3.3.DISCUSSION
Les résultats obtenus dans
cette étude sont les produits des enquêtes et observation à
partir des connaissances empiriques sur l'inventaire des arbres fruitiers et de
leur gestion dans les parcelles de la population riveraine de KINDELE.
Cette approche ethnobotanique est très utile car elle
nous a permis d'établir une liste d'espèces
végétales utilisée par les populations concernées
comme produit alimentaire autres que le produit médicinal dans la vie
quotidienne de cette population. A l'issue de nos inventaires, 54
espèces se trouvant dans les parcelles ont été
identifiés comme produit à usage multiple. Les
Anacardiaceaesont le plus dominants, les parties
prélevées pour des diverses usages démontrent clairement
que les fruits sont les organes le plus utilisés.
Dans leur étude sur le
rôle, présence et besoin d'arbres dans le paysage urbain de
KINSHASA Kadiata et Ndamiyehe (2017)ont montré que près de 33%
de parcelles sont pourvues de 1 à 2 arbres alors qu'environ 13% de
parcelles en sont totalement dépourvus. De plus, l'activité de
plantation d'arbres dans les résidences a été
estimée régressant. Compte tenu de cet effectif d'arbres dans les
résidences de Kinshasa, il est difficile que les Kinois ressentent les
bienfaits de la végétation urbaine dans l'amélioration de
la qualité de l'environnement puisque celle-ci est positivement
corrélée à la densité végétale
(Bannari, 1996). De fait, Menviq (1987) indique qu'il faudrait en moyenne 53
arbres par habitant pour avoir un environnement sain en ville. Au regard de ce
besoin, des initiatives de maintien et d'accroissement de l'arbre dans le
paysage de Kinshasa s'avèrent prioritaires.
Par ailleurs, la majorité
d'arbres plantés dans les parcelles résultent de graines des
fruits consommés (Buissereset al., 2009). Cette observation
confirme que les arbres urbains ne sont pas issus de la
régénération naturelle contrairement à ceux qui
poussent dans les zones boisées. Cette origine des plantules renseigne
immédiatement sur la nature de la majorité d'arbres peuplant les
résidences de Kinshasa qui sont essentiellement des arbres fruitiers. Ce
résultat s'accorde avec l'affirmation de Pauwels (1993) que les
anciennes cités de Kinshasa étaient verdoyantes par la
présence de manguiers, d'avocatiers, de safoutiers, de palmiers à
huile et cocotiers. Cela a été aussi observé par
(Makumbelo et al., 2020) sur l'inventaire des espèces
végétales mises en culture dans les parcelles en milieu urbain.
Cas de la commune de Limete - Kinshasa - R. D. Congo que l'étude de la
perception de l'utilité des arbres fruitiers chez ceux qui les cultivent
montre que cette population plante premièrement pour la seule
autoconsommation (36,6%). L'autoconsommation et l'ombrage dans la parcelle
(21,2%) précèdent l'autoconsommation et la vente des fruits
(19,3%) ce qui s'avère être pratiquement le cas avec la population
riveraine de Kindele.
La plupart des espèces
fruitières sont des plantes médicinales, et près de
quatre-vingts recettes à base d'espèces fruitières ont
été relevées. Elles utilisent les feuilles,
l'écorce, parfois les jeunes bourgeons, et traitent une pathologie
courante et variée (ciguatera, toux, douleurs abdominales, vomissements,
céphalées, etc.). Les arbres fruitiers qui se trouvent à
proximité des maisons sont ainsi des ressources médicinales
faciles d'accès pour les mères de famille.
La contrainte majeure à la
plantation d'arbres dans les résidences de Kindele reste l'insuffisance
d'espace. Cette situation n'est pas particulière à Kindele
puisque Buissereset al. (2009) reconnaissent qu'en ville, l'arbre et
le citadin sont en compétition pour l'utilisation de l'espace et que les
sols en tant que milieu de croissance pour les arbres sont peu disponibles du
fait que l'espace urbain aérien et souterrain est meublé par
plusieurs types de structures et d'infrastructures. Ainsi, des activités
aussi variées que les travaux de construction ou de rénovation
domiciliaire modifient le volume, la quantité et la structure du sol
colonisable par les racines.
Toutefois, certains résidents
ne pratiquent pas la plantation d'arbres par négligence ou par fait
d'ignorance de bienfaits de l'arbre dans leur environnement. En vue d'optimiser
la présence d'arbres dans la ville, il est nécessaire
d'assujettir le droit de bâtir d'une obligation de planter des arbres
dans les résidences. Un nombre optimum d'arbres à planter en
parcelle pourrait alors être fixé par voie de consensus dans les
municipalités.
En outre, les résidents de Kindele craignent les
éventuels dégâts liés à la présence
d'arbres dans les résidences vu la pente du sol et, pour cette raison
ils s'adonnent peu à la plantation.
Cette crainte est bien fondée selon Carter (1995). D'après
celui-ci les arbres mal plantés ou inadaptés constituent un
danger pour les citadins, soit directement par la chute de branches ou de
l'arbre lui-même, soit indirectement par les menaces à la
sécurité humaine liées à l'accrochage des branches
aux lignes électriques aériennes et les cachettes que les arbres
assurent aux agresseurs. Toutefois, ces menaces peuvent être
évitées aisément par un choix rationnel des espèces
et leur entretien régulier. Il y a donc nécessité
d'améliorer le programme de surveillance des arbres en milieu urbain
sous les auspices du service municipal compétent.
Les menaces sur les arbres fruitiers
ont deux principales causes :
ï La surexploitation en vue de leur utilisation à
des fins de subsistance ou de commerce ;
ï L'exploitation du bois d'oeuvre, qui pose des
problèmes plus larges que la seule conservation des essences
prélevées. Les répercussions sur
l'écosystème ont des causes directes liées aux pratiques
d'exploitation. Les effets indirects de l'exploitation forestière
peuvent être désastreux.
La littérature est claire sur
le fait qu'une exploitation accrue des arbres peut entraîner la
dégradation des ressources (De JONG et al. 2000 ; SENE, 2001) alors il
est important que les autorités communiquent régulièrement
à la population sur une gestion rationnelle de ces ressources car sa
mauvaise utilisation aura des répercussions dangereuses à la
suite de temps.
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