Année académique : 2014 -
2015
iv
B.P : 204/GOMA
FACULTE DE DROIT
LA PROTEcTiOn d'un BiEn nATuREL inScRiT
Au PATRiMOinE MOndiAL dE L'unEScO FAcE A LA nEcESSiTE dE L'EXPLOiTATiOn
dES RESSOuRcES nATuRELLES En Rdc:
cAS du PARc nATiOnAL dES ViRungA
Par : MPOZI LIONNEL Aron
Mémoire présenté et défendu
en vue de l'obtention
du diplôme de licence en Droit.
Option : Droit économique et social
Directeur : Professeur Jean-Paul SEGIHOBE BIGIRA
Encadreur : Chef de travaux UWIMANA BIENFAIT
i
EPIGRAPHE
Nous avons le devoir de ne pas gaspiller les ressources
naturelles pour les générations futures C...]. Si nous,
de
«
cette génération détruisons les
ressources qui sont nécessaires
à nos enfants, C...] nous enlevons même le
droit à la vie des génération futures sur ce
continent1 »
THEODORE ROOSEVELT, 1909
« Lorsque le dernier arbre
aura été abattu, la dernière rivière
empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors nous
comprendrons que l'argent ne se mange pas ».
Bertrand de Jouvenel
1 Extrait du discours du Président
américain T. ROOSEVELT devant le congré americain sur l'Etat de
la nation. Disponible sur
www.googlesearch.com .
Consulté le 20 juillet 2015.
ii
DEDICACE
A nos parents MPOZI Méthode et
à
MIANDA KOBONGO Béatrice ;
A tous nos frères et soeurs biologiques
;
III
REMERCIEMENTS
« Nous pensons tous sur les pensées des autres
», a déclaré Paul valéry, tant il est vrai que peu de
ce que j'écris m'appartient en propre et que le meilleur de mes
idées provient des autres. Nous ne pouvons pas passer sous silence la
contribution des personnes qui ont rendu possible la réalisation de ce
travail grâce à leurs interventions et à leurs conseils.
C'est ainsi qu'au moment où nous mettons la dernière main
à la rédaction de ce travail, nous remercions sincèrement
tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à sa
réalisation en l'occurence.
A mes parents MPOZI Méthode
et Béatrice KABONGO pour leur
amour, affection, encouragement,... qu'ils ne cessent de démontrer
à notre égard pour la réussite de ce travail ;
A Papa MUTOMBO CIMANA et Maman
JOSEE RUGAMBWA qui ont prouvé un amour parental
à notre égard ;
Nous pensons à notre frère MPOZI
YANNICK Israël et son épouse qui sans lui, nos
études seraient un rêve irréalisable ;
Nous remercions également notre directeur Professeur
Jean-Paul SEGIHOBE BIGIRA et notre encadreur
UWIMANA BIENFAIT qui malgré leurs multiples occupations
ont accepté la direction et l'encadrement de ce travail ;
Nous pensons à nos frères et soeurs
Yannick, Francine, Rachel, Aristote, Sara, Jonathan, Joyce, Esther,
Pyther ; ainsi que mes neveux : Praise, Premus et
Brielle,
A tous nos camarades et amis qui nous ont assistés dans
de dur moment de solitude, amertume.
MPOZI LIONNEL Aron
iv
SIGLES ET ABREVIATIONS
- CRIDHAC: Cahiers Africains des Droits de
l'Homme et de la Démocratie
- CREDDO: Centre de Recherche sur
l'Environnement, la Démocratie et le Droit de l'Homme
- FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
- HCR : Haut-Commissariat pour les
Refugiés
- ICCN : Institut National pour la Conservation
de la Nature
- UICN : Union Internationale pour la
Conservation de la Nature
- ONG : Organisation Non gouvernementale
- ONU : Organisation des Nations Unies
- Op.cit :
- P : Page
- PNVI : Parc National des Virunga
- PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
- RDC : République Démocratique du
Congo
- REDD : Réduction des Emissions
Liées à la Déforestation et la Dégr adation des
Forêts
- UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
la Science et la Culture
- USA : United States of America -
UNIKIN : Université de Kinshasa - WWW :
Wold Wild Web
- WWF : Wold Wildlife Fund
1
INTRODUCTION
1. PROBLEMATIQUE
L
a République Démocratique du Congo est le
premier pays africain en nombre de ses cinq sites inscrits sur la liste du
patrimoine mondial de l'UNESCO, composés essentiellement d'aires
protégées (Parc national des Virunga, parc national de
Kahuzi-Biega, parc national de la Garamba, parc national de la Salonga et la
Réserve de faune à Okapis), formant le patrimoine mondial
naturel2. On entend par aire protégée :
l'espace géographique clairement défini, reconnu,
consacré et géré par tout moyen efficace, juridique ou
autre, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi
que les services des écosystèmes et les valeurs culturelles qui
lui sont associées3.
Ces sites abritent des espèces rares et spectaculaires.
Le taux d'endémisme parmi les plantes et les petits mammifères
est également élevé: 6 pour cent de ses mammifères
et 10 pour cent de ses plantes n'ont été trouvés qu'en
RDC. La RDC contient 12 parmi les 30 « centres d'endémisme
végétal » identifiés en Afrique par l'IUCN et le WWF.
Elle contient aussi deux « régions d'endémisme »
d'oiseaux identifiées par Birdlife International4. Ce
patrimoine mondial naturel fait partie intégrante du réseau des
aires protégées de la République Démocratique du
Congo qui couvre 11% de la superficie du territoire national.
La RDC est le deuxième poumon de la planète
derrière le Brésil. Elle abrite la plus vaste forêt
d'Afrique et la deuxième forêt tropicale du monde5, en
ce qui concerne son potentiel forestier. Elle dispose d'un vaste réseau
d'aires protégées ayant une histoire. Ces aires
protégées ne sont pas créées au hasard, mais
s'inscrivent dans un cadre bien précis (la protection de la
diversité biologique), et c'est pourquoi la plus part de ces aires
protégées sont des parcs nationaux et sont inscrit au patrimoine
mondial.
Devant le silence de la convention de Paris sur de 1972 sur le
patrimoine mondial, la doctrine défini le patrimoine mondial comme
« des biens territorialisés d'un Etat, de valeur universelle
exceptionnelle, inscrits sur une liste tenue par le comité du patrimoine
mondial de
2A. NGUMBI AMURI, Protection pénale du
patrimoine mondial naturel de la République Démocratique du
Congo, Tome1, Thèse inédit, UNIKIN, DROIT, 2014, p.82.
3 Article 2, point 31 de la loi n°14/003 du 11
février 2014 relative à la conservation de la nature
4 Rapport du Ministère de l'environnement de la
RDC sur l'Etat de la biodiversité en RDC, p. 63. Voir également
le site sur la biodiversité en RDC:
www.biodiv.org/doc/world/cd/cd-nr-01-fr.pdf.
Consulté le 12 novembre 2014.
5 L. DEBROUX et al., La forêt en RDC
post-conflit. Analyse d'un agenda prioritaire, disponible sur
www.cifor.cgiar.org.
Consulté le 22 janvier 2015.
2
l'Organisation des Nations unies pour l'Education, la
science et la culture, pour lesquels les autres Etats parties à la
convention du patrimoine mondial s'engagent, par le devoir de solidarité
et de coopération, à apporter concours à leurs protection,
conservation, mise en valeur et transmission aux générations
futures, à la demande de l'Etat territorial »6.
Le patrimoine mondial apparait dès lors comme un bien
reçu et à transmettre, dont la propriété n'est pas
exclusive d'une famille ou d'un groupe, mais intéresse la
communauté dans son ensemble. Il matérialise en quelque sorte un
passé à sauvegarder pour le présent et
l'avenir7. Il est l'expression irremplaçable de la richesse
et la diversité culturelle, témoin inestimable d'un passé
commun, d'une civilisation mais aussi témoin de l'existence d'une
vie.
Les patrimoines de l'Unesco sont de deux ordres : le
patrimoine mondial naturel et le patrimoine mondial culturel.
Par patrimoine culturel il faut entendre8 :
- les monuments: oeuvres architecturales, de sculpture ou de
peinture monumentales, éléments ou structures de caractère
archéologique, inscriptions, grottes et groupes
d'éléments, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du
point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science9,
- les ensembles: groupes de constructions isolées ou
réunies, qui, en raison de leur architecture, de leur unité,
ou de leur intégration dans le paysage, ont une valeur universelle
exceptionnelle du point de vue de l'histoire, de l'art ou de la
science10,
- les sites: oeuvres de l'homme ou oeuvres conjuguées
de l'homme et de la nature, ainsi que les zones y compris les sites
archéologiques qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de
vue historique, esthétique, ethnologique ou
anthropologique11.
Dans ce travail nous parlerons du patrimoine mondial naturel.
La composante « patrimoine naturel » de la
convention de l'UNESCO de 1972 trouve son origine vers les milieux des
années 1960, dans les propositions venues des Etats-Unis de créer
une « fondation du patrimoine mondial » (world Heritage Trust)
qui permettrait de
6 A. NGUMBI AMURI, Op.cit.,
p.12.
7 D. AUDRERIE, La protection du patrimoine
culturel dans les pays francophone, Paris, éd. ESTEM, 2000, p1.
8 Article 1 de la convention de Paris de 1972 sur
la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.
9 Idem
10 Ibidem
11 Ibidem
3
préserver des espaces naturels, des paysages et des
sites historiques au profit des générations présentes et
futures12.
La RDC est le premier pays d'Afrique de par l'étendue
de ses forêts, et le plus important pour la préservation de
l'environnement mondial. A ce propos, M. Prieur écrivait, dans ses
« conclusions générales » à l'occasion des
journées scientifiques portant sur le droit, forêts et
développement durable, ce qui suit : « Cinq Etats ont une
responsabilité spéciale vis-à-vis de l'environnement
global car ils regroupent à eux seuls 55 pour cent des forêts : le
Brésil, le Canada, les Etats-Unis, la Russie et le
Zaïre»13 (devenu depuis RDC - C'est nous qui
ajoutons). La RDC est cinquième dans le monde par sa diversité
animale et végétale. Elle est la première à
l'échelon africain en ce qui concerne la diversité des
mammifères et des oiseaux, et la troisième pour la
diversité floristique, après Madagascar et l'Afrique du Sud. Elle
compte notamment 409 espèces de mammifères, 1117 espèces
d'oiseaux, 400 espèces de poissons, et plus de 10 000 espèces
végétales.14
Les écosystèmes forestiers de la RDC
recèlent un grand nombre d'espèces animales et
végétales qui la placent en bonne position sur le plan mondial et
africain15. Aux termes de la loi N°11/009 du 09 juillet
2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l'environnement on attend par écosystème complexe dynamique
formé de communautés des plantes, d'animaux et des
microorganismes et de leur environnement non vivant qui, par leur interaction,
forment une unité fonctionnelle16.
Cependant tous ces écosystèmes sont presque
menacés d'extinction suites à plusieurs motifs. L'exemple du Parc
National des Virunga est frappant, il se caractérise par l'innombrable
biodiversité qu'il renferme. Il a le statut d'un parc national
et il est géré en vertu de la loi N°14/003 du 11
février 2014 relative à la conservation de la nature. Aux termes
de la loi précitée on attend par parc national « une
catégorie d'aire protégée consistant en une vaste aire
naturelle ou quasi naturelle mise en réserve pour protéger des
processus écologiques des grandes échelles, que les
espèces et les caractéristiques des écosystèmes de
la région, qui
12 C. REDGEWELL, « la protection du
patrimoine naturel et sa transmission aux générations futures
», in l'action normative à l'UNESCO, vol.I : élaboration des
règles internationales sur l'éducation, la science et la culture,
Paris, Leiden, éditions UNESCO/Martinus Nijhoff publishers, 2007,
p.282.
13 M. PRIEUR, « Conclusions
générales », in Droit, forêts et
développement durable, Bruxelles, Bruylant, 1996, p. 506.
14 L. DEBROUX et al., op.cit., p. 13.
15 G. SAKATA, Le droit forestier en
République Démocratique du Congo, Etude juridique, FAO,
2008, p.5.
16 Article 2, point 13 de la loi N°11/009
du 09 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la
protection de l'environnement
4
fournissent aussi une base pour des opportunités de
visites de nature spirituelle, scientifique, éducative et
récréative, dans le respect de l'environnement de la culture des
communautés locales »17.
Les parcs nationaux et les réserves naturelles
intégrales obéissent à un même régime
juridique, il est interdit d'y opérer certains actes notamment :
poursuivre, chasser, abattre les espèces animales,
pénétrer, circuler, camper, etc., et sous réserve des
exceptions prévue par la loi18. Le parc sert donc à
maintenir et à sauvegarder l'intégrité absolue des zones
protégées en y réduisant les interventions humaines, non
seulement en considérations esthétiques et touristiques qui
prévalurent lors de la création.
Le parc national des Virunga est reconnu par l'UNESCO comme
patrimoine mondial (SPM) en 1979, sous les critères N (ii), (iii) et
(iv), en raison de ses habitats variés et de son exceptionnelle
biodiversité19. C'est en 1994 que le Parc National des
Virunga a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en
péril. La principale cause de cette inscription a été
la situation de forte insécurité prévalant dans la
région du parc en 199420.
Situé dans la province du Nord-Kivu, le Parc national
des Virunga s'étire sur environ 300 km de longueur, avec des
étranglements qui en réduisent parfois la largeur à moins
de3 km21. Depuis son existence, ce parc connait de plus en plus de
menaces suite à la croissance démographique à cause des
guerres (conflits) qui y ont sévi et la terreur qu'ils ont
engendrée ont semé l'insécurité, si bien que
l'administration du parc demeure très fragile ou presqu'inexistante,
aujourd'hui la menace et celle du gisement pétrolier découvert
dans le Parc des Virunga. Le Parc national des Virunga depuis sa
création, était au centre des pressions humaines et la protection
de sa biodiversité nécessité des interventions au niveau
local, régional et international22.
Cependant, au niveau national, la RDC étant à la
quête d'un niveau de développement élevé en
utilisant ses ressources naturelles du sol ainsi que celles du sous-sol, se
retrouve coincé par plusieurs conventions internationales qu'elle a
ratifié en bonne et due forme dont la
17 Article 2, point 31 de la loi n°14/003 du 11
février 2014 relative à la conservation de la nature.
18 B. UWIMANA, la légalité et
l'intérêt de la répression des atteintes à la
conservation des réserves naturelles intégrales aux limites
partiellement précisées : Cas du Parc national des Virunga,
in « CRIDHAC », Vol.1, n°36, p.284.
19 Rapport de mission de suivi réactive de
l'UNESCO sur l'état de conservation de biens inscrits sur la liste
du patrimoine mondial et/ou sur la liste du patrimoine mondial en péril,
Parc national des Virunga en RDC, mars 2006, p.10, point 7.
20 Idem, p.10.
21 C. PALUKU MASTAKI, Effectivité de la
protection de la biodiversité forestière en République
Démocratique du Congo, Etude juridique, FAO, 2005, p.10.
22 Idem, p.11.
5
plus marquante et celle de Paris sur la protection du
patrimoine mondial culturel et naturel, adoptée à la
conférence générale de l'Organisation des Nations Unies
pour l'Education, la Science et la culture (UNESCO), à sa
dix-septième session à Paris, 16 novembre 1972, qui dans son
préambule déclare « Constatant que le patrimoine
culturel et le patrimoine naturel sont de plus en plus menacés de
destruction non seulement par les causes traditionnelles de dégradation
mais encore par l'évolution de la vie sociale et économique qui
les aggrave par des phénomènes d'altération ou de
destruction encore plus redoutables, Considérant que la
dégradation ou la disparition d'un bien du patrimoine culturel et
naturel constitue un appauvrissement néfaste du patrimoine de tous les
peuples du monde »23.
Les conférences des Nations Unies sur l'environnement
tenues respectivement à Stockholm, 1972 et à Rio de Janeiro en
1992, avait conduit la communauté internationale à accorder une
attention accrue aux problèmes de l'environnement, face aux dangers
prévisibles de sa dégradation24. Parmi les dommages
causés à l'environnement figurent notamment la diminution de la
diversité biologique, la pollution du sol, de l'air et de l'eau, de la
destruction de la couche d'ozone, la diminution de la fertilité du sol,
la désertification, l'épuisement des ressources halieutiques, et
la détérioration du patrimoine naturel et culturel.25
Mais aussi dans ses déclarations, le gouvernement congolais à
travers son Premier Ministre s'engage dans la mise en oeuvre effective des
mesures correctives décidées par le comité du patrimoine
mondial pour la réhabilitation des valeurs universelles exceptionnelles
des sites du patrimoine en péril de la RDC avec l'appui de l'UNESCO,
mais aussi la nécessité de limiter la détérioration
des cinq sites du patrimoine mondial de la RDC afin de préserver leur
valeur universelle exceptionnelle et de réunir les conditions pour leur
réhabilitation écologique en vue de leur retrait à la
liste du patrimoine mondial en péril26.
Au même moment que la RDC s'implique dans la guerre de
la lutte contre le réchauffement climatique, la désertification,
la protection de la diversité biologique... elle cherche à
exploiter le pétrole se trouvant dans le parc national des Virunga,
classé comme du patrimoine mondial. Bien que ce phénomène
d'exploitation pétrolière ouvre des possibilités
inédites de coopération transfrontalière, comporte aussi
des risques majeurs de conflit transfrontalier et
23 Préambule de la convention de Paris 1972
sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, Paragraphe
1.
24 . Préambule de la loi N°11/009 du
09 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection
de l'environnement, paragraphe 1.
25 Préambule de la loi N°11/009 du 09
juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l'environnement, paragraphe 2.
26 Déclaration de Kinshasa sur les sites du
patrimoine de la République Démocratique du Congo, 14
janvier 2011.
6
même international, si des stratégies
préventives ne sont pas initiées par les parties prenantes et
leurs partenaires pour les juguler27.
La gestion du parc national des Virunga, semble être
double : celle du domaine public de l'Etat, alors, que doit appartenir au
domaine public de l'Etat tout bien qui, soit à raison de sa
configuration naturelle, soit à raison d'un aménagement
spécial, est adapté à la satisfaction d'un besoin public
et ne saurait être remplacé par aucun autre dans ce
rôle28, d'autre part, un patrimoine naturel, de toute
l'humanité, patrimoine qui est l'héritage du passé dont
nous profitons aujourd'hui et que nous transmettons aux
générations à venir.29 Cette littérature
de l'UNESCO lutte pour la sauvegarde du patrimoine et ce, quel que soit les
frontières nationales. Ceci rend exceptionnel le concept du patrimoine
mondial car il a une conception universelle. Les sites du patrimoine mondial
appartiennent à tous les peuples du monde sans tenir compte du
territoire sur lequel ils sont situés. D'où les questions de
suivantes :
La RDC peut-elle se prévaloir de sa souveraineté
pour déclasser les sites patrimonialisées aux fins d'exploiter
les ressources s'y trouvant ? Existe-t-il des garanties offertes au pays par
l'UNESCO, afin que ce site soit bénéfique à
l'humanité ? Existe-t-il, particulièrement pour le PNVI, des
mécanismes particuliers de gestion le mettant ou non à l'abri des
menaces découlant de l'exploitation de ressources naturelles?
2. HYPOTHESES
A priori et en réponse aux questions ci-dessus
posée, nous avons émis les hypothèses suivantes, à
titre des réponses provisoires :
L'Etat congolais exercerait bel et bien sa souveraineté
conformément à l'article 9 de la constitution du 18
Février 2006 qui stipule : « l'Etat exerce une souveraineté
permanente notamment sur le sol, le sous-sol, les eaux et les forêts, sur
les espaces aériens, fluvial, lacustres et maritimes Congolais ainsi que
sur la mer territoriale congolaise et sur le plateau continental. » mais
cela se ferait sous réserve de l'article 215 de la constitution.
C'est
27 J. DOMINIC, E. NDIMUBANZI, et alii,
Hydrocarbures dans le Rift Albertine : opportunités de
développement ou risques d'instabilité ?, Goma, Pole
Institute, 2014, p.10.
28 WALINE, M, Les mutations domaniales,
Paris, Dalloz, 1925, p.45. Cité par UWIMANA Bienfait, la
légalité et l'intérêt de la répression des
atteintes à la conservation des réserves naturelles
intégrantes au limites partiellement précisées : cas du
Parc national des Virunga, in « CRIDHAC », p.292
29 http : //
www. Unesco. Org,
consulté le 04/01/2015, trousses d. International sur le patrimoine
Mondial
7
pourquoi il serait difficile pour l'Etat congolais de
déclasser par lui-même un domaine public comme le Parc national
des Virunga déclaré patrimoine commun de l'humanité.
Le rôle de protection reviendrait au premier plan
à la RDC, de tout ensemble de son patrimoine d'ailleurs
conformément aux prescrits de l'article 4 de la convention de l'UNESCO
sur le site déclarer patrimoine mondial. La communauté
internationale jouerait un rôle du second plan pour la
préservation de site aux générations futures.
Les mécanismes particuliers pouvant mettre le PNVI
à l'abri des menaces d'exploitation seraient son inscription au fond
Carbone car le bassin du Semliki contribuent à 90% des eaux du fleuve
Nil en saison sèche, Fort de ces atouts, la RD Congo pourrait
déclarer un moratoire pétrole dans le Graben albertine ou au
minimum dans ses aires protégées et oeuvrer pour un
développement local financé par le Fonds carbone et le
tourisme.
3. OBJET, INTERET ET DELIMITATION DU TRAVAIL
L'objet poursuivi par notre étude est celui de
connaître la place de l'Etat congolais face aux obligations incombant
à un Etat sur le territoire duquel est érigé un patrimoine
mondial nature. Notre travail présente un double intérêt :
scientifique et pratique : Sur le plan scientifique: cette
étude nous permet de maîtriser la souveraineté de l'Etat
congolais face au principe du patrimoine commun de l`humanité et de
savoir si la souveraineté de l'Etat est réduite lorsqu' il
cède une partie de sa terre à l'humanité. Cette
étude pourra éclairer d'autres chercheurs comme nous, qui
orienteront leurs travaux dans notre domaine de recherche. Sur le plan
pratique, ce travail constitue un document de référence
et d'information pour tout celui qui s'intéresse au problème du
Congo, particulièrement à l'ONU et à l'UNESCO en ce qui
concerne les valeurs la protection du PNVI mais aussi ses valeurs universelles
exceptionnelles d'un bien naturel, aussi il constituera comme base des
données pour tout chercheur qui approfondira la question de protection
des sites naturels de l'UNESCO,
Aussi, notre recherches abordent une question
d'actualité qui est une question non seulement de la RDC, mais de tous
les pays partie à la convention de Paris de 1972, en traversant
plusieurs question notamment la déforestation, la
désertification, le réchauffement climatique, la conservation de
la nature et la conservation de la biodiversité, la protection le
8
patrimoine mondial,... d'aucun ne peut s'en passer car
constituant un combat auquel l'humanité toute entière s'engage
sans relâche.
En ce qui concerne la délimitation spatio-temporel de
notre travail, l'étude est centrée principalement dans les
limites du territoire national congolais particulièrement le Parc
national des Virunga (PNVI) et couvre une période qui va de 1972 avec la
convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel
de l'UNESCO jusqu'à nos jours.
4. APPROCHE METHODOLOGIQUE ET TECHNIQUES DE
RECHERCHE
Pour atteindre l'objectif de notre travail, nous avons recouru
à la démarche du juriste qui consiste à faire
l'exégèse.
- La méthode exégétique
qui privilégie la critique et l'interprétation de
la loi, la jurisprudence et la doctrine30. Elle nous a
été utile dans l'interprétation des principaux textes
juridiques de l'ONU, comme la convention de l'UNESCO. 3Mais aussi les textes de
loi au niveau interne comme la constitution, loi sur les principes fondamentaux
sur l'environnement, la loi portant conservation de la nature etc.
- La méthode historique ou
évolutive31 : consiste à reconnaitre,
à interpréter le droit d'adapter le texte aux
nécessités sociales de son époque. Il doit rechercher ce
que serait la pensée des auteurs de la loi s'ils devaient
légiférer aujourd'hui. Cette méthode nous a aidé
à savoir quel pourrait être aujourd'hui l'intention du
législateur s'il devait légiférer sur un la question du
parc aujourd'hui.
- Le criticisme
juridique32 : le credo qui sous-tend cette approche du
droit est simple, du moins en apparence. Il procède de l'idée
selon laquelle, derrière n'importe quel type de discours, d'institution
ou de manifestation d'un phénomène juridique donné, se
cachent toujours et déjà des présupposés d'ordre
idéologique, culturel, économique ou stratégique. En
d'autres termes, si l'on doit parvenir à remettre les choses sur pieds,
c'est-à-dire, élaborer un discours susceptible de rendre compte
des explications qui marchent sur la tête.
30 E. BAHATI MIDAGU, Initiation à la
méthodologie juridique, éd. CDIT, Kinshasa, 2002, p.2.
31 E. MWANZO, Guide pratique des méthodes,
notes des références infrapaginales et bibliographiques ainsi que
des autres règles utiles usitées dans un travail de fin
d'étude en droit, UNIKIN, 2013, p. 3.
32 Cette Méthode a été mise au
point par le Professeur Ivon MINGASHANG dans un vaste projet de publication sur
La déconstruction des discours des évidences sur le processus
d'intégration économique En Afrique.
9
Cette méthode nous a permis de remettre en question
tous les éloges faites sur l'exploitation du pétrole dans le
PNVI, de déconstruire les discours des évidences des politiques
congolais selon lesquelles l'exploitation du pétrole est synonyme de
développement33 de la province. Mais aussi de nous
défaire de l'empirisme naïf et de l'idéalisme dont font
preuve certaines autorités dans leurs explications. Ces méthodes
ont été appuyées par deux techniques :
- Technique documentaire qui nous a
permis de parcourir plusieurs documents et travaux notamment les ouvrages, les
thèses, les textes officiels, les cours, les articles, les rapports
d'ONG,
- Technique d'interview qui nous a
permis d'organiser un rapport de communication verbale entre nous et certains
professionnels de l'ICCN, WWF, mais aussi certaines autorité du
gouvernement provincial afin de nous permettre de recueillir des informations
la question de l'or noir dans le PNVI.
5. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Dans ce travail traitant de « la protection d'un bien
naturel du patrimoine mondial de l'UNESCO face à la
nécessité de l'exploitation des ressources naturelles en RDC: cas
du Parc National des Virunga » Nous parlerons de la,
présentation du parc national des Virunga en tant que patrimoine
naturel de L'UNESCO, dans le premier chapitre, ferons l'analyse de
l'exploration/exploitation pétrolière dans le Parc National des
Virunga dans le second chapitre.
33 Propos du l'ancien Ministre VUNABANDI
Célestin lors de la conférence du l'éventuelle
exploitation du pétrole dans le PNVI, Goma, Hôtel IHUSI,
août 2010.
10
Chapitre premier : PRESENTATION DU PARC NATIONAL DES
VIRUNGA EN TANT QUE PATRIMOINE NATUREL DE L'UNESCO
P
our comprendre l'inscription du PNVI sur la liste du
patrimoine naturel et sa nature juridique (Section III), il faut tout
d'abord comprendre : qu'est-ce le patrimoine mondial, et ses notions
voisines (Section I), puis examiner la valeur universelle
exceptionnelle et les Critères du patrimoine mondial naturel pour
l'estimation de la valeur universelle exceptionnelle et conditions
correspondantes d'intégrité (Section II).
Section I: LE PATRIMOINE MONDIAL ET NOTIONS
VOISINES
Si le concept « patrimoine mondial » (§3) n'est
pas à confondre avec la notion très proche de « patrimoine
commun de l'humanité » (§1), il se confond cependant d'avec le
concept « bien public international » (§2).
§1. Patrimoine mondial et patrimoine commun de
l'humanité
La convention de Paris de 1972 sur la protection du patrimoine
culturel et naturel s'est inspirée du concept patrimoine commun de
l'humanité issu des travaux des Nations Unies à la fin des
années 1960 et 1970 et appelé à jouer un si grand
rôle dans les négociations sur la convention des Nations Unies sur
le droit de la mer34 (convention de Montego Bay de 1982).
Deux sens sont donnés par la doctrine au concept «
patrimoine commun de l'humanité » : espace ou biens appartenant
à l'humanité toute entière et partant, soustraits à
l'appropriation exclusive des Etats »35 et « Espace dont
l'utilisation obéit à un régime international
d'exploitation au profit de l'humanité toute entière par une
entité distincte des Etats. L'humanité est ici possesseur d'un
bien d'exploitation ».36
Utilisé pour soustraire certains espaces naturelles
à l'accaparement ou à la revendication de la souveraineté
de la part des Etats et à toute appropriation privée, le concept
de patrimoine commun de l'humanité a été formulé
officiellement en droit international pendant la
34 C. REDGEWELL, La protection du patrimoine
naturel et sa transmission aux générations futures, in «
op.cit. », vol.I : élaboration des règles internationales
sur l'éducation, la science et la culture, Paris, Leiden,
éditions UNESCO/Martinus Nijhoff publishers, 2007, p.282.
35 J. SALMON cité par A. NGUMBI AMURI,
Op.cit., p. 5.
36 Idem, p.5.
11
conférence des Nations Unies sur le droit de la mer, au
début des années 1970.37 Il est alors définit
comme « un bien appartenant dans l'indivision à l'ensemble de la
communauté internationale »38. C'est par exemple la lune
et les autres corps célestes, on y applique les principes de
non-appropriations, d'utilisation à des fins pacifique et d'exploitation
dans l'intérêt de l'humanité tout entière. Il faut
aussi ajouté le principe de libre passage inoffensif, et la
liberté d'utilisation qui viennent aussi s'appliquer au statut juridique
à l'espace aérien international et à l'espace
extra-atmosphérique régis notamment par la convention de Paris de
1919 et la convention de Chicago de 1944.39
Le patrimoine commun de l'humanité soulève
beaucoup de problèmes d'ordre juridique et technique car les Etats sont
invité à partager équitablement les
bénéfices d'une future exploitation du bien commun, en tenant
compte des intérêts des pays en voie de développement, mais
surtout la mise en oeuvre du concept suppose la création d'une
entité internationale chargée de gérer et d'organiser
l'exploitation du patrimoine commun en tenant dument compte de la
préservation de l'environnement.40
De ce qui précède, Jean-Pierre BEURIEUR et
Alexandre KISS, résument en quatre éléments les
principales caractéristiques du concept patrimoine commun de
l'humanité : « usage exclusif à des fins pacifiques,
utilisation dans un esprit de conservation, gestion commune basée sur
l'éthique, et la transmission aux générations futures
»41 tandis que CHARDEAUX en les résume en cinq
critères : « la non-appropriation et le non-exercice des droits
souverains par les Etats, l'utilisation commune à des fins pacifiques,
l'utilisation rationnelle de ses ressources permettant d'assurer leur
préservation et leur renouvèlement, la gestion par l'ensemble des
Etats ou par l'intermédiaire d'une institution internationale, la
répartition équitable entre Etats des avantages découlant
de l'utilisation du patrimoine commun de l'humanité »42.
De notre point de vue, les quatre caractéristiques données par
Jean-Pierre BEURIEUR et Alexandre KISS et les cinq données par CHARDEAUX
peuvent être réduites en deux caractéristiques essentielles
desquelles découlent les autres : la non appropriation par les Etats et
l'usage commun du patrimoine commun de l'humanité.
37 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p. 5
38 J-P. BEURIEUR et A. KISS, Droit international
de l'environnement, 4ème éd., Paris, A. Pedone,
2010, p.168, cité par A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p. 6.
39 B. UWIMANA, Notes de cours de droit
aérien, UNIGOM, G3 Droit E.S, 2013-2014, inédit.
40 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p. 7.
41 J-P. BEURIEUR et A. KISS, op.cit.,
p.170.
42 M.-A. CHARDEAUX, cité par A. NGUMBI AMURI,
Op.cit., p. 8.
12
§2. Le patrimoine mondial et le bien public
international
Un bien public est celui dont la consommation par une personne
ne peut empêcher celle des autres43. Il présente des
caractéristiques qui restreignent ou empêchent sa mise à
disposition par les seules forces du marché. Il bénéficie,
au-delà de la personne qui consomme, à la société
entière car il favorise la cohésion sociale, la
sécurité collective.44
En plus de caractéristique des biens publics
susmentionnées dans le paragraphe précèdent, le bien
public international ou bien public global ou encore bien public mondial
présente un autre caractéristique le fait que « le cadre
national n'est pas pertinent pour sa production ou sa consommation ceci en
raison même du bien ou des caractéristiques
techniques.45 Ses bienfaits « franchissent les
frontières, qu'il s'agisse des frontières entre les Etats ou
entre les générations.46
Il existe deux catégories de bien public international
: la première, traditionnelle, constituée des biens qui se
trouvent en dehors des Etats, est régie par les accords internationaux
qui créent un cadre réglementaire commun. Tel est le cas de
l'espace et les océans. La deuxième est constituée de
biens transfrontaliers, comme les biens publics naturels47. Elle
fait partie des questions mondiales qui figurent en tête des
préoccupations politiques, des enjeux de politique nationale des
Etats.48
Il est admis que beaucoup des biens environnementaux soient
considérés comme bien publics international, comme l'est apparu
l'environnement lui-même49, ce qui justifie que face aux
interventions anthropiques déséquilibrantes qui compromettent la
survie des éléments significatifs des milieux et des
écosystèmes, ceux-ci doivent être protégés
afin que l'humanité tout entière puisse en
bénéficier50.
De ce qui précède, étant donné que
le patrimoine mondial naturel fait partie des biens environnementaux dont les
bienfaits franchissent les frontières entre les Etats ou entre les
43 M. DIKETE, Notes de cours de droit civil, les
biens, inédit, UNIGOM, G2 Droit, 2012-2013
44 N. BELAIDI, La lutte contre les atteintes
globales à l'environnement : vers un ordre public écologique ?,
Bruxelles, Bruyant, 2008, p.145.
45 Idem.
46 Ibidem.
47 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p. 10.
48 N. BELAIDI, Op.cit., p. 145.
49 UNESCO, Le patrimoine mondial, Paris,
éd. ouest-France, 2011, p.824.
50 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p. 10.
13
générations nécessitant une protection
par l'humanité tout entière, il est certainement un « bien
public international », mais obéissant à une gestion
souveraine de l'Etat territorial.51
§3. Le patrimoine mondial : qu'est-ce ?
Le patrimoine mondial est une création des Nations
Unies à travers sa branche en charge de l'éducation, la science
et la culture (UNESCO). Mais bien avant l'idée du patrimoine en droit
international, apparaît pour la première fois lors de l'adoption
à Washington du pacte Roerich du 15 avril 193552 où il
a été proclamé que « les biens culturels constituent
le patrimoine culturel de tous les peuples ».
Par ailleurs le patrimoine naturel lui trouve son origine vers
les années 1960 dans les propositions des USA de créer un
fondation du patrimoine mondial qui permettrait de protéger et
préserver des espaces naturels, des paysages et des sites historiques au
profits des générations présentes et futures.53
L'initiative américaine a été valorisée lors de
tenue de conférence des Nations Unies sur l'environnement, tenue
à Stockholm en 1972 qui déboucha sur l'adoption le 16 novembre
1972 de la convention de Paris de 1972 sur la protection du patrimoine mondial
culturel et naturel, qui entrera en vigueur le 17 décembre 1975.
Comme nous l'avons dit dans les pages introductives, la
convention n'a pas donné une définition du patrimoine mondial,
cependant la doctrine le défini en ces termes : « des biens
territorialisés d'un Etat, de valeur universelle exceptionnelle,
inscrits sur une liste tenue par le comité du patrimoine mondial de
l'Organisation des Nations unies pour l'Education, la science et la culture,
pour lesquels les autres Etats parties à la convention du patrimoine
mondial s'engagent, par le devoir de solidarité et de
coopération, à apporter concours à leurs protection,
conservation, mise en valeur et transmission aux générations
futures, à la demande de l'Etat territorial. »54
IRINA BOKOVA estime que ce sont des biens de grande valeur
dont nous identifions le passé, nous profitons tout en assurant la
protection et que nous devons transmettre aux générations
futures55. Il est d'après elle une pierre angulaire de la
paix et du développement
51 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p. 10.
52 N. BELAIDI, Op.cit., p.
146.
53 C. REDGWELL, op.cit., p.
283.
54 A. NGUMBI AMURI, Op.cit.,
p. 12.
55 IRINA BOKOVA, propos à retrouver sur http
:
whc.unesco.org/fr/act/vites/1664,
consulté le 8 mai 2015
14
durable, c'est une source d'identité et de
dignité pour les communautés locales, une source de savoir et de
force à partager.56
Deux éléments clé dans ce deux
définitions la protection, conservation et transmission aux
générations futures. Le patrimoine mondial se démarque du
patrimoine commun de l'humanité en ce sens que ce dernier échappe
à la souveraineté des Etats tandis que les biens du patrimoine
mondial sont territorialisés. Leur point de convergence c'est que le
devoir est de les conserver et les transmettre aux générations
futures.
Section II : VALEUR UNIVERSELLE EXCEPTIONNELLE,
CRITERES ET INSCRIPTION DU PNVI A LISTE DU PATRIMOINE MONDIAL
Dans cette section il est question de comprendre la valeur
universelle exceptionnelle, son application (§1), les critères
d'estimation de la valeur universelle exceptionnelle (§2) soumis par
l'UNESCO mais aussi analyse l'inscription du PNVI à la liste du
patrimoine mondial (§3) tout en y dégageant les implications
juridiques, politiques et même économique de sa
patrimonialisation.
§1 : La valeur universelle exceptionnel et son
application aux bien du patrimoine mondial
1. Que signifie la valeur universelle
exceptionnelle
La valeur universelle exceptionnelle n'est pas
précisément définie dans la convention de Paris de 1972,
elle est Elle est néanmoins définie dans les Orientations comme
« La valeur universelle exceptionnelle signifie une importance
culturelle et/ou naturelle tellement exceptionnelle qu'elle transcende les
frontières nationales et qu'elle présente le même
caractère inestimable pour les générations actuelles et
futures de l'ensemble de l'humanité. À ce titre, la protection
permanente de ce patrimoine est de la plus haute importance pour la
communauté internationale toute entière57
».
L'UICN (2005) estime que les principes qui suivent aident
à comprendre le concept de valeur universelle
exceptionnelle58:
56
Idem.
57 Rapport de
l'IUCN sur la liste du patrimoine mondial : orientation et priorités
futures pour l'indentification du patrimoine naturel d'une valeur universelle
exceptionnelle potentielle, mais 2006, p.4.
58 Idem,
pp.4-6.
15
? Exceptionnelle : Pour que des
biens aient une valeur universelle exceptionnelle, il faut qu'ils soient hors
du commun (exceptionnels). L'UICN a fait remarquer lors de plusieurs
réunions d'experts que : « la Convention du patrimoine mondial a
pour but de définir la géographie du superlatif : les lieux
naturels et culturels les plus exceptionnels de la Terre.»
? Universelle : Le champ
d'application de la Convention est mondial du fait de l'importance des biens
à inscrire sur la Liste du patrimoine mondial, et de leur importance
pour l'ensemble de l'humanité. Par définition, on ne peut
évaluer la valeur universelle exceptionnelle des biens d'un point de vue
national ou régional.
? Valeur : Ce qui rend un bien
exceptionnel et universel, c'est sa « valeur », ce qui signifie qu'il
faut clairement définir en quoi il est précieux, en
appréciant son importance mondiale sur la base d'un ensemble de
standards ou de critères clairs appliqués de manière
cohérente.
2. Comment la valeur universelle exceptionnelle
est-elle appliquée aux biens naturels?
Le patrimoine naturel est ainsi défini à l'article
2 de la Convention du patrimoine mondial : «
- les monuments naturels constitués par des
formations physiques et biologiques ou par des groupes de telles formations qui
ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue esthétique ou
scientifique,
- Les formations géologiques et physiographiques et
les zones strictement délimitées constituant l'habitat
d'espèces animale et végétale menacées, qui ont une
valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la
conservation,
- Les sites naturels ou les zones naturelles strictement
délimitées, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du
point de vue de la science, de la conservation ou de la beauté
naturelle. »59
Le Comité du patrimoine mondial est responsable de
l'établissement de critères pour estimer la valeur universelle
exceptionnelle (article 11, paragraphe 2 de la Convention).
59 Article 2 de la convention de Paris 1972 sur la
protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.
16
§2. Critères d'estimation de la valeur
universelle exceptionnelle
A. Critères des biens culturels du patrimoine
mondial60
Dix critères définissent la valeur universelle
exceptionnelle d'un bien inscrit sur la liste du patrimoine de l'UNESCO. Ils
sont représentés en chiffre romain, les critères i-vi
définissent les valeurs universelles exceptionnelles des biens culturels
et les critères vii-x définissent les valeurs universelles
exceptionnelles des biens naturels.
Pour les biens culturels, les critères sont classés
comme suit :
- Critère (i) : représenter un chef-d'oeuvre du
génie créateur humain ;
- Critère (ii) : témoigner d'un échange
d'influences considérable pendant une période donnée ou
dans une aire culturelle déterminée, sur le développement
de l'architecture ou de la technologie, des arts des monumentaux, de la
planification des villes ou de la création de paysages ;
- Critère (iii) : apporter un témoignage unique
ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation
vivante ou disparue ;
- Critère (iv) : offrir un exemple éminent d'un
type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage
illustrant une période une des période(s) significative(s) de
l'histoire humaine ;
- Critère (v) : être un exemple éminent
d'établissement humain traditionnel, de l'utilisation traditionnelle du
territoire ou de la mer, qui soit représentatif d'une culture (ou de
cultures), ou de l'interaction humaine avec l'environnement,
spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l'impact
d'une mutation irréversible ;
- Critère (vi) : être directement ou
matériellement associé à des évènements ou
des traductions vivantes, des idées, des croyances ou des oeuvres
artistiques et littéraires ayant une signification universelle
exceptionnelle (ce critère est souvent utilisé conjointement avec
d'autre.
En ce qui nous concerne nous parlerons des critères des
biens naturels soit les critères
vii - x.
60 Rapport de l'IUCN sur la liste du patrimoine
mondial : orientation et priorités futures pour l'indentification du
patrimoine naturel d'une valeur universelle exceptionnelle potentielle,
mais 2006, p.4. Les orientations sont en annexe à ce rapport.
61 Rapport de l'IUCN sur la liste du patrimoine
mondial : orientation et priorités futures pour l'indentification du
patrimoine naturel d'une valeur universelle exceptionnelle potentielle,
mais 2006, pp.4-5.
17
B. Critères des biens naturels du patrimoine
mondial61
L'intégrité est définie et plus largement
détaillée en ce qui concerne les biens naturels proposés
pour inscription selon les critères (vii) - (x) dans les Orientations.
De plus, une condition correspondante d'intégrité a
été définie pour chacun des critères selon lesquels
les biens naturels peuvent être proposés pour inscription.
Critère du patrimoine mondial naturel
|
Condition correspondante
d'intégrité
|
(vii) Représenter des phénomènes naturels
remarquables ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance
esthétique exceptionnelles.
|
Être d'une valeur universelle exceptionnelle et inclure
des zones
essentielles au maintien de la beauté du site. C'est
ainsi qu'un site auquel une chute d'eau
conférerait des valeurs esthétiques,
répondrait aux conditions d'intégrité
s'il incluait également le bassin qui l'alimente ainsi que des aires
en aval intégralement liées au maintien des qualités
esthétiques du site
|
(viii) Être des exemples éminemment
représentatifs des grands stades de l'histoire de la terre, y compris le
témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le
développement des formes terrestres ou d'éléments
géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification.
|
Contenir la totalité ou la plupart des
éléments connexes et interdépendants
essentiels dans leurs rapports naturels. Ainsi, une zone de
l'ère glaciaire répondrait aux conditions
d'intégrité si elle comprenait le champs des neiges, le glacier
lui-même ainsi que les formes typiques d'érosion glaciaire, de
dépôts et de colonisation végétale (par exemple
striations, moraines, premiers stades de la succession des plantes, etc.), dans
le cas
des volcans, les séries magmatiques devraient
être complètes et la totalité ou la plupart des
variétés des roches éruptives et types d'éruptions
représentées.
|
(ix) Être des exemples éminemment
|
Être assez étendus et contenir les
|
|
18
représentatifs de processus écologiques et
biologiques en cours dans l'évolution et le développement des
écosystèmes et communautés de plantes et d'animaux
terrestres, aquatiques, côtiers et marins.
|
(x) Contenir les habitats naturels les plus représentatifs
et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité
biologique, y compris ceux où survivent des espèces
menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de
la science ou de la conservation.
|
éléments nécessaires à
l'illustration des
principaux aspects des processus essentiels
à la conservation à long terme des
écosystèmes et de la diversité biologique
qu'ils contiennent. Ainsi une zone de forêt tropicale humide
répondrait aux conditions d'intégrité si elle comprenait
un certain nombre de variations d'altitude par rapport au niveau de la mer, des
modifications de la topographie et des types de sol, des systèmes
fluviaux et des parcelles de régénération naturelle ; de
même, un récif de corail devrait comprendre, par exemple, des
herbiers marins, des mangroves ou autres écosystèmes contigus.
|
Être les biens les plus importants pour la conservation
de la diversité biologique.
Seuls les biens les plus divers du point de
vue biologique et/ou représentatifs sont
susceptibles de répondre à ce critère.
Les biens doivent contenir des habitats pour le maintien d'un maximum de
diversité animale et végétale caractéristique des
provinces et écosystèmes biogéographiques
concernés. Par exemple, une savane tropicale répondrait aux
conditions d'intégrité si elle comprenait un ensemble complet
d'herbivores et des plantes ayant évolué ensemble ; un
écosystème insulaire devrait offrir des habitats pour le maintien
de sa diversité biologique endémique ; un bien abritant des
espèces de grande envergure devrait être assez grand pour contenir
les habitats les plus
|
19
critiques essentiels à la survie des populations
viables de ces espèces ; dans une aire abritant des espèces
migratrices, les lieux de reproduction et de nidification saisonnières
et les voies migratoires, quelle que soit leur localisation, devraient
être protégées de façon adéquate.
Source : orientations, du
comité du patrimoine mondial, février 2005, disponible sur
whc.unesco.org.
Consulté le 22 Janvier 2015.
Pour tous les biens proposés pour inscription selon les
critères (vii) à (x), les processus biophysiques et les
caractéristiques terrestres doivent être relativement intacts. Il
est cependant reconnu qu'aucune zone n'est totalement intacte et que toutes les
aires naturelles sont dans un état dynamique et, dans une certaine
mesure, entraînent des contacts avec des personnes. Il y a souvent des
activités humaines, dont celles de sociétés
traditionnelles et de communautés locales, dans des aires naturelles.
Ces activités peuvent être en harmonie avec la valeur universelle
exceptionnelle de l'aire là où elles sont écologiquement
durable62.
Par ailleurs, les conditions d'intégrité ne
doivent pas être prises à la lettre, car la convention du
patrimoine mondial admet qu'aucune zone n'est totalement intacte et que toutes
les aires naturelles sont dans un état dynamique et, dans une certaine
mesure, entrainent des contacts avec des personnes63. L'exemple
illustratif est celui des activités humaines, particulièrement
celles des peuples autochtones, compatibles avec la conservation, que nous
évoquerons dans le chapitre qui suivra.
62 Rapport de l'IUCN sur la liste du patrimoine
mondial : orientation et priorités futures pour l'indentification du
patrimoine naturel d'une valeur universelle exceptionnelle potentielle,
mais 2006, p.6.
63 Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO,
décision
36.COM. 8E, Annexe I du
document WHC-12/
36.COM/8E, paragraphe 90.
Disponible sur
http://www.whc.org,
consulté le 22 janvier 2015.
20
§3. L'inscription du PNVI sur la liste du patrimoine
mondial naturel
1. Création du Parc National des Virunga et
Aperçu de ses valeurs universelle
exceptionnelles
a. Création du Parc National des
Virunga
La création des parcs nationaux en RD Congo remonte
à 1925. Lors d'une visite aux Etats-Unis en 1919, le Roi Albert Ier de
Belgique avait longuement visité et admiré le Parc national
Yellowstone, premier parc national au monde créé dès
187264. C'est le naturaliste américain Carl Akely, l'homme
qui connut sans doute le gorille, qui conçut l'idée de ce
sanctuaire après un voyage sur le Kivu en 192165.
Dès 1925 le projet prend corps, une première
zone de protection est créée englobant le Karisimbi, le Mikeno et
le Visoke, soit 20000 ha au total (décret du 21 avril 1925). Un
décret du 9 Juillet 1929 adjoint à ce noyau primitif les volcans
actifs (Nyamulagira et Nyiragongo) et une partie de la plaine Rwindi-Rutshuru,
soit 200 000 ha au total. [...] Les décrets du 26 novembre 1934 et 12
novembre 1935 et une ordonnance du 6 janvier 1939 fixèrent les limites
actuelles du Parc National des Virunga [...]66.
Le 9 janvier 1932 [...] le Duc de Brabant (futur
LÉOPOLD II) est encore plus explicite: il apparaît que la
première exigence qui doit être réalisée est de
maintenir l'intégrité du Parc: intégrité
territoriale, hydrographique, faunistique, floristique, géologique, ce
qui implique non seulement l'exclusion de tout élément
étranger à la faune et à la flore indigènes, mais
aussi que l'on évitera avec le plus grand soin tout acte de nature
à altérer l'équilibre naturel. L'intervention de l'homme
doit être exclue67.
L'idée du Duc de Brabant est de protéger la
biodiversité dans sa globalité et rencontre les propos du
Professeur Bola Ikolua quand il écrit que «l'objectif
primordial des parcs nationaux du Zaïre est la conservation des ressources
biotiques et de leur environnement, c'est-à-dire la préservation
de toute emprise humaine de l'environnement naturel et le maintien de la faune
et de la flore»68. Actuellement, le Parc national des
Virunga s'étend sur
64 j. DELVINGT, et al, Guide du Parc des
Virunga, Commission des Communautés européennes,
Bruxelles, 1990, p. 179.
65 R. FIASSON, Les animaux sauvages, Que sais-je ?
, PUF, Paris, 1972, p.108.
66 C. PALUKU MASTAKI, op.cit., p.5.
67 j. DELVINGT et al, op. cit, pp.
179-180.
68 BOLA IKOLUA, Cours de problèmes
d'aménagement et d'administration fauniques, Université de
Kisangani, Faculté des Sciences, Département d'écologie et
conservation de la nature, L2Protection de la faune, Kisangani, 1988, p. 51.
Inédit.
21
une superficie de 800 km2.69 Il se situe
dans la partie Est du pays le long des bordures frontalières du Rwanda
et de l'Ouganda et il est « [...] logé dans la branche occidentale
(dite aussi Albertine) de la grande famille d'Afrique appelée aussi Rift
Est Africain [...]»70
b. Aperçu des valeurs universelle
exceptionnelles du PNVI
Situé à cheval sur l'équateur et proche
de la crête Zaïre/ Congo-nil, le parc national des Virunga est le
plus ancien parc national est le plus ancien Parc national d'Afrique, connu
sous le nom du parc national Albert jusqu'à l'indépendance
(incluant la partie qui constitue aujourd'hui le parc national des Volcans du
Rwanda) ; il abrite une étonnante diversité biologique en terme
d'espèces, c'est la présence des gorilles de montagne qui
détermine la décision du classement, des biotopes et d'habitats,
volcans et champs des laves dans la partie méridionale, plaine
alluviales, rivières et lac, dans la partie centrale, et
également forêts denses, savanes, glaciers, massifs montagneux
dont le Mont Rwenzori71. Lors de la création les populations
locales conservèrent le droit d'y pécher.
Le PNVI se distingue par sa chaîne des volcans et la
richesse de sa diversité d'habitats qui surpasse tout autre parc
africain, avec sa gamme de steppes, savanes et plaines de lave,
marécages, basses des terres et ceintures afromontagnardes
jusqu'à sa végétation afro-alpine unique et aux champs de
glace des monts Rwenzori dont les pics culminent à plus de 500
m.72
Le PNVI inclut les massifs spectaculaires des Rwenzori et des
Virunga qui abritent les deux volcans plus actifs en Afrique. La grande
diversité des habitats a donné lieu à une
biodiversité exceptionnelle, notamment des espèces
endémiques et des espèces rares et mondialement menacées
comme le gorille de montagne.
c. Critères retenus pour l' inscription du
PNVI73
Critère (vii): le PNVI offre
certains des paysages de montagne les plus spectaculaires d'Afrique. Les monts
Rwenzori aux reliefs tourmentés, avec leurs sommets enneigés,
leurs
69 BISIDI MBIYAVANGA YALOLO, Bilan - Actions
menées par le PEVi/WWF pour influencer les comportements de la
population locale à l'égard de la conservation et de la gestion
des ressources naturelles autour du Parc national des Virunga (1987-2000),
WWF/ICCN, Goma, 2001, p. 3.
70 W. DELVINGT et al, op. cit. p. 12.
71 O. ALASSOUM, U. BELEMSOBGO et alii, Les aires
protégées d'Afrique francophone, Paris, éd.
Jean-Pierre de Monza, 1998, p.169.
72 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p.275
73 Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO,
décision
36.COM. 8E, Annexe I du
document WHC-12/
36.COM/8E, pp. 13-15,
disponible sur http ://
www.whc.unesco.org ,
consulté le 01 mai 2015.
22
falaises et leurs vallées abruptes, les volcans du
massif des Virunga couverts d'une végétation Afro-alpine de
fougères arborescentes et de lobélies, et leurs pentes couvertes
de forêts denses, sont des lieux d'une beauté naturelle
exceptionnelle. Les volcans, qui manifestent leurs activités par des
éruptions à intervalles réguliers de quelques
années, constituent les forment des terres dominantes de ce paysage
exceptionnel.
Le parc présente plusieurs autres panoramas
spectaculaires comme les vallées érodées des
régions de Sinda et
d'Ishango. Le parc abrite aussi d'importantes
concentrations de faune sauvage, notamment les éléphants, les
buffles et cobs de thomas, et la plus forte concentration d'hippopotames
d'Afrique, avec 20 000 individus vivant sur les berges du lac Eduard et le long
des rivière Rwindi, Rutshuru et Semliki74.
Critères (viii) : le PNVI est
situé au centre du Rift Albertin, lui-même dépendant de la
vallée de la grande Rift. Dans la partie sud du parc, l'activité
tectonique due à l'extension de l'écorce terrestre dans cette
région a fait émerger le massif des Virunga, composé des
huit volcans, dont sept sont situés totalement ou partiellement dans le
parc. Parmi eux figure les deux volcans les plus actifs d'Afrique : le
Nyamulagira et le Nyiragongo tout proche, responsables à eux seuls des
deux cinquièmes des éruptions volcaniques historiques sur le
continent Africain et qui se caractérise notamment par l'extrême
fluidité de leurs laves alcalines75.
L'activité du Nyiragongo a une importance mondiale en
tant que témoignage du volcanisme d'un lac des laves : le fond de son
cratère est en effet occupé par un lac des laves quasi permanent,
qui se vide périodiquement avec des conséquences catastrophiques
pour les communautés locales. Le secteur nord du parc inclut environ 20
% du massif des monts Rwenzori, la plus vaste région glacière
d'Afrique et la seule chaine des montagnes véritablement alpine du
continent. Il jouxte le parc national des monts Rwenzori en Ouganda
classé aussi au patrimoine mondial, avec qui il partage le pic
Marguerite, troisième sommet d'Afrique (5 109m)76.
Critères (x) : En raison de
ses variations d'altitude (de 680 m à 5 109 m), de pluviomètre et
de nature de sols, le PNVI possède une très grande
diversité de plantes et d'habitats qui le mettent au premier rang des
parcs nationaux africains pour la diversité biologique. Plus de
74 Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO,
décision
36.COM.
8E, Annexe I du document WHC-12/
36.COM/8E, pp.
14. Disponible sur
http:// www.hwc.org consulté le
01 mai 2015.
75 Idem.
76 Ibidem, p.15.
23
2 000 plantes supérieures y sont identifiées,
dont 10 % sont endémiques au Rift Albertin. Les forets afromontagnardes
représentent environ 15 % de la
végétation77.
Le Rift Albertin abrite plus d'espèces de
vertébrés endémiques que toute autre région du
continent africain et le parc en possède de nombreux exemples. Le PNVI
abrite aussi 218 espèces de mammifères, 706 espèces
d'oiseaux, 109 espèces de reptiles et 78 espèces d'amphibiens. Il
sert aussi de refuge à 22 espèces de primates, dont trois
epèces de grands de grands singes : les gorilles de montagne
scientifiquement appelés Gorilla beringei beringei, le gorille
des plaines de l'est ou gorilla graueri et le chimpanzé de
l'est ou pan troglodytes schweinfurthi, et à un tiers de la
population mondiale de gorilles de montagnes78.
Les zones de savane du parc abritent une population diverse
d'ongulé et la densité de biomasse de mammifères sauvages
et l'une de plus haute de la planète (27.6 tonnes/km2). Parmi
les ongulés on trouve certains animaux rares comme l'Okapis ou
Okapia johnstoni, endémique en République
Démocratique du Congo et le céphalophe rouge ou cephalophus
rubidus, endémique aux monts Rwenzori. Le parc comporte aussi
d'importantes zones humides essentielles pour l'hivernage et l'avifaune
paléarctique79.
En effet il s'agit d'un des parcs les plus
emblématiques du continent africain qui ne peut se décrire que
par les superlatives : le plus ancien de l'Afrique, le plus diverse en terme de
richesse spécifique et diversité d'habitats et le plus
spectaculaire en termes de paysages et panoramas80.
Il est important de noter que les critères ont subi des
modifications. Ils étaient auparavant classés en deux listes
distinctes - six critères culturels (v) à (x) et quatre
critères naturels (i) à (iv). Ils figurent actuellement, depuis
les Orientations de 2005, dans une seule liste de dix critères - (i)
à (vi) pour les critères culturels et (vii) à (x) pour les
critères naturels. L'ordre relatif des anciens critères naturels
a changé. Le critère naturel (iii) est devenu le nouveau
critère (vii), suivi par les autres critères naturels dans leur
ordre initial. De même, la
77 Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO,
décision
36.COM. 8E, Annexe I du
document WHC-12/
36.COM/8E, pp. 14. Disponible
sur
http:// www.hwc.org consulté le
01 mai 2015.
78 O. ALASSOUM, U. BELEMSOBGO et alii,
op.cit, Paris, éd. Jean-Pierre de Monza, 1998,
p.170.
79 Idem.
80 Centre du patrimoine mondial/UICN/ Ramsar,
Mission de suivi réactif de l'état de conservation du parc
national des Virunga, République Démocratique du Congo (RDC),
07 au 14 mars 2014, p. 8.
24
formulation précise des critères a changé
au cours du temps, les amendements les plus importants datant de 1992. 81
2. Implications politiques, sociales et
économiques de la patrimonialisation du
PNVI
a. Implications politiques
Lors de sa création en 1925, les terres choisies pour
la constitution de la réserve naturelle et celles annexées dans
la foulée de son extension ont été expropriées dans
un contexte d'un pouvoir colonial absolu face auquel les marges de
négociation avec les populations indigènes étaient quasi
inexistantes82. Les règles du jeu étaient
unilatéralement fixées par le même pouvoir colonial. A
chaque fois qu'une fenêtre d'opportunité s'est offerte aux
populations, comme naguère durant la deuxième guerre mondiale ou
les rébellions récentes, les réflexes des populations
riveraines ont été l'envahissement anarchique du PNVi, la
pêche incontrôlée dans les frayères interdites, la
coupe de bois pour le chauffage ou la braise (makala), le pacage ou les
cultures illégales83. L'approche autoritariste et
policière adoptées par l'administration coloniale ont dans
l'ensemble réussi dans beaucoup de cas essentiellement à cause du
monopole de la violence dont jouissait ce pouvoir. Ce dernier a pu non
seulement imposer l'évacuation des populations dans les zones
réquisitionnées ou jugées infectes par la trypanosomiase
dans la vallée de la Semliki mais aussi organiser le glissement des
populations de zones à forte démographie dans le Jomba et le
Rugari vers le Mushari et Bwito au début des années
195084.
Après l'indépendance en 1960, les
propriétaires de terres expropriées par l'administration
coloniale croyaient la rétrocession de leur terre, cependant, en 1973
avec l'avènement de la loi portant régime général
des biens, régime foncier et immobilier et régime des
suretés, les terres du PNVI sont domanialisées, les droits des
populations locales parties en fumés, En 1979 lors de la
patrimonialisation du PNVI, on s'attendait que le Président Mobutu
règle la question, cependant, cela a été au-dessus de ses
forces car comme on peut le croire la patrimonialisation du Parc ne fut pas la
demande du Zaïre mais au contraire une
81 Rapport de l'UICN sur la liste du patrimoine
mondial : orientation et priorités futures pour l'indentification du
patrimoine naturel d'une valeur universelle exceptionnelle potentielle,
mais 2006, pp.7-8.
82 A. TOGERA, Désire de conserver et
nécessité de survivre : cas du domaine de chasse de Rutshuru et
du Parc national des Virunga, Goma, Pole institute, 2013, p.11.
83 Idem.
84 Ibidem.
25
forme de protection des certains animaux phares que les blancs
voulaient venir visiter et craignant les représailles de la population,
il l'ont patrimonialisé pour assurer leur
sécurité85.
b. implication sociale
Les ressources naturelles du globe, y compris l'air, l'eau, la
terre, la faune et la flore, les particulièrement les
échantillons représentatifs des écosystèmes
naturels, doivent être préservé dans l'intérêt
des générations présents et à venir par une
planification ou une gestion attentive selon que le besoin se
présente86. Certes les populations locales, ne savent pas
qu'est-ce un patrimoine mondial, pourquoi le préserver. Plusieurs ONG
dont WWF se force d'informer et sensibiliser la population environnante du PNVI
à la protection de l'environnement. Actuellement, le PNVI connaît
une pression de la population riveraine car il renferme des terrains dont le
développement est essentiel aux populations. Sa diversité
biologique est menacée par les actions anthropiques diverses:
agriculture, élevage, braconnage, feux de brousse
incontrôlés, exploitation forestière pour le
bois-énergie, etc.87 L'Etat ne remédier à ces
difficultés que s'il prend des mesures spécifiques et
appropriées pour satisfaire les besoins des villageois environnant le
PNVi. Quant aux considérations des populations vis-à-vis du PNVi,
on peut retenir quelques éléments de l'étude minutieuse de
Daniel Arnoldussen et Nzabandora
Ndimubanzi88 : «
Globalement nous pouvons affirmer que la population n'exprime pas d'opposition
Fondamentale à l'existence du parc. Ce dernier est perçu comme
une partie du patrimoine collectif légué aux vivants par les
ancêtres et qui doit être préservé pour les
générations futures. Les ancêtres ont géré
l'espace naturel de manière à le transmettre intact; aux
générations actuelles auxquelles incombe la responsabilité
de le protéger pour leurs descendants [...]. Le sol appartient
collectivement et individuellement au passé, au présent et au
futur [...]. La population n'exprime pas d'hostilité irréductible
vis-à-vis des gorilles [...]. Si l'on se place dans une perspective plus
actuelle, l'existence du parc et des gorilles est une fierté pour les
habitants du Bwisha car ils sont conscients de l'intérêt
international que ces animaux suscitent [...]. Ils savent que la
présence des touristes représente un apport financier important,
ils savent aussi que des fonds internationaux sont consacrés aux
gorilles par des organismes de protection de la nature. Que l'on se place
dans
85 Propos recueillis dans une interview avec LUGHUTU
KAKYIGHA, chef du village VITSHUMBI, Mardi le 12 Mai 2015 à 13h00, dont
l'interprétation a été faite en Français par
nous-même.
86 2ème principe de la Conférence des Nations Unies
sur l'environnement, Déclaration de Stockholm de1972,
87 C. PALUKU MASTAKI, Op.cit. , p.11.
88 D. ARNOLDUSSEN et NZABANDORA NDIMUBANZI, Etat
des relations existant entre le Parc national des Virunga (secteur Mikeno) et
les populations riveraines, Union Européenne, Aide au
développement, Gembloux, Bruxelles, 1996, pp. 1-6.
89 S. MUGANGU MATABARO, Conservation et
utilisation durable de la diversité biologique en temps de troubles
armés, cas du Parc National des Virunga,UICN, Programme Afrique
Centrale, 2001, p. 14.
26
la perspective traditionnelle ou la perspective moderne,
les populations environnant le parc ne sont pas opposées à son
existence et à la protection qui lui est accordée. Cela
n'empêche pas que de nombreux problèmes existent [...]. La
population ne peut pas s'intéresser au parc puisqu'elle est
écartée de tout pouvoir de décision le concernant. On ne
peut avoir de l'intérêt pour une chose sur laquelle on n'a pas le
moindre droit de regard [...]. La population ne bénéficie pas
suffisamment des revenus générés par le parc [...]. Les
rapports avec les gardes du parc sont ambigus car l'accès au parc est
interdit ou autorisé selon l'intérêt momentané de
ces derniers. Si, par exemple, un troupeau de chèvres pâture dans
le parc ou à ses abords immédiats, l'interdiction sera alors
formelle et quelques chèvres peuvent être saisies. Si un paysan a
besoin de tuteur pour ses cultures, il obtiendra, par contre, l'autorisation
des gardes pour pénétrer dans le parc s'il leur a
préalablement rendu service [...]. Le droit d'y chasser, d'y puiser
l'eau, d'y prélever les bois et les végétaux
nécessaires aux constructions et aux cultures, d'y faire boire et
pâturer le bétail, d'y tenir les rites des ancêtres [...]
est totalement incompatible avec la protection totale dont jouit la forêt
du parc [...]. Les buffles, les éléphants et les gorilles qui
sortent du parc viennent se nourrir dans les cultures qu'ils dévastent.
Les agriculteurs se sentent démunis face à cette situation car il
leur est interdit d'agir contre les animaux du parc. Ils regrettent donc
l'absence de mesures de refoulement des animaux ainsi que l'inexistence des
indemnisations encas des dégâts commis par les animaux du parc.
»
Ce qui précède peut se résumer en quelques
mots89 :
- Le rétrécissement de l'espace disponible pour
les paysans de plus en plus nombreux;
- La dépossession foncière de ces mêmes
paysans, en grande partie organisée par la collusion entre chefs
coutumiers, bourgeoisies urbaines et administrations corrompues;
- L'incertitude et la précarité croissante des
droits fonciers des paysans, résultant notamment des pratiques
foncières des chefs coutumiers et de la disqualification des droits
fonciers traditionnels par la loi foncière moderne (promulguée
en1973, elle consacre la propriété étatique du sol).
Ces réalités soulèvent, pour l'essentiel,
un sentiment de spoliation dans l'esprit de la population riveraine du parc.
Or, «quand le droit n'accède pas aux consciences et aux
Réalités psychologiques, l'homme ne l'accepte pas, ne s'incline
pas devant ses impératifs, ne consent
27
pas aux sacrifices qu'exige son
application»90. Cette idée rencontre les propos de
Chardonnet quand il écrit que «la réponse traditionnelle qui
affirme l'obligation morale de conserver le patrimoine vivant de
l'humanité pour les générations futures ne suffit pas en
Afrique. Ventre affamé n'a point d'oreilles, dit un
proverbe»91.
c. Implications économique
Parler des implications économiques revient à
savoir à quel hauteur l'aide de l'Unesco se lève, mais aussi
l'aide du gouvernement dans le cadre de conservation du PNVI. L'Unesco aide le
gouvernement dans le cadre de la formation des gardes parc, mais aussi finance
l'ICCN, institution chargé de la conservation de la nature en RDC dans
plusieurs domaines. Cependant, depuis la patrimonialisation, le gouvernement
semblait délaisser le parc aux mains de l'Unesco et d'autres
organisations internationales en charge de la conservation de la nature et la
protection de l'environnement. Alors qu'en se conforment à l'art.4 de la
convention de Paris, la conservation revient en premier à l'Etat. En
effet, l'on ne doit pas perdre de vue que l'obligation de coopération
internationale pose le problème de son contenu équivoque et
l'assistance internationale est toujours irrégulière, parfois
indisponible mais surtout dans le cadre des relations Nord-Sud, consacre
l'inégalité entre les Etats allant jusqu'à s'immiscer dans
affaires internes des pays du sud92. Pire et particulièrement
dans le cadre de l'UNESCO, l'assistance nécessaire attendue ne suit pas
efficacement l'inspiration du bien sur les listes patrimonialisantes
(labélisantes ?) de l'UNESCO.93
Section III : LE STATUT DU PARC NATIONAL DES
VIRUNGA
Parler du statut du PNVI revient à savoir les
catégories d'aires protégées en RDC (§1), la nature
juridique du PNVI (§2) par rapport à la nouvelle loi portant
conservation de la nature, enfin parler de l'inscription du PNVI sur la
liste du patrimoine mondial en péril (§3).
§1. Les catégories d'aires
protégées en RDC
En RDC nous avons deux catégories d'aires
protégées : les aires protégées à
régime juridique plus restrictif (1), et les aires
protégées à régime juridique moins restrictif
(2).
90 H. BEKAERT, Introduction à
l'étude du droit, 2ème édition,
Etablissement Emile Bruylant, Bruxelles, 1965, p. 102.
91 P. CHARDONNET, Faune sauvage africaine, la
ressource oubliée, Tome 1, Commission européenne,
Luxembourg, 1995, p. 9.
92 B. UWIMANA, La question du déclassement
des biens naturels du patrimoine de l'UNESCO, p.5, Inédit.
93 Idem, p.6.
28
1. les aires protégées à
régime juridique plus restrictif
Il convient de préciser, qu'au regard de l'article 10
de la loi n°011/2002 du 29 août portant code forestier, les aires
protégées rentrent dans la catégorie des forêts
classées, celles-ci sont définit comme « les forêts
soumises, en application d'un acte de classement, à un régime
juridique restrictif concernant les droits d'usage et d'exploitation et
affectées à une vocation particulière, notamment
écologique »94.
a. Les réserves naturelles
intégrales
On étend par réserve naturelle intégrale
: catégorie d'aires protégées qui sont mises en
réserve pour protéger la diversité biologique et aussi,
éventuellement, des caractéristiques géologiques et/ou
géomorphologiques, où les visites, l'utilisation et les impacts
humains sont strictement contrôlés et limités pour garantir
la protection des valeurs de conservation95. A comprendre la loi, la
réserve naturelle intégrale sert donc à sauvegarder
l'intégrité absolue des zones protégées en y
réduisant les interventions humaines, non seulement en raison de
considérations esthétiques et touristique qui prévalurent
lors de la création de Yellowstone (Yellowstone park National aux USA)
et (Kruger national park en Afrique du Sud, mais aussi parque les ressources
naturelles constituent un héritage naturel à sauvegarder pour le
progrès des connaissances scientifiques, économiques et
utilitaire.96
b. Les parcs nationaux
D'après la loi susmentionnée, on étend
par parc national catégorie d'aires protégées consistant
en une vaste aire naturelle ou quasi naturelle mise en réserve pour
protéger des processus écologiques de grande échelle,
ainsi que les espèces et les caractéristiques des
écosystèmes de la région, qui fournissent aussi une base
pour des opportunités de visites de nature spirituelle, scientifique,
éducative et récréative, dans le respect de
l'environnement et de la culture des communautés
locales.97
94 Article 10 l'article 10 de la loi n°011/2002
du 29 août portant code forestier
95 Art.2 point 39, de la loi n° 14/003 du 11
février 2014 relative à la conservation de la nature
96 Cette considération s'inscrivait dans le
compte-rendu de la conférence Internationale pour la faune et la flore
Africaine du 8 novembre 1933, qui affirmait la notion de préservation
des richesses naturelles comme « patrimoine commun de
l'humanité ». Lire M. LANGUY et E. DE MERODE, Virunga
survie du premier parc d'Afrique, Bruxelles, Tielt, Lannoo, 2006, p.68.
97 Art.2 point 31, de la loi n° 14/003 du 11
février 2014 relative à la conservation de la nature
29
c. Les jardins botaniques et
zoologiques
La loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative
à la conservation de la nature définit les jardins zoologiques
comme « espace où sont entretenus et élevés en
captivité des animaux d'espèces sauvages ou d'espèces
domestiques exotiques à des fins de conservation, de recherche
scientifique, d'exposition, de tourisme ou d'enseignement98 ».
Tandis que le jardin botanique désigne « territoire
aménagé par une institution publique, privée ou
associative et qui a pour but de rassembler des collections documentées
de végétaux vivants à des fins de conservation, de
recherche scientifique, d'exposition, de tourisme ou
d'enseignement99 ».
d. Secteur de sauvegardes
Les secteurs de sauvegardes sont régis par la loi
n°75-024, du 22 juillet 1975. Il s'agit de toute partie du territoire
national non couverte par un plan d'urbanisme, présentant un
caractère historique, esthétique ou de nature à justifier
la conservation, la restauration et la mise en valeur de tout en partie d'un
ensemble mobilier.
2. les aires protégées à
régime juridique moins restrictif
Dans cette catégorie des aires protégées,
les autres catégories de forets sujettes à l'exercice du droit
d'usage forestier par les populations riveraines, bien que certaines aires
protégées comme réserve de faune soient assimilées
aux réserves naturelles intégrales.
a. Les réserves de faune
La loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative
à la conservation de la nature et la loi n°011/2002 du 29
août 2002 portant code forestier ne définissent pas une
réserve de faune. Seule la loi n°82-002 du 28 juillet 1982 portant
règlementation de la chasse à son article 1èr, trait 12.
Mais cette loi en énumère deux : réserve totale de faune
et réserve partielle d faune. Dans cette dernière l'exploitation
de la faune est règlementée et contrôlée soit en
fonction des périodes et modes d'exploitation, soit en fonction de
certaines espèces déterminés ; tandis que la
première toute exploitation de la faune est prohibée sauf
dérogations particulières.100
98 Art.2 point 28, de la loi n° 14/003 du 11
février 2014 relative à la conservation de la nature
99 Idem, point 27.
100 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p.95.
30
b. Les domaines de chasses
La loi n°82-002 du 28 juillet 1982 portant
règlementation de la chasse à son article 1, trait 15 le
défini comme une aire érigée par le commissaire d'Etat
compétent) pour des fins cynégétiques et dont la gestion
et l'aménagement relève de l'Etat. Tandis que relative à
la conservation de la nature le défini en ces termes : «
catégorie d'aires protégées où les activités
de chasse sont autorisées mais réglementées101
».
Dans cette catégorie d'aires protégées,
les activités des populations locales ayant habité le domaine
avant sa création et celles habitant à ses environs (populations
riveraines) sont autorisées mais règlementées en vertu des
droits d'usage forestiers prévus par les articles 38 et 39 du code
forestier et de la réglementation spécifique applicable audit
domaine.102
c. Les réserves des
biosphères
Ces sont des catégories d'aires protégées
créée par l'autorité compétente et reconnue par
l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture
pour promouvoir un développement durable basé sur les efforts
combinés des communautés locales et du monde
scientifique.103
Cette catégorie d'aire protégée a
été créée dans le cadre du programme MAB (Man and
Biodiversity) de l'Unesco depuis les années 1970, afin de conserver au
moins une aire représentative de chaque type d'écosystème
majeur existant dans le monde et pour constituer un réseau de
biosphère104. Les objectifs essentiels de cette
réserve c'est de conserver divers types d'écosystèmes
naturels afin de préserver le processus écologiques fondamentaux
ainsi que la diversité génétique propre aux
communautés végétales qui les peuplent. Une autre
finalité c'est de servir de jalon, de témoin, quant à
l'évolution dans le temps des écosystèmes qu'elle soit
spontanée ou d'origine anthropique, en vue de permettre de recherches
fondamentales ou appliquées dans le domaine des sciences
écologiques105. Les réserves de biosphère
remplissent principalement quatre fonctions : la conservation en
systèmes ouvert, la
101 Art.2 point 12 de la loi n° 14/003 du 11 février
2014 relative à la conservation de la nature.
102 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p. 96.
103 Art.2 point 36, de la loi n° 14/003 du 11 février
2014 relative à la conservation de la nature
104 F.RAMADE, Elément d'écologie. Ecologie
appliquée, 6ème éd. Paris, DUNOD, 2005, p.
718.
105 F.RAMADE, Op.cit., p. 718
31
surveillance et la recherche continues, la formation et
l'éducation et la coopération pour le
développement.106
§2. Nature juridique du Parc National des Virunga
Le parc national a donc pour vocation de protéger les
écosystèmes naturels, y compris des paysages ou formation
géographiques d'une valeur scientifique ou esthétique
particulière. Certaines législations africaines soulignent
d'ailleurs que cette protection est faite dans « l'intérêt du
public et également pour son éducation et sa
récréation » art 10 de l'ordonnance guinéenne du 25
juillet 1985.107 Le régime des parcs se justifie au niveau
des objectifs visés. Le parc national participe à une approche
intégrée de la conservation des espèces et
habitats.108 La spécification tient d'une part à
l'énumération précise des éléments pris en
considération dans la création des réserves naturelles,
d'autre part, à la procédure de classement109.
Comme indiqué ci-haut le PNVI constitue d'abord un parc
national, ainsi conformément à l'article 2 point 31 de
l'ordonnance portant sur la conservation de la nature et des ressources
naturelles, ce parc est une aire Protégée. Avant l'entrée
en vigueur de la nouvelle loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative
à la conservation de la nature, l'ancien loi ne définissait pas
le parc national elle se limitait à le classer parmi les réserves
naturelles intégrales, ce qui va à dire qu'il n'existait pas des
réserves naturelles intégrales en dehors des parcs nationaux,
avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi (loi n° 14/003 du 11
février 2014 relative à la conservation de la nature. Vus
certains droits (droit de pêche dans le lac Eduard pour la survie de la
population, coupe de bois,) qui sont accordés aux communautés
locales environnantes le Parc national des Virunga, il y a lieu de conclure que
celui-ci n'est pas une réserve naturelle intégrale comme on peut
le croire, car dans ce dernier, selon le système de zonage, les
réserves naturelles intégrales doivent se situer, en principe,
à l'intérieur du parc.110 Ce dernier est
entouré par une zone appelée pré-parc ou zone
tampon.111 La réserve naturelle apparaît alors comme
une partie du parc dans laquelle les objectifs de reconstitution et de
106 ICCN, Manuel des droits et obligations des parties
prenantes dans les aires protégées, inédit, mars,
2011.
107 M. KAMTO, « foret », patrimoine commun de
l'humanité, Paris, edicef, 2006, p. 158.
108 Idem, p.156.
109 Ibidem, 159.
110 B. UWIMANA., Op.cit., p.1.
111 Idem
32
préservation d'espèces faunistiques et
floristiques et leurs habitats sont renforcés112 et donc
même le ramassage d'une branche d'arbre morte n'est pas permis dans une
réserve naturelle intégrale, ce qui va à dire que le Parc
national des Virunga est maintenant un parc national à cause de certains
droits reconnus au population, et que c'est à l'intérieur de lui
qu'on devait ériger une réserve naturelle intégrale.
Néanmoins, les parcs nationaux et les réserves naturelles
intégrales obéissent à un ordre
juridique.113
a. Intégrité
Le PNVI est caractérisé par une mosaïque
d'habitats extraordinaires qui s'étendent sur 790 000 ha. Il est
clairement délimité par l'ordonnance de 1954. Les richesses y
sont bien protégées malgré les défis
économiques et démographiques dans sa
périphérie.
Le parc renferme deux couloirs écologiques hautement
importants car ils relient respectivement les différents secteurs : le
couloir de Muaro relie le secteur de Mikeno au secteur de Nyamulagira, la
côte ouest relie le secteur nord au secteur centre du massif des Virunga.
La présence Queen Elizabeth National park, aire protégée
en contiguë en Ouganda, constitue également un couloir
écologique terrestre reliant les secteurs centre et nord. Enfin, le lac
Eduard constitue un couloir aquatique important.
b. Gestion du Parc National des
Virunga
L'ICCN est un établissement public à
caractère technique et scientifique conformément à ses
statuts fixés par la loi 75-023du 22 juillet1975 telle que
modifiée et complétée par l'ordonnance 78-190 et du 5 mai
1978. Doté de la personnalité juridique, il a pour
mission114 :
1. d'assurer la protection de la faune et la flore dans les
réserves naturelles, intégrales ou quasi-intégrales ;
2. de favoriser en son sein la recherche scientifique et le
tourisme dans le respect des principes fondamentaux de la conservation de la
nature ;
112 C. LACHAUX, Les parcs nationaux, que sais-je ?, PUF,
Paris, 1980, pp.120-121, cité par U. Bienfait, Op.cit., p.1.
113 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p.94.
114 Article 3 de l'ordonnance 78-190 du 5 mai 1978 portant
statuts d'une entreprise publique dénommée l'Institut National
pour la Conservation de la Nature, en abrégé
«I.N.C.N.».
33
3. de gérer les stations dites «de capture»
établies dans ou en dehors de réserves. L'ICCN gère les
aires protégées en RD Congo, notamment les parcs nationaux tout
en créant les conditions favorables de développement et
l'écotourisme qui favoriserait la conservation de la nature sans oublier
la promotion de la recherche scientifique. Il s'agit de la sauvegarde des
ressources de la biodiversité nécessaire au bien-être et au
développement de la RD Congo et à la survie de l'homme sur la
planète115.
Au-delà de cet objectif, les populations Riveraines du
Parc national des Virunga sont pauvres et les actions pour y remédier
sont insuffisantes malgré les interventions des ONG de conservation. Ce
qui fait dire que «les aires protégées du pays n'ont pas
encore atteint le niveau de performance souhaité à cause de
diverses contraintes liées à leur gestion»116. Il
reste encore beaucoup à faire pour accomplir la mission de l'ICCN.
§3. L'inscription du PNVI sur la liste du patrimoine
mondial en péril
L'inscription sur la liste du « patrimoine mondial en
péril » est une demande d'assistance émanant volontairement
de l'Etat territorial ou, en cas d'urgence, du comité du patrimoine
mondial de l'UNESCO, d'après les critères qu'il établit
lui-même.
1. Critère d'inscription sur la liste du
patrimoine mondial en péril
La règle générale qui régit
l'inscription d'un bien sur la liste du patrimoine mondial en péril est
énoncé à l'article 11, alinéa 4 de la convention du
patrimoine mondial en ces termes : « Ne peuvent figurer sur cette
liste que des biens du patrimoine culturel et naturel qui sont menacés
de dangers graves et précis, tels que menace de disparition due à
une dégradation accélérée, projets de grands
travaux publics ou privés, rapide développement urbain et
touristique, destruction due à des changements d'utilisation ou de
propriété de la terre, altérations profondes dues à
une cause inconnue, abandon pour des raisons quelconques, conflit armé
venant ou menaçant d'éclater, calamités et cataclysmes,
grands incendies, séismes, glissements de terrain, éruptions
volcaniques, modification du niveau des eaux, inondations, raz de
marée117. » La convention reconnait au
Comité le pouvoir à tout moment, en cas d'urgence, de
procéder à une nouvelle inscription sur la liste du patrimoine
mondial en
115 Bio-monitoring dans les sites du patrimoine mondial en
RDC, Rapport de l'atelier de planification, Centre Nganda, Kinshasa,
23/03/2002, p. 11.
116 Idem, p.11.
117 Article 11, alinéa 4 de la convention de Paris de 1972
sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel
34
péril et donner à cette inscription une
diffusion immédiate. Le comité peut inscrire un bien sur la liste
du patrimoine en péril que si :
· Le bien concerné figure sur la liste du patrimoine
mondial ;
· Le bien est menacé par des dangers graves et
précis ;
· De grands travaux sont nécessaires pour la
sauvegarde de ce bien ;
· Ce bien fait objet d'une demande d'assistance aux termes
de la convention.
Le comité est d'avis que dans certains cas, cette
assistance peut prendre la forme d'un message exprimant ses
préoccupations. L'inscription d'un bien sur la liste du patrimoine
mondial en péril peut, par elle-même, constituer ce
message118. Dans les cas des biens naturels, les orientations du
comité ont ajouté deux facteurs119 :
· Péril prouvé : un déclin
sérieux de la population des espèces en danger (menacés)
ou d'autres espèces ayant une valeur universelle exceptionnelle pour la
protection desquelles le bien a été juridiquement établi,
altération grave de la beauté naturelle, ...
· Mise en péril : le bien est confronté
à des menaces graves qui pourraient avoir des effets négatifs sur
les caractéristiques essentielles du bien.
2. L'inscription du PNVI sur la liste du patrimoine
mondial en péril
Lors de la 18ème session du Comité du
patrimoine mondial en 1994, le PNVI fut inscrit sur la Liste du patrimoine
mondial en péril. Cette inscription fut motivée par
l'augmentation rapide des pressions sur le parc qui mettaient en péril
l'intégrité du bien. Il s'agissait notamment des envahissements
illégaux, initialement par des réfugiés rwandais et plus
tard par les populations congolaises, le braconnage, la pêche illicite
sur le lac Edouard et le déboisement des forêts du secteur sud
(pour la production de charbon de bois)120. Durant la période
d'instabilité politique marquant la fin du régime Mobutu
(1992-1997), suivi par les guerres successives entre 1997 et 2004, ces
pressions se sont fortement amplifiées et en même temps les
capacités de gestion du parc de l'ICCN se sont effondrées. Durant
cette période, les partenaires internationaux de l'ICCN se sont
mobilisés à travers le projet « Sauvegarder les sites du
patrimoine mondial en péril en RDC », initié par
l'UNESCO et l'UNF, pour appuyer
118 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p. 266.
119 Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO,
op.cit., paragraphe 177.
120 Centre du patrimoine mondial/UICN/ Ramsar, op.cit.,
p. 8.
35
l'ICCN pour la gestion des cinq sites du patrimoine mondial.
Cette initiative fut critique et a permis de « sauver » les
sites121. Les grandes causes de l'inscription du PNVi sont :
A. Les populations riveraines du Parc National des
Virunga
Actuellement, le PNVI connaît une pression de la
population riveraine car il renferme des terrains dont le développement
est essentiel aux populations. Sa diversité biologique est
menacée par les actions anthropiques diverses: agriculture,
élevage, braconnage, feux de brousse incontrôlés,
exploitation forestière pour le bois-énergie, etc. L'afflux
massif des réfugiés de la région n'a fait qu'exacerber la
situation122. L'Etat ne remédier à ces
difficultés que s'il prend des mesures spécifiques et
appropriées pour satisfaire les besoins des villageois environnant le
PNVI.
B. La concentration humaine autour du PNVI suite aux
déplacements des
populations123
Les conflits interethniques dans la région des Grands
Lacs et les affrontements des groupes armés, les pillages de ressources
naturelles et l'éruption du volcan Nyiragongo ont causé des
déplacements internes massifs, en plus de la présence de
réfugiés au Nord-Kivu. Le déplacement au Nord-Kivu remonte
au début des années 1990, lorsque les conflits entre ethnies
Nyanga, Hunde et Hutu, dans le Masisi se sont étendus à toute la
région et ont provoqué de nombreux déplacements,
particulièrement vers Goma [...]. En 1993 et 1994, les autorités
du Nord-Kivu ont organisé une opération de désarmement des
milices de la région, causant une vague de déplacements
(opérations Kimya en 1993et Mbata en 1994). C'est aussi l'époque
où d'autres milices se constituent, tels que les Mai Mai, Mongol, Nalu,
etc. [...]. Les deux guerres de 1996 et de1998 ont également
causé plusieurs millions des déplacés [...]. Comme l'a
détaillé un rapport d'une commission d'experts de l'ONU sur
l'exploitation des ressources en RD Congo, le pillage de ressources naturelles
par différents groupes armés, pays et sociétés,
aggrave la crise de déplacement dans un pays où guerre et profit
sont
121 Idem, p. 9.
122 RD Congo, Ministères de l'Agriculture et de
l'élevage, du Plan, de l'Education nationale et de l'Environnement,
conservation de la nature, forêts et pêche, Monographie de la
province du Nord-Kivu, PNUD/UNOPS, 1998,p. 123.
123 C. PALUKU MASTAKI, op.cit., p. 14.
36
étroitement liés [...]. En janvier 2002,
l'éruption du volcan Nyiragongo a causé le déplacement
temporaire ou à plus long terme d'au moins de120 000
personnes124.
Les faits démontrent qu'en cas de conflit la
coexistence des personnes déplacées ou réfugiées et
la conservation de la biodiversité forestière devient complexe,
car autant les déplacés ou les réfugiés ont besoin
de survivre, autant ils recourent à l'utilisation des ressources
naturelles qui les entourent «pour des raisons légitimes de leurs
besoins prioritaires»125. Ainsi, les déplacés ou
les réfugiés «coupent souvent la végétation
à des fins agricoles ou pour obtenir du bois à brûler. De
telles pratiques mènent rapidement à la
déforestation126.
C. Les réfugiés et le Parc National des
Virunga
En 1994, plusieurs centaines de milliers de
Réfugiés de la région affluent vers Goma et ses environs
[...]. Des milliers de gens terrorisés, fuyant les massacres du Rwanda,
ouvrent sans le savoir la voie à une autre collision dramatique, cette
fois entre l'homme et son environnement127,
précisément autour et dans le Parc national des Virunga. A
l'arrivée des réfugiés, aucune infrastructure d'accueil
n'était prévue.
Devant les difficultés de s'installer même dans
la ville de Goma, plusieurs foyers de réfugiés
s'installèrent de part et d'autres des routes Goma-Sake et
Goma-Rutshuru. Le nombre des foyers augmentant, ces constructions
précaires s'étendirent et constituèrent des camps [...].
Le camp de Mugunga a été occupé de façon
spontanée, chaque réfugié s'installant à son
gré; celui de Kahindo, par contre, a été
aménagé par le HCR. De surcroît, il faut signaler qu'avant
l'arrivée du HCR, l'exploitation [du bois] et la distribution
étant désorganisées, les réfugiés ont
détruit une bonne partie du parc des Virunga. Il est estimé que
1000 réfugiés rasaient1 ha par semaine, soit 4 ha par
mois128. Entre 1994 et 1996, l'on a remarqué une destruction
de plus de 150 km2 de couverture forestière et la
détérioration de la valeur esthétique du parc suite
à la présence de plus de 700 000 réfugiés aux bords
du parc. Plus de 50% des bambous ont été coupés en secteur
Mikeno. La population d'hippopotames a
124 Norvegian Refugee Council, Atelier de formation sur
les principes directeurs relatifs au déplacement des personnes à
l'intérieur de leur propre pays, Goma, RD Congo, 7-9 avril 2003,
pp. 4-5.
125 Idem, p.5
126 S. JAMES et J. OGLELHORPE, L'herbe foulée:
atténuer l'impact des conflits armés sur l'environnement,
Washington, Biodiversity Support Program, 2001, p. 49.
127 Réfugiés, Environnement, l'heure est
à l'urgence, Genève, HCR, volume 2, n° 127, 2002, p.
9.
128 RD Congo, Ministères de l'Agriculture et de
l'élevage, du Plan, de l'Education nationale, et de l'Environnement,
Conservation de la nature, Forêts et Pêche, op. cit., p.
147.
37
été sensiblement réduite. Le nombre de
pièges détruits est passé de 2501 en1991 à 6873
en1995129.
La forte pression démographique autours du parc, les
différentes hostilités armées à l'Est de la RDC et
les violations intentionnelles des textes légaux organisant la
conservation de la nature et la protection de la nature ont exercé un
impact néfaste sur le PNVI et ses limites130. Des missions de
suivi réactifs en 2006, 2007 et 2010 ont tous confirmé l'ampleur
des menaces pesant sur l'intégrité du bien et ont
recommandé que le site soit maintenu sur la Liste de biens du patrimoine
mondial en péril. Les principales menaces identifiées sont
:131
· Les envahissements illégaux à de nombreux
endroits dans le bien ;
· L'exploitation illégale des ressources,
notamment le braconnage de la faune, la pêche illégale sur le lac
Edouard et la production de charbon de bois ;
· La présence de bandes armées
opérant dans le bien ;
· Le chevauchement de la totalité du parc par 5
permis pétroliers dont deux, accordés à TOTAL (block III)
et SOCO (block V), font l'objet d'activités d'exploration depuis
2011.
129 N.MUSHENZI LUSENGE, Rapport annuel 1997,
ICCN/Direction Nord-Kivu, 1997, p.2.
130 B. UWIMANA, op.cit., p. 289.
131 Centre du patrimoine mondial/UICN/ Ramsar, op.cit.,
p. 9.
38
Chapitre deuxième : L'ANALYSE DE
L'EXPLORATION/EXPLOITATION PETROLIERE DANS LE PARC NATIONAL DES VIRUNGA
Dans ce second chapitre, nous aborderons la question de
l'exploitation pétrolière dans le parc national des Virunga
(section I), nous chercherons à déconstruire des
discours des évidences sur l'exploitation de l'or noir dans le PNVI
(section II), enfin, nous ferons un regard croise entre l'exploitation
et la conservation du PNVI concours des circonstances favorables (section II)
ce qui constitue notre point de vue par rapport au sujet que nous
analysons.
Section I : L'EXPLORATION/EXPLOITATION PETROLIERE DANS
LE PARC
NATIONAL DES VIRUNGA
Pour mieux expliquer cette section nous brosserons d'abord
l'État des lieux des activités pétrolières dans
le rift albertin (Ç1), pour ensuite expliquer la Menaces sur le
Parc National des Virunga, patrimoine mondial en RDC (Ç2), enfin,
chuter par une réflexion sur l'incidence de l'octroi des permis
d'exploitation et exploration pétrolière sur les engagements pris
par la RDC sur le parc national de Virunga, patrimonial mondial.
(Ç3).
§1. État de lieu des activités
pétrolières dans le rift albertin
Le rift Est-Africain s'étend du sud de la mer Rouge au
nord du Zambèze sur plus de 6000 km de longueur et 40 à 60 km de
largeur132. Le rift Est-Africain est une zone où
s'écartent les parties ouest et est du continent africain à une
vitesse qui peut atteindre 1 cm/an133. C'est une zone très
active sur le plan sismique134 et volcanologique. Il se divise en
deux branches au nord du lac Malawi. La plus grande partie de la
frontière orientale de la RDC est située le long de la branche
occidentale du rift Est-Africain. Depuis de nombreuses années, on
suppose que le fossé d'effondrement (graben) qui souligne ce rift, en
partie occupé par des lacs, recèle des réserves
pétrolières pour l'instant encore mal connues135.
132 OVG, Evaluation environnementale stratégique de
l'exploration/exploitation pétrolière dans le rift albertin,
province du Nord-Kivu et orientale, Goma, 2010, p.3, inédit.
133 Idem.
134 Par exemple (en dehors des séismes liés
à l'activité volcanique) : le 3 février 2008, un violent
tremblement de terre secouait simultanément les villes de Goma et de
Bukavu, causant de très importants dégâts. Le 25 mars
2009, un séisme tectonique de 5,2 sur l'échelle
ouverte de Richter était ressenti à Bukavu, Kigali, Butare
(Sources : Observatoire Volcanologique de Goma)
135 OVG, op.cit. , p.3. Inédit.
39
La découverte des gisements de pétrole dans le
lac Albert entre l'Ouganda et la RDC attire aujourd'hui plusieurs grandes
compagnies pétrolières dans la région, après qu'une
petite compagnie junior, Heritage Oil, a fait des travaux préliminaires
de collecte des données géologiques et géophysiques, des
études et des analyses géochimiques des échantillons
déterminant les acquisitions sismiques du côté est du lac
Albert sur la rive ougandaise136. Les réserves ougandaises
évaluées entre 800 millions et 2.5 milliards de barils sont
subdivisées en cinq blocs et les blocs 1, 2, 3 et 4
réputés potentiellement rentables sont partagés entre
trois grandes compagnies principales, l'anglaise Tullow oil, la chinoise CNOOC
et la française Total. Ces dernières compagnies sont à
l'oeuvre et l'Ouganda espère passer en phase d'exploitation dans les
mois à venir137.
Du côté de la RD Congo, comme il s'agit du
même bassin du Graben albertine et que les eaux et les rives congolaises
du lac Albert devraient logiquement avoir les mêmes potentialités,
les mêmes compagnies pétrolières qui opèrent du
côté ougandais sont intéressées dans l'exploration
et l'exploitation des gisements du pétrole congolais. Les
réserves potentielles congolaises non encore évaluées sont
déjà subdivisées en cinq blocs. Les blocs 1 et 2 qui
couvrent la rive ouest du lac Albert sont les plus convoités par les
compagnies opérant du côté ougandais et naturellement sont
objets des disputes138.
L'Etat Congolais a signé un contrat avec un certain
nombre d'opérateurs pétroliers, dont celui signé le 5
décembre 2007 avec un consortium formé par les compagnies
pétrolières Dominion petroleum, SOCO international et la
Congolaises des Hydrocarbures (COHYDRO)139.
En effet, une compagnie canadienne, Heritage Oil, a
signé un protocole d'accord d'exploration le 2 juin 2002 avec le
gouvernement de Joseph Kabila dans un territoire que ce dernier ne
contrôlait pas à l'époque. En 2005, après un appel
d'offre lancé par le gouvernement congolais et gagné par Heritage
Oil, les blocs 1 et 2 de la rive congolaise du lac Albert ont été
répartis entre Heritage Oil et Tullow oil, une compagnie anglaise ayant
acheté une partie des parts de Heritage Oil, et la compagnie congolaise
Cohydro140. Depuis, en moins de 4 ans, les blocs 1 et 2 sont
passés entre les mains de plusieurs compagnies pétrolières
en compétition selon qu'un ministre congolais à l'énergie
remplaçait un autre. En juillet 2006,
136 A. TOGERA, op.cit., p.24
137 Idem, p.24
138 Ibidem., p.25.
139 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p.300.
140 A. TOGERA, op.cit., p.25
40
Tullow oil, ayant racheté les parts d'Heritage Oil,
réclamait être en possession des blocs 1 et 2 après avoir
signé un contrat de partage de production avec le ministre de
l'énergie Salomon Banamuhere. En 2008, le nouveau ministre de
l'énergie, Lambert Mende, offrait le bloc 1 à un consortium
sud-africain, Divine Inspiration. En 2010, Céléstin Mbuyu rejeta
le candidat de son prédécesseur et signa un contrat de partage de
production avec deux compagnies britanniques domiciliées aux Iles
Vierges, Caprikat Ltd et Foxwhelp Ltd qui appartiendraient à Khulubuse
Zuma, un neveu de l'actuel président sud-africain Jacob
Zuma141.
§2. Menaces sur le Parc National des Virunga
patrimoine mondial en RDC
L'exploitation pétrolière menace-t-elle des
valeurs universelles exceptionnelles du PNVI ?
Le grand défi de la conservation du PNVI n'est plus
sans doute les conflits séculaires avec ses populations riveraines mais
les perspectives de l'exploration et l'exploitation du pétrole qui
occuperait 85 % de sa superficie142.
Au-delà des blocs congolais cités dans le
paragraphe précèdent, D'autres opérateurs
pétroliers sont également présents sur d'autres bocs comme
TOTAL et Sacoil sur le bloc III. Il convient de signaler que le boc III, IV et
V empiète sur le PNVI sur environ 85% de sa superficie, soit 6610
km2 sur une superficie totale 7802 km2. Si le bloc V
recouvre en totalité la partie congolaise du lac Eduard inclus dans le
parc national des Virunga143, les blocs III et IV comprennent la
totalité de la savane d'Ishango et des massifs forestiers du nord du
parc. Ces concessions congolaises sont limitrophes de blocs
d'exploration-exploitation pétrolière dans la partie ougandaise
du Rift. En Ouganda, certains blocs recouvrent également plusieurs aires
protégées144 et quelques activités
d'exploration pétrolière y ont déjà
débuté.
Les blocs 3, 4, et 5 qui couvrent la partie sud du lac Albert,
la vallée de la Semliki et une grande partie du Parc National des
Virunga sont confrontés à deux logiques contradictoires, celle du
profit généré par l'or noir et celle de la conservation de
la nature du Parc National des Virunga devenu un patrimoine mondial de
l'humanité suite à un accord signé entre
141 A. TOGERA, op.cit., p.26
142 Idem, p.24.
143 Cependant, bien que le bloc V où opérait la
société SOCO ait couvert 52% de la superficie du PNVI, le secteur
Mikeno qui est le siège des gorilles de montagnes (gorilla
beringei beringei) est en dehors du bloc mais qui le borde
seulement, par contre, le bloc IV recouvre le secteur Tshiabirimu qui abrite
une petite population des gorilles de plaine de l'est (gorilla
beringei graueri), cette explication nous a était
donnée par un agent de l'ICNN lors d'un interview du 10 mai 2015. Il a
préféré être anonyme pour raison de
sécurité.
144 Il s'agit de Queen Elizabeth National Park, Ruwenzori
Mountains National Park., Semuliki National Park. (et en aval du Lac Albert,
Murchison Falls National Park). Mais aucun de ces parcs où sont
exercées ces activités pétrolières n'est inscrit
à la liste du patrimoine mondial.
41
l'UNESCO et le gouvernement congolais en 1979145.
Le bloc 3 appartiendrait à la société française
Total en partenariat avec la société sud-africaine Sac Oil. Le
bloc 4 n'a toujours pas eu de preneur et serait convoité par la
société italienne ENI146.
En RDC, même si de manière
générale, le développement pétrolier soulève
des questions et des inquiétudes environnementales partout dans le rift
valley congolais, c'est surtout le bloc V qui catalyse le plus d'attention.
L'octroi de ce bloc à la compagnie pétrolière britannique
SOCO en 2010 a suscité beaucoup d'inquiétudes et des
controverses, car le bloc V occupe 85% du parc national des Virunga où
vivent 200 espèces de mammifères dont les gorilles de montagnes
et les okapis qu'on ne trouve nulle part ailleurs que dans cette
région147.
Sur ce même bloc, un contrat de partage de production a
été signé le 5 décembre 2007 entre le ministre
congolais à l'énergie, Lambert Mende et trois compagnies
associées, Dominion Petroleum Congo, une société
sud-africaine représentée par Michel Garland, SOCO Exploration -
Production DRC, une compagnie affiliée à Dominion et
représentée par Roger Cagle, et Cohydro, une compagnie congolaise
représentée par Michel Lady Luya, président du conseil
d'administration et Jean Yembeline Kodangba, administrateur
délégué général148. En août
2010, SOCO a procédé aux premières investigations
préalables aux travaux d'exploration pétrolière en faisant
les campagnes aéromagnétiques, gravimétriques et
d'acquisitions sismiques. En novembre 2010, SOCO fit une étude portant
sur les mesures d'atténuation des impacts environnementaux de
l'exploration du pétrole. Cette société étant de
fait juge et partie, cette étude fut rejetée par l'ICCN et le
Ministère de l'environnement, conservation de la nature et tourisme.
Malgré cela, l'ICCN a joué le pyromane sapeur-pompier du fait
d'avoir travaillé étroitement avec SOCO, Les autorités de
l'ICCN avaient déclaré que les activités menées par
SOCO étaient dans la phase préliminaire d'exploration et que,
même en cas de succès, la conclusion des recherches devrait
entendre plusieurs années. En janvier 2011, une réunion de haut
niveau fut organisée à Kinshasa à la demande du
comité du patrimoine mondial de l'UNESCO au cours de laquelle il fut
rappelé l'incompatibilité des activités d'exploration et
d'exploitation du pétrole avec le statut du site du PNVi.
Néanmoins, en octobre 2011, un mois avant les élections, le
ministre de l'énergie, Célestin Mbuyu, confirma ce contrat en
autorisant à la société SOCO de mener des activités
d'exploration dans
145 A. TOGERA, op.cit., p.26.
146 Idem.
147 Magazine Congo : appel à protéger le parc
national des Virunga de l'exploitation Pétrolière,
disponible sur
http://www.rtbf.be/info/monde/detail
rdc investir-dans-le-parc-national-des-Virunga
plutôt-que-d-y-chercher-du-petrole?id=8059496, consulté le 22 mai
2015 à 20h30'.
148 A. TOGERA, op.cit, p.26
42
le PNVi.149 Total s'est montré prudent et
est conscient de son image à protéger. Jusqu'à
présent, il concentre ses recherches exploratoires dans la partie
située entre le sud du lac Albert à la périphérie
du parc, et aurait obtenu du gouvernement congolais l'autorisation de
procéder à des tests sismiques aériens dans la partie
couverte par le PNVi.150
Les controverses se sont cristallisées d'une part sur
l'opportunité d'accorder une licence d'exploration dans le parc national
des Virunga et d'autres part sur les méthodes à utiliser, et
susceptibles de réduire au maximum l'impact négatif sur
l'environnement151. A différents stades, plusieurs acteurs se
sont mobilisés alors que la compagnie soco tentait de répondre
aux inquiétudes soulevées.
Après l'obtention de l'accord d'exploration, Soco a
déclaré que pendant la période d'exploration initiale de 5
ans, les activités au bloc V consisteraient en l'acquisition de 300km de
données sismiques et le forage de deux puits
d'exploration.152
En mars 2011, Soco annonçait avoir reçu
l'autorisation d'effectuer dans deux mois suivants un levé aérien
incluant des vols au-dessus du lac Eduard. Les résultats obtenus
allaient déterminer la compagnie à chercher une autorisation pour
conduire une campagne à l'air comprimé dans le lac
Eduard153. Cette méthode avait été
recommandée par le partenaire contractuel, car supposée selon eux
ne pas mettre en danger la vie aquatique, surtout qu'une activité
similaire avait été déjà réalisée par
un autre opérateur.
Après analyse de deux cotés : celui de
l'entreprise SOCO et de l'ICCN, nous pensons que les valeurs universelles
exceptionnelles du PNVI court un danger grave en ce, sens la pollution et
l'inhalation des substances toxiques contenu dans le pétrole, selon
certain chercheurs, ont de conséquences fâcheuses sans
précédents sur la faune et la flore. Les techniques de
prospection par ondes sonores peut affectés la distribution des
poissons, les oiseaux ne sont pas épargnés car leurs habitats...
Bien de conséquences seront développées dans le paragraphe
3 de cette section.
149 F. MISSER, Total veut forer chez les gorilles, TAZ,
avril, 2012
150 A. TOGERA, op.cit., p.28.
151 J. DOMINIC, E. NDIMUBANZI, op.cit., p.82.
152 Idem
153 ibidem
2.
43
§3. L'incidence de l'octroi des permis d'exploitation
et exploration pétrolière sur les engagements pris par la RDC
sur le parc national de Virunga, patrimonial mondial.
Etant une réserve de richesses inestimables tant en
terme de faune que de flore, le Parc national de Virunga, crée en 1925,
est l'un des plus anciens parcs d'Afrique. La République
Démocratique du Congo consacre dans sa législation plusieurs
limites qui s'inscrivent dans l'optique de promouvoir sa
durabilité154. Ceci a été
matérialisé à travers l'élaboration de plusieurs
textes légaux qui évoquent la protection de l'environnement et la
conservation de la nature et qui vont jusqu'à interdire les
activités humaines dans cette aire protégée.
A. Engagement sur le plan national
A.1. La loi n° 11/009 du 09 juillet 2011
portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l'environnement
Aux termes de cette loi, à son article 33« Toute
activité susceptible de nuire à l'environnement est
prohibée dans les aires protégées ainsi que dans les zones
interdites. Est nul tout droit accordé dans les limites des aires et
zones visées à l'alinéa 1er. »155 Hors le
PNVI étant une aire protégée dans les fonctions sont la
conservation et la préservation en vue de la transmission aux
générations futures, l'activité d'exploitation
pétrolière y est incompatible, ce qui va sans dire que la
tentative de Soco, mais aussi celle du gouvernement octroyant des permis dans
le PNVI énerve déjà la loi susdite.
A.2. la loi n° 14/003 du 11 février 2014
relative à la conservation de la nature
La conservation de la nature était régie par
l'ordonnance-loi n° 69-041 du 22 août 1969 dont l'exécution
s'est avérée difficile, faute d'avoir prévu des mesures
d'application156. En outre, cette ordonnance-loi ne tenait plus
compte de nouveaux défis qu'imposent le développement durable et
la lutte contre la pauvreté des populations riveraines qui ne
participent pas activement à la gestion des aires
protégées pour en tirer des avantages et
154 CREDDHO, Réflexion locale « pétrole
dans le Parc National des Virunga », Goma, CREDDHO, Avril 2012
p.1.
155 Art 33 de La loi n° 11/009 du 09 juillet 2011
portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l'environnement
156 Exposé des motifs de la loi n° 14/003 du 11
février 2014 relative à la conservation de la nature,
paragraphe
44
bénéfices légitimes157.
Plusieurs acteurs politiques critiquaient cette loi, de n'avoir pas
accordé la possibilité à exploiter les hydrocarbures et
mines dans les réserves et les aires protégées, pourtant,
Malgré l'avènement de la nouvelle sur la conservation de la
nature « loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative
à la conservation de la nature, « Toute activité
incompatible avec les objectifs de la conservation est interdite dans les aires
protégées. Sous réserve des dérogations
prévues par la présente loi, est nul tout droit accordé
dans les limites des aires protégées et leurs zones tampon
»158. Le même verrouillage de l'ancienne loi rentre dans
la nouvelle. Cependant, une mauvaise lecture se fait voir de la part de
certains acteurs qui disent que la nouvelle loi permet une dérogation en
ces termes « Pour raison d'intérêt public, de recherche
scientifique et dans le cadre de la délivrance des permis et certificats
visés aux articles 64 à 67 de la présente loi, un
décret délibéré en Conseil des ministres peut
déroger aux mesures de protection prévues par la présente
loi159. La dérogation ne peut être accordée
qu'à condition qu'il n'existe aucune autre solution satisfaisante et
qu'elle ne nuise pas au maintien, dans un état de conservation
favorable, des spécimens des espèces de faune et de flore
concernées dans leur aire de distribution naturelle. Elle est assujettie
à une étude d'impact environnemental et social préalable
assortie de son plan de gestion dûment approuvés160
».
On critique le fait que le législateur de n'a pas
défini pas défini expressis verbis qu'est-ce qu'on attend par
activité incompatible, néanmoins, nul n'ignore les
conséquences néfastes causées par l'exploitation du
pétrole, pour ne pas le classer parmi les activités incompatibles
à l'environnement, et Par intérêt public, et pour des
raisons scientifique, les activités pouvant nuire à l'état
de conservation de la nature n'en font pas partie. Mieux que cela,
l'érection du PNVI en patrimoine mondial s'avère être
l'intérêt public on ne peut plus important de tous les
intérêts publics car ne profitant pas seulement à la RDC
mais aussi à l'humanité toute entière.
157 Exposé des motifs de la loi n° 14/003
du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature,
Paragraphe 3.
158 Article 25 loi n° 14/003 du 11 février 2014
relative à la conservation de la nature
159 Article 19 al.1 de la loi n° 14/003 du 11 février
2014 relative à la conservation de la nature
160 Article 19 al.3 de la loi n° 14/003 du 11 février
2014 relative à la conservation de la nature
45
B. Engagement pris sur le plan International
B.1. La convention du patrimoine mondial et les
activités pétrolières dans le PNVI
La convention du patrimoine mondial en soit ne contient aucune
disposition interdisant ou autorisant expressément une quelconque
activité pétrolière ou d'exploitation dans un site
déjà classé patrimoine mondial161.
Cependant, nous pouvons lire dans le texte de la convention
les dispositions qui interdisent indirectement les activités qui peuvent
détruire les valeurs universelles exceptionnelles des sites du
patrimoine mondial, à travers les engagements des Etats parties repris
aux articles 4 à 7 de ladite convention.
L'article 4 dispose : « Chacun des Etats parties à
la présente Convention reconnaît que l'obligation d'assurer
l'identification, la protection, la conservation, la mise en valeur et la
transmission aux générations futures du patrimoine culturel et
naturel visé aux articles 1 et 2 et situé sur son territoire, lui
incombe en premier chef. Il s'efforce d'agir à cet effet tant par son
propre effort au maximum de ses ressources disponibles que, le cas
échéant, au moyen de l'assistance et de la coopération
internationales dont il pourra bénéficier, notamment aux plans
financier, artistique, scientifique et technique. »162
L'article 5 quant à lui décrit les
éléments politiques qui doivent être adoptées par
les Etats parties disposant des biens du patrimoine mondial sur leurs
territoires, reprises comme suit :
« Afin d'assurer une protection et une conservation aussi
efficaces et une mise en valeur aussi active que possible du patrimoine
culturel et naturel situé sur leur territoire et dans les conditions
appropriées à chaque pays, les Etats parties à la
présente Convention s'efforceront dans la mesure du possible :
(a) d'adopter une politique générale visant
à assigner une fonction au patrimoine culturel et naturel dans la vie
collective, et à intégrer la protection de ce patrimoine dans les
programmes de planification générale ;
(b) d'instituer sur leur territoire, dans la mesure où
ils n'existent pas, un ou plusieurs services de protection, de conservation et
de mise en valeur du patrimoine culturel et naturel, dotés d'un
personnel approprié, et disposant des moyens lui permettant d'accomplir
les tâches qui lui incombent ;
(c) de développer les études et les recherches
scientifiques et techniques et perfectionner les méthodes d'intervention
qui permettent à un Etat de faire face aux dangers qui menacent son
patrimoine culturel ou naturel ;
161 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p. 310.
162 Article 4 de la convention de Paris de 1972 sur la
protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.
46
(d) de prendre les mesures juridiques, scientifiques,
techniques, administratives et financières adéquates pour
l'identification, la protection, la conservation, la mise en valeur et la
réanimation de ce patrimoine ; et
(e) de favoriser la création ou le
développement de centres nationaux ou régionaux de formation dans
le domaine de la protection, de la conservation et de la mise en valeur du
patrimoine culturel et naturel et d'encourager la recherche scientifique dans
ce domaine »163.
Il importe de souligner l'importance de la convention du
patrimoine mondial sur le plan des principes qu'elle consacre : l'idée
que certains biens se trouvant sous la souveraineté des Etats
territoriaux présentent un intérêt qui dépassent
leurs frontières et concerne toute l'humanité164. De
ce fait, ces biens doivent être conservés, au nom, dans
l'intérêt et par le soin de la communauté internationale
toute entière165. En contrepartie de la responsabilité
qui en découle pour les gouvernements concernés, il est reconnu
que la communauté internationale elle-même a des devoirs et doit
assister les Etats territoriaux. Ainsi, en définitive, les Etats sur les
territoires desquels sont situés les biens inscrits sur la liste du
patrimoine mondial sont considérés comme dépositaires de
valeurs qui sont communes à l'humanité toute entière et
doivent être aidés dans l'accomplissement de leur tâche
d'assurer leur conservation, préservation, valorisation et transmission
aux générations futures.
B.2. Les décisions prises par comité
du patrimoine mondial relatives aux
activités pétrolières dans le PNVI
Lors de la 33ème session tenue à
Séville en Espagne, du 22 au 30 juin 2009, le comité du
patrimoine mondial par sa décision 33 COM 7A.4166, «
exprime sa vive préoccupation au sujet des projets de prospections
pétrolières envisagés y compris dans le bien et prie
également instamment la République Démocratique du Congo
de les exclure du territoire du bien » (paragraphe 6). «
Réitère sa position sur l'incompatibilité des
opérations d'exploration et d'exploitation pétrolières
avec le statut du patrimoine mondial » (paragraphe 7).
A sa 34ème session à Brasilia au
Brésil, du 25 juillet au 03 août 2010, le comité du
patrimoine mondial, par sa décision 34 COM 7A.4167, «
exprime de nouveau sa vive
163 Article 5 de la convention de Paris de 1972 sur la
protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.
164 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p. 136.
165 Idem.
166 UNESCO, Rapport des décisions de la
33ème session du comité du patrimoine mondial,
Séville (2009), WHC-09/
33.COM/20, pp. 15-16, Inédit
167 UNESCO, Décisions adoptées par le Comité
du Patrimoine Mondial à sa 34ème session (Brasilia
2010), pp. 2021, inédit.
47
préoccupation quant au projet de prospection
pétrolière dans une Zone recouvrant en partie le territoire du
bien, rappela sa position sur l'incompatibilité de l'exploration et de
l'exploitation pétrolière avec le statut du patrimoine mondial
et, en outre, prie instamment la République Démocratique du Congo
de n'autoriser aucun projet de prospection ou d'exploitation
pétrolière » (paragraphe 7).
A sa 35ème session, tenue à Paris, du
19 au 29 juin 2011, le comité du patrimoine mondial, par sa
décision 35 COM 7A.4168 « réitère sa vive
préoccupation quant à l'octroi de permis d'exploitation dans une
zone recouvrant en partie le territoire du bien (Parc National des Virunga), et
rappelle sa position sur l'incompatibilité sur l'exploration et
l'exploitation pétrolière avec le statut du patrimoine mondial
» (paragraphe 7) ; « accueille favorablement la décision de la
République Démocratique du Congo de suspendre les prospection
pétrolière dans le bien (Parc national des Virunga), suite aux
engagement prise dans la déclaration de Kinshasa, et en attendant une
évaluation environnementale stratégique, et prie instamment la
RDC d'annuler tous les permis d'exploration pétrolière se
trouvant à l'intérieur des limites du bien » (paragraphe
8).
Toutes ces décisions, à notre avis n'ont pas une
force contraignante, leurs exécutions semblent être quasi
impossibles, ils sont dépourvues d'effet obligatoire échappant
à une mise en oeuvre imposée par la contrainte (soft law).
Cependant, leurs force contraignante semblent être camoufler car contenu
déjà dans la législation interne et même dans les
conventions dûment ratifiées.
B.3. La convention de Ramsar relative aux zones
humides d'importance internationale
Signé à Ramsar en Iran le 2 février 1971
et entré en vigueur le 21 décembre 1975, est une des
premières grandes conventions qui réunies 163 Etats
partie169, et prend en compte l'idée que l'habitat des
espèces à conserver doit être protégés tout
autant que l'espèce elle-même. La RDC y a adhéré le
18 mai 1996.170 En effet, les zones humides de la République
Démocratique du Congo protégées par leur adhésion
à la convention de Ramsar sont composées de trois sites
distincts, en voici la liste à ce jour :171
- Le Parc Marin des Mangroves, inscription au 18 janvier
1996
- Le Parc National des Virunga, inscription au 18 janvier
1996
168 UNESCO, Décisions adoptées par le
Comité du Patrimoine Mondial à sa 35ème session
(Paris 2011), pp. 11-12, inédit.
169 Information disponible sur http : //
www.ramsar.org/cda/fr/ramsar-about-parties
consulté le 7 janvier 2015.
170 Idem.
171 ICCN, Parc Marin des magroves, RDC, document
inédit, p.2.
48
- Le complexe humide tropical de Ngiri-Tumba-Maindombe,
inscription au 24 juillet 2008 (Il s'agit de la zone humide d'importance
internationale la plus vaste au monde).
Le Rapport de la COP12 daté du 2 Janvier 2015 dressant
le bilan des zones de la République Démocratique du Congo
inscrites à la convention de Ramsar mentionne qu'il y a
dégradation des zones humides172. Hors ces zones sont
protégées et financées par cette convention
ratifiée. Ce rapport affirme que des mesures visant à encourager
la conservation rationnelle de ces zones humides ont été prises,
et que d'autres visant à supprimer les incitations perverses le sont
également173. Notamment l'exploitation du pétrole dans
le PNVI Outre la protection d'habitats et d'une biodiversité
remarquable, le PNVi, inscrit sur la Liste de Ramsar pour assure la protection
de la partie amont d'un réseau hydrographique qui constitue l'une des
sources du Nil174. Le système hydrographique Lac
Edouard/rivière Semliki/Lac Albert se déverse dans le Nil
Victoria qui provient du lac du même nom. Il porte alors le nom de Nil
Albert, traverse le nord-ouest de l'Ouganda et poursuit ensuite sa course au
Soudan (appelé alors Nil des Montagnes puis Nil Blanc)175. La
protection de ce réseau hydrographique, des sols et des formations
végétales de son bassin versant revêt donc une importance
de premier ordre dans un contexte international176.
C. Impact de la déclaration de Kinshasa du 14
janvier 2011 sur les activités pétrolières dans le
PNVI
Le 14 janvier 2011, il se tient à Kinshasa, une
réunion de haut niveau sur les sites du patrimoine mondial de la RDC
entre le gouvernement de cette dernière et l'UNESCO, suite à une
recommandation du comité du patrimoine mondial lors de sa
31ème session. Lors de cette réunion l'UNESCO a
rappelé que les activités de l'exploration et l'exploitation
pétrolière et minière dans les sites du patrimoine mondial
sont incompatible avec leur statut.177 Le gouvernement congolais
à réitérer de mettre en oeuvre de manière effective
des mesures correctives décidées par le comité du
patrimoine mondial pour la réhabilitation de la valeur universelle
exceptionnelle des sites du patrimoine mondial en péril de la
RDC.178 Il a en outre, réaffirmé son engagement
à respecter la convention du patrimoine mondial, la loi relative
à la
172 ICCN, op.cit., p.2.
173 Idem
174 Rapport de l'évaluation environnementale
stratégique de l'exploration/ Exploitation pétrolière dans
le Nord du Rift albertin (province du Nord-Kivu et Province orientale,
Inédit,p.4.
175 Idem
176 Rapport de l'évaluation environnementale
stratégique de l'exploration/ Exploitation pétrolière dans
le Nord du Rift albertin (province du Nord-Kivu et Province orientale,
Inédit, p.4.
177 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p.
314.
178 Idem
49
conservation de la nature et le code minier, à oeuvrer
pour la sécurisation des sites du patrimoine, le renforcement des
capacités de l'ICCN, pour la réduction du braconnage commercial,
pour l'arrêt de l'exploitation illicite des ressources naturelles et pour
le renforcement des efforts des évacuations pacifiques des occupants
illégaux des aires protégées179.
Il ressort de l'interprétation littérale de la
déclaration de Kinshasa que le gouvernement congolais ne s'est pas
engagé expressément à renoncer à la prospection du
pétrole dans le PNVI, il s'est plutôt engagé à
arrêter l'exploitation illicite « des ressources naturelles »
ce qui laisse le débat ouvert à savoir si l'exploration est
licite ou illicite.
De notre point de vue, les activités d'exploration aux
fins d'exploitions menées par la RDC dans le PNVI sont
souveraine180, cependant, ces activités sont illicite, car le
PNVI étant une réserve de richesses inestimable tant en terme de
faune que de flore, le Parc national de Virunga, crée en 1925, La
République Démocratique du Congo consacre dans sa
législation plusieurs limites qui s'inscrivent dans l'optique de
promouvoir sa durabilité181. Ceci a été
matérialisé à travers l'élaboration de plusieurs
textes légaux qui évoquent la protection de l'environnement et la
conservation de la nature et qui vont jusqu'à interdire les
activités humaines dans cette aire
protégée182.
Sauf disposition contraire, les lois ci-dessous sont toujours
et à ce jour applicables en RDC et opposables à tous :
· Loi n° 11/009 du 09 Juillet 2011Portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l'environnement
· loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative
à la conservation de la nature qualifiant le territoire du Parc National
des Virunga de « parc national ».
· La Loi n°73 du 20 juillet 1973 liée
à la loi de la Conservation formulant des explications sur les
procédures et classification des Aires Protégées.
· Il sied de rappeler quelques engagements pris par la
République Démocratique du Congo sur le plan international et qui
ont consacré le Parc national des Virunga en site patrimoine mondial de
l'humanité il s'agit en l'occurrence de :
· La Convention de Paris de 1972 sur le Patrimoine
mondial,
179 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p.
314.
180 Article 9 de la constitution du 18 février 2006 tel
que modifiée en ce jour
181 CREDDHO, Op.cit., p.1.
182 Idem
50
? La Convention de Ramsar sur les zones humides d'importance
internationale, ou ? La Convention sur les espèces migratrices, etc.
Il est opportun de noter à ce niveau que les
conventions dûment ratifiées et publiées par la
République Démocratique du Congo prennent les dessus sur les lois
consacrées à l'interne tel que le consacre la constitution de
Février 2006183 et en vertu du monisme et du principe de
primauté du droit international sur le droit interne consacré en
RDC. Ceci étant, il en ressort que, toute autre forme de disposition,
décision, mesure, voire loi, prise en contradiction avec la
législation internationale et nationale dans quelque domaine que ce soit
et ,spécifiquement ici, en celui de l'environnement et des ressources
naturelles, est destinée à être lettre morte et ne devra
donc pas s'appliquer en RDC184.
De ce fait et après analyse, la conclusion veut que
l'Ordonnance Présidentielle N° 10/044 du 18 Juin 2010 portant
approbation du Contrat de Partage de Production conclu le 5 Décembre
2007 entre la République Démocratique du Congo et l'Association
Dominion Petroleum Congo, SOCO Exploration - Production RDC et La Congolaise
des Hydrocarbures (COHYDRO) sur le Bloc V du Graben Albertine de la
République Démocratique du Congo déroge aux principes et
lois ci haut passés en revue ,ne concorde et ne se fonde sur aucune base
législative tant nationale qu'internationale.185
Section II : LA DECONSTRUCTION DES DISCOURS DES
EVIDENCES SUR
L'EXPLOITATION DE L'OR NOIR DANS LE PNVI186
§1. La fascination exercée par le mythe du
développement187 grâce à l'or noir du PNVI
Le concept développement est empreint de
subtilités de langage toujours délicates à manier. Son
analyse nous plonge dans un registre où l'on ne sait pas exactement ce
que le mot veut dire. A tout le moins, il s'agit de l'une de plus veilles et de
plus puissantes idées de l'occident188. Pourtant, au vu de
l'impact du pétrole sur l'économie et le développement des
pays producteurs, notamment le plus anciens (Angola, Nigéria, Congo),
des questions se
183 Article 215 de la constitution du 18 février tel que
modifiée en ce jour
184 CREDDHO, Op.cit., p.2.
185 Idem.
186 Le terme déconstruction des discours des
évidences nous a été inspiré par les enseignants du
Professeur Ivan MINGASHANG lors de ses enseignants sur les relations
internationales africaines, UNIGOM, L2 droit, 20142015.
187 Idem
188 I. MINGASHANG, op.cit., p.
34.
51
posent : le pétrole est-il une
bénédiction, c'est-à-dire une opportunité de
développement durable et d'amélioration des conditions de vie des
populations, ou plutôt une source de malédiction, de corruption et
d'instabilité ? A ce sujet, au moment où le Ghana entrait dans le
club des pays producteurs de pétrole en Afrique, la ministre
Ghanéenne des finances posait cette problématique de
manière claire, en ces termes : « le défi majeur sera de
savoir comment faire pour que les revenus du pétrole servent à
transformer l'économie, doper la croissance sans sacrifier la
stabilité macro-économique et accentuer les
inégalité189 ».
Cette phrase condense les expériences observées
dans quelques pays producteurs de pétrole. D'une part, la rente
pétrolière peut être effectivement un atout pour le
développement durable, mais d'autre part elle peut être une source
d'instabilité politique et économique. La découverte de
l'or noir dans un pays est souvent perçue ou présentée de
façon idyllique en rapport avec ses retombées économiques
et sur la transformation des conditions de vie des populations et le
développement.190
Au mois d'août 2010, l'Honorable Célestin
VUNABANDI, accompagnant une délégation de SOCO, a invité,
à l'hôtel Ihisu des journalistes, des députés
provinciaux et des membres de la société civile dont nous
faisions partie pour leur parler de l'exploitation du pétrole au
Nord-Kivu dans le Parc national des Virunga. Selon le dire de l'Honorable :
« cette activité pourra procurer de l'emploi à plusieurs
personnes et donnera du bonheur à la population locale, permettre le
développement des entités envoisinant le PNVI et même, le
développement de la province en générale
».191
Lors de cette réunion, nous avions eu l'impression que
l'intervenant principal cherchait, avant tout, à convaincre plutôt
qu'à informer. Il ailleurs déplorable de noter que la chaine de
télévision Digital Congo n'avait pas hésiter à dire
à cette époque, que la population acceptait le projet alors
qu'elle venait juste d'être informée de celui-ci sans y avoir
été associé à aucun moment.
De son côté en 2012, SOCO intensifie une
campagne de soutien en sollicitant les faveurs de certains
députés provinciaux et nationaux originaires de la région
ainsi que certains
189 Propos de la ministre Ghanéenne des finances
KWABENA Duffuor, voir l'article : pétrole en Afrique : or noir :
misère noire, de René Dassué, Disponible sur
http://www.afrik.com/article21841.html,
consulté le 28 mai 2015.
190 J. DOMINIC, E. NDIMUBANZI,
op.cit., p. 69.
191 Extrait de la pétition des organisations de la
société civile environnementale du Nord-Kivu face à
l'exploitation du pétrole du Bloc V du PNVI, adressée au
1èr Ministre chef du gouvernement et au Ministre des
Hydrocarbures à Kinshasa, 25. Septembre. 2010.
52
militaires en poste sur terrain192. Nous avons
constaté lors de notre entretien avec les notables hutu de Rutshuru le 2
mai 2012, que SOCO promet des merveilles aux populations locales, notamment une
embauche massive, alors qu'avec la technologie moderne, même la main
d'oeuvre qualifiée employée n'est pas
énorme193. Un ancien ministre de l'énergie originaire
de la région leur a dit séance tenante « qu'il a
visité les installations offshore à Matadi et qu'à sa
grande surprise pas plus de 30 Congolais qualifiés travaillaient sur la
plateforme ». Nous avons constaté lors de notre entretien, que
la campagne démagogique de SOCO bénéficie d'un
déficit d'information. Bien que plusieurs contrats portant sur les mines
et les hydrocarbures soient sur le site du ministère des mines, les
populations vivant dans le Nord-Kivu profond n'ont pas accès à
ces informations et un effort de communication serait
nécessaire194. La volonté du gouvernement de
s'enquérir des estimations exactes des réserves
pétrolières du Graben albertine est somme toute légitime
et souveraine195. Cependant, il n'a ni les moyens ni les
compétences pour le faire et compte sur le savoir-faire et les moyens
financiers des compagnies pétrolières étrangères
qui ne peuvent le faire de façon désintéressée.
Elles travaillent pour le profit et non pour la charité. Si les
réserves importantes sont découvertes, la tentation pour les
compagnies pétrolières de jouer le tout pour le tout pour
exploiter ces gisements sera d'autant plus forte196. Et face aux
autorités congolaises qui se succèdent en signant des contrats
léonins moyennant des commissions juteuses, la bataille pour la
conservation du Parc National des Virunga s'annonce longue et difficile.
D'autant plus que certains députés originaires du Nord-Kivu
remettaient déjà en cause l'ordonnance-loi n° 69-041 du 22
août 1969 abrogée par la loi n° 14/003 du 11 février
2014 relative à la conservation de la nature, interdisant l'exploitation
minière et pétrolière dans les aires
protégées197. Ils estiment que la résolution
1514 de l'ONU autorise les peuples à disposer de leurs ressources
naturelles et proposent de trouver une façon de concilier la protection
de l'environnement et l'exploitation des ressources.198 Un combat
inégal entre les compagnies pétrolières aux ressources
financières énormes et la conservation de la nature est
déjà engagé. Il est impératif
192 Lettre de l'ONG Innovation pour le développement et
la protection de l'environnement (IDPE) au gouverneur de la province du
Nord-Kivu, Goma, 17 janvier 2012.
193 Idem
194 OVG, op.cit., 2010, p.3, inédit.
195 A. TOGERA, op.cit., p.28.
196 Idem
197 Ordonnance-loi n° 69-041 du 22 août 1969
abrogée par la loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative
à la conservation de la nature
198 A. TOGERA, op.cit., p.28.
53
d'informer les populations concernées quant aux enjeux
en compétition pour qu'elles puissent exprimer leur avis.
Dans le cas de figure des gisements pétroliers dans le
Graben albertine dans les blocs 3, 4, et 5 couvrant plus de 85 % de la
superficie du PNV, nombre d'observateurs
reconnaissent la légitimité du gouvernement
congolais d'avoir une idée exacte des
réserves pétrolières estimées du
Graben albertine. Mais le risque que les grandes compagnies
pétrolières y mettent la main une fois les acquisitions sismiques
confirmées
est grand. Face aux autorités congolaises
réputées pour conclure de contrats léonins moyennant de
commissions juteuses, comment s'assurer qu'une expertise indépendante
fasse l'estimation199 ?
Certes, le pétrole peut être effectivement un
moteur pour le développement durable. C'est d'abord une source
importante de devises. C'est aussi un moyen de mettre fin à la
dépendance et au déficit
énergétique qui caractérise beaucoup de pays africains.
L'exploitation du pétrole peut aussi entraîner le
développement des infrastructures, de l'industrie pétrochimique,
voire de l'agriculture. Elle peut également aider au contrôle de
l'espace en stimulant le développement des villes200.
A contrario, le pétrole crée une
économie de rente et constitue par conséquent facteur de
déstabilisation économique. Dans beaucoup de situations, la manne
pétrolière conduits les
Etats à se détourner des secteurs productifs
durables et engendre ce qu'on appelle le « syndrome
Hollandais201 ». Profitant à une petite oligarchie au
pouvoir, c'est une source importante de corruption, de mauvaise gouvernance, et
par conséquent d'instabilité politique202.
Les études transversales semblent indiquer que l'impact
des ressources naturelles dépend de la situation initiale et donc que
les pays exportateurs dotés d'institutions solides et
d'un capital humain conséquent auront tendance
à moins souffrir de la « malédiction des ressources
»203. Les leçons tirées de la plupart des pays
pétroliers africains montrent que la grande faiblesse de la gouvernance
est liée à l'opacité qui caractérise la signature
des contrats.
199 Selon Transparency International dans son rapport de
2011, la RD Congo est 182ème sur 183 pays sur l'indice de
perception de la corruption.
200 J. DOMINIC, E. NDIMUBANZI, op.cit., p. 69.
201 J-P KOUTASSILA, Le syndrome Hollandais : théorie
et vérification empirique au Congo et au Cameroun, Centre
d'économie du développement Université
Montesquieu-Bordeaux IV - France, 2008, p.1-3.
202 J. DOMINIC, E. NDIMUBANZI, op.cit., p. 69.
203 G. ALAN et G. Sina, Déjouer la malédiction
pétrolière, De Boeck Supérieur, Afrique
contemporaine, 2009/1, N°229, p.87. Disponible sur
http://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2009-1-page-87.htm
consulté le 31 mai 2015,
54
§2. Débat et enjeux politiques en RDC :
Expérience du Bas- Congo
Dans le débat autour du pétrole dans la
Région des Grands lacs, la RDC est un cas à part, c'est le seul
pays déjà producteur.204 Les expériences
congolaises en matière des hydrocarbures sont basées sur des
faits concrets observés.205 Les puits du pétrole
congolais se trouvent dans le bassin côtier de l'estuaire du fleuve
Congo, une zone de 5292km2, dont 1012km2 se trouvant dans
les eaux de l'océan Atlantique et le reste sur la terre
ferme.206
La production du pétrole à commencer en RDC en
1975 en mer offshore et en 1981 sur la mer ferme « onshore » et a
atteint son pic en 1985 avec 33 494 barils par jour, avant de baisser fortement
dans les années 90, et se stabiliser à un niveau assez bas, mais
est remontée pour s'établir autour de 28 000 barils par jour,
puis redescendre encore avec une tendance à la baisse
actuelle.207
Les recettes publiques au cours de ces cinq dernières
années se présentent comme suit :
Trimestre
|
Recettes publiques dans le secteur des hydrocarbures
(en
milliards)
|
IV/2011
|
$ 131,712
|
I/2012
|
$ 127,904
|
II/2012
|
$ 104,547
|
I/2013
|
$ 201,641
|
II/2013
|
$ 66,370
|
III/2013
|
$ 33,322
|
|
Source :
www.itie-rdc.org,
consulté le 26 mai 2015
Ces recettes publiques représentent une manne
non-négligeable compte tenu de la faiblesse de la production il semble
que la RDC tire un bénéfice énorme dans le secteur des
hydrocarbures. Avec des recettes avoisinant un million de dollars par jour, par
rapport à une production de 24 000 barils/jour, on arrive à une
à plus de 40$ de recette publique par baril, ce qui semble
invraisemblablement et fournit un fondement réel aux soupçons
régulièrement relayés et non prouvés selon lesquels
la production en volume serait largement sous-déclarée par les
entreprises pétrolières208.
204 J. DOMINIC, E. NDIMUBANZI, op.cit., p. 74.
205 Idem
206 RDC, Ministère des Hydrocarbures, Guide de
l'investisseur, Kinshasa, 2003. Inédit.
207 J. DOMINIC, E. NDIMUBANZI, op.cit., p. 74.
208 Idem p. 75.
55
Cette situation est à la base du mécontentement
des politiciens et ONG de cette province pétrolière, dont la
manifestation visible a été le vote exprimé par la
population contre le pouvoir actuel en 2006 et 2011209. Mais
même au sein de la province du Bas-Congo, la zone
pétrolière est enclavée, voire fermée. Les
opérations couvrent le dixième de la superficie du territoire de
Muanda. Plusieurs centaines de puits ont été forées et en
moyenne 25 nouveaux puits apparaissent par an210.
Les populations se plaignent de ne tirer aucun dividende
économique de la production pétrolière. En effet, la ville
de Muanda, avec environ 100 000 habitants, connait un taux de chômage de
95%, et elle n'est pas reliée au reste du pays par une route
bitumée. Les conditions de vie y sont décrites comme
exécrables, avec une population locale exclue des services sociaux du
secteur pétrolier ainsi que d'accès à leurs
terres211.
Le défi auquel la RDC devra faire face dans les
prochaines années sera d'éviter la reproduction de ces
expériences négatives à l'est du pays, dont le potentiel
de la conflictualité est plus élevé. Pour cela, le pays
devra s'attaquer aux problèmes de gouvernance qui ne sont pas septique
au seul secteur des hydrocarbures212.
Déjà en 2007, la FEC avait attiré
l'attention sur un nombre des contraintes principales dans le secteur
pétrolier213. Celles-ci comprennent les tracasseries
administratives dont font l'objet les compagnies pétrolières, la
prise en compte des revendications des communautés autochtones et les
demandes déplacées de la part des autorités provinciales
et locales en vue de services, de privilèges extra-conventionnelles
(engins pour la réparation de route, véhicule carburant,
etc.)214.
209 J. DOMINIC, E. NDIMUBANZI, op.cit., p.75
210 Idem, p.77.
211 L'étude la plus détaillée est la
plus récente sur l'exploitation pétrolière de Perenco
à Muanda a été réalisée par l'ONG
française CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le
Développement-Terre solidaire) :
« Pétrole à Muanda : la justice au
rabais », CCFD, novembre 2013, disponible sur
http://ccfd-
terresolidaire.org/IMG/pdf/pétrole
muanda 201113.Pdf. Voir aussi : Pasteur Jacques
BAKULU, Développement durable et responsabilités sociales
des entreprises, ADEV, Atelier de formation sur la Démocratie,
l'Environnement et le Développement durable : pour une exploitation
pétrolière et minière responsable dans le territoire de de
Muanda, 2008, Antoine Mingashanga, Exploitation et production du
pétrole à Moanda au Bas-Congo : quelle est la part des
communautés locales ?, Cenadep, Kinshasa 2006 ;Babi Kundu et
Jacques di Mipianda Bakulu, Le pétrole de Moanda au Bas-Congo : qui
en bénéficie ?, Sarwatch, Johannesburg, 2008.
212 J. DOMINIC, E. NDIMUBANZI, op.cit., p. 77
213 FEC, Etat de lieux de l'économie congolaise,
Kinshasa, FEC, mars 2007, pp. 36-37.
214 Idem.
56
§3. Les risques d'exploitation dans le Parc National
des Virunga
a) La menace des ressources halieutiques dans les deux
lacs Albert et Edouard.
Pour une population nord-kivutienne vivant à 93 % avec
moins d'1USD/jour, dont 39,5 % sont en insécurité alimentaire, 58
% des enfants de moins de 5 ans ayant un retard de croissance (contre 43 % au
niveau national), 5 % vivant une malnutrition aiguë et enfin
seulement 8 % des ménages mangeant trois fois par
jour, il est impératif que cette population puisse avoir un mot à
dire sur les avantages ou désavantages qu'elle tirerait des
décisions qui se prennent sur l'avenir de deux lacs, Albert et Edouard,
source des protéines pour plus de 2 millions de la
population.215 La pêche sur ces deux lacs emploie autour de
27.000 pêcheurs avec une production annuelle estimée à
22.000 tonnes de poissons et évaluée à 81 millions de
dollars américains216. La pêche et les emplois
associés de salage, fumage, séchage, transport, revente et taxes
constituent la plus importante activité économique dans le Graben
albertine pour au moins un demi-million de la population. Quand on
considère les sommes modiques que les grandes compagnies
pétrolières allouent à l'investissement social dans les
zones de leur exploitation,217 il est clair que les populations
riveraines de ces deux lacs tirent plus de bénéfices financiers
de la pêche et emplois associés et bénéficient des
protéines animales de façon durable218. Des avantages
que l'exploitation pétrolière ne saurait ni remplacer ni leur
donner et qui de toute façon disparaitraient avec les risques de
pollution liés à l'exploitation
pétrolière219.
215 Fond Européen de Développement, Rapport de
cadrage, « Evaluation Environnementale
Stratégique (EES) de l'exploration/exploitation pétrolière
dans le nord du Rift Albertin » (Province du Nord-Kivu et de
l'Orientale), juillet 2012, p. 28.
216 A. TOGERA, op.cit., p. 30. ; lire aussi le
rapport annuel 2013 de WWF intitulé « la valeur
économique du Parc National des Virunga », disponible sur
www.wwf.be, consulté le 2
janvier 2015.
217 Total compte allouer un million de dollars (1 000 000$)
américains à l'investissement social pendant la phase
d'exploration et compte majorer jusqu'à 4 millions pendant la phase
d'exploitation, SOCO quant à elle, allouera 200 000 milles USD (deux
cent mille dollars en phase d'exploration et 300 000 USD (trois cent mille
dollars en phase de production au titre d'interventions sociales au profit des
populations environnant les sites pétroliers suivant un programme
concrété avec le ministère des hydrocarbures. (Article 6
du contrat de partage et de production entre la République
Démocratique du Congo et l'Association : DOMINION PETROLEUM CONGO, SOCO
EXPLORATION-PRODUCTION DRC et LA CONGOLAISE DES HYDROCARBURES sur le bloc V du
GRABEN ALBERTINE.
218 A. TOGERA, op.cit., p. 30.
219 Idem.
57
b) Les risques de pollution ne sont jamais
zéro.
Souvent les génies pétroliers et les
exploitants ont toujours tendance à négliger les effets de
l'exploitation du pétrole sur la santé des populations
riveraines220. Pourtant, il n'est plus à démontrer que
dans les zones d'exploitation pétrolière, les populations
riveraines sont souvent victimes des polluants de l'industrie
pétrolière par l'accroissement et l'aggravation de certaines
maladies dans leur milieu de vie221.
Les promesses d'une exploitation pétrolière
sans risques sont toujours fallacieuses, même pour les grandes
compagnies, la récente catastrophe de BP dans le golfe du Mexique sur
les côtes atlantiques américaines est là pour le
prouver222. Les risques de pollution durant la phase d'exploitation
sont incontournables avec comme conséquences la dégradation,
voire la perte des écosystèmes qui affecteraient non seulement
les terres arables des populations locales, les eaux de deux lacs Albert et
Edouard, mais aussi les autres pays qui dépendent des eaux du bassin du
Nil Blanc223.
c) L'enjeu géostratégique du bassin du
Nil.
En effet, le bassin de la Semliki contribue à hauteur
de 4,6 km3, soit 20 % du débit du Nil blanc, qui lui-même
contribue approximativement à 31 % du débit annuel du Nil mais en
saison sèche jusqu'à 90 % de tout le débit du fleuve
Nil.224 Une perturbation ou dégradation de
l'écosystème de ce bassin de la Semilki par l'exploitation du
pétrole aura des conséquences non seulement locales mais aussi
internationales affectant les pays en aval dépendant des eaux du
Nil225.
d) Des droits des communautés locales
Les activités d'exploration et éventuellement
d'exploitation, ne sont jamais exempt de conséquences néfastes
sur le vécu quotidien des communautés locales mais aussi sur la
santé de ses membres226. Les communautés locales
vivant dans et autour du Parc national des Virunga se procurent des ressources
halieutiques du lac Edouard tout en protégeant leur
220 P. MUSUMBA TESO, La découverte du pétrole
dans le Graben albertine, défis, enjeux et perspectives
économico-environnementales, Butembo-RDC, FEFRED RELIEF WILDLIFE,
Septembre 2011, p.22.
221 Idem, p.22.
222 A. TOGERA, op.cit., p.30.
223 Idem
224 Fond Européen de Développement,
Op.cit., p. 65
225 A. TOGERA, op.cit., p. 30
226 CREDDHO, Op.cit., p. 3.
58
environnement227. Elles doivent être associe
à tout projet, processus, et action incluant et impactant leur milieu de
vie. Elles doivent bénéficier de ces actions et cela n'est point
négociable. Elles ont aussi le droit à l'eau potable, le droit
à des meilleures conditions de vie et le droit au
logement.228 Le droit à un environnement sain229
qui est un des droits fondamentaux de l'homme doit être une
réalité priorisée de la même manière que tout
autre droit de l'homme. L'exploitation pétrolière risque de
contaminer les eaux du lac Eduard qui est un lieu d'approvisionnement de la
population locale. En réalité, l'accès à l'eau
potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel,
parce qu'il détermine la survie des personnes, et par conséquent
il est une condition pour l'exercice des autres droits
humains230.
Nous nous rappellerons que acte, tout accord, toute
convention, tout arrangement ou tout autre fait, qui a pour conséquence
de priver la nation, les personnes physiques ou morales de tout ou partie de
leurs propres moyens d'existence tirés de leurs ressources ou de leurs
richesses naturelles, sans préjudice des dispositions internationales
sur les crimes économiques, est érigé en infraction de
pillage punie par la loi231.
Aujourd'hui il semble que l'entreprise SOCO, ambitieuse dans
ses projets d'exploitation pétrolière ne semble présenter
que les bienfaits en promettant à tort plusieurs avantages aux
communautés locales : 500 emplois aux jeunes, la construction
d'écoles, infrastructures sanitaires, réhabilitation des routes
pour le transport de leurs produits...232 pourtant, le
communauté locale des Virunga avait été
écartées d'association dans le processus lors des
premières études d'impact environnemental mais aussi en gardant
secret le rapport de l'étude et le plan d'atténuation.
Au regard de la situation décrite, des actions
concrètes et profitables aux communautés et à la
sauvegarde des écosystèmes sont requises car la RDC est avertie
des conséquences de l'exploitation irrationnelle des ressources
naturelles et est responsable tant sur le plan national qu'international de la
protection du patrimoine mondial qu'est le parc de Virunga.
227 Idem.
228 Art. 48 de la constitution du 18 février 2006 tel que
modifié en ce jour par la loi n°11/002 du 20 Janvier 2011
229 Idem
230 Extrait de la lettre encyclique, laudato si' du Pape
FRANCOIS I sur la sauvegarde de la maison commune, p.27, disponible sur
www.google
search.com. Consulté le 20 juin
2015.
231 CREDDHO, Op.cit., p.3
232 Extrait du Mémorandum du 03 février 2014 de
la Société civil de la RDC, forces vives de la pêcherie de
Vitshumbi coordination locale, Territoire de Rutshuru, Nord-Kivu, adresse
à l'intention de son excellence Monsieur le 1er Ministre et
chef du Gouvernement centrale à Kinshasa.
59
SECTION III. REGARD CROISE ENTRE L'EXPLOITATION ET
LA CONSERVATION DU PNVI : CONCOURS DES CIRCONSTANCES FAVORABLES
Dans ce chapitre, il sied de déterminer si c'est
possible d'exploiter le pétrole dans le PNVI tout en le conservant et
aussi quel mode que nous envisageons pour la conservation et que l'Etat
congolais pourrait en tiré profit.
§1. Regard croisé entre l'exploitation et la
conservation du PNVI
A. Révision de la superficie du PNVI
Si le résultat de l'exploration confirmait l'existence
des plusieurs gisements dans le PNVI, le gouvernement congolais de commun
accord avec l'UNESCO doivent revoir la superficie du PNVI en déclassant
la partie concernée, conformément aux paragraphes 165 et 166 des
orientations. Cette hypothèse avait été envisagé
aussi par UWINA BIENFAIT dans son étude sur la
légalité et l'intérêt de la répression des
atteintes à la conservation des réserves naturelles
intégrales aux limites partielles précisées : cas du Parc
national des Virunga ». Dans son étude l'auteur l'exprime en
ce sens : «... Il y a lieu de soutenir donc, que les terres
exploitées par ces sociétés minières et
pétrolières ne doivent plus appartenir au parc. En
conséquence, la délimitation, quel que soit les textes, ne sera
plus la même et les activités de conservation ainsi que de
tourisme ne sont plus envisageables sur ces terres
concédées233. »
B. Pas de modification des limites du PNVI
En deuxième lieu, l'exploitation du pétrole
sans modification des limites du PNVI, c'est-à-dire la conciliation de
l'exploitation avec la conservation à l'instar du contiguë parc
national Queen Elizabeth en Ouganda234, et permettant à ce
que l'exploitation pétrolière paye une compensation
écologique sous forme d'une quotité sur chaque baril produit pour
appuyer la conservation du parc national des Virunga en particulier et
l'ensemble du réseau des aires protégées en RDC en
général ainsi que le développement des population
locales.
Cette hypothèse n'est envisageable que lorsqu'une
étude d'impact environnemental crédible ait prouvé qu'il
est possible d'exploiter le pétrole à partir de
l'extérieur comme le prétend
233 B. UWIMANA,
op.cit., p. 288.
234 Le Queen Elizabeth park se situe en Ouganda, il n'est pas un
site du patrimoine mondial comme le PNVI. Cependant, il est en contiguë et
connait déjà une avancée significative dans l'exploitation
du pétrole par la même entreprise SOCO, dans la partie du lac
Eduard situé en Ouganda. Il se peut que la nappe
pétrolière découverte en Ouganda dans ce lac ait un
prolongement dans le lac Eduard de la partie de la RDC.
60
l'entreprise SOCO, sans porter atteinte à la
biodiversité du PNIVI et à sa valeur universelle
exceptionnelle.
§2. Concours des circonstances favorables
A notre avis, étant amoureux de la nature et
prônant pour la protection de l'environnement et conservation de la
nature pour un développement durable mais aussi la transmission aux
génération future, le renoncement à l'exploitation du
pétrole dans le PNVI, site du patrimoine mondial, en optant la
démarche suivi par l'Equateur en ce qui concerne le parc Yasuni,
réserve des biosphères comportant une important gisement
pétrolière, qui conclut un contrat avec le PNUD, en s'appuyant
sur le principe de la compensation Carbonne235. Cette solution peut
être adaptée au contexte congolais avec le PNVI236.
Les résultats de nos discussions devraient ouvrir un
tel dialogue au niveau provincial et national entre la population et
l'autorité administrative pour la mise en place des politiques agricoles
et d'accès à la terre, tout en préservant notre patrimoine
naturel, notamment parce que notre pays, la RDC, est éligible au fonds
carbone237.
1. Comment on octroie le fond carbone
Le mécanisme de financement carbone, plus
communément appelé le Fonds carbone, est devenu
opérationnel en mai 2011238. Il est conçu pour
octroyer des fonds en contrepartie de réductions des émissions
vérifiées, dans le cadre des programmes REDD+, dans des pays qui
ont accompli des progrès considérables en termes de
préparation du REDD+239.
Qu'est-ce que REDD+?
Les procédures de sélection des participants et
de déboursement des fonds sont toujours en cours d'élaboration,
l'objectif étant que l'assistance soit répartie dans quatre
catégories principales240 :
235 La signature de ce contrat prévoit que le
Gouvernement Equatorien renonce à l'exploitation d'environ 850 millions
de baril de pétrole dans le parc Yasuni, une des régions la plus
riches en biodiversité biologique du monde et foyer du peuple Houaranie
et de certains autres qui vient en isolement volontaire, en échange
d'une contribution financière de la communauté internationale sur
10 ans, de l'ordre de la moitié que ce qu'aurait rapporté le
pétrole
236 A. NGUMBI AMURI, Op.cit., p. 322.
237 A. TOGERA, op.cit., p. 32.
238 Séance d'informations sur les possibilités de
financement de la lutte contre le réchauffement climatique, 2ème
séance sur le REDD-i-, p.20, inédit.
239 Séance d'informations sur les possibilités de
financement de la lutte contre le réchauffement climatique, 2ème
séance sur le REDD-i-, p.16, inédit.
240 Idem, p. 17.
61
· Les politiques et réglementations
économiques générales (imposition, subventions,
crédit rural, certification, respect de la législation) ;
· Les politiques et réglementations
forestières (imposition, subventions, certification, régimes de
concession, régime et droits fonciers, législation
forestière, gouvernance et exécution, zonage, zones
protégées, paiements en contrepartie des services fournis pour
l'écosystème (PES) ;
· La gestion des forêts (feux de forêts,
réduction de l'impact de l'abattage, reforestation);
· Le développement rural (développement
communautaire, électrification rurale, sylviculture communautaire).
2. Demande de fonds : Fonds de
préparation241
Les pays peuvent participer au Fonds de préparation
s'ils sont admissibles au bénéfice de REDD - à savoir un
État membre emprunteur de la BIRD ou de l'IDA situé dans les
régions tropicales et subtropicales. La priorité est
accordée aux pays présentant les caractéristiques
suivantes :
· Une couverture forestière et un stock de CO2
importants ;
· Une grande importance des forêts dans
l'économie nationale ;
· Des taux élevés, constatés ou
prévisibles, de déforestation ou de dégradation des
forêts.
Avec une forêt équatoriale
considérée comme le deuxième poumon de l'humanité
après la forêt d'Amazonie, et un Parc National des Virunga dont
les zones humides et forestières du bassin de la Semliki contribuent
à 90 % des eaux du fleuve Nil en saison sèche, la RD Congo a tous
les atouts de son côté qu'il peut faire valoir pour
bénéficier de ressources financières du Fonds
carbone242. Fort de ces atouts, la RD Congo pourrait déclarer
un moratoire pétrole dans le Graben albertine ou au minimum dans ses
aires protégées et oeuvrer pour un développement local
financé par le Fonds carbone et le tourisme. Dans le cas des blocs III,
IV et V qui couvrent 85 % du PNVi un tel revirement pour la RD Congo
signifierait le respect des engagements internationaux pris, notamment
l'intégrité du
241 Séance d'informations sur les possibilités de
financement de la lutte contre le réchauffement climatique, 2ème
séance sur le REDD+, p17. Inédit.
242 Idem
62
PNVi, patrimoine mondial de l'humanité, et la
revendication de la place qui lui reviendrait dans le débat
international de changement climatique243. Une visibilité et
une place que la RD Congo perdrait s'il se laisse berner et aveugler par
l'argent de l'or noir que les compagnies pétrolières lui
balancent à la figure alors qu'il pourrait avoir cet argent tout en
conservant les écosystèmes de ses aires
protégées.
243 A. TOGERA, op.cit., p.
32.
63
CONCLUSION
Au terme de notre réflexion, nous avons essayé
d'expliquer le patrimoine mondial et le patrimoine commun de l'humanité
tout en le différenciant d'avec un bien public international. Nous avons
donné les causes qui font qu'un bien soit inscrit sur la liste du
patrimoine mondial tout en catégorisant les biens culturels et les bien
naturels faisant objet de notre réflexion, cependant, il faut que ce
biens (naturels ou culturels) aient une valeur universelle exception une grande
condition que pose l'UNESCO, ces biens ne doivent pas seulement servir les
générations passées mais aussi les
générations présentes qui à leurs tour devront les
transmettre aux générations futurs.
Tel a été le cas du PNVI, qui à travers
lui on sait identifier les générations passées en
évoquant par exemple la vallée de Sinda et d'Ishango, mais aussi
ce parc abrite une espèce rare des gorilles des montagnes aujourd'hui en
voie de disparition, les espèces rares d'oiseaux, des hippopotames, des
volcans actifs, réserve dont les zones humides et forestières du
bassin de la Semliki contribuent à 90 % des eaux du fleuve Nil en saison
sèche... on fiait à ce que ce site soit inscrit sur la liste du
patrimoine mondial de l'UNESCO.
Cependant, ce parc aussi spectaculaire, se trouve
menacé par Les envahissements illégaux à de nombreux
endroits dans le bien ; L'exploration/exploitation illégale des
ressources, notamment le braconnage de la faune, la pêche illégale
sur le lac Edouard et la production de charbon de bois ; La présence de
bandes armées opérant dans le bien ; Le chevauchement de la
totalité du parc par 5 permis pétroliers dont deux,
accordés à TOTAL (block III) et SOCO (block V), font l'objet
d'activités d'exploration depuis 2011, pourtant le parc était
déjà inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril
car ses valeurs universelles exceptionnelles disparaissent à la suite
des activités humaines pourtant interdites par la loi congolaise.
- C'est ce dernier problème d'octroi des permis
d'exploration aux fins d'exploitation qui a fait objet de notre
réflexion. Nous avons voulu savoir si la RDC bien que soucieux de son
développement peut-elle se prévaloir de sa souveraineté
pour déclasser les sites patrimonialisées aux fins d'exploiter
les ressources s'y trouvant ?
- S'il existe des garanties offertes au pays par l'UNESCO,
afin que ce site soit bénéfique à l'humanité ?
- Si particulièrement pour le PNVI, il existe des
mécanismes particuliers de gestion le mettant ou non à l'abri des
menaces découlant de l'exploitation de ressources?
64
A ces questions nous avons abouti au résultat selon
lesquels
La RDC, ne peut pas déclasser un site du patrimoine
mondial en vertu de sa souveraineté d'autant plus que les sites sont
classés bien qu'il l'exerce sur son sol et son sous-sol, car en vertu de
l'article 215 de la constitution du 18 février 2006, les traités
régulièrement conclus ont une autorité supérieure
à celle des lois. Hors les sites du patrimoine mondial sont
classé en vertu du traité dont la RDC a bel et bien
ratifié et en vertu du principe pacta sunt servanda il est appelé
à appliquer de bonne foi la convention dûment ratifié.
D'où les activités d'exploration dans le PNVI s'avèrent
illicite tant sur le plan national qu'international.
Nous avons démontré quant à la
troisième que pour rendre les activités de SOCO légales,
il faudrait le de commun accord avec le comité du patrimoine mondial
revoir les périmètres du PNVI, tout en déclassant les
terres concédées, ainsi les activités de conservation
ainsi que de tourisme ne sont plus envisageables sur ces terres.
Mieux que cela, nous avons pensé à une
conciliation de `exploitation avec la conservation à l'exemple du
modèle Ougandais dans le parc queen Elizabeth, car le on pense que la
meme nappe pétrolière du queen Elisabeth park se prolonge du
coté congolais. Ainsi à chaque baril exploité on y tirera
un montant pour la conservation. Cependant, cette hypothèse n'est
envisageable que lorsqu'une étude d'impact environnemental
crédible ait prouvé qu'il est possible d'exploiter le
pétrole à partir de l'extérieur comme le prétend
l'entreprise SOCO, sans porter atteinte à la biodiversité du PNVI
et à sa valeur universelle exceptionnelle.
Aussi, la participation de la communauté locale, dans
le modèle de gestion, rendre disponible les contrats signé par le
gouvernement congolais avec les entreprises d'exploitations pour éviter
les mauvaises expériences du Bas-Congo dont nous avons fait allusions
dans les pages précédentes.
Enfin, au-delà de ces solutions sus envisagées,
nous pensons qu'il est possible pour la RDC d'adopter la démarche de
l'Equateur en renonçant à l'exploitation du pétrole dans
le site du patrimoine mondial en s'appuyant sur le principe de la compensation
carbone comme fut le cas du parc Yasuni en Equateur, zone contenant une
importante quantité du pétrole, mais l'Equateur y
renonçant au profit de la conservation et il y reçoit aujourd'hui
un financement de la part du PNUD.
65
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in « CRIDHAC », Vol.1, n°36.
3) C. Paluku Mastaki, Effectivité de la
protection de la biodiversité forestière en République
Démocratique du Congo, Etude juridique, FAO, 2005
4) C. REDGEWELL, « la protection du
patrimoine naturel et sa transmission aux générations futures
», in l'action normative à l'UNESCO, vol.I :
élaboration des règles internationales sur l'éducation, la
science et la culture, Paris, Leiden, éditions UNESCO/Martinus
Nijhoff publishers, 2007.
5) Jacques BAKULU, Développement durable
et responsabilités sociales des entreprises, ADEV, Atelier
de formation sur la Démocratie, l'Environnement et le
Développement durable : pour une exploitation pétrolière
et minière responsable dans le territoire de de Muanda, 2008.
6) CEDDHO, réflexion locale :
pétrole dans le PNVI, Goma CREDDHO,
2010.
7) L. DEBROUX et al., La forêt en RDC
post-conflit. Analyse d'un agenda prioritaire,
68
8) G. SAKATA, Le droit forestier en
République Démocratique du Congo, Etude juridique,
FAO, 2008.
9) G. ALAN et G. Sina, Déjouer la
malédiction pétrolière, De Boeck
Supérieur, Afrique contemporaine, 2009/1, N°229.
10) S. MUGANGU MATABARO, Conservation et utilisation
durable de la diversité biologique en temps de troubles armés,
cas du Parc National des Virunga, UICN, Programme Afrique
Centrale, 2001.
11) Chistoph SEBUNDANDI, Hydrocarbures dans le Rift
Albertin : opportunités de développement ou risques
d'instabilité, Pole Institute, 2012.
12) P. MUSUMBA TESO, La découverte du
pétrole dans le Graben albertine, défis, enjeux et perspectives
économico-environnementales, Butembo-RDC, FEFRED RELIEF
WILDLIFE, Septembre 2011.
5. RAPPORTS ET AUTRES DOCUMENTS
1. Fond Européen de Développement, Rapport de
cadrage, « Evaluation Environnementale Stratégique
(EES) de l'exploration/exploitation pétrolière dans le nord du
Rift Albertin » (Province du Nord-Kivu et de l'Orientale),
juillet 2012.
2. International crusis group, L'OR NOIR DU CONGO :
RISQUE D'INSTABILITE OU OPPORTUNITE DE DEVELOPPEMENT ?, Rapport
Afrique N°188 - 11 juillet 2012
3. Mémorandum du 03 février 2014 de la
Société civil de la RDC, forces vives de la pêcherie de
Vitshumbi coordination locale, Territoire de Rutshuru, Nord-Kivu, adresse
à l'intention de son excellence Monsieur le 1er Ministre et
chef du Gouvernement centrale à Kinshasa.
4. Magazine Congo : appel à protéger
le parc national des Virunga de l'exploitation
Pétrolière, disponible sur
http://www.rtbf.be/info/monde/detail.
5. OVG, Evaluation environnementale
stratégique de l'exploration/exploitation pétrolière dans
le rift albertin, province du Nord-Kivu et orientale, Goma, 2010,
p.3, inédit.
6. KWABENA Duffuor, voir l'article : pétrole en Afrique :
or noir : misère noire, de René
Dassué, Disponible sur
http://www.afrik.com/article21841.html.
7. pétition des organisations de la société
civile environnementale du Nord-Kivu face à l'exploitation du
pétrole du Bloc V du PNVI, adressée au 1èr
Ministre chef du gouvernement et au Ministre des Hydrocarbures à
Kinshasa, 25. Septembre. 2010.
8. Lettre de l'ONG Innovation pour le développement et la
protection de l'environnement (IDPE) au gouverneur de la province du Nord-Kivu,
Goma, 17 janvier 2012.
69
9. RDC, Ministère des Hydrocarbures, Guide
de l'investisseur, Kinshasa, 2003. Inédit. rapport annuel
2013 de WWF intitulé « la valeur économique du
Parc National des Virunga », disponible sur
www.wwf.be.
10. contrat de partage et de production entre la
République Démocratique du Congo et l'Association : DOMINION
PETROLEUM CONGO, SOCO EXPLORATION-PRODUCTION DRC et LA CONGOLAISE DES
HYDROCARBURES sur le bloc V du GRABEN ALBERTINE.
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE i
DEDICACE ii
70
REMERCIEMENTS iii
SIGLES ET ABREVIATIONS iv
INTRODUCTION 1
1. PROBLEMATIQUE 1
2. HYPOTHESES 6
3. OBJET, INTERET ET DELIMITATION DU TRAVAIL 7
4. APPROCHE METHODOLOGIQUE ET TECHNIQUES DE RECHERCHE 8
5. SUBDIVISION DU TRAVAIL 9 Chapitre premier :
PRESENTATION DU PARC NATIONAL DES VIRUNGA EN TANT QUE PATRIMOINE
NATUREL DE L'UNESCO 10
Section I: LE PATRIMOINE MONDIAL ET NOTIONS VOISINES
10
§1. Patrimoine mondial et patrimoine commun de
l'humanité 10
§2. Le patrimoine mondial et le bien public
international 12
§3. Le patrimoine mondial : qu'est-ce ?
13 Section II : VALEUR UNIVERSELLE EXCEPTIONNELLE, CRITERES ET
INSCRIPTION DU PNVI A LISTE DU
PATRIMOINE MONDIAL 14
§1 : La valeur universelle exceptionnel et son
application aux bien du patrimoine mondial 14
1. Que signifie la valeur universelle exceptionnelle
14
2. Comment la valeur universelle exceptionnelle est-elle
appliquée aux biens naturels? 15
§2. Critères d'estimation de la valeur
universelle exceptionnelle 16
A. Critères des biens culturels du patrimoine mondial
16
B. Critères des biens naturels du patrimoine mondial
17
§3. L'inscription du PNVI sur la liste du patrimoine
mondial naturel 20
a. Création du Parc National des Virunga 20
b. Aperçu des valeurs universelle exceptionnelles du
PNVI 21
c. Critères retenus pour l' inscription du PNVI
21
2. Implications politiques, sociales et économiques de la
patrimonialisation du PNVI 24
a. Implications politiques 24
b. implication sociale 25
c. Implications économique 27
Section III : LE STATUT DU PARC NATIONAL DES VIRUNGA 27
§1. Les catégories d'aires
protégées en RDC 27
1. les aires protégées à régime
juridique plus restrictif 28
2. les aires protégées à régime
juridique moins restrictif 29
§2.
71
Nature juridique du Parc National des Virunga 31
§3. L'inscription du PNVI sur la liste du patrimoine
mondial en péril 33
1. Critère d'inscription sur la liste du patrimoine
mondial en péril 33
2. L'inscription du PNVI sur la liste du patrimoine mondial
en péril 34
Chapitre deuxième : L'ANALYSE DE
L'EXPLORATION/EXPLOITATION PETROLIERE DANS LE
PARC NATIONAL DES VIRUNGA 38
Section I : L'EXPLORATION/EXPLOITATION PETROLIERE DANS
LE PARC NATIONAL
DES VIRUNGA 38
§1. État de lieu des activités
pétrolières dans le rift albertin 38
§2. Menaces sur le Parc National des Virunga patrimoine
mondial en RDC 40
L'exploitation pétrolière menace-t-elle des
valeurs universelles exceptionnelles du PNVI ? 40
§3. L'incidence de l'octroi des permis d'exploitation
et exploration pétrolière sur les
engagements pris par la RDC sur le parc national de Virunga,
patrimonial mondial. 43
A. Engagement sur le plan national 43
B. Engagement pris sur le plan International 45
Section II : LA DECONSTRUCTION DES DISCOURS DES EVIDENCES SUR
L'EXPLOITATION DE L'OR NOIR DANS LE PNVI 50
§1. La fascination exercée par le mythe du
développement grâce à l'or noir du PNVI 50
§2. Débat et enjeux politiques en RDC :
Expérience du Bas- Congo 54
§3. Les risques d'exploitation dans le Parc National
des Virunga 56
SECTION III. REGARD CROISE ENTRE L'EXPLOITATION ET LA
CONSERVATION DU
PNVI CONCOURS DES CIRCONSTANCES FAVORABLES 59
§1. Regard croisé entre l'exploitation et la
conservation du PNVI 59
A. Révision de la superficie du PNVI 59
B. Pas de modification des limites du PNVI 59
§2. Concours des circonstances favorables 60
1. Comment on octroie le fond carbone 60
2. Demande de fonds : Fonds de préparation 61
CONCLUSION 63
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE 65
TABLE DES MATIERES 69
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