La rdc et le dilemme de securité : etude comparative entre la deuxième et la troisième républiquepar Didier CHIGANGU MUNGUAKONKWA Université Officielle de Bukavu - Licence en Relations Internationales 2018 |
SECTION III : LE CADRE THEORIQUEParagraphe 1 : La théorie de sécuritéLa sécurité est ici synonyme de la sécurité nationale, à cause du dilemme de sécurité auquel tout État exposé du fait de la rage anarchique des Relations Internationales : le référent de la sécurité, c'est -à-dire en ce qui est de la RDC, l'unité dont il s'agit d'assurer la sécurité est l'État, les valeurs centrales qu'il s'agit de protéger sont la souveraineté Étatique, l'indépendance nationale, l'intégrité territoriale ; quant aux menaces qu'un État se doit d'être capable de dissuader ou d'affronter avec succès, elles concernent exclusivement la force armée à laquelle sont susceptibles de recourir, compte tenu de leurs capacités militaires objectifs, d'autres acteurs collectifs, Étatiques mais aussi non-Étatiques (groupes terroristes par exemple)41(*). Longtemps prédominante, malgré l'émergence dans les années cinquante de la notion de communauté de sécurité, cette conception traditionnelle sera concernée à partir des années quatre-vingt. L'évolution du contexte international y a été pour beaucoup : la maturation de l'anarchie au niveau des relations Est-Ouest et le moindre degré d'urgence des dimensions exclusivement militaires de la sécurité. Ce qui a suscité la régionalisation de la notion de sécurité d'une part et son élargissement de l'autre afin de maintenir l'influence de puissance au coeur de l'Afrique par le biais du grand dictateur Mobutu. D'un côté, le postulat réaliste de l'indifférenciation fonctionnelle des États face aux problèmes de sécurité a été remis en cause. D'après Buzan, la sécurité d'un État est la façon significative médiatisée par les effets de la géographie : la situation sécuritaire varie selon les États car, toutes choses restant égales par ailleurs, et abstraction faite des puissances (ou de la superpuissance depuis la fin de la guerre froide), c'est dans ses voisins, avec lesquels il partage une histoire, que le Congo-Zaïre voit d'abord une menace ou non pour sa sécurité42(*). D'où le concept de complexe de sécurité défini comme un groupe d'États dont les soucis primordiaux de sécurité sont si étroitement liés que la sécurité d'aucun d'entre eux ne saurait être séparée de celle des autres. Appliquée aux régions d'Amérique du Nord, d'Afrique Australe, du Proche et du Moyen Orient Arabo-musulman, du sous-continent Indien, et de l'Asie du Sud-Est dans un premier temps, ainsi qu'aux Balkans, au Caucase et à l'Afrique des Grands Lacs et de l'Ouest depuis la fin de la guerre froide. De l'autre côté, la notion de sécurité en RDC a été élargie pour prendre en compte les dimensions non militaires d'une sécurité dorénavant appréhendée sous un angle global. Toujours d'après Buzan et l'école Copenhague43(*), tout autant que la sécurité militaire, qui concerne la survie des États pris dans l'interaction de leurs capacités offensives et défensives et des perceptions de leurs intentions respectives, la sécurité inclut: · La sécurité politique, qui concerne la stabilité des États, leurs systèmes de gouvernement et la légitimité de leur idéologie. Rapportant cette dimension de sécurité à notre analyse, il est important d'étudier les profils des décideurs politiques pour comprendre l'impact qu'à leurs politiques sur la sécurité ; · La sécurité économique, relative à l'accès aux ressources, marchés et finances nécessaires pour maintenir de façon durable des niveaux acceptables de bien-être et de pouvoir Étatique ; · La sécurité environnementale, portant sur la sauvegarde de la biosphère locale et planétaire comme support en dernier ressort de toute activité humaine ; et · La sécurité sociétale, définie comme la durabilité à l'intérieur des conditions acceptables d'évolution, des schémas traditionnels de langage et de la culture ainsi que de l'identité et des pratiques nationales et religieuses. Selon Walter Lippman, une Nation possède la sécurité lorsqu'elle n'est pas contrainte de sacrifier ses intérêts légitimes afin d'éviter la guerre, et est capable, s'il y a un obstacle, de les préserver à travers la guerre. De ce qui précède, disons un mot sur la sécurité nationale. Qu'est-ce que la sécurité Nationale ?44(*)Autant la clarification conceptuelle est absente autant il existe plusieurs définitions de la sécurité Nationale et internationale sans une réelle interaction. Notons-en quelques-unes : Penelope Hartiand-Thunberg écrit : « la sécurité nationale est la capacité d'une Nation à poursuivre avec succès ses intérêts nationaux tels qu'elle les voie à n'importe quel endroit du monde ». Selon Giacomo Luciani, « la sécurité nationale, c'est la capacité de résister à toute agression étrangère » Pour Frank N. Trager et Frank L. Simonie, « la sécurité nationale est cette partie de la politique gouvernementale qui a comme objectif central la création des conditions nationales et internationales favorables à la protection et à l'extension des valeurs vitales nationales contre des adversaires existants potentiels ». Selon Barry Buzan ; « dans le cas de la sécurité ; la discussion consiste à se soustraire à la menace. Dans le contexte du système international, la sécurité désigne la capacité des États et des sociétés à préserver l'autonomie de leur identité et de leur intégrité fonctionnelle »45(*). Arnold Wolfers, quant à lui établit une distinction : « Dans un sens objectif, la sécurité mesure l'absence de menaces pesant sur les valeurs acquises ; dans un sens subjectif, elle désigne l'absence de peur que ces valeurs soient attaquées ». De ces définitions, ajoutons celle de Dominique David qui propose de considérer la « sécurité » au sens le plus large du terme, comme l'État d'un sujet qui s'estime non menacé par tel ou tel danger, ou pense avoir les moyens d'y répondre si ce danger vient à devenir actuel » Les trois premières définitions tombent facilement dans la catégorie d'une vision réaliste de la politique internationale au sein de laquelle l'objectif de l'État est la quête de la puissance à travers l'intérêt national. Elles renseignent considérablement le champ d'application du concept de « sécurité». Par ailleurs, la définition de F.N. Trager et de F.L. Simonie a l'inconvénient d'être élitiste et bureaucratique. Ils font de la sécurité nationale un instrument de promotion et d'extension des « valeurs nationales vitales ». Cette idée peut être interprétée comme étant la manifestation d'une volonté de puissance impérialiste. En effet, parmi les valeurs nationales, il y a assurément l'idéologie organisatrice de l'État. Le concept « sécurité » est polysémique non seulement parce qu'il est utilisé dans la plupart des domaines de la vie sociale, mais aussi parce qu'il est susceptible d'une forte connotation idéologique empêchant ainsi à la réalisation d'un consensus à son sujet. Cependant d'une manière générale, le concept « sécurité » s'entend : · d'une situation, d'un État dans lequel on n'est pas exposé au danger ; · d'une tranquillité d'esprit inspiré par la confiance, par le sentiment de n'être pas menacé ; · d'un dispositif empêchant la mise en marche intempestive d'un mécanisme nuisible ; En d'autres termes, être en sécurité signifie « n'être pas exposé à un danger ». Dans cet ordre d'idées le terme « sécurité » est utilisé dans les secteurs sociaux46(*). * 41 C.P. David, Théories de la sécurité. Définitions, approches et concepts de la sécurité internationale, Paris, Montchrestien, 2002, (avec Jean-Jacques Roche), pp 45-90. * 42B. Buzan, Introduction aux Etudes Stratégiques : Technologie militaire et Relations Internationales, Londres, Macmillan, 1987, p 157. * 43M.C. Smouts at. alii, Dictionnaire des Relations Internationales, Approches, concepts, Doctrines, Paris, Dalloz, 2003, pp 450-453. * 44T.Balzacq, Op. Cit., 2003-2004, pp.32-45. * 45B. Buzan, Op. cit, p160 * 46M.C. Smouts, et alii, Op. Cit, pp 450-453 |
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