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|
Master of Science in Geography
|
Analyse comparative de la répartition des espaces verts
urbains dans les métropoles européennes
Yann ickSchnee .erger
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AAaitrise universitaire ès sciences cri
géographie Aoùt - 2011
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2
INTRODUCTION 4
- PREMIÈRE PARTIE - 6
APPRÉHENDER LES ESPACES VERTS URBAINS DANS UN
CADRE COMPARATIF 6
1 DES SUPPORTS DE VIE PEU COMPARABLES 7
1.1 DIVERSES CATÉGORISATIONS POSSIBLES 7
1.2 CONCEPTS RETENUS POUR LA DÉFINITION ET LA
CATÉGORISATION DES ESPACES VERTS URBAINS 8
2 ESPACES VERTS URBAINS ET ECHELLES DE TRAVAIL
11
2.1 FONCTIONS ISSUES DE LA FRÉQUENTATION 11
2.2 FONCTIONS PROPRES 13
2.3 FONCTION ÉCONOMIQUE : LE MARKETING URBAIN DES ESPACES
VERTS 16
2.4 LE BESOIN CHIFFRÉ EN ESPACES VERTS URBAINS 17
3 LA PROBLÉMATIQUE DES NIVEAUX
GÉOGRAPHIQUES EN EUROPE 19
3.1 LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES 20
3.1.1 Le système NUTS 20
3.1.2 L'Urban Audit : Concept 21
3.1.3 L'Urban Audit : Test d'application 23
4 LES ESPACES VERTS ENTRE VILLE DENSE ET VILLE
ÉTALÉE 26
5 REGIMES D'URBANISATION ET ESPACES VERTS URBAINS DANS
LES METROPOLES EUROPEENNES 28
5.1 DE L'ANTIQUITÉ A LA RENAISSANCE : FASTES ET
CITÉS MILITAIRES 28
5.2 DE LA RENAISSANCE AU XXÈME SIÈCLE : CROISSANCE
ET EMBELLISSEMENT 29
5.3 XXÈME SIÈCLE : SUBURBANISATION ET
PÉRIURBANISATION 31
5.4 VERS UN UNIVERSALISME DANS LA CRÉATION D'ESPACES
VERTS URBAINS ? 33
5.5 POLITIQUE COMMUNAUTAIRE EUROPÉENNE 36
5.6 QUESTIONNEMENTS RELATIFS A L'ÉTUDE COMPARATIVE DES
ESPACES VERTS URBAINS DANS MÉTROPOLES EUROPÉENNES. 36
- DEUXIÈME PARTIE - 39
CONSIDÉRER LA PLACE DES ESPACES VERTS URBAINS DANS
LES MÉTROPOLES EUROPÉENNES :
METHODOLOGIE 39
1 DÉFINITION DU CADRE ANALYTIQUE 40
2 SUPPORTS DE DONNÉES 47
2.1 ECHANTILLONNAGE DE MÉTROPOLES 50
2.1.1 Sélection des métropoles 50
2.1.2 Sélection d'indicateurs 52
- TROISIÈME PARTIE - 55
FORMES URBAINES ET RÉPARTITION DES ESPACES VERTS
URBAINS 55
1 FORMES URBAINES 56
1.1 L'EMPRISE AU SOL DES MÉTROPOLES EUROPÉENNES
SELON LE PRINCIPE DE CONTINUITÉ DU BÂTI A 400M 56
1.1.1 Paris 56
1.1.2 Londres 57
1.1.3 Madrid 58
1.1.4 Berlin 59
1.1.5 Athènes 60
1.1.6 Rome 61
1.1.7 Bucarest 62
3
1.1.8 Stockholm 63
1.1.9 Copenhague 64
1.1.10 Zürich 65
1.2 TABLEAUX RÉCAPITULATIFS ET CALCULS D'ÉTENDUES
66
2 ESPACES VERTS INTRAURBAINS PAR MÉTROPOLE
D'APRÈS LE CHAMP URBAIN 67
2.1 ESPACES VERTS INTRAURBAINS PAR MÉTROPOLE 68
2.1.1 Paris 68
2.1.2 Londres 70
2.1.3 Madrid 71
2.1.4 Berlin 72
2.1.5 Athènes 74
2.1.6 Rome 76
2.1.7 Bucarest 78
2.1.8 Stockholm 79
2.1.9 Copenhague 81
2.1.10 Zürich 82
3 COMPARAISONS ENTRE LES MÉTROPOLES 83
3.1 ANALYSE CHIFFRÉE A PARTIR DES INDICATEURS 84
3.1.1 Espaces verts totaux et formes urbaines 84
3.1.2 Agriculture intraurbaine et formes urbaines 85
3.1.3 Espaces en agriculture intraurbaine et formes urbaines
85
3.1.4 Homogénéité des
répartitions des espaces verts 85
3.1.5 Conclusion intermédiaire 86
3.2 VERS UNE SYNTHÈSE, À PARTIR DES CAS DE LONDRES
ET PARIS 86
3.3 ANALYSE SYNTHÉTIQUE 88
3.4 SURFACES TOTALES ET DENSITÉS 90
3.5 TAILLE DES MÉTROPOLES ET ACCÈS À LA
NATURE 91
3.6 SURFACES MOYENNES DES ESPACES VERTS 91
3.7 SURFACES TOTALES ET CLIMATS 92
4 CONCLUSION 94
5 PERSPECTIVES 95
BIBLIOGRAPHIE 97
ANNEXES 100
4
INTRODUCTION
Longtemps reléguée à un rang secondaire
par rapport à la morphologie du bâti, la nature en ville est
considérée en urbanisme dès la fin du XVème
siècle pour des raisons esthétiques. Ce paradigme restera
ancré jusqu'à ce que l'édification de parcs et squares
permette de tempérer les maux urbains ressentis lors des croissances
à tout-va de la révolution industrielle. Aujourd'hui
élément déterminant dans les processus d'interventions
spatiales, la nature en ville propose de nombreux avantages :
écologiques, sociaux, esthétiques, sanitaires ou encore
économiques.
Les espaces verts urbains ne jouent pas moins un rôle
ambigu, ils participent du défi de la densification qualifiée, en
tant que supports de fonctions sociales vitales pour le bien-être de la
société, mais également comme acteurs de
l'étalement urbain. Non seulement la quantité de
végétation en ville est une question fondamentale pour le devenir
des cités, mais son type également, ainsi le niveau
d'équipement des espaces verts urbains s'invite dans le débat, de
même que l'agriurbanisme.
Afin de rendre compte de l'ampleur de ces
phénomènes, ce mémoire se propose de cartographier ces
différents espaces verts sur la base d'images satellitales, et
d'analyser leurs répartitions intraurbaines. Alors que François
Ascher discourait en 1995 sur le fait que nous ne «vivons plus
à l'échelle du quartier ni même de la ville, mais d'une
vaste conurbation polycentrique et discontinue», il est relevable que
premièrement la pertinence du travail se veut plus grande sur des
métropoles, et deuxièmement que les formes urbaines sont au
centre de nos analyses. Dès lors, ce mémoire vise à des
analyses comparatives entre métropoles d'Europe, besoin qui se fait
largement ressentir par les instances dirigeantes européennes afin de
soutenir et étayer des politiques urbaines qui puissent répondre
spécifiquement aux problèmes des vastes capitales
d'aujourd'hui.
En effet, nombre d'études sont freinées par
l'absence d'harmonisations efficaces des données au niveau
international. De plus, d'ambitieux projets comparatifs avortent avec comme
cause récurrente des échelles territoriales classiques ne
répondant plus des aires fonctionnelles d'aujourd'hui. Ainsi, l'analyse
inter-villes suppose la définition de cadres urbains comparables, ce
à quoi ce mémoire s'attelle par des méthodes propres.
5
Classiquement, l'étalement urbain et la morphologie des
villes sont étudiés par des analyses de la surface bâtie,
nous prenons la contrepartie d'analyser son inverse, à savoir les
espaces verts. Partir de leur répartition intraurbaine, dans un esprit
systémique, nous permet d'étayer les problématiques
classiques de l'étalement urbain et de l'accessibilité à
la nature en ville.
6
- PREMIÈRE PARTIE -
APPRÉHENDER LES ESPACES VERTS
URBAINS DANS UN CADRE COMPARATIF
1 DES SUPPORTS DE VIE PEU COMPARABLES
1.1 DIVERSES CATÉGORISATIONS POSSIBLES
La forme d'un espace public prédispose à sa
fréquentation, celle d'un espace vert également. Forêts
intraurbaines et squares permettent des comportements différents, ainsi
les objectifs de fréquentations qu'ils recouvrent le sont
également. Conséquence de la publicité de ces lieux, des
catégories de populations bien différentes peuvent donner vie aux
espaces verts urbains et leur conférer des fonctions multiples. La
variété des types d'espaces verts urbains est grande : parcs,
squares, forêts, bois, jardinets, toits végétalisés,
etc. Lesquels d'entre eux doivent être pris en considération dans
l'analyse des trames vertes urbaines ? La définition des
catégories précitées n'est pas aisée, en effet des
structures végétales peuvent prétendre à plusieurs
dénominations, à l'instar des jardins collectifs, des bois
équipés en mobilier urbain ou des zoos pour ne citer que quelques
exemples.
La variété de la forme que peut prendre la
nature en ville est abordée avec le tableau suivant, où les
grands types d'espaces verts urbains sont présentés.
Type Périodes-type de création Niveau
d'Anthropisation
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Marqué
Nul
Jardin à la française Ville classique, Italie,
XVIème
Jardin à l'anglaise Ville classique, Angleterre,
XVIIème
Square
|
|
1853 (Haussmann, Paris)
|
Parcs 1853 (Haussmann, Paris)
Jardins familiaux /potagers Moyen-âge, intramuros
Bois Antiquité ou antérieur
Forêt Antiquité ou antérieur
7
Tableau 1 Types d'espaces verts, période d'invention,
lieu et niveau d'anthropisation.
Il est désormais bien visible que maintes formes peuvent
être incorporées dans l'une ou l'autre des catégories et
qu'au sein même de certaines, la question de la présence de
certains espaces se pose. En effet, à partir de quelle taille un espace
naturel est-il qualifiable de bois ? Où se trouve la limite
Ni
entre bois et forêt ? Quel niveau
d'équipement fait basculer le bois dans la catégorie
parc ? L'exercice
8
peut se répéter à l'infini, et
démontre l'impossibilité de différencier les espaces verts
urbains sur la base de leur forme pour un travail où leur nombre
espéré est important.
En raisonnant d'une manière plus globale, les espaces
verts urbains sont des espaces publics. Pour Antoine Fleury ce terme
désigne «un espace abstrait et changeant, prenant la forme du
rassemblement qui le fait naître»1. Ici, ce sont les
pratiques spatiales des individus, mises en rapport avec un substrat, le sol
urbain, qui confèrent des fonctions à un espace. Ainsi, s'exprime
le rapport entre Homme et Nature dans la ville, grâce aux espaces verts.
Leur finalité est d'ailleurs leur fréquentation, néanmoins
il n'en demeure pas moins des fonctions climatiques, hydrologiques et de
biodiversité. Catégoriser ainsi les espaces verts urbains est
ainsi bien trop complexe pour ce mémoire, et des solutions
simplificatrices doivent être utilisées. En restant dans l'optique
de la séparation des fonctions, nous pouvons les réduire à
deux grandes catégories : il s'agit premièrement des fonctions
qui supposent la fréquentation humaine, et deuxièmement d'autres
plus directes, à savoir les fonctions propres, telles que la
structuration du bâti, les aspects climatologiques ou encore la
participation à la biodiversité. Ces différents points
seront développés plus en aval de ce travail afin de
décrire les échelles de travail des espaces verts urbains,
étape nécessaire à la sélection d'un cadre urbain
pertinent.
1.2 CONCEPTS RETENUS POUR LA DÉFINITION ET LA
CATÉGORISATION DES ESPACES VERTS URBAINS
Une catégorisation basée sur les
activités rendues possible par la forme et l'équipement des
espaces verts, répond certes d'un fonctionnalisme plaisant,
néanmoins elle est difficile à mettre en place. Nos objectifs de
comparaison entre métropoles supposent le repérage d'un nombre
important d'espaces et les différencier d'après leurs fonctions,
ne serait-ce que celle qui est majeure, apparaît comme un travail trop
important. En effet, plus la catégorisation est simple, moins le travail
sera important à effectuer pour chaque métropole. De plus, les
éventuelles spécificités locales peuvent être
évitées en abordant la définition de nos espaces verts
d'une manière non différenciée.
Ainsi, séparer les espaces verts sur la base de leur
forme se relève être une impasse pour des travaux à des
fins comparatifs, dès lors n'existe qu'une seule catégorie : les
espaces verts. Faut-il toutefois définir quel cadre cela recouvre, et
quelles limites cela suppose. En effet, comme le souligne Boutefeu (2011 : 6),
pour la même surface «un urbaniste parle volontiers d'espace
vert, un paysagiste
1 Définition dans Espace public, revue
Hypergeo.
http://www.hypergeo.eu/spip.php?article482
de site paysager, un promoteur d'espace non bâti.
Par contre, un biologiste utilise le terme de zone naturelle
d'intérêt écologique, faunistique et floristique [...] un
agronome emploie le mot de surface toujours en herbe ou de terre labourable,
tandis qu'un juriste lui donne volontiers le statut d'espace boisé
classé».Ce chapitre a la vocation de clarifier nos
considérations. Ainsi, la définition qui nous parait la plus
pertinente est la suivante :
Par espace vert, il faut à notre sens entendre
un espace au sol régulièrement en herbe, s'élevant en
hauteur d'une manière végétale.
Cette définition signifie que les espaces arides ne
sont pas des espaces verts (mais en l'occurrence entre le brun et le beige), et
qu'une surface d'herbe telle une pelouse ou un champ, ne sont pas non plus des
espaces verts en l'absence d'arbres ou arbustes. Cela suppose également
que nombre de surfaces agricoles ne seraient pas recensée. Avec
l'intérêt grandissant de l'agriculture de proximité et
intraurbaine, ce défaut apparaît comme inacceptable. Au lieu de
retirer ces espaces - et étant donné que la
différentiation est possible avec une très brève analyse
visuelle à partir des images satellitales - il en est créé
une catégorie particulière donc l'analyse élève la
pertinence de ce travail.
Nos espaces verts urbains dont agricoles sont définis
d'une manière à rendre compte de leur nature mais
également de leur répartition au sein d'une métropole,
ainsi nous reconnaissons :
- Les espaces verts urbains ou intraurbains
Typiquement, ce sont des parcs, squares et jardins. Les
espaces privatifs ne sont pas comptabilisés grâce aux informations
fournies par Google Maps.
Parmi les espaces verts urbains ou intraurbains se trouve :
o Les espaces verts urbains interstitiels
Ce sont des poches naturelles englobées par
défaut dans l'agglomération avec la croissance de cette
dernière. Fréquemment en zone périurbaines, ils sont peu
à non anthropisés et de type forestier.
- Les espaces agricoles intraurbains
Ils sont fréquemment interstitiels, néanmoins
nous ne préférons parler la position des espaces agricoles : soit
intraurbains, soit extra-urbains.
9
- Les espaces verts extra-urbains
Ils se situent au-delà de la limite de l'urbanisation,
typiquement sous forme de forêts et bois, mais également parfois
de parcs et squares aménagés.
10
- Les espaces agricoles extra-urbains
11
2 ESPACES VERTS URBAINS ET ECHELLES DE
TRAVAIL
Cette problématique doit être
développée afin de décider d'une sélection d'un
cadre analytique pertinent, rendant compte des phénomènes
liés aux espaces verts urbains. Pour ce faire nous nous arrêtons
sur leurs fonctions. Une catégorisation simple en avait
été faite, entre fonctions issues de la fréquentation et
fonctions propres. Chacune d'entre elles, s'opère à des
échelles diverses. De plus, l'aspect spatial de quelques études
sur le besoin des espaces verts urbains nous permet d'enrichir notre base de
décision quant à la définition de nos cadres de
travail.
2.1 FONCTIONS ISSUES DE LA FRÉQUENTATION
De prime abord, les espaces verts urbains renvoient à
la notion de tranquillité. Ainsi une des fonctions principales des parcs
et autres squares est principalement la recherche de quiétude,
typiquement pour des personnes seules. Tranchant avec le minéral urbain,
la fréquentation des espaces verts urbains trouve sa raison d'être
dans le besoin sociologique de sortir du stress engendré par la
densité et le dynamisme présent dans la ville construite. En
effet, «l'espace vert *...+ se présente comme la
contrepartie idéalisée des conditions de vie en milieu
urbain» (Merlin 2009 : 361). Le détachement mental de l'urbain
fonctionnel suppose un environnement vide ou inattendu ; c'est l'une des
particularités du monde végétal inséré dans
un contexte bâti que de créer des conjonctions fortuites. Plus
précisément, «le square et encore plus le parc sont des
espaces publics perçus comme des havres de paix et de liberté,
des refuges à l'abri des turbulences urbaines» (Boutefeu, 2005
: 8). Ils apportent «une réponse aisée à la
dualité calme-sécurité/risque, que recherche l'homme dans
son développement» (Merlin, 2009 : 361). Techniquement ce sont
les effets de protection contre le vent, le soleil, et l'accès à
une certaine intimité visuelle, qui l'explique. Psychologiquement,
l'effet de bulle protectrice, soit la moindre intensité
d'interactions humaines, offre une protection salvatrice dans des contextes
urbains où la densité des contacts entre individus est
fréquemment source de stress voire de mal-être. Les prises
urbaines entre un individu et un espace vert urbain sont d'un tout autre tenant
que celles qu'il peut explorer avec la ville minéralisée. Ainsi,
la ville bâtie, riche de structures, invite à développer
des chemins de pensée liant sa propre personne à la
société et à des pratiques
12
définies par l'essence même de ces structures. La
présence d'autres individus suppose, elle, l'échange verbal ou
visuel. A contrario, le rapport entre soi-même et le
règne végétal offre des prises urbaines
différentes, où la quiétude des lieux et la
simplicité de l'environnement aide à la réflexion, mais
également où l'appropriation potentielle de l'espace est
radicalement autre que dans le reste de la ville. Autrement dit, et pour
simplifier le raisonnement, ce sont les valeurs que promeut l'idée de
se mettre au vert que nous entendons ici comme fonction. Les champs
nécessaires à des analyses comprenant ces
phénomènes relèvent de compétences en sociologie et
en psychologie, que nous ne saurions aborder. L'analyse se veut
également efficace à des micro-échelles, sans exclure des
méthodologies comparatives. Ainsi ces premières fonctions des
espaces verts urbains invitent à une sélection rigoureuse
comprenant les plus petits d'entre eux.
Les équipements des parcs et squares induisent des
fonctions spécifiées. Théâtres des joutes
enfantines, les espaces verts urbains munis ce type de mobilier urbain sont
fréquents. Incontournables, les bancs permettent d'inviter le passant
à s'approprier les lieux autrement que par son passage. Bien que la
répartition des espaces verts urbains puisse être plus pertinente
en pondérant leur valeur d'après leur équipement utile, ce
travail de précision est irréalisable dans le cadre de
mémoire.
Une autre fonction des espaces verts urbains est d'aider
à la lisibilité de la ville. Les formes que peut prendre le
végétal lorsqu'il est regroupé sont parfois massives, en
raison de la hauteur, la largeur et de l'effet de couverture qui peuvent
être atteintes par un arbre. Au-delà de la fonction de
repère, ces véritables structures peuvent canaliser les usagers
de l'espace public. Ainsi, une paire d'arbre fait figure de symbole de
franchissement ; une voûte végétale inspire à
être franchie. Comme le souligne Lévy et Lussault (2007 : 528) :
«Le jardin, en effet, territorialise le parcours, la promenade, la
déambulation». Grâce à sa liberté de
mouvement, le piéton est le premier concerné par ces effets.
Quant aux transports motorisés, les alignements en bordure de route
peuvent donner l'impression de contenir ce flux et de libérer ainsi
l'espace alentours. Par espace vert urbain nous n'entendons pas de telles
structures puisque le sol n'est en principe pas en herbe mais bien
minéral. Néanmoins, il est relevable que plus la masse de
végétal regroupé est importante, plus son impact est grand
sur la lisibilité urbaine. Ainsi, cette fonction peut être
incorporée dans des analyses avec de grandes échelles de
travail.
Les déplacements de personnes sont un flux permettant
la fréquentation des espaces verts. Le sol de ces derniers
présente l'avantage de ne pas être aménagé pour la
mobilité polluante, qui lui ôterait une partie de son
caractère naturel, mais d'être présent en abondance et de
pouvoir être recouvert
13
de divers matériaux ne lui conférant pas moins
d'aspect végétal. Chemins de terre, d'écorces, de
graviers, cailloutés, sentiers à même la terre et
même bétonnages étroits permettent la déambulation.
À l'heure où les transports individuels motorisés sont
tentés d'être réduits au mieux, dans la plus grande partie
des projets urbains visant à augmenter la qualité de vie du
citoyen, les espaces verts offrent une alternative attractive. De par leur
capacité à contenir un flux de piétons, cyclistes et
autres modes de transports non polluants, ils sont devenus incontournable dans
la planification urbaine, ne serait-ce que pour la symbiose créée
avec la mobilité douce. Bien que des petites échelles de travail
puissent mieux rendre compte de l'accessibilité réelle des
espaces verts urbains, la surface totale par ville de ces derniers est un
indicateur déjà intéressant.
Jean Cabanel dans sa préface de l'urbanisme
végétal (Stefulesco, 1993 : 9), nous relate que les
«jardins, parcs, squares, ensembles
végétaux...constituent des éléments essentiels de
la qualité du champ de vie en ville, encore faut-il qu'ils soient bien
disposés, bien choisis et bien plantés pour créer des
volumes et des ambiances qui répondent aux aspirations des
habitants». En effet, si tous les espaces verts d'une ville sont
regroupés dans quelques quartiers, les autres portions de ville n'en
profitent pas. La surface totale des espaces verts urbains par métropole
ne suffit pas à décrire les répartitions intraurbaines de
la nature en ville. Le degré d'homogénéité de la
localisation des espaces verts est donc important. La création de
cartographies par métropole permet de l'estimer, il en découle
que les cartes créés doivent être suffisamment grandes pour
ce faire.
2.2 FONCTIONS PROPRES
Alors que maintes fonctions ont été
évoquées, celles-ci reposaient sur la fréquentation des
individus, elles étaient donc issues du rapport Homme-Nature. Les
espaces verts urbains ont la capacité de recouvrir d'autres fonctions,
portées uniquement par leur partie végétale.
Au XVIIème siècle, dans la création de
jardins à la française, l'alignement d'arbres taillés
d'une manière spécifique avait comme fonction de
«délimiter les chambres et cabinets de verdure»
(Stefulesco, 1993 : 46). La structuration de l'espace était née.
Une allée d'honneur de peupliers a, par exemple, une influence
considérable sur le champ visuel. La hauteur d'une telle forme d'espace
vert implique un effet loin à la ronde, dès lors il est
convainquant de soulever qu'alors que les alignements dans le vide
séparent l'espace, ceux de forte taille peuvent diviser le bâti.
En effet, «les lisières végétales fixent
les limites d'espaces» (Stefulesco, 1993 : 73), voici le premier des
effets structurant du végétal sur le bâti :
délimiter les lieux. Le bâti peut être scindé par
quartiers grâce à
14
une trame végétale faite d'alignements massifs
et élevés, dans le but de voiler le vis-à-vis. Nombre de
projets urbains actuels comportent fréquemment des tentatives de
liaisons végétales dans la ville, soit des trames vertes. Les
cheminements divisent l'espace ; leur végétalisation renforce cet
effet. Les maillages verts ont à terme la capacité de dessiner
les contours de quartiers entiers. Jean-Gilles Décosterd (2009b : 1)
avance aussi ces fonctions structurantes des espaces verts urbains, mais
à l'aide d'un vocable différent : «La nature urbaine est
docile pour souligner la ville, pour réciter poliment la grammaire
urbaine attendue ; elle est là pour amplifier les espaces majeurs de la
cité». Nous retenons de cette fonction que le maillage vert
est important, ce dernier est visible sur les cartographies attendues.
Les espaces verts sont également utilisés pour
relier des volumes espacés et éviter ainsi une rupture de
l'harmonique du bâti existant, meilleure lorsque les densités et
les hauteurs évoluent progressivement. Ils ont également une
fonction de transition entre différentes utilisation du sol. La limite
ville-campagne exprime complètement cette possibilité. Certaines
politiques durables privilégient un rapport abrupt aux portes de
l'urbanisation, définissant ainsi des limites marquées et
contenant au mieux l'urbanisation dans un périmètre le plus
restreint possible. D'autres politiques tout aussi préoccupés par
la préservation de l'environnement, prônent des transitions en
douceur entre le minéral et le végétal.
Décroissances des densités et des hauteurs, serres
maraîchères, parcs urbains et tours agricoles sont les solutions
avancées pour éviter une rupture indésirable. Dans tous
les cas, le végétal concourt à l'adoucissement des courbes
de densité et de hauteurs, pour autant qu'il soit dévolu à
cet objet. Caroline Stefulesco nous relatait il y a bientôt deux
décennies que «les végétaux mêmes
défoliés, constituent des volumes comparables aux structures
architecturales» (Stefulesco, 1993 : 70). La localisation des espaces
verts urbains aux marges urbaines est une information facile à obtenir,
par observation sur les cartographies des métropoles.
Autre fonction propre des espaces verts, la
biodiversité s'inscrit de plus en plus comme élément
définissant la conception des nouveaux espaces verts en ville. Selon
Kempeneers (2003 : 1) « préserver et développer la
biodiversité de la faune et de la flore, tel est le défi du
maillage vert ». Ce n'est pas la double rangée d'arbres
précédemment évoquée qui attire beaucoup
d'espèces animales. Certes, les jardinets sont
régulièrement appropriés par nombre de petits animaux et
d'insectes, mais leur cloisonnement ne permet pas non plus des les inclure dans
des maillages écologiques. Seuls les espaces verts et bleus soutiennent
ces réseaux, ainsi que les coulées vertes dont les largeurs ne
permettent pas toujours de les identifier comme espace vert urbain si l'on se
limite à la correspondance de ce terme pour les parcs et les squares. Se
rapprocher plutôt de l'état de forêt que
15
de celui de jardin fleuri est certes légitime aux yeux
de l'ingénieur forestier dont les principes durables actuels tendent par
exemple à laisser des amoncellements de bois morts traîner au sol
pour favoriser la biodiversité, mais la multiplication des essences
végétales est également un excellent programme pour
attirer une faune diversifiée. Ainsi les villes, habitées par une
population avec un besoin de nature, incite nombre de citadins à planter
des végétaux dans les jardinets, sur leurs toits, balcons et
rebords de fenêtre. Faisant fi du label local, ils privilégient
souvent l'originalité, achetant des espèces
non-endémiques, voir tropicales sous des latitudes bien
différentes. La faune se délecte de ces nouvelles essences, au
point de trouver dans des territoires urbains un habitat propice. La
biodiversité en ville est aujourd'hui mesurée et impressionne.
Notre travail peut appréhender ce phénomène d'une
manière multiple. Premièrement, la surface totale en espace vert
est une information utile. Deuxièmement, la séparation entre
espaces verts non-agricoles et agriculture intraurbaine est un apport
intéressant. Finalement, des maillages ou du moins des coulées
vertes peuvent apparaître lors de l'analyse des cartes.
Nous relevions quelques lignes en amont, la fonction d'ombrage
portée par la verdure élevée. Elle se révèle
avoir des impacts non seulement psychologiques sur les utilisateurs et
participe ainsi à des fonctions issues du rapport Homme-Nature, mais a
également des utilités propres. En effet, les espaces verts
urbains sont des régulateurs thermiques de premier ordre, parcs et
squares sont des armes de plus en plus utilisées contre la chaleur.
Cette dernière présente des pics estivaux bien plus
élevés dans les grandes villes que dans la campagne avoisinante,
l'on constate ainsi des îlots de chaleur massifs. En effet, il suffit de
comparer les températures officielles et mesurées à
l'ombre qui émanent des instituts météorologiques et
celles affichées ou ressenties sous un soleil d'été.
L'ombre devient rapidement une chose recherchée sous les basses
latitudes. Il en découle des aménagements spécifiques dans
les métropoles du Sud de l'Europe, motivées par la
finalité de rendre la rue fréquentable en tout temps.
D'après Boutefeu (2011 : 4), «des travaux montrent
également que les écarts de température entre un parc
urbain et ses environs vont de 1°C à 5°C»,
de 5 à 8°C selon Lefèbvre (2008 : 84). D'après
le même auteur, des réalisations impressionnantes eurent lieu
à Séville pour l'exposition universelle de 1982 démontrant
que la température est fortement abaissable lorsqu'espaces verts, eau et
technologie s'allient pour y parer. En Allemagne, Herbert Dreisetl
réussit actuellement à créer des espaces publics tout en
eau et en végétal de manière à ventiler des
quartiers entiers (Lefèbvre, 2008 : 77), par exemple dans le
désormais célèbre Vauban à Fribourg-en-Brisgau. A
Chicago, une directive impose d'équiper 50% des nouveaux toits de
manière végétale, deux tiers à Stuttgart, ces
méthodes provoquent un refroidissement par ventilation dans les rues
urbaines et rallongent de moitié la durée de vie de
l'étanchéité d'un toit. Finalement, les fonctions
16
dépolluantes des espaces verts urbains sont
évidentes. Différentes échelles de travail peuvent
être utilisées pour rendre compte de ces phénomènes.
Sans apport des conditions de température et des vents locaux, qui
serait trop fastidieux à obtenir, c'est
l'homogénéité de la répartition des espaces verts
urbains qui semble importante pour maximiser leurs fonctions climatiques. Cet
indicateur déjà souhaité doit donc être
développé.
2.3 FONCTION ÉCONOMIQUE : LE MARKETING URBAIN DES
ESPACES VERTS
Le niveau d'ouverture des marchés est aujourd'hui tel,
que des lieux toujours plus nombreux sont intégrés dans un
réseau mondial. La globalisation implique que la
spécificité des lieux est mise à mal, mais
également que l'offre en lieux devient de plus en plus variée
pour l'individu. Nous observons en tant que géographes que les villes
sont plus que jamais en concurrence dans l'objectif final d'attirer de nouveaux
revenus. Des classements de ces dernières sont édités
depuis une décennie, sans toutefois encore incorporer la dimension
écologique des cités. Ces dernière qui doivent se
distinguer de leurs homologues et comptent sur l'attractivité de leur
espace. Le marketing urbain ne s'arrête pas à l'érection de
bâtiments tous plus démarqués les uns des autres. En effet,
l'esthétique d'une métropole dépend également des
ambiances urbaines ou encore de la quantité et la qualité des
espaces verts. Hyde Park, le Bois de Boulogne, le Tierpark de Berlin, Central
Park ... voici autant de lieux inégalés et constitutifs d'un
patrimoine culturel, dont la réputation se veut mondiale. Les espaces
verts, suivant leur taille et leur forme sont à même de
régater parmi les phénomènes identitaires urbains
les plus importants.
Les pressions immobilières à l'oeuvre ne
permettent aujourd'hui que rarement de recréer de tels espaces de
végétation au coeur de la ville. Aujourd'hui, la croissance de la
ville englobe parfois des espaces verts naturels, devenus interstitiels ou
repoussent les limites de l'urbanisation vers de nouveaux espaces verts
extra-urbains. Le développement récent des métropoles
européennes nous apprend que la planification urbaine avec incorporation
d'espaces verts intraurbains, repose essentiellement sur la création de
quartiers durables ou éco-quartiers. Systématiquement inclus dans
ces projets, en grande partie par leur côté esthétique,
accessoirement par leurs effets structurants et écologiques, ils sont
également une vitrine, économiquement intéressante. En
effet, dans l'imaginaire collectif, les espaces verts sont l'expression visible
des projets écologiques menés en milieu urbain. Rem Koohlaas
soulève ce fait : «L'air, l'eau, le bois : tout est mis en
valeur pour
17
produire une hyper-écologie TM,
invoquée religieusement en vue d'un maximum de profit»
(Koohlaas, 2001 : 288). Ceci rend compte d'une situation qui
préside fréquemment à l'aménagement d'espaces verts
urbains, soit les finalités économiques de projets urbains. D'un
point de vue comparatifs, c'est par la présence ou non de parcs
réputés que l'analyse pourrait être intéressante.
Cela demande des connaissances précises pour chaque métropole, et
la constitution de monographies des espaces verts à chaque fois. Nous ne
nous y attelons pas.
2.4 LE BESOIN CHIFFRÉ EN ESPACES VERTS URBAINS
D'après Boutefeu (2007a : 1), «les
Français manifestent clairement leur quête de verdure d'autant
plus qu'ils vivent dans une grande ville». Nous rattachons ce fait au
besoin sociologique de sortir du stress engendré par la densité
et le dynamisme présent dans la ville construite, que nous
évoquions justement comme fonction des espaces verts urbains, issue de
leur fréquentation. D'une manière plus précise, il est
concevable que le besoin en espaces verts dépend de la densité
des villes, ou plus précisément des quartiers, voire des
parcelles résidentielles elles-mêmes.
Se basant sur une étude téléphonique
effectuée auprès de 305 habitants à Lyon en 2002 pour le
compte de la CERTU, Boutefeu (2005 : 1-3) avance que :
-Le temps de déplacement qu'un Lyonnais est prêt
à consacrer pour se rendre dans un square est de dix minutes ;
-L'équilibre piéton-voiture s'effectue aux
alentours de 2000 mètres ;
-Plus de 60% des sondés déclarent aller
régulièrement à la campagne, dont 18% tous les week-ends
et en toutes saisons ;
-Le square est sans conteste le type d'espace vert urbain le plus
apprécié et le plus fréquenté.
La ville de Lyon dispose de ces derniers, pourtant sa
population convoite le franchissement de la limite ville-campagne. Force est de
constater que l'aménagement d'espaces verts intraurbains peut
difficilement contrer ces pratiques spatiales. Dès lors, les formes de
villes polycentriques, ou multi-radiales sont plus à même de
répondre au besoin en espaces verts, puisque l'éloignement moyen
qu'elles supposent par rapport à la périphérie est moindre
que dans une cité radioconcentrique. Toutefois, la présence des
squares est louée. La ville idéale doit donc composer avec une
accessibilité facile à la campagne mais également disposer
d'espaces verts intraurbains plus travaillés que la
18
simple forêt ou le bois. C'est à ce prix que les
attraits résidentiels et de loisirs de la périphérie
peuvent être minimisés.
Boutefeu s'avance sur un autre axe hypothétique : les
jardinets. Selon lui, «on peut se demander si la petite taille des
logements n'a pas une responsabilité directe dans cette demande
d'espace, cette quête d'ouverture, de respiration, de vues lointaines et
dégagées» (2011 : 7). Ces différents besoins
sont réunis par la plupart des types d'espaces verts urbains, mais
également par le jardin individuel. Selon le chercheur
précité, «la présence d'un jardin demeure le
premier équipement public spontanément cité par les
personnes interrogées pour améliorer la qualité de vie en
ville» (Boutefeu, 2005 : 2). Les centres-villes denses n'offrent que
peu ce type de logement. Ainsi, le constat de Bochet (2005 : 59) est le suivant
: «Au nom de valeurs portées par l'écologie : besoin
d'enracinement, la relation à la nature, le souci du champ de vie, le
rejet de la ville encombrée et polluée, beaucoup de citadins ont
choisi de migrer à l'extérieur des villes».
La présence cumulée de jardinets, de squares
ainsi que de limites villes-campagne aisément accessibles
répondent difficilement de la ville durable. D'autres solutions
novatrices sont avancées pour amener la campagne dans l'urbain, à
l'instar de l'agriculture urbaine.
Cette dernière est convoitée pour sa
capacité à minimiser l'empreinte écologique des individus,
dont une bonne partie est due à l'importation de produits alimentaires.
La disponibilité de fruits et légumes locaux peut pour certaines
métropoles européennes avoir des effets importants sur la
réduction du CO2 par rapport aux traditionnelles vergers de l'Europe que
sont l'Afrique du Nord, l'Espagne et l'Italie. Les villes de moyenne latitude
sont les plus concernées, car climatiquement propices à produire
de l'alimentation, ce qui est plus compliqué à Stockholm ni
à Athènes par exemple. Il est indéniable que cette
ressource est inexploitée et que les systèmes novateurs de
contrats entre usagers et producteurs peuvent permettre la mise en place de
marchés de proximités efficaces, économiquement rentables,
écologiquement idéaux et socialement intéressants, en bref
durables. Toutefois ces pratiques ont des limites en termes de taille puisque
les millions d'habitants des métropoles d'Europe doivent ponctionner des
territoires plus éloignés pour satisfaire leur demande totale en
produits frais. La présence de champs dans l'urbanisation permet
d'aérer la ville du point de vue paysager, mieux que ne puisse le faire
un espace vert dense en végétation. Ainsi l'agriurbanisme peut
recouvrir d'autres fonctions que la simple production de vivres. Ce mode
d'utilisation du sol est également un traitement de limite
ville-campagne qui permet d'éviter la rupture parfois non souhaitable du
bâti à la forêt.
19
3 LA PROBLÉMATIQUE DES NIVEAUX
GÉOGRAPHIQUES EN EUROPE
Cette problématique est récurrente pour des
travaux comparatifs de niveau continental. Dans notre cas, des solutions
doivent être trouvées concernant la délimitation des
métropoles ; la question des la qualité des données se
pose également. Historiquement, ces sont les pays, régions et
communes qui définissent les niveaux géographiques
utilisés aujourd'hui, d'ailleurs toujours supports des instances
politiques. La commune peut être appelée différemment
suivant les pays européens, et différentes administrations
cohabitent parfois pour définir les niveaux régionaux. Ainsi en
France par exemple, les départements appartiennent à des
régions, niveau spatial inexistant en Suisse et en Roumanie par exemple.
Ces divisions perdent toujours plus de leur pertinence avec l'augmentation des
interactions entre unités territoriales, au point que l'analyse
géographique ne puisse plus s'en satisfaire pour rendre compte de
certains phénomènes.
Métropoles, mégapoles et mégalopoles
couvrent des niveaux géographiques plus fonctionnels que les
découpages politiques susmentionnés. Ils partent d'une commune
centrale, englobant ses premières couronnes et les communes qui s'y
trouvent, et suivant la définition recherchée, une partie des
zones périurbaines, voire d'autres centres et leurs vicissitudes. Comme
l'explique Denise Pumain, «l'agglomération est un champ
géographique plus pertinent que la commune pour étudier une ville
2».
Le concept d'agglomération permet des analyses
territoriales où des intensités de flux minimales
définissent les limites de ce découpage. Cette règle est
variable entre les différents pays d'Europe. La France et le Royaume-Uni
se base sur le principe de continuité du bâti à 200m, et
les pays nordiques utilisent des limites d'agglomérations qui
s'arrêtent à précisément la limite bâtie. Les
délimitations administratives existantes sont employées comme
justifiants chez les premiers, jamais chez les seconds. Les tentatives
d'harmonisation ou de mise au point d'échelles de
référence par l'Union Européenne ne sont pas toujours
applicables partout puisque les limites administratives répondent de
principes différents entre pays. En 2003, auteur d'une thèse sur
les formes des villes par télédétection, Marianne
Guérois relatait que «l'urgence est aujourd'hui de
développer des définitions comparables pour les aires urbaines
fonctionnelles» (2003 : 270). Bien que des tentatives aient
été
2 Définition de l'agglomération, sur
Hypergeo.
www.hypergeo.eu
20
effectuées par Eurostat depuis lors, la présente
étude a été démarrée en se basant sur un de
ces niveaux, les difficultés éprouvées lors de la mise en
comparaison des entités urbaines nous ont empêchées de
poursuivre ainsi.
Toujours est-il que bien que le concept d'agglomération
soit plus proche des pratiques spatiales des habitants d'aujourd'hui, que ne
l'est celui de commune, ses limites classiques à 200m sont bien courtes
pour rendre compte de ce fonctionnalisme. En effet, l'importance croissante de
la fréquentation des périphéries urbaines, supports de
fonctions toujours plus importantes invite à travailler des niveaux
géographiques plus élevés que l'agglomération sur
des questions d'accessibilité.
Afin de traiter de ces problématiques à la
spatialité dépassant les limites de la ville bâtie, a
été développé le concept d'aire urbaine. L'INSEE en
donne cette définition : «Une aire urbaine est un ensemble de
communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle
urbain, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne
périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant
un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par
celui-ci» 3.
Cette définition et surtout son application, comporte
des variations selon les pays. Les données aboutissant au 40% ne sont
elles-mêmes pas calculées de la même manière par tous
les pays, et certains assortissent d'autres contraintes pour appartenir
à la zone urbaine, notamment en termes de distance maximale. D'autres
pays emploient d'autres limites dans les rapports ville centre-communes
alentours et préfèrent le terme de pendularité, à
l'instar de la Suisse.
3.1 LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES
La classification de base adoptée par l'Union
Européenne et qui couvre l'ensemble de son territoire découpe le
territoire selon des principes économique, est la nomenclature des
unités territoriales pour les statistiques (NUTS en anglais). D'autres
études de grande ampleur ont été menées, qui ont
nécessités des découpages différents, à
l'instar de l'Urban Audit dont le but était d'obtenir des indicateurs
spatiaux comparables entre villes européennes de vingt-sept pays.
3.1.1 LE SYSTÈME NUTS
3 Voir
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/aire-urbaine.htm
Il présente trois principaux niveaux
géographiques, et les définit comme tels :
NUTS-1 Régions socio-économiques majeures ;
NUTS-2 Régions de base pour l'application des
politiques régionales ;
NUTS-3 Petites régions pour diagnostics
spécifiques.
Eurostat fournit l'image ci-contre, révélatrice de
la hiérarchie de ses découpages.

21
97 NUTS-1 existent, elles comportent 271 NUTS-2 avec 1303
NUTS-3 (au 31.12.2011). Des NUTS-4 et -5, représentant des quartiers
sont parfois évoqués dans la littérature, ils sont
aujourd'hui appelés LAU 1 et LAU 2 par Eurostat.
Figure 1 : Les trois niveaux géographiques principaux de
la NUTS. Source : Eurostat.
3.1.2 L'URBAN AUDIT : CONCEPT
321 villes d'Europe dans vingt-sept pays ont participé
à fournir des données pour ce projet démarré en
2003 et achevé en 2007. Des cités importantes n'y ont pas pris
part. Les fichiers disponibles en open data base contiennent plus de
250 indicateurs, exprimés annuellement.
Le découpage ne se base pas sur les NUTS, mais aboutit
dans certains cas au NUTS-34. En effet, des unités plus
fonctionnelles ont été privilégiées, se rapprochant
du concept d'agglomération. Les différentes pratiques nationales
ont provoqué une multiplication des découpages officiels, comme
le présente la figure 6 en page suivante, avec comme exemple la ville de
Londres.
4 C'est pleinement le cas pour les pays suivants :
Danemark, Allemagne, Espagne, Grèce, Italie.
22
Quatre niveaux cohabitent pour chaque ville. Les traductions
en français ne sont pas officielles, au contraire de celles en anglais.
Eurostat5 les définit ainsi :
? La ville-centre (core city) est l'unité
administrative pour laquelle des jeux de données complets sont
généralement disponibles. Seules des parties urbanisées
sont contenues dans le core city.
? La zone urbaine élargie (larger urban zone, LUZ) est
une approximation de la zone fonctionnelle urbaine, centrée autour de la
ville. De larges portions de territoires non-urbanisés entrent dans la
LUZ.
? Le district suburbain (sub-city district) est une
subdivision de la ville d'après des critères de population.
Formellement, ce sont des quartiers qui sont créés.
? The kernel (traduction difficile,
litt. la graine) a
été créé pour quelques villes-capitales où
le concept administratif ne fournit pas d'unités spatiales comparables.
Des portions de territoires non-urbanisés entrent dans le concept,
toutefois plus restreintes que dans la LUZ.

Figure 2 : Niveaux spatiaux de l'Urban Audit, exprimés
pour la ville de Londres. Source : Eurostat.
5 Voir :
http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page/portal/region_cities/city_urban/spatial_units.
23
Sur la base de la grande différence entre la
définition des limites des villes Londres et de Paris, l'Urban Audit a
créé une classe spéciale : Le Kernel. Il permet d'avoir
un Inner London comparable avec Paris Intra-Muros, et un Paris et
petite couronne a été créé pour être
comparable avec le Greater London. Ainsi, le Kernel est plus petit que le
niveau core city de Londres et plus grand que la municipalité de Paris.
Stockholm, Copenhague, Helsinki, Athènes, Genève et Lisbonne
bénéficient également d'un Kernel. Globalement, cette
mesure permet d'harmoniser les niveaux.
La zone urbaine élargie (LUZ) créée en
2004 par Eurostat et révisée en 2006 est le «
découpage phare » de l'Urban Audit, il a été
créé spécifiquement pour harmoniser le type de niveau
supérieur à la ville. Ce concept est proche de celui d'aire
urbaine, au sens de l'institut national de statistique français (INSEE).
En effet, il vise à représenter une entité fonctionnelle,
et se rapproche des régions fonctionnelles urbaines (FUR). Il se base
sur l'intensité des liens entre communes périphériques et
commune-centre et tend à utiliser les limites administratives
existantes6. Pour chaque ville, des fiches des différents
découpages d'Urban Audit existent. En annexe est fournie celle
consacrée à Stockholm. Nous remarquons que le niveau core city
(ici dénominé Urban Audit City) est très
restreint pour la capitale, alors que celui pour Uppsala, ville située
au Nord de la capitale, prend en compte un large espace autour de la ville,
quatre fois moins habitée que Stockholm. Les NUTS-3 et LAU 1 sont
responsables de cet état de fait. Quant à la LUZ de Stockholm,
elle englobe des îles inhabitées et de larges vicissitudes
forestières. Pour ces deux raisons, tant le niveau core city que la LUZ
ne sont pas opportuns pour traiter de la localisation des espaces verts
urbains. En effet, les problématiques recouvertes par cette
thématique sont bien plus importantes pour l'agglomération que
pour les aires périphériques, ou extra-urbaines. Le niveau
géographique Kernel a partiellement corrigé le problème
pour Stockholm entre autres.
La plupart des villes européennes comportent des
périmètres LUZ ou Kernel le cas échéant, et donc
les bases de données de l'Urban Audit, néanmoins des villes
importantes manquent. Dans certains pays, la LUZ est très vaste (Ecosse,
pays Nordique, Pologne, pays baltes, Chypre). Les différentes pratiques
nationales en matière de découpage apparaissent clairement.
Malgré la correction des Kernel pour quelques métropoles,
beaucoup de LUZ restent perfectibles.
3.1.3 L'URBAN AUDIT : TEST D'APPLICATION
Etant donné que les délimitations LUZ et city
core ont été utilisées pour créer les statistiques
de l'Urban Audit, il convient de savoir quelles informations sont disponibles
pour les métropoles
6 Chapitre inspiré de EUROSTAT, (2004 :11)
24
européennes. Nous avons testé les indicateurs
proposés susceptibles de nous intéresser pour les villes de
Milan, Rome, Zürich et Copenhague.
Dans le domaine environnement, et en ce qui concerne les
espaces verts urbains, la surface verte (proportion of the area in green
space) est une donnée disponible, que nous tentons justement
d'aborder dans ce mémoire. De tailles comparables, les villes de
Zürich et de Copenhague obtiennent des scores similaires pour la ville en
elle-même. Néanmoins, ceux de la zone urbaine élargie (LUZ)
sont 2.5 fois supérieurs pour la capitale danoise, alors que ceux de la
ville suisse sont proches de ce que compte comme espaces verts la ville-centre.
La définition des limites de la LUZ est clairement la raison de ces
différences. Les indicateurs à mettre en comparaison sont
land area of core city based on modelling et complémentairement
proportion of the morphological city area lying outiside the administrative
boundaries. Aucune donnée n'est entrée pour nos quatre
villes testées.
Nous savons qu'au Danemark, c'est uniquement l'espace
bâti qui est prise en compte pour créer les pourtours de la zone
urbaine élargie. L'Urban Audit nous donne un chiffre de 74% d'espaces
verts dans la LUZ de Copenhague, alors que ce sont des territoires
urbanisés qui sont censés y être incorporés. Un
Kernel existe pour Copenhague, mais ce niveau géographique n'est pas
proposé dans les résultats des requêtes du système
informatique d'Urban Audit.
Les données par quartier sont erronées pour
Copenhague avec un taux maximal d'espaces verts par quartier de 918%. Les
données de Milan sont tout aussi invraisemblables, avec une proportion
de 870% pour la ville-centre, il n'y a pas d'entrées pour les autres
découpages territoriaux. Les données pour Rome sont inexistantes
et globalement, 30% des données n'ont pas été saisies par
les villes7, Dans le 70% des autres communes qui ont
participé à la collecte pour cet indicateur, il faut compter avec
10% de chiffres dont l'exactitude paraît fausse à la simple
lecture. Il faut savoir que chaque office national de statistique a transmis
ses propres chiffres pour l'Urban Audit, appliquant sa propre
méthodologie et éventuelle sous-traitance envers les villes pour
les obtenir. Au vu de la marge d'interprétation dans la
définition d'un espace vert urbain, il aurait été
inacceptable de se baser sur les 60% de villes aux données disponibles
et apparemment acceptables. En effet, bien que le manuel méthodologique
de l'Urban Audit exclue les marais des espaces verts urbains (Eurostat, 2004 :
43), cela est non-exhaustif. Ainsi, les cimetières, zoo payants, talus
escarpés inaccessibles, tous arborisés, peuvent être
incorporés ou non dans les espaces verts urbains, avec des argumentaire
facilement élaborés, quelle que soit la méthodologie
suivie. Il existe un autre indicateur qui permet de se passer
7 Il apparaît que les territoires LUZ qui
correspondent parfaitement au NUTS 3 sont bien plus fournis en données
que les autres.
25
de ce dernier problème : Green space to which the
public has access. Malheureusement celui-ci comporte des données
vides pour presque toutes les villes testées.
Finalement, les découpages territoriaux d'Urban Audit
améliorent le concept NUTS en se basant sur des critères
fonctionnels, les niveaux géographiques permettent certainement des
analyses de qualité, néanmoins l'uniformisation est un
échec partiel. Le choix des indicateurs développés est
excellent, mais la méthodologie souffre d'un excès de confiance
envers les méthodes d'enquêtes des instituts nationaux de
statistiques et d'une absence de relecture des données entrées.
Tant les données que l'aboutissement des découpages d'Urban Audit
sont des exemples de taille qui démontrent les problèmes
concernant l'harmonisation des données géographiques en Europe,
une problématique récurrente.
26
4 LES ESPACES VERTS ENTRE VILLE DENSE ET
VILLE ÉTALÉE
Le débat sur la compacité de la ville est
fortement lié à l'implémentation d'espaces verts urbains.
Pour diminuer un coefficient d'utilisation du sol, trois options s'offrent
à l'aménagiste : Réduire la hauteur du bâti ;
l'espacer avec un revêtement minéral, soit des places et routes ;
ou encore l'espacer avec des espaces verts. D'autres possibilités
existent, mais elles sont marginales. Dès lors que des coulées
vertes sont projetées, la qualité de vie croît et la ville
s'étale. Comme le titrait Emmanuel Boutefeu (2011 : 2), un choix
s'opère entre ville dense et ville...verte.
Les partisans de la ville dense mettent en avant les
théories du développement durable, axées sur le
côté fonctionnel de la ville et son empreinte écologique.
Ainsi, la Commission européenne décrit depuis plus de vingt ans
la ville durable comme étant celle où les distances sont
minimisées, et l'étalement contenu8. En effet,
économiquement, l'étalement urbain entraine notamment un
surinvestissement dans les réseaux techniques, ce qui engendre un
accroissement de la fiscalité. Socialement, elle amplifie les divisions
sociales et augmente la ségrégation socio-spatiale.
Les défenseurs d'une ville étalée
rétorquent que la densité urbaine est l'expression d'une
nostalgie de la ville européenne du passé, qui ne prend pas en
compte les légitimes aspirations résidentielles actuelles, et la
reconnaissance des formes de ville qui en découlent, entre autres
nommée ville-émergente par Yves Chalas9. L'auteur
soutient que «l'espace éclaté de la ville
émergente correspond finalement un individu lui-même
éclaté dans ses désirs et ses identités»
(Chalas, 2000 : 125). Entre les lignes, c'est bien la contrainte sur les
préférences spatiales de l'individu qu'impose une politique
visant à la densité urbaine qui est décriée.
Les espaces verts urbains sont une utilisation du sol qui
présente un conflit d'intérêt marqué dans ce
débat. En effet, les habitants d'une ville dense compensent les effets
sociologiques nuisibles de la densité élevée par une
fréquentation assidue d'espaces verts éloignées, alors que
ces derniers pourraient être intégrés dans une ville plus
étalée et d'autant plus vivable. Une des réponses des
chercheurs favorables à l'urbain compact est exprimée par
Boutefeu (2007a : 8) : «Habiter aux abords d'un parc historique, dans
un logement avec vue imprenable sur le site, est un voeu hors de
8 Voir notamment : Commission Européenne,
1990 : Livre vert sur l'environnement urbain : Communication de la Commission
au Conseil et au
Parlement. COM(90) 456, octobre
1990.
9 Voir notamment : Chalas Yves, 2000 : L'invention de
la ville. Paris : Economica.
27
portée pour un ménage modeste».
Cela est symptomatique du libéralisme résidentiel qui impose
des injustices environnementales, et économiques avec des charges en
infrastructures conséquentes à supporter pour l'ensemble de la
société. En effet, l'étalement urbain par inclusion
d'espaces verts intraurbains profite aux investisseurs du marché
fonciers, aux locataires disposant d'un revenu approprié pour loger dans
leurs abords. Toutefois, l'espace public urbain est accessible - dans une
diverse mesure - pour l'ensemble de la société. Par ailleurs, le
mitage du territoire, symptôme de l'idéalisme pavillonnaire
états-unien, qui et à la base de nombre de problématiques
de gestion urbaine, peut être atténué lorsque les
propriétaires trouvent des terrains adjacents à des zones
végétalisées, plus proche de l'intérieur des aires
urbaines. De plus, «le prix des terres agricoles proches des villes,
bien inférieurs à celui des terrains situés en zone
urbaine, amplifient l'expansion urbaine» (Commission
européenne, 2006 : 17).
Des mesures politiques pour ponctionner ces effets ne
vont-elles pas reporter le problème à des distances encore plus
élevées des centres et séculariser une population
urbanophobe en quête de quiétude mais devant fréquenter
l'urbain pour des raisons économiques ? En contrecarrant les
identités, aspirations, appartenances et comportements des habitants par
des politiques de densifications trop « éco-ambitieuses
», la privation de liberté qui en découle peut être
plus problématique que les bénéfices environnementaux et
sociaux engendrés par de telles mesures. Selon Guérois (2003 :
50) reprenant Theys et Emelianoff10, ce «paradoxe tient
selon eux aux tensions internes au projet écologiste, partagé
entre un hédonisme individualiste et une défense plus collective
de la cité».
Synthétiquement, et avec un regard partant des espaces
verts urbains, il n'y a pas de théorie implacable en matière de
densification de la ville, toutefois le principe de villes compactes
apparaît comme une base éco-compatible peu discutable au vu des
dégradations de la qualité de vie urbaine engendrée par le
nouveau régime d'urbanisation ainsi que des défis prochains qui
attendent l'humanité ; «la ville durable se présente
comme une alternative à la ville émergente, à la ville
étalée née du déploiement du régime
métropolitain» (Da Cunha, 2010 : 33). C'est son
intensité et la manière dont il est appliqué au projet
territorial qui suscite encore débat. Il n'est pas de villes
idéales où la hauteur du bâti est infinie, les places
minérales absentes et les espaces verts urbains chassés de la
ville au nom d'une densité maximale.
10 Voir Theys J., Emelianoff C. (2001) « Les
contradictions de la ville durable », Le Débat, no 113,
pp. 122-135.
Dans ce mémoire nous croisons la surface en espaces
verts par métropoles avec les densités connues afin de voir s'ils
tendent vers l'étalement ou non. Il paraît également
intéressant de repérer si la localisation des espaces verts dont
agricoles est plutôt centrale ou périphérique, de
manière à traiter de l'étalement urbain récent et
non pas historique. En effet, les espaces verts urbains sont des « objets
» durables, nous entendons par là qu'une fois constitués,
leur place est fixée pour au moins plusieurs décennies, ou
parfois des siècles. Ainsi, leur âge moyen correspond parfois aux
dates de création du bâti, parfois à des mesures de
politiques urbaines passés, parfois au hasard de la croissance des
métropolitaines. Dans tous les cas, l'analyse comparative des espaces
verts doit s'accompagner d'une bonne compréhension des conditions dans
lesquelles ils ont été érigés.
5 REGIMES D'URBANISATION ET ESPACES VERTS URBAINS DANS
LES METROPOLES EUROPEENNES
Après avoir identifié définit l'objet du
travail de ce mémoire et les différentes problématiques
attenantes, la littérature existante nous permet également de
comprendre par quels mécanismes les espaces verts urbains ont pris place
dans la ville que nous fréquentons aujourd'hui. Cette étape est
indispensable à une bonne compréhension de la place de la nature
en ville, et donc, à la lecture des cartographies des métropoles
urbaines qui sont créés plus en aval de ce travail. L'apport de
végétation en ville est le résultat de longs processus,
son implantation est historique, et a de tout temps obéit à des
régimes d'urbanisation et des politiques urbaines. Par régime
d'urbanisation, il faut comprendre l'ensemble des modalités de
territorialisation qui structurent et forment un espace physique,
économique et social. Ce chapitre est structuré en trois grandes
périodes (chapitres 5.1 à 5.3), explorées avec un regard
porté sur la production d'espaces verts urbains. Finalement, la question
de la mondialisation des espaces est posée (chapitre 5.4) et la
politique communautaire européenne qui touche aux espaces verts urbains
est décrite (chapitre 5.5).
28
5.1 DE L'ANTIQUITÉ A LA RENAISSANCE : FASTES ET
CITÉS MILITAIRES
29
Alors qu'Athènes aurait contenu plus de 500'000
habitants au IVème siècle avant J-C, en l'an 0 Rome frôle
le million de citadins. Les plus grandes villes d'Europe durant
l'antiquité sont basées sur des plans en damier,
constitués des axes cardo et décumenus. Denses,
les différents quartiers sont fortement ségrégés,
à une heure où la classe sociale définit sa place dans la
société, et dans la ville. Cette dernière est
essentiellement minérale, et ronge les forêts alentours pour
utiliser le bois comme matériel de construction et de combustion. Alors
que la majorité des cités Antiques n'atteindraient pas
aujourd'hui le statut de villes, les centres de l'Empire Romain et de la
civilisation Grecque, qui concentrent le pouvoir et les fonctions, sont
gigantesques par rapport aux tissus urbains de l'époque.
Des invasions barbares mettent fin au génie
bâtisseur romain, maintes centralités sont abandonnées,
pillées ou détruites, par le feu et les guerres. Ainsi, au
moyen-âge l'urbanisme est basé sur la police du feu, visant
à minimiser les dégâts en cas d'incendie. Ces villes
médiévales sont avant tout fonctionnelles, ramassées sur
elles-mêmes, et basées sur un plan propice à la de
défense militaire. La densité n'empêche pas les jardinets
d'exister à l'intérieur des murailles, ils étaient pas
moins très estimés pour leur capacité à
créer l'autosuffisance de la population, nécessaire en cas de
siège. Exit les plans au mètre près des romains et grecs
de l'Antiquité, une certains anarchie règne. La densité
impose que «la végétation est rare *...+ les
arbres sont peu nombreux, mais ils sont majestueux» (Stefulesco, 1993
: 11). La ville en compte peu, ils ont une signification commémorative
dans la plupart des cas. Un autre point de verdure est présent, à
l'intérieur des habitations. Ces jardins familiaux,
«étaient de petite taille et revêtaient un
caractère souvent utilitaire» (Merlin, 2009 : 357). Les
ruelles ténues, particulièrement minérales se retrouvent
aujourd'hui dans les centres anciens des villes européennes,
créant des îlots d'habitations qui comprennent encore aujourd'hui
leurs patios.
5.2 DE LA RENAISSANCE AU XXÈME SIÈCLE :
CROISSANCE ET EMBELLISSEMENT
Dès la renaissance (1453-1610), l'esthétique
prend une place importante en urbanisme. «La ville s'ouvre sur
l'extérieur et l'arbre d'alignement prend une place très
importante» (Stefulesco, 1993 : 11). Ce constat est valable pour
certaines villes au développement continu et lors de longues
périodes sans menace militaire. Bien que les remparts restent de mise,
et la densité que cela impose soit également une constante,
à la fin de la Renaissance, les jardins commence à être
entretenu pour des raisons esthétiques, ils sont alors
fréquentés à des fins de loisirs par les classent
dominantes, au
30
point de «s'affirmer comme des lieux de vie
sociale» (Merlin, 2009 : 357). Bâtis accolés aux
murailles ou contigus aux villas des classes au pouvoir, les labyrinthes sont
des exemples qui expriment cette dualité.
Au XVIIème siècle, dans la création de
jardins à la française, l'alignement d'arbres taillés
d'une manière spécifique avait comme fonction de
«délimiter les chambres et cabinets de verdure»
(Stefulesco, 1993 : 46). Essaimant ses principes à la ville
entière, la structuration de l'espace était née. Une
allée d'honneur de peupliers a, par exemple, une influence
considérable sur le champ visuel. La hauteur d'une telle forme d'espace
vert implique un effet loin à la ronde, dès lors il est
convainquant de soulever qu'alors que les alignements dans le vide
séparent l'espace, ceux de forte taille peuvent diviser le bâti.
Le paradigme d'embellissement prend pleinement effet au XVIIIème
siècle, il applique les allées et autres concepts du jardin
classique au système de voirie, les effets de la
pénétration du soleil sur le territoire sont pensés de
concert avec le choix du type d'espace vert et même des essences.
Les premiers espaces verts que nous connaissons aujourd'hui -
nous entendons par cet adjectif, ouverts au public et support d'une
fréquentation à des fins récréatives - apparaissent
sous forme de ceintures vertes suite à l'obsolescence de murailles ;
certaines villes profitant de cet environnement pacifique s'étalent
extra-muros. De plus, selon Stefulesco (1993 : 13) le vocabulaire s'enrichit de
termes décrivant la forme des espaces verts urbains : Boulevards,
promenades, alignements, squares de proximité, jardin de loisirs, etc.
Conséquence de la consommation importante de bois durant les
périodes de croissance urbaine, plusieurs programmes de replantation
d'arbres ont essaimé l'histoire de nombre de pays. Des forêts ont
non seulement été élevées à proximité
des villes, mais encore la population urbaine était
récompensée lorsqu'elle participait à la
végétalisation de ses terres, y compris à
l'intérieur des murs de la ville.
Le XIXème siècle correspond au début
d'une croissance continue pour l'ensemble des villes occidentales, avec
notamment la révolution industrielle qui aimante les populations des
campagnes vers les villes. D'après (Pelletier, 1994 : 79), «ce
grossissement c'est traduit par une extension mal contrôlée en
l'absence de plans de développement cohérents, en tache d'huile
plus ou moins digités sur les voies de communications ferroviaires»
et «il en résulte une structure générale en
couronnes plus ou moins concentriques à partir du centre»
(1994 : 79). Après la révolution industrielle, Les
activités industrielles, vectrices d'une pollution urbaine intense, sont
considérées comme nuisibles et déplacées, il en
résulte des espaces en friche, qui seront massivement dévolu
à la création de grands parcs, sous l'impulsion d'une bourgeoisie
urbaine en quête d'une qualité de vie croissante. La
31
disposition de la majeure partie des espaces verts
intraurbains est dessinée, et explique en bonne partie leurs
localisations actuelles dans les centres des métropoles
européennes.
Le XIXème siècle correspond également
à un style plus pittoresque avec une mise en scène
paysagère est à son apogée, les champs visuels sont
travaillés et on recherche plus la diversité que les alignements
parfaits. La longévité des arbres étant limitée et
les infrastructures urbaines transformées, on ne retrouve guère
plus de ces compositions de nos jours, mais bien des surfaces restent
occupés par des parcs et squares.
5.3 XXÈME SIÈCLE : SUBURBANISATION ET
PÉRIURBANISATION
Avec le mouvement des cités-jardins lancé en
1898 par Howard à Londres, le XXème siècle, s'annonce
comme celui de la ville générique. Le projet de l'Anglais
relève alors de l'utopisme. D'après son schéma, la ville
est contenue, aux alentours de 30000 habitants et se présente comme une
alternative verte, alors que les centres et les banlieues industrielles
étaient très pollués en Europe de l'Ouest. Le concept de
base repose sur un poumon vert central et une ceinture verte agricole afin de
viser l'autosuffisance alimentaire, qui est par ailleurs appliquée
à l'industrie également, pour des raisons de loisirs des ouvriers
et d'aération. Ainsi, malgré les effets spatiaux des
différents régimes d'urbanisation, il devrait subsister des
parties de ces espaces verts urbains - alors périphériques -
répondant aujourd'hui aux besoins largement présentés
précédemment, et à des formes diverses. Toutefois il
s'agit d'un «urbanisme à coté de la ville ou hors de la
ville» (Corboz, 2001 : 201) qui ne vise pas à une refonte des
territoires urbains existants. D'après Merlin (2009 : 174), le
renouvellement sous diverses formes prend le cas des cités-jardins la
forme de New Towns anglaises réalisées dès 1946,
du plan Abercrombie du Grand Londres (1944) dont le but était de relier
des grands espaces verts urbains et de ceinture verte appliquée à
la capitale du Royaume (1938). A l'étranger, en France, on crée
des villes périphériques similaires mais qui s'écartent du
plan originel de Howard en matière d'autosuffisance et de
densité, le concept de ceintures vertes entourant les métropoles
est largement repris en Europe.
Durant l'entre deux guerre, W.Gropius applique le remplissage
de l'espace non-bâti par le végétal. Dit mouvement
moderne, en relation avec la période architecturale du XXème
siècle, il consiste à définir un ordre de priorité.
Les immeubles et la voirie sont une base et le reste de l'espace peut
être dévolu aux espaces verts. Merlin et Choay (2009 : 358) nous
décrivent un cas typique : «la cité ouvrière de
Siemenstadt à Berlin ne connaît, ainsi, hors du logement, que la
coursive de chaque étage
32
et le parc au-dehors». En effet, ce sont
fréquemment des immeubles hauts, avec peu de balcons, rassemblés
autour d'un grand parc qui ont été érigés.
Parallèlement, des espaces militaires sont rendus à la nature un
peu partout en Europe.
Avec la libération de temps pour les loisirs, le
développement des systèmes de transports individuels, collectifs
et les technologies de l'information, la montée en puissance de la
motilité et de la mobilité individuelle a élargi le
territoire référent de la qualité de vie d'un habitat.
Nous entendons par là que la fréquentation de lieux toujours plus
éloignés est devenue possible, augmentant l'aire de chalandise
des espaces verts urbains. D'après Bochet (2005 : 56),
«dès la fin des années 1960, on passe d'un régime
suburbain extensif à un régime périurbain
extensif». En effet, «au niveau local, le nouveau
régime d'urbanisation se définit par des processus complexes et
souvent synchrones d'étalement du champ bâti, de desserrement
sélectif de la population ou de certains équipements et
activités» (Bochet, 2005 : 55). A la fin des trente
glorieuses, la notion d'écologie vient s'intégrer à la
planification urbaine «qui organise dans les esprits et dans la
culture ce passage de la nature comme paysage à celui de nature comme
environnement *...+ la position l'homme s'y redéfinit»
(Décosterd, 2009a : 2) et ce que François Ascher qualifie de
troisième phase du développement de l'urbain «nous
ramène du capitalisme industriel au capitalisme cognitif, de la
société de production de masse à la société
de consommation de masse, de la ville à l'urbanisation
généralisée de l'ère métropolitaine»
(Da Cunha, 2010 : 7).
Du point de vue des espaces verts, l'étalement urbain
engendre des problèmes plus globaux que la consommation de terres
viaires, en effet les régimes de mobilités évoluent et
confèrent de nouvelles fonctions à de nouveaux espaces. En effet,
la périphérie verte est régulièrement
accaparés par les habitants de la ville-centre pour satisfaire leurs
besoins récréatifs et sportifs, la limite ville-campagne devient
ainsi moins nette.
Trouvant ses origines dans le même
phénomène, la spécialisation des espaces
périphériques a partiellement relégué les espaces
verts intraurbains à un rang moins élevé, depuis plusieurs
décennies. En effet, effet principal du dernier rythme d'urbanisation,
«certains services se sont largement exurbanisés ou tout au
moins se sont (ré)installés dans les espaces
périphériques» (Merenne-Schoumaker, 1993 : 133). Ainsi,
se forment des espaces urbanisés de plus en plus étalés,
hétérogènes et fragmentés (Ascher, 1995), que
Bochet (2005 : 55) dénomine «nébuleuse de
centralités secondaires j...] sans véritable limite».
Entourant ces fragments, des espaces verts sont devenus adjacents à ces
nouvelles centralités émergentes. La dilution des fonctions
urbaines, dont celle d'habiter, à des distances toujours plus
élevée du centre, couplée à la faible
accessibilité en
33
transports publics de ces lieux distants les uns des autres,
engendrent une saturation des infrastructures routières,
caractère fortement problématique éprouvé par
nombre de métropoles européennes.
Exprimant ce phénomène de manière encore
plus directe, les centres de loisirs, équipement sportifs et aires de
pique-nique se développent également de plus en plus aux portes
de l'urbanisation des métropoles, augmentation la fonctionnalité
des nouveaux espaces verts adjacents, jusqu'à alors faible, car non
équipés en infrastructure (cheminements, bancs, parkings,
couverts, entretien). Cette concurrence envers les parcs et squares, diminue
de facto l'attractivité de ces derniers, et participe
lui-même du processus de périurbanisation. Ce qui est valable pour
l'offre en espaces verts l'est tout autant pour le logement et les emplois. En
effet, leur «redéploiement en périphérie a
conduit à faire baisser l'attractivité du centre ville, ce qui
à son tour a favorisé le déplacement de la population vers
la périphérie» (Bochet 2005 : 58), ce constat
exprimé par Wiel11 en 1999 a des implications sociologiques
importantes. L'augmentation des déconnexions spatiales s'accompagne de
différences grandissantes des valeurs du terrain et des loyers
pratiqués, ainsi que du niveau d'accessibilité entre habitat,
services et loisirs, ce qui provoque une ségrégation spatiale
montante. Cette injustice environnementale tend à être moins
significative avec le fort renouvellement urbain que les centres de villes
connaissent depuis quelques années. En effet, un retour des habitants et
emplois est constaté dans les centres villes (Rérat, 2010,
chapitre 4.1). De facto, cela suppose que l'attrait des espaces verts
intraurbains augmente dans les années à venir.
Globalement, le nouveau régime d'urbanisation extensif
implique une «déprise démographique des centres urbains qui
se poursuit depuis trois décennies, alors que les couronnes suburbaines
et périurbaines enregistrent des taux de croissance positifs de leurs
couronnes» (Bochet, 2003 : 61). D'après l'évolution de leurs
populations, les métropoles européennes sont
particulièrement touchées par ce phénomène.
5.4 VERS UN UNIVERSALISME DANS LA CRÉATION D'ESPACES
VERTS URBAINS ?
Actuellement, les villes nouvelles sont écologiques et
«la végétation est intégrée à
toutes les composantes de la ville» (Merlin, 2009 : 358). Les
problèmes urbains sont fréquemment similaires
11 Voir Wiel Marc (1999), La transition urbain ou
le passage de la ville pédestre à la ville motorisée,
Sprimont, Mardaga.
34
entre les grandes villes européennes. Mobilité,
pollution, esthétique et ambiance urbaine constituent des
thématiques importantes de la politique urbaine. Les espaces verts
jouent un rôle considérable dans la politique urbaine durable, de
par leurs capacités à favoriser la mobilité douce,
réduire la pollution, esthétiser et structurer l'espace,
créer des ambiances et jouer un rôle dans la
biodiversité.
L'urbanisme végétal permet de répondre
à bien des maux urbains, d'ailleurs il est en Europe au moins, une
déclinaison obligée de l'espace urbain, et aucun projet important
ne saurait se passer d'un volet paysager et jardinatoire»
(Lévy et Lussault, 2003 : 528). Cet élan vert propose une
image et des vertus très seyantes, qui occultent un fait majeur, en
effet, «l'accroissement des surfaces urbanisées participe au
recul des milieux naturels et à l'effacement progressif des paysages
ruraux à la périphérie des villes» (Boutefeu,
2007c : 1). Ainsi prend place le débat qui oppose le modèle de
ville compacte à celui de ville étalée, que nous avons
précédemment évoqué. Le nouveau paradigme
d'intégration des espaces verts urbains extra-urbain dans l'offre en
espaces verts des villes est également source d'un nouveau mal urbain
commun aux métropoles. En effet, « le marginal urbain, l'exclu,
c'est aujourd'hui l'être bloqué, l'être incapable de se
mouvoir très loin ou régulièrement. C'est celui ou celle,
qui n'est pas en mesure de vivre comme tout le monde les formes de travail, les
modes de consommation, les pratiques de loisirs ou de rencontre avec autrui
qu'implique la circulation généralisée» (Chalas,
2000 : 107) nous dit le chercheur français, repris par Donzelot
(200412) qui parle de ville à trois vitesses. Le niveau de
réalité porté par ces constats pessimistes dépend
certainement des formes de ville des métropoles, des densités
présentes et des modes de vie des habitants, en termes de pratiques
spatiales et de besoin en surface de logement notamment.
Les transports publics ont la capacité de
réduire les différents d'accessibilité entre les portions
du territoire, or atteindre la limite ville-campagne par de tels moyens
s'avère onéreux, et peu rentable pour les transporteurs. Les
coûts d'infrastructures laissent penser que l'accès aux espaces
verts extra-urbains reste un privilège, et donc une source d'une
injustice sociale. A nouveau, il est vraisemblable que la forme des villes et
les pratiques spatiales des habitants fassent varier l'injustice réelle
ou constatée entre métropoles d'Europe. D'après
Guérois (2003 : 44), «on observe assez nettement, à
travers l'évolution des formes urbaines citées en
référence, un glissement progressif du modèle
`idéal' vers une structure urbaine de type polycentrique».
Dès lors, l'accessibilité aux espaces verts des habitants des
métropoles européennes tendraient à s'uniformiser, du
moins pour celles qui étaient l'objet de la constatation de Marianne
Guérois, à savoir Amsterdam (Randstadt), Münich et
12 Voir Donzelot Jacques, 2004, « La ville
à trois vitesses : relégation, périurbanisation,
gentrification.
http://www.esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=7903.
Consulté le 9 mai 2011.
35
Londres. Le basculement vers cette forme durable de la ville
est un mouvement certes en marche mais qui prend appui sur des villes aux
formes très différente et ne déploie apparemment pas
encore d'effets assez puissants pour en modifier la structure
antérieure.
De plus, «les tendances très
homogénéisatrices des dernières décennies j...] ne
sauraient occulter les réinventions régionales permanentes qui se
sont faites, et dont les densités urbaines sont un des
révélateurs. Pour très longtemps encore, la relation
à la densité urbaine demeurera différente selon les
cultures, conservant cette diversité des modèles urbains qui est,
sans doute, une des chances du territoire européen» (Berroir
et al., 1995 : 23). Le renforcement constant des contraintes apportées
par la politique européenne en matière d'aménagement du
territoire suppose également une augmentation des inadéquations
avec la particularité des environnements urbains, ce d'autant plus que
des pays aux formes héritées toujours plus diverses viennent
à se joindre à la communauté européenne.
Malgré les fortes divergences théoriques et les problèmes
locaux qui accompagnent la planification urbaine aujourd'hui, les technologies
de l'information et de la communication permettent aux décideurs
politiques d'être au courant des pratiques internationales en
matière de création d'espaces verts ; dès lors il est
probable que des solutions urbanistiques particulières puissent
être également plus facilement trouvées. Paradoxalement, de
nos jours, et Sandrine Berroir l'exprime pleinement, il ne semble pas y avoir
d'universalisme théorique autour de la manière de concevoir le
vert en ville en Europe, et ce malgré la politique les recommandations
de l'Union et le renforcement des réseaux de connaissance entre acteurs
de la politique urbaine.
Finalement, ce passage à travers le temps est
synthétisé par ce constat : «Les sociétés
édifient les états de nature qui correspondent à leurs
schèmes culturels et à leurs logiques sociales à un moment
historique donné» (Lévy et Lussault, 2003 : 655). En
effet l'influence des besoins urbains a dicté le choix de la forme des
espaces verts. Le jardin est, d'après Lévy et Lussault (2003 :
528) «chargé de signifier la nature en ville, et plusieurs
courants de l'urbanisme lui ont confié des rôles
déterminants».
36
5.5 POLITIQUE COMMUNAUTAIRE EUROPÉENNE
Parmi les principes directeurs pour le développement
territorial durable du continent européen, nous en retenons trois qui
sont liés aux espaces verts urbains.
? Un développement de forme polycentrique qui est
souhaité ; ? les espaces interstitiels doivent être intelligemment
utilisé ; ? la surface d'espaces verts par habitants doit augmenter.
Prôner le polycentrisme s'allie parfaitement avec la
création de parcs et squares pour un aménagiste. Si par espaces
interstitiels, l'on entend des programmes de complétude architecturale
dans les limites du bâti actuel, il en va de même. Si l'utilisation
des interstices urbains est appliquée aux poches libres d'urbanisation
à l'échelle métropolitaine, c'est un développement
anti-polycentrique qui se met en place, et des espaces antérieurement
souvent verts (forêts, bois) qui disparaissent. Ce fait ne diminue pas la
surface d'espaces verts par habitants théorique puisque Eurostat la
calcule avec un recensement des parcs, squares et jardins urbains uniquement.
Par contre, l'offre réelle en espaces verts, s'en voit largement
affectés, ce d'autant plus que l'on a tendance à
développer ces zones de manière plus intense lorsqu'elle est sont
centrales, et donc hautement accessibles. Dans le contexte des
métropoles européennes, des villes présentent des formes
urbaines très, partiellement ou peu polycentriques, des espaces
interstitiels nombreux ou rares, et des quantités de surfaces vertes par
habitants radicalement différentes.
Finalement, un parallèle étroit peut être
fait avec l'analyse de Bernadette Merenne-Schoumaker (1996 :135) quant à
la répartition de la localisation des services publics, «qui
est rarement le résultat d'une planification systématique et
s'explique davantage par le poids des contingences particulières
historiques, politiques, de contraintes de sites».
5.6 QUESTIONNEMENTS RELATIFS A L'ÉTUDE COMPARATIVE
DES ESPACES VERTS URBAINS DANS MÉTROPOLES EUROPÉENNES.
La littérature a permis de ventiler la simple
présence d'espaces verts en diverses fonctions sociologiques et
environnementales, malgré le fort lien qu'elles peuvent entretenir entre
elles. Il a été démontré que bien des analyses
peuvent être faites sur la base d'une échelle
métropolitaine.
37
Différents indicateurs sont d'ailleurs
plébiscités. Les rythmes d'urbanisation sont à même
d'offrir un champ à la compréhension de la place actuelle des
espaces verts urbains dans les métropoles européennes.
Alors que l'on observe que des poches de nature sont
englobées dans la ville croissante d'aujourd'hui, la question du lien
entre accessibilité aux espaces verts forme des métropoles
européennes est ouverte. L'absence d'espaces verts urbains historiques
dans les couronnes urbaine, relève-t-il d'un problème
d'accessibilité pour les habitants de ces dernières ? Nous
pouvons supposer que dans les cas de villes de formes radioconcentriques ou
compactes, c'est l'extra-urbain qui est le support référent
d'espace vert pour les résidents, et que cela suppose un
déplacement plus long que dans leurs consoeurs multi-radiales.
Les cités de forme polycentriques englobent plus
d'espaces non-urbanisés dans leurs limites, et permettent ainsi un autre
accès à la nature pour les habitants décentrés des
métropoles, reste à savoir le type d'espace que cela suppose, les
champs agricoles n'étant le support que peu de peu d'activités en
comparaison des aires forestières.
Par ailleurs, la place de l'agriurbanisme dans de telles
structures est méconnue, des constats sont nécessaire pour juger
de la pertinence de ce mode d'utilisation du sol.
Des directives de politique communautaire voient le jour en
Europe, qu'en est-il de l'adaptation de ces mesures par rapport aux
particularismes locaux, en premier lieu la forme des villes ?
Bernadette Mérenne-Schoumaker nous indique (1993 : 133)
que «certains services se sont largement exurbanisés ou tout au
moins se sont (ré)installés dans les espaces
périphériques». Ayant pris acte de l'attrait massif des
citadins pour la limite ville-campagne, nous pouvons partir du postulat que les
espaces verts sont un tel service. Les nouvelles formes urbaines, plus
étalées, hétérogènes et fragmentées
(Ascher, 1995), que Bochet (2005 : 55) dénomine
«nébuleuse de centralités secondaires j...] sans
véritable limite», participent-ils de ces flux dont les
conséquences sont si problématiques ?
D'après Guérois (2003 : 44), «on
observe assez nettement, à travers l'évolution des formes
urbaines citées en référence, un glissement progressif du
modèle `idéal' vers une structure urbaine de type
polycentrique», ainsi entourant ces fragments bâtis, des
espaces verts devenus adjacents à ces nouvelles centralités
émergentes ne permettent-ils pas d'éviter une fuite encore plus
lointaine du citadin devenu urbanophobe ? Dès lors, émerge
l'hypothèse d'une amélioration de l'accessibilité aux
espaces verts urbains dans les métropoles européennes. La
disponibilité par habitant en surface
38
verte, dans un cadre bâti fonctionnel, est un indicateur
qui permettrait d'apporter sa pierre à l'ébauche d'une
réponse. Alors que les nouveaux espaces verts, interstitiels, sont peu
équipes en mobilier urbain, ils répondent pourtant d'un besoin
d'un nombre élevé de citadins. Le modèle dominant de parcs
et de squares ne suffit-il plus à la qualité de vie urbaine ?
Ce sont autant de questions qui sont ouvertes et qui demandent
de repenser la localisation des espaces verts urbaines dans les grandes villes
d'Europe.
39
- DEUXIÈME PARTIE -
CONSIDÉRER LA PLACE DES ESPACES
VERTS URBAINS DANS LES MÉTROPOLES
EUROPÉENNES : METHODOLOGIE
40
1 DÉFINITION DU CADRE ANALYTIQUE
«Comme tout problème de localisation, celui des
services est d'abord largement dépendant de l'échelle d'analyse :
internationale, nationale, régionale ou locale. Il est ensuite fortement
corrélé à la distribution des villes et à leur
configuration spatiale interne, car les liens entre villes et services ont
toujours été étroits. L'étude de la localisation
des services doit, dès lors, être menée à deux
grands niveaux, dont l'interurbain, c'est-à-dire au sein même des
agglomérations urbaines». Ainsi est la vision de
Mérenne-Schoumaker (1999 : 37) quant à la manière de
traiter la problématique qui nous intéresse : un service urbain
qui a tendance à s'exporter à la périphérie de la
ville.
Dans ce cadre, toutes les questions soulevées à
la fin de la partie précédente, peuvent trouver un début
de réponse dans la phrase suivante :
« Quels sont les liens entre la forme des espaces verts
urbains et les types de métropoles sur lesquelles ils reposent ?
»
En découle, plusieurs questions de recherche qui
trouvent leur place dans un processus aboutissant à l'analyse
cartographique des espaces verts urbains des métropoles
européennes.
1. Quelle est la répartition spatiale des espaces
verts urbains de grande taille dans les métropoles européennes ?
En termes de localisation (approche systémique) et en termes
d'accessibilité ?
2. Sur la base de l'offre et de la demande, et dans un champ
durabiliste, quelles lacunes en surfaces d'espaces verts urbains de grande
taille peut-on identifier dans les métropoles européennes ?
3. Quelles délimitations spatiales permettent les
analyses les plus efficaces lorsque l'on s'intéresse aux
métropoles européennes ?
4. Quelle est l'importance des politiques nationales dans la
création d'espaces verts urbains, par rapport aux directives de la
politique communautaire ? Un universalisme des formes des métropoles
urbaines est-il en marche ?
41
L'objectif principal de ce mémoire est d'apporter une
contribution utile à la réflexion sur la place des espaces verts
urbains dans les métropoles européennes.
Des approches quantitatives sont favorisées pour avoir
des bases de réflexions solides, tel que le ferait un diagnostic
territorial dans le champ d'un projet urbain. Aujourd'hui beaucoup de
tentatives de chiffrer l'emprise au sol du végétal en ville ont
été faites, les statistiques dans le domaine sont de mauvaise
qualité, elles souffrent de multiples problèmes, dont le plus
récurrent est l'absence de méthodes unifiées entre pays
européens en charge de la collecte de données, mais
également entre villes d'un même pays, à qui ce devoir est
fréquemment transmis par les instances européennes. Ainsi, un
objectif trouve sa place dans la présente étude, il s'agit
d'établir un système d'indicateurs pour les espaces verts
urbains des métropoles. Ces derniers peuvent par ailleurs
pleinement être incorporés dans une typologie des
métropoles européennes.
De par le recensement des espaces verts urbains qui est
nécessaire aux calculs de localisation, nous sommes parfaitement
à même de décrire l'offre en espaces verts urbains des
métropoles européennes qui seront
sélectionnés. Une analyse comparée doit en
être faite, assortie des indicateurs classiques pour la géographie
spatiale à ces échelles. Pragmatiquement, la comparaison entre
offre et demande de végétal en ville ciblé sur des
métropoles européennes aux formes diverses, nous permet
d'étayer des constatations sur des éventuelles lacunes en
surfaces vertes dans les métropoles.
Plus en amont dans le processus méthodologique
aboutissant aux cartographies des espaces verts urbains, un travail de
définition des contours des métropoles est inéluctable.
L'objectif est ici d'arriver à trouver une unité territoriale
pertinente dans pour l'analyse macroscopique des espaces verts urbains des
métropoles.
Comme le reprenait Lajoie (2007 :130) des mots de
Brunet13 «la pratique sociale façonne l'espace» et
l'on peut «partir de l'espace pour se poser de bonnes questions, et
même des questions sociales». Ainsi notre approche par les espaces
verts de formes de métropoles d'Europe peut de par son
originalité alimenter le débat entre ville dense et ville
étalée, plus précisément celui sur la qualification
de la densité.
13 Voir Brunet Roger (1986), La géographie dite
sociale : fonctions et valeurs de la distinction, L'espace
géographique, no. 2, pp.127-130.
42
Les conditions de création d'espaces verts urbains font
partie du processus d'urbanisation des villes, à l'instar d'autres
espaces ou équipements. Les rythmes d'urbanisations ont de tout temps
jugulé l'existence de nouveaux terrains verts en ville, en fonction des
besoins alimentaires pour la subsistance de ses habitants,
récréatifs pour d'autres ou, plus récemment,
environnementaux pour ponctionner la pollution urbaine ou encore favoriser la
biodiversité. La mise en réseau des connaissances pose la
question du niveau de globalisation des systèmes d'espaces verts
urbains, et la concurrence grandissante entre cités d'Europe
soulève celle de l'existence d'une différenciation volontaire des
manières d'aménager la nature en ville. Ces effets sont
mesurables par des analyses dynamiques et à des échelles allant
de l'aire métropolitaine à celle du quartier, notre
méthodologie peut quant à elle présenter un
état récent de la diversité des systèmes d'espaces
verts urbains, et les mettre en relations avec des indicateurs
géographiques classiques.

Les espaces verts urbains sont un cas particulier de service
se situant en partie dans l'espace périphérique des villes.
Dès lors que la limite de l'urbanisation est franchie, nous
pénétrons dans l'espace extra-urbain. Celui peut se prolonger
ad eternam et il est raisonnable de penser que ses parties les plus
proches de la ville-centre sont celles qui sont en moyenne les plus
fréquentées. Ceci suppose également que
différencier les portions de l'espace extra-urbain n'apporte que peu
à l'analyse de l'offre en espaces verts d'une métropole,
puisqu'au-delà du champ bâti émerge un « tout »,
qui a la propriété d'être contigu. Ce n'est plus le cas des
poches d'espaces verts englobées dans l'urbanisation. Identifier la
limite du bâti à partir des centres des métropoles est
capital pour l'analyse des formes de ville sur la base des espaces verts.
Différents limites existent et différentes techniques de
délimitation aussi. Pour ce mémoire, nous apprécions la
définition de l'agglomération selon une continuité du
bâti. Les concepts mixtes existants, sur la base de la pendularité
ou de la dépendance économique par exemple sont trop complexes
à mettre en oeuvre pour une analyse internationale. Le découpage
NUTS n'est pas idéal puisqu'il souffre de sa dépendance par
rapport aux unités administratives, l'aire urbaine de l'INSEE est trop
vaste, de même que
l'étendue de la LUZ ou de celle du Kernel. Figure 3.
Kernel et continuité du bâti, cas du
quartier de Biggin Hill, au Sud de Londres. Échelle 1 :
140'000. Fond de carte : Google Earth.
43
En effet, la vue satellitale ci-contre, à
l'échelle 1 : 100'000 au sud de Londres, présente le
découpage Kernel, l'urbanisation est grisée, les espaces verts
sont recolorés. Nous pouvons constater que le niveau Kernel ne
correspond pas à une délimitation d'après la
continuité du bâti. Il comprend sur presque la totalité de
sa bordure interne, entre 1.5 et 8 kilomètres d'espaces verts. Nous
apercevons que ces espaces, que nous définissons comme des espaces verts
externes, sont de type agricole pour la plupart, avec des petites aires
forestières. La figure comprend une poche de bâti situé
dans les espaces verts externes à la ville compacte (soit au-delà
de la continuité urbaine), ce quartier satellite ne fait donc pas partie
de notre délimitation. Rappelons que les problématiques
d'accessibilité des espaces verts ne concernant que peu les quartiers
satellites pris dans des espaces verts urbains externes et que nos analyses ne
souffrent que peu de leur non-prise en compte.
Quant au niveau core city, il se limite aux
délimitations administratives des villes-centres et n'inclut pas
d'autres villes adjacentes, quand bien même l'urbanisation est continue
entre les deux communes.
La délimitation des agglomérations selon
Moriconi-Ebrard effectué en 1994 est une source de grande
qualité, elle a été effectuée avec un principe de
continuité du bâti à 200m, ce qui est globalement
accepté comme étant relativement fonctionnel. Néanmoins,
dix-sept ans se sont écoulés depuis la définition de ces
aires. Notre problématique étant les espaces verts urbains, les
pressions qu'ils ont pu ressentir durant cette période sont trop fortes,
au vu des vitesses d'urbanisation actuelles, pour se baser sur ce
découpage. De plus, deux constats relevés plus en amont de ce
rapport nous indiquent que la limite de 200m est moins pertinente que d'autres.
En effet, et premièrement les besoins de nature éloignée
pour les loisirs supposent que la distance choisie pour délimiter les
zones urbaines soit plus grande, de sorte que la sortie volontaire et
nécessaire de la ville soit mieux représentée, ainsi un
principe de continuité à 400m est jugé opportun. A
l'inverse, et deuxièmement, le fort penchant des Parisiens pour le
square nous indique que la micro-échelle est plus apte à rendre
compte des problématiques liées aux espaces verts urbains.
Néanmoins à cette échelle, il est très difficile de
considérer autant ceux de petites tailles que les grands espaces
extra-urbains.
Ainsi, puisqu'aucun découpage recensé pour
l'Europe n'est idéal dans l'appréciation des espaces verts d'une
métropole, nous définissons nos propres délimitations
territoriales, qui doivent porter un nom. La définition du champ
urbain de Denise Pumain, nous convient particulièrement bien. Il
s'agit «d'une évaluation de la forme prise par l'influence de
la ville sur sa région environnante, une structuration de l'espace
géographique par les villes» (Pumain et al., 2006 : 48) soit
«une structure spatiale faite d'un ensemble de valeurs
décroissantes allant du centre de la ville vers la
périphérie»
(Pumain et al., 2006 : 48). Différentes
considérations sont évoquées comme étant possible
par pour créer un champ urbain, dont bien sûr le principe de
délimitation du bâti.
Les données au 1 : 100'000 nous permettent d'identifier
à l'oeil nu et sans zoom, ce qui serait très fastidieux, des
limites du bâti à 400m près au maximum, ce qui est
fonctionnellement raisonnable sans être idéal. Bien que la
continuité à 200m soit une moyenne appréciable dans la
considération de tous les espaces verts urbains, nous relevions que plus
de la moitié des déplacements sont dus aux loisirs en direction
de la périphérie. Dès lors, il nous semble
également intéressant de travailler sur des délimitations
à 400m. Par ailleurs, ceci est inédit, et les formes urbaines qui
en découlent ont un potentiel analytique intéressant,
particulièrement dans un esprit comparatif. Pratiquement,
l'opérationnalisation de ce principe s'effectue en mesurant la distance
entre deux zones bâties lorsque le doute est présent, comme le
présente la série de captures d'écrans suivantes.
Sur la figure 9 en page suivante, avec une échelle de
1:10'000, au Nord de Rome, la distance reliant deux zones bâties à
vocation commerciale ou industrielle est supérieure à 400m, la
limite du champ urbain englobe par conséquent la partie au Sud
uniquement. Sur l'image de droite, prise aussi au Nord de Rome, deux quartiers
de maisons individuelles sont distants de 0,32 km, ainsi nous
considérons que tous deux font partie du champ urbain romain.

44
Figure 4 Limite ville-campagne, séparation du bâti
> 400m, cas de Figure 5 Rattachement d'un quartier
Rome, Échelle 1:10'000. Fond de carte et outils : Google
Earth. périphérique au champ urbain, cas de
Rome, Échelle 1:10'000. Fond de carte et outils :
Google Earth.
45
Dès lors, un nouvel objectif émerge. Notre
propre définition des limites de l'agglomération urbaine nous
permet de comparer l'emprise au sol des métropoles
européennes sur la base du principe de la continuité du
bâti. Les contrastes entre les superficies trouvées et celles
des unités territoriales présentés en amont ont un
intéressant potentiel.

Figure 6 Limite ville-campagne en zone agricole, cas de Rome,
Échelle 1:6'000.
Quelques problèmes
interviennent avec le
principe de découpage à
400m près. En effet, les zones agricoles accolées aux marges
urbaines
comportent des
constructions. Dans
certaines régions,
particulièrement dans la périphérie de
Rome, la
taille moyenne des
parcelles agricoles est
inférieure à 400m sur 400m, dès lors il est possible de
relier « ferme à ferme » le bâti et d'aboutir à
un vaste champ urbain non-fonctionnel, ce n'est pas notre objectif. Une
solution simple est adoptée pour palier à ce défaut
méthodologique. Premièrement, les problématiques urbaines
liées aux espaces verts urbains concernent peu les habitants de la zone
agricole, deuxièmement ces mêmes personnes participent peu des
problématiques urbaines globales, puisque leur trajet domicile-emploi
intervient bien moins dans la vie urbaine. Ainsi écarter leurs
territoires du champ urbain semble même renforcer la pertinence de nos
principes de découpage. Pratiquement, il est aisé de
différencier un tissu fait de parcelles agricoles à un tissu
résidentiel, comme le présente la figure suivante, au 1 : 6'000
prise au Sud de Rome. L'urbanisation dans la partie Sud de la photo
aérienne est prolongée par des parties agricoles au Nord, avec
des distances de moins de 400m entre les constructions, en raison de la faible
taille des parcelles agricoles. Dans cette situation, qui prévaut
presque uniquement pour la cité italienne, la limite du champ urbain est
définie à la bordure de la zone non agricole.
46
Deux autres cas problématiques viennent s'ajouter. En
ce qui concerne Athènes, de telles structures agraires en parcelles
allongées existent également, à la différence que
la densité y est quatre ou cinq fois plus élevée
qu'à Rome, définissant ainsi des quartiers d'habitation, par
ailleurs peu périphériques. Dans ce cas, nous avons
incorporé ces zones dans le champ urbain de la capitale Hellène,
ils sont mis en évidence dans la cartographie plus en aval de ce
mémoire. A Madrid, la forte présence de serres agricoles
nécessite de trancher quant à leur caractère de
bâti. Après renseignement, ces dernières sont presque
toutes fixes, nous entendons par là que leur nombre ne varie pas selon
les saisons, ce qui leur confère une qualité de bâti.
Finalement, répondant des mêmes principes de
découpage et de recensement des espaces verts urbains, l'analyse
géographique proposée contient ainsi des données
harmonisées, pures et absolument comparables entre elles, ce qui est
novateur pour les terrains que nous avons sélectionnés. Les
quelques adaptations méthodologiques effectuées ne diminuent pas
sa qualité, au contraire, elles la renforcent.
47
2 SUPPORTS DE DONNÉES
Les fonds de carte sont acquis sur Google Earth. Ce choix a
été effectué en raison de trois avantages.
Premièrement, les images satellitales de Google Earth
ont été actualisées ces dernières années
pour les métropoles européennes, ce qui confère une
certaine pertinence pour notre recherche. En effet, nous pouvons reprendre les
mots de Guérois qui défendait son support de donnée :
«l'apport potentiel d'une source comme l'image CORINE Land Cover
semble immense : en représentant pour la première fois les modes
d'occupation du sol de manière harmonisée, elle offre un apport
inédit à la comparaison des formes de l'urbanisation d'un pays
à l'autre» (Guérois, 2003 : 66). Nous prétendons
que les images satellitales de Google Earth ont ces mêmes
qualités.
Deuxièmement, la gratuité de ce support
était incontournable pour notre travail étant donné que
nous ne disposions pas d'orthophotos de suffisamment de métropoles
européennes.
Troisièmement, Le choix de l'altitude, et par
conséquent de l'échelle de travail est capital pour notre
travail. En effet puisque ce travail porte sur les métropoles
européennes, nous tentons d'utiliser l'échelle la plus
élevée possible pour des raisons de présentation.
Toutefois, il est nécessaire de pouvoir identifier et dessiner les
contours des espaces verts urbains. Il a donc fallu définir une taille
minimale pour ces derniers, à partir de laquelle leur recensement
débute. Cette taille a été choisie en fonction du support
informatif, soit le mode plan de Google Maps.
Les images de la page suivante présentent les
informations données par ce service à différentes
échelles, avec comme exemple la ville de Londres.
En procédant par zoom successifs à des
échelles de plus en petites, nous pouvons définir à partir
de quelle échelle l'information supplémentaire cesse ou n'est
plus digne d'intérêt pour supposer travailler à des
échelles inférieures.

Au 1 :250'000, les espaces verts urbains apparaissent
déjà colorés par le mode plan de Google Maps.
Figure 7 Extrait Google Maps, Sud de Londres, Échelle :
1:250'000.
Au 1 : 100'000, le nom de certains espaces verts
apparaît. Les contours sont nettement plus visibles, car les
systèmes de transports éblouissent beaucoup moins la vue. Des
espaces verts supplémentaires sont visibles, à l'instar de celui
entouré en rouge sur l'image ci-contre.
Figure 8 Extrait Google Maps, Sud de Londres, Échelle :
1:100'000.
Au 1 : 50'000, le nom de tous les espaces verts
apparaît, à l'exception de celui entouré en bleu. Aucun
espace verts supplémentaire n'est distinguable à l'oeil par
rapport à l'échelle au 1 : 100'000.
Figure 9 Extrait Google Maps, Sud de Londres, Échelle :
1:50'000.
Figure 10 Extrait Google Maps,
Sud de Londres,
Échelle : 1:25'000.
48
49
L'échelle au 1 : 25'000 confirme les propos tenus pour
celle au 1 : 50'000, à la différence que l'espace vert qui y
était mis en valeur est ici nommé et assorti d'un symbole
signifiant bois (wood). Google Maps recense donc les espaces
verts jusqu'au 1 : 100'000. Puisque ces derniers mesurent au minimum un
millimètre carré sur ces cartes, ce sont les espaces verts de
plus de 100m x 100m qui sont définit comme tels. Cette échelle
convient à notre travail, elle permet de ne pas inclure nombre de
jardinets et d'espaces interstitiels urbains de faible taille (giratoires,
talus, bosquets), et répond à un véritable
fonctionnalisme. De plus, étant donné que les noms des espaces
verts ne nous intéressent pas, l'échelle de
référence qui a été choisie pour obtenir les
données est celle de 1 : 100'000. Quant à la symbolique, elle est
accompagnée d'une différenciation dans la couleur de l'espace
vert, en effet, les forêts et bois sont colorés en vert plus
pâle que les parcs, squares et jardins publics. Les espaces verts
privés ne sont pas recensés, ce qui convient également
pour notre méthodologie étant donné que la majeure partie
des fonctions des espaces verts urbains suppose la publicité des
lieux.
L'échelle des fonds de cartes doit évidemment
être équivalente pour supporter l'information. Il est possible de
travailler avec des fonds de carte de Google Maps, néanmoins le mode
plan apparaît comme peu présentable, nous y
préférons les images satellitales, de plus la colorimétrie
est une information qui sera utilisée. Le mode satellite de Google Maps
équivaut aux images de Google Earth. Nous avons néanmoins choisi
de travailler avec le second support pour une raison précise. Il est
aisé de choisir quelles couches vectorielles nous souhaitons voir
apparaître et parmi ces dernières, celle nommée Green
area nous importe beaucoup. Google a déjà vectorisé
les espaces verts intraurbains pour beaucoup de villes européennes.
Force est de constater qu'entre 15 et 20% des données sont à nos
yeux erronées. Ce chiffre n'est pas donné au hasard, il est issu
d'un simple et bref constat sur place dans les villes de Rome et de Stockholm
effectué en 2010 et 2011, à l'aide de plans de ville
détaillés mais également de deux visites sur place. La
précision laisse parfois à désirer (10% des cas) et des
erreurs de type de couverture du sol représentent le reste des cas
d'erreurs (15%). Dès lors, puisque 75% à 80% des espaces verts
intraurbains sont correctement dessinés, nous utilisons cette fonction
proposée par Google Earth, mais vérifions à chaque fois
que le doute est possible à partir de zoom à des échelles
inférieures au 1 : 100'000. Tous les cas sont solvables par ce
50
moyen. Les espaces verts de plus de 100m x 100m que nous
sommes susceptibles de manquer en nous basant sur le service de Google Earth
est de moins de 3%14.
L'échelle 1 : 100'000 correspond à une altitude
de 24 km au dessus-de la mer par photos satellitales sur Google Earth. Ainsi
nous avons effectué des captures d'écran pour chaque
métropole, 97 au total, puis les avons fusionnées dans Adobe
Photoshop pour obtenir une seule photo aérienne de chaque
métropole. L'étape suivante consiste à dessiner les
contours des métropoles.
2.1 ECHANTILLONNAGE DE MÉTROPOLES
Deux sélections ont été
effectuées. Premièrement il s'agit de retenir un
échantillon de métropoles susceptibles d'apporter une
contribution maximale à l'analyse comparative sur la base des espaces
verts urbains. Deuxièmement, une batterie de statistiques est
développée pour les besoins analytiques.
2.1.1 SÉLECTION DES MÉTROPOLES
Notre panel de ville a été défini suivant
l'objectif de rendre compte de la diversité des systèmes
d'espaces urbains présents dans les métropoles
européennes. Plusieurs raisons ont conduit à la
sélection.
Premier paramètre, il s'agit de travailler sur des
métropoles européennes, ce choix a été fait car
plus la taille d'une ville est grande, plus les espaces verts urbains sont
importants. En effet, rappelons que d'après Boutefeu (2007a : 1),
«les Français manifestent clairement leur quête de
verdure d'autant plus qu'ils vivent dans une grande ville». Puisque
la nature hors milieu urbain est plus difficile à atteindre, les parcs
et squares sont des supports de vie parfois incontournables, à l'inverse
des petites entités urbaines où l'accessibilité
aisée aux portes de la ville permet une nature au choix. Par ailleurs,
les fonctions des espaces verts urbains sont plus utiles et de plus grande
portée dans un large espace urbanisé. En effet, la
tranquillité des lieux est un atout majeur d'attrait des lieux naturels
comme nous l'avons vu précédemment. Quant aux fonctions propres,
il en va de même, les îlots de chaleur urbains étant
corrélés avec la taille de l'aire urbaine. La limitation au
continent a été choisie car les rythmes d'urbanisation sont plus
similaires ainsi qu'avec un échantillon de métropoles mondiales.
De plus, les données d'Eurostat peuvent s'avérer utiles.
14 Avec une analyse approfondie d'une portion d'espace
des villes d'Athènes et de Zürich, nous aurions manqué trois
parcs après en avoir recensé cent par le service de Google Earth.
Dès lors le taux est de 3 sur 103, soit moins de 3%.
51
Deuxièmement, une simple analyse visuelle de la forme
urbaine des métropoles, laisse comprendre que cette dernière
influence grandement l'accessibilité des espaces verts urbains. Un
exemple est parlant. Alors que la Rome post-antique s'est jusqu'à
présent développée suivant un modèle multipolaire,
Paris a longtemps présenté un développement fortement
radioconcentrique et peu axiale. Dès lors, l'étendue de la
capitale italienne est supérieure à celle de la
ville-lumière, puisqu'elle incorpore de grandes poches
d'espaces verts. Ces derniers peuvent être diversement qualifiables,
résiduels dans un esprit de développement du bâti, ils sont
également des réserves écologiques d'un point de vue
environnemental. Le terme interstitiel convient à leur nouveau
statut urbain par défaut, puisqu'englobés dans la ville. .
L'accessibilité à ces derniers, est ainsi élevée
pour les Romains, et faible pour les Parisiens, contraints de parcourir de
longues distances pour approches la lisière d'espaces non
urbanisés. Ce fait constitue la première variable rendant compte
de la présence d'espaces verts urbains, à savoir, la forme
urbaine.
Le deuxième apport de nature en ville est anthropique,
il s'agit d'espaces verts urbains créés à des fins de
loisirs, esthétiques et environnementaux. De plus faible tailles que les
forêts adjacentes à la ville ou les poches naturelles d'espaces
verts interstitiels, ils présentent également une
fonctionnalité très marquée, puisque ces parcs et squares
sont aménagés à des fins d'utilité. Le
système de ce deuxième type d'espaces verts urbains varie selon
des paramètres fortement liés aux rythmes d'urbanisations des
villes, d'ailleurs Pelletier (1994 :77) nous assure que l'on
«reconnaît aisément dans les grandes villes les
extensions urbaines successives par leurs types d'organisation».
Dès lors, et cela constitue le troisième paramètre
dans la constitution d'un échantillon, il convient de
sélectionner des terrains où les développements ont
été les plus différents, afin d'avoir une analyse plus
riche.
Des approches intéressantes sont basées sur des
classements ou rankings internationaux, des villes selon leur
importance. Une hiérarchie avec des classes s'en dégage. Nous
associons ceux effectués pour l'Europe par Rozenblat et Cicille (2003 :
53) et le classement mondial du GAWC15 (Globalization and World
Cities, groupe de recherche en géographie de l'université de
Loughborough) pour son actualité (2008).
Les villes d'Istanbul et Moscou sont actuellement les plus
grandes agglomérations du continent européen en termes
d'habitants. Elles ne sont pas prises en compte dans l'échantillon pour
plusieurs raisons. Premièrement Eurostat ne fournit pas de
données sur ces dernières. Deuxièmement, les
15
http://www.lboro.ac.uk/gawc/world2008t.html
52
régimes d'urbanisations se détachent de ce qui a
prévalu dans l'Europe de l'Ouest et centrale. Troisièmement,
géographiquement elles apparaissent comme excentrées. Mais
encore, ne faisant pas partie de l'Union Européenne ni de l'AELE, elles
ne sont pas concernées par la politique communautaire. Finalement, un
certain flou règne quand à la comptabilisation de leurs
populations.
Finalement, il convient de remarquer que nombre de villes
partagent leur espaces fonctionnels entre elles. La figure 7 (page 33) qui
présente les aires fonctionnelles de la LUZ présente des
tâches urbaines très vastes et concomitantes,
particulièrement en Allemagne et au centre de l'Angleterre. Notre
méthodologie basée sur la continuité du bâti
à 400m aurait comme effet d'obtenir des métropoles multipolaires
dans certains cas. Dès lors, pour des raisons de simplification, les
villes d'Amsterdam dans l'aire urbaine Randstadt, ainsi que la conurbation de
la Ruhr avec les centralités de Essen et Düsseldorf,
théoriquement une des plus grandes métropoles d'Europe en termes
d'habitants, ne sont pas retenue dans le panel de dix villes. Par ailleurs, il
a été évité de choisir deux cités
appartenant au même pays. Milan est également un cas complexe avec
la continuité du bâti à 400m, puisque son
développement radial s'étend sur une presque 100 kilomètre
englobant une partie du pointe sud de la Suisse (Mendrisiotto), la cité
industrielle du Nord de l'Italie a donc été
évitée.
2.1.2 SÉLECTION D'INDICATEURS
Afin de soutenir l'analyse comparée, les indicateurs de
population de la LUZ et de la City sont utilisés et mis en ratio entre
eux, il en va de même pour les densités.
Le tableau en page suivante présente les dix villes de
l'échantillon et les statistiques de base issues d'Eurostat (programme
Urban Audit 2003-2007) qui leur sont associées. Ces données sont
accompagnées de leur découpage territorial (core city ou LUZ).
Les différentes agglomérations sont classées par taille de
population selon la LUZ. Le choix de cette présentation, qui est
adoptée pour l'ensemble de la partie analytique, a été
décidé pour faciliter l'analyse visuelle des cartes
présentées.
53
Id
|
Ville
Autre nom utilisé pour la zone urbaine élargie (si
existant)
|
Pays
|
Habitants [ma]
City
LUZ
|
Habitants
[ma]
Ratio City : LUZ
|
Superficie [km2]
City LUZ
|
Superficie [km2]
Ratio City : LUZ
|
Forme
|
LON
|
Londres
|
Royaume-
|
7.4
|
1 : 1.60
|
1578
|
1 : 5.68
|
Compacte
|
|
Le Grand Londres
|
Uni
|
11.9
|
|
8970
|
|
|
PAR
|
Paris
|
France
|
2.2
|
1 : 5.15
|
1087
|
1 : 11.3
|
Radioconcentrique
|
|
Le Grand Paris
|
|
11.1
|
|
12238
|
|
|
MAD
|
Madrid
|
Espagne
|
3.1
|
1 : 1.87
|
605
|
1 : 13.2
|
Polynucléaire
|
|
Madrid metropolitan area
|
|
5.8
|
|
8011
|
|
|
BER
|
Berlin
|
Allemagne
|
3.4
|
1 : 1.47
|
895
|
1 : 19.5
|
Mixte à tendance
|
|
-
|
|
5.0
|
|
17483
|
|
polynucléaire
|
ATH
|
Athènes
|
Grèce
|
0.8
|
1 : 5.04
|
395
|
1 : 9.6
|
Très compacte
|
|
Le Grand Athènes
|
|
4.0
|
|
3795
|
|
|
ROM
|
Rome
|
Italie
|
2.6
|
1 : 1.35
|
1308
|
1 : 2.9
|
Polynucléaire
|
|
-
|
|
3.5
|
|
3751
|
|
|
BUC
|
Bucarest
|
Roumanie
|
1.9
|
1 : 1.11
|
228
|
1 : 2.9
|
Radioconcentrique
|
|
-
|
|
2.1
|
|
650
|
|
|
STO
|
Stockholm
|
Suède
|
0.8
|
1 : 2.44
|
197
|
1 : 33.8
|
Compact
|
|
Le Grand Stockholm
|
|
1.9
|
|
6666
|
|
|
COP
|
Copenhague
|
Danemark
|
0.5
|
1 : 3.63
|
88.8
|
1 : 30.9
|
Compact et Multi-
|
|
Greater Kobenhaven Region
|
|
1.8
|
|
2748
|
|
Radial
|
ZUR
|
Zürich
|
Suisse
|
0.4
|
1 : 3.05
|
96.3
|
1 : 11.2
|
Compact à
|
|
Canton de Zürich
|
|
1.1
|
|
1076
|
|
linéaire
|
Tableau 2 Données comparatives I Y.Schneeberger, 2011
(c)
54
Id
|
Densité
City Core (2006) [hab/km2]
|
Densité LUZ (2006)
[hab/km2]
|
Densité Ratio City : LUZ (2006)
[hab/ha]
|
Rang en Europe,
d'après :
Rozenblat et Cicille (2003)
|
Rang mondial,
d'après :
GAWC (2008)16
|
Année(s) des
images satellitales
|
PAR
|
20'248
|
907
|
1 : 0.04
|
1
|
2
|
2007
|
LON
|
4'689
|
1'327
|
1 : 0.28
|
1
|
1
|
2010
|
MAD
|
5'127
|
724
|
1 : 0.14
|
2
|
3
|
2007
|
BER
|
3'798
|
286
|
1 : 0.08
|
3
|
6
|
2006
|
ATH
|
20'467
|
1'054
|
1 : 0.05
|
4
|
4
|
2010
|
ROM
|
1'987
|
933
|
1 : 0.47
|
3
|
4
|
2007, (2002)
|
BUC
|
8'333
|
3'233
|
1 : 0.08
|
-
|
5
|
2009, 2010
|
STO
|
4'052
|
285
|
1 : 0.07
|
3
|
4
|
2007
|
COP
|
5'630
|
655
|
1 : 0.12
|
4
|
6
|
2005
|
ZUR
|
4'153
|
1'022
|
1 : 0.25
|
4
|
4
|
2009
|
Tableau 3 Données comparatives II Y.Schneeberger, 2011
(c)
16 La numérotation des classes est
adaptée pour permettre la comparaison, le classement original contient
les classes [alpha++; alpha+; alpha; alpha-; beta+; beta ; beta-; gamma+ ;
gamma; gamma-; high sufficiency ; sufficiency]. On remarquera que les
différences concernent principalement la différence
hiérarchique entre Paris et Londres, ainsi que les rang de Berlin et de
Copenhague.
55
- TROISIÈME PARTIE -
FORMES URBAINES ET RÉPARTITION DES
ESPACES VERTS URBAINS
1 FORMES URBAINES
La première phase analytique porte sur la
présentation des cartographies des formes des métropoles
d'après la continuité du bâti à 400m. Des
statistiques sont déployées pour rendre compte de l'emprise au
sol (partie 6.2). L'analyse se poursuit par incorporation des espaces verts
urbains des dix métropoles européennes, qui sont ajoutés
aux cartographies, assortis de tableaux de valeurs (partie 6.2). Les trois
catégories sont alors mises en regard au travers d'une partie (6.3)
consacrée aux types. Les surfaces d'espaces verts sont ensuite
calculées (partie 6.4) et mises en comparaison, ventilées dans
les trois catégories que nous distinguons, et mis en rapport avec les
indicateurs statistiques relevés précédemment. La partie
6.5 apporte une vision de la structure des espaces verts urbains, pour chaque
métropole, et est expliquée à l'aide des descriptifs
morphologiques des villes de l'échantillon, qui était l'objet du
chapitre suivant.

1.1.1 PARIS
56
Y.Schneeberger (c)
Figure 11 Champ urbain de Paris, France, 2007,
échelle : 1:750'000
Figure 12 Structure de Paris, France,
d'après Eurostat
1.1 L'EMPRISE AU SOL DES MÉTROPOLES
EUROPÉENNES SELON LE PRINCIPE DE CONTINUITÉ DU BÂTI A
400M
Délimitation Superficie [km2]
Pourtour [km] Degré de
compacité
Champ urbain 1168.9 822.5 0.31 (fort)
Tableau 4 Données I pour Paris Y.Schneeberger, 2011 (c)
Le champ urbain de Paris est le plus vaste de notre panel de
métropoles européennes, avec un diamètre maximal de 71.2
km. Cette agglomération selon la continuité du bâti
à 400m présente une forme tout à fait intéressante.
Nous pouvons décomposer la forme en deux effets. Premièrement une
certaine compacité apparaît, à l'instar de la ville exemple
en la matière qu'est Londres. Deuxièmement, le découpage
est relativement complexe, indiquant que des espaces verts de grande taille
sont en partie englobés dans le champ urbain, tout en restant
reliés au système agricole extra-urbain. Le développement
de Paris semble avoir été stimulé par la présence
de son fleuve, la Seine, puisque le long de cette dernière qui arrive en
Paris par le Sud et s'écoule en direction du Nord-Ouest, le champ urbain
a tendance à être plus étendu.
1.1.2 LONDRES

Y.Schneeberger (c)

57
Figure 13 Champ urbain de Londres, UK, 2007, échelle
1:750'000 Figure 14 Structure de Londres, UK, d'après
Eurostat

Délimitation Superficie [km2]
Pourtour [km] Degré de
compacité
Champ urbain 2463.8 576.6 0.52 (très
fort)
Tableau 5 Données I pour Londres Y.Schneeberger, 2011
(c)
Avec notre méthodologie basée sur la
délimitation du bâti à 400m, le champ urbain de Londres se
présente sous une forme très compacte, avec peu de
développement linéaire dans sa périphérie. La
58
topographie relativement plate du territoire aide à cet
étalement régulier dans toutes les directions, mais c'est bien
les principes urbanistiques des années 1940 qui sont à l'oeuvre.
En effet, ainsi, notre champ urbain est très proche du Kernel
d'Eurostat, toutefois une partie de la surface de ce dernier est
retraitée sur ses pourtours. Avec Athènes, Londres est la seule
métropole pour laquelle il a été efficace de partir du
Kernel pour dessiner avec efficience nos propres délimitations
urbaines.
1.1.3 MADRID
|
Le niveau LUZ incorpore de larges portions de zones agricoles, de
forêts et de zones bleues,
reflet du fort polycentrisme qui
caractérise la
|
|
|
capitale Ibère.
|
Figure 16 Structure de Madrid, Espagne, d'après
Eurostat.
|
Figure 15 Structure urbaine de la périphérie
Nord de Madrid, 2007, Échelle : 1:1'400'000. Fond de carte : Google
Earth.
|
|

Y.Schneeberger (c)
Figure 17 Champ urbain de Madrid,
Espagne, 2007,
échelle 1:750'000
Ces zones vertes sont recolorées en vert foncé
sur la figure 17, qui représente la portion Nord de la LUZ de Madrid. Le
niveau core city est réduit à la partie grisâtre visible en
bas de la prise aérienne, il suit les contours de limite bâtie en
partant du centre de la capitale, avec rigueur, en s'arrêtant à la
commune de Madrid. Le mitage du territoire périphérique de la
métropole espagnole implique que des centralités secondaires
proches du centre, sont comprises dans une
vaste LUZ. Ces dernières sont recolorées en vert
clair. Une partie est satellitale par rapport à la commune de Madrid,
alors que l'autre, selon la continuité du bâti à 400m est
comprise dans le champ urbain madrilène.
Délimitation Superficie [km2]
Pourtour [km] Degré de
compacité
Champ urbain 1063.6 438.2 0.34 (fort)
Tableau 6 Données I pour Madrid Y.Schneeberger, 2011
(c)
59
Le résultat de ce dernier principe est
présenté sur l'infographie ci-dessus. Une forme compacte est
trouvée, cet adjectif qualifie la forme de la ville et non pas sa
densité, quoique celle de Madrid soit comparativement moyenne avec les
autres capitales d'Europe. Des axes d'urbanisations sont marqués dans au
moins trois directions, cela est le reflet du polycentrisme non
règlementé : tantôt accolé au bâti mieux
centré, il tend à allonger les formes urbaines, tantôt
déconnecté et définit comme hors de
l'agglomération, il pose une rupture de l'urbanisation. Un long couloir
de développement est visible au Nord-est, jusqu'à Torrelodones,
ville située à plus de 23km du centre urbain et prise entre deux
pans de montagne. A l'instar de Milan, l'urbanisation de Madrid tend à
s'installer dans les fonds de vallée au Nord, dans les deux cas des axes
de transports important conditionnent ces faits. Le Sud-ouest est fortement
concerné par l'existence de poches bâties proches les unes des
autres, dont la croissance a été stimulée par la
présence d'un maillage autoroutier dense. Les serres sylvicoles
participent de l'étalement urbain. Seule une vaste aire
forestière jouxte la limite du champ urbain, au Nord, la topographie en
est la cause. En effet, le reste de la périphérie
madrilène est agricole. L'absence d'urbanisation au centre-ouest du
centre est du à la présence d'un grand parc, le casa de campo.

1.1.4 BERLIN
Y.Schneeberger (c)
Figure 18 Champ urbain de Berlin, Allemagne, 2006,
échelle : 1:750'000
Figure 19 Structure de Berlin, Allemagne, d'après
Eurostat

Délimitation Superficie [km2]
Pourtour [km] Degré de
compacité
Champ urbain 1463.1 689.9 0.29 (moyen)
Tableau 7 Données I pour Berlin Y.Schneeberger, 2011
(c)
La ville de Berlin présente une faible
compacité, en raison de la présence de larges espaces verts et de
lacs qui ponctuent son urbanisation, vestiges du développement par
quartiers précédemment évoqué. Dès lors, la
densité du centre est basse (3798 hab/km2). Quant à
celle de la périphérie elle est la plus faible de notre
échantillon de villes, avec Stockholm, et s'explique par la forme des
couronnes périphériques, qui adoptent des formes polycentriques,
reflet de la politique de décentralisation à l'échelle
communale menée aujourd'hui. Les nombreux lacs présents dans la
périphérie n'attirent pas l'urbanisation. Reflet de cette
lâcheté du territoire, la taille du champ urbain est la
deuxième plus grande après celui de Londres. Quant au
degré de compacité, il est seulement moyen étant
donné la présence de couloirs de développement en
direction de l'Est et du Nord-est, par ailleurs peu orientés
d'après les systèmes de transports. La presque totalité de
la limite ville-campagne de notre champ urbain donne sur des aires agricoles,
des zones forestières subsistent à l'Est et plus au Nord.
1.1.5 ATHÈNES

Figure 20 Champ urbain d'Athènes, Grèce, 2010,
échelle : 1:750'000
Figure 21 Structure
d'Athènes, Grèce, d'après Eurostat
Délimitation Superficie [km2]
Pourtour [km] Degré de
compacité
Y.Schneeberger (c)
60
Champ urbain 775.8 437.4 0.20 (moyen)
Tableau 8 Données I pour Athènes Y.Schneeberger,
2011 (c)
La capitale est petite en comparaison de ses consoeurs
européennes, elle occupe deux fois moins de place que Berlin, et ce
malgré son étendue en direction de l'Est. Comme il a
été précédemment rapporté, la cité
grecque a la particularité d'être contenue par une topographie
marquée et les monts Parnès, Lycabette, Hymmet et Aegialée
ne permettent plus à la ville de s'étendre et engendrent des
problèmes majeurs. Ces faits sont intéressent car ils sont
liés à la présence d'espaces verts, de par leur fonction
à diminuer la pollution ambiante, mais également en termes
d'accessibilités puisque les monts précités sont des
espaces verts externes, aux latitudes d'Athènes,
les fonctions climatiques de la végétation sont
fortement amoindries. Le développement urbain de la capitale grecque
tend à se faire au bord de la côte, entre Salamine au Nord et
Glyfada au Sud, ainsi que dans la Mésogée, à l'Est en
deçà du mont Hymett où l'aéroport est bâti.
Le degré de compacité théorique, calculé
d'après la forme des pourtours devient ainsi moyen, la densité de
la ville-centre (équivalente au core city) exprime mieux ce fait, avec
plus de 20'000 habitants au kilomètre carré.
1.1.6 ROME

Y.Schneeberger (c)
Figure 22 Champ urbain de Rome, Italie, 2007 (2002),
échelle : 1:750'000

Figure 23 Structure de Rome, Italie, d'après Eurostat
61
Délimitation Superficie [km2]
Pourtour [km] Degré de
compacité
Champ urbain 1266.1 1021.4 0.15 (faible)
Tableau 9 Données I pour Rome Y.Schneeberger, 2011 (c)
Le champ urbain de Rome défini selon la
continuité du bâti à 400m prend une forme tentaculaire en
direction de la mer Méditerranée, l'explication vient en partie
de la présence de l'aéroport Fiumicino, qui engendre ce
développement dans ses alentours. La côte attire également
de par son aspect touristique. Elle est néanmoins peu
développée au regard de la taille de la capitale romaine. Ainsi,
et Rome présente un développement peu compact. Participant de ce
phénomène, une pénétrante non-bâtie, dont
l'explication réside dans l'existence de deux lignes de métro
à son est et son ouest, et la présence d'un site
archéologique majeur (catacombes de Rome). L'autre
pénétrante non-bâtie de la cité, au centre-Est
s'explique par la présence très périphérique de
Lunghezza (29'000 habitants). A l'instar de ce quartier, les couronnes
périphériques sont de type polycentrique, constituées de
fragments de bâti n'excédant souvent pas le kilomètre
carré. Cette périurbanisation tend à être de plus en
diffuse à mesure que l'on s'éloigne du centre de
l'agglomération. Une petite partie du Sud-est de la capitale est
représenté par des prises satellitales de 2002, d'après la
comparaison avec les images jouxtantes de 2007, on remarque les parcelles
agricoles allongées regroupées le long d'un axe
de transports tendent à être
éclatées en de plus petits morceaux, et de l'habitat individuel
construit, aux dépend des cultures. Ce développement a
été extrapolé pour le moins de 5% du territoire de la
ville qui utilise les anciennes images.
1.1.7 BUCAREST

Y.Schneeberger (c)
Figure 24 Champ urbain de Bucarest, Roumanie, 2009, (2010),
échelle : 1:750'000

Figure 25 Structure de Bucarest, Roumanie, selon Eurostat

Délimitation Superficie [km2]
Pourtour [km] Degré
d'compacité
Champ urbain 608.8 455.4 0.32 (fort)
62
Tableau 10 Données I pour Bucarest . Y.Schneeberger,
2011 (c)
La forme radioconcentrique de Bucarest est très
marquée, le développement actuel se fait long des axes de
transports majeurs. Toutefois, il est qualifiable de radial à l'ouest en
direction des grandes villes plus continentales et le long du fleuve Dambovita,
et de compact au centre-ville en raison de sa forte densité (8'300
habitants au kilomètre carré). De véritables villes-rues
longent le périphérique routier, et en partent d'une
manière multi-radiale, si bien que les contours du champ urbain sont
largement dus à ce fait, le terme qui convient le mieux à la
forme urbaine de Bucarest est donc celui de radioconcentrique. En
périphérie, chaque parcelle est de forme allongée et
contient une habitation et quelques terres cultivables de faibles tailles,
à l'instar de quelques quartiers au Nord d'Athènes. A Bucarest,
l'étalement urbain se fait en reproduisant ce modèle toujours
plus loin du centre.

1.1.8 STOCKHOLM
Figure 26 Champ urbain de Stockholm, Suède, 2007,
échelle : 1:750'000
Y.Schneeberger (c)
Figure 27 Structure de Stockholm, Suède, d'après
Eurostat.
Délimitation Superficie [km2]
Pourtour [km] Degré de
compacité
Champ urbain 535.9 471.0 0.27 (moyen)
63
Tableau 11 Données I pour Stockholm Y.Schneeberger, 2011
(c)
La définition du champ urbain a conduit à un
contour d'agglomération proche du core city pour le Sud de la
métropole suédoise, relativement compacte, et à l'inverse
à une limite ville-campagne bien plus éloignée du centre
pour la partie septentrionale de la ville. En effet, elle adopte des formes
radiales dans au moins quatre directions. Ces couloirs de développement
sont dus aux systèmes de transports, mais également à la
topographie des lieux, il faut savoir que des bras de mers
pénètrent à de multiple reprise le territoire Nord de
Stockholm, les quartiers y sont fréquemment séparés, et
définis, par des étendues d'eau. Métropole à la
latitude maximale de notre échantillon, Stockholm est entourée
par bien moins d'aires agricoles que des les autres métropoles de
l'échantillon, au profit de larges zones forestières. De nombreux
lacs ou portions de mer, sont incorporés dans le champ urbain,
l'urbanisation a tendance à s'y développer d'une manière
contiguë.

1.1.9 COPENHAGUE
Y.Schneeberger (c)
64
Figure 28 Champ urbain de
Copenhague, Danemark, 2005, Figure 29 Structure de Copenhague,
Danemark,
échelle : 1:750'000 d'après Eurostat

Délimitation Superficie [km2]
Pourtour [km] Degré
d'compacité
Champ urbain 529.0 282.5 0.21 (moyen)
Tableau 12 Données I pour Copenhague Y.Schneeberger,
2011 (c)
La métropole danoise est connue pour présenter
un urbanisme multi-radial, c'est-à-dire portant sur plusieurs axes
à partir du centre. Occupant une presqu'île côtière,
la ville présente dès lors une forme dite en doigts de la
main, aisément reconnaissable sur l'infographie ci-contre. Les axes
de développement suivent bien sur les côtes pour des raisons
d'attractivité, mais tendent également à progresser vers
l'intérieur des terres du pays, ponctué de lacs et cours d'eaux.
La complexité des pourtours du champ urbain, dont un aspect fractal peut
être dénoté, est le fait de couloirs biologiques qui
relient l'aire agricole à l'Ouest de l'agglomération à la
mer du Nord. Leur étroitesse permet à des villes
périphériques fortement dépendantes de la ville-centre
d'être englobées dans le champ urbain, ce qui ne serait pas le cas
avec une délimitation du bâti à 200m.

Sceeberger (c)
1.1.10 ZÜRICH
30 Champ urbain de Zürich, Suisse, 2009, échelle :
1:750'000
Figure 31 Structure de Zürich, Suisse, d'après
Eurostat
65
Délimitation Superficie [km2]
Pourtour [km] Degré de
compacité
Champ urbain 331.0 456.8 0.14 (faible)
Tableau 13 Données I pour Zürich Y.Schneeberger, 2011
(c)
La capitale économique de la Suisse présente une
urbanisation fortement radiale au-delà de la compacité du
centre-ville. La topographie est en cause, en effet la cité et ses
vicissitudes au Sud se situent entre un lac et des collines
élevées, légalement inconstructibles. Dès lors,
porté par la périurbanisation précédemment
évoquée et selon la continuité du bâti à
400m, des formes complexes apparaissent, et un urbanisme en partie axial se met
en place, avec des densités faibles le long du lac de Zürich. Plus
élevées en direction de l'Ouest, elles suivent un axe de
transport majeur, sur le Plateau Suisse. Au Nord l'urbanisation est plus
portée par des zones à vocation d'emploi, stimulée par la
présence de l'aéroport. Alors qu'en raison de l'emplacement des
rivières au Nord, Zürich s'y était développée
d'une manière industrielle jusqu'à la belle époque, la
construction de villas individuelles sur les bords du lac change radicalement
la forme de la ville, qui s'étend sur plus de 20 kilomètres en
direction du Sud, pour des raisons essentiellement paysagères.
66
1.2 TABLEAUX RÉCAPITULATIFS ET CALCULS
D'ÉTENDUES
Id
|
Etendue maximale [km]
|
Etendue minimale [km]
|
Degré compacité
|
de
|
Surface [km2]
|
PAR
|
71.2
|
28.1
|
0.31 (fort)
|
|
1168.9
|
LON
|
55.3
|
28.5
|
0.52 (très fort)
|
|
2463.8
|
MAD
|
44.4
|
15.2
|
0.34 (fort)
|
|
1063.6
|
BER
|
58.2
|
17.0
|
0.29 (moyen)
|
|
1463.1
|
ATH
|
38.9
|
8.0
|
0.20 (moyen)
|
|
775.8
|
ROM
|
55.0
|
8.5
|
0.15 (faible)
|
|
1266.1
|
BUC
|
36.5
|
11.6
|
0.32 (fort)
|
|
608.8
|
STO
|
30.9
|
8.3
|
0.27 (moyen)
|
|
535.9
|
COP
|
50.2
|
10.717
|
0.21 (moyen)
|
|
529.0
|
ZUR
|
31.6
|
4.3
|
0.14 (faible)
|
|
331.0
|
Tableau 14 Données comparatives III Y.Schneeberger, 2011
(c)
Une partie d'un objectif recensé peut être
effectuée, celui de décrire l'offre en espaces verts urbains des
métropoles européennes. En effet la forme du bâti continu
permet la création d'un indicateur simple, mais qui doit être
calculé pour chaque métropole. La longueur des pourtours de
l'agglomération équivaut à la longueur du contact entre
urbanisation et espaces verts externes, soit à l'offre en espaces verts
extra-urbains. Plus la taille de la ville est élevée, plus ce
pourtour est supposé être grand, néanmoins les formes
multi-radiales de villes comptabilisent plus de limites villes-campagnes que
des formes radioconcentriques. «Je simplifie, mais il faut toujours
simplifier les choses pour mieux les comprendre», ce sont les mots
Descartes. Si nous considérons une ville comme étant un simple
cercle, avec une accessibilité moyenne aux espaces verts externes alpha,
et que nous apportons une ondulation marquée à son pourtour,
aboutissant à une forme en étoile aux angles internes proches du
centre de la ville, l'accessibilité moyenne des espaces verts externes
est indubitablement inférieure à alpha. Le degré de
compacité de la forme du champ bâti nous indique que Zürich
présente une accessibilité à la limite ville-campagne
excellente, tout comme Rome. Athènes profite de la présence du
mont Hymmet qui oblige sa forme à le contourner et Copenhague des ses
pénétrantes vertes. Londres enregistre le moins bon
résultat, sa haute compacité impose ses résidents à
franchir des distances élevées pour sortir du champ urbain.
17 Copenhague étant une ville
côtière, ce chiffre ne présente qu'un rayon partant du
centre au lieu d'un diamètre le traversant.
67
2 ESPACES VERTS INTRAURBAINS PAR MÉTROPOLE
D'APRÈS LE CHAMP URBAIN
Les espaces verts urbain sont ventilés dans les diverses
catégories suivantes :
- Les espaces verts ;
- Les espaces agricoles intraurbains.
La comparaison entre métropoles est faite sur un deux
plans.
Premièrement des infographies avec la
répartition des espaces verts intraurbains, différenciés,
sont présentées, pour chacune des dix métropoles
européennes, assortis d'une ligne de tableau présentant
l'information de manière chiffrée. Des statistiques sont
émises pour rendre comparable les superficies d'agriculture intraurbaine
et des espaces verts intraurbains. Ainsi nous utilisons :
- La superficie du champ urbain afin de pondérer les
valeurs trouvées.
- La population pour obtenir la superficie d'espaces verts
urbains par habitant.
Cet indicateur est largement utilisé par la commission
européenne pour émettre des objectifs minimaux.
- Le nombre d'espaces verts et de zones agricoles
intraurbaines pour rendre compte de leurs tailles moyennes.
Alliés à la localisation des ces aires, ces
chiffres rendent compte des tissus de villes différents à
l'intérieur des champs urbains, et participent à étayer
l'analyse sur l'étalement urbain grâce à la mise en
évidence des poches non-urbanisées englobées dans le champ
urbain. De plus, le type d'espaces verts urbains proposés à la
population peut être appréhendé.
- La forme des villes, afin d'alimenter le débat ville
dense - ville étalée.
Avec nos indicateurs novateurs, l'étalement
apparaît sous un autre jour. Les différents types d'urbanisations,
propres à chacune des dix métropoles analysées,
présentent des profils bien différents. Finalement, un tableau
quantitatif recensant toutes les valeurs est présenté, sur la
base des classements, une analyse globale est effectuée.
68
2.1 ESPACES VERTS INTRAURBAINS PAR MÉTROPOLE
2.1.1 PARIS

10km
Y.Schneeberger (c)
Figure 32 Espaces verts et agricoles intraurbains, Paris, France,
2007. Échelle : 1 : 455'000.
|
Espaces agricoles
|
Espaces verts
|
Total
|
absolu [km2]
|
52.0
|
129.1
|
181.1
|
en % de la surface du champ urbain
|
4.4
|
11.0
|
15.5
|
par habitant du core city [m2]
|
23.6
|
58.7
|
82.3
|
Tableau 15 Données II pour Paris Y.Schneeberger, 2011
(c)
69
Ville présentant une surface en espaces verts
remarquable (129km2), soit 11% de son champ urbain. Alors que
10m2 par habitant est prôné comme objectif pour toutes
les villes de France, la capitale peut s'enorgueillir, d'en offrir à ses
résidents cinq fois plus. Bien évidemment le principe de
continuité du bâti à 400m tire ces chiffres vers le haut,
tout comme la population prise en compte, qui est plus restreinte à
Paris que dans d'autres métropoles. Moins de 5% de ces espaces verts
font partie du programme Natura 2000, projet lancé au niveau
européen pour conserver et développer les espaces verts de
manière à créer un réseau favorisant la
biodiversité et valoriser les territoires. Paris doit sa
spécificité à plusieurs phénomènes. La mise
en oeuvre du programme des ingénieurs du milieu du XIXème
Siècle sous Napoléon crée les deux espaces verts centraux
que nous pouvons remarquer, soit les Bois de Vincennes (est), et de Boulogne
(ouest), ensemble ils représentent 15% des espaces verts du champ urbain
de la cité lumière. De nombreuses poches de forêts ont
été englobées par l'urbanisation, particulièrement
à l'ouest de la ville, ces dernières sont intégralement
couvertes par la végétation et représente, à la
lumière de la carte présentée, les véritables
poumons verts de Paris, puisque leur surface est cinq fois supérieures
à celles des deux grands parcs précités. De nombreux
squares existent à Paris, ils apparaissent sous forme des petits points
verts, au centre de l'agglomération, fréquemment intra-muros,
d'après Boutefeu (2011 : 3), ils occuperaient 554 hectares
répartis en 450 points, soit deux fois moins que les deux grands parcs
précités, et 4 à 5% de l'ensemble des espaces verts du
champ urbain. Le même auteur relève que les jardinets
représentent 200 hectares intramuros, en extrapolant, cela laisse
supposer que 10 à 15 km2 de jardinets existent dans le cadre
urbain de Paris. Ces derniers compris ainsi que les squares, la surface
réelle en espaces verts urbain peut atteindre 155km2, soit au
maximum 20% de plus que ce que notre méthodologie nous permet de
calculer. Puisque ceci est valable pour toutes nos villes-échantillon,
cette marge d'erreur n'a pas de sens dans son absolu, mais dans la variation
maximale qu'elle pourrait comporter entre deux entités urbaines.
Dès lors, elle n'est pas prépondérante dans l'analyse des
espaces verts à notre échelle.
Les espaces agricoles devenus intraurbains sont
présents pour la moitié tout au Nord du champ urbain,
relativement groupés, mais ponctuent l'ensemble des couronnes les plus
éloignées de l'agglomération. La Seine influence
notablement la présence des espaces verts urbains, certains se
localisent sur ses berges (à l'est de la ville), et le
développement urbain tend à se faire en son long, incorporant
de facto de nouveaux espaces verts et agricoles au sein du champ
urbain. Ce fait est toutefois faible, la forme de Paris selon la
délimitation du bâti à 400m présente une certaine
compacité, due à l'absence de zones inconstructibles.
2.1.2 LONDRES

Y.Schneeberger (c)
10km
70
Figure 33 Espaces verts et agricoles intraurbains, Londres, UK,
2010. Échelle : 1 : 351'000.
|
Espaces agricoles
|
Espaces verts
|
Total
|
absolu [km2]
|
64.9
|
50.7
|
115.6
|
en % de la surface du champ urbain
|
2.6
|
2.1
|
4.7
|
par habitant du core city [m2]
|
8.8
|
6.9
|
15.6
|
Tableau 16 Données II pour Londres Y.Schneeberger, 2011
(c)
La répartition des espaces verts urbains de la
métropole anglaise est très bonne, en effet à l'exception
de l'Ouest qui est fort agricole, la végétation trouve une place
dans toutes les portions de la ville. Un grand pacs situé à moins
de 10 kilomètre du centre urbain représente presque 30% de la
surface totale en espaces verts, il s'agit du Richmond Park et du parcours de
golf de Wimbledon. Très centraux, St.James Park, accolé à
Green Park et Buckingham palace Park bénéficient d'une position
remarquable.
Les aires agricoles se localisent dans presque toute
l'agglomération londonienne, à l'exception classique du centre
urbain (city). Leur forte représentation dans l'Est est due à un
tissu bâti plus
71
lâche, les aires restent néanmoins petites, et
leur maintien fait partie de la politique environnementale de la ville.
2.1.3 MADRID

Y.Schneeberger (c)
10km
Figure 34 Espaces verts et agricoles intraurbains, Madrid,
Espagne, 2007. Échelle : 1 : 277'000
|
Espaces agricoles
|
Espaces verts
|
Total
|
absolu [km2]
|
40.1
|
29.4
|
69.5
|
en % de la surface du champ urbain
|
3.8
|
2.8
|
6.5
|
par habitant du core city [m2]
|
12.9
|
9.5
|
22.4
|
Tableau 17 Données II pour Madrid Y.Schneeberger, 2011
(c)
Environ 30% des espaces verts urbains, définis comme
tel par Google Earth, sont arides. A partir du moment où aucune
végétation n'est présente, nous estimons que le
qualificatif espace vert urbain
72
n'est plus approprié en raison de la faible
fonctionnalité des lieux. Dès lors, environ 10km2
d'espaces arides n'ont pas été sélectionné.
Pratiquement, l'opération a été effectuée avec des
zooms de précision pour chaque espace dont la couleur laissait supposer
un sol nu. La dichotomie entre les espaces non-urbanisés au Nord et au
Sud de la ville est marquante, en effet, alors que ceux Nord, accroché
aux flancs sont de type espace vert urbain, le Sud de la ville, plus
sec, en contient bien moins. Soumis au polycentrisme sans planification, le Sud
du champ urbain englobe de vastes poches agricoles, traversées par un
système routier très dense. Des espaces verts urbains de grande
taille, relativement centraux existent, de même que des parcs et squares
au coeur même de la ville.
2.1.4 BERLIN

Y.Schneeberger (c)
10km
Figure 35 Espaces verts et agricoles intraurbains, Berlin,
Allemagne, 2006. Échelle : 1 : 360'000.
|
Espaces agricoles
|
Espaces verts
|
Total
|
absolu [km2]
|
24.9
|
39.5
|
64.4
|
en % de la surface du champ urbain
|
1.7
|
2.7
|
4.4
|
par habitant du core city [m2]
|
7.3
|
11.6
|
19.0
|
Tableau 18 Données II pour Berlin Y.Schneeberger, 2011
(c)
73
La croissance de la ville allemande ne présente que peu
d'espaces verts ou agricoles englobés dans l'urbanisation, à
l'exception d'une importante zone de champs au Nord de la ville (Quartiers de
Buch).
Un espace agricole relativement central de forme peu classique
(ronde) existe, il s'agit de l'ancien aéroport Tempelhof, dont le sol
est actuellement occupé par des champs. Berlin présente de grands
parcs entourant son hyper-centre, tel le Tiergarten, le Treptower Park, ainsi
que le Volskpark Friedriechshain. Nombre de ces parcs du peuple
(trad.) aèrent littéralement la ville. Les images
satellitales montrent bien d'autres espaces verts que nous ne pouvons
référencer comme tel, il s'agit de parking à ciel ouvert,
dont nombre sont végétalisés.
|
|
Figure 36 Revégétalisation d'anciennes zones
agricoles
intraurbaines, Berlin (Friedrichhagen),
2006. Échelle : 1 : 200'000. Google Earth.
|
Nombre d'anciens espaces interstitiels anciennement agricoles
sont reboisés. Ceci est parfaitement visible sur les images
satellitales, dont un extrait figure ci-contre.
74
2.1.5 ATHÈNES

10km
Y.Schneeberger (c)
Figure 37 Espaces verts et agricoles intraurbains,
Athènes, Grèce, 2010. Échelle : 1 : 229'000.
|
Espaces agricoles
|
Espaces verts
|
Total
|
absolu [km2]
|
8.2
|
11.5
|
19.7
|
en % de la surface du champ urbain
|
1.1
|
1.5
|
2.5
|
par habitant du core city [m2]
|
10.3
|
14.4
|
24.6
|
Tableau 19 Données II pour Athènes Y.Schneeberger,
2011 (c)
75
L'agglomération d'Athènes est un cas
spécifique que nous avons décidé de traiter à part.
En effet, des quartiers entiers de la ville présentent une morphologie
« semi-agricole ». Typiquement, des parcelles allongées sont
collées les unes autres, dont un cinquième est occupé par
une bâtisse et le reste par une culture agricole. La sylviculture
(olives, vignes) semble être la majorité des cas. La distance au
bâti n'excède dès lors par la dizaine de mètres, et
l'incorporation de ces quartiers ne souffre d'aucune hésitation. Ceux-ci
sont présentés en beige sur la carte précédente. A
notre sens, la comptabilisation des aires agricoles nécessite
également l'apport de ces surfaces qui excèdent largement la
définition du potager. En moyenne, 20% des parcelles abritent une
culture, dès lors nous avons enregistré 15% de la surface de ces
quartiers comme étant de l'agriculture intraurbaine. Athènes est
la seule ville qui se présente ainsi. Ce « supplément »
représente 18% des aires agricoles du champ urbain de la capitale.
Les espaces verts d'Athènes, ville du ciment
au dire de ses habitants, occupent effectivement peu de place au sein du
champ bâti, à peine 1,5%. L'agriculture intraurbaine est pour
ainsi dire quasi-absente, avec 1,1% du sol consacré. Les
problèmes de pollution se concentrent dans le core city
d'Athènes, qui n'est pas grand, avec 395km2 et 800'000
résidents. Exprimé en mètres carrés par habitant,
l'accessibilité aux espaces verts du champ urbain est faible. Il peut
être nuancé par la présence des montagnes très
proches, qui sont en partie des réserves naturelles, néanmoins
celles-ci sont faiblement accessibles car pentues, non-équipées
et partiellement dénudées de végétation. Cette
dernière constatation opérée avec des images satellitales
de précision, ne permet pas de retenir certains espaces verts
nommés comme tels. Fonctionnellement, seuls les parcs urbains
apparaissant dans la carte précédente répondent aux
besoins en nature des Athéniens. Ainsi, la portion Ouest de la Ville et
particulièrement le quartier très dense de Nikaia est totalement
dépourvue d'espaces verts urbains. Etant donné
l'étroitesse du core city (11km), sa densité et son climat X,
seuls une végétalisation des toits et des gains d'espace sur la
mer dévolus à la végétation sont envisageables pour
amener de la nature en ville, quand bien même ces coûteuses
infrastructures soient actuellement en porte-à-faux avec les finances de
l'Etat et des particuliers.
2.1.6 ROME

10km
Y.Schneeberger (c)
76
Figure 38 Espaces verts et agricoles intraurbains, Rome, Italie,
2007 (2002). Échelle : 1 : 295'000.
|
Espaces agricoles
|
Espaces verts
|
Total
|
absolu [km2]
|
85.4
|
19.3
|
104.7
|
en % de la surface du champ urbain
|
6.7
|
1.5
|
8.3
|
par habitant du core city [m2]
|
32.8
|
7.4
|
40.3
|
Tableau 20 Données II pour Rome Y.Schneeberger, 2011
(c)
L'agriculture intraurbaine de Rome est très forte, les
effets du polycentrisme diffus que nous avons préalablement
établi s'expriment pleinement avec la place des espaces agricoles.
Représentant plus
77
de 6% du territoire du champ urbain romain, leur taille est
également très forte avec 84 hectares en moyenne. Les espaces
verts sont quatre fois moins présents, nous en avons recensé 74.
L'extrême dichotomie de la localisation entre espaces verts et agricoles
intraurbains est remarquable. Ces derniers sont répartis d'une
manière quasi-uniforme dans le champ urbain à l'exception du
centre ville historique, que délimitait le mur d'Aurélien. Le
contraire est valable pour les espaces verts : ils se localisent surtout au
centre de Rome, sur ses sept collines. Leur existence est due à la
présence de sites historiques, les deux grands espaces verts très
centraux sont ceux du forum romain avec l'ancienne domus romea et les
jardins du Celio sur la colline du Palatin. L'absence de parcs et squares dans
les couronnes de l'agglomération est certes du au climat peu propice
à leur existence naturelle, mais est aussi le résultat d'une
politique absente en la matière. Tout au Sud du cadre urbain, l'on en
recense quelques uns, ils se localisent autour du lac Albano et Castel
Gandolfo, et définissent le début d'une topographie plus
marquée.
78
2.1.7 BUCAREST

10km
Y.Schneeberger (c)
Figure 39 Espaces verts et agricoles intraurbains, Bucarest,
Roumanie, 2009 (2010). Échelle : 1 : 226'000.
|
Espaces agricoles
|
Espaces verts
|
Total
|
absolu [km2]
|
26.9
|
12.6
|
39.5
|
en % de la surface du champ urbain
|
2.1
|
4.4
|
6.5
|
par habitant du core city [m2]
|
6.6
|
14.2
|
20.8
|
Tableau 21 Données II pour Bucarest Y.Schneeberger, 2011
(c)
Typiques de villes radioconcentriques, les espaces agricoles
se localisent aux abords des limites villes-campagne. Leur existence massive
aux portes de l'urbanisation est due à la continuité du
bâti recensée le long du périphérique routier, qui
englobe ainsi ces espaces interstitiels. Le
79
développement ne s'y fait que peu,
préférant longer les axes routiers extra-urbains. Les espaces
verts sont plus centraux, s'insérant dans une ville compacte.
L'hyper-centre en est dépourvu. Ces derniers sont de grande taille, avec
en moyenne 71 hectares par parc, ce qui est remarquable pour une ville ou la
densité du core city atteint plus de 8'300 personnes par
kilomètres carrés, celle-ci suit un gradient
centre-périphérie linéaire, la localisation des espaces
verts et agricoles intraurbains exprime ce phénomène.
2.1.8 STOCKHOLM

10km
Y.Schneeberger (c)
Figure 40 Espaces verts et agricoles intraurbains, Stockholm,
Suède, 2007.
Échelle : 1 : 208'000.
La présence massive d'espaces verts intraurbains
à Stockholm s'impose à la lecture de la carte ci-contre. En
effet, ces derniers couvrent presque 5% de l'espace du champ urbain. Il faut
savoir que le tissu urbain est globalement fait de quartiers denses
délimités par des aires de végétation, elle-
80
même concentrée ; ce sont de véritables
bois et forêts de résineux qui ponctuent presque l'ensemble de la
ville de Stockholm, accompagnés d'étendues d'eau, surtout dans la
partie centrale de la ville. La colorimétrie de ces aires
forestières dont beaucoup sont des réserves naturelles, a permis
une sélection automatisée des espaces verts d'une taille
supérieure à ce qui aurait été défini
manuellement, comme c'est le cas pour les autres métropoles.
|
Espaces agricoles
|
Espaces verts
|
Total
|
absolu [km2]
|
6.3
|
26.1
|
32.4
|
en % de la surface du champ urbain
|
1.2
|
4.9
|
6.0
|
par habitant du core city [m2]
|
3.3
|
13.7
|
17.1
|
Tableau 22 Données II pour Stockholm Y.Schneeberger, 2011
(c)
Nous avons recensé 174 parcs, squares ou aires vertes
arborisées dans la capitale de la Suède, officiellement la ville
en contient plus de mille. De grands parcs relativement centraux existent,
à l'instar du Hagaparken. Malgré ces apparences, le chiffre de
13.7m2 d'espace vert par habitant est médiocre. Trois raisons
peuvent être évoquées : Premièrement, l'urbanisation
compacte de la ville n'a pas permis d'englober des surfaces forestières
dans ses périphéries, deuxièmement ces dernières
sont équipées et vécues comme des parcs par la population
mais représente l'extra-urbain et ne sont pas comptabilisées,
finalement les nombreux petits parcs et squares de la capitale ne sont pas non
plus comptabilisés. Le chiffre a donc une signification moindre pour le
cas suédois et doit être apprécié à la
hausse. Quant aux aires agricoles intraurbaines, elles sont rares, le climat
continental froid ne rendant pas cette activité propice. Elles sont en
majorité localisées au Nord de la ville et faiblement
réparties. Au nombre de dix-sept, le 65% de leur superficie est couverte
par une seule aire.
2.1.9 COPENHAGUE

10km
Y.Schneeberger (c)
Figure 41 Espaces verts et agricoles intraurbains, Copenhague,
Danemark, 2005. Échelle : 1 : 292'000.
La forte présente du végétal dans le
champ urbain de
Copenhague est
remarquable. En effet, avec 112
mètres carrés d'espaces verts par habitant, plus de 10% du
territoire est non-urbanisé, sans compter les quelques espaces bleus qui
ponctuent les couronnes urbaines. Trois espaces verts de grande taille sont
présents. Au Nord, deux réserves naturelles sont fortement
marécageuses, tout en étant parfaitement accessible aux
visiteurs, dès lors nous les avons
comptabilisés comme
espaces verts urbains. Tout au
Sud, la presqu'île d'Amager est faite de landes sèches et de
portions forestières où tout véhicule motorisé ou
non est interdit.
81
|
Espaces agricoles
|
Espaces verts
|
Total
|
absolu [km2]
|
14.0
|
56.1
|
70.1
|
en % de la surface du champ urbain
|
2.6
|
10.6
|
13.3
|
par habitant du core city [m2]
|
28.0
|
112.2
|
140.2
|
Tableau 23 Données II pour Copenhague Y.Schneeberger, 2011
(c)
Globalement les espaces verts urbains sont présents
dans toutes les parties du champ urbain. Quatre parcs intramuros ponctuent
aujourd'hui encore la ville (Botanique et universitaire, du musée d'art,
Rosenborg palace Garten ainsi que le Orstedparken), ainsi 10% de l'hypercentre
entourée des douves précédemment évoquées,
est de couverture végétale ce qui est sans
précédent dans l'histoire des villes d'Europe. Des friches
urbaines existent à proximité immédiate du centre
historique, fait rare également. La présence de ce dernier
contigu au port marchand explique la présence des ces terrains.
L'agriculture intraurbaine danoise est également présente
à tous les niveaux de notre cadre analytique, et plus intensément
au sud, à proximité de l'aéroport.
2.1.10 ZÜRICH

10km
Figure 42 Espaces verts et agricoles intraurbains,
Zürich, Suisse, 2009. Échelle : 1 : 263'000.
Zürich présente des taux élevés
d'espaces verts par habitants et de % de son sol en surface agricole. Avec 25,5
m2 de parcs, squares, forêts et bois dans le champ urbain, et
une présence dans
82
toutes ses parties,
l'accessibilité à la
nature est
bonne. Une forêt a été
annexée
par l'urbanisation de la cité suisse, il s'agit de la Hardwald (290
hectares), au Nord de l'agglomération. Les autres espaces verts urbains
de grande taille sont les Waidberg au Nord du centre-ville et le Sihlfeld
à l'Ouest.
83
|
Espaces agricoles
|
Espaces verts
|
Total
|
absolu [km2]
|
10.5
|
10.2
|
20.7
|
en % de la surface du champ urbain
|
3.2
|
3.1
|
6.3
|
par habitant du core city [m2]
|
26.3
|
25.5
|
51.8
|
Tableau 24 Données II pour Zürich Y.Schneeberger,
2011 (c)
Le champ urbain très peu compacte signifie que
l'extra-urbain est très accessible. En effet, la position la plus
centrée dans l'agglomération se trouve à moins de cinq
kilomètres de la limite ville-campagne, elle-même composée
à 65% d'un contact ville-forêt, et 35% d'un contact ville-zone
agricole. De petits parcs très centrés existent, permettant en
partie de compenser l'absence de grands parcs.
Quant aux 50 zones agricoles recensées, elles se
répartissent d'une manière assez uniforme sur les couronnes de
Zürich. Importante autour de la Hardwald, la présence de
l'agriculture a été également été
comptabilisée sur l'aéroport de Dübendorf, à l'instar
du Tempelhof de Berlin. Bien qu'encore utilisé aujourd'hui,
l'aéroport militaire zurichois est d'après les images
satellitales fauché, et supposé devenir zone agricole dans un
à trois ans. Cela correspond à 13% des aires agricoles
intraurbaines du champ urbain de la capitale économique suisse.
3 COMPARAISONS ENTRE LES MÉTROPOLES
Notre analyse s'effectue en plusieurs parties. Les chiffres
bruts pour les indicateurs créés sont recensés dans un
tableau, utilisé pour une analyse pour chacun d'entre eux avec les
formes urbaines des métropoles sélectionnées (3.1). Une
conclusion intermédiaire clôt ce chapitre de même qu'une
comparaison plus approfondie entre Paris et Londres, qui rend compte du besoin
d'un tableau plus synthétique pour l'analyse comparative globale. Ainsi
des notes sont données pour chaque indicateur et chaque ville, ce qui
permet de mettre plus aisément en rapport les résultats pour
chaque métropole. Cela représente la majeure partie de l'analyse
(3.2). Les liens entre nos indicateurs et les densités urbaines sont
évoqués (3.3), de même qu'avec la taille des
métropoles (3.4). Suivent l'analyse de la surface moyenne des espaces
verts (3.5) et finalement les liens avec les climats urbains (3.6).
3.1 ANALYSE CHIFFRÉE A PARTIR DES INDICATEURS
Ici sont recensés les indicateurs de pourcentage de
surface d'après le type d'espace vert (espaces toujours verts,
agriculture intraurbaine et total), pour la comparaison entre métropoles
européennes. Nous y assortissons la forme des villes, puisqu'il avait
été relevé dans la partie consacrée au choix du
panel de ces dernières, que la forme urbaine pouvait être une
variable explicative de la localisation des espaces verts urbains.
L'homogénéité de la répartition intraurbaine des
espaces verts apporte un complément aux notes données. Cette
mesure a été faite visuellement sur la base des cartographies
présentées an amont. Les données de compacité sont
également un appui nécessaire à l'analyse.
Id
|
|
% de la surface en espaces verts + agricoles
|
|
|
Rang
|
% de la
|
% de la
|
Homogé-néité
|
Forme de ville
|
Compacité
|
|
surface en espaces verts
|
surface en agriculture intraurbaine
|
de
la réparti-tion des espaces verts
|
|
de la forme
|
84
PAR ION MAD BER
ATH ROM BUC STO COP
ZUR
|
15.4
|
1
8
4
9
10
3
5
7
2
6
|
11.0
|
4.4
|
+
|
Radioconcentrique
|
0.31
|
4.7
|
2.1
|
2.6
|
++
|
Compacte
|
0.52
|
6.6
|
2.8
|
3.8
|
--
|
Polynucléaire
|
0.34
|
4.4
|
2.7
|
1.7
|
++
|
Mixte à tendance
polynucléaire
|
0.29
|
2.6
|
1.5
|
1.1
|
-
|
Très compacte
|
0.20
|
8.2
|
1.5
|
6.7
|
--
|
Polynucléaire
|
0.15
|
6.5
|
4.4
|
2.1
|
-
|
Radioconcentrique
|
0.32
|
6.1
|
4.9
|
1.2
|
++
|
Compacte
|
0.27
|
13.2
|
10.6
|
2.6
|
++
|
Compacte et multi-radiale
|
0.21
|
6.3
|
3.1
|
3.2
|
+
|
Multi-radiale
|
0.14
|
Tableau 25 Données comparatives IV Y.Schneeberger, 2011
(c)
3.1.1 ESPACES VERTS TOTAUX ET FORMES URBAINES
En ce qui concerne les espaces verts totaux, force est de
constater que la variabilité est extrême entre métropoles
européennes. Alors que Paris offre à chaque habitant 15.4%
d'espaces verts, Athènes n'en propose que 2,6%, soit six fois moins. La
capitale française vient donc en tête des métropoles
européennes suivie de près par Copenhague (13.2%). Rome a une
bonne offre d'espaces verts (8.2%), suivie par Madrid, Bucarest et Stockholm,
avec toutes plus de 6% de l'espace qui y est consacré. Londres obtient
des résultats plus modestes (4.7%), de même que Berlin (4.4%). La
capitale grecque vient en queue de peloton avec ses chiffres très bas.
Aucun lien avec la forme urbaine ne ressort dans ce classement, il est juste
relevable qu'Athènes est une ville très compacte, ce qui
85
pourrait supposer peu d'espaces verts, néanmoins
Stockholm, autre ville compacte propose plus 6% d'espaces verts. Notre mesure
de la compacité (rapport entre la surface interne et les pourtours)
n'alimente pas non plus l'analyse sur les espaces verts totaux.
3.1.2 AGRICULTURE INTRAURBAINE ET FORMES URBAINES
Paris et Copenhague présentent les plus forts taux de
surfaces en espaces verts (11%), devançant nettement deux autres villes
à des positions plus moyennes, soit Stockholm (4.9%) et Bucarest (4.4%).
Tant Zürich, Madrid que Berlin proposent environ 3% d'espace dans ce mode
comprenant majoritairement bois, parcs et squares. Londres obtient un chiffre
de 2.1%, Rome et Athènes sont reléguées aux
dernières places avec 1.5% d'espaces verts. Les deux cités
radioconcentriques se retrouvent au 2ème et
4ème rang de ce classement, ce qui laisse supposer que cette
forme de ville est propice à la constitution d'espaces verts urbains. En
s'appuyant sur les phases d'urbanisation des villes européennes nous
devons remarquer que la polycentricité est en oeuvre relativement
passée et planifiée, or justement les parcs, squares et bois
intraurbains, à l'exception des espaces interstitiels englobés,
s'expliquent par des raisons de planifications historiques.
3.1.3 ESPACES EN AGRICULTURE INTRAURBAINE ET FORMES
URBAINES
Rome est la métropole qui inclut le plus d'espaces
agricoles dans ses contours urbains, avec 6.7% elle devance Paris (4.4%),
Madrid (3.8%) et Zürich (3.2%). Les capitales italiennes et espagnoles,
toutes deux de forme polynucléaires décrivent une forme qui
semble être propice à l'existence de surfaces agricoles au sein de
la métropole. Copenhague et Londres obtiennent des résultats plus
modestes avec 2.6%. Berlin se retrouve en antépénultième
position (1.7%), finalement Stockholm et Athènes ferment la marche avec
un peu plu de 1%. Ces deux dernières villes ont les latitudes les plus
excentriques de notre panel, ce qui à nouveau laisse penser que le
climat joue un rôle important, qui plus est sur le type d'espaces
verts.
3.1.4 HOMOGÉNÉITÉ DES
RÉPARTITIONS DES ESPACES VERTS
Londres, Berlin, Stockholm et Copenhague présentent les
plus fortes homogénéités de leur répartition des
espaces verts urbains. Celles de Paris et de Zürich sont également
élevées. Les villes du Sud (Madrid, Rome, Athènes)
présentent les plus fortes
hétérogénéités, ainsi que Bucarest. A la vue
des cartographies, il semble que le climat joue un rôle important dans la
localisation intraurbaine des espaces verts, ce point fait l'objet d'un
chapitre plus en aval de ce mémoire. Nous ne constatons
86
pas de lien entre le type de forme de ville et
l'homogénéité de la répartition des espaces verts.
De même, le degré de compacité ne soulève pas de
constatations analytiques.
3.1.5 CONCLUSION INTERMÉDIAIRE
Les analyses sur les formes urbaines ont permis de constater
que la variabilité de l'offre en espaces verts est très grande,
très pour les espaces verts agricoles que non-agricoles. Les
cités qui avaient un développement radioconcentrique par le
passé ont un avantage en matière de surface d'espace vert, celles
qui ont adopté une forme polynucléaire récente
intègrent plus d'espaces agricoles en leur sein, fréquemment
aidées par un maillage des systèmes de transports en
périphérie. Néanmoins, aucune forme urbaine actuelle
n'empêche une bonne répartition des espaces verts, ainsi nous ne
préférons à ce stade de l'analyse aucun modèle.
Seule l'hyper compacité semble un frein important à l'existence
d'espaces verts au sein des métropoles, toutefois cette constatation ne
repose que sur un seul cas. Le climat est certainement une variable majeure,
tant pour la surface des espaces verts que du type d'espace vert.
Indéniablement, il faut relier le dialogue analytique entre les
indicateurs, en effet les cartographies démontrent que les indicateurs
qui viennent d'être analysés un par un sont fortement liés.
Afin que l'analyse soit efficace et s'opère avec les meilleurs
indicateurs, sans souffrir de l'inutilité de la présence de
certains, nous allons analyser comparativement Londres et Paris, à
l'aide du tableau chiffré et de toutes les données dont nous
disposons. Ce travail est trop important à faire pour toutes les villes
entre elles, d'où l'intérêt, justement, d'un futur tableau
synthétique réduit.
3.2 VERS UNE SYNTHÈSE, À PARTIR DES CAS
DE LONDRES ET PARIS
Nous avons remarqué que la capitale anglaise
présente une forte homogénéité. Celle-ci peut
réduire l'impact de ses faibles chiffres ou augmenter celui des bons
chiffres. Il faut donc différencier l'homogénéité
des espaces agricoles de celles des espaces non-agricoles. A l'aide des cartes
nous remarquons que les deux types sont bien répartis. L'offre en
espaces verts passe donc de mauvaise (2.1% contre une moyenne de 4.5% pour
toutes les villes) à acceptable. Celle des espaces agricoles de moyenne
(2.6% contre une moyenne de 2.9%) à bonne. Les avantages d'une bonne
répartition des espaces verts sont plus faibles que celle des espaces
verts non-agricoles, en effet, bien que l'aspect paysager joue un rôle
dans sa localisation, la potentielle proximité consommateur-producteur
trouve déjà son compte lorsqu'elle est urbaine (l'on parle encore
de produit locaux à des échelles plus vastes), de plus les
conséquences d'une mauvaise répartition des parcs, squares et
bois intraurbains sont plus importantes que celles des espaces agricoles.
Ainsi, nous sommes d'avis que l'indicateur surface en espaces verts dont
agricoles soit retenu, de même que celui de
l'homogénéité de la répartition des espaces
verts non-agricoles.
87
Il a aussi été avancé que les espaces
verts intraurbains ne suffisent plus par rapport à la demande de nature
en ville, dès lors ce sont plutôt de grands espaces qui sont
nécessaires à l'habitant d'aujourd'hui, afin d'éviter sa
fuite régulière vers la campagne. C'est ainsi que Paris atteint
des chiffres excellent en matière d'apport de nature en ville. En effet,
le fait que les espaces interstitiels soient massivement présents,
renforce la qualité de l'offre dans la cité francilienne. Ce
n'est pas du tout le cas à Londres. Ainsi il nous faut développer
un nouvel indicateur, traitant de la présence de grandes surfaces
d'espaces verts interstitiels. Son intensité est évaluée
à partir des cartographies.
Les pourtours urbains jouent également un rôle,
en effet la compacité de Londres (0.52) péjore l'accès
à la campagne, alors que les habitants de Paris (0.31) sont en moyenne
spatialement plus proche de la limite urbaine. Cela augmente la
disponibilité des surfaces vertes, et minimise le besoin de
déplacement. Bien évidemment, la petitesse d'une ville maximise
l'accès à la périphérie verte. Il avait
été relevé au moment de choisir les villes de
l'échantillon, que les problématiques étaient d'autant
plus importantes que les cités sont vastes. De plus, le type d'espace
au-delà de la délimitation urbaine est fondamental : lorsque le
franchissement donne sur un espace bleu ou agricoles, la fonctionnalité
de ce dernier et bien moindre que lorsqu'il s'agit de forêts ou de bois.
Londres ne présente que 10% de contours de type ville-agriculture contre
environ 25% pour Paris. Nous désirons un indicateur pour rendre compte
de ces phénomènes, et trois facteurs entrent donc en jeu dans sa
constitution. Dès lors, la compacité qui déjà
mesurée est utilisée comme base chiffrée, nous la
pondérons en fonction de la taille des métropoles (augmentation
d'une classe pour les plus petites villes, diminution d'une classe pour les
plus grandes). Lorsque les pourtours urbains sont fortement verts
(d'après les images satellitales), la note augmente d'un cran,
lorsqu'ils sont majoritairement agricoles ou bleus nous la diminuons. Simple,
cette pondération rend bien compte de l'accès à la nature
extra-urbaine.
Dès lors, ce sont les quatre indicateurs suivants,
regroupant sept variables qui entrent en jeu dans notre analyse de la
localisation des espaces verts urbains :
? Surface en espaces verts et agricole ;
? Homogénéité de la répartition des
espaces verts non-agricoles ;
? Présence d'espaces interstitiels de type forêt
dans le champ bâti ; ? Accès à la nature extra-urbaine.
L'analyse globale entre deux villes, à l'instar de Londres
et Paris est opérable à l'aide de chiffres brut, néanmoins
pour une vision plus comparative, entre les dix métropoles de
l'échantillon, il convient de dresser le nouveau tableau uniquement
à l'aide de notes qualitatives.
3.3 ANALYSE SYNTHÉTIQUE
Nous recourons à la notation, avec des couleurs
classiques, dont un passage en revue est toujours utile à la
compréhension de tels tableaux. Soit le vert foncé
Très bien, le vert clair Bien, le jaune Moyen,
l'orange Mauvais, le rouge Très mauvais. Les
résultats synthétiques sont donc les suivants :
Id
|
|
% de la surface en espaces verts et agricoles
|
|
Homogénéité de la répartition des
espaces verts
|
|
Intensité de la présence de grandes surfaces
d'espaces verts interstitiels
|
|
Accès à la nature extra-urbaine
|
PAR
ION
MAD
BER
ATH
ROM
BUC
STO
COP
ZUR
88
Tableau 26 Données comparatives V Y.Schneeberger, 2011
(c)
Ce tableau résume l'ensemble des considérations
que nous avons jusqu'à présent portées, à partir
des cartes créées. Analyse chiffrée à l'appui
effectuée quelques lignes en amont pour Paris et Londres, nous
remarquons sans surprise que la capitale française obtient des notes
bonnes, sa richesse en vastes espaces verts interstitiels est relevée,
sa grande taille et sa compacité élevée lui
confèrent une accessibilité à la nature médiocre.
Sa rivale outre Manche obtient sans surprise une note négative pour la
surface, mais présente de surcroît un accès à la
nature extra-urbaine très mauvais, fruit de la taille de la ville, de sa
compacité et du faible taux de surface boisées au-delà de
sa délimitation. La répartition exemplaire des espaces verts
urbains vient tempérer ces résultats.
89
Les meilleurs élèves sont clairement Copenhague,
Zürich et Paris. La ville suisse présente la meilleure
accessibilité à la nature extra-urbaine, elle se fait toutefois
largement devancer par Paris et Copenhague quant aux surfaces d'espaces verts
urbains. La ville danoise atteint des niveaux exceptionnels d'offre de nature
en ville, sans que sa structure compacte ne l'y invite. En effet, ce sont bien
des politiques urbaines novatrices qui ont façonné cette
ville-verte depuis plusieurs décennies. En mètre carrés
par habitants, l'on obtient un chiffre exceptionnel de 112 mètres
carrés par habitants. Pour ces trois villes leader,
l'homogénéité de la répartition des espaces verts
non-agricoles est très bonne, d'ailleurs cette dernière l'est
pour toutes les métropoles occidentales
non-méditerranéennes. Les raisons sont historiques. Des
différences existent dans les couronnes suburbaines et
périurbaines, certaines villes ont englobés des aires
forestières dans leurs contours, d'autres pas. Les trois seules
métropoles où ce fait est remarquable sont justement Paris,
Copenhague et Zürich, ce qui leur permet de se positionner en tête
quant à l'offre en espaces verts urbains.
A l'inverse des métropoles cumulent les notes
négatives en la matière, à l'instar d'Athènes et
Londres, chacune ont trois notes sur quatre négatives. Aucune ne
présente d'espaces verts interstitiels, ni de bons taux de surface en
espaces verts. Leur excellente répartition déjà
relevée dans la métropole anglaise évite le rouge total,
de même que l'accès à la nature aisé pour les
Athéniens. En effet, petite ville, Athènes est faiblement
bordée par la mer, mais bien plus par des parcs naturels montagneux
parfois végétalisées.
Les autres métropoles naviguent dans des eaux moins
franches, tel Berlin, dont les 2,7 % d'espaces verts et 1,7% d'espaces
agricoles sont bien faibles au regard de l'offre des autres métropoles
d'Europe. L'excellente répartition de ces derniers compense cela sans
toutefois que la présence de grands espaces non-urbanisés ne
permettent de réduire l'attrait de l'extra-urbain, dont celui bordant
directement la ville est moyennement fréquentable car très
agricole. Malgré la tendance polynucléaire de la forme de Berlin,
peu d'espaces interstitiels en forme d'espaces verts ou agricoles ont
été incorporé par la croissance de la ville, à
l'inverse de Rome et de Madrid.
Cette dernière ville comporte également des
notes négatives ou neutres, malgré le fait relevé plus en
amont que Madrid ait pu incorporer de larges espaces agricoles dans la
métropole. En effet, tout comme Rome, ces deux villes
polynucléaires qui n'ont pas réussi à intégrer de
grands espaces verts dans leurs couronnes, comme à Paris, Copenhague ou
Zürich. Alors que la note moyenne sanctionne la ville espagnole, Rome s'en
sort mieux grâce à des surfaces tant agricoles que non-agricole
plus importantes. Il a été relevé que la forme
polycentrique était en cause, à ce stade de l'analyse, il semble
que le climat définisse largement quel type d'espaces (entres verts et
agricoles) est présent,
90
et que la forme urbaine permette ou non leur
développement. Ainsi des espaces agricoles composent tout le sud
madrilène et les couronnes de Rome. Ceci ce traduit par des
répartition des espaces verts très mauvais dans le deux cas. Par
ailleurs leurs limites villes-campagnes ne permettent pas de compenser ce fait,
puisque ces villes communiquent avec soit des espaces dénudés en
raison du climat, ou des zones presque intégralement agricoles.
Quant à Stockholm, elle présente de bonnes
notes. Il lui manque des espaces verts interstitiels pour en faire une ville
leader. Finalement Bucarest n'obtient pas une seule note positive, sans
toutefois être très mauvaise dans un secteur. De forme
polycentrique, nous remarquions dans l'analyse cartographique par
métropole que 100% des espaces agricoles intraurbains se situent en
couronne, au détriment des parcs et squares.
3.4 SURFACES TOTALES ET DENSITÉS
Nous relevions dans la partie consacrée à la
définition des problématiques attenantes aux espaces verts
urbains qu'ils jouent un rôle ambigu dans le débat entre ville
dense et ville étalée. Il avait été constaté
que la présence d'espaces verts intraurbains étale la ville, mais
que sans leur présence, les problèmes engendrés par une
fuite ponctuelle ou définitive vers la campagne des habitants
augmentaient. Les densités des métropoles étudiées
sont mises en rapport avec la surface en espaces verts dont agricoles dont
elles disposent. Il faut préciser que les densités sont des

Figure 43 Densités et espaces verts urbains
Y.Schneeberger, 2011 (c)
estimations d'après
Eurostat qui ne coïncident
pas parfaitement avec nos propres délimitations.
Nous pouvons de prime abord remarquer qu'il n'y a pas de lien
évident entre
densité et surfaces
végétales au sein
des métropoles. Le coefficient de corrélation
s'élève à -
0.1, ce qui indique un lien négatif attendu, mais d'une
intensité très faible. Tant pour les espaces verts non-agricoles
que l'agriculture intraurbaine, les chiffres sont du même ordre de
grandeur.
91
Paris et Copenhague, les deux métropoles avec plus de
13% d'espaces verts sont aisément visibles dans le graphique, leurs
densités ne sont pour autant inférieures à la moyenne des
autres. A l'inverse, Bucarest, ville dont la LUZ est la plus dense, arrive tout
de même à composer avec 6.5% d'espaces verts. Les travaux
menés par Vincent Fouchier sur les densités urbaines nous ont
prouvé que des densités élevées pouvaient
être atteintes avec du végétal en ville. Copenhague
illustre pleinement ce fait : Des politiques publiques multiples de
végétalisation de la ville ne découlent que peu
d'étalement urbain.
3.5 TAILLE DES MÉTROPOLES ET ACCÈS À
LA NATURE
La question du lien entre la talle des villes et leur offre en
est intéressante à poser. En effet, puisque les maux urbains
augmentent au fur à mesure que la ville croît, et que la limite
ville-campagne s'éloigne à mesure que la cité grandit, il
est possible que l'apport de nature en ville soit lié à la taille
des métropoles. Le graphique suivant rend compte de ces
phénomènes pour nos dix villes.
Le lien entre superficie du champ bâti et pourcentage
d'espaces verts est négatif, mais très faible
|
(corrélation de -0.16), soit
non-significatif. Un
échantillon de taille largement supérieur est
nécessaire pour dégager un éventuel lien plus marquant. Il
est toutefois observable que ni les plus grandes métropoles, ni les plus
petites ne sont les plus vertes. Dès lors, le rapport de taille ne
semble pas
rendre compte des hypothèses
susmentionnées.
|
Figure 44 Densités et espaces verts urbains
Y.Schneeberger, 2011 (c)
|
3.6 SURFACES MOYENNES DES ESPACES VERTS
Notre méthodologie a permis de compter le nombre
d'espaces verts urbains et d'aires agricoles intraurbaines définies.
Mises en rapport avec leurs superficies totales, apparaissent les surfaces
92
moyennes des polygones crées. Le graphique suivant exprime
ces faits pour les dix villes de
l'échantillon.

M2
Figure 45 Surfaces moyennes des espaces verts urbains et
agricoles, par métropole. Y.Schneeberger, 2011 (c)
Nous pouvons remarquer que Madrid se dégage des autres
villes européennes quant à la taille des ses aires agricoles
intraurbaines. A nouveau, et les chiffres élevés pour Rome le
confirme, c'est le maillage autoroutier des couronnes des ces villes qui
définissent de larges portions agricoles non-entrecoupées
d'urbanisation. A l'inverse, les plus petites surfaces sont recensées
à Zürich et Copenhague. En Suisse, où la densité est
forte et les aires forestières strictement protégées, le
sol devient rare et des découpages toujours plus fins se mettent en
place. Dans la ville Danoise, l'agriculture se répartit sur tout le
territoire du champ urbain, les zones agricoles contenues à
proximité du centre sont petites et tirent la moyenne vers le bas.
Londres présente une grande homogénéité dans la
localisation de ces mêmes espaces, à la différence de Paris
où l'agriculture est fortement excentrée et dispose de surfaces
logiquement plus grandes.
3.7 SURFACES TOTALES ET CLIMATS
Finalement, notre dernière analyse comparée
porte sur le rôle du climat, qui tient une place importante dans la
répartition des espaces verts urbains des métropoles
européennes. D'ailleurs, dans l'analyse morphologique de villes
européennes, Guérois (2003 : 5) relève qu'aune
hypothèse
93
courante, souvent reprise (Vieillard-Baron,
200118), est celle d'une différenciation entre villes de
l'Europe du nord et villes de l'Europe du sud, mais elle est a encore
été peu testée». Notre approche par les espaces
verts urbains mérite donc d'être analysée sous cet angle.
Le tableau suivant présente les villes dans un ordre créé
selon leur latitude, avec une sélection des indicateurs les plus
pertinents.

Tableau 27 Données comparatives VI Y.Schneeberger, 2011
(c)
Il est souhaitable de tester l'hypothèse que
l'agriurbanisme est plus développé au Sud étant
donné le climat propice à cette activité, et les espaces
verts moins présents en raison d'un climat trop sec. Le coefficient de
corrélation entre surface en agriculture urbaine et latitude est de
-0.33, effectivement la relation est négative mais cela n'est pas
significatif. Toutefois en excluant Athènes, littéralement
coincée entre ses pans de montagnes arides, et répondant donc de
contraintes majeures différentes, la corrélation apparaît
à un niveau fort, (-0.68). Quant au lien entre surface en espaces verts
par habitant et latitude, il est non-significatif, à hauteur de 0.39,
mais indique une relation positive.
18Voir Vieillard-Baron H., 2001, Les banlieues :
des singularités françaises aux réalités mondiales,
Paris :Hachette.
94
4 CONCLUSION
L'influence de la forme urbaine sur la présence
d'espaces verts urbains est forte, mais d'autres variables sont à
l'oeuvre pour expliquer leur localisation. Le polycentrisme de Madrid et de
Rome permet la présence massive de tels espaces, ce qui en fait des
villes leader en matière d'intégration de surfaces naturelles
dans l'urbanisation. Les formes radioconcentriques passées
étaient propices à l'érection d'espaces verts, alors que
la polycentricité offre actuellement les meilleures conditions, ce qui
démontre la cohérence des principes directeurs pour le
développement territorial durable en Europe. Néanmoins, il a
été soulevé que toutes les formes urbaines permettent un
développement de nature en ville, fait démontré par
l'absence de lien significatif entre densité urbaine et présence
d'espaces verts urbains. Entre ville dense et ville étalée, les
espaces verts peuvent trouver une place équivalente dans le
minéral urbain, sans redéfinir les formes des métropoles.
Dès lors, cela suppose que la hauteur du bâti moyen et la surface
de logement par habitant sont des indicateurs bien plus importants pour
définir les densités urbaines.
Parmi les villes, alors que seule Copenhague obtient un panel
de notes strictement positives, et relève définitivement de
l'exemplarité pour l'incorporation de nature en ville, les
résultats des autres cités sont bien plus contrastés. Les
villes à latitude moyenne semblent plus propices à la
présence utile de nature en ville, un fait corrélé avec
les conditions climatiques. Ces dernières définissent d'ailleurs
bien l'existence des espaces verts à vocation agricole.
Synthétiquement, la répartition des espaces
verts urbains dont agricoles dépend de quatre facteurs majeurs, à
savoir les formes urbaines, les politiques urbaines, le climat et la
topographie. Cela permet à des profils de métropoles très
différents d'exister, dont certains comme Athènes relèvent
prioritairement du cadre topographique et d'autres à l'instar de
Copenhague des politiques urbaines.
Finalement, nous constatons avec les exemples de Paris et de
Zürich, que les espaces verts interstitiels des couronnes
métropolitaines représentent la plus grande part d'espaces verts
urbains des métropoles. Rome et Madrid présentent de forts taux
d'espaces agricoles intraurbains grâce à l'anarchie de leur
croissance récente. Hasardeusement ou pas, la politique
européenne se repose sur ces annexions par l'urbanisation galopante pour
atteindre ses objectifs d'accès à la nature en ville.
95
Nous concluons par un constat exprimé par Yves Chalas
qui rend bien compte de la problématisation des espaces verts avec un
champ urbain tel que celui développé dans la présente
étude : «la ville-nature, cela signifie en premier lieu que la
nature ou la campagne est et fait ville aujourd'hui et, par conséquent,
que la nature et la ville, ou que la campagne et la ville ne s'opposent
plus» (2000 : 113).
5 PERSPECTIVES
Le calcul des populations réelles selon la
définition que nous avons conféré au champ urbain
permettrait sans doute de confirmer les propos quant à la
non-prépondérance de la présence d'espaces verts urbains
dans les chiffres de densités. Parallèlement, l'inverse pourrait
être établi, à savoir que la surface au sol de logement par
habitant joue un rôle principal dans l'étalement urbain. Une
analyse dynamique de l'évolution des surfaces en espaces verts urbains,
ventilés dans les catégories parcs et squares intraurbains,
espaces verts interstitiels englobés et espaces verts extra-urbains
eux-mêmes pondérés selon leur accessibilité serait
très intéressante à mettre en place pour étayer nos
analyses. Connaître les mécanismes d'évolution de
l'accessibilité aux espaces verts urbains peut permettre d'augmenter la
qualité de vie des résidents de métropoles, et de mettre
en place un véritable monitoring des principes durabiliste de la
Commission Européenne. La question de l'uniformisation de
l'évolution des territoires des métropoles en Europe pourrait
être tranchée. Néanmoins, notre analyse qui a
été menée avec une approche basique d'apparence, car
statique et plus descriptive qu'explicative, a soulevé des
problèmes dû à l'obtention de découpages et
d'indicateurs valables pour mesurer les structures macro-urbaines dans les
diverses parties du continent. La simplification méthodologique semble
difficilement contournable pour des analyses comparatives de niveau
européen et des analyses dynamiques risquent d'échouer en raison
de l'ampleur des études à effectuer pour rendre les
données comparables entre elles.
L'analyse systémique semble puissante pour expliquer
les problématiques liées à la couverture du sol sur des
territoires internationaux, elle serait nettement améliorée avec
une interprétation des données par une équipe
transdisciplinaire. En effet, la double casquette sociologue et
géographe que nous n'avons pas, apparaît comme idéale pour
travailler sur les espaces verts urbains, mais également pour traiter de
la qualification de la densification urbaine. Les systèmes d'espaces
verts et les régimes d'urbanisation pourraient être plus fortement
interprétés à l'aide d'une connaissance minutieuse du
développement local des métropoles d'aujourd'hui, ce que nous
n'avons fait qu'aborder par des descriptions succinctes. En effet, en
s'intéressant de plus près à chaque métropole, il
devient possible d'argumenter des profils centre-périphérie de la
superficie en espaces
96
verts, tout comme d'autres analyses plus mathématiques
de la répartition de la place du végétal dans les
métropoles européennes. Les travaux de Mandelbrot (1989) et Batty
(1994) suggèrent que l'analyse des formes urbaines peut être
appréhendée par des modèles fractals, tant pour le
pourtour des champs urbains dans un cadre statique que pour l'évolution
de l'accessibilité aux espaces verts urbains.
Finalement, les mêmes constatations sont valables pour
une analyse comparée entre climat et espaces verts urbains que nous
avons introduite avec quelques variables simples, la température
moyenne, la latitude et le type de climat. La pluviométrie joue
également un rôle de premier ordre comme condition d'existence du
végétal en ville, ainsi des calculs d'aridité
couplés à la localisation des espaces verts intraurbains et
interstitiels seraient à même d'alimenter les connaissances sur
les fonctions climatiques de la végétation en ville, qui sont
actuellement peu étudiées et d'une manière très
locale. Les coupler avec des relevés locaux, encore rarement
effectués, permettrait de réduire les incertitudes que des
analyses simples imposent.
97
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100
ANNEXES
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selon les données de l'Urban Audit, cas de
Stockholm.
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