2.3 Le statut de la technologie
La technologie de rotation culturale a été
développée dans la région depuis plus d'un siècle a
travers l'initiative des exploitants agricoles. C'est le résultat de
l'évolution du système agraire
33 Boubié .Vincent B.(2002) : Rôle des
légumineuses sur la fertilité des sols ferrugineux Tropicaux des
zones Guinéenne et Soudanienne du Burkina Faso ; Thèse de
doctorat, Faculté des études supérieures de
l'Université Laval Québec ,P11
58
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
qu'a connue la société Shoul durant son histoire
et sous l'effet de l'accroissement démographique.
C'est également une technologie pratiquée
à titre individuel par les exploitants qui exige une superficie de terre
supérieure à la moyenne cultivée (c'est une technologie
d'exploitants relativement bien dotés en patrimoine terre), des moyens
matériels et de la main d'oeuvre familiale. Ses exigences en savoir
faire sont, par contre, limitées.
Elle constitue donc un élément d'une
stratégie d'ensemble qui permet à l'exploitation de se reproduire
socialement et économiquement.
2.4 Spécifications techniques, activités de
mise en place, intrants et coûts
2.4.2 Investissement initial
La mise en place de la technologie de rotation culturale par
les agriculteurs de la région des Shoul demande un investissement
initial et des activités récurrentes saisonnières.
Les investissements initiaux correspondent à l'achat
d'un araire manuel fabriqué localement, des équidés
(attelage) pour la traction, un pulvérisateur, une herse, et une
charrette utilisée pour le transport du fumier vers les parcelles de
l'exploitation et le transport des récoltes.
Tableau 10 : Coût des intrants de la rotation
culturale
Intrants
|
Quantité
|
Coût dh
|
% supporté
par
l'exploitant
|
Nombre de parties (parts)
|
Durée de vie du produit
|
dh
|
$ US
|
Araire
|
1
|
150
|
20
|
100
|
1
|
10 ans
|
Équidés
|
2
|
20000
|
2703
|
100
|
1
|
30 ans
|
pulvérisateur
|
1
|
360
|
49
|
100
|
1
|
5 ans
|
Herse
|
1
|
400
|
54
|
100
|
1
|
20 ans
|
Charrette
|
1
|
1500
|
203
|
100
|
1
|
30 ans
|
Charrue métallique
|
1
|
300
|
41
|
50
|
2
|
25 ans
|
Total
|
7
|
22710
|
3070
|
|
7
|
|
Source : enquête 2008
59
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
2.4.3 Les activités récurrentes ou
techniques culturales
Les activités récurrentes regroupent les
activités de maintenance et d'entretien de la technologie qui sont
effectuées chaque année et différent selon les cultures
(céréales ou légumineuses).
2.4.3.1 Les activités récurrentes des
céréales
Dans le cas des céréales les travaux
récurrent se résument comme suit :
-Le labour. Labourer c'est creuser un sillon
profond avec retournement du sol qui entraîne le mélange de ses
horizons. Le labour s'effectue au début de la saison des pluies qui
correspond au /début de l'automne (octobre), en raison de la
difficulté de travailler le sol à l'état sec. La
profondeur du labour se situe entre 15 et 25 cm selon la position topographique
de terrain.
L'outil principal du labour est le chisel, mais les labours
réalisés ne sont pas toujours identiques (profondeur variable,
présence ou non de rasette, réglages différents de cette
dernière).
-Le semis est la deuxième
activité après l'opération de labour est le semis, le
dernier se fait manuellement à la volée et la profondeur du semis
varie entre 1,25 à 7 cm selon la position topographique. La
période de semis est assez longue, les doses de semis appliquées
par les agriculteurs sont faibles. Pour le semis de blé tendre et l'orge
sont presque les mêmes, 100 kg /ha. L'utilisation des semences locales
est dominante et les semences sont issues de la récolte
précédente, ou achetées auprès des
coopératives.
-L'épandage des engrais de fond se
fait également manuellement à la volée. Les engrais
utilisés sont le «14-28-14», et le «21»à
raison de 150 kg/ha. L'épandage des engrais se fait
généralement au moment du semis de grains.
-Briser les mottes par la herse :
après le semis et l'épandage des engrais, les agriculteurs
procèdent à la brise des mottes par une herse métallique
traditionnelle tirée par deux mulets. L'objectif principal de cette
opération est d'enfouir les fertilisants et les semences mais
également de recouvrir les semences pour les protéger contre les
oiseaux.
-L'épandage des engrais de couverture :
cette activité est réalisée en
janvier-février. L'épandage des engrais se fait à la
volée, et a pour rôle d'aider les plantes pendant le stade de
gonflement et le stade floraison à sortir l'épi du dernier
feuille.
-Le traitement des mauvaises herbes: cette
activité se fait soit manuellement soit chimiquement. Le
désherbage manuel est peu pratiqué étant donné la
pénurie de la main d'oeuvre locale, alors que le désherbage
chimique est largement répandu dans la zone. La date d'application du
désherbage est fonction de l'état d'infestation des cultures mais
généralement à la mi-saison agricole. Les herbicides
utilisés sont "EL Afrit" (2,4D à la dose de 1L/ha) et "Topik"
pour combattre les diotylédones et les monocotylédones,
l'application de l'herbicide se fait par une personne à l'aide d'un
outil d'arrosage.
60
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
-La moisson est réalisée
lorsque les grains sont à une humidité optimale permettant leur
stockage (13à 14 % d'humidité), et se fait durant la
période comprise entre la mi- mai et la mi- juin. La récolte se
fait manuellement à l'aide d'une faucille pour les parcelles en pente
accentuée, et mécanisée à l'aide de la moissonneuse
batteuse (c.f photo 18) pour les parcelles en pente modérée et
faible. Pour la récolte manuelle, le battage se fait traditionnellement
avec des animaux (deux mulets et plus) dans une aire réservée, et
ensuite les grains sont isolés de la paille avec la fourche par un
mouvement en direction du vent.
-Emballage de la paille: l'emballage de la
paille réalisé après la moisson à l'aide d'une
presse paille tirés par un tracteur (c.f photo 18). D'après nos
entretiens pendant la récolte de cette année agricole, la paille
pressée par une fille de plastique revient au coût de 2 dh
-Collecte, Tamisage, épuration et mise en
réserve de rendement: cette activités consiste à
collecter le rendement graine et paille par une charrette tirés par un
âne ou un mulet (c.f photo 17). La paille est mise en réserve dans
un lieu prés de l'étable des animaux, et la récolte de
grains criblés dans un tamis pour séparer entre les graines de
blé et les graines de mauvaises herbes. Ensuite, les graines de
blé sont mises dans des lieux destinés au stockage.
Il y a deux systèmes traditionnels de stockage pour le
blé dans la région : le premier système est
«l'entrepôt souterrain» « Matmoura » qui se
présente sous forme d'un grand trou en forme de poire, dont les parois
sont revêtues d'un film en plastique étanche. La capacité
de stockage est variable allant de 4 à 35 tonnes. Ce système
continue à se maintenir au niveau des exploitations de la région
grâce aux facilités qu'il présente, comme le maintien d'une
température basse et constante, le faible coût de maintenances et
l'utilisation des matériaux locaux.
L'autre système de stockage traditionnel est le silo en
roseaux, d'une forme cylindrique. Les avantages présentés par ce
système consistent au faible coût de construction.
Photo 17 : illustre les différentes
activités de moisson, emballage de paille et collecte du rendement
par une charrette métallique
61
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
Tableau 11 : Activités
récurrentes/Maintenance de la technologie de rotation culturale : cas
de céréales
Activités
|
Calendrier /
fréquence
|
Intrants
|
Quantité
|
Unité/ sup (ha)
|
Coût local récurre nt (dh)
|
Coûts $ US
|
% supporté par l'exploita nt
|
1.labour
|
Au début de la saison de pluies/ début
d'automne
(octobre)
|
Heurs machine (chisel)
|
1
|
ha
|
175
|
24
|
100
|
Heures machine (cover crop)
|
1,5
|
ha
|
300
|
61
|
100
|
2. Semis des grains
|
Après la première pluies /chaque début de
d'automne
|
Graines
|
Orge
|
1
|
Qx
|
350
|
47
|
100
|
|
1
|
Qx
|
400
|
54
|
100
|
|
1
|
-
|
40
|
5
|
100
|
3. Epandage des engrais de fond
|
Après la premier pluie d'automne et après la
croissance des cultures
|
fertilisan t
|
Engrais composé
14-28-14
|
100
|
Kg
|
4,7
|
64
|
100
|
|
50
|
Kg
|
4,2
|
28
|
100
|
|
1
|
|
40
|
5
|
100
|
4. Brise des mottes par la herse
|
Après le labour
|
Traction animale
|
1
|
mulets
|
50
|
7
|
100
|
|
Personne jours
|
1
|
-
|
40
|
5
|
100
|
5 Epandage des engrais de couverture
|
Janvier _ février
|
Urée 46%
|
100
|
Kg
|
4,5
|
61
|
100
|
Personne jours
|
1
|
-
|
40
|
5
|
100
|
6. Traitement des mauvais herbes
|
mi-saison agricole (Après le développement de
mauvaise herbe)
|
Produit
phytosanitaire
Afrite
|
1
|
litres
|
80
|
11
|
100
|
|
1
|
-
|
40
|
5
|
100
|
7. Moisson
|
Début de l'été et à la fin de la
saison agricole
|
Moissonneuse batteuse
|
1
|
Ha
|
250
|
34
|
100
|
8. Emballage de la paille
|
Après la moisson
|
Presse paille
|
65
|
U
|
2
|
18
|
100
|
9. Collecte et mise en réserve de la paille
|
A la fin de la saison de cultures
|
Charrette + mulets
|
1
|
-
|
50
|
7
|
100
|
|
Personne jours
|
1
|
-
|
40
|
5
|
100
|
Total
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1910,4
|
446
|
100
|
Source : enquête 2008
62
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
2.4.3.2 Les activités récurrentes de
légumineuses
Les activités récurrentes pour les
légumineuses se font de la même façon et avec les
mêmes outils que les céréales :
- Le travail du sol : utilise des
séquence mixtes (tracteur/traction animale) constitués d'un
labour à la charrue à disques ou un passage de cover crop, avec
les premiers pluies d'automne, suivie par un ou plusieurs passages à la
herse et l'araire traditionnel tirés par des animaux. Cette
opération de préparation du sol est appelée localement
« Tetyabe al arde ».
-Le semis : le mode de semis le plus
fréquent dans la région est le semis en ligne simple, le semis se
fait à la volée. Pour la culture de la fève le tressage
des billons de semis sur les versants en pente et l'enfouissement des semences
et engrais se fait à l'araire ou à la petite charrue.
Le semis de la fève demande 3 personnes/jours. Le
premier pour orienter la direction du labour, le deuxième pour
l'épandage des semis, le troisième pour l'épandage des
engrais. Les dates de semis s'étale d'octobre à janvier pour les
cultures d'automne, généralement, après les
premières pluies et après les semis des céréales.
Les semis de fèves sont souvent effectués les premières
dans la région avant les lentilles et les haricots verts. Les semis de
pois chiche sont, par contre, effectués en février-mars.
-La fertilisation est souvent absente dans la
zone sauf pour les fèves qui reçoivent le plus une fertilisation.
L'apport du fumier pour les fèves consiste le plus souvent dans un
apport de phosphate seul combiné à la potasse et une faible
proportion d'azote au semis (Starter)34.
-Le désherbage commence lorsque les
plantes poussent de la terre, se faite manuellement entre les plantes dans la
ligne de semis, pour les désherbants chimiques sont presque inexistants
pour les légumineuses.
-La récolte des légumineuses
est l'une des opérations les plus coûteuse en terme de main
d'oeuvre, du fait qu'elle est presque exclusivement effectuée
manuellement. La récolte de la fève s'effectue à l'aide
d'une faucille.
-Le stockage. Les légumineuses sont
stockées en vrac ou en sac a coté d'autres récoltes.
|