B- LA CLASSIFICATION PROPREMENT DITE.
Nous pouvons classer les villages de L'opération
Yabassi-Bafang en deux principaux groupes : d'un côté les villages
ayant à la fois une bonne structure dermographique et une position
géographique favorable, Ce qui leur permet de mieux aborder l'avenir.
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Cliché auteur 05/04/91 9H
Photo 9 : Vue partielle d'un quartier de
Mâle. Un village situé à 2 du centre de
Nkondjock. Les avantages de cette proximité ont
indéniables notamment avec l'évolution du bâti où
les maisons plus spacieuses ou en parpaings ne sont pas, rares, ainsi
gué J'électrification, comme le présente la photo.
De l'autre côté les villages gui ont un avenir
hypothéqué ou en voie de l'être.
B-l Les villages a perspectives favorables
Rentrent dans ce groupe, les villages de N'dock-Samba
Mâle et Matoubé. Ils ont des bases économiques solides tant
sur le plan physique que sur le plan humain. Pour mieux comprendre la situation
de ces villages, nous reprendrons les principaux éléments
caractéristiques de ceux-ci.
N'dock-Samba, est situé au nord de Nkondjock, sur la
route qui mène à Bafang. Une société privée
de commercialisation de café s'y est installée, de nouveaux
emplois sont ainsi créés, et il est parmi les villages les plus
peuplés de la zone avec 107 concessions. Leur dynamisme est remarquable
avec la construction du plus grand foyer culturel de tous les villages. C ' est
1 e point clé mire des autres.
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Le village Mâle est à 2 km à l'ouest de
Nkondjock. Cette situation permet aux habitants d'exercer beaucoup d'autres
activités. La population est mieux informée sur les
décisions reçues ou prises au centre administratif. Elle a plus
de facilités de service, notamment sur le plan sanitaire avec la
proximité de 1'hôpital et dans le domaine scolaire, ce qui permet
aux enfants de se rendre dans les deux établissements secondaires de
1'arrondissement : ce village reçoit les enfants des villages
éloignés du C.E.S, ce gui augmente sa population.13 paysans ont
un branchement SONEL depuis Nkondjock.
Quant à Matoubé, les atouts géographiques
et humains sont similaires à ceux des 2 précédents. Leur
avenir peut être envisagé avec un optimisme certain.
B-2 Les villages à avenir hypothétique
Ces villages sont ceux qui suscitent plus d'inquiétude,
quant à leur avenir. Leur situation géographique, et leur
structure démographique contrastent avec celles du groupe
précédent. Le prototype de ces villages est N'jingang.
Situé à 21 km de Nkondjock, c'est I' un des villages à
structure démographique compromettante; avec une population totale
numériquement faible (318 personnes) et un taux élevé de
vieux de plus de 50 ans (44,7%). Chaque année, les enfants à la
fin du cycle primaire doivent émigrer vers Nkondjock ou ses environs,
afin de poursuivre leurs études.
La conséquence cette situation est que le village perd
régulièrement sa population jeune, le dynamisme des paysans est
insignifiant, ce qui se traduit par une absence chronique des infrastructures
de loisir et une rareté des équipements collectifs viables. Ce
groupe de villages voit leur situation socio--économique se
détériorer au fil des années au point que l'écart
entre celui-ci et le précédent groupe est incontestable et se
confirme davantage.
Didipé ne rentre dans l'un ni dans l'autre groupe.
Cette variance dans la typologie vient du fait que, ce village
créé récemment n'a pas encore fini d1asseoir
ses bases socio-économiques pouvant nous permettre de mieux
1'évaluer. Le village est sous-équipé certes, mais nous
osons croire que l'avenir peut être envisagé avec optimisme, en ce
sens que depuis la dissolution de la SODENKAM, 1'essentiel des immigrants est
installé dans ce village (soit 14% de paysans interrogés), par la
sous-préfecture. Ces derniers, qui n'ont subi aucune influence
étatique, n'éprouvent pas de nostalgie, quant à la
période faste qu'a connue la région.
Cette typologie présente des villages aux antipodes sur
le chemin du développement. C'est la conséquence des clivages
socio-économiques accentués et des disparités
géographiques aiguës. Dès lors, le devenir global des
villages est difficile à envisager, chaque groupe suscité
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présentant des situations spécifiques.
Néanmoins, on peut se permettre de faire une perspective
générale de la région à partir d'un certain nombre
de faits.
Tableau 9 : Perspectives de désertion par
village. Avez-vous pensé partir de Nkondjock?
Villages
Réponses
|
N'jingang
|
N'dock-Samba
|
Didipé
|
Mâle
|
Pourcentage moyen
|
NON
|
25%
|
35%
|
26,8%
|
34%
|
30,6%
|
OUI
|
50%
|
58%
|
67,1%
|
56%
|
57,9%
|
TOTA
|
22%
|
5,6%
|
5,9%
|
8,6%
|
10,5
|
s.o*
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
*S.O= Sans Opinion. Source : Enquête directe.
La dissolution de l'organisme d'encadrement des paysans, ne va
pas entraîner la fin de l'Opération Yabassi-Bafang. La zone
connaît des désertions certes, mais l'implantation des immigrants
dans les lots abandonnés se poursuit, notamment à
Didipé.
Pour de nombreuses personnes installées dans la zone
depuis au moins deux décennies, et aujourd'hui épuisées
par les travaux des champs, déserter la zone leur paraît plus que
problématique. Ainsi notre enquête révèle que 57% de
paysans interrogés, estiment encore demeurer dans la région.
C'est un indice qui prouve s'il en est besoin, que ^'Opération prend
racine et est maintenue. Ce taux est largement au dessus de 50% dans les
villages enquêtes et atteint même 67,1% à Didipé.
En dépit de cet enracinement, plus de 1/3 de paysans
préfèrent la désertion. En attendant, ils sont encore dans
la zone et peuvent être joints aux 10,5% de paysans qui n'ont aucune
opinion sur la question, mais dans 1'espoir que la situation va
s'améliorer et ils demeurent sur place.
L'Opération Yabassi-Bafang a déjà pris
racine et va continuer d'exister. Dans quelles conditions vont vivre les
paysans abandonnés à eux-mêmes, alors que la région
connaît une insuffisance croissante des infrastructures diverses.
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Figure 9 : Évolution des pionniers
installés à Didipé
Source : Enquête directe
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CHAPITRE IV :
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