8. Dégradation des terres et stratégie de
conservation
5.1 Dégradation des terres
5.1.1 Les facteurs de la dégradation des terres
dans la région
La dégradation des terres dans la région de
Shoul peuvent être expliquée par l'intervention d'un certain
nombre de facteurs naturels et humains ayant modifié les conditions de
l'environnement. Les dégâts observés touchent, en premier
lieu, les agriculteurs de la région aux quels ces
phénomène posent de réels problèmes.
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Chapitre premier : Un territoire agroforestier
5 .1.1.1 Les facteurs naturels de la dégradation
des terres
En ce qui concerne les facteurs naturels de la
dégradation des terres, on cite la structure géologique de la
région qui constitue la base de formation paléozoïque
composée de Schistes,de Grés et de Quartzites, dans les niveaux
supérieurs des formations tendres qui forment tous les versants de la
région ,ainsi que la transgression marine que a connue la région
au Mesinien , avec la subsidence dans la même époque permettant le
dépôt des roches qui sont généralement fragiles,
imperméables et faciles à éroder soit par l'érosion
hydrique ou éolienne .
Le climat de la région est aussi un facteur explicatif
de la dégradation des terres. Il s'agit du climat méditerranien
caractérisé par un été chaud et sec et un hiver
doux et pluvieux. Les précipitations se caractérisent aussi par
une variation inter-annelles et intra annelles. Aussi, le
déséquilibre et l'irrégularité du climat de la
région peuvent-ils contribuer à la dégradation des terres.
En outre, la nature des événements pluvieux est un
éléments essentiel dans la dégradation .En effet, il y a
deux situations de pluviosité qui peuvent dégrader le sol :(i)
des pluies qui sont généralement de courte durée mais de
fortes intensité et dont la hauteur varie de 5à 30m en quelques
heures et peut varier de quelque minutes parfois avec des intensités qui
peuvent atteindre 50mm/h19 . Le caractère brusque et violent
de ces pluies leur procure un pouvoir érosif élevé surtout
lorsqu'elles se produisent en période automnale et ; (ii) les pluies de
longue durés qui s'étalent sur plusieurs jours consécutifs
avec généralement des intensités faibles à
moyennes.
On note aussi, que l'exposition des versants est un facteur
déterminant dans le processus de dégradation des terres dans la
région, Les observations faites sur le terrain montrent que les versants
exposés vers le Nord, c'est-à-dire vers le soleil,
reçoivent une duré de soleil très importante ( plus de 6
heures chaque jour) par rapport aux versants Est qui sont à l'ombre
toute la journée .L'augmentation de la température des versants
ensoleillés entraîne une détérioration de la
végétation par l'évapotranspiration et la
dégradation du sol parce que les rayons du soleil et le manque du
couvert végétal rendent la structure du sol fine,
vulnérable et facile à se dégrader devant l'érosion
hydrique.
En outre, les types du sol que connaît la région
sont des sols pour la plupart peu évoluées
caractérisés par une structure faible quantité d'argile et
maigre teneur en matière organique nécessaire à la
cohésions des agrégats. L'insuffisance de la matière
organique et la forte pente des versants de la région surtout dans la
partie supérieure et moyenne, exposent les terres de la région et
favorisent l'occurrence du ruissellement qui commence par un ruissellement
diffus qui avec le temps se transforme en ruissellement concentré ayant
la capacité de prendre les horizons supérieurs des sols de
l'amont et de les déposer à l'aval.
La pente des versants est aussi un élément
déterminant dans le problème de dégradation des terres.
Les versants qui ont une pente de plus de 15%sont plus érodables. Les
observation faites dans les Shoul montrent que les surfaces affectées
par les incisions se situent souvent sur des pentes supérieures à
15%.
19 Antari M, (2007) : Mesure du Ruissellent et de
l'érosion des terres dans le micro-bassin versant Matlaq et essai de
modélisation, (région de Rabat, Maroc » p 113 ,114
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Chapitre premier : Un territoire agroforestier
5.1.1.2 Les facteurs humains de La dégradation des
terres
La dégradation des terres dans la région des
Shoul s'explique également, par des facteurs anthropiques qui se
manifestent principalement par les techniques de labour, qui ont un effet
important sur la dégradation. D'abord utilisé uniquement sur le
plateaux le tracteur gagne actuellement les terrains en pente. Son utilisation
est déconseillée sur les pentes au delà de 10%. Or, cette
utilisation, notamment sur les terres en pente a des conséquences
négatives sur la stabilité des sols. En plus du problème
de tassement, le labour avec le tracteur engendrent la formation d'une semelle
de labour beaucoup plus importante que celle générée par
l'araire. Il crée ainsi une surface de discontinuité hydraulique
en profondeur qui bloque l'infiltration verticale et joue le rôle d'un
niveau de base pour le ruissellement hypodermique et d'un niveau de soutirage
des matériaux20.
Aussi le labour parallèlement aux pentes des versants
favorise-t-il la dégradation des terres, car il ameublit le sol et le
rend facile à décaper par le ruissellement. En effet, la
présence d'une jachère à L'amont d'une parcelle
labourée contribue à la dégradation des terres au niveau
de cette dernière .Ainsi dans les Shoul, la raideur de la pente pousse
certains paysans à labourer juste la partie située en bas du
versant à pente douce parce que la partie amont plus pentue est
difficile à cultiver .Au moment des pluies et particulièrement en
automne ,le ruissellement important enclenché au niveau de la
jachère située en position haute et dirigée
entièrement vers la parcelle cultivée en bas favorise le
décapage du sol.
5.1.2 Les aspects de la dégradation des terres
dans la région des Shoul
Dans la région des Shoul les manifestations de la
dégradation des terres prennent des aspects différentiels en
fonction des caractéristiques physiques de la région
elle-même ou de l'utilisation des terres par la population. Ils se
manifestent dans les formes d'érosion qui représentent
actuellement un phénomène majeur dans la région. Ces
formes d'érosion sont multiples et variées et participent plus au
moins activement à l'appauvrissement des sols avec des pertes en
productivité.
5.1.2.1 les griffes et les rigoles
Ces manifestations de la dégradation des sols se
développent essentiellement, dans la région sur des terres non
travaillées. Les petites griffes et les rigoles naissantes ont, souvent,
tendance à changer de place. Alors que, certaines incisions reviennent
presque toujours au même endroit après le labour. En outre, ces
aspects constituent un processus érosif important
particulièrement en automne et au début de l'hiver en raison des
pluies agressives qui s'abattent sur les sols dont les états de surface
est favorable au ruissellement.
Les griffes et les rigoles (cf. photo 1) se
développent, essentiellement, sur les terrains de culture
fragilisés par le labour mais elles peuvent également,
s'installer sur des terres non travaillées.
Tous ces aspects ont un caractère passager et ne
subsistent généralement pas plus d'un an sur les terres
travaillées car elles sont régulièrement effacées
par le labour.
20 Antari M avril 2007 p 115 ,116
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
Photo 1 : Rigoles sur versant marneuse
5.1.2.2 Les ravines
Elles ont une forme plus accentuée que les rigoles (cf
photo 2). Au cours du temps, les eaux se concentrent dans les rigoles et les
creusent davantage jusqu'à ce qu'elles atteignent des dimensions
considérables qui ne sont plus effacées par le labour. Les
ravines sont responsables de la mobilisation et du transport d'importantes
quantités de sédiments vers l'aval des bassins versants et
participent substantiellement à l'envasement des barrages. La plupart
des ravines remarquées dans la région, sont taillées
essentiellement dans les marnes messéniennes marquées par
d'épais colluvions rouges très caillouteux qui
représentent certainement un ancien ravin comblé sur lequel se
sont développées les actuelles ravines. Elles débutent
dans la section moyenne du versant dont le détail de la structure du
ravin est composée de deux majeures parallèles entre elles et
séparées par un interfluve. La tête du ravin est
composée de petits ravins.
Photo 2 : Taille des ravines maqués à
Shoul
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Chapitre premier : Un territoire agroforestier
5.1.2.3 La diminution de la couverture
végétale
La plupart des observations faites dans la région des
Shoul montrent que la région a été couverte par une
formation, végétale très dense qui s'étalait sur
tous les versants. L'amplification de la dégradation des terres a
diminuée le couvert végétal qui ne reste par
conséquent, que dans des quelques endroits. Les hauts versants
témoignent de l'existence d'une couverture végétale qui
recouvrait toutes la région des Shoul.
5.1.3 Les effets de la dégradation des terres dans
la région 5.1.3.1 La baisse de la productivité agricole des
sols
La baisse de la productivité agricole des sols n'est
pas uniquement due à la perte en sol, mais également et surtout,
à la détérioration de la fertilité (perte en
nutriments). A titre d'exemple, Laouani et al.(1993) rapporte que dans le sous
bassin de Matlq l'érosion des sols contribue à la perte en
fertilité des sols avec une perte annuelle de 41 kg/ha d'azote, 16 kg/ha
de phosphore et 20 kg/ha de potassium. Dès lors que le sol a perdu sa
fertilité, la terre est abandonnée ; parfois il peut y avoir une
récupération de la fertilité des sols, mais dans la
plupart des cas la situation ne fait que s'aggraver21.
5.1.3.2 L'envasement des barrages
La dégradation des terres dans la région
provoque ainsi des crues soudaines et violentes. En effet les cours d'eau,
souvent, incapables d'évacuer les flux, commencent à divaguer
dans leurs lits en érodant les berges. Ce qui contribue à
augmenter encore le volume et la charge solide de l'écoulement et
à déclencher un surplus d'érosion. Le transport par le
cours d'eau de cette importante charge solide a pour conséquence le
colmatage des barrages collinaires ou principaux. À titre d'exemple, le
barrage de Allal Ben Abdallah a connu une diminution de sa capacité de
mobilisée des eaux sous l'effet de la dégradation des sols dans
les parties sommitale des versants. Solen les études faites sur le lac
du barrage, il ressort que le barrage reçoit, annuellement, plus de 5
tonnes des sédiments.
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