CHAPITRE II : GENERALITES SUR LE VIH/SIDA CHEZ
L'ENFANT
II.1 EPIDEMIOLOGIE DU VIH INFANTILE DANS LE MONDE ET EN
RDC
ONUSIDA, OMS et UNICEF estiment que chaque jour, près de
1200 enfants de moins de 15 ans contractent l'infection a VIH et que
près de 2 millions vivent avec le VIH, dont 91% en Afrique (Kitetele F
et coll, 2007).
Le nombre d'enfants recevant les ARV jusqu'à la fin du
mois de décembre 2009 était de 275.700 sur 730.000 enfants
infectés éligibles, soit une couverture en ARV de 38 %. Cette
couverture n'était que de 35% en Afrique subsaharienne, avec 224.900
enfants sous ARV sur 640.000 enfants éligibles.
L'Afrique subsaharienne supporte toujours la plus grande
partie du fardeau de l'épidémie mondiale avec 2/3 de tous les
enfants vivant avec le VIH dans le monde et près de 3/4 de tous les
décès infantiles dus au Sida.
La République Démocratique du Congo a une
population totale estimée à 60 millions dont environ 50 % sont
des enfants de moins de 15 ans. (Kitetele F et coll, 2007)
La séroprévalence nationale du VIH/SIDA chez les
femmes enceintes est estimée à 4,3 % avec des variations selon
les milieux. (Kitetele F et coll, 2007)
On estime le nombre d'enfants de moins de 15 ans
infectés par le VIH/SIDA à 110.000 [42.000 à 280.000],
dont 90 % l'ont été par la transmission verticale. La RDC a un
taux de mortalité infanto - juvénile de 148 pour mille (Rapport
EDS2007). De ce fait, elle fait partie de 6 pays au monde et de 3 pays en
Afrique, responsables de 50 % de mortalité infanto juvénile.
Notre pays est également le 5eme pays au monde
où la prévalence des enfants infectés est la plus
élevée (Kitetele F et coll, 2007). On estime à 430.000 le
nombre d'orphelins dus au VIH/SIDA soit 45 % de l'ensemble des orphelins.
Quant aux besoins pédiatriques en ARV, sur 38.950
enfants qui en ont besoin (PNLS 2009), seuls 5315 enfants en
bénéficient, soit 15 % des besoins pédiatriques en ARV
réellement couverts en RDC.
En 2013, le nombre d'enfants de moins de 15ans infectés
par le VIH/ SIDA est de 110.000 à 166.275. (PNLS 2013)
Le syndrome d'immunodéficience acquise plus connu sous
son acronyme SIDA ou sida est un
Enfants vivants avec VIH suivis au CE- Unilu
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ensemble de signes et symptômes consécutifs
à la destruction de plusieurs cellules du système immunitaire par
un virus. Le sida est la phase ultime de l'infection par ce virus et finit par
la mort de l'organisme de suite des maladies opportunistes.
II.2 AGENT CAUSAL
Le sida est une affection due à un virus à ARN
appelé VIH. Il appartient au sous-groupe des lentivirus de la famille
des rétrovirus, famille caractérisée par la
possibilité paradoxale, quand le virus infecte une cellule, de
transcrire sa molécule d'ARN (génome du virus) en une
molécule d'ADN virale à partir de l'ADN de la cellule
infectée grâce à une enzyme, la reverse transcriptase.
a) Diversité du VIH
Deux types de virus sont responsables de l'infection à
VIH/SIDA : le VIH-1 qui est le plus répandu dans le monde entier et le
VIH-2 essentiellement localisé en Afrique. Il existe des cas de co-
infection à VIH-1 et VIH-2 limités à l'Afrique
subsaharienne. Pour une prise en charge spécifique, un diagnostic de
différenciation entre les deux types de virus est indispensable.
Le VIH-1est divisé en trois groupes : M (Majeur), N
(New) et O (Outlier). Le groupe M est responsable de la pandémie
actuelle, les autres groupes étant rares. Le groupe majeur est
subdivisé en sous types (A, B, C, D, F, G, H, J, K) et souches
recombinantes (Roquebert, F et coll, 2009) Pour le VIH2, plusieurs sous types
ont été décrits : seuls les sous types A (Cap vert,
Guinée Bissau, Guinée Conakry, Sénégal) et B (Cote
d'ivoire, Mali et Burkina-Faso) ont une diffusion épidémique.
Dans sa structure, le VIH est un virus sphérique de 80
à 100 nm de diamètre. Il s'agit d'un virus possédant un
génome sous forme d'ARN contenu dans une capside protéique,
elle-même entourée par une enveloppe formée d'une membrane
lipidique. Le génome est constitué de deux molécules d'ARN
identiques de 9200 à 10000 nucléotides contenant l'information
génétique nécessaire à la synthèse des
protéines virales.
Il comprend deux types de gènes : trois gènes
classiques qui représentent la majeure partie de la molécule
d'ARN et sont communs à tous les virus de la famille des
rétrovirus et qui codent pour les différentes protéines
virales. Il s'agit de Gag (group antigen) qui code pour les protéines
des structures internes : p50 et p40 qui se cliveront en p27 MA pour la
matrice, p24 CA pour la capside. Le gène Pol (polymérase) qui
code pour les enzymes virales nécessaires à sa réplication
: transcriptase inverse, intégrase et protéase. Le gène
Env (enveloppe) qui code pour les glycoprotéines de surface gp160
précurseur, gp120 SU responsable de l'interaction
Enfants vivants avec VIII suivis au CE- Unilu
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avec la membrane de la cellule cible au niveau du
récepteur CD4 permettant ainsi la pénétration du virus et
gp41 TM transmembranaire avec un pouvoir de fusion cellulaire (syncytium) qui
est l'un des éléments cytopathogènes du VIII. Les
gènes gag, pol et env sont régulés par des
séquences terminales répétitives Long Terminal Repeat
(LTR) qui sont créées lorsque la transcriptase reverse
synthétise l'ADN proviral.
Contrairement aux autres rétrovirus, le VIH
possède en plus d'autres gènes ayant une fonction de
régulation. Il s'agit de : Tat (transactivator of transcription) un
puissant activateur de la transcription en ARNm et ARN viral, Rev ( Regulator
of expression viral protéines) qui favorise l'exportation des ARNm
codant les protéines de structure et des enzymes virales, Nef (negative
factor) rôle mal connu, il favoriserait la réplication virale ;
Vif (virion infectivity factor) augmente l'infectivité des nouveaux
virions sortants de la cellule, Vpr (viral protein r) activateur de la
transcription, Vpu (viral protein u) et Vpx (viral protein x pour VIII2).
Les gènes tat et rev codent pour les protéines
virales régulatrices qui sont essentielles à la
réplication virale. Par contre les gènes nef, vif,vpr et vpu
codent pour des protéines accessoires puisque leur expression n'est
généralement pas essentielle à la réplication du
VIII1 in vitro mais qui demeurent requises pour la réplication virale et
la pathogénèse in vivo ; notons que le VIII2 ne possède
pas de gène Vpu mais le gène Vpx.
Cette complexité qui lui est caractéristique
explique probablement son haut pouvoir pathogène.
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