II.5. Organisation sociopolitique et économique
II.5.1 Les rapports sociaux de genre
La ville de Dapaong à l'image des autres
sociétés post industrielle est tiraillée entre le
modernisme et le traditionalisme. Ainsi le système patriarcal qui est en
vigueur depuis des siècles a su résister jusqu' à nos
jours. Sur les bases de ce système, les femmes ne sont pas
considérées en tant qu'individus à part entier mais en
tant que fille, épouse ou mère. Ainsi le partage du pouvoir dans
la famille reflète les normes sociales qui se répercutent sur
tous les aspects de la vie communautaire à savoir : social,
politique, éducatif et économique.
II.5.1.1 Sur le plan social
La structure Moba-gourma basée sur le
système patriarcale considère l'homme comme le chef de famille
(le tchamba) et le principal gagne pain tandis que la femme est
considérée comme la nourricière qui s'occupe de la
sphère interne ou le (naag) ou de l'unité de résidence. Le
rôle de la femme se limite à l'entretien de la famille. Cette
domination de l'homme dans la structure Moba-Gourma correspond à la
domination traditionnelle de Max Weber. Max Weber entend par domination
patriarcale le type de domination dans laquelle le père de famille est
le seul souverain qui a l'autorité au sein du groupement familial qui
est en même temps une unité économique (F.S.K.Achon,
2008 : 3). Le patriarcalisme primaire est une forme de
hiérarchisation sexuelle dans laquelle les femmes sont
défavorisées, discriminées, exploitées,
opprimées et ne jouissent pas des mêmes droits que les hommes. La
perpétuation de ce système passe par la transmission du nom
paternel à l'enfant et implique la soumission des femmes aux membres
masculins jouissant de cette autorité. Les hommes
bénéficient ainsi du travail gratuit des femmes dans la
sphère domestique.
« Pour chaque homme, indépendamment de
sa volonté, la société prévoit une place qui lui
permet dans la hiérarchie professionnelle d'accéder au poste
décisionnel comparativement aux femmes et qui lui accorde aussi dans la
hiérarchie familiale une position privilégié par rapport
à la femme. Indépendamment de la maternité, elle veille
encore à ce qu'il puisse accomplir ces obligations professionnelles sans
d'autre charges `'domestique'' supplémentaires ». (B.
Ursula, cité par F.K.S. Atchon ,2OO8 :6)
II.5.1.2. Sur le plan politique
L'histoire de la vie politique de la ville de Dapaong
révèle que la succession est patrilinéaire. Une analyse de
la situation politique actuelle nous révèle qu'aucune femme
n'occupe une haute fonction de prise de décision dans la ville. Ainsi
toutes les autorités traditionnelles, administratives et politiques
(chef canton, préfet, maire, commissaire etc.) sont des hommes. Les
femmes quant à elles se contentent d'être des subalternes et la
situation risque de perdurer pour quelques années encore. De ce fait, la
majorité des femmes participent peu à la vie politique et sont
pour la plupart du temps des militantes de second ordre dans les
représentations locales des partis politiques. Même dans la vie
politique elles reprennent leur rôle traditionnel. Au cours des meetings
il est souvent rare de voir une femme prononcer un discours politique.
Cette situation qui n'est pas de nature à faire
des femmes des leaders compromet dangereusement leur participation
communautaire.
II.5.1.3. Sur le plan éducatif
La décision d'envoyer un enfant à
l'école est prise dans la famille. Or le système patriarcal n'est
pas favorable à un partage équitable du pouvoir, des ressources,
du travail et des chances dans la famille. Ainsi l'instruction est plus
réservée aux garçons qu'aux filles, ce qui explique les
faibles taux de scolarisation féminine enregistrés dans la
localité.
En général les filles sont moins
instruites et moins formées, car les ressources de la famille sont en
premier consacrées à l'éducation des garçons. Comme
conséquence de cette situation, les femmes représentent la
majorité des analphabètes et des illettrés de la
localité. Ainsi faute de model de réussite de femmes des
stéréotypes sexistes continuent à conditionner
l'orientation scolaires et professionnelles des filles et des femmes de Dapaong
vers des filières peu qualifiées, peu porteuses et peu
rémunérées.
II.5.1.4. Sur le plan économique
Les femmes de Dapaong sont pour la plupart du temps
des ménagères. Cette situation les met en position de
dépendance par rapport à leur mari. Ainsi observe-t-on des
différences d'accès des femmes et des hommes à des
carrières lucratives et au contrôle des finances. La
majorité des banques et des institutions de microfinance de la place son
dirigées par les hommes. L'écrasante majorité de leurs
employés sont des hommes sauf quelques femmes qui occupent les
rôles de caissières et ou de promotrices.
Du fait de leur avantage intellectuel qui est
l'éducation les hommes contrôlent la haute finance et les autres
moyens de production (crédits, emprunts, propriétés
foncière) en amont et les femmes se retrouvent en avale avec les
activités économiques secondaires (revendeuses,
commerçantes, ambulantes...)
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