La rdc et le dilemme de securité : etude comparative entre la deuxième et la troisième républiquepar Didier CHIGANGU MUNGUAKONKWA Université Officielle de Bukavu - Licence en Relations Internationales 2018 |
Paragraphe 2 :Les opérations militaires (Affrontements entre les FARDC et les troupes dissidentes)2.1. Affrontements entre la 10e région militaire et les troupes du Général Laurent Nkunda au Sud- KivuLa situation vécue à Bukavu en mai et Juin 2002, n'est que le résultat logique des événements de février-mars 2002. Les affrontements entre militaires, qui ont provoqué le départ vers Kinshasa du Général Prosper Nabyolwa, commandant de la 10e Région Militaire et la mise à l'écart du Colonel Mutebusi, son adjoint, n'ont pas résolu les problèmes d'autant plus que celui-ci circulait librement à Bukavu avec tous les honneurs dus à son rang d'officier. Fin avril, la MONUC avait reconnu officiellement que les troupes rwandaises étaient présentes en territoire Congolais, dans le Nord- Kivu. D'autres sources signalaient également leur présence dans la plaine de la Ruzizi au Nord d'Uvira.74(*) En présence nous avons deux parties, d'une part le Colonel Jules Mutebusi limogé de son poste en mars 2002 avec le groupe des militaires Banyamulenge à son service et certains du RCD/ Goma qui le soutiennent ; d'ailleurs il va recevoir du général Laurent Nkunda, une aide fort importante dans les jours suivants. C'est auprès d'eux que les renforts Rwandais sont joints. D'autre part, le Général Mbuza Mabe, nouveau commandant de la 10e région militaire, avec les troupes de l'armée régulière. 2.2. Affrontements entre les éléments du CNDP et FARDC au Nord et Sud- Kivu En Août 2008, l'armée Congolaise a déclenché une offensive militaire contre le CNDP. En dépit de leur supériorité en nombre, les forces gouvernementales ont rapidement perdu le terrain. En septembre 2008, Nkunda a tenu une conférence avec les membres du CNDP pour examiner la position politique du mouvement. Le CNDP a décidé de réclamer des pourparlers bilatéraux directs avec le gouvernement et d'entendre ses exigences jusqu'à inclure le retrait du président Joseph Kabila de ses fonction.75(*) Le 08 octobre 2008, les rebelles ont attaqué par surprise et se sont emparés du camp militaire de Rumangabo, l'une de plus importantes bases militaires de l'Est du Congo ; ils ont saisi un stock important d'armes et des munitions.Ensuite, le 26 octobre, le CNDP a déclenché une offensive majeure, renversant rapidement les positions de l'armée Congolaise qui n'a pas suffi à stopper l'avancée du CNDP. Le 29 octobre, les rebelles de Nkunda approchaient de Goma, causant une panique générale. L'armée Congolaise s'est désintégrée, les soldats se livrant au pillage, au viol et au meurtre dans leur fuite, les soldats du maintien de la paix de l'ONU restaient la seule force militaire crédible pour protéger Goma et ses plus de 500.000 habitants.76(*) Rappelons enfin que la RDC est le théâtre de l'un des pires crises dans le monde avec un grand nombre des conflits armés dont certains sont internationaux ; alors que d'autres sont internes internationalisés. D'autres encore sont des conflits étrangers se déroulant sur le territoire de la RDC. Deux objectifs majeurs ont animés les acteurs dans ces conflits dont celui politique et économique. La diversité en nombre de ces conflits armés a engendré aussi une agitation diplomatique en nombre. D'où les négociations politiques en RDC. 2.3. Les opérations « Umoja Wetu » Le 05 décembre 2008, le ministre congolais des Affaires Etrangères, Alexis Thambwe Mwamba, et son homologue rwandais, Rose- Marie Museminali, ont annoncé une opération conjointe immédiate contre les FDLR, appelée « Umoja Wetu ». Comme lors des précédentes tentatives des négociations, le général rwandais James Kabarebe et le Général congolais John Numbi figuraient parmi les acteurs-clés.77(*) Le 20 janvier 2009, au moins 4000 soldats rwandais, et peut être beaucoup plus, ont franchi la frontière et ont pénétré dans l'Est du Congo pour combattre les FDLR dans le cadre d'une offensive Rwando-Congolaise conjointe appelée « Umoja Wetu ».78(*) Bien que cette opération soit qualifiée d'offensive conjointe, des nombreux soldats congolais étaient gênés par l'intégration complexe dans leurs rangs d'ex-combattants du CNDP, ainsi que d'autres groupes armés, et ils étaient pour une grande part absent de l'opération. Les troupes rwandaises ont avancé très rapidement, parfois aux côtés d'ex-combattants du CNDP, attaquant une des principales bases des FDLR à Kibua, en territoire de Masisi (Nord- KIVU), ainsi que d'autres positions des FDLR aux environs de Nyamilima, Nyabyondo, Pinga et Ntoto (Nord- Kivu) . Même S'il y a eu quelques confrontations militaires, essentiellement dans la zone autour de Nyabyondo et Pinga, les combattants FDLR ont souvent combattu en retraite dans les collines et forêts environnantes avant les attaques. Après 35 jours d'opérations militaires au Nord- Kivu, et dans un laps de temps qui était probablement convenu entre les présidents Kabila et Kagame, l'armée rwandaise s'est retirée du Congo le 25 février 2009. Une cérémonie de clôture et un défilé militaire ont été organisés à Goma, en présence des ministres rwandais et congolais des Affaires Etrangères et de la défense, du chef de la MONUC, Alan Doss, ainsi que des diplomates de Kinshasa et Kigali. Le général Numbi, l'un des principaux artisans de l'accord, a annoncé que l'opération avait été une réussite.79(*) 2.4. Les opérations Kimia II Des représentants gouvernementaux tant du Rwanda que du Congo ont insisté sur le fait que la mission était inachevée et ont exhorté la MONUC à joindre ses forces à celles de l'armée congolaise pour en finir avec le problème des FDLR dans les deux provinces du Kivu. Lors des réunions postérieures au départ de l'armée rwandaise, des représentants des gouvernements des deux pays ont soulevé en privé des attentes similaires.80(*) La MONUC qui avait délibérément tenue à l'écart de l'organisation et de l'exécution de l'opération « UmojaWetu », était placée dans une position difficile. Tandis que certains diplomates et fonctionnaires de l'ONU reconnaissent les graves limitations de la capacité de l'armée congolaise à conduire efficacement ces opérations ainsi que les conséquences potentiellement catastrophiques pour la population civile dans le Kivu, ils estimaient qu'ils n'avaient pas d'autre choix que d'aller de l'avant. Certains fonctionnaires de l'ONU estimaient qu'ils pouvaient faire davantage pour la protection des civils en étant partie prenante des opérations, plutôt qu'en restant en dehors. Le 02 mars 2009, l'armée congolaise conjointement aux soldats du maintien de la paix de la MONUC, a lancé la deuxième phase des opérations militaires contre les FDLR, connue sous le nom de l' « opération Kimia II »(silence en Swahili). Le commandant de l'armée congolaise, le général Dieudonné Amuli Bahigwa, est nommé le 7 avril 2009 par le président Joseph Kabila, comme commandant de l'opération.81(*)Des anciens officiers du CNDP ont été affectés à des postes de commandement importants. Bosco Ntaganda, récemment promu au grade de général de l'armée congolaise, était de fait le commandant second de l'opération Kimia II. * 74« La troisième guerre !, Bukavu à feu et sang ! »,Missionnaires d'Afrique, Bukavu, 2005 * 75Rapport de l'entretien de HumanRights Watch avec des officiers et des dirigeants politiques du CNDP, Rutshuru, 3O Novembre 2008. p16 * 76 http://www.hrw.org , consulté le 04 Avril 2018 * 77 www.minaffet.gov.rw , consulté le 04 Avril 2018 * 78«UN says up to 4.000 Rwandan troops in DR Congo», Agence France-Presse, 21 Janvier 2009 * 79 www.crisisgroup.org , consulté le 09 Avril 2018. * 80Rapport hebdomadaire de la MONUC sur le Nord- Kivu, 22-28 février 2009. * 81Rapport hebdomadaire de la MONUC sur le Nord- Kivu, 7 avril 2009. |
|