I.9. Lutte contre les trypanosomoses
Deux stratégies alternatives sont
généralement utilisées pour lutter contre les
trypanosomoses africaines. La première stratégie est
principalement médicale ou vétérinaire et vise à
réduire la propagation du parasite par le traitement des
mammifères (Hommes et animaux) infectés; la seconde
stratégie est entomologique et met l'accent sur le contrôle de la
mouche tsétsé.
Le dépistage systématique par des équipes
mobiles permet de détecter les malades au stade précoce. Ce qui
permet de les traiter et d'éviter la progression de la maladie. Il
permet aussi de reduire le réservoir humain. Cependant, des animaux
domestiques et sauvages ont été identifiés comme des
réservoirs potentiels (Simo et al., 2000; Njiokou et al.,
2006, 2010) à partir desquels des trypanosomes peuvent être
réintroduits dans la population humaine. Gérer le
réservoir animal est difficile parce qu'il est constitué d'une
variété d'animaux domestiques (porcs, moutons, chèvres,
chiens...) et sauvages (singes, rats, crocodiles...). Dans un tel contexte,
contrôler le vecteur apparaît comme une méthode alternative
pour lutter contre le réservoir animal. De nombreuses techniques ont
été utilisées dans le but de réduire les
populations de glossines. Ces méthodes comprennent :
? L'abattage des animaux sauvages
Cette technique ancienne consistait à abattre les
animaux sauvages sur lesquels se nourrissaient les mouches tsétsé
(Hocking et al., 1963; Jordan, 1986). Dans l'île de Principe
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Caractérisation génétique de Glossina
pallicera pallicera circulant dans le foyer de la maladie du sommeil de
Campo du Sud forestier Camerounais rédigé par GOMSEU DJOUMSIE
Emmanuel Boris
par exemple, les porcs sauvages ont été
entièrement éliminés dans les années 1930, ce qui a
entrainé la disparition des mouches. Dans les années 1950, les
mouches ont ré-envahi cette île. Cependant, la nouvelle population
des glossines était indemne de la maladie. L'élimination des
animaux sauvages n'est pas facile à réaliser, surtout quand il
consiste à détruire les petits animaux comme le
phacochère, le potamochère et les petites antilopes qui sont
également des hôtes de nombreuses espèces de trypanosomes.
Ce procédé d'abattage des animaux sauvages avait
été abandonné, car il était moins efficace et
n'assurait pas la protection de la faune sauvage.
? Destruction de la végétation
La destruction de la végétation peut se faire
par usage des bulldozers, des feux de brousse, par défrichage partiel ou
total suivi quelque fois du remplacement de la végétation
naturelle par des cultures. Ces méthodes sont onéreuses,
nécessitent une main d'oeuvre abondante et présentent un
inconvénient majeur car elles perturbent l'équilibre de
l'environnement, augmente des quantités importantes de CO2 dans
l'atmosphère, ce qui conduit au réchauffement climatique. De
plus, elle favorise la mise en place des glossines péri-domestiques plus
dangereuses (Nash, 1940; Morris, 1946; Kernaghan et Davies, 1960; Maillot,
1966; Challier, 1968).
? Les campagnes de pulvérisations des
insecticides
Les insecticides ont été
utilisés pour lutter contre les mouches tsétsé durant le
XXe siècle. Cette technique a été étendue
après la seconde guerre mondiale avec des grandes campagnes
aériennes (aéronefs) et terrestres (pulvérisateurs)
basée sur utilisation des insecticides organiques comme le DDT
(Dichlorodiphényltrichloroéthane). Le problème majeur est
le risque de pollution. Ces insecticides n'étaient pas
spécifiques à une espèce et pouvaient donc affecter
d'autres arthropodes non-pathogènes. De plus les modalités de la
lutte chimique contre les glossines sont complexes et doivent tenir compte des
facteurs climatiques, du relief et de la végétation (Kirkby et
Blasdale, 1960; Macdonald, 1960 ; Mahood, 1960; Maclennan, 1963).
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Caractérisation génétique de Glossina
pallicera pallicera circulant dans le foyer de la maladie du sommeil de
Campo du Sud forestier Camerounais rédigé par GOMSEU DJOUMSIE
Emmanuel Boris
? Piégeage
L'usage des pièges ou des écrans occupe une
place importante dans les stratégies de lutte contre les glossines. Les
pièges et les écrans sont souvent imprégnés
d'insecticides. Les pièges se sont avérés plus efficaces
avec de nombreux modèles actuellement disponibles: le piège
Vavoua (Lavéissière et Grébaut, 1990), le piège
pyramidal (Gouteux et Lancien, 1986), et le piège biconique (Challier et
Lavéissière, 1973). Ces pièges et écrans sont
composés de couleurs attractives (bleu) et de couleurs sombres (noir).
L'usage des pièges exigent cependant une logistiqu e importante et un
personnel qualifié ayant une bonne connaissance de l'écologie des
mouches.
? Utilisation des mâles stériles
La technique du lâché des insectes
stériles (TIS) repose sur la libération de mâles
irradiés rendus ainsi stériles. Ces insectes en surnombre par
rapport aux mâles sauvages de l'espèce cible s'accouplent avec les
femelles sauvages, entraînant des accouplements infertiles, ce qui est
« catastrophique » pour la dynamique de leur population, qui
décline jusqu'à l'extinction si elle est isolée. Cette
technique a l'avantage de toucher exclusivement l'espèce ciblée.
La TIS s'applique aux glossines qui présentent une faible densité
des populations, un faible taux de reproduction, un accouplement en
général unique (Bouyer ,2006).
Le problème majeur dans cette technique réside sur
l'élevage de masse des glossines, la compétitivité des
mâles de laboratoire et l'effectif des individus à lâcher
(Lavéissière et al., 2000).
Ces méthodes de lutte anti-vectorielle ayant
présenté plusieurs limites, de nouvelles études se sont
axées dans le domaine de la biologie moléculaire et celles-ci a
permis le développement d'autres méthodes de lutte.
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