non mariés légalement ont changé la
signification de ce facteur.
Dans notre série, la profession n'était pas
significativement associée au FPN, ce qui est similaire aux
résultats obtenus par Hanane I. [26].Ilunga P.M. et al.[8]ont
constaté que les mères ayant une
activitérémunératrice ou employées avaient un
risque deux fois plus élevé d'accouchement de FPN. Certains
auteurs ont démontré qu'unefemme qui a une activité
professionnelle est soumise à uncertain nombre de risques professionnels
et l'implicationde ces risques professionnels surtout du stress (physique
oupsychologique) dans la survenue de FPN en général et dans
lanaissance prématurée en particulier a été
largement débattu [28].
Notreétude a noté que le niveau de
scolarité n'était pas significativement associé au FPN.
Plusieurs précédentesétudes[8,28, 29,30], ontmontré
que le niveau d'éducation maternelle constitue unfacteur
socio-économique important lié au poids de naissancedu
nouveau-né. Un niveau plus élevé d'éducation de la
mère peut êtreassociéà des revenus plus
élevés de la famille et unemeilleure nutrition, ce qui pourrait
conduire à une amélioration du poids de naissance.
Notre étude a révélé que les
femmes ayant suivi moins de 3 CPNavaient un risque 5 fois plus
élevé de donner naissance à un nouveau-néde FPN que
celles qui en avaient suivi davantage, ce qui est compatibleavec les
étudesmenées ailleurs [8,28].
Ces résultats s'expliqueraient par le fait que les
soins prénatalsappropriés sont importants dans la surveillance de
la grossesseet la réduction des risques à la fois pour la
mère et l'enfantpendant la grossesse et l'accouchement. Ils permettent
deprévenir, de dépisterprécocement et de prendre en charge
lescomplications pouvant affecter la santé de la mère et de
l'enfantànaitre[27, 30].
L'antécédent de FPN n'était pas, à
l'issu de notre étude, significativement associé au FPN
(p=0,724). Nos résultats sont similaires à ceux à Ilunga
P.M. et al.(8). Mumba M. et al.[31]ont en revanche constaté qu'il y
avait une grande prévalence de FPN chez les femmes ayant un
antécédent de FPN.
A l'issu de notre étude, il n'était pas
observé d'association significative entre le FPN et un
antécédent d'avortement, ce qui est similaire aux
résultats obtenus par Ilunga PM et al[8]En revanche, Kibibi M.K. et
al.[32]à Bukavu/RDC ont constaté que l'antécédent
d'avortement intervenait dans la survenue du FPN.
Selon notre étude, il n'était pas observé
d'association significative entre le FPN et le diabète
gestationnel.Ilunga P.M. et al. (8) ont obtenu à Lubumbashi/RDC des
résultats similaires au nôtres avec p=0,1096, OR=3,4,
IC=0,5-37,4.
Notre étude n'apas observé d'association
significative entre le FPN et l'infection à VIH(p=0,724). Ilunga P.M. et
al.[8]avaient trouvé des résultatscomparables aux
nôtres.Dans une étude réalisée dans plusieurs pays
d'Afrique, TraoréH. et al.[33]ont trouvé chez les mères
infectées par le VIH et non éligibles au traitement
antirétroviral,des facteurs de risque de FPN identiques à ceux de
la population générale sans que des facteurs additionnels
associés à l'infection au VIH n'aient pu être mis en
évidence.
Ilrésulte de notre étude que les infections
génito-urinairesau 3e trimestre de la grossesse augmentaient
4,4 fois le risque de FPN(p=0,0016). Plusieursétudesantérieures
[8,26] ont abouti à des résultats similaires aux nôtres.
Les infections génito-urinaires au cours de la grossesse sont
plutôtimpliquées dans l'accouchement prématuré. Les
infections génitales,par la sécrétion des
protéinases, augmentent la dégradation dela matrice
extracellulaire des membranes foetales, ce quiexplique leur fragilisation,
condition qui précèdela rupture prématurée des
membranes.
A l'issu de notre étude, nous avons noté que
l'hypertension gestationnelle augmente 6,8 fois le risque de FPN. Plusieurs
études antérieures[8,34,35] ont constaté que
l'hypertension artérielle gestationnelle augmente le risque de FPN. Le
mécanisme impliqué est làencore une réduction du
flux sanguin placentaire affectant ainsil'apport de nutriments et
d'oxygène de la mère au foetus[8].
Notre étude n'a pas notéd'association
significative entre le paludisme au cours de la grossesse et le FPN. Nos
résultats sont différentsde ceux de Ilunga P.M. et al.[8] qui
ontretrouvé une association significative (p=0,0342) avec un OR=1,5
liée au fait que l'infection palustre dans le premier ou le second
trimestre de la grossesse aboutit communément au retard de la croissance
intra-utérine alors que l'infection tardive provoque plus une
prématurité du fait d'un accouchement précoce au cours ou
au décours de l'accès palustre [36,37,38].Cette divergence de
résultats serait liée à la différence de la
prévalence du paludisme entre les différents milieux
d'étude.
La consommation d'alcool durant la grossesse n'était
pas significativement associée au FPN (p=0,462). IlungaP.M. et al.[8]
n'ont pas observé pas d'association significative entre la consommation
d'alcool et le FPN.
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