SECTION II : LE CHAMP
SECURITAIRE DE LA RDC
Paragraphe 1 : Le Secteur de
Sécurité de la RDC
Il n'existe pas de modèle universel de secteur de la
sécurité. L'on considère néanmoins que ce secteur
doit normalement comprendre des structures, des institutions et un personnel
responsable de la gestion, de la garantie et du contrôle de la
sécurité. Par exemple: les forces armées, les services de
répression, les services pénitentiaires, les services de
renseignement, et les institutions responsables du contrôle des
frontières, des douanes et de la protection civile. Dans certains cas,
le secteur comprend également certains éléments du
système judiciaire appelés à connaître des cas de
délit et de mauvais usage de la force. Le secteur de la
sécurité doit également comporter des organes de gestion
et de contrôle et, dans certains cas, peut faire appel à la
participation de prestataires informels ou traditionnels de services de
sécurité.
L'État, objet référent traditionnel de la
sécurité nous suit partout, de nouveau, à l'instar de la
guerre froide, l'ennemi est partout qu'il faut combattre à
l'extérieur comme à l'intérieur de l'État. Le champ
sécuritaire de la RDC est donc simultanément traditionnel et
nouveau.
Il est traditionnel, car il repose sur l'incertitude de la
menace (désormais terroriste surtout quand on parle récemment des
massacres de Béni, Ituri, etc...) qui conduit à élaborer
des mesures de protection et de coercition pour prévenir le pire
(d'autres attentats). En ce sens, la dynamique obéit au « dilemme
de la sécurité » : ne connaissant ni les intentions ni les
actions possibles des acteurs semant les troubles partout.
Les États s'arment et émettent des politiques
sécuritaires, pour se protéger et renforcer leur
sécurité, en faisant une spirale action-réaction,
semblable aux réponses de sécurité classiques qui ont
toujours été centrales dans l'explication des guerres.
Le champ est nouveau car, pour la première fois, la
menace à la sécurité est non Étatique et
transnationale. L'ennemi, rappelle-t-on, est flexible, n'a pas de
résidence fixe et profite de la mondialisation notamment de la
perméabilité des frontières et de la faiblesse de la
souveraineté pour frapper l'État et se cible. Il est sans
similitude avec l'ennemi traditionnel de nature Étatique. Même en
face de cette évolution, car aujourd'hui asymétrique, le
gouvernement congolais devra adopter avant tout le réflexe de la
sécurité territoriale et militaire. Est-ce dire que la
sécurité, prise globalement, est semblable aujourd'hui à
ce qu'elle était il y a plus de quarante ans ?
Les facteurs de continuité sont tout aussi marquants
que les ruptures. Il n'est nullement surprenant que la lutte contre ce genre
d'insécurité provoque ainsi des dilemmes de
sécurité dans plusieurs régions du territoire congolais.
Ensuite,il ne faudra pas qu'on l'ignore, l'ordre international est soumis aux
aléas de la peur. Cette dernière découle d'une menace
transnationale qui, paradoxalement, renforce les assises de l'État et de
l'ordre westphalien, et ce faisant, la défense du territoire et de la
sécurité nationale aux dépens de la construction d'une
communauté internationale.
Toutes les écoles théoriques reconnaissent la
prédominance des questions de sécurité dans le
système international et la prévalence des vieux réflexes
sécuritaires. C'est ainsi que les notions d'ennemi, de guerre
préventive, de changement de régime, d'unilatéralisme,
sont bien anciennes et ont été à l'origine de plusieurs
guerres dans cette histoire.
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