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Analyse comparative de la répartition des espaces verts urbains dans les métropoles européennes.

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par Yannick Schneeberger
Université de Lausanne - Master of science in urban studies 2011
  

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5.3 XXÈME SIÈCLE : SUBURBANISATION ET PÉRIURBANISATION

Avec le mouvement des cités-jardins lancé en 1898 par Howard à Londres, le XXème siècle, s'annonce comme celui de la ville générique. Le projet de l'Anglais relève alors de l'utopisme. D'après son schéma, la ville est contenue, aux alentours de 30000 habitants et se présente comme une alternative verte, alors que les centres et les banlieues industrielles étaient très pollués en Europe de l'Ouest. Le concept de base repose sur un poumon vert central et une ceinture verte agricole afin de viser l'autosuffisance alimentaire, qui est par ailleurs appliquée à l'industrie également, pour des raisons de loisirs des ouvriers et d'aération. Ainsi, malgré les effets spatiaux des différents régimes d'urbanisation, il devrait subsister des parties de ces espaces verts urbains - alors périphériques - répondant aujourd'hui aux besoins largement présentés précédemment, et à des formes diverses. Toutefois il s'agit d'un «urbanisme à coté de la ville ou hors de la ville» (Corboz, 2001 : 201) qui ne vise pas à une refonte des territoires urbains existants. D'après Merlin (2009 : 174), le renouvellement sous diverses formes prend le cas des cités-jardins la forme de New Towns anglaises réalisées dès 1946, du plan Abercrombie du Grand Londres (1944) dont le but était de relier des grands espaces verts urbains et de ceinture verte appliquée à la capitale du Royaume (1938). A l'étranger, en France, on crée des villes périphériques similaires mais qui s'écartent du plan originel de Howard en matière d'autosuffisance et de densité, le concept de ceintures vertes entourant les métropoles est largement repris en Europe.

Durant l'entre deux guerre, W.Gropius applique le remplissage de l'espace non-bâti par le végétal. Dit mouvement moderne, en relation avec la période architecturale du XXème siècle, il consiste à définir un ordre de priorité. Les immeubles et la voirie sont une base et le reste de l'espace peut être dévolu aux espaces verts. Merlin et Choay (2009 : 358) nous décrivent un cas typique : «la cité ouvrière de Siemenstadt à Berlin ne connaît, ainsi, hors du logement, que la coursive de chaque étage

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et le parc au-dehors». En effet, ce sont fréquemment des immeubles hauts, avec peu de balcons, rassemblés autour d'un grand parc qui ont été érigés. Parallèlement, des espaces militaires sont rendus à la nature un peu partout en Europe.

Avec la libération de temps pour les loisirs, le développement des systèmes de transports individuels, collectifs et les technologies de l'information, la montée en puissance de la motilité et de la mobilité individuelle a élargi le territoire référent de la qualité de vie d'un habitat. Nous entendons par là que la fréquentation de lieux toujours plus éloignés est devenue possible, augmentant l'aire de chalandise des espaces verts urbains. D'après Bochet (2005 : 56), «dès la fin des années 1960, on passe d'un régime suburbain extensif à un régime périurbain extensif». En effet, «au niveau local, le nouveau régime d'urbanisation se définit par des processus complexes et souvent synchrones d'étalement du champ bâti, de desserrement sélectif de la population ou de certains équipements et activités» (Bochet, 2005 : 55). A la fin des trente glorieuses, la notion d'écologie vient s'intégrer à la planification urbaine «qui organise dans les esprits et dans la culture ce passage de la nature comme paysage à celui de nature comme environnement *...+ la position l'homme s'y redéfinit» (Décosterd, 2009a : 2) et ce que François Ascher qualifie de troisième phase du développement de l'urbain «nous ramène du capitalisme industriel au capitalisme cognitif, de la société de production de masse à la société de consommation de masse, de la ville à l'urbanisation généralisée de l'ère métropolitaine» (Da Cunha, 2010 : 7).

Du point de vue des espaces verts, l'étalement urbain engendre des problèmes plus globaux que la consommation de terres viaires, en effet les régimes de mobilités évoluent et confèrent de nouvelles fonctions à de nouveaux espaces. En effet, la périphérie verte est régulièrement accaparés par les habitants de la ville-centre pour satisfaire leurs besoins récréatifs et sportifs, la limite ville-campagne devient ainsi moins nette.

Trouvant ses origines dans le même phénomène, la spécialisation des espaces périphériques a partiellement relégué les espaces verts intraurbains à un rang moins élevé, depuis plusieurs décennies. En effet, effet principal du dernier rythme d'urbanisation, «certains services se sont largement exurbanisés ou tout au moins se sont (ré)installés dans les espaces périphériques» (Merenne-Schoumaker, 1993 : 133). Ainsi, se forment des espaces urbanisés de plus en plus étalés, hétérogènes et fragmentés (Ascher, 1995), que Bochet (2005 : 55) dénomine «nébuleuse de centralités secondaires j...] sans véritable limite». Entourant ces fragments, des espaces verts sont devenus adjacents à ces nouvelles centralités émergentes. La dilution des fonctions urbaines, dont celle d'habiter, à des distances toujours plus élevée du centre, couplée à la faible accessibilité en

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transports publics de ces lieux distants les uns des autres, engendrent une saturation des infrastructures routières, caractère fortement problématique éprouvé par nombre de métropoles européennes.

Exprimant ce phénomène de manière encore plus directe, les centres de loisirs, équipement sportifs et aires de pique-nique se développent également de plus en plus aux portes de l'urbanisation des métropoles, augmentation la fonctionnalité des nouveaux espaces verts adjacents, jusqu'à alors faible, car non équipés en infrastructure (cheminements, bancs, parkings, couverts, entretien). Cette concurrence envers les parcs et squares, diminue de facto l'attractivité de ces derniers, et participe lui-même du processus de périurbanisation. Ce qui est valable pour l'offre en espaces verts l'est tout autant pour le logement et les emplois. En effet, leur «redéploiement en périphérie a conduit à faire baisser l'attractivité du centre ville, ce qui à son tour a favorisé le déplacement de la population vers la périphérie» (Bochet 2005 : 58), ce constat exprimé par Wiel11 en 1999 a des implications sociologiques importantes. L'augmentation des déconnexions spatiales s'accompagne de différences grandissantes des valeurs du terrain et des loyers pratiqués, ainsi que du niveau d'accessibilité entre habitat, services et loisirs, ce qui provoque une ségrégation spatiale montante. Cette injustice environnementale tend à être moins significative avec le fort renouvellement urbain que les centres de villes connaissent depuis quelques années. En effet, un retour des habitants et emplois est constaté dans les centres villes (Rérat, 2010, chapitre 4.1). De facto, cela suppose que l'attrait des espaces verts intraurbains augmente dans les années à venir.

Globalement, le nouveau régime d'urbanisation extensif implique une «déprise démographique des centres urbains qui se poursuit depuis trois décennies, alors que les couronnes suburbaines et périurbaines enregistrent des taux de croissance positifs de leurs couronnes» (Bochet, 2003 : 61). D'après l'évolution de leurs populations, les métropoles européennes sont particulièrement touchées par ce phénomène.

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