DEUXIÈME PARTIE :
LA DYNAMIQUE DES PAYSANNERIES
AU LENDEMAIN DE LA DISSOLUTION DE LA SODENKAM
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L'année 1988 est mémorable pour les paysanneries
de l'opération Yabassi - Bafang. En effet, cette date marque un tournant
dans l'histoire de la région, car elle voit la disparition de la
SODENKAM. Ceci est l'aboutissement d'un processus amorcé 2 ans
plutôt avec le déclin de ladite société.
La SODENKAM, société paraétatique, n'a
pas pu se restructurer à temps, en assurant son autofinancement depuis
18 ans qu'elle est créée. La réduction du train de vie de
l'État, à partir de 1986, conjoncture économique oblige, a
eu de sérieuses répercussions dans les sociétés
publiques et para-administratives. Celles-ci, si elles ne sont totalement
privatisées, sont purement et simplement dissoutes. Pour ce qui est de
la SODENKAM sa dissolution illustre bien le drame que traversent ces
sociétés.
Cependant cette dissolution ne s'est pas faite sans douleur,
ce d'autant plus qu'en 1991, quand nous menions notre étude, les
conséquences immédiates pour toute la région sont
nettement perceptibles, ainsi que les premières attitudes paysannes.
Aujourd'hui, les difficultés de la région longtemps
occultées, par les projets ambitieux, sont mises en relief.
![](Mutations-et-devenir-des-paysanneries-de-l-operation-Yabassi-Bafang-littoral-Cameroun14.png)
LE DÉCLIN ET LA MORT DE LA SODENKAM
CHAPITRE I
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La dissolution de la SODENKAM, ne s'est pas faite d'un coup,
car un malaise interne a régné au sein de la
société, traduisant une lente agonie qui a duré 2 ans
environ, avant qu'un décret présidentiel ne lui donne le coup de
grâce.
A- LES DIFFICULTÉS DE FONCTIONNEMENT DE LA
SOCIÉTÉ.
Ces difficultés sont de plusieurs ordres:
A-l. La réduction du budget alloué à
la SODENKAM.
Dès 1986, la SODENKAM commence à battre de
l'aile; conséquence d'un budget en baisse qui chute d'environ 25%. Ceci
a amené la société à suspendre certains de ses
projets et à limiter les avantages à ceux des agents
bénéficiaires.
C'est ainsi que dans l'élaboration du programme
d'activité 1987/1988, la prudence est de mise en ce qui concerne le
recrutement des manoeuvres temporaires et les dépenses d'investissement;
ceci « en raison d'une insuffisance quasi chronique des moyens financiers
mis à notre disposition depuis plus de quatre exercices14
».
Le capital SODENKAM s'élève à 136 400 000
F CFA. Cependant au cours d'un exercice (1987/1988), les dépenses
prévues pour le fonctionnement et l'investissement franchissent le cap
de 894600000 F CFA. Et dire qu'un tel exploit se réalise en
période d'austérité, on se donne le droit d'imaginer qu'en
temps normal, ces dépenses atteignent aisément un milliard de
francs CFA et pourquoi pas plus.
L'Etat camerounais qui assure la quasi-totalité du
financement delà société, préfère
réduire progressivement les finances alloués aux
sociétés de développement. En ce qui concerne la SODENKAM,
les répercussions sont immédiates au sein de la
société.
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