Année Universitaire 2008- 2009
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UNIVERSITE MOHAMMED V-AGDAL Faculté des
Lettres et des Sciences Humaines Département de
Géographie
Rabat
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CHAIRE UNESCO-Gaz Natural Master: Gestion de
l'Environnement et Développement Durable
Mémoire de Master Thème
:
DYNAMIQUE DE LA DEGRADATION DES TERRES ET TECHNIQUES
DE GESTION DE L'EAU ET DU SOL,
LES TERRES BOUR DANS LA COMMUNE RURALE DES
SHOUL
Préparé par :
Ismail Farhaoui
Sous la direction de :
Pr Mohamed Aderghal & Nahid EL
Bezzaz
Jury de soutenance:
Mr Mohamed Aderghal, Professeur d'Enseignement
Supérieur Assistant à la FLSH de Rabat Mr Abdellah LAOUINA,
Professeur d'Enseignement Supérieur à la FLSH de
Rabat
Mme Nahid EL Bezzaz, Ingénieur agronome
spécialité Sciences du Sol, Administration du Génie Rural,
MAPM, Rabat.
Mémoire réalisé dans le cadre
du projet DISERE
i
Table des Matières
LISTE DES FIGURES V
LISTE DES TABLEAUX V
LISTE DES CARTES VI
LISTE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES VI
LISTE DES SYMBOLES, ABREVIATIONS, UNITES
VII
REMERCEMENTS VIII
INTRODUCTION 1
PROBLEMATIQUE 2
METHODOLOGIE DU TRAVAIL 3
OBJECTIFS ATTENDUS 7
PLAN DE L'ETUDE 8
CHAPITRE PREMIER : UN TERRITOIRE AGROFORESTIER
9
INTRODUCTION 10
1. LES ELEMENTS D'UN SYSTEME AGROFORESTIER
10
1.1 UNE TOPOGRAPHIE DE PLATEAUX DISSEQUES 10
1.2 SUBSTRATUM GEOLOGIQUE ET MILIEUX GEOMORPHOLOGIQUES 12
1.3 LES CARACTERISTIQUES PEDOLOGIQUES : DES SOLS PEU FAVORABLES
A LA MISE EN
VALEUR AGRICOLE 12
1.4 LES VARIATIONS CLIMATIQUES : UN TERRITOIRE A CLIMAT
SEMI-ARIDE 15
1.4.1 Les éléments du climat 15
1.4.1.1 Les précipitations 15
1.4.1.1.1 Précipitations moyennes annuelles 15
1.4.1.1.2 Précipitations moyennes mensuelles 16
1.4.1.2 Température 16
1.4.1.2.1 Températures moyennes maximales et minimales
16
1.5 LES EAUX DE SURFACE ET LES NAPPES PHREATIQUES 17
1.6 COUVERT VEGETAL COMPOSE ESSENTIELLEMENT PAR LES FORMATIONS
FORESTIERES 17
2. DES RESSOURCES NATURELLES VALORISEES A DES
FINS
AGROPASTORALES 18
2.1 UN SYSTEME BASE SUR LES CEREALES ET L'ELEVAGE 18
2.1.1 Statutes fonciers et structures de la
propriété 18
2.1.2 Exploitations et mode d'utilisation des terres
18
2.1.2.1 Les types d'exploitation 18
2.1.2.2 L'occupation des terres 19
ii
2.1.2.3 Prédominance des terres des
céréaliculture 22
2.2 ELEVAGE 22
2.2.1 L'Elevage Extensif 22
2.2.2 L'Elevage Intensif 22
2. 3. UNE POPULATION PEU DENSE 23
2.3.1 Densité démographique faible 23
2.3.2 Structures démographiques 23
2.3.2.1 Évolution de la population 23
2.3.2.1.1 Structure de la population par âge et par sexe
24
2.3.3 Dispersion de l'habitat et précarité des
habitations 25
3- MODE D'ORGANISATION DE L'ESPACE AGRO-PASTORAL
25
3.1LA PHASE COMMUNAUTAIRE 25
3.2 LE PHASE DE L'INITIATIVE PRIVEE 25
4. L'ORGANISATION DU TERRITOIRE COMMUNAL DES SHOUL
26
4.1 ORGANISATION PUBLIQUE : 26
4.2 ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 26
5. DEGRADATION DES TERRES ET STRATEGIE DE CONSERVATION
26
5.1 DEGRADATION DES TERRES 26
5.1.1 Les facteurs de la dégradation des terres dans
la région 26
5 .1.1.1 Les facteurs naturels de la dégradation des
terres 27
5.1.1.2 Les facteurs humains de La dégradation des terres
28
5.1.2 Les aspects de la dégradation des terres dans la
région des Shoul 28
5.1.2.1 les griffes et les rigoles 28
5.1.2.2 Les ravines 29
5.1.2.3 La diminution de la couverture végétale
30
5.1.3 Les effets de la dégradation des terres dans la
région 30
5.1.3.1 La baisse de la productivité agricole des sols
30
5.1.3.2 L'envasement des barrages 30
6- LES STRATEGIES DE CONSERVATION DES EAUX ET DES SOLS
30
CONCLUSION 31
CHAPITRE DEUXIEME : ETAT ACTUEL DES PRATIQUES ET DES
TECHNIQUES DE CES APPLIQUEES PAR LES AGRICULTEURS DES SHOUL.... 32
INTRODUCTION 33
1. LES TECHNIQUES AGRONOMIQUES DE CONSERVATION DES EAUX
ET DES
SOLS 33
1.1 LE LABOUR ISOHYPSE 34
1.2 APPORT DE FUMIER DANS LE SOL 36
1.3 ROTATION CULTURALE ET ASSOLEMENT 38
2. LES TECHNIQUES VEGETALES OU BIOLOGIQUES DE
CONSERVATION DES
EAUX ET DES SOLS 38
2.1 LES HAIES 38
2.2 LA CORRECTION BIOLOGIQUE DES RAVINES 40
2.3 LES PLANTATIONS FRUITIERES 42
iii
3. LES TECHNIQUES PHYSIQUES DE CONSERVATION DES EAUX
ET DES SOLS
44
3.1. LES TERRASSES 44
3.2 LES MURETTES EN PIERRES SECHES 46
3.3 LES GABIONS 46
CONCLUSION 50
CHAPITRE TROISIEME : EVALUATION DES TECHNIQUES DE CES :
CAS DE
LA ROTATION CULTURALE 51
INTRODUCTION 52
1. CONTEXTE DE L'EVALUATION DE LA TECHNOLOGIE
52
2. SPECIFITE DE LA TECHNOLOGIE DE CES 53
2.1 DESCRIPTION 53
2.1.1 Définition de la technologie 53
2 .1.2 Historique de la technologie 54
2.1.3 Les principales caractéristiques de la
technologie 54
2.1.3.1 Mise en place/ entretien, activités et intrants :
54
2.1.3.2 Environnement naturel de la technologie: 55
2.1.3.3 Environnement socio-économique: 55
2.2 BUT ET CLASSIFICATION 55
2.2.1 La pertinence de l'utilisation des techniques de CES
pour des exploitants faisant
face à la baisse des rendements. 55
2.2.2 Caractérisation et but de la technologie
55
2.2.3 La technologie une réponse à la
dégradation des sols 57
2.2.4 Comment la technologie de rotation combat-elle la
dégradation des terres 57
2.2.4.1 Les amendements organiques 57
2.2.4.2 Utilisation des plantes fixatrices d'azote 57
2.3 LE STATUT DE LA TECHNOLOGIE 57
2.4 SPECIFICATIONS TECHNIQUES, ACTIVITES DE MISE EN PLACE,
INTRANTS ET COUTS 58
2.4.2 Investissement initial 58
2.4.3 Les activités récurrentes ou techniques
culturales 59
2.4.3.1 Les activités récurrentes des
céréales 59
2.4.3.2 Les activités récurrentes de
légumineuses 62
2.4.5 Le coût de mise en route de la technologie et
les coûts récurrents 62
3. EVALUATION DE LA TECHNOLOGIE DE LA ROTATION CULTURALE
64
3.1 EVALUATION ENVIRONNEMENTALE 64
3.1.1 Enrichissement et concentration de la matière
organique et l'azote dans le surface
des sols 64
3.1.2 Augmentation de L'humidité des sols 65
3.1.3 Réduction du ruissellement et perte en terre
67
3.1.3.1 Retardement de déclenchement de ruissellement
67
3.1.3.1.1 Le comportement de blé en rotation
céréale/légumineuse 68
3.1.3.1.2 Comportement d'avoines en rotation avoines / blé
68
3.1.3.2 Réduction de La perte en terre 69
iv
3.1.3.2.1 Comparaison entre rotation
blé/légumineuse et rotation blé/avoines 69
3.1.4. Une amélioration de la structure du sol et de
sa stabilité structurale 70
3.1.5 Améliorations de la protection et qualité
de l'eau 71
3.1.6 Un accroissement de la biodiversité et de
l'activité biologique 71
3.1.6.1 Le développement des vers de terre augment la
biodiversité animale 71
3.1.6.2 Une concentration de la microfaune en surface 72
3.2 ÉVALUATIONS SOCIO-ECONOMIQUES 72
3.2.1 Augmentation du rendement 72
3.2.1.1 Analyse économique des rendements 72
3.2.1.1.1 le nombre des tiges par m2 72
3.2.1.1.2 Le nombre de graines par épi 73
3.2.1.1.3 Rendement grain / ha 73
3.2.1.1.4 Rendement en paille/ha 74
3.2.1.2 Analyse de Bilan économique de la technologie de
rotation culturale 76
3.2.1.2.1 Les dépenses de rotation
blé/légumineuses 76
3.2.1.2.2 Revenu de la rotation blé/légumineuse
79
3.2.2 Réduction des frais pour les intrants agricoles
79
3.2.3 Réduction de l'émigration 79
CONCLUSION 80
CONCLUSIONS GENERALES & RECOMMANDATIONS
81
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 86
ANNEXES 90
V
Liste des Figures
FIGURE 1 : VARIATIONS ANNUELLES DES PLUIES DE LA STATION DU
BARRAGE SIDI MOHAMED
BEN ABDALLAH (1984-2007) 15 FIGURE 2 : EVOLUTION DE LA
POPULATION DES SHOUL ENTRE 1982-2004 (SOURCE:RGA 1994-
2004) 23
FIGURE 3 : REPARTITION DE LA POPULATION SELON LES CLASSES D'AGE
24
FIGURE 4 : DESSIN TECHNIQUE DES TERRASSES DE VIGNES EXISTANTES
DANS LA ZONE DES
SHOUL 45 FIGURE 5 : DESSINE TECHNIQUE DE LA TECHNOLOGIE DE
GABION UTILISEE DANS LES ZONES
BOUR DE LA COMMUNE DES SHOUL 48
FIGURE 6 : LE TAUX D'HUMIDITE DANS LES DIFFERENTES PARCELLES
ETUDIEES 66
FIGURE 7 : EVOLUTION DE RUISSELLEMENT DANS UNE PARCELLE AVEC
ROTATION BT/FEVE 68
FIGURE 8 : EVOLUTION DE RUISSELLEMENT DANS UNE PARCELLE CULTIVE
EN AVOINE EN
ROTATION AVEC LE BLE 69
FIGURE 9 : ETAT DE SURFACE DES CULTURES PRATIQUEES DANS LA
ROTATION 70
Liste des Tableaux
TABLEAU 1 : REPARTITION DES CLASSES DE PENTE DANS LA ZONE ETUDIEE
10
TABLEAU 2 : LES TYPES DES SOLS EXISTANT DANS LA ZONE DES SHOUL
13
TABLEAU 3 : MOYEN MENSUEL DES PRECIPITATIONS DANS 3 STATION ANNEE
2007 16
TABLEAU 4 : LES MOYENNES DES MINIMA ET DES MAXIMA DES
TEMPERATURES DE LA STATION
BARRAGE SIDI MOHAMED BEN ABDALLAH 2007 17
TABLEAU 5 : TYPES DES EXPLOITATIONS AGRICOLES DANS LA COMMUNE DES
SHOUL 19
TABLEAU 6 : SYSTEMES DE CULTURES DANS LA COMMUNE DES SHOUL 20
TABLEAU 7 : SUPERFICIE DE LA CEREALICULTURE DANS LA REGION DES
SHOUL 22
TABLEAU 8 : DENSITE DE LA POPULATION DES SHOUL 23
TABLEAU 9 : STRUCTURE DE LA POPULATION SELON L'AGE ET LE SEXE
24
TABLEAU 10 : COUT DES INTRANTS DE LA ROTATION CULTURALE 58
TABLEAU 11 : ACTIVITES RECURRENTES/MAINTENANCE DE LA TECHNOLOGIE
DE ROTATION
CULTURALE : CAS DE CEREALES 61 TABLEAU 12 : COUT TOTAL
D'INVESTISSEMENT ET DES ACTIVITES RECURRENTES DE LA
TECHNOLOGIE DE ROTATION CULTURALE : CAS DES CEREALES
63 TABLEAU 13 : LE TAUX DE LA MATIERE ORGANIQUE ET DE L'AZOTE DANS LES
DIFFERENTES
ROTATIONS AU NIVEAU DE LA ZONE D'ETUDE. 65
TABLEAU 14 : VARIATION DES PERTES EN TERRE DANS LES PARCELLES EN
ROTATION 69
TABLEAU 15 : RENDEMENTS PAR CULTURE SELON LES TYPES DE ROTATIONS
: 75
TABLEAU 16 : RENDEMENTS GRAINS ET PAILLE PAR CULTURE ET SELON LE
TYPE DE ROTATION75 TABLEAU 17 : LES ENGRAIS UTILISES POUR LES CEREALES ET LES
LEGUMINEUSES ET LEURS
COUTS EN DH/HA 77 TABLEAU 18 : DES CHARGES DE MAIN D'OEUVRE
POUR UN HECTARE DE CEREALE ET DE
LEGUMINEUSE DANS LA ROTATION 78
TABLEAU 19 : LES RECETTES BRUTES DE BLE ET DE FEVE 79
vi
Liste des Cartes
CARTE 1 : ZONAGES DE CHOIX DES ECHANTILLONNAGES DANS LA COMMUNE
DES SHOUL 5
CARTE 2 : CARTE DE SITUATION DE LA COMMUNE DES SHOUL 11
CARTE 3 : CARTE PEDOLOGIQUES DE LA REGION DES SHOUL 14
CARTE 4 : CARTE D'OCCUPATION DES SOLS 21
CARTE 5 : REPARTITION DES TECHNIQUES DE CES EXISTANTS DANS LA
REGION DES SHOUL 49
Liste des Planches photographiques
PHOTO 1 : RIGOLES SUR VERSANT MARNEUSE 29
PHOTO 2 : TAILLE DES RAVINES MAQUES A SHOUL 29
PHOTO 3 : TECHNIQUE DE LABOUR ISOHYPSE DU BAS VERS LE HAUT 35
PHOTO 4 : TECHNIQUE DE LABOUR PAR TRACTEUR AU AVEC LA PENTE 35
PHOTO 5 : PHOTOS ILLUSTRENT L'UTILISATION DE FUMIER DANS LA
REGION DES SHOUL 37
PHOTO 6 : TECHNIQUE DE HAIE COMPOSEE DE FIGURER, DE CACTUS, DE
ROSEAUX ET DES
D'ARBUSTES 39 PHOTO 7 : HAIE COMPOSEE DES CACTUS ET DE FIL DE
FER, UTILISEE POUR LA DELIMITATION DES
PARCELLES ET LA PROTECTION DES TERRES CONTRE L'EROSION HYDRIQUE
40
PHOTO 8 : TECHNIQUE DE CORRECTION BIOLOGIQUE DES RAVINS 41
PHOTO 9 : DYSFONCTIONNEMENT DE LA PLANTATION D'EUCALYPTUS DANS LA
CORRECTION
BIOLOGIQUE DES RAVINS. 41
PHOTO 10 : PREPARATION DES TROUS DE PLANTATION D'AGRUMES 24
PHOTO 11 : PLANTATION D'OLIVIERS SUR UN VERSANT A PENTE MODEREE
43
PHOTO 12 : TERRASSES DES VIGNES ENTAILLEES DANS LES FORMATIONS
SUPERFICIELLES 45
PHOTO 13 : MURETTES EN PIERRES SECHES SUR LA RIVE DROITE DE
L'OUED BOUREGREG 46
PHOTO 14 : CORRECTION DES RAVINS PAR LA TECHNOLOGIE DE GABION
48
PHOTO 15 : CULTURES DE FEVE ET DE LUPIN ISOHYPSE 56
PHOTO 16 : BILLONNAGE ISOHYPSE DE FEVE SUR PENTE MODEREE 56
PHOTO 17 : ILLUSTRE LES DIFFERENTES ACTIVITES DE MOISSON,
EMBALLAGE DE PAILLE ET
COLLECTE DU RENDEMENT PAR UNE CHARRETTE METALLIQUE 60
Liste des Annexes
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE WOCAT TECHNOLOGIE 91
ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRE INDICATEURS LOCAUX DE DEGRADATION DES
TERRES 120
vii
Liste des Symboles, Abréviations,
Unités
SYMBOLES, ABREVIATIONS
CES : Conservation des eaux et des sols
CT : Centre des Travaux
CIHEAM : Centre Internationale de Hautes Etudes Agronomiques
Méditerranéennes
DPA : Direction Provinciale d'Agriculture
DESIRE : Désertification Mitigation and Remediation of
Land
ENFI : Ecole Nationale Forestière d'Ingénieurs
GCES : Gestion conservatoire des eaux et des sols
FLSH : Faculté des Lettres et Sciences Humaines
FAO : Food and Agriculture Organisation
IAV : Institut Agronomique et Vétérinaire
INRA : Institut National de la Recherche Agronomique
MAPM : Ministère de l'Agriculture et de la Pêche
Maritime
Nbre
M.O : Matière organique : Nombre (s)
PMVB : Projet de Mise en Valeur en Bour
PV : Procès verbal
RGA : Recensement Générale d'Agriculture
SMBA : Sidi Mohammed Ben Abdellah
RGPH : Recensement Générale de la Population et de
l'Habitat
TDR : Time domain refectometry
WOCAT : World overview of conservation approches and
technologies
UNESCO : Organisation des Nation Unies pour l'Education, la
Science et la Culture
Unités
Qx/ha : Quintaux par hectare
Km : Kilomètre
Cm2 : Centimètre carré
P/j : Personne par jour
Ha : Hectare
% : Pour cent
L/ha : Litre /hectare
L : Litre
U : Unité
Qté (s) : Quantité (s)
H : Heure
dh/ha : Dirham par hectare
viii
REMERCEMENTS
Au terme de ce travail je tien à remercie tout
particulièrement Mr Abdellah Laouina, professeur responsable de master
CUGN pour sa disponibilité constante et les conseils qu'il m'a
prodigués je désigne également exprimer ma profonde
gratitude à pour son attention et son aide précieuse, ainsi qu'a
tous les professeurs qui ont contribué à ma
formation.
Je voudrais aussi adresser mes s'incérés
remerciement à Mohammed Aderghal et Nahid ellbazzez pour avoir suivi
avec intérêt mon travail et pour m'avoir suffisamment
conseillé et guidé.
Je tiens à remercier également les
doctorants et les postes docteurs pour ses conseils très utiles et notre
accompagnement sur le terrain.
Je teins à remercier également Mohammed
Sabir Directeur de ENFI pour son soutien.
Je tiens à remercier également tous les
professeurs du master CUGN, à tous mes collègues (Etudiants de la
promotion 2006/2008 du master CUGN) pour la bonne atmosphère et la bonne
entente entre nous ;
Mes remerciements s'adressent également
à la population de la commune des Shoul de l'accueil qu'elle nous a
réservé lors de nos investigations.
A ma famille, mes amis pour le soutien et la
confiance
Enfin, je dis merci à tous ceux qui peu importe
la distance sont restés prés de moi dans ce parcours.
1
Introduction générale
1. Introduction
La désertification désigne « la
dégradation des sols dans les zones arides, semi-arides par suite de
divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les
activités humaines". (Voir la définition de la Conférence
des Nations Unies sur l'environnement et le développement, juin
1992)1,
D'après le FAO, La dégradation des terres
s'intensifie dans plusieurs parties du monde alors qu'environ 1,5 milliard de
personnes, soit le quart de la population mondiale, dépendent
directement de terres qui se dégradent2.
Les conséquences de cette dégradation
comprennent notamment la diminution de la productivité agricole, la
migration, l'insécurité alimentaire, les dégâts
apports aux ressources et aux écosystèmes de base et la perte de
la biodiversité du fait des changements subis par l'habitat aussi bien
au niveau des espèces qu'au niveau génétique.
Le Maroc, comme l'ensemble des pays de la rive sud de la
méditerranée du Sud,connaît une dégradation
importante de ses ressources naturelles .sous la pression d'une
démographie galopante, les surfaces d'une agriculture de subsistance
(céréaliculture) augmentent au détriment des forêts,
des espaces boisés et des terres pastorales.
La surexploitation des ressources, due a un surpâturage
et une demande en bois dépassant de trois à quatre fois les
potentialités, entraîne annuellement la réduction du
couvert forestier et sylvo-pastorale de l'équivalent de 31000 ha .De
même, pour les terres agricoles, la jachère devient de moins en
moins fréquente et de plus en plus courte et les techniques culturales
moins appropriées3.
De ce fait, toutes les sociétés rencontrent des
problèmes de dégradation du milieu par divers types
d'érosion et ont tenté d'y porter remèdes par des
stratégies traditionnelles adaptées aux pressions
foncières en aménageant les eaux de surface pour améliorer
la productivité des sols et stabiliser les versants. L'abandon des
techniques ne signifie pas leur manque d'efficacité antiérosive,
mais l'évolution du contexte économique dans lequel ils sont
appliqués4.
La commune des Shoul fait partie des sociétés
qui connaissent une dégradation galopante des ressources naturelles.
L'économie de la région est essentiellement basée sur
l'élevage et sur une agriculture de subsistance de type traditionnel.
L'agriculture constitue la première activité. Elle se
caractérise par une très large prédominance de la culture
céréalière pluviale destinée à satisfaire
les besoins vivriers familiaux. Sa productivité est soumise aux
contraintes d'ordre physique, technique et socio-économique qui limitent
fortement son développement.
Face aux problèmes de dégradation des terres,
les paysans adoptent des stratégies diverses en vue de minimise les
risque de production par la mise en oeuvre des techniques traditionnelles et
modernes de Conservation des Eaux et des Sols (CES).
1
www.fao.org
2 FAO juillet 2008, Rome
3 Sabir M et al ,2000, « la DRS
fruitière dans le pré-rif :quels apports pour l'exploitation
agricole de montagne :analyse de cas dans le bassin versant de l'Ourgha. P62
« les stratégies et méthodes traditionnelles et modernes de
lutte anti-érosive »
4 ERIC. R, 2000 « évolution historique des
stratégies de lutte antiérosive. Vers la gestion conservatoire de
l'eau, de la biomasse et de la fertilité des sols : GCES »p11
« les stratégies et méthodes traditionnelles et modernes de
lutte anti-érosive. »
2
Introduction générale
L'objectif de cette étude est de contribuer à la
définition et la description des stratégies de conservation des
eaux et des sols et l'évaluation de l'efficacité des techniques
de CES menées localement.
2. problématique
La commune des Shoul constitue la plus ancienne de toutes les
communes de la préfectures de Salé. Sa création remonte
aux premières années de l'indépendance. Dans un
environnement urbain, elle continue à constituer avec la commune de
Bouknadel les deux entités communales rurales de la préfecture de
Salé.
Sur le plan environnemental, la commune est
caractérisée par un relief de plateaux disséqués
avec des altitudes autour de 250 m et qui évolue sous forme de milieux
géomorphologiques assez homogènes, mais renfermant des
différenciations de détail au niveau de la surface des plateaux,
des fonds de vallée, et des versants. Elle est
caractérisée aussi par la diversité des types de sol, mais
avec la prédominance des sols fersiallitiques.
Aussi l'exposition de la zone vis-à-vis des influences
océaniques contribue-elle à la distinction entre deux
étages bioclimatiques, l'un sub-humide concentré au Nord et
l'autre semi-aride se prolonge vers le Sud.
Sur le plan humain la commune est caractérisée
par une densité démographique faible, avec 50
habitants/Km2, et par une société agropastorale
récemment fixée, associant l'élevage et l'agriculture dans
un système de production intimement lié au milieu naturel dans
lequel il se déroule.
La sédentarisation récente, l'évolution
démographique et l'émergence de nouvelles pratiques agraires,
allaient entraîner une pression sur les ressources naturelles qui s'est
manifestée par une tendance à la mise une culture des terres en
pente et par un recours plus grande à la forêt pour l'alimentation
du cheptel.
Devant ce constat de dégradation, les paysans de la
région développent des stratégies de restauration et
conservation des terres agricoles traduites en techniques et pratiques dont les
plus utilisées sont: le labour isohypse, la rotation culturale et la
plantation fruitière.
La dégradation des terres bour et les stratégies
de conservation utilisées nous amènent à poser les
questions suivantes:
1-La dégradation des terres en zone de culture bour
a-t-elle des impacts sur le fonctionnement des systèmes de production
agropastoraux et sur les revenus des exploitants?
2- Quelles sont les stratégies adoptées pour le
dépassement des effets environnementaux et socioéconomiques de la
dégradation?
3- Quelles sont les avantages environnementaux et
socio-économiques des techniques de CES adoptés dans les zones
bour de la commune?
3
Introduction générale
3. Méthodologie du travail
3.1 Le choix de la zone d'étude
Le choix a été dés le départ
orienté vers la zone d'action du projet DESIRE, c'est un choix
dicté par le déroulement d'un projet de recherche au niveau de la
Chaire Unesco, est dont l'objectif recherché est d'essayer de contribuer
aux études menées par l'équipe du projet, dont les actions
portent sur l'application de nouvelles méthodes d'analyse de la
dégradation et des solutions qui lui sont apportées. Par ailleurs
nous avons cherché également à profiter du cadre qu'offre
le projet, notamment, les rencontres et les discussions avec les experts en
CES.
3.2 Les phases de la réalisation de
l'étude
L'analyse détaillée de la dynamique de
dégradation des terres dans la région et l'analyse de
l'efficacité des techniques de conservation des eaux et des sols
menée localement font que le présent travail a été
réalisé en trois phases principales:
La phase 1 : la première phase
concerne la recherche bibliographique et documentaire en s'attachant à
deux principale sources
Les sources officielles: il s'agit des documents
administratifs, statistiques et monographiques établis par les
différentes administrations locale provinciale, régionale et
nationale telles la Direction Provinciale de l'Agriculture de
Rabat-Salé, le Centre des Travaux agricoles, CT, de Bouknadel et le Sous
Centre des travaux agricoles d'Ouljet-Salè à Shoul, la commune
rurale des Shoul l.
Les sources académiques : des thèses et
mémoires ont été consultés. Ils concernent, soit la
région étudiée, soit le thème de ce
mémoire.
Nous citons les mémoires de fin d'étude de
l'I.A.V Hassan II qui traitent des thèmes relatifs aux cultures
pratiqués dans les Zones bour du Maroc, les thèses et les
documents que nous avons pu consulter et qui sont consacrés à
différents thèmes tels,«les communes rurales et les
problèmes de développement» qui est le sujet d'un
mémoire de DES réalisé par Ghoulimi S en 1999, la
dynamique de la dégradation des terres présentée par
Antari M. en 2007 sous la titre «Mesures du Ruissellement et de
l'érosion des terres dans le micro-bassin versant Matlq et essai de
modélisation», le milieu physique de la région par Beaudet G
dans sa thèse sur « le Plateau Central Marocains et ses Bordures.
Étude géomorphologique» et les stratégies et
méthodes traditionnelles et modernes de lutte anti-érosive
présenter par un ouvrage collectif sous la direction de Abdellah Lauina
en 2007 et par le bulletin réseau érosion 21 sous le titre:
Techniques traditionnelles de GCES en milieu méditerranéen en
2002.
La Phase 2 : cette phase est
réservée à l'enquête et aux mesures sur le terrain,
dont l'objectif est la description et l'évaluation de
l'efficacité environnementale et socio-économique de la
technologie de rotation culturale utilisée dans la zone des Shoul,
4
Introduction générale
- Les enquêtes
Les enquêtes concernent les paysans qui ont mené
une technique de CES et les spécialistes en conservation des eaux et des
sols. L'enquête que nous avons réalisée sur le terrain est
basée sur le questionnaire WOCAT technologie.
Le questionnaire wocat est établi par des
spécialistes dans le domaine de la Conservation des Eaux et des Sols.
Son but est de mettre en place une base de données sur l'état de
la dégradation et sur les technologies de conservation. Il doit avoir
pour but la sélection des technologies pour leur efficacité en
vue de les insérer comme propositions dans des programmes
d'aménagement et de développement. La mission de WOCAT est
d'offrir un appui au processus d'innovation et de prises de décision
dans le domaine de la gestion durable des eaux et des sols.
> La structure de questionnaire wocat
Pour analyser et évaluer la CES, WOCAT a
développé trois types de questionnaires:
Un questionnaire sur les technologies de CES;
Un questionnaire sur les approches de CES;
Un questionnaires sur la cartographie de la CES
Dans notre cas, nous avons utilisé le questionnaire
WOCAT technologie pour dégager la technique la plus efficace en
matière de conservation des eaux et des sols. Ce questionnaire est
composé de trois parties:
La première partie comprend des informations
générales sur la zone géographique ou la technologie a
été appliquée, sur le spécialiste CES participant
et sur la dégradation des sols.
La deuxième partie porte sur la spécification de
la technologie de CES composée des questions relatives à la
technologie de CES notamment, le but étant la classification, le statut,
les activités de mise en place, les activités récurrentes
et le coût de la technologie;
La troisième partie concerne l'évaluation de la
technologie, et est composée des questions sur les avantages et les
inconvénients environnementaux et socio-économique de la
technologie.
- Les mesures sur le terrain
Le rôle de ces mesures est d'évaluer
l'efficacité environnementale et économique de la technologie de
rotation culturale dans toute la zone de l'étude.
Pour mener ces mesures nous nous sommes basés sur
l'échantillonnage. Le choix de l'échantillonnage a
été fait à l'aide d'une carte de zonage, la
réalisation de cette carte est basée sur deux critères,
à savoir, la répartition des types de sols et des types de
pentes
En outre, pour élaborer cette carte on a adopté la
démarche suivante:
1 - établissement d'une carte des pentes
simplifiée en distinguant entre trois catégories: les pentes de
moins de 10%, les pentes de 10% à 20 et enfin les pentes de plus de
20%;
2 - établissement d'une carte de type des sols en se
limitant à quatre types: les sols calcimagnésiques, les sols
fersiallitiques peu évolués et les sols isohumiques;
3 - croisement des deux cartes et identification des principales
zones homogènes;
4 - mesure de la superficie des zones homogènes
identifiées.
Introduction générale
5
Carte 1 : Zonages de choix des échantillonnages
dans la commune des Shoul
6
Introduction générale
Il faut signaler que le travail de l'évaluation a
été mené sur 10 parcelles en culture bour, dans la zone 1
(zone des sols fersiallitique) dont la localisation est montrée par la
carte présentée plus haut.
La concentration des mesures dans la zone 1 et sur 10
parcelles est due aux difficultés rencontrées sur le terrain,
à savoir: l'assèchement précoce des cultures
utilisées dans la rotation, et l'insuffisance du temps pour mener des
mesures dans toutes les zones identifiées lors du zonage. C'est pour
cela, que nous avons focalisé notre travail de terrain dans la zone des
sols fersiallitiques, dans la partie Sud de la commune.
Les parcelles choisies dans la zone 1, se fait selon la pente,
l'exposition, et le type de rotation. Le tableau suivant montre les parcelles
étudiées:
Tableau : les 10 parcelles étudiées dans la
zone 1 : sol fersiallitique
N°parcelle
|
Précédent cultural
|
Culture actuelle
|
Type de rotation
|
Statut foncier
|
1
|
orge
|
mais
|
Céréale/céréale
|
melk
|
2
|
blé
|
mais
|
Céréale/céréale
|
melk
|
3
|
blé
|
avoine-
|
Céréale /avoine
|
melk
|
4
|
blé
|
avoine-
|
Céréale /avoine
|
melk
|
5
|
mais
|
orge
|
Céréale/céréale
|
melk
|
6
|
fève+lupin
|
blé tendre
|
légumineuse fourragère / Céréale
|
melk
|
7
|
mais
|
blé tendre
|
Céréale/céréale
|
melk
|
8
|
orge
|
orge
|
Céréalière
|
melk
|
9
|
blé
|
pois- chiche
|
Céréale/légumineuse alimentaire
|
melk
|
10
|
blé
|
fève
|
Céréale/légumineuse alimentaire
|
melk
|
- Les mesures effectuées
· Mesures physiques du sol : 1-La cohésion du sol
C'est une propriété mécanique de la
surface du sol qui donne une idée sur la résistance au
cisaillement de la couche superficielle du sol. La mesure de la cohésion
est effectuée à l'aide d'un torvane.
7
Introduction générale
2-La résistance à la pénétration
C'est une propriété mécanique de la
surface du sol qui permet d'apprécier la résistance de la surface
du sol à une force de pénétration. La mesure de La
résistance à la pénétration est effectuée
à l'aide d'un pénétromètre.
3-L'humidité du sol
Le suivi de l'humidité du sol, en utilisant un TDR
portable, cette technique s'appuie sur les propriétés
diélectriques du sol qui sont fonction de son humidité. Un signal
électromagnétique est envoyé dans le sol et la vitesse de
propagation de l'onde permet de déterminer sa teneur en eau
· Mesure de la végétation
La mesure de la végétation, basée sur le
calcul de nombre de tiges sur une parcelle de 1 m2.
· Mesure de l'érosion en nappe
Pour la quantification de l'érosion en nappe, la
technique de simulation de pluies permet d'obtenir rapidement des mesures de
ruissellement et de la charge solide dans une gamme variée de sols et de
conditions culturales.
Phase 3 : cette phase est
réservée au traitement de l'information collectée dans la
bibliographie et sur le terrain. Elle a deux finalités:
> La première concerne la détermination des
valeurs qui permettent l'analyse statistique de l'information.
> La deuxième concerne l'établissement des
cartes qui permettent de donner une dimension spatiale aux
phénomènes étudiés.
La cartographie faite avec l'aide des logiciels
spécialisés tels, le MapInfo et le ArcGis. L'analyse statistique
de l'information se fait par Exel.
4. Objectifs attendus
Dans cette étude nous nous sommes basés sur la
technologie de rotation culturale comme technique de conservation des eaux et
des sols appliquée dans la zone d'étude, pour le maintien de la
fertilité des terres et la restauration des sols
dégradés.
Cette étude a pour but d'évaluer
l'efficacité de la technologie de rotation culturale et s'est
assignées les objectifs suivants:
> Comprendre les techniques mises en place par la
population en réponse à la dégradation des terres dans les
zones réservées à la culture bour;
> La description des techniques de CES existantes dans la
région des Shoul;
8
Introduction générale
> L'évaluation des impacts environnementaux et socio
économiques de ces techniques, les possibilités de capitalisation
de ces techniques en vu d'une généralisation dans le cadre de
projets de développement local.
5. Plan de l'étude
L'ensemble des données recueillies nous a permis de
diviser le plan de travail en trois chapitres :
Le premier chapitre : « Un territoire
agroforestier» et consacré à présenter le milieu
naturel (climat, végétation, sol, géomorphologie...) et
humain et la dynamique de dégradation des terres dans la région
(causes, aspects, effets) et les stratégies de conservation des eaux des
sols dans la zone des Shoul.
Le deuxième chapitre porte sur la
description des techniques de conservation des eaux et des sols (agronomique,
végétale et physique), présenté sous le titre
«Etat actuel des pratiques et des techniques de conservation des eaux et
des sols appliquées par les agriculteurs des Shoul».
Le troisième chapitre est basé
sur les résultats de l'enquête du questionnaire WOCAT,
intitulé «l'évaluation des techniques de conservation des
eaux et des sols: cas de la rotation culturale». L'évaluation de la
technologie de rotation comporte une évaluation environnementale et
socio-économique.
9
10
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
Introduction
Ce chapitre nous permettra de décrire les ressources
naturelles fragiles qui constituent le territoire des Shoul et la
dégradation de ces ressources qui atteignent des stades très
avancés dans la zone et qui imposent des interventions
immédiates. Il nous accédera également de concevoir les
caractéristiques d'une population qui est peu dense et dispersée,
ainsi que ses effets sur le processus de la dégradation des ressources
naturelles, notamment les eaux et les sols.
6. les éléments d'un système
agroforestier
1.1 Une Topographie de plateaux
disséqués
Le territoire des Shoul se situe entre la limite
septentrionale du plateau central marocain et le début du système
dunaire de la Meseta côtière5.
Il est limité au Nord-Est par la forêt de la
Maâmora dont il occupe une partie .En outre, il est composé d'un
relief découpé en fragments de plateau par un réseau des
cours d'eau affluent des Oueds Grou et Bouregreg. Compte tenu des altitudes,
compris entre 50 et 250 m, la topographie présente une faible
variété au niveau de la surface des plateaux. Les principales
oppositions sont notées au niveau des vallées.
Sur la base de l'élément pente, on peut distinguer
entre deux zones :
la zone dont la pente est inférieure à 15%
représentant 71% de la superficie totale. Cette catégorie de
terrains représente le potentiel des terres de cultures.
la zone dont la pente est supérieure à 15 %,
représentant presque 30% de la superficie totale et constituée
des terres difficiles à mettre en valeur et devinées
essentiellement au marne6.
Tableau 1 : Répartition des classes de pente
dans la zone étudiée
Classes de pente
|
Superficie (ha)
|
%
|
% cumulé
|
< 5%
|
19.000
|
54
|
|
5 - 15%
|
60.000
|
71
|
125
|
> 15%
|
10.000
|
28
|
153
|
|
Source : monographie des Shoul
5 Beaudet G, 1969 « le plateau central et ses
bordures .étude géomorphologique »
6 Monographie des Shoul
11
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
Carte 2 : Carte de situation de la commune des
Shoul
Source : cartes topographiques des Shoul et Bouknadel
1/50000
12
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
1.2 Substratum Géologique et milieux
géomorphologiques
La charpente de la zone est constituée par la meseta
centrale marocaine grossièrement tabulaire et
pénéplnée après l'orogénie hercynienne et
souvent appelée massif central marocain7.
La base du plateau des shoul est formée par les
dépôts du socle hercynien (carbonifère inférieur)
qui font partie de l'unité structurale du synclinale occidentale .Ces
dépôts, généralement subverticaux, se retrouvent sur
les plateaux à l'Ouest des Shoul .Sur ces dépôts reposent
en discordance les revêtement subhorizontaux du Miocène du
villafranchien et les sables quaternaires.
Sur le plan géomorphologique le territoire des Sehoul
présente un relief très différencié. Le principal
milieu géomorphologique est :
Le plateau : est une surface ondulée
couverte de formations quaternaires riches en caillouteux, ce plateau s'incline
du Sud vers le Nord et les altitudes de 400m environ au niveau des limites Sud
de la commune à 200 m dans les limites Nord-ouest. Également, les
fragments de plateaux qui comprennent les éléments de relief
sillonnés sont appelés « Dhar », et se
présentent sous forme de buttes arrondies.
Les versants : ils sont de forme convexe
prés des sommets dans le matériel schisteux est concaves vers le
bas avec parfois des ruptures de pentes dans la même formation. En outre,
ces versants sont fondés dans les marnes
messiniennes. la pente des versants
est accusées et se situe souvent entre 20 et 50 % sur les versants des
Oueds Grou et Bou-Regreg.
Les bas fond : présentent une forme
de gorges, creusées actuellement dans les dépôts alluviaux
du fond des vallées.
1.3 Les caractéristiques pédologiques :
Des sols peu favorables à la mise en valeur agricole
La commune des Shoul est caractérisée par
différents types de sols rassemblés dans 8 classes
pédologiques selon la classification française en vigueur au
Maroc8.
7Beaudet G, 1969 : « le plateau central et ses
bordures .étude géomorphologique » p292
8 IAV Hassan II, 2002 : « Étude de
l'analyse des sols dans le périmètre de mise en valeur en bour
des shoul évaluation de la fertilité des sols et fertilisation
des cultures ». Rapport 2 Résultats d'analyses,
interprétations et recommandations, Edition Définitive p10
13
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
Tableau 2 : Les types des sols existant dans la zone des
Shoul
Types des sols
|
Superficie /ha
|
%
|
Les sols fersiallitiques
|
16900
|
48
|
Les sols isohumiques bruns
|
1650
|
5
|
Les sols calcimagnésiques bruns
calcaires
|
1800
|
5,5
|
Les sols brunifiés lessivés modaux et
hydromorphes
|
2900
|
8
|
Les vertisols
|
400
|
1
|
Les sols hydromorphes.
|
2200
|
6
|
Les sols peu évolués d'apport
alluvial et d'érosion
|
950
|
3
|
Les minéraux bruts d'apport
alluvial et d'érosion
|
8300
|
23,5
|
totale
|
35 ,102
|
100
|
|
Source : PMVB des Shoul
On remarque que les sols fersiallitiques sont dominants dans
la zone et occupent la quasi-totalité du plateau des Shoul, soit 50 %
des superficies. Ils sont développés à partir des
formations superficielles villafrancheinnes. Ces sols, sont relativement
pauvres pour l'agriculture car ils sont caractérisés par une
hydromorphie accentuée et l'importance du lessivage.
Les sols calcimagnésiques et les sols isohumiques
couvrent environ 11% et dominent sur les formations marneuses et sur la molasse
de base.
Les sols brunifiés persistent encore sur des versants
à pente faible ayant un substrat schisteux et couvert par la forêt
(8 %).
Les sols peu évolués d'apport alluvial et
alluvio-colluvial, ainsi que les sols vertiques sont associés aux
dépôts des terrasses des oueds Grou et Bou-Regreg.
Les sols minéraux bruts et les sols peu
évolués d'érosion correspondent aux sols les plus
dégradés à faible capacité de
production9.
D'une manière générale, les sols
argilo-sableux sont pauvres en matière organique et ne se prêtent
pas à une agriculture intensive comme c'est le cas dans la plaine
interdunaire de la zone de Bouknadel.
9 Direction Provincial e d'Agriculture de
Rabat-Salé 2002 : « Étude de l'analyse des sols dans le
périmètre de mise en valeur en bour des shoul évaluation
de la fertilité des sols et fertilisation des cultures » p10.
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
14
Carte 3 : Carte pédologique de la commune des
Shoul
15
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
1.4 Les variations climatiques : un territoire
à climat semi-aride
La connaissance des caractéristiques du climat nous
permet de définir les particularités des événements
pluvieux qui sont connus de la région, et leurs effets sur le processus
de la dégradation des terres.
Le climat qui caractérise la région des Shoul,
appartient à l'étage bioclimatique semi-aride à hiver
assez doux, la saison pluvieuse marquée par l'abondance des
précipitations dont la valeur est irrégulière en fonction
des années, s'étale de novembre à avril, alors que la
saison sèche marquée par une baisse des quantités de
pluies et une augmentation des températures.
La régularité de ce régime saisonnier
peut être perturbée durant les années marquées par
la sécheresse.
1.4.1 Les éléments du climat 1.4.1.1 Les
précipitations
Les données météorologiques qui seront
présentées dans la présente étude, ont
été relevées des stations météorologiques
les plus proches de la région qui est celles de Rabat-Salé,
barrage Sidi Mohamed Ben Abdallâh, Lalla Chafia,Aguibte
Ziar10.
1.4.1.1.1 Précipitations moyennes
annuelles
Les moyennes annuelles des précipitations
enregistrées au niveau de la station du barrage Sidi Mohamed ben
abdallah, fluctuent entre 136 et 819 mm, et montre une
irrégularité interannuelle qui évolue en dents de scie.
Les années humides peuvent enregistrer cinq fois plus de
précipitations que les années sèches.
P(mm)
400,0
900,0
800,0
700,0
600,0
500,0
300,0
200,0
100,0
0,0
*1984 *1986 *1988 *1990 *1992 *1994 *1996 *1998 *2000 *2002
*2004 *2006
précipitations annuelles Moy mobile ordre 5 P Moy
Figure 1 : Variations annuelles des pluies de la
station du barrage Sidi Mohamed ben abdallah (1984-2007)
10 Station Rabat-Salé : x : y : z :
Station SMBA : x : 33°56'23» Y : 6°08'79» z
: Station Lala Chafia : x : y : z : 180m
Station Aguibte Ziar : x : 38°79'50» Y :
37°41'00» z :
16
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
1.4.1.1.2 Précipitations moyennes
mensuelles
Les précipitations moyennes mensuelles revêtent une
importance particulière, en effet l'analyse des différentes
valeurs de ce critère permet de déterminer les mois les plus
humides et donc favorable pour l'activité végétale.
Tableau 3 : Moyenne mensuelle des précipitations
dans 3 station année 2007
Stations
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
JI
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
SMBA
|
1,2
|
2,0
|
1,2
|
0,7
|
0,5
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
3,2
|
14,7
|
1,1
|
Lalla chafia
|
3,4
|
4,1
|
6,5
|
7,0
|
2,5
|
0,0
|
0,0
|
0,6
|
1,2
|
8,2
|
16,5
|
5,4
|
Aguibte Ziar
|
1,1
|
1,6
|
1,4
|
1,5
|
0,5
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,1
|
0,9
|
2,4
|
0,7
|
|
Source : Agence de basin hydraulique du bouregreg et de la
Chaouia 2008
L'analyse des précipitations moyennes mensuelles
enregistrées au niveau des trois stations, montre une forte
irrégularité avec une concentration des pluies qui peut
s'étaler juste sur quelques mois, alors que le reste de l'année
est sec. Le maximum des précipitations est souvent enregistré en
novembre- décembre -janvier -février.
1.4.1.2 Température
La température forme le deuxième descripteur
climatique. Elle a une grande influence sur le milieu et
particulièrement sur la pulvérisation des sols ce qui accentue
leur vulnérabilité à l'érosion. Ce sont les
moyennes des minima du mois le plus froid (m) et celles des maxima du mois le
plus chaud (M) qui sont très importantes pour l'analyse de l'effet du
climat sur le milieu.
1.4.1.2.1 Températures moyennes maximales et
minimales
L'analyse des valeurs enregistrées dans la station de
barrage sidi Mohamed Ben Abdallah montre que les températures sont
relativement modérées. La moyenne mensuelle varie entre 13°C
et 26 °C correspondant respectivement aux mois de décembre et
juillet.
17
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
Tableau 4 : Les moyennes des minima et des maxima des
températures de la
station barrage Sidi Mohamed ben Abdallah
2007
Station
|
température°c
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
JI
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Barrage Mehamed ben Abdallah
|
M
|
17
|
18
|
20
|
20
|
24
|
26
|
29
|
28
|
26
|
26,1
|
22
|
18
|
|
m
|
13
|
15
|
15
|
16
|
19
|
22
|
24
|
23
|
18
|
11,5
|
11
|
8,9
|
|
15
|
16
|
17
|
18
|
22
|
24
|
26
|
25
|
22
|
18,8
|
16
|
13
|
|
Source : Agence de basin hydraulique du bouregreg et de la
Chaouia 2008 1.5 Les eaux de surface et les nappes
phréatiques
Les eaux de surfaces sont constituées par deux oueds :
Bouregreg et Grou ainsi que leurs affluents. Ces oueds sont
régularisés par le barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah. Les eaux de
surface sont valorisées par le Barrage S.M.B.A et les lacs
colinéaires. Leur fonction est l'alimentation en eaux potable les villes
de Rabat et Salé et une partie de la ville de Casablanca. En dehors du
Barrage S.M.B.A la mobilisation des eaux de surface est limitée au lac
colinéaire d'El Arjat d'une capacité de 45.000 m3 dont les eaux
sont destinées à l'abreuvement du cheptel. La commune des Shoul
est également traversée par des petites cours d'eau de
très faible importance tels que El Arjat, l'Ouljat et Sidi Allal et dont
l'écoulement est de courte durée liée aux
précipitations11.
En ce qui concerne les nappes phréatiques, elles sont
limitées à la nappe phréatique des Shoul, qui
s'étend sur une surface de 200 km2. La profondeur de la nappe
varie entre 20 et 80m, et est alimentée principalement par
l'infiltration des eaux des pluies en l'absence de liaison hydraulique avec la
nappe de la Maâmora.
Les sources sont peu nombreuses, aux débits faibles et
se localisent surtout dans les fonds de vallées et dans les zones de
contact lithologique.
1.6 Couvert végétal composé
essentiellement par les formations forestières
Le couvert végétal occupe le 1/3 de la
superficie totale de la commune dominée par les formations
forestières. Les formations naturelles rencontrées dans la
commune:
1-Forêt et matorrals : le chêne- liège une
espèce calcifuge et acidophile, est l'espèce arborée qui
s'étend sur les formations sableuses, La subéraie est
généralement une forêt clairsemée à sous bois
peu ou moyennement dense, abritant de nombreuses espèce herbacées
ou ligneuses formant plusieurs strates :
Strate arborée : Poirier, Pin, Thuya ...
Strate arbustive: Palmier nain,Pistacia lentiscus,Olea
Europea... Strate herbacée : Cistus Salvifolius, Cistus
Monspeliensis...
2-Ermes : les ermes sont généralement denses et
leur végétation est formée d'associations
végétales.
11DPA de Rabat- salé, 2005 : « Etude
relative à l'amélioration du secteur horticole dans la commune
rurale des SHOUL » p 6
18
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
3-la végétation des dayas : elle constituée
d'une erme annuelle hydrophile formant de petites prairies composées
notamment de différentes graminées.
7. Des ressources naturelles valorisées à
des fins agropastorales
2.1 Un système basé sur les
céréales et l'élevage
2.1.1 Statutes fonciers et structures de la
propriété
Le statut Melk prédomine, avec 98%de la SAU, par rapport
aux autres formes juridiques à savoir le collectif et le domaine
privé de l'Etat qui représentent uniquement 2%.
2.1.2 Exploitations et mode d'utilisation des
terres
2.1.2.1 Les types d'exploitation
La taille des exploitations actuelle résulte du
phénomènes de morcellement et à les mutations qui' a
connues la région. Les structures agraires que la région a connu
durant le 20 éme siècle, entre la période tribale
précoloniale, et la phase de l'emprise citadine depuis l'entrée
des colons français et jusqu'à la phase de l'expropriation
citadine actuelle en passent par la rupture coloniale, la structure agraire a
été minimiser a cause du morcellement et à la
concentration actuelle, cette structure est caractérisés par une
opposition entre 3 types d'exploitations différenciés par taille
:
19
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
Tableau 5 : Types des exploitations agricoles dans la
commune des Shoul
Classe taille
|
|
Exploitations
|
|
SAU
|
Nombre de parcelles
|
(en ha)
|
|
Nombre
|
|
%
|
Superficie
|
%
|
|
1622
|
|
59,7
|
|
3.959
|
19,7
|
4291
|
5 à 10
|
611
|
|
22,5
|
|
4708
|
23,4
|
2569
|
10 à 20
|
330
|
|
12,2
|
|
4964
|
24,8
|
1845
|
20 à 50
|
125
|
|
4,6
|
|
3923
|
19,6
|
789
|
50 à 100
|
22
|
|
0,8
|
|
1484
|
7,3
|
154
|
> 100
|
6
|
|
0,2
|
|
1062
|
5,2
|
53
|
TOTAL
|
2716
|
|
100
|
|
16141
|
100
|
9701
|
|
Source : monographie des Shoul-RGA 1996
59,7% des exploitations possèdent moins de 5 ha et
détiennent 19,7 % de la SAU totale.
0,2% des exploitations possèdent environ >100 ha et
détiennent 5,2 % de la SAU totale.
les tailles de 10 à 20 ha détiennent environ 25%
de la SAU totale.
On peut dire que la région des Shoul ,en ce qui concerne
les tailles des exploitations se trouve favorisée par rapport aux
statistiques nationales(RGA 1996) qui indiquent que plus de 90% des
exploitations marocaines ont moins de 5 ha12.
2.1.2.2 L'occupation des terres
Le territoire des Shoul connaît une diversification dans
les systèmes de cultures. Les principales cultures pratiquées
dans la région sont :
les céréales avec une superficie de 14.300 ha,
les légumineuses,
les cultures maraîchères,
les cultures fourragères,
et les plantations fruitières.
Le tableau suivant montre les systèmes de culture
existants dans la commune avec leur superficie par hectare.
12 Haut Commissariat aux Eaux et Forêt, et la
Lutte Contre la Désertification 2000 « Étude
d'aménagement de la forêt des shoul » p26
20
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
Tableau 6 : Systèmes de cultures dans la
commune des Shoul
Systèmes de cultures
|
Superficie (ha)
|
%
|
Céréales
|
14300
|
71
|
Légumineuses
|
300
|
1,5
|
Cultures maraîchères
|
400
|
2,0
|
Cultures fourragères
|
800
|
4,0
|
Plantations fruitières
|
1500
|
7,5
|
Jachère
|
2800
|
14,0
|
Totale
|
20100
|
100
|
|
Source : PMVB des Shoul Avril 2004
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
21
Carte 4 : Carte d'occupation des Sols dans la commune
des Shoul
22
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
2.1.2.3 Prédominance des terres sous
céréaliculture
Dans le territoire des Shoul, l'agriculture est basée sur
la céréaliculture qui correspond à la culture la plus
pratiquée par les paysans de la région. Elle comprend,
essentiellement, le blé dur , le blé tendre, l'orge et le
maïs et occupe 9009 ha de la SAU totale répartie comme suit :
Tableau 7 : Superficie de la
céréaliculture dans la région des Shoul
Céréalicultures
|
Blé tendre
|
Blé dur
|
Orge
|
Maïs
|
total
|
Superficie SAU/ha
|
3890
|
1010
|
1749
|
2360
|
9009
|
|
Source : DPA Rabat- salé
Les autres cultures sont des cultures secondaires telles que
les légumineuses, les cultures industrielles et l'arboriculture .Elles
concernent essentiellement le seigle cultivé sur les terres pauvres,
comme culture fourragère et occupent 122 ha, soit 1,04% de la SAU totale
; le maraîchage tel que les petits pois qui occupe 110 ha ; la courge et
l'arachide occupent 125 ha correspondant à 2 % de la SAU
totale13 .
2.2 Elevage
De par son importance dans les revenus des agriculteurs,
l'élevage est pratiqué par presque la totalité des
exploitations .Il constitue une assiette sur laquelle est basée
l'agriculture dans la région et surtout pour les exploitations à
revenu limité,
Le cheptel présent est constitué par les bovins,
les ovins et les caprins. En effet, il y a deux types d'élevage dans la
zone :
2.2.1 L'Elevage Extensif
Basé sur l'exploitation des parcours naturels,
notamment la forêt et les chaumes d'été des exploitation
agricoles.14 L'effectif d'élevage extensif
s'élève à 56000 ovins, 6000 caprins, 3000
équidés, 17000 bovins dont 40% de race croisée et 2,5% de
race pure15.
2.2.2 L'Elevage Intensif
Destiné uniquement à la commercialisation et
pour la production du lait et de la viande. C'est une forme d'élevage
qui s'est développée grâce à l'intervention des
capitaux d'origine
13 Direction Provinciale de l'Agriculture de la
wilaya de Rabat -Salé, 2001 « projet de mise en valeur en bour des
Shoul »
14 Haut Commissariat Eaux et Forêt, 2000 «
Étude d'aménagement de la forêt des shoul » p7
15 Direction Provinciale de l'Agriculture de la
wilaya de Rabat -Salé, 2001 « projet de mise en valeur en bour des
Shoul » p12
23
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
urbaine, des investisseurs en élevage mettent en relation
avec des éleveurs autochtones et leurs formant d'élevage
d'animaux selon de bill de commercialisation.
2. 3. Une population peu dense
2.3.1 Densité démographique
faible
La commune des shoul est marquée par une densité
démographique faible. Avec 50 habitants / Km2, la
densité de la population dans la commune et relativement faible
comparée avec les moyennes de densité enregistrée au
niveau national.
Tableau 8 : Densité de la population des
Shoul
Superficie Km2
|
1982
|
1994
|
2004
|
|
Densité
|
population
|
Densité
|
population
|
Densité
|
394
|
17501
|
44,4
|
19959
|
50,6
|
19706
|
50
|
|
Source : RGA 1996-2004
2.3.2 Structures démographiques 2.3.2.1
Évolution de la population
Selon le RGPH de 1994 et 2004, la population de la commune
rurale des Shoul a connu une évolution négative. Ainsi ,
l'effectif est passé de 19959 habitants et 2931 ménages en 1994
à 19706 habitants et 3304 ménages en 2004 , soit une stagnation
de l'effectif de la population et une augmentation de près de 13% des
ménages16.
Evolution de la population de la commune des shoul
entre
1982-2004
1982 1994 2004
population
21000
20000
19000
18000
17000
16000
Figure 2 : Evolution de la population des Shoul entre
1982-2004 (Source:RGA
1994-2004)
16 RGA 1994 -2004
24
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
2.3.2.1.1 Structure de la population par âge et
par sexe
Tableau 9 : Structure de la population selon
l'âge et le sexe
|
< 7ans
|
7 à 15 ans
|
15 à 60 ans
|
>60 ans
|
totale
|
|
%
|
Nbr
|
%
|
Nbr
|
%
|
Nbr
|
%
|
Nbr
|
%
|
Masculin
|
372
|
8,9
|
617
|
14,8
|
1004
|
24,1
|
167
|
4
|
2160
|
51,8
|
féminin
|
317
|
7,6
|
520
|
12,5
|
1061
|
25,5
|
108
|
2 ,6
|
2006
|
48,2
|
totale
|
689
|
16,5
|
1137
|
27, 3
|
2065
|
49,5
|
275
|
6 ,6
|
4166
|
100
|
|
Source : PV d'aménagement de la forêt des Shoul
49%
7% 17%
27%
< 7ans
7 à 15 ans 15 à 60 ans >60 ans
Figure 3 : Répartition de la population selon
les classes d'âge
Le tableau laisse apparaître une légère
différence entre le pourcentage des hommes et celui des femmes pour les
classes d'âge. Néanmoins, la figure montre que la classe de 15
à 60 ans, correspondent à la classe d'age de la population
active, ce qui constituer un indicateur de la disponibilité pour le
travail d'une grande partie de la population .Mais, cela ne veut pas dire que
cette offre de main d'oeuvre potentielle et largement utilisée par le
secteur agricole, la proximité des villes et la meilleur
opportunité d'emploi non agricole pousse l'émigration de cette
main d'oeuvre aux d'autre secteur.
25
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
2.3.3 Dispersion de l'habitat et précarité
des habitations
D'après l'enquête nationale sur le niveau de vie
de 1990-1991,et l'enquête nationale sur la famille en 1995, la
majorité de la population des Shoul est considérée comme
pauvre, puisque les dépenses moyennes par ménage ne
dépassent 28000DH/an et n'atteignent pas le revenu moyen des
ménages enregistré en milieu rural et qui s'élève
à 38000 DH /an, ce qui traduit la précarité des habitants
vu les conditions des logements qui font qu'un ménage sur deux est
logé dans des baraques ou dans des habitations en torchis . Enfin, la
taille des de la superficie agricole cultivée et/ou le nombre de
bétail indiquent, que nous sommes devant de petites exploitations et de
petits éleveurs.
La répartition géographique des familles
pauvres ou vulnérables à la pauvreté sur le territoire de
la commune se fait d'une manière inégale, Les taux oscillent
entre 24% dans le Nord de la commune et 73% dans le Sud -Ouest17
.
3- Mode d'organisation de l'espace agro-pastoral
Il est important de mentionner que l'organisation de l'espace
dans les shoul passe par deux phases importantes qui ont changé
l'organisation spatiale du territoire.
3.1 Phase communautaire
Commencée depuis l'installation de la population dans
le territoire, et la pratique de l'agriculture, l'organisation de l'espace dans
cette phase est marquée par une organisation communautaire tribale, dont
la gestion de l'espace ce fait par la jemâa, La mise en valeur du milieu
repose, désormais, sur un système agropastoral associant la mise
en culture et l'élevage. Étant fait dans un cadre communautaire,
qui consiste en un système de déplacement des animaux sur
l'ensemble des champs des membres de la communauté .C'est la phase de la
vaine pâture qui oblige chaque personne de la tribu de laisser une partie
de ses terres en jachère pour le pâturage communautaire .En outre,
l'espace durant cette phase restait sous exploité vu que les paysans
étaient peu ancrés et peu attachés à leurs terres.
La fin de cette phase a été grêlée par le
morcellement et la melkanisation des terres.
3.2 Phase de l'initiative privée
Cette phase commencer avec l'avènement de
l'indépendance, marquant ainsi l'organisation de l'espace par une
initiative privée. La région des shoul a été
convoitée par une bourgeoisie citadine qui a repris les anciennes fermes
des colons ou implantanté de nouvelles fermes Cette nouvelle
intervention s'est axée, en particulier, sur le développement des
cultures irriguées à partir des eaux de la nappe
phréatique18.
17 Ghoulimi S , 1999 : « les communes rurales et
les problèmes de développement locale cas de la commune de shoul
» p47 ,51
18 Laouina A et al, Mars 2004 : « dynamique
de l`eau et gestion des terres dans le contexte du changement global, dans le
bassin du Bouregreg (Maroc) » science et changements planétaires /
Sécheresse. Volume 15, Numéro 1, 65-77, p6
26
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
4. L'organisation du territoire communal des Shoul
Dans le contexte du territoire communal des Shoul, on
relève deux types d'organisation du territoire :
4.1 Organisation publique englobe :
* La commune : la commune rurale des Shoul
joue un rôle important dans la gestion des affaires des conseils. Pour
exercer ces compétences .la commune est organisée en 5 services
:
> Le Secrétariat Général de la
commune qui assure la coordination entre les différents services et
exécute la décision du conseil.
> Le service économique et financier qui fait le
recouvrement de la fiscalité et participe à la préparation
du budget et la gestion des déchets solides.
> Le service de l'hygiène qui fait le contrôle
des produits alimentaires
> Les services de la légalisation des actes.
> Le service de l'Etat Civil.
* Services extérieurs du Ministère de
l'Agriculture et de la Pêche Maritime (MAPM)
Les services relevant du MAPM existant dans la zone sont :
> Le centre des travaux (CT) 22.10 d'Oulja de la ville de
Salé-Bouknadel.
> Le Sous CT des Shoul.
> L'inspection vétérinaire à Arjat.
> Une station apicole à Arjat.
> Le cabinet vétérinaire à EL Arjat
(privé). 4.2 Organisations professionnelles
L'organisation professionnelle n'est pas
développée à Shoul, en effet une seule coopérative
apicole est fonctionnelle (coopérative de miel d'or), par ailleurs, une
autre vient d'être constituée, en plus de la coopérative
laitière d'El Arjat qui a cessé de fonctionner.
8. Dégradation des terres et stratégie de
conservation
5.1 Dégradation des terres
5.1.1 Les facteurs de la dégradation des terres
dans la région
La dégradation des terres dans la région de
Shoul peuvent être expliquée par l'intervention d'un certain
nombre de facteurs naturels et humains ayant modifié les conditions de
l'environnement. Les dégâts observés touchent, en premier
lieu, les agriculteurs de la région aux quels ces
phénomène posent de réels problèmes.
27
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
5 .1.1.1 Les facteurs naturels de la dégradation
des terres
En ce qui concerne les facteurs naturels de la
dégradation des terres, on cite la structure géologique de la
région qui constitue la base de formation paléozoïque
composée de Schistes,de Grés et de Quartzites, dans les niveaux
supérieurs des formations tendres qui forment tous les versants de la
région ,ainsi que la transgression marine que a connue la région
au Mesinien , avec la subsidence dans la même époque permettant le
dépôt des roches qui sont généralement fragiles,
imperméables et faciles à éroder soit par l'érosion
hydrique ou éolienne .
Le climat de la région est aussi un facteur explicatif
de la dégradation des terres. Il s'agit du climat méditerranien
caractérisé par un été chaud et sec et un hiver
doux et pluvieux. Les précipitations se caractérisent aussi par
une variation inter-annelles et intra annelles. Aussi, le
déséquilibre et l'irrégularité du climat de la
région peuvent-ils contribuer à la dégradation des terres.
En outre, la nature des événements pluvieux est un
éléments essentiel dans la dégradation .En effet, il y a
deux situations de pluviosité qui peuvent dégrader le sol :(i)
des pluies qui sont généralement de courte durée mais de
fortes intensité et dont la hauteur varie de 5à 30m en quelques
heures et peut varier de quelque minutes parfois avec des intensités qui
peuvent atteindre 50mm/h19 . Le caractère brusque et violent
de ces pluies leur procure un pouvoir érosif élevé surtout
lorsqu'elles se produisent en période automnale et ; (ii) les pluies de
longue durés qui s'étalent sur plusieurs jours consécutifs
avec généralement des intensités faibles à
moyennes.
On note aussi, que l'exposition des versants est un facteur
déterminant dans le processus de dégradation des terres dans la
région, Les observations faites sur le terrain montrent que les versants
exposés vers le Nord, c'est-à-dire vers le soleil,
reçoivent une duré de soleil très importante ( plus de 6
heures chaque jour) par rapport aux versants Est qui sont à l'ombre
toute la journée .L'augmentation de la température des versants
ensoleillés entraîne une détérioration de la
végétation par l'évapotranspiration et la
dégradation du sol parce que les rayons du soleil et le manque du
couvert végétal rendent la structure du sol fine,
vulnérable et facile à se dégrader devant l'érosion
hydrique.
En outre, les types du sol que connaît la région
sont des sols pour la plupart peu évoluées
caractérisés par une structure faible quantité d'argile et
maigre teneur en matière organique nécessaire à la
cohésions des agrégats. L'insuffisance de la matière
organique et la forte pente des versants de la région surtout dans la
partie supérieure et moyenne, exposent les terres de la région et
favorisent l'occurrence du ruissellement qui commence par un ruissellement
diffus qui avec le temps se transforme en ruissellement concentré ayant
la capacité de prendre les horizons supérieurs des sols de
l'amont et de les déposer à l'aval.
La pente des versants est aussi un élément
déterminant dans le problème de dégradation des terres.
Les versants qui ont une pente de plus de 15%sont plus érodables. Les
observation faites dans les Shoul montrent que les surfaces affectées
par les incisions se situent souvent sur des pentes supérieures à
15%.
19 Antari M, (2007) : Mesure du Ruissellent et de
l'érosion des terres dans le micro-bassin versant Matlaq et essai de
modélisation, (région de Rabat, Maroc » p 113 ,114
28
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
5.1.1.2 Les facteurs humains de La dégradation des
terres
La dégradation des terres dans la région des
Shoul s'explique également, par des facteurs anthropiques qui se
manifestent principalement par les techniques de labour, qui ont un effet
important sur la dégradation. D'abord utilisé uniquement sur le
plateaux le tracteur gagne actuellement les terrains en pente. Son utilisation
est déconseillée sur les pentes au delà de 10%. Or, cette
utilisation, notamment sur les terres en pente a des conséquences
négatives sur la stabilité des sols. En plus du problème
de tassement, le labour avec le tracteur engendrent la formation d'une semelle
de labour beaucoup plus importante que celle générée par
l'araire. Il crée ainsi une surface de discontinuité hydraulique
en profondeur qui bloque l'infiltration verticale et joue le rôle d'un
niveau de base pour le ruissellement hypodermique et d'un niveau de soutirage
des matériaux20.
Aussi le labour parallèlement aux pentes des versants
favorise-t-il la dégradation des terres, car il ameublit le sol et le
rend facile à décaper par le ruissellement. En effet, la
présence d'une jachère à L'amont d'une parcelle
labourée contribue à la dégradation des terres au niveau
de cette dernière .Ainsi dans les Shoul, la raideur de la pente pousse
certains paysans à labourer juste la partie située en bas du
versant à pente douce parce que la partie amont plus pentue est
difficile à cultiver .Au moment des pluies et particulièrement en
automne ,le ruissellement important enclenché au niveau de la
jachère située en position haute et dirigée
entièrement vers la parcelle cultivée en bas favorise le
décapage du sol.
5.1.2 Les aspects de la dégradation des terres
dans la région des Shoul
Dans la région des Shoul les manifestations de la
dégradation des terres prennent des aspects différentiels en
fonction des caractéristiques physiques de la région
elle-même ou de l'utilisation des terres par la population. Ils se
manifestent dans les formes d'érosion qui représentent
actuellement un phénomène majeur dans la région. Ces
formes d'érosion sont multiples et variées et participent plus au
moins activement à l'appauvrissement des sols avec des pertes en
productivité.
5.1.2.1 les griffes et les rigoles
Ces manifestations de la dégradation des sols se
développent essentiellement, dans la région sur des terres non
travaillées. Les petites griffes et les rigoles naissantes ont, souvent,
tendance à changer de place. Alors que, certaines incisions reviennent
presque toujours au même endroit après le labour. En outre, ces
aspects constituent un processus érosif important
particulièrement en automne et au début de l'hiver en raison des
pluies agressives qui s'abattent sur les sols dont les états de surface
est favorable au ruissellement.
Les griffes et les rigoles (cf. photo 1) se
développent, essentiellement, sur les terrains de culture
fragilisés par le labour mais elles peuvent également,
s'installer sur des terres non travaillées.
Tous ces aspects ont un caractère passager et ne
subsistent généralement pas plus d'un an sur les terres
travaillées car elles sont régulièrement effacées
par le labour.
20 Antari M avril 2007 p 115 ,116
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
Photo 1 : Rigoles sur versant marneuse
5.1.2.2 Les ravines
Elles ont une forme plus accentuée que les rigoles (cf
photo 2). Au cours du temps, les eaux se concentrent dans les rigoles et les
creusent davantage jusqu'à ce qu'elles atteignent des dimensions
considérables qui ne sont plus effacées par le labour. Les
ravines sont responsables de la mobilisation et du transport d'importantes
quantités de sédiments vers l'aval des bassins versants et
participent substantiellement à l'envasement des barrages. La plupart
des ravines remarquées dans la région, sont taillées
essentiellement dans les marnes messéniennes marquées par
d'épais colluvions rouges très caillouteux qui
représentent certainement un ancien ravin comblé sur lequel se
sont développées les actuelles ravines. Elles débutent
dans la section moyenne du versant dont le détail de la structure du
ravin est composée de deux majeures parallèles entre elles et
séparées par un interfluve. La tête du ravin est
composée de petits ravins.
Photo 2 : Taille des ravines maqués à
Shoul
29
30
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
5.1.2.3 La diminution de la couverture
végétale
La plupart des observations faites dans la région des
Shoul montrent que la région a été couverte par une
formation, végétale très dense qui s'étalait sur
tous les versants. L'amplification de la dégradation des terres a
diminuée le couvert végétal qui ne reste par
conséquent, que dans des quelques endroits. Les hauts versants
témoignent de l'existence d'une couverture végétale qui
recouvrait toutes la région des Shoul.
5.1.3 Les effets de la dégradation des terres dans
la région 5.1.3.1 La baisse de la productivité agricole des
sols
La baisse de la productivité agricole des sols n'est
pas uniquement due à la perte en sol, mais également et surtout,
à la détérioration de la fertilité (perte en
nutriments). A titre d'exemple, Laouani et al.(1993) rapporte que dans le sous
bassin de Matlq l'érosion des sols contribue à la perte en
fertilité des sols avec une perte annuelle de 41 kg/ha d'azote, 16 kg/ha
de phosphore et 20 kg/ha de potassium. Dès lors que le sol a perdu sa
fertilité, la terre est abandonnée ; parfois il peut y avoir une
récupération de la fertilité des sols, mais dans la
plupart des cas la situation ne fait que s'aggraver21.
5.1.3.2 L'envasement des barrages
La dégradation des terres dans la région
provoque ainsi des crues soudaines et violentes. En effet les cours d'eau,
souvent, incapables d'évacuer les flux, commencent à divaguer
dans leurs lits en érodant les berges. Ce qui contribue à
augmenter encore le volume et la charge solide de l'écoulement et
à déclencher un surplus d'érosion. Le transport par le
cours d'eau de cette importante charge solide a pour conséquence le
colmatage des barrages collinaires ou principaux. À titre d'exemple, le
barrage de Allal Ben Abdallah a connu une diminution de sa capacité de
mobilisée des eaux sous l'effet de la dégradation des sols dans
les parties sommitale des versants. Solen les études faites sur le lac
du barrage, il ressort que le barrage reçoit, annuellement, plus de 5
tonnes des sédiments.
6- Les stratégies de conservation des eaux et des
sols
Devant l'ampleur de la dégradation des terres dans la
région des Shoul, qui résulte de la rupture d'un équilibre
fragile entre l'écosystème et les activités humaines, les
paysans développent des techniques de conservation des eaux et des sols.
Ces techniques sont étroitement liées aux conditions
écologiques certes, mais aussi aux conditions socio-économiques.
Elles sont d'abord manifestées par des pratiques autochtones
séculaires. Parmi, ces méthodes de conservation des sols
anciennement utilisées par les paysans des Shoul, on peut citer la
rotation des cultures, la pratique de la jachère et le labour
isohypse.
Nous signalons aussi que l'abandon des terres
dégradées dans la région et les flux de la population vers
les villes constituent une stratégie de conservation, vue que le repos
des terres sur une période très longue et le non labour
contribuent à remédier à la lutte contre la
dégradation des terres par l'apparition d'une strate arbustives avec les
premières pluies de
21 Antari M, avril 2007 p 120
31
Chapitre premier : Un territoire agroforestier
l'hiver. Celles-ci permettent une couvertures protectrice mais
peu importante devant les précipitations hivernales et créent une
vie biologique dans le sous sol et favorise enfin l'infiltration des eaux de
ruissellement.
En outre, l'Etat intervient dans la région par la mise
en place des technologies en conservations modernes telles que les gabions, les
murettes en pierres sèches, ...etc.
Conclusion
L'environnement physique de la région des Shoul regorge
des signes de dégradation du milieu. La topographie est
disséquée. La charpente géologique de la zone constitue
des couches friables à dominance marneuse. Le climat semi-aride
caractérisé par un été chaud et sec et un hiver
doux et pluvieux. Les sols sont battants et pauvres en matière organique
et offrent un cadre adéquat pour l'érosion hydrique et
éolienne.
En plus, La dégradation de ce milieu s'aggraver sous
des conditions socio-économiques caractérisées en
particulier par, la gestion inappropriée des terres agricoles, le
surpâturage et la pauvreté et des faibles revenus des
exploitants.
Pour soutenir la fertilité de ces sols et
remédier la dégradation de leurs terres, les paysans de la zone
apportent au fil du temps la confection des techniques de conservation des eaux
et des sols tels que les techniques agronomiques, végétales et
physiques.
32
33
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Introduction
Les techniques de Conservation de l'Eau et des Sols (CES) sont
généralement définies comme étant «toutes
les activités menées localement, sur des terres
dégradées ou soumises à l'érosion, qui maintiennent
ou augmentent la capacité de production du sol. La CES inclut la
prévention ou la réduction de l'érosion, du tassement
(compaction) et de la salinité des sols , · la conservation ou
le drainage de l'eau , · le maintien ou l'amélioration de la
fertilité du sol, etc. » (voir la définition
donnée dans le cadre de WOCAT)22
Dans la région des Shoul la plupart des techniques de
CES menées localement sont développées pour
répondre à des besoins précis (remédier à la
dégradation des terres, préserver les terres contre la
dégradation, gestion de la fertilité des terres, production des
produits alimentaire pour l'homme et les animaux) et permettre le
dépassement des conditions écologiques contraignantes
caractérisées en particulier par la rareté des ressources
naturelles, notamment les eaux et les sols.
Ces techniques, appliquées dans le cadre des
exploitations agricoles privées, relèvent d'une initiative
individuelle et s'inscrivent en même temps dans des modes d'organisation
institutionnelle, soit hérités d'une époque révolue
où la jemâa jouait un rôle dans la réglementation des
pratiques agraires, soit actuelles et relèvent de l'action de
l'état ou du déploiement du capital privé.
Deux types de techniques de CES sont en vigueur chez les
Shoul: (i) les techniques traditionnelles développées dans la
région à partir des pratiques et des connaissances empiriques des
paysans, (ii) les techniques modernes introduites par l'Etat dans le cadre de
la mise en valeur des terres en bour au Maroc.
Il sera question dans ce chapitre de faire un inventaire des
techniques CES existantes chez les Shoul, et de présenter leurs
caractéristiques et les modalités de leurs mises en
application.
Nous distinguons entre 3 types de techniques: les techniques
agronomiques, les techniques végétales et biologiques, les
techniques physiques.
1. Les techniques agronomiques de conservation des eaux
et des sols
La technique agronomique est une série de techniques et
pratiques agronomiques utilisées par les paysans, à un niveau
individuel et collectif, et qui ont un caractère conservatoire des
ressources23.
La conservation des eaux et des sols dans les Shoul s'est
manifestée dans un premier temps par des pratiques agronomiques
autochtones visant à améliorer l'importance des quantités
d'eau stockées dans le sol.
Certaines techniques sont utilisées depuis longtemps.
Parmi ces méthodes on cite la rotation et l'assolement des cultures, le
labour isohypse, l'apport de fumier dans le sol et le billonnage
isohypse...etc.
22 Questionnaire wocat technologie version 2007.
23 Narjisse H et al, 1999, « diagnostic des
processus de dégradation des terres au Maroc : état de la
ressources et dispositif d'intervention » p 72
34
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
1.1 Le labour isohypse
La technique de labour isohypse (cf. photo 3) est
utilisée, sur les versants à différentes pentes. Les
paysans de la région préfèrent cette technique quand ils
utilisent la traction animale.
Le labour est un travail qui permet l'ameublement du sol en
profondeur sur 0-30 cm, l'enfouissement des résidus de récolte,
et facilite la préparation du lit de semence. Il a pour but de
réduire la densité apparente du sol et de briser les couches
compactées pour préparer le semis des cultures annuelles.
Lors du labour, le sol est retourné, ce qui
entraîne son aération et l'enfouissement des résidus de
culture et des mauvaises herbes de surface et donc favorise la
minéralisation et la disponibilités des éléments
nutritifs pour les plantes, et limite la multiplication des mauvaises herbes.
Par ailleurs l'ameublissement du sol en profondeur améliore
l'infiltration de l'eau et permet un bon développement racinaire
assurant ainsi une bonne croissance des plantes.
Il est certain que le labour dans le sens des courbes de
niveau est avantageux en terme de conservation des eaux, et des sols et des
nutriments. En effet en travaillant le sol dans le sens contraire à la
pente l'infiltration des eaux de pluie au début de la campagne agricole
et leur stockage sont améliorés, en plus de la limitation de la
multiplication des mauvaises herbes (après enfouissement),
l'augmentation de la rugosité de la surface et le ralentissement du
ruissellement.
Mais étant donné que les terres soumises
à ce type de labour sont souvent en pente et composé de sols
fragiles, la dégradation est un phénomène qui continue
à être présent de manière moins marqué que
sur des terres labourées dans le sens de la pente
(l'accélération de l'érosion mécanique,
l'augmentation des risques d'érosion hydrique et la destruction de la
matière organique).
De ce fait, la régression du rôle des animaux de
traits (jouja) dans la région a un impact sur la continuité de la
pratique ainsi que, l'émigration et l'abandon des terres qui celles en
pente réduit les superficies où cette technique est
appliquée .Egalement, l'utilisation du tracteur et l'acquisition des
terres par des non paysans est un facteur qui rend la technique relativement
dépassée.
35
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Photo 3 : Technique de labour isohypse du bas vers le
haut
Photo 4 : Technique de labour par tracteur au avec la
pente
36
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
1.2 Apport de fumier dans le sol
L'apport de fumier dans le sol est l'une des techniques
agronomiques de CES utilisées par les paysans de la zone (cf., photo 5).
Cette technique consiste en l'enrichissement du sol par des quantités
importantes de fumier organique produit dans l'exploitation agricole.
Il y a deux sources de production du fumier utilisé comme
engrais organique :
Le fumier issu des déjections des animaux qui
pâturent dans les champs en jachère ou dans les chaumes.
La deuxième par la litière des animaux (vaches
laitières) et les déchets ménagers.
Dans les shoul la quantité de fumier produit dans
l'étable est utilisée pour la culture de maïs, pois-chiche
et de quelques cultures maraîchères pluviales, tels la culture de
la courge, les paysans n'utilisent pas le fumier pour la culture d'orge et de
blé parce que, ce dernier aide à la prolifération des
mauvais herbes dans ces deux cultures céréalières. La
quantité de fumier utilisé pour un hectare de maïs est
indéterminé par la quantité existe dans l'étable au
moment de la préparation du sol pour la culture de maïs. Le fumier
est étalé et enfoui dans la même période de la
préparation du sol.
Dans la zone, les paysans qui font appel au fumier organique,
sont des paysans qui ont des revenus agricoles limités et qui n'ont pas
la capacité de couvrir les dépenses des engrais
minéraux.
Mais, avec l'introduction des citadins dans la région,
l'utilisation de fumier dans l'agriculture transforme plus largement vers le
secteur de l'arboriculture, les quantités utilisés pour un
hectare de plantation fruitière et presque 10 tonnes/ha, la
période d'étalement et l'incorporation de fumier pour
l'arboriculture se fait dans le mois de mai.
Le transport de fumier dans la région se fait, soit par
un camion ou par une charrette, dans le cas des terres prés de
l'habitation, le fumier en transporté par un âne ou un mulet, les
parcelles loin de l'habitation le fumier en transporté par un camion
jusqu'à la parcelle, si la parcelle est en pente ils utilisent un
âne ou un mulet.
En effet, l'incorporation du fumier dans le sol est la
méthode la plus répandue dans la zone. L'enfouissement se fait
avec le labour par tracteur (le premier labour par cover crop pour meubler le
sol puis la charrue à disque, pour l'incorporation du fumier dans le
sol), l'incorporation ce fait aussi par l'araire en cas de terrain en pente.
L'incorporation du fumier dans le sol permet de garantir sa
fertilité, qui assure la cohésion du sol et empêche son
erodabilité par ruissellement après les pluies.
Le fumier naturel à plusieurs avantages sur le sol.
Tout d'abord, il enrichit le sol par la matière organique, maintient la
cohésion des mottes, augmente le rendement et réduit le
coût des engrais chimiques24.
24 Amouzout. C. (2003) : Gestion
intégrée de la fertilité des sols sur les parcelles
maraîchères de Thasommo Village, Loas, FUSAGx, Gembloux, 76 p
37
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Photo 5 : L'utilisation de fumier dans la région
des Shoul
38
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
1.3 Rotation culturale et assolement
Dans un souci d'augmenter le rendement par une bonne gestion
du sol, le paysan a appris, au fil du temps25 , à pratiquer
des assolements variables à l'échelle des parcelles de son
exploitation selon la combinaison de plusieurs facteurs pédoclimatiques
et techniques.
Pour améliorer la productivité des terres bour
en pente les paysans pratiquent des rotations culturales qui font
succéder une sole de légumineuse aux céréales
réduisant ainsi la période de jachère. Mais au-delà
de l'intérêt économique, cette pratique à des effets
au niveau de la conservation des sols, la couverture continue du sol permet la
réduction des effets de pluies sur les sols nus. Sur une même
parcelle deux cultures permettent une couverture continue des sols, et par ils
agissaient aussi sur les risque d'érosion des sols.
La pratique de la rotation, malgré ses effets
bénéfiques, n'est pas pratiquée par la totalité des
exploitants et n'est pas généralisée à toutes les
parcelles de la même exploitation, les exploitants qui la pratiquent la
rotation culturale dans la région sont des exploitants qui ont des
propriétés familiales de 5 à 15 ha et qui intègrent
l'élevage et l'agriculture comme activité principale, la
superficie de la rotation culturale par la présence de la sole
légumineuse concerne 300 ha soit 1,5 % de la SAU totale et 1,72 % des
terres à céréales.
Les légumineuses alimentaires occupent une place
importante dans les systèmes de culture de la région. Ce
rôle est lié à leur place dans la rotation et à leur
importance économique. En effet, ces spéculations sont
considérées comme du bon précédent aux
céréales, notamment les blés, du fait qu'elles laissent
des résidus azotés importantes ainsi qu'un sol propre et
meuble.
Les grandes et moyennes exploitations agricoles des zones
bour, pratiquaient l'assolement triennal. Les parcelles étaient
divisée en trois soles: une première consacrée à la
jachère, c'est-à-dire non cultivée et destinée au
pâturage. Les deux autres soles étaient consacrées, l'une
à blé- fève- pois chiche- lupin et l'autre à
blé tendre- maïs.
Ce type d'assolement qui requiert du travail et des soins aux
cultures est souvent pratiqué sur les parcelles proches de
l'habitation.
2. Les techniques végétales ou
biologiques de conservation des eaux et des sols
Des techniques végétales de conservation des
eaux et des sols sont utilisées par les paysans à un niveau
individuel et collectif.
Il s'agit de la confection des haies autour des parcelles, des
plantations fruitières et la végétalisation des ravines
par des arbres d'eucalyptus ou des cactus.
2.1 Les haies
Les haies sont une combinaison d'arbres ou d'arbustes
généralement plantés et entretenus pour constituer une
fermeture (cf. photos 6&7).
Elles sont usuellement disposées en limites des
parcelles pour assurer la séparation des propriétés ou la
protection contre l'intrusion des animaux et des personnes26.
25 AL karkouri J et al ,2007 « pratiques et
techniques de gestion conservatoire des sols et des eaux dans le bassin versant
de Beni Boufrah (Rif central, Maroc) » p 56, Gestion Conservatoire des
Eaux et des Sols Au Maroc, ouvrage collectif sous la direction de Abdellah
Laouina, FLSH Rabat 2007.
39
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Selon leurs compositions, les haies vives, composées
d'espèces locales (cactus, laurier, thuya) ou introduites (pins,
eucalyptus, oliviers) sont ou entretenue et taillée soit touffues.
L'utilisation des haies dans la région des Shoul est
conçue pour délimiter les parcelles localisées prés
des lieux d'habitation, marquer le territoire et les limites
foncières.
Les lieux marqués par ces haies forment des îlots
de verdure assez caractéristiques dans un environnement agro
sylvo-pastorale marqué par la prédominance des cultures
annuelles27.
Les haies présentent de nombreux intérêts
pour les cultures et plus généralement pour l'environnement. Les
agriculteurs appréciaient autrefois leurs capacités à
délimiter les parcelles, en protégeant les cultures du vent
(fonction brise vent) et de l'érosion également. En effet, elles
favorisent l'infiltration de l'eau le long de leurs racines qui
décolmatent et aèrent les sols et contribuent à
améliorer l'alimentation des nappes phréatiques et à
limiter à la fois les risques et les effets des phénomènes
de sécheresses/inondations. De plus, elles ralentissent fortement
l'érosion hydrique des sols.
Par ailleurs, du point de vue d'efficacité en CES, les
haies sont ponctuelles et se limitent à la partie amont du versant. Plus
en aval, les risques d'érosion par ruissellement se multiplient car ces
mêmes haies contribuent à l'accumulation des eaux et au
renforcement de leur énergie destructrice.
Photo 6 : Technique de Haie composée de figurer,
de cactus, de roseaux et des
d'arbustes
27 Aderghal M et al, 2007 : les Techniques de CES dans
le Plateau Central, le haut pays d'Oulmès , p 161-162 Gestion
Conservatoire des Eaux et des Sols Au Maroc, ouvrage collectif sous la
direction de Abdellah laouina, Flsh Rabat 2007.
40
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Photo 7 : Haie composée des cactus et de fil de
fer, utilisée pour la délimitation des parcelles et la protection
des terres contre l'érosion hydrique
2.2 La correction biologique des ravines
Soucieux du danger que présente le ravinement pour sa
parcelle qui est souvent exiguë, le paysan a depuis toujours, lutté
contre ce phénomène par des opérations de comblements
et/ou par des traitements encore plus efficaces28.
Les actions entreprises sont, en fait, très
variées. Elles peuvent être classées en fonction de la
partie traitée de la ravine ou selon les matériaux
utilisés et le mode d'intervention.
Dans la commune des Shoul, le ravin actif constitue une vraie
menace pour les terres agricoles, à cause de son évolution qui se
traduit par l'élargissement du profil transversal, l'approfondissement
du talweg et le recul de la tête. Ce qui se traduit par une perte en
superficie cultivée que le paysan remarque facilement.
Les paysans accordent donc une attention particulière
en stabilisation des ravins par les moyens biologiques (cf. photo 8).
Ils procèdent, ainsi, à la plantation d'arbres
(figuier, cactus, eucalyptus) dans les fonds et les berges de certains ravins
et talwegs collecteurs.
Cette technique a deux objectifs majeurs: d'abord la
réduction du débit solide et la régularisation des
écoulements, ensuite la réduction du risque de dégradation
des terres et l'amenuisement des superficie cultivées.
28 Tribak A, 2002 : « stratégies de lutte
antiérosive dans les montagnes du PRIRIF Orientale », P 51,
bulletin réseau érosion 21, « technique traditionnelles de
GCES en milieu méditerranéen »2002
41
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Photo 8 : Technique de correction biologique des
ravins
Mais la technique de correction biologique des ravins n'est
pas toujours efficace. Les observations faites dans la région montrent
que la stabilisation des ravins par l'eucalyptus est peu efficace au niveau de
la conservation des terres contre la dégradation, et contribue
même à l'augmentation des pertes en terres. Pour fixer et colmater
les ravins, les paysans plantent les eucalyptus dans le talweg, ce qui entrave
l'écoulement des eaux qui incisent les berges du ravin pour créer
un autre canal d'évacuation (cf. photo 9).
Photo 9 : Dysfonctionnement de la plantation
d'eucalyptus dans la correction biologique des ravins.
42
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
2.3 Les Plantations fruitières
Dans cette zone semi-aride l'arboriculture reste
limitée. Elle est principalement développée dans les
fermes modernes où est pratiquée l'irrigation.
Les principaux arbres fruitiers rencontrés dans la zone
sont : l'olivier, l'amandier, la vigne, les agrumes, l'avocatier, le figuier,
le grenadier et le pêcher.
L'olivier constitue l'arbre fruitier le plus répandu
dans la zone. Les variétés pratiquées sont la «
picholine marocaine », la « haouzia » (variété
sélectionnée par l'INRA à partir de la picholine
marocaine, très productive avec une teneur en huile supérieure
à 20% et la «picholine du Languedoc»29.
Les travaux préparatoires à la plantation
d'olivier exigent un sous-solage croisé à une profondeur de
60-80cm, un labour moyen (30-40cm) et un cover-cropage. En culture moderne
irriguée, les densités de plantation sont de 6x5m, soit 333
arbres/ha. En bour, les densités peuvent varier de 8x6m à
10x10m.
Dans les fermes d'olivier en pente, les paysans creusent
autour de chaque olivier une cuvette de quelques décimètres de
profondeur dans l'objectif de recueillir les eaux de ruissellement qui se
trouvent drainées vers les oliviers par des rigoles mises en place pour
ce but.
Cette opération a le double avantage d'assurer une
humidité importante aux plantations par accumulation des eaux de pluies
et de perturber l'action du ruissellement concentré tout en
réduisant au minimum les quantités de sédiments
exportées vers le bas du versant.
Sur les versants en pente, les travaux préparatoires de
plantation des agrumes et d'avocatiers commencent par le creusage des trous
manuellement (largeur: 40 x40cm, profondeur: 60 à 80cm) et le
remplissage des trous par un mélange de fumure organique et chimique,
ensuite une irrigation et après 20 jours la plantation des jeunes arbres
(cf. photo 10).
Photo 10 : Préparation des trous de plantation
d'agrumes
29 Direction provinciale d'agriculture Rabat-
salé. (2005) : Amélioration du secteur horticole dans la Commune
Rurale de Shoul - Préfécture de Salé
43
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Du point de vue CES les plantations fruitières forment
une technique très efficace, surtout quand on plante le long des courbes
de niveaux.
Les arbres fruitiers assurent une protection contre
l'érosion hydrique et restaurent les sols dégradés par
l'augmentation de la matière organique et l'activité biologique
dans le sol (cf. photo 11).
Photo 11 : Plantation d'oliviers sur un versant
à pente modérée
44
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
3. Les techniques physiques de conservation des eaux et
des sols
Les techniques physiques de CES rencontrées dans la
zone sont: les terrasses d'arboricultures, les murettes en pierres
sèches et les gabions.
Ce sont des techniques modernes introduites à une date
récente par les paysans mêmes (terrasses et murettes) ou à
la suite de l'intervention des services techniques du ministère de
l'agriculture (gabions).
Par ailleurs, les observations faites sur le terrain montrent
que toutes ces techniques ont une faible extension au niveau du territoire de
la commune des Shoul.
3.1. Les terrasses
Une terrasse est composée d'un remblai et d'un chenal
construit à des intervalles plus ou moins réguliers à
travers la pente pour réduire la longueur et le degré de la
pente30.
La construction des terrasses sur les versants est
associée à la présence de couvertures pédologiques
ou détritiques et/ou de substrats tendres.
Sur les substrats durs, le terrassement se fait en même
temps que la construction du mur de soutènement.
Les terrasses sont couramment élaborées pour
contrôler le ruissellement dans les régions très
arrosées et pour conserver l'eau dans les régions moins
pluvieuses.
Le contrôle de l'érosion est l'objectif ultime
dans les régions humides et est un objectif très important dans
les régions sèches.
Les terrasses rencontrées dans la région sont
localisées dans deux sites. Le premier site se trouve dans le Sud de la
région sur la rive droite de l'Oued Grou (coordonnées Lambert : X
: 33°51'41.86" ; Y : 6°38'41.98"). Selon le témoignage d'un
ouvrier, cette technique a été installée depuis 1940 par
les colons français.
Les terrasses de ce site sont réalisées sur un
versant de pente modérée, taillant dans les formations
superficielles du quaternaire et ont une largeur de 2,50 m et une hauteur de 40
à 60 cm. Leur talus est fixé par une plantation de vignes sur le
front de terrasses (cf. photo 12). La hauteur des terrasses diminue du haut
vers le bas (cf. figure 4).
30Tribak A, 2002 : « stratégies de
lutte antiérosive dans les montagnes du PRIRIF Orientale »,
bulletin réseau érosion 21, technique traditionnelles de GCES en
milieu méditerranéen p50
45
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Figure 4 : Dessin technique des terrasses de vignes
existantes dans la zone
des Shoul
Photo 12 : Terrasses des vignes entaillées dans
les formations superficielles
Le deuxième site, constitué des terrasses
d'olivier, se trouve au Nord-Est de la commune, proche de la forêt de
Maâmora.
Les terrasses de ce site sont aussi entaillées dans les
formations superficielles, et plantées par des oliviers
mélangés avec d'autres arbres fruitiers.
Elles sont constituées d'un réseau traditionnel de
collecte des eaux de ruissellement qui consiste à creuser dans chaque
terrasse un petit sous-bassin autour de chaque arbre branché par un
canal en terre.
L'objectif de cette méthode est de diminuer le
ruissellement sur la surface des terrasses et d'améliorer l'infiltration
des eaux de ruissellement.
46
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
3.2 Les murettes en pierres sèches
Cette technique consiste en la construction de murets de
faible hauteur en pierres sèches autour de certaines parcelles
cultivées. La hauteur des murets est déterminée par les
conditions locales du milieu, à savoir le degré de la pente, la
disponibilité des matériaux de construction et le type
d'utilisation agricole envisagée. La longueur des murets est
déterminée par la structure foncière de la
parcelle31.
En outre, les murettes sont des petits murs construits selon
les courbes de niveau qui permettent à la fois de réduire la
vitesse du ruissellement de l'eau et de piéger les sédiments
transportés sur les versants à pente moyenne à forte.
Elles constituent donc des ouvrages de lutte contre l'érosion par
ruissellement mais aussi d'amélioration des sols.
Cette technique reste inconnue dans la région sauf dans
quelques fermes de citadins. En effet, le seul cas de murettes,
rencontré dans la zone, se trouve sur la rive droite de la route de
Arjat -My Drisse Aghbale (coordonnées Lambert : X : 33° 55'
35» ; Y : 6° 34' 84'). Ces murettes sont construites depuis 1960 et
elles ont une hauteur de 0,8 m et une largeur moyenne de 0,7 m. L'espacement
entre deux murettes est en fonction de la pente.
Pour le paysan enquêté, la technique sert avant
tout à créer un espace plat et irrigable et joue le rôle de
barrière à tous types de déplacement de l'eau et des
particules sur le versant (cf. photo 13).
Photo 13 : Murettes en pierres sèches sur la rive
droite de l'Oued Bouregreg 3.3 Les gabions
Cette technique est peu répandue dans la région
des Shoul. Elle est introduite dans la zone par l'Etat dans le cadre des
programmes de mise en valeur en bour PMVB.
31Tribak A, 2002 « stratégies et
techniques de lutte antiérosive dans les montagnes du prérif
oriental (Maroc) » p 49 , bulletin réseau érosion 21, «
technique traditionnelles de GCES en milieu méditerranéen »
2002.
47
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Au nomment de la mise en place du projet, l'administration a
engagé des actions démonstratives pilotes de construction des
gabions pour sensibiliser la population locale aux avantages de la correction
des ravins par les gabions.
Après l'achèvement du projet, l'intervention de
l'administration s'est limitée à répondre aux demandes
d'adoption des gabions par les agriculteurs qui ont des ravins sur leurs terres
et qui souhaitent entreprendre des travaux de construction de gabion.
Mais l'extension de la technique est lente et n'est pas
très appréciée compte tenu de ses coûts
élevés et de la complexité des travaux.
La technique des gabions consiste en la construction d'une
grande cage remplie par les pierres, galvanisé par un fil de fer. La
hauteur et la longueur des gabions sont déterminées par les
conditions locales du milieu à aménager, notamment le
degré de la pente, la profondeur et la largeur du ravin.
La hauteur et la largeur des gabions ne dépassent pas 1
m sur des pentes modérées. La distance entre deux gabions est en
fonction du degré de la pente. Dans la région elle est de l'ordre
de 20 à 25 m.
L'utilisation de la technique de gabion dans la région,
se fait souvent sous formes d'un groupe composé de 2 à 3
terrasses,
Le but de la technique est (i) stabiliser le profil en long de
la ravine dans les secteurs où la tendance générale est au
surcreusement. L'ouvrage retient surtout la partie du versant qui serait peu
à peu descendue dans le ravine (par sapement des berges) si l'incision
s'était poursuivie. L'intervention consiste à arrêter
l'érosion régressive au niveau de la ravine ainsi traitée.
L'objectif n'est donc pas de retenir beaucoup de sédiments, mais de
limiter l'approfondissement de la ravine; (ii) retenir les sédiments
dans les sections en transit où l'incision est faible.
La forme des gabions a changé est renforcée sur
les côtés par un grillage à mailles plus larges. Cela aide
à soutenir les côtés des cubes durant la construction,
facilite les opérations de fixation et généralement
renforce la structure des gabions.
Ces grillages verticaux sont fixés à la base des
gabions en vue de limiter le mouvement interne du remplissage en pierres et
constituent un renforcement supplémentaire. Le "treillis
métallique" de forme hexagonale est lui-même à double
torsion et galvanisé pour résister à la pression et
à la corrosion.
La construction du gabion commence tout d'abord, par le
creusage de la fouille de fondation et la mise en place d'une couche
horizontale (remblai de fondation) compactée pour garder une bonne pose
du gabion (cf. figure 5). L'épaisseur du remblai de fondation est en
fonction de l'importance de l'ouvrage, généralement elle est
entre 20 à 30 cm.
Ensuite, on pose la grille de fer sur le tout venant
compacté puis on remplit la grille par des pierres de bonne
qualité et de taille suffisamment grande, environ de 20 cm de dimension
; les pierres de taille inférieure à celles de la maille du
gabion sont strictement interdites. Le remplissage du gabion s'effectue
à la main en rangeant sommairement les pierres les plus grosses le long
des parois du treillis.
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
La couche finale des pierres est faite par des pierres plates
pour garantir une bonne fermeture du gabion. Les pierres sont extraites de la
carrière de Sidi Azouz (cf. photo 14).
D'après les témoignages des paysans, La
technique de gabion constitue la technique la plus efficace en matière
de stabilisation des ravins moyens. Cette efficacité se manifester dans
: (i) la capacité à briser la vitesse des eaux ruisselées
à partir les ruptures de pente crée, (ii) la stabilisation du
creusement produit au niveau de la tête du ravin, et (iii) de
remède définitivement l'incision par remplissage le ravin par des
sédiments transportés par le ruissellement, l'efficacité
de la technique de gabion est redoublée lorsque elle est suivie par un
entretien régulier après chaque événement
pluvieux.
Figure 5 : Dessine technique de la technologie de
gabion utilisée dans les zones bour de la commune des
Shoul
48
Photo 14 : Correction des ravins par la technologie de
gabion
49
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Carte 5 : Répartition des techniques de CES
existants dans la région des Shoul
50
Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Conclusion
La comparaison entre ces différentes techniques :
> Sur le plan de l'efficacité environnementale, les
techniques agronomiques et végétales sont les techniques les plus
efficaces en matière de restauration des terres dégradées
et la conservation des terres contre la dégradation, car leurs
interventions se fait au niveau de la gestion de la fertilité de
terres.
> Sur la plan de l'acceptabilité par les paysans et
la facilité de mise en place, les techniques agronomiques constituent
les techniques les plus acceptables par les paysans de la région vue
que, ces techniques agronomiques fait partie de leurs pratiques agricoles et ne
demandent pas des travaux et des coûts ajoutés pour leurs mise en
application, par rapport aux autres techniques végétales et
physiques.
> Sur le plan de la possibilité de
développement dans la zone des Shoul, les techniques agronomiques et la
technique de plantation fruitière rendent les techniques les plus
opérantes du développement de la zone.
La diversité des techniques de conservation des eaux et
du sol menés localement dans la région témoigne d'un
côté, d'une prise de conscience vis-à-vis de la
rareté des ressources et du risque qu'elles encourent, et de l'autre
côté, d'une richesse dans le savoir faire paysan qui a pu
résister aux différentes crises qui ont secoué la
région. Certes Les observations de terrain montrent que la
réalisation de ces techniques de CES dans la région sont pas
suffisantes et restent très faibles et dispersées sur quelques
parcelles.
Le développement de l'érosion est plus rapide
que le rythme des aménagements individuels, l'intervention de
l'administration est peut être incontournable mais celle ci doit repenser
ses stratégies et sa façon d'agir et surtout éviter le
spectaculaire au profit des actions concertées et
intégrées.
51
52
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
Introduction
Ce dernier chapitre comporte une évaluation des
techniques de CES pratiquées dans la région des Shoul, à
travers l'analyse des mécanismes de la rotation culturale, en tant que
technologie paysanne, et ses impacts environnementaux et socio
économiques.
1. Contexte de l'évaluation de la
technologie
Le travail d'évaluation de la technologie de rotation
culturale entre dans le cadre d'une évaluation générale
des techniques de conservation des eaux et des sols dans la commune des Shoul.
L'objectif de cette évaluation est de dégager les techniques les
plus prometteuses en terme de conservation des terres. Cette démarche
s'avère primordiale dans le contexte d'un espace fragile où la
mise en culture s'étend de plus en plus vers les terres marginales
très sensibles au processus de l'érosion.
Devant ce constat de dégradation des terres agricoles,
les paysans de la commune adoptent des techniques de conservation des eaux et
des sols qui ne sont pas toujours efficaces et qui peuvent conduire à
une dégradation irréversible des terres. C'est pour cela qu'une
étude d'évaluation de ces aménagements est très
utile pour évaluer leur efficacité et leur efficience.
Pour mener ce travail d'évaluation nous avons choisi
quatre technologies de conservation des eaux et des sols à savoir :
La régénération assistée du
chêne liège,
Le développement de l'élevage par la mise en
place de cultures fourragères, tel le lupin,
La restauration des sols par la rotation de cultures annuelles en
bour,
L'amélioration agricole par la plantation d'arbres
fruitiers au sein des parcelles de cultures annuelles en bour.
L'évaluation est réalisée sur la base du
questionnaire wocat, et comporte une évaluation environnemental et
socio-économique.
Dans notre cas, on s'est focalisé sur l'évaluation
de la technologie de la rotation culturale
C'est une technologie utilisée depuis longtemps dans un
système de culture associant agriculture et élevage et mis en
place par les populations organisées dans une structure sociale
communautaire.
La rotation jachère/céréale a pour but
principal de répondre à des besoins alimentaires du cheptel.
Mais, avec la croissance démographique qui exerce une pression sur le
territoire déjà fragile et le morcellement excessif des terres
par héritage, la rotation a vers un système de cultures
(introduction des légumineuses alimentaires et fourragères)
lié à un contexte socioéconomique particulier notamment le
passage du semi- nomadisme à la sédentarisation progressive et la
diversification des besoins alimentaires.
53
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
2. Spécifications de la technologie de CES
2.1 Description
2.1.1 Définition de la technologie
La rotation culturale (ou rotation des cultures) est une
technologie culturale en agriculture. Un élément important pour
le maintien ou l'amélioration de la fertilité des sols et donc un
moyen pour l'augmentation du rendement. On parle de la technologie de rotation
culturale lorsque différentes cultures se succèdent dans un
certain ordre sur la même parcelle suivant un cycle régulier. On
peut ainsi avoir des rotations biennales, triennales, quadriennales... La
rotation culturale consiste à ne pas laisser, sur un cycle de culture,
se suivre deux fois la même plante ou des plantes de la même
famille sur une même parcelle.
La rotation culturale était auparavant très
pratiquée dans le cadre des systèmes de
polyculture-élevage.
Le choix de son adoption dépend des facteurs
socio-économiques, de la fertilité du sol, du climat, et du
niveau d'intégration
céréale-élevage32.
Parmi les types de rotations rencontrées dans la
région des Shoul on peut citer les cas suivants:
- La Rotation céréale /jachère
(Rotation traditionnelle)
La rotation céréale/jachères est une
pratique commune utilisée, depuis longtemps, par la population de la
région. Elle est basée sur la jachère comme
élément principal.
D'après nos entretiens avec les agriculteurs de la zone
il y a deux raisons qui poussent la population a adopter ce type de rotation:
la première est la baisse de la fertilité du sol et le besoin de
laisser la terre se reposer, La deuxième est de répondre aux
besoins alimentaires du cheptel en mettant à sa disposition les herbages
des terres non cultivées.
Dans ce système il y a une véritable
complémentarité entre l'élevage et la jachère et la
céréaliculture. En effet, durant les années humides la
jachère couvre les besoins d'entretien et de production du troupeau qui,
à son tour enrichi le sol en fumier organique. Par ailleurs, les
céréales constituent un apport considérable dans
l'alimentation du bétail même au cours des années
normales.
- La rotation céréale
/céréale
Les cultures pratiquées dans ce type de rotation sont :
le maïs, le blé tendre, le blé dur et l'orge. L'objectif
principal de cette rotation est non seulement de produire le fourrage pour le
cheptel, mais également de simplifier le travail du sol et de
réduire les coûts du labour par le tracteur.
Dans la commune des Shoul certains paysans pratiquent aussi la
culture du maïs dont le travail du sol n'exige qu'un seul passage avec le
tracteur pour ouvrir le sol et plusieurs passages par l'araire pour effectuer
le reste des travaux de la mise en culture (semis, désherbage...).
32 Aziz R, 1992 : caractéristique
Agrozootechniques de la rotation céréale/jachère,
céréale/medicago, ley farming . Mémoire de 3éme
cycle, I.A.V Hassin II, option Agronomique. p1
54
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
-La rotation céréale /légumineuses
(alimentaires et fourragères)
La rotation céréale /légumineuses est
d'introduction récente dans la région. Les cultures
légumineuses pratiquées dans la zone sont: la fève,
lentille, le pois -chiche et le lupin comme plantes fourragère. C'est
une rotation utilisée dans la zone pour satisfaire les besoins
alimentaires de la population en matière des légumineuses.
L'adoption des légumineuses a été aussi facilitée
en considération de leur rôle alimentaire pour le cheptel dans un
contexte qui était marqué par la réduction des parcours
naturels (forestiers et non forestiers) et la disparition de la vaine
pâture à un moment où le cheptel connaissaient une
progression des effectifs.
.
2 .1.2 Historique de la technologie
Il ressort des entretiens avec les paysans de la région
que la technologie de rotation culturale est utilisée dans la zone
depuis plus d'un siècle (depuis le défrichement de la forêt
pour la mise en culture des terres). Durant cette époque, la gestion de
la fertilité des terres se faisait dans un cadre communautaire qui
consiste en un système de déplacement des animaux sur l'ensemble
des champs des membres de la communauté (la vaine pâture), ce qui
permettait aux agriculteurs d'avoir un apport régulier en fumier et par
conséquent la pratique d'une cultures de céréales sur
céréales. Cependant, l'effondrement de ce système de
gestion communautaire des terres a mis fin à la gestion collective en
faveur de l'initiative individuelle réduisant ainsi l'apport en fumier
que permettait le campement collectif des animaux (khalt) sur les champs. Avec
cette restriction sur la vaine pâture, l'apport en fumier s'est
réduit à l'échelle des champs et entraîna l'adoption
par les agriculteurs d'une nouvelle forme de gestion des terres à savoir
la rotation des cultures céréales /légumineuses.
2.1.3 Les principales caractéristiques de la
technologie
Les principales caractéristiques de la technologie se
résument comme suit: 2.1.3.1 Mise en place/ entretien,
activités et intrants :
Le premier labour précoce après les
premières pluies avec le chisel (40 cm) pour ouvrir le sol
Le 2éme labour avec le cover crop (15à 20 cm)
suivi par le semis à la volée et l'épandage des engrais
Utilisation des herbicides pour l'élimination de mauvaises
herbes. Les cultures utilisées dans le système de la rotation
culturale sont :
1-Les céréales qui constituent les cultures
principales dans le systèmes de la technologie de rotation culturale, et
nommée par son non « rotation culturale
céréalière », parmi les cultures
céréalières pratiquées dans la zone on cite le
blé tendre, le blé dur, l'orge et le maïs. Ces cultures
céréalières pratiquées en hiver sauf la culture de
maïs qu'en pratiquée au printemps.
2-Les légumineuses, et principalement les fèves
et le pois chiche qui constituent les cultures qui précèdent la
culture principale de la rotation.
55
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
3-Les Cultures fourragères (le lupin et l'avoine)
forment les cultures qui complètent la rotation. Ils constituent des
cultures secondaires dans le déroulement de la technologie de la
rotation culturale.
2.1.3.2 Environnement naturel de la
technologie:
La technologie de rotation est pratiquée dans un
environnement marqué par un climat semi-aride à sub-humide. Ce
type de climat constitue un critère écologique fondamental, car
il détermine le choix des cultures utilisées. Alors que les
autres éléments du milieu ne présente aucune contrainte
puisque la rotation est pratiquée sur les différents types de
sols rencontrés dans la zone et sur les terrains quelle qu'en soit la
pente.
2.1.3.3 Environnement
socio-économique:
La technologie de rotation est appliquée dans des
exploitations de 5 à 15 ha qui disposent d'une main d'oeuvre familiale
disponible pour effectuer les travaux multiples et récurrents de la
technologie. Les foyers qui l'appliquent sont composés de plus d'un
ménage et de grande taille (10 personnes), qui ont un niveau de richesse
moyen à bas et des revenus annexes faibles.
En outre, La technologie est constituée par des
pratiques agronomiques tel que le labour isohypse et les billonnages
isohypses.
2.2 But et classification
2.2.1 La pertinence de l'utilisation des techniques de
CES pour des exploitants faisant face à la baisse des rendements.
D'après les constatations relevées dans la
région, les terres cultivées en monoculture souffrent des
problèmes de baisse de la productivité qui influent sur le
rendement devenu irréguliers. Également, les terres soumises
à la monoculture chaque année s'appauvrissent par la
réduction du taux de la matière organique de la couche arable, ce
qui augmente leur fragilité devant l'ampleur de l'érosion.
2.2.2 Caractérisation et but de la
technologie
La technologie de rotation comporte de nombreuses pratiques
agronomiques telles que la culture isohypse et le billonnage isohypse :
La culture isohypse est utilisée dans
la technologie de rotation sur les versants en pente suivant les courbes de
niveau (cf. photo 15). Cette pratique permet la protection des terres contre
l'érosion hydrique.
56
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
Photo 15 : Cultures de fève et de lupin
isohypse
Le Billonnage isohypse est une série
de petites structures (15-20 cm de hauteur et 30 à 25 à 30 de
largeur), faiblement espacées, est utilisé dans la culture des
fèves (cf. photo 16).
Photo 16 : Billonnage isohypse de fève sur
pente modérée
Les objectifs principaux de cette technologie sont de :
1- maintenir et améliorer la fertilité des
terres;
2- améliorer la productivité des terres;
3- Préserver les terres contre l'érosion
hydrique.
57
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
2.2.3 La technologie une réponse à la
dégradation des sols
D'après nos observations et entretiens avec les paysans
de la région, il ressort que les terres bour en pente ont connu une
forte dégradation sous l'effet de plusieurs facteurs notamment: (i) le
surpâturage qui provoque généralement une diminution de la
couverture végétale et des espèces; (ii) la compaction du
sol due au nombre excessif de têtes de bétails
(piétinement), qui peut à son tour réduire la
productivité des sols et provoquer l'érosion hydrique; (iii)
l'action de l'araire et la gestion inappropriée des terres
cultivées; (iv) l'absence ou l'insuffisance d'entretien et des mesures
de contrôle et la pauvreté ainsi que les faibles revenus des
exploitants.
2.2.4 Comment la technologie de rotation combat-elle la
dégradation des terres
La technologie de rotation doit résoudre, entre autres
problèmes, celui fondamental de la baisse de la fertilité du sol
qui joue un rôle important dans la consistance de la structure de sols.
La technologie combat la dégradation par l'amélioration de la
structure physique du sol et par l'augmentation de la matière organique
et l'azote dans la couche superficiel (0-20 cm). Deux méthodes
utilisées par la technologie visent l'augmentation de la matière
organique et de l'azote dans le sol à savoir:
2.2.4.1 Les amendements organiques
Les résidus organiques laissés sur le sol
après les récoltes constituent une litière temporaire.
Dans les systèmes de culture des Shoul, environ 50% des résidus
de récolte sont consommés par les animaux pendant la saison
sèche, alors que la proportion enfouie en début de saison,
enrichi la fraction légère de la matière organique du sol.
Les amendements organiques incorporés aux sols sous forme de fumier ou
de compost viennent également enrichir la fraction légère
et constituent une source d'azote et d'humus.
2.2.4.2 Utilisation des plantes fixatrices
d'azote
La présence des légumineuses dans le
système de rotation est une opportunité pour améliorer la
fertilité des sols, par la fixation et l'utilisation de l'azote
principalement provenant de l'atmosphère. La fixation de l'azote
atmosphérique (N2) se fait par plusieurs mécanismes dont le plus
important et le plus connu est la fixation biologique par des micro-organismes
libres ou vivant en symbiose avec certaines plantes comme les
légumineuses33.
Cette matière organique et d'azote fourni par la
rotation légumineuse permet aux sols pauvres comme ceux des Shoul de
résister à la dégradation due à l'érosion
hydrique.
2.3 Le statut de la technologie
La technologie de rotation culturale a été
développée dans la région depuis plus d'un siècle a
travers l'initiative des exploitants agricoles. C'est le résultat de
l'évolution du système agraire
33 Boubié .Vincent B.(2002) : Rôle des
légumineuses sur la fertilité des sols ferrugineux Tropicaux des
zones Guinéenne et Soudanienne du Burkina Faso ; Thèse de
doctorat, Faculté des études supérieures de
l'Université Laval Québec ,P11
58
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
qu'a connue la société Shoul durant son histoire
et sous l'effet de l'accroissement démographique.
C'est également une technologie pratiquée
à titre individuel par les exploitants qui exige une superficie de terre
supérieure à la moyenne cultivée (c'est une technologie
d'exploitants relativement bien dotés en patrimoine terre), des moyens
matériels et de la main d'oeuvre familiale. Ses exigences en savoir
faire sont, par contre, limitées.
Elle constitue donc un élément d'une
stratégie d'ensemble qui permet à l'exploitation de se reproduire
socialement et économiquement.
2.4 Spécifications techniques, activités de
mise en place, intrants et coûts
2.4.2 Investissement initial
La mise en place de la technologie de rotation culturale par
les agriculteurs de la région des Shoul demande un investissement
initial et des activités récurrentes saisonnières.
Les investissements initiaux correspondent à l'achat
d'un araire manuel fabriqué localement, des équidés
(attelage) pour la traction, un pulvérisateur, une herse, et une
charrette utilisée pour le transport du fumier vers les parcelles de
l'exploitation et le transport des récoltes.
Tableau 10 : Coût des intrants de la rotation
culturale
Intrants
|
Quantité
|
Coût dh
|
% supporté
par
l'exploitant
|
Nombre de parties (parts)
|
Durée de vie du produit
|
dh
|
$ US
|
Araire
|
1
|
150
|
20
|
100
|
1
|
10 ans
|
Équidés
|
2
|
20000
|
2703
|
100
|
1
|
30 ans
|
pulvérisateur
|
1
|
360
|
49
|
100
|
1
|
5 ans
|
Herse
|
1
|
400
|
54
|
100
|
1
|
20 ans
|
Charrette
|
1
|
1500
|
203
|
100
|
1
|
30 ans
|
Charrue métallique
|
1
|
300
|
41
|
50
|
2
|
25 ans
|
Total
|
7
|
22710
|
3070
|
|
7
|
|
Source : enquête 2008
59
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
2.4.3 Les activités récurrentes ou
techniques culturales
Les activités récurrentes regroupent les
activités de maintenance et d'entretien de la technologie qui sont
effectuées chaque année et différent selon les cultures
(céréales ou légumineuses).
2.4.3.1 Les activités récurrentes des
céréales
Dans le cas des céréales les travaux
récurrent se résument comme suit :
-Le labour. Labourer c'est creuser un sillon
profond avec retournement du sol qui entraîne le mélange de ses
horizons. Le labour s'effectue au début de la saison des pluies qui
correspond au /début de l'automne (octobre), en raison de la
difficulté de travailler le sol à l'état sec. La
profondeur du labour se situe entre 15 et 25 cm selon la position topographique
de terrain.
L'outil principal du labour est le chisel, mais les labours
réalisés ne sont pas toujours identiques (profondeur variable,
présence ou non de rasette, réglages différents de cette
dernière).
-Le semis est la deuxième
activité après l'opération de labour est le semis, le
dernier se fait manuellement à la volée et la profondeur du semis
varie entre 1,25 à 7 cm selon la position topographique. La
période de semis est assez longue, les doses de semis appliquées
par les agriculteurs sont faibles. Pour le semis de blé tendre et l'orge
sont presque les mêmes, 100 kg /ha. L'utilisation des semences locales
est dominante et les semences sont issues de la récolte
précédente, ou achetées auprès des
coopératives.
-L'épandage des engrais de fond se
fait également manuellement à la volée. Les engrais
utilisés sont le «14-28-14», et le «21»à
raison de 150 kg/ha. L'épandage des engrais se fait
généralement au moment du semis de grains.
-Briser les mottes par la herse :
après le semis et l'épandage des engrais, les agriculteurs
procèdent à la brise des mottes par une herse métallique
traditionnelle tirée par deux mulets. L'objectif principal de cette
opération est d'enfouir les fertilisants et les semences mais
également de recouvrir les semences pour les protéger contre les
oiseaux.
-L'épandage des engrais de couverture :
cette activité est réalisée en
janvier-février. L'épandage des engrais se fait à la
volée, et a pour rôle d'aider les plantes pendant le stade de
gonflement et le stade floraison à sortir l'épi du dernier
feuille.
-Le traitement des mauvaises herbes: cette
activité se fait soit manuellement soit chimiquement. Le
désherbage manuel est peu pratiqué étant donné la
pénurie de la main d'oeuvre locale, alors que le désherbage
chimique est largement répandu dans la zone. La date d'application du
désherbage est fonction de l'état d'infestation des cultures mais
généralement à la mi-saison agricole. Les herbicides
utilisés sont "EL Afrit" (2,4D à la dose de 1L/ha) et "Topik"
pour combattre les diotylédones et les monocotylédones,
l'application de l'herbicide se fait par une personne à l'aide d'un
outil d'arrosage.
60
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
-La moisson est réalisée
lorsque les grains sont à une humidité optimale permettant leur
stockage (13à 14 % d'humidité), et se fait durant la
période comprise entre la mi- mai et la mi- juin. La récolte se
fait manuellement à l'aide d'une faucille pour les parcelles en pente
accentuée, et mécanisée à l'aide de la moissonneuse
batteuse (c.f photo 18) pour les parcelles en pente modérée et
faible. Pour la récolte manuelle, le battage se fait traditionnellement
avec des animaux (deux mulets et plus) dans une aire réservée, et
ensuite les grains sont isolés de la paille avec la fourche par un
mouvement en direction du vent.
-Emballage de la paille: l'emballage de la
paille réalisé après la moisson à l'aide d'une
presse paille tirés par un tracteur (c.f photo 18). D'après nos
entretiens pendant la récolte de cette année agricole, la paille
pressée par une fille de plastique revient au coût de 2 dh
-Collecte, Tamisage, épuration et mise en
réserve de rendement: cette activités consiste à
collecter le rendement graine et paille par une charrette tirés par un
âne ou un mulet (c.f photo 17). La paille est mise en réserve dans
un lieu prés de l'étable des animaux, et la récolte de
grains criblés dans un tamis pour séparer entre les graines de
blé et les graines de mauvaises herbes. Ensuite, les graines de
blé sont mises dans des lieux destinés au stockage.
Il y a deux systèmes traditionnels de stockage pour le
blé dans la région : le premier système est
«l'entrepôt souterrain» « Matmoura » qui se
présente sous forme d'un grand trou en forme de poire, dont les parois
sont revêtues d'un film en plastique étanche. La capacité
de stockage est variable allant de 4 à 35 tonnes. Ce système
continue à se maintenir au niveau des exploitations de la région
grâce aux facilités qu'il présente, comme le maintien d'une
température basse et constante, le faible coût de maintenances et
l'utilisation des matériaux locaux.
L'autre système de stockage traditionnel est le silo en
roseaux, d'une forme cylindrique. Les avantages présentés par ce
système consistent au faible coût de construction.
Photo 17 : illustre les différentes
activités de moisson, emballage de paille et collecte du rendement
par une charrette métallique
61
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
Tableau 11 : Activités
récurrentes/Maintenance de la technologie de rotation culturale : cas
de céréales
Activités
|
Calendrier /
fréquence
|
Intrants
|
Quantité
|
Unité/ sup (ha)
|
Coût local récurre nt (dh)
|
Coûts $ US
|
% supporté par l'exploita nt
|
1.labour
|
Au début de la saison de pluies/ début
d'automne
(octobre)
|
Heurs machine (chisel)
|
1
|
ha
|
175
|
24
|
100
|
Heures machine (cover crop)
|
1,5
|
ha
|
300
|
61
|
100
|
2. Semis des grains
|
Après la première pluies /chaque début de
d'automne
|
Graines
|
Orge
|
1
|
Qx
|
350
|
47
|
100
|
|
1
|
Qx
|
400
|
54
|
100
|
|
1
|
-
|
40
|
5
|
100
|
3. Epandage des engrais de fond
|
Après la premier pluie d'automne et après la
croissance des cultures
|
fertilisan t
|
Engrais composé
14-28-14
|
100
|
Kg
|
4,7
|
64
|
100
|
|
50
|
Kg
|
4,2
|
28
|
100
|
|
1
|
|
40
|
5
|
100
|
4. Brise des mottes par la herse
|
Après le labour
|
Traction animale
|
1
|
mulets
|
50
|
7
|
100
|
|
Personne jours
|
1
|
-
|
40
|
5
|
100
|
5 Epandage des engrais de couverture
|
Janvier _ février
|
Urée 46%
|
100
|
Kg
|
4,5
|
61
|
100
|
Personne jours
|
1
|
-
|
40
|
5
|
100
|
6. Traitement des mauvais herbes
|
mi-saison agricole (Après le développement de
mauvaise herbe)
|
Produit
phytosanitaire
Afrite
|
1
|
litres
|
80
|
11
|
100
|
|
1
|
-
|
40
|
5
|
100
|
7. Moisson
|
Début de l'été et à la fin de la
saison agricole
|
Moissonneuse batteuse
|
1
|
Ha
|
250
|
34
|
100
|
8. Emballage de la paille
|
Après la moisson
|
Presse paille
|
65
|
U
|
2
|
18
|
100
|
9. Collecte et mise en réserve de la paille
|
A la fin de la saison de cultures
|
Charrette + mulets
|
1
|
-
|
50
|
7
|
100
|
|
Personne jours
|
1
|
-
|
40
|
5
|
100
|
Total
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1910,4
|
446
|
100
|
Source : enquête 2008
62
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
2.4.3.2 Les activités récurrentes de
légumineuses
Les activités récurrentes pour les
légumineuses se font de la même façon et avec les
mêmes outils que les céréales :
- Le travail du sol : utilise des
séquence mixtes (tracteur/traction animale) constitués d'un
labour à la charrue à disques ou un passage de cover crop, avec
les premiers pluies d'automne, suivie par un ou plusieurs passages à la
herse et l'araire traditionnel tirés par des animaux. Cette
opération de préparation du sol est appelée localement
« Tetyabe al arde ».
-Le semis : le mode de semis le plus
fréquent dans la région est le semis en ligne simple, le semis se
fait à la volée. Pour la culture de la fève le tressage
des billons de semis sur les versants en pente et l'enfouissement des semences
et engrais se fait à l'araire ou à la petite charrue.
Le semis de la fève demande 3 personnes/jours. Le
premier pour orienter la direction du labour, le deuxième pour
l'épandage des semis, le troisième pour l'épandage des
engrais. Les dates de semis s'étale d'octobre à janvier pour les
cultures d'automne, généralement, après les
premières pluies et après les semis des céréales.
Les semis de fèves sont souvent effectués les premières
dans la région avant les lentilles et les haricots verts. Les semis de
pois chiche sont, par contre, effectués en février-mars.
-La fertilisation est souvent absente dans la
zone sauf pour les fèves qui reçoivent le plus une fertilisation.
L'apport du fumier pour les fèves consiste le plus souvent dans un
apport de phosphate seul combiné à la potasse et une faible
proportion d'azote au semis (Starter)34.
-Le désherbage commence lorsque les
plantes poussent de la terre, se faite manuellement entre les plantes dans la
ligne de semis, pour les désherbants chimiques sont presque inexistants
pour les légumineuses.
-La récolte des légumineuses
est l'une des opérations les plus coûteuse en terme de main
d'oeuvre, du fait qu'elle est presque exclusivement effectuée
manuellement. La récolte de la fève s'effectue à l'aide
d'une faucille.
-Le stockage. Les légumineuses sont
stockées en vrac ou en sac a coté d'autres récoltes.
2.4.5 Le coût de mise en route de la technologie
et les coûts récurrents
Le coût total de cette technologie est calculé
à partir des entretiens avec les agriculteurs. Les coûts ont
été obtenus en calculant au départ les frais d'achat des
outils pour le travail de la terre et les dépenses récurrentes
qui englobent les frais de labour, l'achat des semences et des fertilisants.
Les coûts sont calculés sur la base de questionnaire wocat
technologie (voire annexe).
34 Enquête personnelle avec Mme Hillali Hamida,
chef de Service Recherche, Développement, INRA, Rabat
63
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
Tableau 12 : Coût total d'investissement et des
activités récurrentes de la technologie de rotation culturale
: cas des céréales.
Coûts moyens par hectare
Intrants
|
Coûts
|
*1
|
% des dépens es de l'exploi tant
|
Coûts récurrents
|
% des dépenses de l'exploitant
|
d'investissement
|
(annuels)
|
Equivalen t $ US
|
Quantité s
|
Equivalent $ US
|
Quantité s
|
Travail (jours
personnes) (volontaire ou payé)
|
|
|
|
6
|
32
|
6,3
|
Equipement *2
|
|
|
|
|
|
|
Heures machine
|
|
|
|
2,5
|
84
|
16,5
|
traction animale (heures)
outils (nombre)
|
5
|
366
|
12
|
2
|
10
80
|
2,6
22,6
|
Autres (spécifier) :
|
|
|
|
|
|
|
Animaux de trait
|
2
|
2703
|
88
|
|
|
|
(Mulets)
|
|
|
|
|
|
|
Matériaux terre (m3)
|
|
|
|
|
|
|
Intrants agricoles
|
|
|
|
|
|
|
Semences (kg)
|
|
|
|
100
|
54
|
19,8
|
Plants (Nombre)
|
|
|
|
|
|
|
Engrais (kg)
|
|
|
|
250
|
153
|
30,1
|
prod. phytosanitaires (litres)
compost/fumier (kg)
|
|
|
|
1
|
11
|
2,2
|
Autres (spécifier) :
|
|
|
|
|
|
|
Total *3
|
3069$US
|
100%
|
Total *3
|
424 $US
|
100%
|
= =
Source : enquête 2008
A partir de ce tableau en constate que les coûts
récurrents de l'installation d'un hectare de céréale et de
l'ordre de 509 $US par contre le coût d'investissement initiale et de
3096$US (sans compter le prix de la terre). Ce qui permet de dire que durant
les premières années de l'installation de la technologie, le
paysan ne réalise pas de bénéfice. Mais étant
donné le caractère familial de l'exploitation le coût de
l'opération et sa rentabilité ne peuvent être
séparés de l'ensemble de l'activité exercée au
niveau de l'exploitation.
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
3. Evaluation de la technologie de rotation
culturale
3.1 Evaluation environnementale
3.1.1 Enrichissement et concentration de la
matière organique et l'azote dans le surface des sols
L'analyse du taux de la matière organique et de l'azote
est basée sur la comparaison entre trois parcelles, deux parcelle avec
une rotation (céréale /légumineuses,
céréale/céréale), et une parcelle de monoculture
(orge sur 5 ans). Les analyses ont été effectuées à
l'INRA, le taux d'azote dans les différentes parcelles est estimé
a partir de l'équation suivante :
MO %/N%=20
MO: matière organique N: azote
Pour comparer l'importance de la matière organique dans
les parcelles étudiées on s'est basé sur la classification
suivante:
Les classes
|
Importance
|
Mo < 1%
|
Pauvre
|
1 < Mo <3%
|
Moyen
|
Mo > 3%
|
Riche
|
Source : EL Oumri chef de département milieu physique
INRA Rabat
L'analyse de la matière organique et de l'azote permet
de concevoir l'effet des différentes rotations
céréale/légumineuses, rotation
céréale/céréale et la monoculture sur
l'enrichissement des terres, en matière organique et en azote.
Du point de vue agronomique, les rotations légumineuses
favorisent la fixation de l'azote dans le sol, permettant ainsi une
amélioration de sa qualité. Vu que, les légumineuses ont
la capacité de fixer l'azote de l'air, par la présence des
nodules sur les racines de la légumineuse, les bactéries des
nodules fixent entre 1/4 et 3/4 de l'azote total de la plante. Pour les
cultures de fève la fixation de l'azote de l'air est aux environs de 40
kg N/ha/an35.
64
35
http://www.fertilisants.org/fiches/2fertilisants.htm
65
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
Tableau 13 : Le taux de la matière organique et
de l'azote dans les différentes rotations au niveau de la zone
d'étude.
type de Rotation
|
Précédent cultural
|
taux de matière organique36 %
|
importance
|
taux
d'azote37 %
|
blé/légumineuses
|
Fève + lupin
|
2,21
|
moyen
|
0,11
|
blé/mais
|
Maïs
|
1,6
|
moyen
|
0,08
|
Légumineuses/blé
|
Blé tendre
|
1,12
|
moyen
|
0,06
|
monoculture, (orge 5 ans)
|
Orge
|
1
|
pauvre
|
0,05
|
D'après l'analyse de la matière organique et le
taux d'azote indiqué dans le tableau en haut, on peut avancer les
constatations suivantes:
Sur les parcelles où est pratiquée la rotation
blé /légumineuse (les mesures effectués sur la culture de
blé) on note une relative augmentation du taux de la matière
organique et de l'azote environ de 2,21% et 0,04% respectivement, par rapport
à la monoculture d'orge où ces taux sont de 1% et de 0,06% pour
la matière organique et l'azote.
L'augmentation de la M.O dans les parcelles en rotation par
rapport à celle de la monoculture n'est pas due seulement à la
pratique de la rotation, c'est aussi le résultat de l'apport du fumier
organique.
La technologie de rotation culturale joue également un
rôle important dans la croissance et le rendement des graminées.
De même la nutrition azotée améliore l'absorption et
l'utilisation de l'énergie lumineuse qui est d'une grande importance
dans la détermination des potentialités de production (la
croissance et le rendement)38.
En outre, la dynamique de l'azote minérale risque
probablement d'être perturbée par la pratique de la monoculture et
la rotation céréalière en raison de « la baisse
progressive du capitale de matière organiques ou de
phénomène plus complexe assimilable de la fatigue des sols
39».
3.1.2 Augmentation de L'humidité des sols
L'humidité des sols est aussi un facteur
déterminant dans l'évaluation environnementale de la rotation
culturale. Elle permet de connaître le type de rotation qui garanti la
plus grande quantité d'humidité dans le sous sol, ainsi que de
savoir l'effet de chaque type de rotation sur le comportement hydrique
(infiltration, drainage) du sol sur laquelle s'installe la technologie de
rotation culturale.
Pour Les mesures de l'humidité du sol, ils ont
été réalisées pendant le cycle
végétatif des cultures (mi-avril) par le TDR (Time Domaine
Reflectometry) portable. Les mesures de l'humidité sont
effectuées dans six parcelles (cinq parcelles où est
pratiquée la rotation
36 L'analyse des échantillons a
été réalisée au laboratoire de l'INRA de Rabat.
37 Estimer à partir de la matière
organique. (MO%/N%=20)
38 Naaza. I. (1991) : Productivité des
céréale et des légumineuses en zone semi aride efficiences
d'utilisation de l'eau et de la lumière. Mémoire de 3eme Cycle
Agronomique, Département production végétale, IAV Hassan
II.
39 Forestas J ,1983 : observation sur la monoculture
de mais grains en charent » .Communication personnelle.
66
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
culturale et une parcelle de monoculture), situées dans un
site limité (Ain Bandre Sidi Azzouz), et composées d'un seul type
de sol (sol fersiallitique).
Les mesures d'humidité ont été
effectuées sur des transects, le long de la pente (fig 6).
humidité %
14,00
12,00
10,00
4,00
8,00
2,00
6,00
-
humidité
pois-chiche
8,24
10,31
fève
orge monoculture
7,81
blé tendre
6,83
mais
12,8
avoine
4,99
Figure 6 Le taux d'humidité dans les
différentes parcelles étudiées
D'après ce graphique on constate que le taux de
l'humidité mesuré dans les différentes parcelles change
selon chaque occupation du sol.
Dans la parcelle de maïs en rotation avec l'orge, ce taux
est élevé. Il est de l'ordre de 12,8% suivi par la
fève/blé, 10, 31%, et pois-chiche/blé, 8,24%.
Dans les parcelles de monoculture d'orge et d'avoine en
rotation avec le blé, le taux de l'humidité et moins important
que les autres parcelles précédentes, ce taux ne dépasse
pas 7,81% pour la monoculture d'orge et presque 5 %pour la rotation avoine
/blé.
L'augmentation du taux d'humidité dans les parcelles de
maïs/blé, fève/blé, pois chiche /blé par
rapport aux autres parcelles d'orge monoculture et avoine peut être
expliqué par :
*Le travail du sol
Le travail répétitif du sol sur la culture de
maïs, permet de garantir un taux d'humidité important dans le sol,
elle favorise l'infiltration des eaux dans le sol, par contre le travail du sol
de culture d'avoine ne garde qu'un faible taux d'humidité. Cela
s'expliquée par la fermeture des macros pores du sol sous le
phénomène d'encroûtement.
*Les pratiques culturales
Le rôle des pratiques culturales dans l'augmentation de
l'humidité dans la rotation fève/blé se manifeste dans la
pratique des billonnages pour la culture de fève. Le billonnage a deux
rôles: il capte le ruissellement sur la surface, et il permet
l'infiltration des eaux dans le sous sol.
67
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
Egalement, la pratique du labour isohypse sur les versants en
pente permet au sol de préserver un taux d'humidité important,
mieux que le labour dans le sens de la pente.
*La teneur en matière organique
Pendant les périodes sèches, certains sols sont
plus aptes (et d'autres moins aptes), à fournir de l'eau aux cultures.
La capacité d'un sol à absorber et stocker l'eau dépend en
grande partie de sa composition et de sa teneur en matière
organique40.
La matière organique du sol agit comme un
réservoir d'eau, tout comme une éponge. Donc, les parcelles
riches en matière organique préserveront leur humidité
pendant un plus long moment.
Enfin, on peut dire que La technologie de rotation culturale
céréale/légumineuse avec les pratiques culturales
permettent un taux de humidité important que celle des autres rotations:
rotation céréalière, et la monoculture. Le taux
d'humidité constitue un starter pour la végétation durant
les périodes de sèchement41.
3.1.3 Réduction du ruissellement et perte en
terre
Pour évaluer l'efficacité de la technologie de
rotation culturale au niveau de la réduction de perte en terre et la
protection des terres contre l'érosion hydrique, nous nous sommes
basé sur la méthode de simulation de pluies. Cette méthode
consiste en l'observation directe de la technique de simulation de pluies sur
des micro-parcelles de 0,25m2. Elle permet d'avoir une
appréciation relative de l'érosion en nappe, de mesurer et de
savoir le comportement du ruissellement sur différentes occupations des
sols.
De ce fait, deux simulations de pluie ont été
faites sur deux types de rotations, à savoir
céréale/légumineuse, et céréale /avoines.
Les parcelles sélectionnées ont un sol fersiallitique et une
pente modérée
Les résultats obtenus sont préliminaires car
basés sur un nombre très limité de tests. 3.1.3.1
Retardement de déclenchement de ruissellement
Dans les deux simulations effectuées, le ruissellement
a constitué presque la règle quasi-générale dans
les deux rotations, cependant le ruissellement produit par la rotation
céréale/avoine est très important par rapport à la
rotation blé/légumineuse.
En effet, la simulation de pluie dans les deux rotations
montre que le sol fersallitique est plus sensible au ruissellement car
très riche en limon. On constate également qu'il s'agit
essentiellement d'un ruissellement de surface et non de saturation du sol car
la majorité des profile d'humectation ne dépasse pas 10 à
15 cm de profondeur.
40RAMEL D et al ,2005 : Agriculture biologique et
agriculture conventionnelle : impacts sur la ressource en eau . Synthèse
documentaire p 4
41 Hilali .H (1989) : Réponse de la
fève (Vicia faba L .Major) l'irrigation en zones semi-arides :
Croissance et efficience d'utilisation de l'eau et de la lumière,
Mémoire de 3ème cycle, Agronomie .I.A .V Hassan II
Rabat.
68
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
3.1.3.1.1 Le comportement de rotation
céréale/légumineuse
Intenisté & Ruissellement (m m /h)
Sous les conditions de pluie simulée (intensité
de 45mm/h), l'apparition de ruissellement est contrôlée par le
taux de recouvrement de blé (75%) et par l'humidité
préalable du sol. Le ruissellement s'est déclenché
après 1h et 5 minutes de simulation et le coefficient de ruissellement
à été de l'ordre de 2,5% (figure 7).
Humidité (% )
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Déclenchement du ruissellement Humidité (%)
Ruissellement (mm/h) Intenisté de pluie (mm/h)
45,0
40,0
50,0
35,0
30,0
25,0
20,0
5,0
0,0
15,0
10,0
1 9 17 25 33 41 49 57 65 73 81 89 97 105 113
Temps (mn)
Figure 7 : Evolution de ruissellement dans une parcelle
avec rotation BT/fève
Le déclenchement tardif de ruissellement dans cette
rotation est lié essentiellement à la rugosité de surface,
au taux de recouvrement de blé qui dépasse 70%. Le rôle du
taux de couverture végétale dans l'atténuation du
ruissellement se manifeste dans l'interception de l'énergie
cinétique des goûtes de pluie.
3.1.3.1.2 Comportement de rotation avoines /
blé
Dans la parcelle de rotation avoine/blé, le
déclenchement de ruissellement est très précoce et a eu
lieu dans les 10 premières minutes de la simulation (figure 8). Le
ruissellement est plus rapide même si le sol est complètement sec,
et le coefficient de ruissellement est plus élevé par rapport en
rotation blé /légumineuse. Il est de l'ordre de 8,6%. Ce plus
fort coefficient de ruissellement est lié aux état de surface
compactés (résistance à la pénétration +4,5
kg/cm2) et à la présence de la croûte de
battance qui occupe tout l'espace malgré l'existence d'un couvert
végétal dense d'avoines (95%).
Intenisté & Ruissellement (mm/h)
69
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
Humidité (%)
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
15,8
Déclenchement du ruissellement Humidité (%)
Ruissellement (mm/h)
Intenisté de pluie (mm/h)
40,0
60,0
50,0
30,0
20,0
0,0
10,0
1 5 9 13 17 21 25 29 33 37 41 45 49 53 57 61
Temps (mn)
Figure 8 : Evolution de ruissellement dans une parcelle
cultivé en avoine en rotation avec le blé
3.1.3.2 Réduction de La perte en terre
Les pertes en terre ont été calculées
à partir des eaux de ruissellement et de leur concentration en
sédiments. L'échelle de mesure est certes plus petite mais elle
nous a permis de dégager une variation entre les deux rotations.
3.1.3.2.1 Comparaison entre rotation
blé/légumineuse et rotation blé/avoines
La comparaison entre les deux rotations étudiées
(tableau 14) révèle que la perte en terre dans la rotation
blé /légumineuse est faible (0,42 g/h/m2). Par contre
pour la seconde rotation la perte en terre est plus élevée (1,92
g/h/m2). Le faible taux de perte en terre enregistré dans la
première rotation est dû au fait que le sol renferme un taux
important de matière organique (environ 2%) dans l'horizon de surface et
au travail récurrent du sol qui augmente les macro-pores et favorise
l'infiltration.
Tableau 14 : Variation des pertes en terre dans les
parcelles en rotation
Rotation culturale
|
Précèdent Culturale
|
pertes en terres g/h/m2
|
CR %
|
Blé tendre /fève
|
Fève
|
0,42
|
2,5
|
Blé/ Avoines
|
Blé tendre
|
1,92
|
8,6
|
70
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
3.1. 4 Une amélioration de la structure du sol
et de sa stabilité structurale
Les mesures de la compaction et de la cohésion du sol
ont été réalisées à l'aide d'un
pénétromètre et d'un torvane.
Le teste de résistance à la
pénétration et au cisaillement permet de concevoir la structure
des sols qui influence grandement le régime d'infiltration du sol.
La pratique de la rotation augmente la densité de la
couche arable, ce qui a pour conséquence d'améliorer la
résistance du sol au tassement et de limiter la
battance42.
Avec l'adoption de la rotation, la structure du sol se modifie
progressivement pour atteindre un profil cultural continu après quelques
années. Il a été constaté que le tassement et la
cohésion du sol varie avec le type de rotation. Ainsi, les parcelles qui
ont usée une rotation légumineuse sont moins tassées et
cohésifs que les parcelles qui ont pratiquée une monoculture
ou/et une rotation céréalière (figure9).
Résistance a la pénétration ( kg/cm3 et
au
cisaillement(kg/cm2)
état de surface des culture pratiquées dans
la rotation
4
7
6
5
3
2
0
1
avoine/blé fève/blé
blé
/légumineuse chiche/blé
pois-
monoculture d'orge
4
8
6
2
0
12
10
Humidité %
compaction capacity
penetrometer
(kg/cm3
mecanic resistance
torvane (Kg/cm2
Figure 9 : Etat de surface des cultures
pratiquées dans la rotation
D'après le graphique on constate que les parcelles
soumises à une rotation légumineuse enregistrent la même
valeur pour la résistance au cisaillement, presque 3,5
kg/cm2, par contre les parcelles qui ont une monoculture ou rotation
céréalière, cette valeur et très
élevée et atteint 6 kg/cm2.
La résistance à la pénétration est
aussi faible dans la rotation légumineuse (0,4 kg/cm3 dans la parcelle
en pois-chiche), par rapport à la monoculture d'orge qui enregistre une
moyenne très élevée 4,2 kg/cm 3.
42 Stengle P. (1986): Simplification du travail du sol
en rotation céréalière conséquence physiques .INRA
Paris.
71
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
La pratique de la rotation permet l'amélioration de la
structure du sol et de sa stabilité structurale.
3.1.5 Améliorations de la protection et
qualité de l'eau
La technologie de rotation culturale peut contribuer à
limiter la pollution des eaux de surface par érosion, lessivage de
nitrates ou fuites de produits phytosanitaires dans le milieu. Tout d'abord, la
rotation permet de limiter la pollution des eaux de surfaces par les substances
fertilisantes et les résidus de produits phytosanitaires du fait de la
réduction de l'érosion. De plus, la lixiviation de l'azote est
réduite en technologie de rotation car la minéralisation de
l'azote contenu dans les matières organiques est ralentie tant à
l'automne qu'au printemps.
En outre, la présence d'un couvert
végétal vivant pendant la période hivernale permet donc,
en complément des pratiques agronomiques de la rotation, de limiter la
lixiviation des nitrates dans le sol pendant les périodes pluvieuses
d'hiver et de printemps.
Selon Chevrier et Barbier. La fuite de matières actives
dans le milieu serait réduite en rotation culturale et en agriculture de
conservation43, car la présence de couvert
végétal augmente l'adsorption et la dégradation des
matières actives.
3.1.6 Un accroissement de la biodiversité et de
l'activité biologique
La technologie de rotation favorise l'augmentation de
l'activité biologique du sol à travers deux
phénomènes :
- La concentration de la matière organique en surface
favorise sa décomposition et sa minéralisation par voie
biologique;
- le faible retournement et la réduction du travail du
sol réduisent le stress mécanique du milieu et minimisent la
destruction des micro-habitats44.
3.1.6.1 Le développement des vers de terre augment
la biodiversité animale
Les vers de terre jouent un rôle très important
dans la dégradation et la migration des matières organiques, le
drainage au travers des galeries et le maintien d'un état structural
favorable45.Les vers de terre font partie du premier maillon dans la
dégradation des MO. Les galeries des vers de terres autorisent la
percolation de l'eau en profondeur et limite le ruissellement en surface.
L'influence de rotation culturale et du travail du sol sur la population
43 Ce terme définie comme étant
-l'absence de retournement profond du sol et implantation des cultures en semis
direct- Maintien d'un couvert végétal permanent (mort ou vivant)-
Adoption judicieuse de cultures dans une rotation suffisamment longue. Ce terme
à été retenus lors du First World Congress on Conservation
Agriculture : a worldwide challenge" qui se déroulait à Madrid
2001.
44 Chevrier .A. & Barbier. Sylvain. (2002) :
Performances économiques et environnementales des techniques agricoles
de conservation des sols Création d'un référentiel et
premiers résultats. Mémoire de fin d'études ; Institut
National de la Recherche Agronomique de Versailles-Grignon. P18
45 LABREUCHE J., BODET JM.( 2001) : Matières
organiques et activités biologiques des sols Cultivés » :
conséquences des techniques de travail du sol, Perspectives Agricoles,
n°272, Octobre, p 54-57
72
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
de vers de terre est très importante. Egalement, le
vers de terre est un véritable producteur de biodiversité car au
niveau des Shoul la plupart des oiseaux et des rongeurs existant consomment les
vers de terre.
La pratique de la technologie de rotation permet donc non
seulement le développement de la microfaune du sol mais également
le retour et/ou le maintien d'oiseaux sauvages et des rongeurs.
3.1.6.2 Une concentration de la microfaune en
surface
L'activité biologique de la microfaune est
conditionnée par la présence des matières organiques
« assimilables », fournit par la rotation
blé/légumineuse. La plupart des microorganismes se trouvent dans
le sol se nourrissent de matières organiques mortes. Donc la
concentration de la matière organique dans la couche superficielle (0-20
cm), occasionne la concentration de la microfaune en surface.
3.2 Évaluations socio-économiques
3.2.1 Augmentation du rendement
3.2.1.1 Analyse économique des
rendements
L'analyse économique du rendement de différentes
rotations a été basée sur la méthode «Etude du
rendement par unité de surface cultivée». Cette
méthode appliquée dans les recherches agronomiques et par la DPA
de Rabat-Salé. Les paramètres utilisés par cette
méthode sont:
Le nombre des tiges / unité de surface, Le nombre de
graines par épis
Le rendement des graines/ unité de surface Le rendement en
paille / unité de surface
3.2.1.1.1 le nombre des tiges par
m2
Le nombre moyen des tiges par m2 est
présenté dans le tableau 15, le nombre moyen obtenu pour les
différentes rotations est:
> Rotation blé /légumineuses : 249 plantes
par m2pour le blé et 14 plantes par m2 pour les
fèves.
> Rotation blé tendre/Maïs : 210 plantes par
m2 pour le blé tendre et 44 plantes/ 16m2pour le
maïs.
> Monoculture d'orge (5 ans) : 235 plantes par m2
pour l'orge.
Ces valeurs sont faible par rapport à celles de la
région de Zaer qui sont de l'ordre 295 et 355 plantes par m2
pour l'orge et le blé et 20, 15 plantes au m2 pour la
fève et la maïs.
73
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
La comparaison du blé de rotation blé
/légumineuses par rapport à orge en monoculture, montre une nette
supériorité du blé par apport à l'orge. Ceci peut
être dû à la sécheresse survenue au moment du
tallage. La rotation blé/légumineuses compense cette faiblesse
par le taux d'humidité dans le sol qui permet de garder une
densité de levée de 249 plantes par m2 par rapport aux
235 plantes par m2 en monoculture d'orge.
3.2.1.1.2 Le nombre de graines par épi
Le tableau 15, illustre les valeurs du nombre de graines par
épi pour toutes les parcelles étudiées.
Les valeurs obtenues sont en moyenne de 27,3 grains par
épi pour le blé dans la rotation
blé/légumineuses.
Et de 18 et 13 grains par épi pour la rotation
céréale/céréale et la monoculture (orge 5 ans), ces
données mettent aussi en relief l'existence de différences entre
les rotations étudiées. De telles différences peuvent
être liées à des utilisations des fertilisants, la dose et
la date de l'épandage des engrais de couverture. Egalement ces valeurs
que nous avons obtenues pour la rotation céréalière et la
monoculture sont faibles par rapport aux valeurs rapportés par Naaza
iddriss46 (1991), et qui sont 21 ,7 et 24 pour l'orge et le
blé.
3.2.1.1.3 Rendement grain / ha
Le rendement grain des parcelles en rotation
étudiées à été calculer par qx/ha, ce
rendement a été inventorié par le suivi de la moissonneuse
batteuse pendant la récolte. La moisson dans la plupart des parcelles
étudiées se fait à la machine, mais le rendement
réalisé ne donne pas les valeurs exactes du rendement, car les
graines restent mélangées avec les graines des mauvaises herbes.
C'est, pour cela qu'on à obtenu le rendement exacte à partir d'un
entretient avec les exploitants des parcelles étudiées,
après avoir procéder à la séparation des graines de
blé et des graines de mauvaises herbes.
Le rendements grains obtenu sont présentés dans
le tableau 16 .les rendements moyens ainsi obtenus sont de l'ordre de 25 qx/ha
pour le blé tendre dans la rotation blé /légumineuses et
de l'ordre de 20 et 19 qx/ha pour l'orge de monoculture et le blé tendre
de rotation céréale/céréale.
L'analyse des valeurs du rendement montre une nette
augmentation du rendement de rotation blé /légumineuses par
rapport à la monoculture et la rotation céréalière,
cette différenciation du rendement entre les trois types de rotations
est liés au rôle des légumineuse qui précède
la culture de blé, et qui enrichie le sol par la matière
organique et l'azote, soit des éléments essentiels pour le
blé pendant le remplissage des grains.
Mais généralement on remarque que les valeurs du
rendement enregistrés dans les trois types des rotations sont
inférieurs à celles rapportées par Si Bannasseur Alaoui,
cet auteur confirme
46 Naaza,Idriss ,novembre 1991 : «
productivité des céréale et des légumineuses en
zone semi aride efficiences d'utilisation de l'eau et de la lumière
»,mémoire de 3eme cycle Agronomique ,option production
végétale ,IAV hassan II Rabat.
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
que le rendement de blé tendre et d'orge dans les
région semis aride comparables à la région des Shoul sont
de l'ordre de 25 qx/ha pour le blé et 28 qx/ha pour
l'orge47.
3.2.1.1.4 Rendement en paille/ha
Dans la région des Shoul la production de paille est
fortement valorisée comme nourriture pour les animaux pendant la longue
période estivale d'arrêt de la végétation. Le
rendement en paille a été recensé dans les parcelles
étudiées après le passage de la presse paille.
Le nombre de balles par hectare est présenté
dans le tableau 16. Il est en moyenne de l'ordre de 65 balles/ha pour le
blé en rotation blé/légumineuses, et 45 balles /ha pour
l'orge dans la rotation maïs/blé tendre et 95 balle/ha pour l'orge
en monoculture.
A partir de ces résultat on constate que le nombre de
balles produites par un hectare de blé dans la rotation blé
/légumineuses et respectivement faible que celui produit par la
monoculture. La différence est due essentiellement, a des pratique
culturale comme la dose de semis et l'effet des légumineuse notamment la
fève qui contribue à la diminution des quantités de
mauvaises herbes dans la culture de blé tendre.
74
47 Si Bannasseur Alaoui, 2005 «
référentiel pour la conduit technique de la culture de blé
tendre »
75
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
Tableau 15 : Rendements par culture selon les types de
rotations :
type rotation
|
culture actuelle
|
Nbr tiges /m2
|
grains /épi
|
poids de 1000grains
|
céréale /légumineuses
céréale /céréale
|
blé tendre
blé tendre
|
249
210
|
27,3
18,3
|
38,2
32,1
|
monoculture
|
orge
|
235
|
13
|
28,2
|
Source : Enquête 2008
Tableau 16 : Rendements grains et paille par culture
et selon le type de rotation
type rotation
|
Culture actuelle
|
date de récolte
|
Machine de récolte
|
rendement grains/ha
|
Nbr de balle /ha
|
céréale
/légumineuses
céréale /céréale
|
blé tendre
blé tendre
|
06/06/2008
04/06/2008
|
moissonneuses batteuse
moissonneuses
|
25
19
|
65
45
|
monoculture
|
Orge
|
03/06/2008
|
moissonneuses
|
20
|
95
|
Source : enquête 2008
76
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
3.2.1.2 Analyse de Bilan économique de la
technologie de rotation culturale
L'analyse du bilan économique de la technologie de
rotation culturale, fait à partir de l'analyse des revenus et des
dépenses d'un hectare de blé et de la fève dans la
rotation blé /légumineuse. Les charges de la production ont
été déterminées à partir des
déclarations des exploitants, et concernent essentiellement le travail
du sol, les semences, les fertilisants, la main d'oeuvre et la moisson. On n'a
pas évalué toutes les charges. Tandis que les facteurs fixes de
production comme le fumier, la terre, et la location des animaux de trait n'a
pas été comptabilisée.
La valeur de la production est évaluée à
partir du prix du rendement du marché, les prix des semences et des
engrais sont considérés à partir des prix en vigueur au
niveau du souk de Sidi Azzouz, le calcul du coût de la main d'oeuvre
à été estimé sur la base des salaires perçus
par la main d'oeuvre salariale au niveau de la région.
3.2.1.2.1 Les dépenses de rotation
blé/légumineuses * Charge des travaux du
sol
D'après les déclarations des exploitants qui
pratiquent la technologie de rotation, le travail du sol de un hectare de
céréale demande des passages, au chisel pour une heure au
coût de 157dh, au cover-crop pour 1h 30' au coût de 300 dh, ce qui
donne un totale de 475 dh pour l'ensemble de l'opération.
* Charge des semences
La quantité des semences utilisées par un
hectare de céréale et des légumineuses est respectivement
100 kg/ha pour le blé et la fève au prix de400 dh/q de semences
de blé et 500 dh/q pour celle des fèves.
* Charge des engrais
Le tableau résume les engrais de fond et de couverture
utilisés pour un hectare de céréale, ainsi que les
quantités utilisées par les agriculteurs et le coût de
vente de chaque type d'engrais selon les prix en vigueur dans le
marché.
Il est à signaler aussi que le calcul des coûts
des engrais utilisés prend en considération l'augmentation des
coûts d'engrais qu a connu le secteur agricole durant l'année
2007-2008 et qui sont en relation avec la hausse des prix du pétrole.
Les quantités utilisées par un hectare de
céréale et de légumineuse sont, respectivement, 250 kg/ha
d'engrais de fond et de couverture pour les céréales et 100 kg
/ha d'engrais de fond pour les légumineuses.(tableau 17)
77
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
Tableau 17 : Les engrais utilisés pour les
céréales et les légumineuses et leurs
coûts en dh/ha
culture
|
Engrais
|
Type d'engrais
|
Quantité Kg /ha
|
Coût dh / kg
|
Coût dh/qx
|
céréales
|
Engrais de fond
|
Engrais composé
14-28-14
|
100
|
4,7
|
470
|
Engrais 21
|
50
|
4,2
|
210
|
Engrais de couverture
|
Urée 46%
|
100
|
4 ,5
|
450
|
Totale
|
|
3
|
250
|
|
1130
|
Légumineuse
|
Engrais de fond
|
Engrais composé
14-28-14
|
50
|
4,7
|
235
|
Engrais 21
|
50
|
4,2
|
210
|
Engrais de couverture
|
|
|
|
---
|
total
|
|
2
|
100
|
|
445
|
Source : enquête 2008.
D'après ce Tableau on constate que, les charges
d'engrais de rotation blé/légumineuse, sont respectivement 1130
et 445dh/ha pour le blé et la fève, ce qui donne un total de 1575
dh pour la rotation blé /légumineuse. Les dépenses
affectés aux engrais absorbent presque la moitié des
dépenses totales de la rotation blé /fève.
* Charges de la main d'oeuvre
Ces charges correspondent pour les deux cultures au salaire de
la main d'oeuvre employée pour les opérations de : travail du
sol, épandage des engrais, traitement des mauvaise herbes, ramassage des
récoltes et mise en réserve.(tableau 18)
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
Tableau 18 : Des charges de main d'oeuvre pour un
hectare de céréale et de légumineuse dans la
rotation
culture
|
Activités
|
Céréale
|
Travail du sol (Brise mottes)
|
Semis des grains
Epandage des engrais de fond et de couverture
|
Traitement de mauvaise herbe
Collecte du rendement et mise en réserve
Totale
|
Légumineuse
|
Préparation du sol « teyabe el arde »
Création des billons de fèves, semis des grains
et épandage des engrais de fond
|
Traitement manuel de mauvais herbe
Récolte et collecte du rendement totale
|
totale
Quantité
personne pour chaque activité
|
Salaire local dh
|
1 p/j
|
40
|
1 PJ
|
40
|
2 PJ
|
80
|
1 PJ
|
40
|
2 PJ
|
80
|
7 PJ
|
280
|
2 PJ
|
80
|
3 PJ
|
120
|
2 PJ
|
80
|
6 PJ
|
240
|
13 PJ
|
520
|
20
|
800
|
78
Source : enquête 2008
D'après le tableau n° 18, on remarque que les
activités d'un hectare de culture de blé et de fève
demande un total de main de oeuvre de 7 p/j/ha pour le blé et 13 p/j
pour la fève, donc les dépenses pour un hectare de blé et
fève en matière de main d'oeuvre sont de l'ordre de 280 dh/ha
pour le blé et 510 dh/ha pour la fève. La comparaison du
blé et de la fève au niveau de la consommation de la main
d'oeuvre ,montre que la fève absorbe presque la moitié de main
d'oeuvre utilisée dans les différentes activités de la
technologie de rotation culturale blé/fève .
* Charge de moisson
La charge de moisson pour le blé concerne la location
de la moissonneuse batteuse et la machine de presse paille. D'après les
déclarations de propriétaire de la machine, la location de
79
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
moissonneuse pour récolter un hectare de
céréale est évalué à 250 dh/ha, et 2dh/balle
pour la presse de paille. Ainsi un hectare qui produit 65 balles demande 130 dh
pour presser la paille, ce qui donne un total des charges de récolte
pour le blé de 380 dh. La récolte de légumineuses
(fève) se fait manuellement, donc les charges de récolte des
fèves sont comptabilisées dans les charges de main d'oeuvre.
3.2.1.2.2 Revenu de la rotation
blé/légumineuse
Le calcul des recettes de un hectare de céréale
est fait sur la base de la production totale de l'hectare (grains, paille) en
se basant sur le prix du marché.(tableau 19)
Tableau 19 : Les recettes brutes de blé et de
fève
cultures
|
Rendement grains qx/ha
|
Prix marché
|
Rendement paille
|
Prix
|
Recettes
|
%
|
Dh/qx
|
balle/ha
|
Dh/balle
|
Totales (dh)
|
Céréale (Blé tendre)
|
25
|
400
|
65
|
10
|
10650
|
80,99
|
Légumineuses (fève)
|
5
|
500
|
0
|
0
|
2500
|
19, O1
|
totale
|
|
13150
|
100
|
Source : enquête 2008
D'après le tableau on constate que les revenus bruts de
rotation cultural blé/légumineuses sont évalués
à 13150 dh. Les recettes totales de blé tendre présentent
les valeurs brutes les plus élevées en comparaison avec la
culture de fève, et participent aux revenus bruts de la rotation dans
une proportion allant de 80 à 90%. La différence entre le revenu
brute et les charges dégage un revenu net annuel de 10150 dh par
exploitation (exploitation de deux hectare : l'un de céréale et
l'autre de fève).
3.2.2 Réduction des frais pour les intrants
agricoles
L'utilisation des légumineuses dans le système
culturale de la technologie de rotation, permet la réduction des frais
pour les intrants agricoles. D'après les déclarations des
paysans, avant l'application de la technologie de la rotation les
quantités des engrais utilisés étaient de l'ordre de
300kg/ha pour les cultures céréalières. Mais, avec
l'application de la rotation les quantités des engrais utilisés
ont diminué pour ne plus représenter que 150kg/ha pour les
céréales.
3.2.3 Réduction de l'émigration
D'après le témoignage d'un paysan qui pratique
la rotation culturale, l'application de la rotation culturale joue un
rôle très important dans la fixation de la population. Elle
constitue
80
Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES :
Cas de la rotation culturale
aussi un facteur qui renforce les liens des paysans avec leur
exploitation. En plus, l'application de la rotation permet à un grand
nombre de paysans de la zone des Shoul de pratiquer l'agriculture sur une
grande échelle sans courir le risque de voir leurs terres
menacées par la dégradation, contrairement aux parcelles
où est pratiquée la monoculture. En effet le maintien de la
productivité des terres favorise une stabilité des revenus qui
peut se ressentir au niveau des ménages des exploitants moins enclins
à l'émigration. Selon les témoignages fournis par nos
interlocuteurs, la pratique de la rotation participe à la
réduction de l'émigration dans une proportion de 10 % dans la
zone48.
En outre, la rotation culturale favorise la
sécurité alimentaire des exploitants à des revenus
limités.
Comparant aux exploitants qui pratiquent seulement la
monoculture, La pratique de la rotation culturale ravitailler la
sécurité alimentaire des exploitants qui ont l'utilise par (i)
les légumineuses alimentaire qui existent dans le système de
rotation et qui précédemment acheter du souk (ii) et par les
réserves annuelle des différentes cultures qui à pour but
de réduit les frais d'achat (iii)et aussi par la diversification des
cultures qui laissent les paysans qui ont pratiquer la rotation culturale
à vendre leur production (comme les gousses des fèves vert
...etc) sur le longue de l'année agricole sans reste fixés au
période de moisson. Les recettes procrées, utilisés pour
satisfaire les besoins de leurs familles à d'autre produits manquer dans
la zone.
Conclusion
A partir de l'évaluation environnementale et
socio-économique de la technologie de rotation culturale on remarque
que, la pratique de la technologie de rotation culturale a instauré un
meilleure gestion de la fertilité des terres et un maintien de
fertilité des sols et ne nécessitant pas une grande connaissance
en matière de CES également c'est une technique qui peu
coûteuse mais, cela ne veut pas dire que cette technologie ne pas des
inconvénients.
Les inconvénients de cette technologie sont tout
d'abord, le risque d'érosion pour les cultures printanières
(maïs) car le sol reste à nu pendant la période de fortes
pluviosités, en plus c'est une technologie qui demande beaucoup de main
d'oeuvre familiale et d'animaux de trait, en outre la pratique de cette
technologie réduit le recours à la jachère et
éloigne le troupeau des terres de l exploitation occupée par les
cultures toute l'année.
48 Au-delà du doute sur la validité de
ce chiffre c'est l'existence de la relation entre équilibre
économique des exploitations favorisé par la pratique de la
rotation et les caractéristiques du fait migratoire dans une zone
situé au seuil d'une ville capitale du pays que nous comptons
révéler.
81
82
Conclusions générales & Recommandations
L
a région des Shoul présente dans sa
totalité des conditions physiques et socio-économiques qui
favorisent la dynamisation des processus de dégradation des terres. Sur
le plan physique, le substrat géologique comporte des couches friables
à dominance marneuse facilement érodables par le ruissellement et
les sols sont peu épais, pauvres en matière organique et de
texture limoneuse fortement sensible à la battance, les pentes sont
généralement assez fortes et la couverture
végétale, soumise à l'action anthropique.
Aussi Le régime pluviométrique est-il
caractérisé par une forte irrégularité des volumes
de pluies annuelles et l'opposition de deux saisons contrastées: une
saison sèche allant de mai à octobre avec un déficit
hydrique important et une saison humide sur le reste de l'année
caractérisée par des précipitations de forte
intensité et violentes.
Sur le plan socio-économique la dynamisation des
processus de dégradation des terres est liée à des
facteurs comme le surpâturage, les techniques de labour et la gestion des
terres cultivées, en plus de la pauvreté et des faibles revenus
des exploitants.
Pour faire face au problème de la dégradation,
la population applique un certain nombre de techniques de conservation des eaux
et des sols qui permettent, l'amélioration de la fertilité des
terres et la gestion de l'eau, et par conséquent l'affaiblissement des
effets du ruissellement violent.
Ces techniques, appliquées dans le cadre des
exploitations privées, relèvent d'une initiative individuelle et
s'inscrivent en même temps dans des modes d'organisation
institutionnelle. Ces derniers sont, soit hérités d'une
époque révolue où la jemâa jouait un rôle dans
la réglementation des pratiques agraires, soit actuelles et
relèvent de l'action de l'état.
Les techniques de conservation des eaux et des sols
appliqués dans la région concernent des techniques agronomiques
(rotation culturale, labour isohypse, apport de fumier dans le sol),
végétale ou biologique (les haies, correction biologique des
ravins, plantation fruitière) et physique (murettes en pierres
sèches, gabions, terrasses).
Les techniques agronomiques et végétales sont
les plus répandues dans les terres bour de la commune des Shoul. Par
contre, les techniques physiques restent peu développées dans la
zone et limitées aux exploitations qui, dans le cadre du projet de mise
en valeur en bour, ont adopté la gabion comme solution pour freiner
l'extension des ravins.
Mais malgré la mise en place, des techniques physiques
et végétales, les paysans, ne prêtent pas beaucoup
d'attention à l'entretien. Les seuils en gabion sont
débordés par les matériaux d'érosion, et aucune
plantation n'a été envisagée sur les atterrissements.
Pour dégager les techniques les plus prometteuses en
terme de conservation des eaux et des sols et évaluer leur
efficacité, nous nous sommes basés sur le questionnaire Wocat.
L'évaluation de la technologie agronomique de rotation
culturale sur la base de ce questionnaire a donné les résultats
suivants:
> Sur le plan environnemental.
- Le taux de matière organique et l'azote
Le taux de matière organique et l'azote dans le sol
varie en fonction du type rotation appliquée. La comparaison de deux
rotations, blé /légumineuses, blé /maïs, et la
monoculture d'orge montre une augmentation de la matière organique et
l'azote (2,21%, 0,11%) dans la parcelle où est pratiquée la
rotation blé /légumineuses, par contre dans les parcelles ou
est
83
Conclusions générales & Recommandations
pratiquée la rotation céréalière et
la monoculture le taux de la matière organique et d'azote est faible,
les différences de la matière organique et d'azote entre les deux
rotations et la monoculture d'orge sont dues essentiellement à la
pratique de la succession blé/légumineuses. - L'état de
l'humidité du sol.
La pratique de la technologie de rotation culturale permet
aussi une augmentation de l'humidité du sol. A partir des mesures
effectuées sur terrain on relève une augmentation des taux
d'humidité dans les parcelles où sont pratiquées les
rotations céréales-légumineuses et
céréale-céréale. L'augmentation du taux
d'humidité dans ces deus types de rotations sont liées
principalement : (i) aux pratiques culturales, (ii) au travail du sol, et (iii)
à la teneur en matière organique.
- Ruissellement et perte en terre.
La pratique de la technologie de rotation permet la
réduction du ruissellement et la perte en terre. La comparaison entre la
rotation blé/légumineuses et la rotation blé/avoine,
révèle le déclenchement tardif du ruissellement dans la
rotation blé/légumineuse, et le coefficient de ruissellement est
moins élevé (2,5%) par rapport en rotation blé /avoine
où le déclenchement du ruissellement est très
précoce. Ce dernier a eu lieu dans les 10 premières minutes de
simulation et le ruissellement et plus rapide (8,6%) même si le sol est
complètement sec.
La perte en terres dans la rotation
blé/légumineuses est faible, presque 0,42 g/h/m2,
contre 1,92 g/h/m2 en rotation blé/avoine.
De ce faite, la pratique de la technologie de rotation
culturale contribue à la conservation de l'eau et à
l'amélioration de la structure du sol et de sa stabilité
structurale, en plus de l'accroissement de la biodiversité et de
l'activité biologique.
> Sur le plan socio-économique.
-Augmentation des rendements: la pratique de la rotation
culturale augmente les rendements grains réalisés. Ils sont en
moyennes de 25 qx /ha dans le blé tendre de rotation
blé/légumineuse, et 20qx/ha dans la monoculture d'orge et 19
qx/ha dans le blé tendre de rotation blé/maïs. Les
rendements enregistrés dans la rotation blé/légumineuses
sont des rendements acceptables par les paysans de la région,
également selon eux la moyenne de 25qx/ha constitue une moyenne qui peut
se produire dans une région à climat semi-aride comme celle des
Shoul.
-Augmentation des revenus: l'analyse du bilan
économique de la technologie de rotation culturale montre que cette
technologie génère un revenu net de 9020 dh pour une exploitation
de deux hectare (hectare de blé tendre et un hectare de fève)
.
-Utilisation des engrais: la rotation culturale permet de
réduire la quantité des engrais utilisés dans la culture
de blé par 50% par rapport aux quantités utilisées avant
l'application de la rotation (150 kg/ha contre 300 kg/ha). Les
légumineuses jouent un rôle très important dans la
fertilisation des terres.
-Sécurité alimentaire: La pratique de la
rotation aussi améliore la sécurité alimentaire et
l'autosuffisance des paysans.
Malgré les avantages présentés par la
rotation culturale sur le plan environnementale et socio-économique, son
développement dans la région est soumis à une série
de contraintes:
Les contraintes naturelles
Le climat de la région des Shoul, appartient à
l'étage bioclimatique semi-aride caractérisé par des
fluctuations inter-annuelles et la sécheresse peut intervenir à
n'importe quel moment du
84
Conclusions générales & Recommandations
cycle de croissance des cultures. Deux types de
sécheresses sont généralement
distinguées49 : la sécheresse de début de cycle
qui coïncide avec le démarrage de la culture et qui, réduit
le nombre de plantes et le tallage et donc la quantité de biomasse
totale. Le deuxième type est la sécheresse de fin du cycle qui
est la plus fréquente et qui affecte le remplissage des grains, l'effet
du déficit hydrique de fin de cycle est souvent marqué par les
hautes températures qui caractérisent cette période. Un
troisième type de sécheresse est parfois observé, il
concerne le milieu du cycle.
Par ailleurs, la plupart des sols rencontrés dans la
région sont des sols peu favorables aux cultures bour, pauvres en
matière organique, peu profonds et érodable dont les
capacités de conservation de l'eau sont très limitées.
Les contraintes socio-économiques
Parmi les problèmes socio-économiques qui
nuisent à la production des céréales et les
légumineuses dans la région, on peut citer la taille des
exploitations et le système de production adopté.
En ce qui concerne la taille des exploitations, il est
important de souligner que 50% de la superficie des céréales et
des legémineuses sont cultivés dans des exploitations de moins de
5 ha. En plus le morcellement des parcelles ne permet pas l'utilisation des
trains techniques améliorés.
Le système de production dans la région est
complexe, car la pratique de la céréaliculture sous ses
différentes formes de rotation est associée à la pratique
de l'élevage avec différents niveaux d'intensification.
Après la récolte, la plupart des paysans
nécessitent des disponibilités en argent pour financer l'achat
des fourrages au cheptel et satisfaire les besoins alimentaires de leurs
familles.
Dans un marché caractérisé par
l'augmentation de l'offre et la baisse de la demande, les paysans sont souvent
poussé à vendre leur production à des prix bas qui ne leur
permettent pas de réaliser des bénéfices substantiels et
avoir une trésorerie équilibrée. Ce qui se traduit par des
difficultés de financement de la campagne agricole suivante en
matière des semences et des engrais, surtout chez les paysans qui
pratiquent la rotation culturale.
Par ailleurs le taux élevé
d'analphabétisme chez les paysans de la région limite souvent la
communication et constitue une entrave au programme de transfert de nouvelles
technologies.
Les contraintes techniques
La conduite du blé est caractérisée, chez
plusieurs paysans de la région, et surtout ceux des petites et moyennes
exploitations, par des travaux du sol étalés sur plusieurs
périodes (deux passages de cover crop), un semis à la
volée, un apport périodique et non raisonné des engrais,
un désherbage souvent manuel et tardif et une récolte mal
maîtrisée et engendrant beaucoup de perte en grains.
La méthode de semis décrite, associée
à la faible utilisation des semences certifiées conduisent
à un taux de levée faible et hétérogène.
Pour remédier au problème de la
préparation du lit de semences et des adventices précoces, les
paysans attendent les premières pluies automnales pour travailler le sol
et enfouir les mauvaises herbes. Le retard de la préparation du lit de
semences et le travail du sol sous des conditions humides entraînent des
pertes considérables d'eau par évaporation.
49 El Mourid. M et al (1988): Rainfall patterns and
probabilities in the semi-arid cereal production region of Morocco USAID
Project No.608-0136.Aridoculture Centre INRA-Settat, Morocco.
85
Conclusions générales & Recommandations
Le semis tardif ne permet pas aux plantes de profiter des
premières pluies et expose les cultures aux stress hydrique et thermique
de fin du cycle.
En outre, les herbicides qui font place au désherbage
manuel sont souvent appliqués à des époques tardives ; ce
qui permet aux plantes adventices de concurrencer les plantes pour l'eau et les
éléments fertilisants et d'entraîner la chute des
rendements de la culture.
De ce fait, la période d'épandage d'engrais de
couverture est parfois mal appropriée, vu les prix élevés
des engrais, il est aussi constaté que les doses pratiquées sont
généralement faibles par rapport aux besoins de la culture.
Les maladies cryptogamiques et les attaques d'insectes
constituent une contrainte majeure devant la production du blé et des
légumineuses dans la région. Parmi les maladies les plus
importantes il y a les rouilles, la septoriose pour le blé et
l'orobanche pour les légumineuses.
En considération des résultats obtenus sur les
pratiques locales en matière de conservation et de gestion des eaux et
du sol par l'utilisation du questionnaire WOCAT, et en considération du
contexte géographique et socio économique où les paysans
appliquent leurs systèmes de cultures fondés sur la double
combinaison entre l'activité agricole et l'élevage, et entre des
terres à vocations différenciées, il peut s'avérer
judicieux, dans l'objectif d'une meilleure gestion des ressources eau et sol,
d'orienter l'utilisation des terres dans la zone étudiée, selon
le schéma suivant:
Dans les terres à pente faible à moyenne il
serait préférable de pratiquer la rotation
céréale/légumineuse et rotation
céréale/jachère, à cause de son rôle dans la
gestion de la fertilité des terres et la restauration des terres
dégradées.
Les terres à pente forte seraient orientées vers
un système d'agroforesterie sur terrasses à base de plantes
fruitière adaptées au milieu et plus rentables pour la population
locale.
Pratiquer une culture dérobée comme
précédant cultural des légumineuses ou du maïs pour
couvrir le sol durant la période de fortes pluies.
La rotation serait améliorée par l'utilisation
des semences sélectionnées et la maîtrise de la conduite
technique des cultures pratiquées par les paysans et de labourer les
terres directement après la récolte (enfouissement des
résidus de récoltes).
La sensibilisation des populations aux problèmes de
dégradations des terres et la recherche de moyens pour perfectionner les
méthodes de conservation utilisées ou adopter de nouvelles
technique. Un effort de communication et de vulgarisation pourrait être
mené à différents niveaux par les différents
acteurs concernés par le développement local de la commune des
Shoul (services agricoles, conseil communal, associations, groupement des
agriculteurs..).
86
87
Références bibliographiques
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