Vers une compréhension de la mobilité résidentielle au regard de l'étalement de l'aire métropolitaine de Port-au-prince : le cas de Canaan de 2010 à 2020par Wilguens Pharius Université d'État d'Haïti - Diplôme en sciences sociales 2021 |
5.2.1. Réseau etServiceD'après le site spécialiséHypergeo (2004), un réseau est un ensemble d'élémentsmatériels, (infrastructures) et immatériels(électromagnétiqueou informationnels), assurant la mise en relation de différents lieux d'un territoire et des entités qui les occupent.En plus de cet aspect nous ferons le point ici sur les équipements urbains implantés dans la zone et l'accessibilité des services. Dans le cadre de nos séances d'observation nous avons pu remarquer que les routes à Canaan sont poussiéreuses. Conjointement, à l'augmentation des habitations, on constate le développement sous le contrôle de « solidarités locales », notamment le Konbit27(*) d'un réseau relativement dense de rue et de routes en terre battue. Un seul axe routier est asphalté, il s'agit de la route principale de Canaan 3, reliant entre autres la route nationale numéro 1 et l'axe principale conduisant entre autres au département du centre. Des canalisations sont à remarquer mais ne suffisent pas au quartier. Figure 8. La route principale de Canaan 3 Source : Wilguens Pharius Comme on peut le remarquer sur cette photo, cette route construite récemment ne dispose pas de canalisations. Elle n'a pas été finalisée et commence par être dégradée. D'après nos répondants, l'électricité constitue l'un des problèmes auxquels fait face Canaan. Si dans certains secteurs, on trouve un réseau électrique par branchement illégal. Certains interviewés expliquent qu'ils ont dépensées une « fortune » pour avoir l'électricité, sans pour autant en bénéficier. Le répondantnuméro 6 nous a relaté un projet mis sur pied par une OCB dont il veut taire le nom, celui-ci devant permettre à une partie de Canaan 3 de se procurer de sonpropre groupe électrogène que les habitants financeront eux-mêmes. Le projet était tombéà l'eau alors qu'ils donné leur argent pour le projet. Une telle initiative constitue une réponseà l'irresponsabilité de l'Etat. L'un de nos interviewés a mentionné l'existence d'un annexe de la mairie de la Croix de Bouquets, qui n'interviennent que dans le domaine foncier. Des enquêtés notent aussi les problèmesliés à la communication par téléphone ou de l'utilisation de l'internet. A l'intérieur du logement, la communication est très difficile, l'internet monte à 2G. Nous avons observé dans certains ménages, qu'on s'était obligé de sortir de l'intérieur du logement afin de mieux communiquer. Nos interviewés nous ont signalés par ailleurs de l'existence de deux équipements sanitaires, qui sont les plus proches de la zone et qui desservent les Cananéens.L'un se trouvant sur la route nationale numéro 1, à l'entrée de Canaan 3 et l'autre à l'intérieur de la trame urbaine. Des équipements de loisirs sont aussi à relever, comme les places publiques, mais aussi un centre sportif, le plus grand de l'airemétropolitaine de Port-au-Prince. Il s'agit du centre Olympique de l'espoir se localisant à l'angle de l'axe route 9 et la route nationale numéro 1. Aussi, l'accélération de la croissance démographique, les autorités étatiques n'ont pas su faciliter l'accès à d'autres services élémentaires. Il importe pour nous de souligner avec Paul et al., (2018 : 236) que Canaan incarne « un tissu urbain relativement étenduet complexe mais privé, en dépit des nombreuses réalisations partielles en cours,d'importants services de base à la population, en particulier en ce qui a trait à la disponibilitéd'eau pour les besoins quotidiens de la population et le traitement des eaux usées et desdéchets ». D'après le rapport sur les perspectives de développement de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, Horizon 2030, la population identifie la question de l'accès à l'eau comme un problème majeur. Aucun des ménages ont l'eau courante privée ou accès à une source publique à Canaan. Des initiatives ont été prises mais sans pour autant se matérialiser. Le répondantnuméro 8 a confié que : Sa fè bon tan depi te gen yon pwojè pou mete yon sitèn sou pye nan zòn nan. Se te inisyativ DINEPA men jiskaprezan anyen pa fèt. Pèsonn pa konn sa ki pase. Se rete nou rete nou pa tande anyen28(*). A la question comment sont abordés les problèmes de disponibilité et d'utilisation d'eau dans ce milieu marqué à la fois par des conditions climatiques semi-désertiques, par une croissancedémographique très rapide, la pauvreté généralisée, l'aménagement rudimentaire deshabitats résidentiels et la dégradation de l'environnement qui lui est associée? Voilà ce que dit le rapport (Bodson et al., 2018 :239)sur le champ de l'urbain dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince: À Canaan, les ressources hydriques de qualité facilement accessibles font systématiquement défaut. Les pluies y sont relativement peu fréquentes et s'écoulent rapidement en surface de façon torrentielle. Les premières couches d'eau souterraine sont, par leur composition, impropres à la consommation alimentaire. L'eau de qualité semble cependant disponible à plus grande profondeur dans la bordure de Canaan plus proche de la plaine du Cul de Sac, mais une prospection systématique est nécessaire conjointement à une évaluation des coûts d'exploitation, des démarches considérées actuellement comme hors de portée en termes de coûts. En l'absence d'implication des pouvoirs publics, la mise à la disposition d'eau pour la population de Canaan relève de l'initiative privée. On comprend que dans ces circonstances, les Cananéens ont dû s'adapter et développer leurs propres stratégies d'appropriation de l'espace et de survie dans un territoireplutôt hostile. Les habitants de Canaan ont fait preuve d'une grande inventivité en termes d'aménagement de leur territoire. Ils ont aménagé des infrastructures et des équipements collectifs, notamment un réseau de 600 kilomètres de voirie (CRA, 2017, cité par Peter et al. 2018 : 206). Le territoire de Canaan siège également des places publiques arborées et impluviums collectifs (Petersen, 2016, cité par Petter et al. 2018 : 206). On dénombre plus de 200 écoles et autant de lieux de cultes prives (ONU-habitat, 2016, cité par Peter et al., 2018 : 2016). Dans certains secteurs on peut remarquer un réseau électrique par branchement illégal. Quant aux routes, elles ont été construites au moyen de Konbit, c'est-à-dire en conjuguant leurs forces comme c'est le cas dans l'espace rural haïtien. Des groupes associatifs se constituent en « autorité politique » officieuse. Il s'agit des Organisations Communautaires de base (OCB). Elle gèrent lucrativement l'aménagement et l'appropriation du territoire (Noel, 2012, Peter et al., 2018 : 209) : ceci sont au nombre de 200 en 2016 selon ONU-habitat. Ces dernières assurent aussi la gestion des enjeux d'ordre collectif plus louables comme les problèmes sociaux, l'aménagement des routes, l'assainissement, la santé et le reboisement. * 27 Selon Gérard Barthelemy (1989 : 24) le Konbit fait partie des mécanismes internes de l'autorégulation au sein du milieu paysan. Il incarne une forme de gestion non salariale du travail et constitue avec l'escouade, l'avanjou une structure collective de travail. C'est une stratégie d'entraide, de solidarité et se réalise sous forme d'échange à base de réciprocité le plus souvent. Cette stratégie permet d'exploiter les parcelles de terres en milieu rural ou. Il sert aussi à l'assainissement. En milieu urbain, les populations songent à l'utiliser en absence de l'Etat. * 28 Il y avait une initiative visant construire une citerne d'eau dans la zone grâce à la DINEPA. Mais jusqu'à présent rien n'a été fait. |
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