II.3. Aperçu historique
L'histoire du pays nous apprend que Dapaong (nouveau
marché) s'est peuplée par vagues successives dont les premiers
occupants furent les forgerons d'ethnie Moba qui ont fuis le Fada N'gourma
(Burkina-Faso) à cause des guerres contre les Djerma. Ils
s'installèrent d'abord sur les collines de Koudjouak côté
Ouest de l'actuel stade municipal pour extraire le fer. Ils occupèrent
après le long des rives des ruisseaux Didagou. A Dapaong ce sont les
Moba- gourma qui représente l'ethnie dominante avec respectivement 48,7%
et 37,8% de la population. Suivie des mossi et des Yengas.
Cette zone s'est peuplée au 14 siècle,
période à laquelle les premiers migrants en provenance de la
Haute-Volta (actuelle Burkina Faso) sont arrivés en vagues successives
et sont devenus plus tard les autochtones de Tône mais chacun ayant un
territoire bien défini. Il s'agit des Moba et des gourma. A ces
autochtones de Tône s'ajouteront plus tard d'autres ethnies de presque
toutes les préfectures du Togo et des pays voisins. Ces
différentes ethnies constituées des commerçants et des
fonctionnaires se composent de Kotokoli, de Kabyè, de mina, de haoussa,
de ibo, nago....
II.3.1. Mode de vie précoloniale à
Dapaong
Selon Leo De Haan (1993 :87-97) une analyse du
mode de vie précoloniale à Dapaong révèle que les
tâches étaient nettement partagées selon le sexe. Les
femmes consacraient une grande partie de leur temps aux tâches
ménagères et au ramassage du bois de chauffe. L'éducation
était plus réservée aux garçons qui devaient plus
tard devenir des commis et des traducteurs pour les colons blancs. Quant aux
filles elles étaient éduquées dans l'unique but de devenir
de bonnes épouses et mères.
Le système de mariage était le mariage
par échange ou `'pwokpendu''. Comme le clan était exogame, le
mariage par échange permettait d'obtenir une femme à marier d'un
autre clan en offrant à ce clan une femme à marier de son propre
clan.
II.3.2. L'ordre social
Les chefs coutumiers sont les pierres angulaires des
sociétés Moba-Gourma. Ils sont également les garants des
us et coutumes et s'occupent de l'unité et de l'ordre social. Comme la
société est de type patrilinéaire c'est seulement la
filiation par les hommes qui est prise en compte dans la succession et dans la
répartition de l'héritage. Les chefs prennent les
décisions concernant la tenue des terres et l'accès aux
ressources naturelles dans l'intérêt de la descendance mâle
du clan. Les femmes n'ont pas le droit de remettre en cause ou de bouder un
jugement effectué par les hommes même si celui-ci menace leur
intégrité physique et morale.
Dans le régime colonial c'est les chefs
coutumiers qui choisissaient les personnes susceptibles de suivre un
enseignement scolaire. Comme l'éducation scolaire était
perçue comme une corvée elle était plus
réservée aux individus de seconde zone. Mais les femmes en
étaient exemptées non pas parce qu'elles avaient un statut
particulier mais du fait qu'elles étaient considérées
comme un bien qu'on pouvait l'échanger ou l'utiliser à sa guise.
C'est peut être l'une des causes lointaines de la sous-scolarisation des
femmes de la localité.
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