- PREMIÈRE PARTIE -
APPRÉHENDER LES ESPACES VERTS
URBAINS DANS UN CADRE COMPARATIF
1 DES SUPPORTS DE VIE PEU COMPARABLES
1.1 DIVERSES CATÉGORISATIONS POSSIBLES
La forme d'un espace public prédispose à sa
fréquentation, celle d'un espace vert également. Forêts
intraurbaines et squares permettent des comportements différents, ainsi
les objectifs de fréquentations qu'ils recouvrent le sont
également. Conséquence de la publicité de ces lieux, des
catégories de populations bien différentes peuvent donner vie aux
espaces verts urbains et leur conférer des fonctions multiples. La
variété des types d'espaces verts urbains est grande : parcs,
squares, forêts, bois, jardinets, toits végétalisés,
etc. Lesquels d'entre eux doivent être pris en considération dans
l'analyse des trames vertes urbaines ? La définition des
catégories précitées n'est pas aisée, en effet des
structures végétales peuvent prétendre à plusieurs
dénominations, à l'instar des jardins collectifs, des bois
équipés en mobilier urbain ou des zoos pour ne citer que quelques
exemples.
La variété de la forme que peut prendre la
nature en ville est abordée avec le tableau suivant, où les
grands types d'espaces verts urbains sont présentés.
Type Périodes-type de création Niveau
d'Anthropisation
Marqué
Nul
Jardin à la française Ville classique, Italie,
XVIème
Jardin à l'anglaise Ville classique, Angleterre,
XVIIème
Square
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1853 (Haussmann, Paris)
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Parcs 1853 (Haussmann, Paris)
Jardins familiaux /potagers Moyen-âge, intramuros
Bois Antiquité ou antérieur
Forêt Antiquité ou antérieur
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Tableau 1 Types d'espaces verts, période d'invention,
lieu et niveau d'anthropisation.
Il est désormais bien visible que maintes formes peuvent
être incorporées dans l'une ou l'autre des catégories et
qu'au sein même de certaines, la question de la présence de
certains espaces se pose. En effet, à partir de quelle taille un espace
naturel est-il qualifiable de bois ? Où se trouve la limite
Ni
entre bois et forêt ? Quel niveau
d'équipement fait basculer le bois dans la catégorie
parc ? L'exercice
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peut se répéter à l'infini, et
démontre l'impossibilité de différencier les espaces verts
urbains sur la base de leur forme pour un travail où leur nombre
espéré est important.
En raisonnant d'une manière plus globale, les espaces
verts urbains sont des espaces publics. Pour Antoine Fleury ce terme
désigne «un espace abstrait et changeant, prenant la forme du
rassemblement qui le fait naître»1. Ici, ce sont les
pratiques spatiales des individus, mises en rapport avec un substrat, le sol
urbain, qui confèrent des fonctions à un espace. Ainsi, s'exprime
le rapport entre Homme et Nature dans la ville, grâce aux espaces verts.
Leur finalité est d'ailleurs leur fréquentation, néanmoins
il n'en demeure pas moins des fonctions climatiques, hydrologiques et de
biodiversité. Catégoriser ainsi les espaces verts urbains est
ainsi bien trop complexe pour ce mémoire, et des solutions
simplificatrices doivent être utilisées. En restant dans l'optique
de la séparation des fonctions, nous pouvons les réduire à
deux grandes catégories : il s'agit premièrement des fonctions
qui supposent la fréquentation humaine, et deuxièmement d'autres
plus directes, à savoir les fonctions propres, telles que la
structuration du bâti, les aspects climatologiques ou encore la
participation à la biodiversité. Ces différents points
seront développés plus en aval de ce travail afin de
décrire les échelles de travail des espaces verts urbains,
étape nécessaire à la sélection d'un cadre urbain
pertinent.
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