Dynamique des paysages végétaux autour d'une ville moyenne et sa périphérie. Cas de Meiganga (de 1987 à 2015)( Télécharger le fichier original )par Issouhou MOUHAMAN Université de Ngaoundéré - Master 2015 |
4.2.3.1. L'agricultureLa majorité des personnes interrogées sont des cultivateurs (figure 41). En effet, 95,55% de l'échantillon pratique l'agriculture (22,22% essentiellement cultivateur, 22,22% à la fois cultivateur et éleveur, 24,44% cultivateur en même temps bucheron et 33,33% cultivateur et exerçant d'autres activités connexes à l'instar du commerce, le transport, l'administration, etc.). L'agriculture pratiquée est essentiellement vivrière et les principales cultures sont le maïs, le manioc et les légumes dont les récoltes sont destinées dans la plupart des ménages à l'autoconsommation et la vente. Les faibles rendements, le nombre important de personnes en charge (grande famille) et la nécessité de subvenir aux besoins essentiels expliquent la dominance de cette pratique. Tableau 18. Utilisation des produits de récoltes
Source : enquête de terrain, 2014 Des pratiques agricoles recensées, nous avons la jachère, la culture itinérante sur brulis et l'utilisation du bétail pour fertiliser la même surface de culture via les bourses de boeufs généralement en saison sèche, à la suite des récoltes, ce qui permet aux animaux de trouver de quoi se nourrir pendant les périodes où le pâturage est difficile d'accès. Cette solution endogène35(*) présente ainsi un double avantage : la fertilisation du sol et la nutrition du bétail. Les techniques agricoles utilisées (agriculture itinérante sur brulis et jachère) dépendent de certains critères en occurrence l'ethnie, le mode d'acquisition des terres et les activités parallèles exercées. En effet, s'agissant de l'utilisation du bétail et l'agriculture itinérante sur brulis, l'on constate que les Peuls sont les principaux utilisateurs de cette technique, car ceux-ci pratiquent une autre activité qu'est l'élevage et disposent à cet effet des troupeaux de boeufs indispensables pour la mise en oeuvre de ce procédé, contrairement aux autres peuples plus présents dans l'agriculture et le commerce. Le peuple Gbaya est adepte de la jachère en raison de la faible utilisation des engrais aussi bien organique que chimique et de l'exploitation de leur principal atout qu'est la disponibilité des terres cultivables. Tableau 19. Techniques de culture en relation avec l'ethnie et le mode d'acquisition de la terre
Source: Enquête de terrain, 2014. Lemode d'acquisition des terres de même que la superficie cultivéeinduisent sur les techniques de culture.En effet, pour la jachère par exemple, il est difficile de la pratiquer sur une petite parcelle vu qu'elle nécessite la mise en repos d'une surface appauvrie pour un nouvel espace plus fertile d'où la nécessité de disposer d'une grande parcelle, généralement héritée des parents. C'est pourquoi dans un village comme Nganhi où les populations sont en majorité héritiers de leur parcelle (81%), cette pratique est monnaie courante. Ainsi, la superficie des surfaces cultivées s'avère très importante pour la technique de culture.Elle détermine également la destination des cultures dans le cas où du semis à la récolte, des aléas n'ont pas été enregistrés. Pour les cultivateurs dotés de grandes surfaces, les récoltes seront destinées aussi bien à la vente qu'à l'autoconsommation. Néanmoins,précisons ici que la taille de la famille, autrement dit, le nombre de personnes pris en charge influence fortement. S'agissant des problèmes rencontrés dans ce secteur, nous les avons classés en trois groupes ; tout d'abord, les difficultés liées aux conditions naturelles : les vents violents, la mauvaise répartition des précipitations, l'inondation des bas-fonds qui emportent les cultures, la structure compacte de certains sols difficilement exploitables (sols latéritiques). Ensuite, les difficultés d'ordre humaines : un faible encadrement technique, le vol des récoltes, l'insuffisance des moyens matériels et financiers qui entrainent une faible utilisation des engrais, la non-sécurisation des espaces agricoles avec fils barbelés, l'utilisation d'outils rudimentaires et greniers traditionnels, vulnérables aux incendies accidentels et aux feux de brousse. Enfin, nous avons les difficultés d'ordre infrastructurelles notamment la faible présence de magasins de stockage des produits agricoles en matériaux définitifs, l'enclavement des bassins de production (insuffisance, voire absence des pistes agricoles pour faciliter le transport des récoltes via les véhicules adéquats pour les lieux de stockage et/ou les points de vente). Sur le plan environnemental, certaines méthodes culturales concourent à dégrader le couvert végétal qu'elles soient pratiquées de façon anarchique ou non, sans aucun système de gestion. On note parmi ces pratiques les feux de brousse, le déboisement (photo 9), etc. X :6.597412° ; Y :14.257747° Photo 9. Surface déboisée à des fins agricoles Cette image présente une surface déboisée à des fins agricoles, sur laquelle nous pouvons remarquer en avant-plan le labour réalisé par un tracteur, suivi de quelques pieds de Daniellia oliveri, piqueté çà et là, laissés en place pour des croyances traditionnelles (habitat de certains esprits). Au bas de l'image, les troncs et branches obtenus de l'abattage des arbres servent de piquets pour la clôture de ce vaste champ. Cliché et commentaire : Mouhaman I. août 2015. * 35 Solution mise en place et pratiquée par les habitants |
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