4.3. Données
démographiques
Selon l'UCLBP, le territoire presqu'inhabité de Canaan
avant 2010 compte une population de 250 00 personnes en 2015.La zone de
peuplement de Canaan s'étend actuellement d'Onaville jusqu'aux confins
du village pécheurs au nord et même au-delà. Une
enquêtede 2016 de la Croix-Rouge réaliséeauprès de 1
847 ménagesestime que 94% des Cananéens proviennent des huit
communes de l'arrondissement de Port-au-Prince et de des zones urbanise de la
Croix des Bouquets qui compose l'aire métropolitaine de
Port-au-Prince.Parmi les 6% de migrants externes, certains viennent d'aussi
loin que le Cap-Haitien, les iles de la Gonâve et de la Tortue et de
Saint-Domingue en République Dominicaine (Peter et al., 2018 :
200).
Cette enquête(2016) de la Croix-Rouge fait mention de la
plus ancienne population (3 à 6 ans) qui est de l'ordre de 36% ;
les pionniers (plus de 6 ans) sont estimés àprès de
13% ; les derniers venus sont de 28% (moins de 6 mois).
La croissance annuelle de la population de Canaan est de 6%.
Selon Onu-habitat elle peut avoisiner446 6000 vers 2035 (2016, cité par
Petter et al. 2018 : 2010).
Figure 3. La superficie de la zone habitée de Canaan en
2018
Source: open street map ; Univ munich, 2018
4.4. La question foncière
et le mode d'occupation du sol
A Canaan, le foncier n'est pas régularisé. La
pression foncière y est omniprésente et grandissante.La
disponibilité d'une concession publique et la présence de l'aide
humanitaire ont agi comme un aimant pour des milliers de personnes fuyant
à l'origine camps surpeuplés et bidonvilles de la capitale en
quête de meilleuresconditions de vie et de propriété
terrienne. Elles ont été suivies d'une vague de
spéculateursfonciers flairant la valorisation du sol.Deux (2) formes de
conquête du territoire se sont succédé dans le temps. Anne
Marie Petter (2018 : 205) a pris bien soin de les présenter et
nous les rapportons :
D'abord l'invasion ou le squat par des individus venus seuls
ou en groupes de voisinage s'appropriant des parcelles d'une taille
conséquente aux besoins de chacun de leur ménage. Pour
éviter le vol du terrain, les familles sécurisaient la parcelle
à l'aide d'une enceinte de pierre ou avec des clôtures
rudimentaires, mais le plus important était d'ériger rapidement
un abri et d'occuper physiquement la propriété. Ont ensuite suivi
les invasions dites « pirates ». Avant même
l'arrêté officiel déclarant la zone d'utilité
publique, ceux qui eurent la chance d'avoir des « entrées » au
Palais National et vent de cet arrêté se sont approprié de
vastes territoires seuls ou regroupés en organisations
communautaires.
Ils ont tracé routes et parcellaire, celui-ci vendu
entre 2 500 et 5 000 gourdes (35,80 € à 71,60 actuels)
dépendamment de la zone, et ce parfois plusieurs fois si les parcelles
n'étaient pas sécurisées et occupées rapidement.
Vosh Dathus (2013) a évoqué par rapport au mode
d'accès au foncier à Canaan une fabrication de la
propriété par le bas.
Par ailleurs, l'auto-construction et le
lotissementprédominent comme mode d'occupation du territoire. Les
habitations sont localisées dans des parcelles
généralement plus grandes que celles des quartiers
précaires de l'airemétropolitaine de Port-au-Prince. Les
parcelles ne sont pas systématiquementcontiguës. Il en
résulte un espace résidentiel dispersé en contraste avec
lamajorité des espaces urbanisés de l'aire métropolitaine
(Paul, 2018).A distance, Canaan est semblable à une vaste étendue
de terre non définie, chargé de constructions manifestement
anarchiques. En vertu de nos séances d'observations
réalisées dans la zone nous avons vu que quelque soit le
numéro de Canaan considéré (1, 2, 3, 4, 5, 6) on observe
des maisons construites, en bois (chèltè), en bloc, de toitures
en tôle, et en béton armé, l'ensemble sont des maisons
individuelles. On observe également des logements constitués
uniquement de tôle dans les hauteurs,particulièrement dans la zone
de Bellevue qui ne porte pas bien son nom.
En poursuivant les observations, à mesure qu'on se
rapproche, Canaan se présente comme une agglomération en pleine
expansion.
Figure 4.- Lotissement à Canaan
Source : Wilguens PHARIUS/18-03-2021
A Canaan, les terrains sont morcelés en plusieurs
parcelles. Le lotissement est une opération foncière, impliquant
le plus souvent l'habitat individuel. Celui-ci prédomine à
l'échelle mondiale dans les contextes marqués par
l'étalement urbain.
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