Paragraphe 2 : La stérilisation des revenus
pétroliers à l'étranger
La capacité d'absorption du capital dépend entre
autres des caractéristiques de la demande potentielle du produit et de
l'étendue du marché, de la disponibilité de la
main-d'oeuvre tant sur le plan quantitatif que qualitatif, du niveau de
développement des infrastructures de base et de l'environnement
juridique et social. Le niveau de satisfaction de ces exigences
détermine le seuil d'absorption du capital au-delà duquel toute
augmentation
1 J. Fontanel (2001) : L'action économique
de l'Etat, L'Harmattan, 2001, p. 98.
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des dépenses en capital devient inefficace, voire
nuisible à l'économie. En dépit d'une stabilité
politique relative dont jouit le pays et d'un régime fiscal
particulièrement attrayant, les limites constitutives de la
capacité d'absorption du Gabon sont multiples. En premier lieu, il y a
l'étroitesse du marché intérieur qui limite la
rentabilité du capital investi. La mondialisation de l'économie
impose la mise en oeuvre des technologies dont les performances aboutiraient au
niveau du Gabon à une sous-utilisation des équipements. En
deuxième lieu, il y a une insuffisance de main-d'oeuvre
qualifiée. Celle-ci résulte des effets conjugués de la
faiblesse de la population estimée à 1,267 million d'habitants en
20021, d'un taux d'échec scolaire élevé et de
l'inadéquation des qualifications aux besoins des
entreprises2. Enfin, en troisième lieu, l'insuffisance des
infrastructures de base constitue un handicap comme cela a été
souligné plus haut (Cf. supra pp. 30-31) ; certes, un effort a
été réalisé dans la mise en place d'un certain
nombre d'infrastructures, mais beaucoup reste encore à faire. Pour
toutes ces raisons sus-évoquées, la capacité d'absorption
du Gabon reste très limitée, d'où un afflux de revenus
pétroliers au-delà du seuil d'absorption du pays provoquerait une
surévaluation de la monnaie et réduirait la
compétitivité de l'économie. Afin d'améliorer cette
compétitivité, les Autorités gabonaises peuvent mettre en
pratique la stérilisation des revenus pétroliers en
plaçant une grande partie de ces fonds dans des actifs financiers
à l'étranger. Dans ce cas, chaque génération ne
pourra utiliser que les dividendes de ces placements. Cette solution a
l'avantage d'avoir déjà été
expérimentée en Norvège.
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