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L'impact des revenus pétroliers sur l'économie d'un pays exportateur. Le cas du Gabon.

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par Sylvain ENGOANG
Université Pierre Mendès France de Grenoble II - Master 2 à finalité Recherche en Economie internationale et stratégies dà¢â‚¬â„¢acteurs, spécialité Politiques éc 2006
  

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PREMIERE PARTIE

LA MANIFESTATION DU SYNDROME HOLLANDAIS DANS L'ECONOMIE GABONAISE

L'expression « syndrome hollandais » ou « Dutch Disease » a été utilisée pour la première fois dans un article publié en 1977 par la revue anglaise « The Economist ». Dans cet article, la revue anglaise décrit le contraste que présente l'économie hollandaise après le premier choc pétrolier : des comptes extérieurs largement excédentaires et une conjoncture économique interne plutôt morose, caractérisée par la stagnation de la production industrielle, la chute de l'investissement brut privé et la baisse de l'emploi, particulièrement dans le secteur manufacturier. Dans une certaine mesure, le phénomène qualifié de « syndrome hollandais » a également été identifié en Australie, suite au développement du secteur minier, et dans les pays de l'Asie du Sud-Est, confrontés à des afflux de capitaux avant 1997. Dès le début des années 80, plusieurs modèles de « syndrome hollandais » ont été élaborés pour expliquer les transformations économiques survenues dans les pays en développement exportateurs de pétrole après les hausses importantes des cours du brut de 1973 et de 1979. L'explication des changements structurels opérés dans l'économie gabonaise se rapproche à une différence près du modèle de « Dutch Disease » proposé par W. M. Corden et J. P. Neary dans une étude publiée en 1982 et cité par J.-P. Koutassila (1998)1. Dans ce modèle, les auteurs expliquent les changements structurels provoqués par le secteur en boum par deux effets : un effet de dépense (spending effect) et un effet de ré-allocation de ressources (resource movment effect). Après avoir présenté dans un premier chapitre les déséquilibres structurels provoqués par les revenus pétroliers dans l'économie gabonaise, nous tenterons dans un deuxième chapitre d'expliquer, suivant le modèle de Corden et Neary, les mécanismes macroéconomiques qui sont à l'origine de ces distorsions sectorielles.

13

1 J.-P. Koutassila (1998), « Le syndrome Hollandais : théorie et vérification empirique au Congo et au Cameroun », Centre d'économie du développement (CED), Document de travail, n° 24, pp.7-8.

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CHAPITRE I

LES DESEQUILIBRES STRUCTURELS DE L'ECONOMIE GABONAISE

La manifestation du syndrome hollandais dans l'économie du Gabon est mise en évidence par la présence de graves déséquilibres structurels qui sont plutôt le résultat dans ce pays de l'abondance de revenus pétroliers depuis près de quatre décennies. Le présent chapitre analysera successivement les caractéristiques de la structure de production et les distorsions des échanges du pays avec l'extérieur.

Section 1 : Les caractéristiques de la structure de production

L'économie gabonaise présente deux caractéristiques essentielles qui rendent compte des transformations structurelles engendrées par l'activité pétrolière : la faible diversification de la structure de production et le caractère peu intégré du pétrole au reste de l'économie.

Paragraphe 1 : Une structure de production faiblement diversifiée

L'analyse de l'évolution de la structure du produit intérieur brut (PIB) du Gabon, telle que présentée dans le tableau 1 ci-après, souligne la prédominance dans l'activité économique du pays des industries extractives, et principalement des hydrocarbures. En effet, le secteur des industries extractives a toujours occupé plus de 46 % du produit intérieur brut (P113) du Gabon, mais ce secteur est dominé par les industries pétrolières dont la part dans le produit intérieur brut (P113) représente 49,6 % en 1980 et 47,1 % en 1996.

En revanche, malgré leur caractère vital, l'agriculture, l'élevage et la pêche demeurent des activités marginales au Gabon au regard de leur très faible part dans le produit intérieur brut (P113) de ce pays, soit 4 % en 1974 et 4,8 % en 2001. En effet, l'agriculture, qui soufre d'une carence cruelle de moyens modernes de production conjuguée au vieillissement de la population rurale et à l'exode des jeunes vers les villes, a toujours été reléguée à la lisière de

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l'autosubsistance, malgré l'importance souvent accordée à ce secteur à travers les discours politiques.

Tableau 1 : Evolution de la structure du PIB par secteur (en %)

 

1974

1980

1989

1996

2001

Secteur primaire

- Agriculture, élevage et pêche

4

3,8

8,1

4,7

4,8

- Forêt et industries du bois

4

1,2

1,7

3,2

3

Secteur secondaire

- Industries extractives

50

54,4

46,1

49,1

47,4

dont pétrolières

(46)

(49,6)

(39,4)

(47,1)

(45,1)

- Industries manufacturières et énergies

6

6,7

7,1

5,8

5,9

- Bâtiments et travaux publics

8

6

4

3,6

2,3

Secteur tertiaire

- Commerce

7

8

7,8

8,1

8,4

- Transport et télécommunications

3

3,5

4,9

5,6

5,8

- Administration publique

5

7,2

11,6

8,9

9,4

- Autres services

13

9,2

8,7

11

13

Source : Estimations de l'auteur sur la base des données de la BEAC : « Etudes et statistiques », n° 265, Juillet-Septembre 2002 ; ainsi que celles de la DGE présentées par H. A. B. Chambrier (1990) : L'économie du Gabon. Analyse, politiques d'ajustement et d'adaptation, Economica, pp. 32-35.

On relève également un faible développement des industries manufacturières et de l'énergie dont la part dans le produit intérieur brut (PIB) a légèrement baissé, passant de 6 % en 1974 à 5,9 % en 2001. En faisant l'examen de la structure par branche du secteur manufacturier du Gabon, S. Ahmed (1989)1 souligne le poids important du raffinage pétrolier, des industries alimentaires et des boissons dans la valeur ajoutée et la quasi inexistence des industries complexes. Par contre, on relève une tertiairisation de l'économie avec la part de plus en plus importante dans le produit intérieur brut (PIB) du commerce (7 % en 1974 et 8,4 % en 2001), du transport et des télécommunications (3 % en 1974 et 5,8 % en 2001) et de l'administration publique (5 % en 1974 et 9,4 % en 2001).

1 A. Sid Ahmed (1989) : Economie de l'industrialisation à partir des ressources naturelles (I.B.R.), Tome II : le cas des hydrocarbures, Publisud, Paris, p. 182.

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