5 REGIMES D'URBANISATION ET ESPACES VERTS URBAINS DANS
LES METROPOLES EUROPEENNES
Après avoir identifié définit l'objet du
travail de ce mémoire et les différentes problématiques
attenantes, la littérature existante nous permet également de
comprendre par quels mécanismes les espaces verts urbains ont pris place
dans la ville que nous fréquentons aujourd'hui. Cette étape est
indispensable à une bonne compréhension de la place de la nature
en ville, et donc, à la lecture des cartographies des métropoles
urbaines qui sont créés plus en aval de ce travail. L'apport de
végétation en ville est le résultat de longs processus,
son implantation est historique, et a de tout temps obéit à des
régimes d'urbanisation et des politiques urbaines. Par régime
d'urbanisation, il faut comprendre l'ensemble des modalités de
territorialisation qui structurent et forment un espace physique,
économique et social. Ce chapitre est structuré en trois grandes
périodes (chapitres 5.1 à 5.3), explorées avec un regard
porté sur la production d'espaces verts urbains. Finalement, la question
de la mondialisation des espaces est posée (chapitre 5.4) et la
politique communautaire européenne qui touche aux espaces verts urbains
est décrite (chapitre 5.5).
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5.1 DE L'ANTIQUITÉ A LA RENAISSANCE : FASTES ET
CITÉS MILITAIRES
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Alors qu'Athènes aurait contenu plus de 500'000
habitants au IVème siècle avant J-C, en l'an 0 Rome frôle
le million de citadins. Les plus grandes villes d'Europe durant
l'antiquité sont basées sur des plans en damier,
constitués des axes cardo et décumenus. Denses,
les différents quartiers sont fortement ségrégés,
à une heure où la classe sociale définit sa place dans la
société, et dans la ville. Cette dernière est
essentiellement minérale, et ronge les forêts alentours pour
utiliser le bois comme matériel de construction et de combustion. Alors
que la majorité des cités Antiques n'atteindraient pas
aujourd'hui le statut de villes, les centres de l'Empire Romain et de la
civilisation Grecque, qui concentrent le pouvoir et les fonctions, sont
gigantesques par rapport aux tissus urbains de l'époque.
Des invasions barbares mettent fin au génie
bâtisseur romain, maintes centralités sont abandonnées,
pillées ou détruites, par le feu et les guerres. Ainsi, au
moyen-âge l'urbanisme est basé sur la police du feu, visant
à minimiser les dégâts en cas d'incendie. Ces villes
médiévales sont avant tout fonctionnelles, ramassées sur
elles-mêmes, et basées sur un plan propice à la de
défense militaire. La densité n'empêche pas les jardinets
d'exister à l'intérieur des murailles, ils étaient pas
moins très estimés pour leur capacité à
créer l'autosuffisance de la population, nécessaire en cas de
siège. Exit les plans au mètre près des romains et grecs
de l'Antiquité, une certains anarchie règne. La densité
impose que «la végétation est rare *...+ les
arbres sont peu nombreux, mais ils sont majestueux» (Stefulesco, 1993
: 11). La ville en compte peu, ils ont une signification commémorative
dans la plupart des cas. Un autre point de verdure est présent, à
l'intérieur des habitations. Ces jardins familiaux,
«étaient de petite taille et revêtaient un
caractère souvent utilitaire» (Merlin, 2009 : 357). Les
ruelles ténues, particulièrement minérales se retrouvent
aujourd'hui dans les centres anciens des villes européennes,
créant des îlots d'habitations qui comprennent encore aujourd'hui
leurs patios.
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