ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION
ET DE MAGISTRATURE
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BURKINA FASO
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Unité-Progrès-Justice
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DEPARTEMENT ADMINISTRATION GENERALE
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Mémoire de fin de cycle
LE DEFI DE L'APPROPRIATION DES TEXTES DE
LA DECENTRALISATION PAR LES ELUS LOCAUX : CAS DE LA COMMUNE RURALE DE
KAMPTI
Présenté et soutenu publiquement par
: Abdoul Karim DIABY
pour l'obtention du diplôme de
: Administrateurs civils
Mention : Bien
Jury :
Docteur, Kassem Salam SOURWEMA :
Président
Administrateur civil, Gaoussou OUEDRAOGO :
Directeur de mémoire
Administrateur civil, Aboulaye ZANGRE :
Membre
Promotion 2013-2015
ENAM 03 BP 7024 Ouagadougou 03 E-mail :
enam@cenatrin.bf
Téléphone : (226) 25.31.42.64/65
Télécopie : (226) 25 30 66 11
A V E R T I S S E M E N T
L'ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION ET DE MAGISTRATURE
(ENAM) N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION OU IMPROBATION AUX IDEES EMISES
DANS CE MEMOIRE
~ I ~
y A ma mère Salimata TARNAGUEDA y A ma grand-mère
Fati ZOURE
y A feu mon grand-père Issouf TARNAGUIDA et à tous
ses enfants
y A la grande famille DIABY
D E D I CA C E
~ II ~
R E M E R C I E M E N T S
Ce travail a pu être réalisé grâce
au soutien et à la contribution de plusieurs personnes à qui je
voudrais ici témoigner toute ma gratitude. Mais auparavant, qu'il me
soit permis d'adresser mes louanges à Dieu le très-Haut pour Sa
science et Sa miséricorde.
Je tiens à remercier tous les enseignants de l'ENAM et
en particulier Monsieur Gaoussou OUEDRAOGO, mon Directeur de Mémoire,
pour sa disponibilité, son expertise et son accompagnement
méthodique dans les différentes étapes de ce travail de
recherche. Veuillez trouver ici toute ma révérence.
Merci à Monsieur Alfred TIENDREBEOGO, diplomate et
expert en gouvernance et management public, aux juristes Roland HEMA et Zakaria
KAGONE pour leurs conseils et leurs relectures.
Merci à tous ceux qui m'ont aidé à faire
avancer ma réflexion en acceptant de répondre à mes
questions ponctuelles, notamment : Monsieur Fiacre Hyacinthe SOU (Directeur de
la formulation des politiques, MATDS) ; Monsieur Bruno G. KAMBIRE
(Chargé d'étude, MATDS) ; Monsieur Sié HIEN (Directeur des
archives et de la documentation, MATDS) ; Monsieur Sié Edgar SOU
(Directeur de l'organisation administrative du territoire à la Direction
générale de l'Administration du territoire) ; Monsieur Ibrahiman
Victor NOMBRE (préfet du département de Kampti) ; Monsieur Serge
Théophile DA (ex maire de la commune de Kampti) ; Monsieur Ousmane
KARGOUGOU (Secrétaire général de la mairie de Kampti) ;
à l'ensemble des élus locaux de la commune et à toute la
population de Kampti.
Merci à mon beau-père Souleymane SORE et
à mes frères et soeurs Lala, Assa, Nourdine, Djamarou, Nourria
pour vos prières et votre confiance.
Enfin, mes remerciements vont à l'endroit de Ramata
DABRE pour ses soutiens multiformes et à travers elle, tous mes amis et
proches pour leurs contributions diverses. Qu'ils trouvent dans ce
mémoire, l'expression de leurs efforts conjugués.
~ III ~
~ IV ~
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
CDP : Congrès pour la démocratie
et le progrès
CEB : Circonscription d'éducation de
base
CGCT : Code général des
collectivités territoriales
CSMOD : Cadre stratégique de mise en
oeuvre de la décentralisation
CSPS : Centres de santé et de promotion
sociale
CVD : Conseil villageois de
développement
CVGT : Commission villageoise de gestion des
terroirs
FICOD : Fonds d'investissement pour les
collectivités décentralisées
MATDS : Ministère de l'administration
territoriale, de la décentralisation et de la
sécurité
OEV : Orphelins et enfants vulnérables
OSC : Organisation de la société
civile
PDDC/GIZ : Programme décentralisation /
développement communal
PDL : Programme de développement
local PEA/KFW : Programme Eau et Assainissement
PNBG : Politique nationale de bonne
gouvernance
PNGT : Programme national de gestion des
terroirs
PV : Procès-verbal
RGPH : Recensement général de la
population et de l'habitat
SP/CONAD : Secrétariat permanent de la
conférence nationale de la
décentralisation
TOD : Textes d'orientation de la
décentralisation.
UNIR/PS : Union pour la renaissance/Parti
sankariste
UPC : Union pour le progrès et le
changement
~ V ~
LISTE DES CARTES, TABLEAUX ET GRAPHIQUE
Cartes :
N° 1 : Localisation de la commune de Kampti dans la province
du Poni
N°2 : Carte administrative de la commune de Kampti
Tableaux et Graphique :
N°1 : Perception des acteurs sur ce que recouvre le concept
de décentralisation ;
N° 2 : Répartition des enquêtés qui
connaissent le CGCT ;
N°3 : pourcentage des citoyens qui savent qu'ils peuvent
assister aux sessions du Conseil municipal ;
N°4 : Pourcentage des enquêtés qui ont
déjà assisté à une session ;
N°5 : répartition des enquêtés qui
connaissent les élus locaux et les organes du conseil municipal.
Graphique :
Répartition des enquêtés selon leur niveau de
satisfaction par rapport à la gestion de
la commune par les élus de Kampti.
~ 1 ~
Sommaire
A V E R T I S S E M E N T I
D E D I CA C E II
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS IV
LISTE DES CARTES, TABLEAUX ET GRAPHIQUES V
INTRODUCTION GENERALE 2
PREMIERE PARTIE : 7
CADRE NORMATIF DE LA DECENTRALISATION ET PRESENTATION DE
LA ZONE D'ETUDE. 7
Chapitre I. Repères théoriques de la
recherche 8
Section I. Approche conceptuelle 8
Section II. Organisation et fonctionnement de la commune
selon le CGCT 13
Chapitre II. Présentation de la commune de Kampti
19
Section I. Aperçu général de la
commune de Kampti 19
Section II. Etude démographique et
potentialités économiques du milieu 23
DEUXIEME PARTIE : 30
APPROCHE DU NIVEAU D'APPROPRIATION DES TEXTES DE LA
DECENTRALISATION PAR LES
ELUS DE LA COMMUNE DE KAMPTI 30 Chapitre I. Etat des
lieux de l'appropriation des textes de la décentralisation par les
élus locaux
31
Section I. Evaluation de l'effectivité de la
décentralisation à travers la connaissance et l'application
des
textes 31 Section II. Fonctionnement des organes du
conseil municipal de Kampti et mise en oeuvre du principe
du compte rendu 37 Chapitre II. Entraves à
l'appropriation des textes de la décentralisation et suggestions pour
y
remédier 42
Section I. Entraves à l'appropriation de la
décentralisation par les élus locaux 42
Section II. Suggestions pour une meilleure appropriation
des textes de la décentralisation 47
CONCLUSION GENERALE 54
BIBLIOGRAPHIE 57
TABLE DES MATERES 59
ANNEXES i
--' 2 --'
INTRODUCTION GENERALE
Au Burkina Faso comme ailleurs en Afrique, la
décentralisation constitue un enjeu démocratique constant de
l'organisation de l'Etat et de la participation citoyenne. Elle intervient dans
un contexte de remise en cause de la forme centralisée des Etats,
confrontée à la récurrence des revendications identitaires
et régionales, mais aussi à l'échec des ambitions de
développement et des politiques d'ajustement structurel1. La
décentralisation est également envisagée comme une
solution pour rééquilibrer des prétentions territoriales
survalorisant les grandes villes au détriment d'immenses zones rurales
sous-exploitées et parfois sous-administrées. C'est pourquoi,
l'organisation de grandes conférences nationales au début des
années 1990 au Bénin, au Mali ou encore au Cameroun a
réussi à convaincre ces Etats de la nécessité
d'instituer dans leurs constitutions le principe de la libre administration
locale.
Pour ce qui concerne le cas spécifique du Burkina Faso,
le processus de décentralisation remonte à l'époque
coloniale avec la création des premières collectivités
territoriales. Il s'agit de la commune de Bobo-Dioulasso en 1926, celle de
Ouagadougou en 1952 et de six (06) autres communes à savoir Banfora,
Dori, Fada N'Gourma, Kaya, Koudougou et Ouahigouya en 19592. Ces
communes avaient pour particularité d'avoir à leur tête des
maires nommés. Des indépendances en 1960 jusqu'à
l'avènement de la quatrième république, la démarche
de la décentralisation s'est poursuivi sous diverses formes. Mais c'est
surtout en juin 1991 que le processus de décentralisation a
véritablement pris son envol avec la consécration du principe de
la libre administration des collectivités locales dans la Constitution
de la quatrième République qui venait d'être
adoptée. Cette consécration a été suivie par
l'adoption des cinq (05) premières lois de la décentralisation en
1993, lesquelles ont été suivies par les lois de 1998
communément appelées Textes d'orientation de la
décentralisation (TOD).
'Confer «le niveau d'appropriation et
d'effectivité de la décentralisation au Cameroun«
2 Loi n°41/59/AL du 9 décembre1959.
~ 3 ~
Sur le plan politique, il eut l'organisation des
premières élections municipales dans les trente-trois (33)
communes existantes, le12 février 1995.Cette expérience s'est
poursuivie en juillet et septembre 2000 avec quarante-neuf (49) communes
urbaines.
En décembre 2004, l'élaboration de la loi
n° 055-2004/AN du 21 décembre 2004 portant Code
général des collectivités territoriales (CGCT) viendra
donner au processus un nouveau souffle. Ce nouveau code marque l'orientation de
ce processus en fixant ses objectifs, ses enjeux, des stratégies, ses
outils et ses acteurs. L'application sur le terrain de ce code a abouti en 2006
à l'organisation d'élections dans l'ensemble commune, des maires
et des conseillers municipaux sur toute l'étendue du territoire marquant
ainsi les débuts de la communalisation intégrale.
En tant que modalité d'organisation de l'Etat, la
décentralisation « consacre le droit des collectivités
territoriales à s'administrer librement et à gérer des
affaires propres en vue de promouvoir le développement à la base
et de renforcer la gouvernance locale »3. Cette organisation
est caractérisée par un processus participatif utilisant les
compétences locales comme moteur du développement social et
économique. Elle prend aussi en compte les besoins primaires des
populations, assure le développement socio-économique, la lutte
contre la pauvreté à l'échelle territoriale et promeut les
valeurs démocratiques dans les actions de proximité. Il s'agit
donc d'un processus difficile qui nécessite un certain nombre de
prérequis. Selon OUATTARA. S (2005)4,"une des conditions
de réussite de la décentralisation est la maîtrise par les
différents acteurs de leurs rôles et leurs
responsabilités".
Cependant la réalité se présente de la
manière suivante : d'un coté, nous avons un nombre important de
textes juridiques5 relatifs à la décentralisation, et
de l'autre, des élus locaux en majorité analphabètes
à qui l'on demande d'appliquer ces textes. Comment concilier ces deux
réalités apparemment antagonistes ?
3 Article 2 du Code général des
collectivités territoriales.
4 OUATTARA, Soungalo Appolinaire. (2005) Code
général des collectivités territoriales : Comprendre et
pratiquer la décentralisation au Burkina Faso/Guide
illustré.
5 Voir bibliographie à la page 57
~ 4 ~
En d'autres termes, comment des élus en majorité
analphabètes et dépourvus de connaissances préalables sur
la gestion du pouvoir politique moderne peuvent-ils appréhender les
normes qui régissent ce nouveau mode de gestion de leur localité
et assurer convenablement les missions à eux conférées ?
Ce sont ces préoccupations qui ont suscité l'intérêt
de réfléchir sur le « le défi de
l'appropriation des textes de la décentralisation par les élus
locaux : cas de la commune rurale de Kampti ».
De ce qui précède, il se pose les
préoccupations suivantes : les élus locaux connaissent-ils les
textes de la décentralisation ? De façon plus précise, il
s'agira pour nous de savoir si les maires et les conseillers municipaux jouent
leur rôle conformément aux prescriptions juridiques ? Au regard de
la difficulté de la tâche, ont-ils les aptitudes
nécessaires pour conduire le processus à bon escient ?
Des motivations d'ordre personnel, professionnel et
scientifique justifient le choix du présent thème.
En effet, la commune de Kampti est la plus grande des communes
rurales du Burkina Faso en termes de nombre de conseillers. Natif de cette
localité, la connaissance empirique que nous avions de ses contraintes
et de ses atouts, nous a inspiré l'envie d'aller au-delà
notamment en y jetant un regard scientifique afin de mieux cerner ces
réalités.
S'agissant des raisons professionnelles, le choix de ce
thème se justifie par le fait que l'élaboration et la mise en
oeuvre de la politique de décentralisation sont une des
préoccupations chères à notre futur ministère de
tutelle, le ministère en charge de l'administration du territoire et de
la décentralisation.
Au plan scientifique, la question de l'appropriation de la
décentralisation par les acteurs locaux, nous paraît être la
condition sine qua non pour l'atteinte des objectifs de cette importante
politique d'organisation du territoire. Il nous paraît donc important de
lever le voile sur ce pan de la décentralisation, si l'on veut
contribuer à l'amélioration du processus.
Notre désir majeur est d'apporter notre contribution
à la réflexion pour une meilleure appropriation du processus de
décentralisation par les élus locaux de la commune de Kampti.
C'est à ce titre qu'ils pourront participer pleinement au
développement de leur localité et à l'enracinement de la
démocratie à la base.
~ 5 ~
Plus spécifiquement il s'agira pour nous de :
- faire un diagnostic du niveau de connaissance des textes de
la décentralisation en vue de déceler les faiblesses
rencontrées dans la mise en oeuvre des différentes politiques par
les maires et les conseillers.
- faire des suggestions en vue de permettre à ces
derniers de participer pleinement aux délibérations lors des
sessions et à l'animation de la vie publique.
- leur faciliter la préparation et la diffusion des
comptes rendu des délibérations du conseil municipal à la
population.
Pour pouvoir répondre convenablement aux
préoccupations ci-dessus soulevées il convient de formuler des
hypothèses.
De manière générale les élus
locaux ne se sont pas approprié les textes qui régissent la
décentralisation.
Plus spécifiquement, l'analphabétisme de la
majorité de ces élus locaux constitue une entrave à une
participation productive aux sessions du conseil municipal.
En outre, les élus de Kampti rencontrent des
difficultés dans la mise en oeuvre quotidienne de la politique de
décentralisation de façon générale.
L'évaluation de l'« appropriation des
textes » prend en compte deux dimensions qui sont : d'une part,
la compréhension du concept de décentralisation,
des notions qui y sont attachées et du rôle des élus
locaux. D'autre part la participation citoyenne au
processus.
Aussi, par textes de la décentralisation, nous
entendons nous intéresser essentiellement au CGCT.
Les indicateurs relatifs à la dimension
compréhension sont :
- le niveau de connaissances des élus locaux du concept
et des textes de la décentralisation et ses implications ;
- le degré d'animation de la vie publique ;
Les indicateurs relatifs à la dimension participation
citoyenne :
--' 6 --'
- Le taux de participation des populations aux sessions du
Conseil municipal ;
- Le taux de connaissance des organes communaux
Dans le but d'atteindre les objectifs ci-dessus
définis, la méthodologie utilisée part des pratiques de la
décentralisation telle que vécue par les principaux acteurs pour
en apprécier son appropriation.
La collecte des données s'est effectuée en
septembre 2014 à partir de plusieurs techniques complémentaires
dont la recherche documentaire, l'administration de questionnaires et la
réalisation d'entretiens. Notre échantillon d'étude
s'élève à cent cinquante (150) individus repartis sur
quinze villages (15)6. Il a été tiré aussi bien
au sein des conseillers municipaux (30), des membres du conseil villageois de
développement, (10) du personnel de la mairie (09), du préfet,
mais aussi de la population de la commune de Kampti avec une stratification
selon le genre (51 femmes et 49 hommes). La dissolution des conseils municipaux
intervenue en novembre 2014 à la suite de l'insurrection populaire ne
nous a pas permis de participer à une session du conseil municipal en
temps réel comme nous l'avions prévu, dans le but non seulement
d'observer son déroulement mais aussi de soumettre nos questionnaires
à l'ensemble des conseillers présents. Qu'à cela ne
tienne, les communications avec les ex-conseillers, les membres de la
délégation spéciale et les personnes de ressources se sont
poursuivies tout au long de la rédaction du document.
Notre travail s'articulera autour de deux grandes parties : la
première sera consacrée à l'étude du cadre normatif
de la décentralisation et à la présentation de la zone
d'étude. Dans la deuxième partie nous examinerons le niveau
d'appropriation des textes par les élus de la commune de Kampti pour en
repérer les difficultés et suggérer des solutions pour
l'amélioration du processus.
6Bantara, Bandadjara, Boussoura, Dinkabra,
Houlmana, Galgouli, Gbangbankora, Gongone, kampti-bouti, kapouré,
Konkouna, Kompi, Koursièra, Poltionao, Gnoyora,
~ 7 ~
|
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PREMIERE PARTIE :
CADRE NORMATIF DE LA DECENTRALISATION
ET PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE.
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Il s'agira en ces lieux, de donner des informations sur
Kampti, notre zone d'étude, pour montrer ses atouts et ses
difficultés. Mais auparavant il convient de faire l'état des
lieux des études déjà menées sur la
décentralisation. Aussi, Kampti étant une commune rurale, une
étude sur les règles juridiques relatives à l'organisation
et au fonctionnement de la commune de manière générale
permettra d'avoir une vue d'ensemble de notre sujet d'étude.
--' 8 --'
Chapitre I. Repères théoriques de la
recherche
La définition du thème dans un contexte
précis nous paraît fondamentale pour une meilleure
compréhension du problème. Ainsi, s'agira-il dans un premier
temps de passer en revue des études déjà effectuées
sur la question de l'appropriation de la décentralisation puis, de
définir les différents concepts qui y ont trait. Nous
étudierons l'organisation et le fonctionnement de la commune dans un
second lieu.
Section I. Approche conceptuelle
Dans le but de mieux cerner le champ de notre étude, il
s'avère nécessaire d'étudier l'évolution de la
réglementation qui gouverne le processus de décentralisation au
Burkina Faso. Aussi est-il bon de faire un aperçu de la documentation
relative à la question de l'appropriation de la décentralisation
puis de donner un contenu aux concepts liés à notre
thème.
Paragraphe I. Revue littéraire
La décentralisation est une nouvelle vision politique
adoptée par les Etats africains en vue susciter le décollage
économique et institutionnel. Cette approche du développement a
entrainé un regain d'intérêt de la part des chercheurs qui
l'appréhendent sous divers angles dans leurs travaux. La
problématique de l'appropriation de la décentralisation par les
acteurs locaux a intéressé certains d'entre eux.
? En 2005 (du 22 au 24 mars), le troisième Forum
du Réseau des Communications Sociales du Burkina Faso s'est
tenu à Bobo-Dioulasso.
Ce forum (ayant regroupé les acteurs venant du milieu
des Organisation de la Société Civile (OSC), des
ministères de l'Information, de l'Administration territoriale, des
municipalités, du monde universitaire et de la presse) a
été consacré à la recherche de solutions pour
l'enracinement et l'appropriation des textes de la décentralisation. Au
cours de ce forum, il a été essentiellement question du
développement, du partenariat nécessaire, de la mobilisation des
ressources, d'une vulgarisation et d'une meilleure appropriation des textes sur
la décentralisation, et la perspective de mise en place des communes
rurales.
~ 9 ~
Il a permis de dégager six problèmes majeurs qui
constituent des défis à relever. Ce sont : «
l'insuffisance d'information sur la décentralisation, l'insuffisance de
participation des citoyens et acteurs du développement au processus de
décentralisation, la non-appropriation de la décentralisation par
les communautés de base, la faible valorisation de l'expertise locale,
l'insuffisance de la culture citoyenne, et enfin, le déficit de
communication organisationnelle au niveau des instances municipales
»7.
? OUEDRAOGO, M. (2 007). La communalisation en milieu
rural : Les élus locaux peuvent-ils relever le défi ? Paris,
L'Harmattan, 103p.
L'auteur oriente son analyse sur l'expérience du
Burkina Faso en matière de décentralisation en mettant l'accent
sur les enjeux et défis à relever. Selon lui, la communalisation
est confrontée à d'énormes défis (d'ordre
politique, culturel, technique et financier) face auxquels les élus
locaux doivent jouer pleinement leur partition pour la réussite du
processus qui « passera forcément par l'amélioration de
la participation citoyenne des acteurs dans la conception et la mise en oeuvre
des programmes locaux de développement, le renforcement de la
démocratie locale et la bonne gouvernance dans la gestion des affaires
locales ».
Parmi ces nombreux défis M. OUEDRAOGO retient
l'inaccessibilité, par les élus locaux, aux documents
écrits à cause du taux élevé de
l'analphabétisme. Aussi, les intellectuels et les
privilégiés des secteurs privés distillent-ils les
informations en fonction de leurs intérêts. C'est ainsi que les
populations n'ont pas une vue d'ensemble sur les grandes orientations de leur
programme de développement et ne peuvent prendre part aux débats
d'idées face aux élites.
? Décentralisation et gouvernance locale en
Afrique : Etude comparative sur l'appropriation de la réforme par les
communautés rurales au Mali et au Burkina Faso, novembre 2007.
19p.
Dans ce rapport de synthèse dont le Docteur Moussa
SISSOKO est le coordonnateur scientifique, il est abordé la
problématique de la légitimité coutumière
7
http://www.lefaso.net/spip.php?article6517;
article publié par le Journal Sidwaya, le 31/03/2005 et visité le
10 novembre 2014.
~ 10 ~
en rapport avec l'appropriation des instruments de la
décentralisation en lien avec la participation citoyenne à la
gestion foncière dans les communes du Mali. La question de
l'appropriation de l'élaboration du budget communal par les élus
locaux, les citoyens, la société civile et les partis politiques
au niveau des communes rurales du Burkina Faso a également
été traitée. A ce niveau il est ressorti « qu'une
partie du conseil communal ainsi que les contribuables sont exclus de la
conception, de l'élaboration et de l'exécution du budget ».
Cet état de fait s'expliquerait par le faible niveau des élus.
? Les capacités des communes rurales au Burkina
Faso Naviguer entre l'apprentissage et le pré-requis, (p. 6 et
22), 76p. Par Moussa Ouédraogo, Evariste Millogo, Moussa Guiré,
Michel T. Kaboré, sous la direction de Bala W. Sanou et Thea Hilhorst
(2009).
Pour ces auteurs, la problématique du faible niveau
d'alphabétisation et de scolarisation des élus qui forment le
conseil municipal, organe délibérant de la commune concernent
tout autant certains maires non instruits. « Ces derniers qui constituent
les organes exécutifs, sont appelés à poser plusieurs
actes au nom de la commune, par exemple l'apposition de signature sur
différents types de documents (p. ex : les procès-verbaux des
sessions du conseil municipal, pièces d'état civil ou de
comptabilité) ; autant d'actes qui peuvent les engager sans qu'ils ne
puissent en connaître le contenu par leur manque d'instruction ».
? Rapport sur l'état des lieux de la
décentralisation, thème : appropriation sociale et politique de
la décentralisation, gouvernance locale. SP/CONAD, mars
2015,104p.
Ce document a été rédigé par un
groupe de dix-huit personnes spécialistes de la décentralisation
sous l'égide du Secrétariat permanent de la conférence
nationale de la décentralisation (SE/CONAD) en vue de dresser le bilan
de la décentralisation sous l'angle de son appropriation par les
acteurs.
Pour ce faire, ont été passées en revue
la définition et les bases juridiques de l'appropriation sociale et
politique, l'analyse critique de ces données juridiques, les dispositifs
de la communication, la participation citoyenne, et enfin la participation des
partis politiques. Pour ces auteurs, l'appropriation sociale et politique de
la
~ 11 ~
décentralisation est le « processus par lequel et
dans lequel les décideurs, les partis politiques, les OSC et les
citoyens comprennent, acceptent et valorisent la démarche de la
décentralisation en se transformant davantage en acteur qui participe de
façon consciente à la transformation de leur environnement social
et politique ». Cette appropriation trouve ses bases juridiques dans les
textes suivants : la Constitution (article 145) ; le CGCT (articles 11, 12, 48
et 52) ; l'axe 1 du Cadre stratégique de mise en oeuvre de la
décentralisation (CSMOD) ; du décret n°
2005-459/PRESS/PM/MFPRE du 31 août 2005 relative à la politique
nationale la bonne gouvernance (PNBG).
? Maîtrise d'ouvrage publique locale,
renforcement des capacités institutionnelles territoriales et
planification locale. SP/CONAD, mars 2015, 112p.
Ces domaines constituent des pans pris en compte par
l'étude de l'état des lieux de la décentralisation de mars
2015 ci-dessus mentionné. Dans ce document notre intérêt
s'est porté sur le renforcement des capacités des conseillers
municipaux. A ce niveau les statistiques sont les suivant : entre 2008 et 2013,
42 124 conseillers dont 19,98 % de femmes ont été touchés
sur plusieurs sessions portant sur 13 thèmes. En moyenne 6 582
conseillers ont été formés soit 47,71 % des conseillers
des communes rurales. Relativement à l'analphabétisme, le rapport
indique qu'elle reste un handicap majeur pour la population rurale de
manière générale. S'agissant des conseillers,
l'étude relève que pour la mandature 2012-2017 le profil des
élus locaux réalisé en 2013 montre que le taux
d'analphabétisme est de 47,59 %.
Paragraphe II. Définition des concepts
Pour la compréhension de notre sujet d'étude, il
est important de nous accorder sur le sens exact que nous donnons à des
concepts et d'éviter ainsi des quiproquos. Il s'agit de :
défi, appropriation des textes, décentralisation et
élus locaux.
Le défi est défini par le
dictionnaire Microsoft encarta édition 2008 comme étant une
« entreprise difficile qui met à l'épreuve les
capacités ou les compétences d'une personne ou d'un groupe de
personnes dans un domaine particulier ». En effet le processus de
décentralisation est relativement récent dans les communes
rurales dont Kampti (2006-2014) soit huit (08) ans de pratique. Les élus
municipaux n'ont
--' 12 --'
donc pas bénéficié de suffisamment de
temps d'apprentissage et d'expérimentation sur les implications de la
décentralisation. Ainsi avons-nous d'une part des textes juridiques
écrits dans un langage ésotérique, complexe et d'autre
part des élus locaux faiblement lettrés. Alors, se posent
nécessairement des difficultés réelles pour ces derniers
à s'imprégner effectivement toute la législation qui
encadrant le processus.
Par le concept d'appropriation des textes,
nous percevons l'aspect de compréhension et de maîtrise par les
élus locaux, du contenu et des enjeux du processus de
décentralisation tels que déterminés par le CGCT, et
surtout leur engagement à le mettre en oeuvre. Elle consiste à
permettre à tous les acteurs impliqués de faire de la politique
de décentralisation leur affaire personnelle et de se mobiliser pour la
mettre en pratique. Elle est le socle pour une plus grande
implication et participation de tous les acteurs à la mise en oeuvre de
la décentralisation. En un mot, l'appropriation sous-entend
l'idée de maîtrise du processus pour sa meilleure
réalisation, aussi et surtout sa pratique pour la bonne gouvernance et
le développement communal en se basant sur les réalités
locales. Dans l'« axe 1 »8 du CSMOD (2006-2015),
l'appropriation sociale de la décentralisation au Burkina Faso vise le
passage de la situation d'acteurs passifs à celle d'acteurs actifs qui
« s'impliquent avec responsabilité citoyenne dans la gestion des
affaires locales ».
Quant à la décentralisation,
c'est le processus d'autopromotion qui consiste à
transférer des ressources et des compétences aux gouvernements
infranationaux (régions et communes...) afin qu'ils prennent librement
des décisions concertées avec les populations au sujet de leurs
besoins réels, leurs aspirations et leurs priorités en vue de
l'amélioration de leurs conditions de vie, du renforcement de la
gouvernance à la base et de la promotion du développement local.
Dans notre contexte, la décentralisation est porteuse de progrès
qui suppose une meilleure
8DECRET n° 2007-095/PRES/PM/MATD/MFB du 1er mars
2007 portant adoption du cadre stratégique de mise en oeuvre de la
décentralisation 2006-2015 À JO n°12 du 22/3/2007.
--' 13 --'
connaissance des rôles de chaque acteur mais surtout
leur engagement pour le développement de leur localité.
S'agissant des élus locaux, c'est
essentiellement l'ensemble des conseillers de la commune au sein duquel sont
élus les maires, les adjoints au maire et les présidents de
commission.
Après ces précisions, il s'avère utile
d'examiner l'organisation et le fonctionnement de la commune de manière
générale.
Section II. Organisation et fonctionnement de la commune
selon le
CGCT
Le code général des collectivités
territoriales désigne la commune comme « la collectivité
territoriale de base ». Aux termes de son l'article 27 La commune rurale
est « un regroupement de villages qui a une population d'au moins cinq
mille (5 000) habitants et dont les activités économiques
permettent de générer des ressources budgétaires propres
annuelles d'au moins cinq millions (5 000 000) de francs CFA ».
Elle est administrée par un organe délibérant, le
conseil municipal et un exécutif, le maire assisté de deux
adjoints. Chaque commune est composée de secteurs et/ou de villages. La
situation des organes délibérants et exécutifs, sera
successivement examinée dans ce paragraphe ci-après.
Paragraphe I. Le conseil municipal
Cette partie est consacrée à la
présentation de la composition, du fonctionnement et des attributions du
conseil municipal.
A) La composition du conseil
Le conseil municipal est composé de membres élus
au suffrage universel direct. Selon l'article 236 du code électoral,
« il est élu deux conseillers dans chaque village et/ou secteur de
la commune. Il est élu un conseiller supplémentaire dans chaque
village ou secteur dont la population est supérieure à cinq mille
habitants ». Le nombre de conseillers par commune est donc
déterminé par le nombre de secteur et/ou de village.
--' 14 --'
La variation dans le nombre de conseillers concerne la
distinction entre les communes de droit commun et les communes à statut
particulier. Le même article ci-dessus cité précise qu'il
est élu trois conseillers dans chaque secteur de la commune et deux
conseillers dans le village de l'arrondissement. Aussi, pour chaque tranche de
quinze mille (15 000) habitants, un conseiller supplémentaire est
élu sans que le nombre de conseillers par secteur ne puisse
excéder six (06).
B) Les attributions et le fonctionnement du conseil
municipal
Le conseil municipal exerce en substance trois sortes de
compétences selon les termes des articles 224 et 225 du CGCT :
Il est d'abord l'organe délibérant qui
définit, les grandes orientations du développement de la commune,
adopte les plans de développement, d'une manière
générale, règle par ses délibérations les
affaires de la commune. Il délibère notamment sur le budget, les
comptes administratifs et de gestion, les taux des taxes et redevances
perçues directement par la commune, les emprunts à contracter,
les acquisitions ou échanges de biens mobiliers ou immobiliers. Le
conseil municipal délibère également sur les affaires de
la commune.
Il exerce aussi des compétences consultatives
à l'égard des autres personnes publiques. Il donne son avis
s'il est consulté par les autres collectivités publiques (Etat et
collectivités territoriales). L'article 225 énonce que le conseil
municipal est consulté sur les décisions à prendre par
d'autres organes, dans l'intérêt de la commune et qui engagent sa
responsabilité.
Enfin, le conseil municipal exerce des fonctions de
contrôle. Il contrôle l'exécution des plans de
développement et en assure périodiquement l'évaluation.
D'une manière générale il contrôle l'action du
maire. Ce pouvoir de contrôle est important en ce sens que par exemple la
motion de défiance peut entraîner la révocation du
maire.
Pour faciliter ce contrôle, l'article 225 prévoit
l'obligation pour le maire de rendre compte au conseil par un rapport dans le
premier trimestre chaque année. Ce rapport peut donner lieu à des
questions mais pas de motion contre le conseil.
--' 15 --'
S'agissant du fonctionnement, le conseil se réunit en
session ordinaire une fois par trimestre pour une durée
n'excédant pas cinq (05) jours. Il se réunit en session
extraordinaire pour une durée n'excédant pas trois (03) jours
à la demande du maire, d'un président de commission permanente,
ou d'un tiers (1/3) des membres du conseil municipal. Le conseil ne peut
valablement se réunir que si les deux tiers (2/3) des membres sont
présents ou représentés.
Les délibérations sont prises à la
majorité simple des membres présents.
Sur le plan organisationnel, il est institué au sein du
conseil municipal quatre (04) commissions permanentes9. Il s'agit de
la commission :
« Affaires générales », sociales et
culturelles » ; « Affaires économiques et financières
» ; « Environnement et développement » ; et celle de
l'« Aménagement du territoire et gestion foncière ».
Des commissions ad hoc peuvent être créées
pour des questions spécifiques, précise le CGCT.
Il est institué en plus, un conseil villageois de
développement (CVD) dans chaque village qui est chargé sous
l'autorité du conseil municipal de procéder à
l'élaboration et à la mise en oeuvre des plans de
développement, de contribuer au développement local et de
participer aux activités des commissions. Le CGCT interdit au maire et
adjoint au maire d'être membres dirigeants du CVD.
Les CVD qui remplacent les CVGT (Commission villageois de
gestion des terroirs) sont inspirés des structures de gestion des
terroirs mis en place par les programmes de développement. Ces
expériences consistent en la création d'institutions villageoises
ou inter-villageoises de gestion des terroirs qui participent à la
détermination des espaces aménagés et à la gestion
des aménagements ruraux. Ces institutions comprennent les
autorités coutumières et les institutions associatives diverses
qui promeuvent le développement et la coopération villageoise.
Les CVD
9Loi n°065-2009/AN du 21 décembre 2009
portant modification de la loi n°055 2004-AN du 21 décembre 2004
portant code général des collectivités territoriales au
Burkina Faso y a ajouté la quatrième commission
--' 16 --'
sont créés dans les villages des communes
rurales et dans les villages dit rattachés aux communes urbaines. Aussi
l'article 03 du décret 2007-032/PRES/PM/MATD du 22 janvier 2007
précise-t-il que le CVD est le regroupement de l'ensemble des forces
vives du village. Ses organes sont constitués d'une assemblée
générale et d'un bureau. Le bureau se compose de douze (12)
membres. Le mandat du bureau est de trois (03) ans renouvelables deux (02)
fois. Le bureau peut créer des commissions spécialisées en
fonction des activités initiées dans le village.
En ce qui concerne la désignation des membres du
bureau, l'article 05 du décret dispose que le maire convoque
l'Assemblée Générale (AG) de mise en place du bureau et
celle-ci désigne les membres par consensus ou par voie
d'élection.
Paragraphe II. L'exécutif municipal et
l'administration communale
Selon les dispositions du CGCT, l'organe exécutif de la
commune est le maire. Il est assisté dans cette tâche par deux
adjoints. Dans notre développement, nous nous intéresserons aussi
bien à cet organe proprement dit, mais aussi à l'administration
de la commune et du village.
A) Le maire et les adjoints au maire
Le maire et ses adjoints sont élus pour la même
durée que le conseil municipal, c'est-à-dire cinq (5) ans. Ils
sont élus par le conseil lors de la première réunion
convoquée par le préfet ou le haut-commissaire. Ils sont
élus à la majorité absolue des membres composant le
conseil. Il est prévu que si l'on n'atteint pas la majorité
absolue, ils peuvent être élus à la majorité
relative.
Selon l'article 219 du CGCT, le maire est l'organe
exécutif et à ce titre, il exécute les
délibérations du Conseil municipal. L'exécutif n'est donc
pas collégial. Néanmoins, l'alinéa 02 lui fait obligation
de déléguer sous sa responsabilité une partie de ses
attributions au profit des adjoints.
En tant qu'organe exécutif, il est l'ordonnateur du
budget communal et représente la commune dans les actes de la vie civile
et en justice (article 256 et 257). Il répond des travaux de la commune.
Le maire exerce aussi des attributions déléguées
c'est-à-dire des attributions qui relèvent des missions
régaliennes de l'Etat. C'est à ce titre
~ 17 ~
qu'il est un officier d'état civil et officier de
police judiciaire (article 260). On remarque que c'est dans le domaine des
attributions déléguées que le maire reçoit un
pouvoir qu'il exerce par voie d'arrêté.
Les adjoints exercent des attributions qui leur sont
déléguées par le maire. Ils sont aussi officiers
d'état civil et officiers de police judiciaire et assurent
l'intérim du maire dans l'ordre de leur énumération.
B) L'administration de la commune et des
villages
L'administration peut plus ou moins être
étoffée selon les moyens de la commune. Le maire est le chef de
l'administration, il organise les services à caractère
administratif, industriel et commercial. Certains services doivent être
obligatoirement mis en place notamment l'état civil et les régies
de recettes.
L'article 294 prévoit que « lorsqu'au moment de sa
création une commune ne possède pas de biens propres, l'Etat met
à sa disposition les moyens nécessaires au fonctionnement des
services transférés ». L'Etat peut aussi à titre de
soutien, céder à la commune des biens lui appartenant et
situés dans le territoire communal.
Le maire est assisté dans ses fonctions administratives
d'un secrétaire général de mairie. Il peut être un
agent de l'Etat détaché ou mis à la disposition de la
commune.
Le secrétaire général exerce des
attributions de coordination administrative et technique des services de la
mairie, de gestion du personnel et des relations techniques avec l'Etat. Il
peut recevoir délégation de signature du maire dans certains
domaines.
S'agissant de l'administration des villages, l'article 2 du
décret 2007-032/PRES/PM/MATD dispose que « le conseil villageois de
développement est organisé sous la tutelle du conseil municipal
qui supervise sa mise en place » L'article 11 du CGCT dispose de
manière générale que le Conseil villageois de
développement assure la gestion quotidienne des activités du
village. A ce titre, il examine et émet des avis écrits et
motivés sur les projets et programmes de développement concernant
le village. Il peut se saisir d'initiative, de toute question touchant au
développement du village et émettre des recommandations
circonstancielles...
--' 18 --'
Certaines dispositions évoquent par contre des rapports
d'autorité ou de tutelle avec le maire. Les articles 12 et 20 du CGCT
indiquent que ce conseil villageois rend compte au maire par un rapport annuel.
Son président rend compte au maire de l'exécution des projets et
programmes de développement. De même l'article 23 dispose que son
bureau est tenu de transmettre les Procès-verbaux (PV) au maire. Toutes
ces dispositions ne sont pas très expressives sur la nature des rapports
entre le maire et le CVD (par exemple, la question de savoir si le maire peut
suspendre une décision du CVD ou au contraire l'annuler n'est pas
clairement précisée).
En somme, de nombreux écrits existent sur la question
de l'appropriation de la décentralisation par les élus locaux
montrant ainsi l'importance de ce volet dans la mise en oeuvre du processus.
Aussi, les dispositions juridiques relatives aux rôles des élus
locaux sont assez explicites dans le CGCT.
Après l'examen de l'armature juridique relative
à la décentralisation, il ne sera pas moins intéressant de
présenter la particularité de notre zone d'étude.
-' 19 -'
Chapitre II. Présentation de la commune de
Kampti
Il sera question dans ce chapitre, de faire connaître la
commune de Kampti, qui constitue notre zone d'étude. Cette
présentation permettra de mettre en relief les opportunités
économiques sur lesquelles la commune peut s'appuyer pour se
développer. En outre, elle mettra à nu les difficultés
dont les élus devraient tenir compte dans la mise en oeuvre de la
décentralisation. C'est dans cette optique que nous examinerons d'une
part la géographie et l'organisation politique de Kampti et d'autre
part, la population et les potentialités économiques du
milieu.
Section I. Aperçu général de la
commune de Kampti
Dans cette partie nous allons passer en revue la
géographie et l'organisation administrative de la commune.
Paragraphe I. Situation géographique
La commune rurale de Kampti est l'une des dix (10) communes
que comprend la province du Poni. Cette province est située dans la
Région du Sud-ouest du Burkina Faso. En plus du Poni, la Région
compte les provinces du Ioba, de la Bougouriba, et du Noumbiel. (Cf : carte
n° 1)
La commune rurale de Kampti est située à
l'extrême sud du pays. Elle est limitée :
- à l'Ouest par la commune rurale de Djigoué
(province du Poni) ;
- à l'Est par la commune rurale de Midebdo (province du
Noumbiel) ;
- au Nord-est par la commune de Périgban (province du
Poni) ;
- au Nord-Ouest par la commune rurale de Loropéni
(province de la Comoé) ;
- au Sud par la ville de Doropo (République de Côte
d'Ivoire).
Elle couvre une superficie de mille trois cent
quatre-vingt-onze (1 391) km2 soit 16,55 % de la superficie de la
province du Poni. Pour une population estimée à quarante-quatre
mille vingt-six (44 026) habitants au recensement général de la
population et de l'habitat (RGPH) de l'année 2006, la densité
moyenne est de vingt-cinq (25) habitants au km2.
--' 20 --'
L'agglomération de Kampti en est le chef-lieu. Elle est
située sur la route nationale n° 12, (bitumée depuis 2003)
Quatre cent vingt (420) km la séparent de la capitale Ouagadougou, et
vingt (20) km de la frontière avec la République de Côte
d'Ivoire.
Carte n° 1 : Localisation de la commune
de Kampti dans la province du Poni
source : Plan Communal de Développement de
Kampti
Paragraphe II. L'organisation administrative
A) Les étapes de l'évolution administrative
de la commune de Kampti
Au plan administratif, la commune de Kampti a connu une longue
série de mutations. En effet, dès le lendemain de la
création de la colonie de Haute-Volta en 1919, Kampti était un
poste militaire. Elle fut érigée en subdivision administrative,
puis en cercle en 1965. En 1979 Kampti acquiert le statut de
sous-préfecture. Pendant la Révolution de 1983 la localité
devient un département et en 1987 elle acquiert le statut de commune de
moyen exercice. Depuis 2005, à la faveur de la loi N° 055-2004/AN
portant CGCT au Burkina Faso, Kampti devient une commune rurale.
Selon le recensement administratif réalisé par
le Ministère de l'administration territoriale et de la
décentralisation en décembre 2004, la commune rurale compte
-' 21 -'
117 villages. (Cf : carte n° 2). Conformément aux
dispositions de l'article 236 du code électoral, le conseil municipal de
Kampti compte 234 élus dont 37 femmes. Jusqu'au 18 novembre 2014, la
date de la dissolution des conseils municipaux du Burkina Fasse, le conseil
municipal siégeait avec 234 élus. Les partis politiques qui
siégeaient au conseil municipal sont : le Congrès pour la
démocratie et le progrès (CDP), l'Union pour le progrès et
le changement (UPC), et l'union pour la renaissance/Parti sankariste
(UNIR/PS).
Aussi, dans la mise en oeuvre de la décentralisation,
la commune de Kampti est accompagnée par des partenaires techniques et
financiers qui interviennent dans le renforcement des capacités des
acteurs et la réalisation des infrastructures. Il s'agit du
deuxième Programme National de Gestion des Terroirs (PNGT2) ; du Fonds
d'investissement pour les collectivités décentralisées
(FICOD) ; du Programme Décentralisation et Développement des
Communes (PDDC/GIZ) ; du Programme eau et assainissement (PEA/KFW) ; du Fonds
Permanent pour le Développement des Collectivités Territoriales
(FPDCT) et enfin, du Millenium Challenge Account (MCA).
Carte n° 2 : Carte administrative de la
commune de Kampti
Source : PCD de Kampti
--' 22 --'
B) L'Intervention des services
déconcentrés
Depuis l'érection du département en commune
rurale on dénombre les principales institutions ci-après sur
l'espace communal de Kampti :
La préfecture. Elle est dirigée par un
préfet qui est le représentant de l'administration centrale. Il
assure la coordination des services déconcentrés et apporte un
appui conseil au conseil municipal.
L'administration centrale intervient dans la commune à
travers ses services déconcentrés que sont : la Circonscription
d'Enseignement de Base (CEB) ; les Centres de Santé et de Promotion
Sociale, et les dispensaires ; l'action sociale ; la Zone d'appui technique
(ZAT) pour l'agriculture ; la Zone d'Appui Technique et d'Elevage (ZATE) ; le
service départemental de l'environnement ; le service phytosanitaire ;
la perception ; le commissariat de district; la douane et la brigade
territorial de gendarmerie.
L'éducation et la santé constituent des secteurs
de base indispensables à tout développement. Dans ces secteurs,
la commune dispose d'un certain nombre d'infrastructures.
Dans le domaine de l'éducation, le préscolaire
existe depuis 1998d'après les données du Plan communal de
développement (PCD) de Kampti. Quant à l'enseignement primaire,
il comptait trente-deux (32) écoles en 2007 avec un total de
quatre-vingt-seize (96) salles de classe, cinquante-six (56) logements
d'enseignants. Les indicateurs scolaires au niveau de la commune sont : un
ratio de quarante et un (41) élèves pour un enseignant et un
ratio de quarante-quatre (44) élèves par classe. S'agissant de
l'enseignement secondaire, la commune de Kampti dispose d'un lycée
départemental, d'un lycée communal et de deux collèges
municipaux.
Par ailleurs, la commune de Kampti dispose de neuf (09)
centres d'alphabétisation et un centre de formation technique. Les
apprenants sont formés aux métiers du tissage, de la
mécanique, de la menuiserie et de la couture.
S'agissant du domaine de la santé, le système
sanitaire de Kampti est composé d'un Centre médical et de sept
(07) Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS)
transférés par l'Etat. Aussi, l'ensemble des formations
sanitaires de la commune
--' 23 --'
produisent des services de qualité acceptable.
Cependant, leur fréquentation par les populations est dans l'ensemble
faible. En effet, il est vrai que la norme est d'un CSPS pour dix mille (10
000) habitants, et que le ratio est d'environ huit mille (8 000) habitants par
CSPS. Ces chiffres peuvent laisser croire que la commune de Kampti est dans les
règles de l'OMS, alors qu'il n'en n'est rien. Paradoxalement,
l'accès très difficile aux centres de santé et
l'inaccessibilité financière liée au prix de certains
produits relativement élevés expliqueraient en partie ce faible
taux de fréquentation.
Section II. Etude démographique et
potentialités économiques du
milieu
Nous analyserons ici la composition de la population de Kampti
avant de nous intéresser aux ressources naturelles et aux chances
économiques qu'offre la localité.
Paragraphe I. Dynamique démographique de
Kampti
Les populations de la commune rurale de Kampti se sont
installées par vagues successives, en provenance du Ghana actuel. Selon
les données du Plan communal de développement les Thouni sont les
premiers occupants. Ensuite s'installèrent les Lobi, beaucoup plus
nombreux, puis les Birifor. Les Lobi, l'ethnie majoritaire, représentent
trois quarts (3/4) de la population communale.
Après les Lobi et les Birifor, sont arrivés les
Dioula (peuple commerçant), à la fin du XIXe siècle,
à l'époque de la bataille de Kong10.
Enfin, on note l'installation relativement récente des
Mossé et des Peulh venus du centre et du nord du pays à la suite
des sécheresses successives et de la pression foncière, pour
tirer partie des terres plus fertiles pour l'agriculture et des pâturages
pour leurs animaux.
10La ville marchande de Kong, dominée par
les commerçants dioulas a été détruite en 1895 par,
Samory TOURE qui reprochait à ces derniers de rechercher, contre lui,
l'alliance française. Microsoft ® Encarta ® 2009. (c)
1993-2008 Microsoft Corporation.
De façon générale, la population de la
commune de Kampti est majoritairement très jeune. Les enfants de moins
de 20 ans représentent 58,09 % de la population totale. Quant aux
femmes, elles représentent 50,24 % de la population totale. En outre, la
population active, représente 46,70 %.
Au plan religieux, trois principales religions sont
pratiquées dans la commune. Il s'agit de l'animisme (pratiqué par
la majorité de la population autochtone) ; de l'islam et du
christianisme.
Selon les données du recensement administratif
réalisé en décembre 2004 par le Ministère de
l'Administration Territoriale, quatorze villages de la commune de Kampti
avaient plus de cinq cent(500) habitants. Galgouli, Guirina, Kompi, Niolkar,
Setounduo et Tompomena étaient les plus peuplées. Tandis que six
villages avaient moins de 100 habitants chacun. Le chef-lieu de la commune de
Kampti est le plus peuplé avec une population de sept mille quatre cent
soixante-huit (7 468) habitants.
Paragraphe II. Ressources naturelles et
potentialités socio- économiques de
la commune de Kampti
Il s'agira de mener la réflexion autour des questions
que sont : les ressources naturelles du milieu et les activités
socio-économiques exercées par la population.
A) Ressources naturelles de la commune
Le milieu physique de la commune de Kampti présente des
particularités climatiques, végétales et minières
sur lesquelles elle peut s'appuyer pour assurer son essor économique.
En effet, la commune de Kampti est sous un climat de type
soudano-guinéen caractérisé par deux saisons : une saison
pluvieuse humide qui dure de mai à octobre et une saison sèche,
qui va de novembre à avril. En moyenne, 1 143,94 mm11 de
pluie sont relevés chaque année sur une période moyenne de
six
-' 24 -'
11Selon les données du PCD de la commune de
Kampti.
-' 25 -'
(6) mois. Les plus fortes quantités d'eau sont
enregistrées au cours des mois d'août et de septembre.
En ce qui concerne les ressources en eau, la commune compte
quatre (04) principales rivières (localisées au Nord, au Centre,
à l'Ouest et au Sud) ; trois (03) marigots (à Toroyiri, Mamina et
Logolana) ; un (01) barrage (à Poniro) et une (01) retenue d'eau
(à Gbangbankora). Ces eaux de surface servent principalement à
l'abreuvement des animaux, l'utilisation domestique et à la production
maraîchère et halieutique. En dehors du barrage et de la retenue
d'eau, les eaux de la plupart des plans d'eau de la commune tarissent
dès le début de la saison sèche. D'une manière
générale, le tarissement des ressources en eau est dû
à la faible capacité de stockage occasionnée par
l'ensablement. Quant aux ressources en eaux souterraines, elles sont
exploitées à travers des forages et des puits à grands
diamètres.
Concernant les sols, trois (03) principaux types sont
rencontrés dans la localité. Il s'agit des sols sablonneux qui
sont les plus répandus sur le terroir, des sols gravillonnaires, et des
sols argileux. Aussi, la commune dispose d'environ sept cent (700) hectares de
bas-fonds sur lesquels seuls cent (100) hectares sont aménagés.
De manière globale les terres cultivées représentent
environ trois (3 %) pour cent de la superficie totale de la commune. Les autres
quatre-vingt-dix-sept (97 %) pour cent sont occupées par la forêt
galerie le long des cours d'eau ; la savane arborée et la savane
boisée guinéenne beaucoup plus dense. Comme espèces
végétales dominantes, on y trouve le karité
(Butyrospernumparkii) et le néré
(Parkiabiglobosa). On note aussi la présence d'importantes
superficies de plantations d'arbres comme l'anacardier (Anacardium
occidentale), le manguier et le teck. En outre, le tapis herbacé est
très fourni en saison pluvieuse avec principalement des espèces
de la famille des andropogons. Par ailleurs, la pression foncière est
faible dans la commune rurale de Kampti, toutefois, des conflits fonciers entre
agriculteurs et éleveurs sont signalés.
S'agissant de la faune, elle est composée
essentiellement du petit gibier. On y trouve quelques biches, des
lièvres, des reptiles, de petits rongeurs et une diversité
d'espèces d'oiseaux.
B) Les potentialités socio-économiques du
milieu
Les atouts du domaine économique peuvent être
perçus dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire.
1) Les activités économiques du secteur
primaire
Dans ce secteur, l'agriculture est la principale
activité pourvoyeuse d'emplois. Elle occupe la majorité de la
population communale. C'est principalement une agriculture de subsistance avec
les principales spéculations que sont : le maïs, le sorgho, le mil,
le riz, le niébé, l'igname, le manioc, la patate. En
matière de culture de rente, la commune de Kampti est surtout
réputée pour sa production en igname.
En plus de l'agriculture, la production
maraîchère est aussi importante. Les principales zones qui
pratiquent cette activité sont : Gbangbankora, Loglona et Kompi. Le
village de Kompi s'est spécialisé dans la production de la tomate
qui est vendue dans les marchés de Kampti, de Gaoua et de la Côte
d'Ivoire voisine.
En outre, l'arboriculture est en pleine expansion dans la
commune depuis un certain temps avec les manguiers comme arbres de
prédilection. La production d'anacarde connaît un essor ces dix
(10) dernières années surtout dans les villages de Galgouli et
Irinao. Elle apparaît comme une nouvelle source de revenus pour la
population. A ce jour, les superficies de plantations d'anacardiers sont
estimées à plus de cent (100) hectares12 et la
tendance est à l'augmentation. Les productions sont
écoulées vers la Côte d'Ivoire et le Ghana. Le bananier est
également un arbre qui réussit bien dans la localité. Sa
plantation avait été entreprise dans le bas-fond de Kompi. Ce fut
une belle réussite, cependant les problèmes de mévente ont
fini par décourager les producteurs.
Le secteur primaire, c'est aussi l'élevage qui est en
général associé à l'agriculture. Les principales
espèces élevées sont les bovins, les caprins, les ovins,
les porcins et la volaille (poule, pintade, dindon, canard). La commune
disposait d'un cheptel très important. Cependant la production
animalière dans la commune est confrontée à
--' 26 --'
12 PCD de Kampti
--' 27 --'
plusieurs contraintes pathologiques et organisationnelles.
L'insuffisance de couloirs de passage, de pistes à bétail et des
zones de pâture et l'absence de sensibilisation entraîne
très souvent des conflits entre transhumants et agriculteurs, et
constitue de ce fait, une entrave au développement de l'élevage
traditionnel. Si ce secteur était bien organisé, et les acteurs
formés, il pourrait contribuer davantage à améliorer la
production agricole grâce à la fourniture d'animaux de trait et de
la fumure organique, mais surtout à améliorer les recettes
municipales par la perception des taxes sur la vente du bétail,
l'abattage, etc. Pour ce faire, il s'avère important de prendre des
mesures visant à soutenir la production animale dans la commune.
Pour ce qui est de la pêche, c'est un domaine peu
développé. Elle est pratiquée de façon
traditionnelle principalement au niveau du barrage de Poniro situé
à environ six (06) km du centre-ville de Kampti. Au titre de la campagne
agricole 2006-2007, les services en charge de cette activité ont pu
enregistrer une production de deux tonnes de poisson. La production communale
de poisson est de loin très supérieure à cette
quantité car des captures de poisson échappent bien au suivi des
services techniques en charge de cette activité. C'est donc un secteur
prometteur à valoriser.
Tout comme la pêche, la chasse est pratiquée de
façon artisanale et sans un véritable contrôle des aires et
des périodes de chasse. Si des dispositions ne sont pas prises, cela
peut, à long terme, entraîner la disparition des ressources
fauniques.
2. Les activités économiques du
secondaire et du tertiaire
Il s'agit essentiellement de toutes les activités
économiques relatives à la transformation, la distribution et la
vente des produits.
La transformation industrielle proprement dite concerne
uniquement l'anacarde. Pour la transformation de ce fruit une unité de
transformation existe dans la commune et emploie une vingtaine de femmes.
Outre cette activité, l'exercice du commerce est
également pratiqué par une bonne partie de la population. Il
concerne les produits agricoles bruts (maïs, sorgho, niébé,
riz, igname, mil) mais aussi les produits finis ou semi-finis tels que l'huile
d'arachide, la bière locale, le beurre de karité. Le commerce du
dolo (bière locale) est très important. Il est surtout tenu par
les femmes et leur permet de générer des revenus. Par ailleurs le
marché le plus important en termes de volume des échanges de
--' 28 --'
produits est celui de l'agglomération de Kampti.
Cependant la place du marché est devenue exiguë au fil du temps et
nécessite un agrandissement.
Dans le domaine du transport, la commune rurale de Kampti est
desservie par trois (03) principales sociétés privées de
transport que sont STAF, SAB Transport (Abidjan-Gaoua) et TSR. En
général, le trafic de passagers et de marchandises se fait entre
les marchés des villages, Gaoua, Djigoué, Loropéni,
Perigban, mais aussi ceux de Bobo-Dioulasso, Ouagadougou et des villes
frontalières avec la Côte d'Ivoire (Doropo, Bouna). A ces
sociétés de transport s'ajoutent une trentaine de transporteurs
locaux propriétaires de véhicules de taille moyenne et de
tricycles qui ont émergé à la faveur de l'orpaillage. Ces
derniers desservent ces sites au quotidien. Il est à noter que les
routes, pistes rurales et les voies d'accès au chef-lieu de la commune
sont assez bonnes. Le bitumage de la route nationale RN 12 facilite la
circulation et les échanges avec les autres communes et la Côte
d'Ivoire.
Dans la commune de Kampti, il n'existe pas de réseau
électrique public pour la fourniture en électricité. Pour
l'éclairage, les commerces et quelques familles utilisent des groupes
électrogènes, des panneaux solaires et des batteries.
En matière de communication téléphonique,
la commune est couverte par un réseau de téléphonie fixe :
l'office national de télécommunication (ONATEL) et trois
réseaux de téléphonie mobile, AIRTEL, TELMOB et TELECEL.
Quant à la couverture radio, la commune est couverte par Radio Gaoua. La
couverture télé quant à elle est partielle.
L'exploitation artisanale de l'or est un secteur très
important dans l'économie de la localité. Sept (07) principaux
sites d'or y sont répertoriés. Cette activité offre des
opportunités énormes aux populations comme la vente de bois,
d'eau, de nourriture et d'articles divers. Toutefois, la pratique de
l'orpaillage engendre des conséquences fâcheuses aussi bien sur
l'environnement (destruction du couvert végétal) et l'occupation
des champs de culture, que sur le plan social (prostitution, drogue,
insécurité).
--' 29 --'
C) Les activités culturelles et
sportives
La commune compte plusieurs associations fonctionnelles de
types socioculturel, musical et sportif. Il s'agit de troupes traditionnelles,
de clubs de football et d'associations intervenant dans le domaine de la lutte
contre le VIH/SIDA, de la culture, de l'alphabétisation, des : Orphelins
et enfants vulnérables (OEV), de l'environnement, etc. On note
l'existence d'un club de football et d'un terrain de sport très peu
aménagé au niveau du chef-lieu de la commune.
En définitive, on peut dire que la commune de Kampti
est un espace « gâté » par la nature. Les sols et les
sous-sols sont riches et favorables à l'agriculture, l'élevage et
l'exploitation minière, pour peu que ses secteurs soient
organisés et les acteurs suffisamment formés. Le
développement de la commune dépendra donc de la capacité
et du dynamisme des acteurs politiques locaux.
C'est pourquoi, il est important de s'interroger sur ce qu'il
en est de la mise en oeuvre quotidienne de la décentralisation par les
élus de la commune rurale de Kampti.
DECENTRALISATION PAR LES ELUS DE LA COMMUNE DE
KAMPTI
APPROCHE DU NIVEAU D'APPROPRIATION DES TEXTES DE
LA
DEUXIEME PARTIE :
--' 30 --'
Cette partie interrogera les pratiques en cours en
matière d'exercice des attributions légalement
transférées aux élus locaux ; l'analyse des pratiques de
terrain se base sur les résultats des entretiens et des questionnaires
administrés ainsi que les recherches ponctuelles effectuées. Nous
tenterons également de cerner les difficultés que les élus
locaux rencontrent dans l'appropriation de leur rôle et attribution avant
de formuler des propositions de solutions en vue d'améliorer leur
rendement.
-' 31 -'
Chapitre I. Etat des lieux de l'appropriation des
textes de la décentralisation par les élus locaux
Selon les termes du Cadre Stratégique de Mise en OEuvre
de la Décentralisation (CSMOD) 2006-2015, l'appropriation sociale «
consiste à faire en sorte que les populations et les organisations de la
société civile s'impliquent avec responsabilité citoyenne
dans la gestion des affaires locales ». Mais, qu'en-est-il de cette
appropriation de la décentralisation par les élus locaux ?
Section I. Evaluation de l'effectivité de la
décentralisation à travers la connaissance et l'application
des textes
Cette évaluation sera faite par l'analyse des questions
portant aussi bien sur la connaissance et la compréhension que les
élus ont de la notion de décentralisation et des concepts y
relatifs ainsi que de l'adhésion des citoyens au processus.
Paragraphe I. Appropriation des textes et concepts
liés à la décentralisation
Elle sera mesurée à travers les résultats
des données présentées dans les tableaux ci-dessous.
Tableau 1 : Perception des acteurs sur ce que recouvre
le concept de décentralisation
|
Acteurs
|
Nombre de
personnes interrogées
|
Réponse des
personnes enquêtées
|
Pourcentage
|
Les élus locaux
|
28
|
Réponses exactes
|
93,33%
|
02
|
Réponses inexactes
|
6,66%
|
La population
|
63
|
Réponses exactes
|
63%
|
37
|
Réponses inexactes
|
37%
|
Total
|
140
|
---
|
100%
|
Source : données d'enquêtes de
septembre 2014
La lecture des données ci-dessus rend compte du niveau
de connaissance théorique des élus locaux et de la population sur
le concept de décentralisation. Le concept est apparemment connu par les
acteurs concernés. Ainsi 93,33 % des élus et 63 % de la
population connaissent, ce que renferme cette nouvelle forme d'administration
du territoire. Outre ce pourcentage optimiste, les discours, les pratiques des
élus et des populations ne sont pas toujours en phase avec cette
perception de la responsabilité qui pèse à chaque citoyen
pour le développement de sa commune. C'est ainsi que l'incivisme fiscal
est une réalité indéniable à en croire les
collecteurs de taxes de la mairie. C'est pourtant sur ses contributions
individuelles de chaque citoyen que doit reposer le budget qui servira à
mettre en oeuvre les programmes de développement. En effet, nombreux
sont les citoyens qui disent ouvertement qu'ils ne payent pas de taxes parce
qu'ils ignorent jusque-là le bien fondé de cet acte. Aussi,
au-delà de leur contribution financière faible, verrons-nous plus
loin que les citoyens ne s'impliquent pas assez dans la gestion des affaires de
la commune de manière générale.
Que dire du comportement incompréhensible de certains
conseillers qui ne vont pas dans le sens des actions attendues d'eux. Si cela
est avéré, ces propos d'un conseiller au maire lorsque celui-ci
sollicitait leur soutien pour la sensibilisation des populations au sujet du
paiement des taxes et redevances en sont une illustration parfaite. «
Quand tu es venu ici pour la campagne électorale tu nous as promis la
construction d'établissements scolaires et sanitaires. C'est parce que
tu en avais les moyens n'est-ce pas ? Alors, vas les construire au lieu de
venir nous fatiguer ici »13. Ces
attitudes sont en porte à faux avec les réponses ci-dessus
exposées. Cela nous amène à douter de la connaissance
réelle encore moins de l'appropriation du concept de
décentralisation par ces acteurs.
Aussi, le tableau suivant nous permettra de nous situer sur la
connaissance par les conseillers, du Code général des
collectivités territoriales.
--' 32 --'
13Extrait de l'entretien du 10 septembre avec le
Maire.
Tableau 2 : Répartition des enquêtés
qui connaissent le CGCT.
|
Acteurs
|
Le CGC T
|
D'autres textes relatifs à la décentra lisation
|
Le
budget primitif
|
Le budget supplé mentai re
|
Le compte administr atif
|
Le compte de gestion
|
Les élus
|
Nombre
|
05
|
01
|
10
|
10
|
12
|
09
|
pourcent age
|
16,66 %
|
3,33%
|
33,33
|
33,33 %
|
40%
|
30%
|
Source : données d'enquêtes de
septembre 2014
Dans l'ensemble, les données de l'enquête
indiquent que le niveau de connaissance approximative du code
général des collectivités territoriales, texte de base de
la décentralisation, par les acteurs principaux de la
décentralisation est très faible, soit 16,66 %. En plus de ce
texte fondamental, toute la panoplie14 de lois et de
règlements relatifs à la décentralisation est
complètement méconnue par les élus en dehors des 3,33 %
d'entre eux. Les notions de budget primitif et de budget supplémentaire
ne semblent pas non plus assez appréhendées par les élus.
Ces données quantitatives en effet, sont la résultante de
réponses approximatives en vue de découvrir si
l'enquêté a déjà entendu ou à un minimum
d'idée sur ces notions. Ce n'était donc pas des réponses
élitistes que nous attendions d'eux auquel cas les pourcentages
tendraient vers zéro.
--' 33 --'
14 Confer : annexe 5
-' 34 -'
Paragraphe II. Perception adhésion de la
population au processus de décentralisation
Il s'agit de présenter les données relatives
à la réalité de la décentralisation telle que
vécue au quotidien par la population. Le graphique ci-dessus de voir
comment les populations apprécient l'engagement des conseillers dans
l'accomplissement de leur mission.
Graphique : Répartition des
enquêtés selon leur niveau de satisfaction par rapport à la
gestion de la commune par les élus de Kampti.
5%
78%
17%
Très satisfaisant Satisfaisant Insatisfaisant
Source : données d'enquêtes de
septembre 2014
Les résultats de l'enquête ci-dessus
présentés sur le graphique révèlent l'importance du
taux d'insatisfaction des citoyens relativement aux prestations et à
l'implication des élus dans la gestion des affaires locales, en
l'occurrence la résolution de leur préoccupation quotidienne (78
%). Contre une infime partie de la population enquêtée (5 %) qui
estime pour sa part, être satisfaite du travail des élus
locaux.
Cependant, les citoyens savent-ils s'ils peuvent assister aux
sessions du conseil municipal ? La réponse à cette question est
présentée dans le tableau ci-après.
-' 35 -'
Tableau 3 : Pourcentage des citoyens qui savent qu'ils
peuvent assister aux sessions
population
|
Nombre
|
Réponses des
personnes enquêtées
|
Pourcentage
|
17
|
|
Oui
|
17%
|
83
|
|
Non
|
83%
|
Total 100
|
|
---
|
100%
|
Source : données d'enquêtes de
septembre 2014
En ce qui concerne la participation aux sessions du conseil
municipal, très peu de citoyens (17 %) savent que ces sessions sont
publiques et qu'ils peuvent y assister. A les écouter, il ressort que
pour la plupart des répondants, les sessions relèvent des
prérogatives des conseillers : « ils sont payés pour
ça », affirment-ils. Pour eux, il n'appartient donc pas aux
citoyens d'aller « se mêler » de sessions du conseil
municipal.
Par ailleurs, les citoyens assistent-ils aux
différentes sessions du conseil municipal ? C'est ce que le tableau
suivant montrera.
Tableau 4 : Pourcentage des enquêtés qui ont
déjà assisté à une session.
|
|
|
|
population
|
|
Nombre
|
Réponses des
personnes enquêtées
|
Pourcentage
|
|
03
|
|
Oui
|
3%
|
|
97
|
|
Non
|
97%
|
Total
|
100
|
|
---
|
100%
|
|
|
|
|
Source : données d'enquêtes de
septembre 2014
A la lecture de ce tableau, il ressort que seulement 03 % des
citoyens de la commune ont au moins une fois assisté à une
session du conseil. Des citoyens
-' 36 -'
interrogés sur la question expliquent leur abstention
par des contraintes de temps, mais aussi par la démotivation et le
désintéressement. Mais la majorité d'entre eux avouent ne
pas assister aux sessions du conseil municipal parce qu'ils ignorent totalement
qu'ils y ont droit.
En dehors de toute participation aux sessions du conseil
municipal, les citoyens connaissent-ils leurs élus ? Les organes du
conseil municipal ?
Tableau 5 : répartition des
enquêtés qui connaissent les élus locaux et les organes du
conseil municipal.
|
Acteurs
|
Le maire
|
Les
adjoints au maire
|
Le conseil municipal
|
Les
commissions permanentes
|
Le CVD
|
Les
citoyens
|
Nombre
|
98
|
24
|
90
|
07
|
87
|
pourcentage
|
98%
|
24%
|
90%
|
07%
|
87%
|
Source : données d'enquêtes de
septembre 2014
A ce niveau les résultats de l'enquête montrent
que le maire, l'organe exécutif de la commune est beaucoup connu par la
population (98 %). Les répondants le connaissent nommément et
ressentent une certaine fierté à l'idée d'avoir à
la tête de leur localité un des leurs. Cette forte
réputation peut s'expliquer d'abord par le fait que ce dernier est
à son deuxième mandat. Ensuite il est de l'ethnie majoritaire,
jeune et « dynamique » selon les propos de certains citoyens. Enfin,
il réside de façon permanente dans la commune. En effet, c'est ce
dernier critère qui aurait joué pour son élection au
détriment du maire sortant et de tous les autres candidats
prétendants. Quant aux adjoints au maire, ils ne sont connus que par 24
% des citoyens enquêtés. Peut-être parce qu'ils sont moins
en vue et moins actifs sur le terrain. Le conseil municipal et le conseil
villageois de développement sont des organes également assez
connus par les administrés. Ces notions et expressions sont suffisamment
ancrées dans le vocable du citoyen lambda, chacun connaissant
dans son entourage au moins deux conseillers qui de
manière régulière se rendent à leur «
pbadérr »15.
A la lumière des données ci-dessus, le fort
constat est que l'effectivité de la décentralisation est loin
d'être un acquis. Les conseillers municipaux n'ont pas une
véritable connaissance des textes. En témoignent les pourcentages
relatifs à la connaissance du CGCT, des notions de budget, de compte
administratif etc. De même, à partir des données sur la
perception de la population vis-à-vis des organes communaux et des
sessions, nous pouvons également déduire la faiblesse de
l'adhésion de celle-ci au processus de décentralisation.
Dans cette même logique d'analyse, il est important de
savoir comment le conseil municipal de Kampti fonctionne au quotidien.
Section II. Fonctionnement des organes du conseil
municipal de Kampti et mise en oeuvre du principe du compte
rendu
Les données relatives au fonctionnement du conseil
municipal sont de type qualitatif. Elles concernent le fonctionnement quotidien
des organes et les conditions dans lesquelles se tiennent les sessions. Aussi
l'application du principe du compte rendu des sessions aux populations à
la base a-t-elle été examinée.
Paragraphe I. Le fonctionnement des organes du conseil
municipal
Le conseil municipal de Kampti compte deux cent trente-quatre
(234) conseillers dont trente-sept femmes (37). Vingt-six (26) conseillers sont
lettrés et diplômés ; diplômes allant du certificat
d'étude primaire à la licence. Le maire est bachelier, les deux
(02) adjoints au maire ont le niveau du secondaire et les présidents de
commission ont le certificat d'étude primaire.
--' 37 --'
15Rassemblement ou conseil municipal en langue locale,
lobiri.
--' 38 --'
Les missions exécutées par ces conseillers
seront passées au peigne fin à travers le fonctionnement des
différentes commissions, mais aussi du conseil municipal.
A) Le fonctionnement des commissions
Aux termes de l'article 221 du CGCT, il est institué
quatre (04) commissions permanentes au sein du conseil municipal. Chaque
commission a pour mission la gestion d'un domaine précis. Il s'agit des
domaines sociaux et culturels ; l'économie et les finances ;
l'environnement et le développement.
Dans la commune de Kampti, ces commissions sont
présidées par trois (03) conseillers et une (01)
conseillère. L'ensemble des conseillers est reparti dans les
différentes commissions. La seule femme du bureau du conseil municipal
est à la tête de la commission environnement et
développement local. De l'avis du secrétaire
général de la mairie, les responsables de commission, en
collaboration avec les autres conseillers arrivent tant bien que mal à
remplir les obligations qui leur incombent. Ils travaillent et rendent compte
de l'état d'exécution des lettres de mission qui leur sont
transmises par le maire. Ils sont rarement convoqués pour les travaux en
commission car leur apport n'est pas jugé conséquent. Leur
intervention se limite le plus souvent aux besoins de forages d'écoles
et d'établissements de santé pour leur village. Ils ne font
presque pas de propositions allant dans le sens d'initiatives à prendre
pour la mobilisation des recettes, la résolution de problème
particulier de développement durable, bref des orientations en
matière de développement de leur commune.
Quant aux commissions ad hoc, l'unique qui a
été mise en place en 2012 avait pour tâche de travailler en
collaboration avec le bureau d'étude qui avait été retenu
par le conseil municipal, en vue de l'élaboration du plan communal de
développement (PCD) de Kampti.
B) La tenue des sessions du conseil
municipal
L'examen des archives de la mairie (PV de session ; budget, et
autres rapports de l'ordonnateur) et les entretiens avec le personnel de la
mairie ont permis d'avoir des informations sur la tenue des sessions. Depuis la
première mandature en 2006 jusqu'en août 2014, les quatre sessions
ordinaires exigées par année n'ont pas
--' 39 --'
toujours été régulièrement
tenues16. En effet, au regard de la modestie du budget de la commune
et du nombre pléthorique de conseillers, seules deux sessions ordinaires
se tiennent par an. En plus des sessions ordinaires, quelques rares sessions
extraordinaires sont par moments intervenues. Cependant, de nos échanges
il est ressorti que, bien que les quorums soient atteints (présence de
deux tiers des membres à l'ouverture de la session)17 pour sa
tenue, le nombre d'absent - et surtout non excusé -- est assez important
à certains moments. C'est le cas surtout pendant la saison pluvieuse
où, les élus sont plus préoccupés par les travaux
champêtres. Comme illustration, la dernière session qui s'est
tenue en août 2014, n'avait enregistré que cent soixante-huit
(168) conseillers présents sur les deux cent trente-quatre (234) que
compte le conseil soit 66 absents. Un conseiller nous a témoigné
qu'il arrive des moments où il s'absente aux sessions du conseil parce
que les convocations ne lui parviennent pas. En effet, au regard du nombre
important de conseillers et de l'éloignement des villages du lieu de
tenue de la session, l'exécutif municipal dans le dispatching des
convocations pour les sessions se fait aider par les conseillers. Ainsi, chaque
conseiller ciblé par le maire a la charge de transmettre la convocation
à ses homologues des villages voisins. Cela montre toute la
difficulté qu'il y a à informer tous les conseillers à
temps.
S'agissant de la tenue proprement dite des sessions, elle se
fait principalement en français. Un résumé de
l'exposé est fait par un conseiller bénévole en langue
lobiri. Aussi, ressort-il de nos recherches que les débats sont
l'apanage des conseillers lettrés et l'intervention de quelques rares
conseillers non alphabétisés en langue lobiri.
Par ailleurs, de l'avis d'un riverain de la mairie, « au
cours des sessions, un grand nombre de conseillers désertent la salle
pour se diriger vers les cabarets. Quelques-uns reviennent après et
perturbent souvent les débats par des interventions peu raisonnables.
Mais la majorité ne revient qu'à la fin de la session pour entrer
en
16Conformément aux articles 233 et 234 du
CGCT
17 Article 238 du CGCT
~ 40 ~
possession de leur indemnité de session
»18.Ces propos ont été corroborés par
d'autres riverains et confirmés par le maire et bien d'autres
conseillers.
Paragraphe II. L'obligation de rendre compte
Il s'est agi ici, d'examiner la tenue des obligations des
élus dans l'entre-deux sessions. En effet l'article 11 du CGCT dispose :
« les habitants de la collectivité territoriale ont droit à
l'information sur la gestion des affaires locales ». Qu'en est-il dans la
pratique avec les conseillers municipaux ? Les conseillers font-ils le point
des délibérations des sessions aux populations qui les ont
élus ? Avant les sessions, consultent-ils leur base sur les
préoccupations à prendre en compte par le conseil ?
A ce sujet, 93 % des citoyens enquêtés
témoignent n'avoir jamais été consultés par leurs
conseillers sur les préoccupations de leur village. Aussi,
regrettent-ils que les conseillers ne leur rendent pas compte du contenu des
débats des différentes sessions municipales. En revanche des
conseillers, sans pour autant nier les faits, ont tenté de se
défendre. Une conseillère affirmait en ces termes : « j'ai
convoqué des rencontres pour faire le bilan des sessions du conseil
municipal à plusieurs reprises sans succès. Les gens refusent de
sortir. Ils ne comprennent rien aux rôles du conseiller municipal. Ils
disent que nous ne nous sommes fait élire que pour défendre nos
intérêts personnels ».Visiblement déçue, elle
termina par« Moi-même je ne me présenterai plus aux
prochaines élections municipales »19.
Par ailleurs, de l'analyse des modes de publicité et
d'archivage des comptes rendus de session, il est ressorti de nos entretiens
avec le personnel de la mairie, mais également du constat fait sur les
lieux, que divers modes de publicité sont privilégiés. Il
s'agit de : l'affichage d'informations diverses dans les locaux de la mairie,
la disponibilité des délibérations du conseil municipal et
du Plan Communal de Développement au Secrétariat
général de la mairie, les notifications de certaines
18Propos recueillis auprès des familles
riveraines de la mairie le 08 septembre 2014 dans le chef-lieu de la
commune.
19 Propos recueillis le 08 septembre 2014 dans le
chef-lieu de la commune.
décisions de nature individuelles aux
intéressés et la transmission aux conseillers des lettres de
convocation pour les différentes sessions. Aussi, un début de
diffusion large des informations sur la gestion de la commune a
été amorcé en septembre 2014 par le maire et son
équipe sur les ondes de la Radio Gaoua20. Ce jour-là,
l'émission avait pour but de : « faire connaître au grand
public et surtout aux citoyens de la commune de Kampti ce qu'est le Budget
supplémentaire et le compte administratif de la commune ; comment le
compte administratif de l'année 2013 et le budget supplémentaire
2014 sont élaborés ; répondre à la question de
savoir où la mairie trouve des ressources financières pour
exécuter le budget ; de rappeler les responsabilités des citoyens
dans la gestion des affaires de la commune »21.
L'initiative de cette émission animée en langue
lobiri a été bien accueillie par la population. En
témoigne l'engouement qu'il y a eu dans la participation des auditeurs
qui n'ont cessé d'appeler soit, pour poser des questions, faire des
reproches ou encore pour féliciter le maire et son équipe.
De ce qui précède, des obstacles réels
obstruent la maîtrise, par les élus locaux, de toutes les
exigences de la décentralisation. En effet, du fonctionnement des
commissions permanentes et ad hoc au respect de l'obligation de rendre compte,
en passant par la tenue des sessions, les irrégularités et les
insuffisances subséquentes à la méconnaissances des textes
par les élus sont légions.
C'est pourquoi, il y a lieu d'examiner ces diverses
difficultés et insuffisances afin d'envisager des solutions pour y
remédier.
--' 41 --'
20 C'est la station radio publique qui dessert toute
la province du PONI
21 Entretien avec le maire de Kampti le 04 septembre
2014.
-' 42 -'
Chapitre II. Entraves à l'appropriation des
textes de la décentralisation et suggestions pour y
remédier
En dépit des nombreux efforts fournis par l'Etat, les
partenaires techniques et financiers, et la collectivité territoriale
elle-même en matière de formations des élus locaux, des
difficultés demeurent quant à la maîtrise de leur
rôle ainsi que leur engagement à la réussite du processus
de décentralisation. Au vu de ces difficultés, il convient de
proposer des solutions pour permettre aux différents acteurs de jouer
pleinement leur partition pour réussir le pari d'un développement
durable de la commune de Kampti.
Section I. Entraves à l'appropriation de la
décentralisation par les
élus locaux
Les entraves qui minent la compréhension de la
décentralisation par les élus locaux et leur implication dans ce
processus peuvent être scindées en deux. Il s'agit des
problèmes rencontrés aux cours de la tenue des sessions et ceux
rencontrés par les élus dans l'exécution de leur mission
quotidienne.
Paragraphe I. Les difficultés liées
à la tenue des sessions du Conseil municipal
Ces difficultés sont nombreuses et diversifiées.
Elles se ramènent globalement à la question de
l'analphabétisme des élus ; l'inadéquation des textes avec
les réalités socioculturelles de la commune ; la participation
des conseillers aux débats au cours des sessions ; la
brièveté de la durée des sessions et la pléthore de
conseillers qui constitue le conseil municipal (l'un des plus gros effectifs de
conseillers du pays).
Le problème de l'analphabétisme des élus
locaux se pose avec acuité. En effet, le profil actuel du conseil
municipal de Kampti est composé de 89 % d'analphabètes. Cette
réalité constitue une entrave à l'accessibilité des
élus locaux à tout document écrits afférent
à la tenue des sessions du Conseil municipal (projets de
délibérations, de budget, etc.) En effet, si les conseillers ne
peuvent pas lire les projets de délibération pour en prendre
connaissance avant leur adoption, il va de soi que leurs homologues
lettrés auront une longueur d'avance sur eux. Ils se contentent de la
--' 43 --'
traduction approximative qui est faite par un des leurs qui
n'a reçu aucune formation dans ce sens. La tâche de traduction est
pourtant ardue quand on sait que les expressions utilisées sont pour la
plupart méconnues de la culture et des habitudes de ces élus.
Ainsi, les conseillers analphabètes ont du mal à accorder un
regard critique solide afin de mener une analyse profonde des questions
abordées. Dès lors, ces « élites » (conseillers
lettrés) pourraient manipuler à vau l'eau ces élus
illettrés quand vient le moment de délibérer. En outre,
les conseillers illettrés ne peuvent pas prendre de notes au cours de la
session du conseil municipal. Cet état de fait entame la constitution de
mémoire et la fidélité des comptes rendus aux populations.
Tous ces problèmes sus-énumérés se posent
également lors des différentes formations dispensées
à leur intention.
Pour ce qui concerne la question de l'adéquation des
textes, elle est en fait le corollaire du problème de
l'analphabétisme des conseillers. Le CGCT semble avoir été
destiné uniquement à des élus lettrés. Comme
illustration, les termes de son article 157 sont interpellateurs : « Les
convocations du conseil municipal doivent être adressées par
écrit, par affichage et par communiqué aux membres du conseil. A
toute convocation, doivent être joints tous les documents
afférents à la tenue de la session ». Ces dispositions, bien
qu'intellectuellement séduisante, ne sauraient être mises en
oeuvre de façon pratique, quand on a affaire à des conseillers
qui, dans leur majorité, ne savent ni lire ni écrire. Si les
conseillers peuvent se faire aider par des proches pour prendre connaissance de
la date des sessions mentionnée sur les convocations, cela n'est pas
évident pour la trentaine de pages d'écrits plus ou moins
technique (le budget notamment) que devraient constituer les documents joints
aux différentes convocations. Voilà pourquoi les conseillers
viennent participer, sans préparation préalable, aux sessions du
conseil. Il est évident que dans ces conditions, on ne peut s'attendre
à ce qu'ils puissent s'imprégner sur-le-champ de la substance des
différents documents à la suite d'une seule lecture faite par
l'exécutif municipal, le bureau du conseil et le personnel technique qui
l'accompagne dans cette oeuvre. Par ailleurs, l'application de la sanction des
« absences non motivées » conformément aux termes de
l'article 239 du CGCT se trouve également paralysée dans la
mesure où on ne saurait exiger des écrits (pour excuser des
absences) à un illettré.
--' 44 --'
Quant à la problématique de la participation des
conseillers aux débats qui ont lieu avant toute
délibération, il est à noter qu'ils sont très
souvent l'apanage des « intellectuels » et des francophones. C'est ce
qui expliquerait en partie le manque de motivation du reste des conseillers non
alphabétisés, se traduisant par une forte mobilité (des
va-et-vient dans la salle), voire des désertions de la salle par une
grande partie des conseillers lors des sessions.
Relativement à la question de la durée des
sessions, le code général des collectivités territoriales
prévoit qu'elle peut aller jusqu'à cinq (05) jours pour les
sessions ordinaires et trois (03) jours pour les sessions extraordinaires. Dans
la commune de Kampti, quand bien même les conseillers ne reçoivent
pas de document au moment des convocations pour les sessions comme le
prévoit l'article 157 du CGCT, ces sessions se tiennent en une seule
journée. En effet, si les conseillers n'ont pas reçu les
documents avant les sessions comme cela est mentionné dans le CGCT,
logiquement un temps d'explication plus important devrait leur être
accordé afin qu'ils puissent prendre véritablement connaissance
du contenu avant toute délibération. Malheureusement les sessions
du conseil se tiennent presque à la sauvette en seulement vingt-quatre
(24) heures et parfois moins à cause des problèmes des ressources
financières pour la prise en charge des indemnités.
S'agissant du nombre de conseillers municipaux, le Code
électoral prévoit que le nombre de conseillers est fonction du
nombre de village, et/ou de secteur, soit deux (02) conseillers par village et
par secteur. Ce qui fait que la commune de Kampti se retrouve avec deux cent
trente-quatre (234) conseillers soit la deuxième commune qui compte le
plus grand nombre de conseillers après celle de Ouagadougou qui en
compte deux cent cinquante-cinq (255). Pour une commune qui compte moins de
cinquante mille (50 000) habitants, cela pose nécessairement un
problème financier en l'occurrence la prise en charge de ces élus
quand on sait que les recettes propres de la commune sont dérisoires et
n'ont jamais atteint trente (30) millions. Le budget de 2013 qui est l'un des
plus satisfaisants avait une réalisation de recettes propres de
vingt-six millions neuf cent cinquante mille huit cent dix-huit (26 950 818)
francs
CFA sur une prévision de trente-deux millions deux cent
trente-neuf mille (32 239 000) francs CFA soit un taux d'exécution de
83,60 %22. A raison de cinq mille (5 000) francs CFA par jour, un
seul jour de session par trimestre coûte près de cinq millions (5
000 000) francs CFA à la commune. Au-delà de ce
«gaspillage« financier, la pléthore de conseiller pose le
problème de la qualité des hommes qui y sont. Si l'idée
qui a sous-tendu cette répartition de conseillers a été
guidée par le souci de la représentativité de tous les
groupes sociaux donc de démocratie, il n'en demeure pas moins qu'elle
entraîne des effets pervers assez importants. Enfin, ce nombre
élevé de conseillers ne facilite pas une tenue sereine des
sessions et ne permet pas des débats d'un niveau acceptable.
Paragraphe II. Les autres difficultés
Les problèmes rencontrés à ce niveau
peuvent être classés en deux catégories : il y a d'une
part, la difficulté de la connaissance des textes régissant la
décentralisation et d'autre part, la question de la pertinence du
contenu et de la méthodologie utilisée pour la formation des
élus.
La connaissance et l'assimilation des normes qui
régissent la gestion des affaires locales dans le cadre de la
décentralisation est un préalable si l'on ne veut pas naviguer
à vue. Cependant, les données du tableau 2 ne sont pas des plus
optimistes à ce sujet. En effet, ni la constitution, loi fondamentale
qui consacre le principe de la décentralisation (3,33 %), ni le code
général des collectivités territoriales (16,66 %),
référence incontournable du processus de décentralisation
ne sont pas connus des élus de la commune. Dans ces conditions, comment
peuvent-ils connaître leur rôle et leur responsabilité dans
ce nouveau mode de gestion locale étant entendu que ces conseillers
n'ont, pour la plupart, jamais participé à une oeuvre semblable
parce que vivant dans une société où l'organisation
sociopolitique n'est pas structurée de la même manière.
C'est pourquoi, des notions élémentaires tels
-' 45 -'
22Extrait du budget communal de Kampti pour le compte
de 2013
~ 46 ~
que budget primitif (33,33 %), budget supplémentaire
(33,33 %), compte administratif (40 %) et compte de gestion (30 %) qu'ils sont
censés utiliser couramment n'est pas pour autant assez bien comprises
par ces premiers acteurs du développement de la commune de Kampti. Cette
méconnaissance de ces concepts clé, et plus
particulièrement du budget par les conseillers ne permet pas à
ces derniers d'informer et de sensibiliser la population sur leur
responsabilité. Dès lors, doit-on s'étonner de la
passivité et du désintérêt de la population par
rapport aux activités des élus et de la décentralisation
de manière générale ? C'est ainsi que le paiement des
taxes, la participation aux sessions du conseil municipal et l'interpellation
des conseillers au sujet de leur préoccupation ne sont pas encore
ancrés dans les moeurs des habitants de la commune.
De même, les conseillers ne semblent pas préparer
les sessions du conseil en rapport avec leur base et ne sont pas toujours aptes
à restituer convenablement les délibérations aux citoyens.
Il est difficile dans ces conditions, que les élus puissent
maîtriser les réalités socio-économiques des
villages qu'ils représentent. Après les sessions, le
réflexe du compte rendu n'est pas non plus la chose la mieux
partagée par les conseillers.
S'agissant de la question de la formation des élus, il
est à relever que des efforts ont été faits. Les acteurs
qui sont intervenus dans ce domaine sont entre autres l'Etat, le Programme
national de gestion des terroirs (PNGT2), le Programme de développement
local (PDL) avec le soutien de la ville de Fosse (France) dans le cadre du
jumelage avec la commune de Kampti ; le Programme décentralisation/
développement communal (PDDC) etc. Les formations données par ces
structures sont essentiellement axées sur les notions de base de la
décentralisation notamment sur le rôle de l'élu local, ce
qui est louable.
Cependant, le nombre de ces formations n'est pas suffisant
pour permettre aux élus de maîtriser le contenu des modules
dispensés. En plus, les formations sont de type théorique, et par
conséquent ne permettent pas aux élus (qui sont des acteurs de
terrain par excellence) d'appréhender tous les contours des concepts
abordés par le formateur.
Par ailleurs, les membres des CVD qui doivent travailler en
collaboration avec les conseillers ne sont pas suffisamment pris en compte dans
les formations. Il en
--' 47 --'
découle dès lors, des intrusions
fréquentes des membres du CVD dans les attributions des conseillers et
vis-versa.
En considération de l'ensemble de ces
difficultés, qu'est-ce-qui peut être fait pour résorber ou
tout au moins réduire ces écueils en vue d'une
compréhension plus accrue de la décentralisation par les
élus de Kampti ?
Section II. Suggestions pour une meilleure
appropriation des textes de la décentralisation
Au regard de la complexité de la gestion d'un
territoire même à l'échelle communale, et de l'importance
du nombre de textes élaborés dans le but d'encadrer la
décentralisation, l'idéal aurait été d'avoir
affaire à des élus locaux qui savent lire et écrire.
Malheureusement, la faiblesse du taux d'alphabétisation qui est de 28,3
% au plan national et 18,1 %23 dans la province du Poni rend
utopique pour l'instant cette option prônée par certains auteurs
comme Laurent BADO.24 Aussi, cette option traduirait l'idée
selon laquelle les analphabètes ne peuvent pas concevoir leur propre
développement. Ce qui est discutable. Enfin, exclure les personnes
analphabètes de la gestion des communes est, par-dessus tout
discriminatoire et porte atteinte aux droits de l'homme. C'est pourquoi, nous
partirons de la situation actuelle d'analphabétisme de la majeure partie
des élus locaux pour suggérer des voies et moyens qui pourraient
aider à améliorer leur compréhension, leur implication,
donc leur appropriation du processus de décentralisation.
Paragraphe I. Les suggestions à l'adresse de la
collectivité
L'appropriation politique suppose une réelle
connaissance des enjeux de la décentralisation qui se
matérialisera par une implication réelle des principaux
acteurs
23PRD Sud-Ouest, avril 2009
24Enseignant de droit à l'Université
de Ouagadougou, in «le grégarisme africain ou la mort«.
Pour lui, le candidat à l'élection municipale doit «
avoir une moralité attestée et le CEP ou niveau équivalent
». p. 33
que sont les élus et les populations concernées.
Dès lors, il est important d'entreprendre un certain nombre d'actions
pour faire en sorte que ces derniers fassent leur les préoccupations de
développement et de bonne gouvernance de leur commune et s'investissent
effectivement à cet effet. Pour ce faire, diverses propositions de
solutions peuvent être formulées à l'endroit de ces
acteurs.
A) A l'adresse des élus locaux
Une prise de conscience individuelle et collective
s'avère nécessaire pour combler les insuffisances
constatées à leur niveau. En effet, la question de la faiblesse
des aptitudes des conseillers de la commune de Kampti est une
réalité. Cependant le renforcement de leur capacité
nécessite l'implication de plusieurs acteurs y compris les élus
eux-mêmes. Ces derniers doivent tout d'abord prendre conscience des
insuffisances qu'ils ont puis, adopter la résolution de changer cette
situation en cherchant à se former conséquemment à
l'exercice de cette responsabilité. Les conseillers pourront par
exemple, initier seul ou en groupe des rencontres avec des personnes
avisées (autorités locales déconcentrées ou fils de
la localité assez imprégnés des questions de
décentralisation et de développement local) en vue de recevoir
des connaissances et des informations utiles pour leurs missions. De
même, le succès de la mission des conseillers ne peut être
garanti qu'à travers un contact permanent des élus avec la
population locale pour renforcer son adhésion au processus de gestion
des affaires locales.
B) A l'adresse de la population
Première bénéficiaire de ces efforts de
développement, son rôle est indispensable dans ce processus. Dans
la mesure où on ne saurait développer une personne contre son
gré, il y a lieu que la population de Kampti restée
jusque-là passive commence à s'engager, à aider ses
élus à réussir les objectifs de développement
fixés par la décentralisation. « On ne développe pas,
on se développe » disait KI Zerbo25.
~ 48 ~
25Joseph KI Zerbo, in «A quand
l'Afrique«.
--' 49 --'
Cette contribution de la population pourrait consister au
paiement des taxes et impôts ; à l'interpellation des conseillers
au sujet de leurs préoccupations, à la participation aux
différentes sessions du conseil municipal. En outre, il serait bon que
la population puisse s'appuyer sur les OSC oeuvrant dans le domaine de la
décentralisation, du développement et de la
démocratisation de façon générale pour constituer
une force avant-gardiste en vue de défendre ses intérêts.
Ainsi, les OSC veilleront d'une part à l'éveil des consciences
des populations à travers l'organisation de causeries éducatives
; de théâtres forums, d'émissions radiophoniques
interactives. Il constituera également un pouvoir de contrôle des
actes des élus.
C) A l'adresse des autorités
communales
A l'interne, il est souhaitable que les autorités
communales mettent en place un vaste plan d'action de sensibilisation,
d'information et de formation. Ces actions seront orientées aussi bien
vers les conseillers municipaux, les membres des CVD mais aussi les
populations. C'est dans ce sens que nous saluons l'initiative prise par les
autorités locales en septembre 2014, d'informer les populations de la
commune par voie de presse (Radio Gaoua) relativement à la gestion des
affaires locales à travers l'organisation d'une émission
interactive. En effet, ce canal permet d'informer, de former mais
également de sensibiliser les populations sur les responsabilités
de chacun de ces acteurs. En plus, les émissions radiophoniques du genre
ont l'avantage de toucher un large public. Il est donc bon que cette initiative
se poursuive. A ces tribunes de formation, doivent être impliqués
les fils de la commune pour solliciter leur accompagnement. Cela peut se faire
à travers l'organisation de journées portes-ouvertes, de
conférences, de colloques et autres séminaires.
Les autorités locales doivent également
travailler à élargir l'assiette des partenaires techniques et
financiers qui interviennent dans la commune pour le renforcement des
capacités des acteurs.
En ce qui concerne la question de la collecte des taxes, les
autorités de la commune devront impliquer les conseillers et les membres
des CVD à cette oeuvre. Ces acteurs pourront mettre à profit ces
occasions pour sensibiliser la population à jouer sa partition pour le
développement de la localité.
--' 50 --'
En plus, les failles constatées dans l'organisation
pratique des sessions du conseil municipal méritent d'être
comblées. Relativement à ces sessions, le CGCT dispose que les
lettres de convocation des sessions doivent être accompagnées
d'avant-projets de budget, de délibérations et de tout autre
document. Cela n'est pas fait dans la pratique pour des raisons
financières, mais surtout en raison du faible niveau d'instruction des
conseillers. Cet état des faits interpelle les commissions permanentes,
en l'occurrence les présidents, à associer l'ensemble des
conseillers dans l'élaboration des projets de
délibérations en vue de permettre à ces derniers de
toucher du doigt les réalités du terrain et de jouer pleinement
leur rôle. Au cas échéant, il faudra se résoudre
à prolonger la durée des sessions à quarante-huit (48)
heures afin de s'attarder sur l'explication des projets dans le but
d'éclairer les élus avant de leurs soumettre les
différents projets pour délibération.
Pour ce qui concerne la lancinante question de
l'analphabétisme des élus locaux, la formation semble être
la panacée. Ainsi, faudrait-il à court terme inscrire les
activités de formation dans les budgets communaux pour
institutionnaliser l'activité afin qu'elle puisse être mieux
suivie et atteindre les objectifs escomptés.
Une autre solution plus globale et dans le long terme pourrait
venir de la scolarisation et de l'alphabétisation de l'ensemble de la
population au sein de laquelle sortent les conseillers. La mairie pourrait par
exemple, initier des projets et programmes en vue de promouvoir
l'alphabétisation formelle ou non formelle, en français comme en
langue locale, au profit de l'ensemble des conseillers et de la population non
scolarisée ou déscolarisée. La scolarisation des enfants
doit aussi être encouragée.
Enfin, les sessions se tiennent en français et
traduites ensuite par un conseiller bénévole en lobiri. Ce
conseiller n'a pas reçu de formation à cet effet. Ainsi
rencontre-t-il de sérieuses difficultés dans la traduction de
certains concepts. Il serait souhaitable que ce dernier soit formé pour
lui faciliter le travail.
Paragraphe II. Les suggestions pour une implication
des autres acteurs dans le processus de
décentralisation
A ce niveau, les suggestions concerneront l'Etat, les
partenaires techniques et financiers, et les partis politiques.
-' 51 -'
A) A l'adresse des autorités
gouvernementales
La question de la lourdeur du conseil municipal de Kampti qui
s'explique par le nombre pléthorique de conseillers ne peut être
réglée qu'au niveau étatique. En effet la base de ce gros
effectif de conseillers est à rechercher dans l'article 236 du code
électoral qui dispose que «la circonscription électorale
pour l'élection des conseillers municipaux des communes urbaines et
rurales est le secteur et/ ou le village. Il est élus deux conseillers
dans chaque village et/ ou secteur de la commune ». Si cette
répartition est appréciable pour avoir mis l'accent sur la
représentativité des minorités au sein du conseil, elle
pêche par l'inefficacité, la lourdeur et l'iniquité dans la
représentation des populations au sein du conseil municipal de Kampti. A
titre indicatif, les données26 du recensement administratif
indiquent qu'en 2004 la commune de Kampti comptait cent quinze (115) villages
dont quatorze (14) avaient plus de cinq cents (500) habitants, vingt-sept (27)
localités avaient entre cent (100) et deux cents (200) habitants et six
localités comptaient moins de 100 habitants. Tous les villages ayant le
même poids sans considération de la taille de la population, un
village de mille cinq cents (1500) habitants sera représenté au
conseil municipal par deux conseillers, au même titre qu'un village qui a
moins de cent (100) habitants. Pour résorber ce problème
d'effectif, deux solutions alternatives sont possibles :
La première, est la subdivision de Kampti en trois (03)
départements donc trois (03) communes : Kampti, Passena et Galgouli
comme cela avait été proposé pendant la deuxième
République27. Le choix de ces localités se justifie
par la taille de leur population et le dynamisme de l'activité
économique. Cependant, si le problème persiste dans les nouvelles
communes, des villages pourront être fusionnés ou supprimés
conformément à l'article 11 du décret n°2011
-727/PRES/PM/MATDS du 07octobre 2011 portant conditions et modalités
d'érection et de suppression de villages au Burkina Faso afin de
parvenir à la réduction du nombre de conseillers.
26Extrait de la monographie de la commune de
Kampti.
27Sous le régime du général
Aboubacar Sangoulé LAMIZANA, Passena et Galgouli avaient
été érigés en arrondissement conformément
à la volonté exprimée des populations. Cependant ce
régime n'a pas eu le temps de le mettre en oeuvre.
-' 52 -'
La deuxième solution est d'ordre général,
il s'agira pour le gouvernement d'initier un projet de relecture du code
électoral notamment en son article 236 afin que désormais le
territoire communal serve de circonscription électorale plutôt que
le village. Dès lors, le nombre de conseillers sera
déterminé par la taille de la population communale. Le
problème d'effectif des conseillers municipaux s'en trouverait ipso
facto définitivement résolu dans toutes les communes du pays.
Avec un nombre raisonnable de conseillers, la question de la
gestion, c'est-à-dire, la responsabilisation et la formation de ces
derniers sera plus aisé et donc leur maîtrise des objectifs et des
enjeux de la décentralisation sera effective.
B) A l'adresse des partenaires techniques
C'est le lieu ici de reconnaître l'effort des
partenaires techniques et financiers dans l'accompagnement des
collectivités territoriales tant en ce qui concerne le financement des
projets et programmes de développement qu'en ce qui concerne la
formation des acteurs. Cependant, leur contribution peut être
améliorée.
En effet, les formations dispensées et financées
par les partenaires techniques jusque-là sont magistrales et
données par des formateurs «théoriciens«. Ainsi, les
élus ne parviennent pas toujours à retenir les définitions
abstraites des thèmes abordés, encore moins qu'à assimiler
véritablement ces informations. C'est pourquoi, il est souhaitable que
désormais la formation des élus soit assurée par une
équipe mixte composée de spécialistes en
décentralisation, mais aussi d'élus expérimentés de
communes plus anciennes pour donner à la formation un caractère
plus pratique. Ces derniers pourront du même coup partager leur
expérience avec les conseillers novices des communes comme Kampti.
En outre, il est impérieux que les formateurs
engagés comprennent la langue locale, compte tenu du fort taux
d'analphabétisme de la population de manière
générale et des conseillers de façon particulière.
Cela aura l'avantage de faciliter les échanges. Aussi, ce taux
d'analphabétisme élevé de la population montre que celui
des conseillers va perdurer encore longtemps.
-' 53 -'
Par ailleurs, la formation doit être étendue
à l'ensemble des conseillers et aux membres des CVD pour éviter
les confusions de rôles constatées très souvent sur le
terrain.
C) A l'adresse des partis politiques
Les partis politiques doivent s'impliquer dans les initiatives
de formation de leurs membres notamment sur les notions de démocratie,
de bonne gouvernance et de développement, mais également sur la
décentralisation. Etant entendu que la formation, l'éducation et
la sensibilisation font partie intégrante de leur mission.
Enfin, il est bien de former les élus locaux sur les
notions de décentralisation et de ses implications. Il est
également nécessaire que ses derniers soient formés sur
leur rôle et leur responsabilité. Mais encore faut-il qu'ils
soient suffisamment outillés pour jouer correctement leurs rôles.
En effet, les conseillers peuvent savoir qu'ils ont la charge de définir
les grandes orientations du développement de leur commune sans pour
autant savoir comment concevoir un plan de développement. Comme le
disaient des auteurs : « la bonne gouvernance des affaires locales exige
des décideurs les qualités suivantes : la disponibilité,
la communication, l'honnêteté, l'ouverture d'esprit, l'esprit de
travail en équipe, la recherche de l'innovation, le sens du travail bien
fait, etc. De même, un bon décideur de collectivité
territoriale doit être à mesure de coordonner des activités
diverses en rapport avec le social, le culturel, l'économique et le
politique »28. En conséquence, les formations à
l'adresse des élus locaux doivent s'efforcer d'intégrer ces
notions en vue de renforcer les aptitudes des élus de Kampti et leur
permettre enfin de s'approprier définitivement les exigences et les
enjeux de la décentralisation.
28OUEDRAOGO (M), MILLOGO (E), GUIRE (M), KABORE
(M.T) in « Les capacités des communes rurales au Burkina Faso.
Naviguer entre l'apprentissage et le pré-requis« ; op.cit P 22
à 23
--' 54 --'
CONCLUSION GENERALE
L'accélération des réformes
décentralisatrices intervenue au Burkina Faso avec l'avènement de
la communalisation intégrale a suscité bien des espoirs et
d'appréhensions, et déjà quelques difficultés. Les
attentes ont été alimentées par des promesses
d'efficacité accrue dans la fourniture de services appropriés et
adaptés aux besoins locaux, de poursuite des efforts d'ancrage des
valeurs démocratiques au plan local et d'une participation plus active
de la population locale à l'administration de ses affaires. Ensemble,
ces avantages devaient contribuer de façon sensible à une
réduction de la pauvreté. Mais l'atteinte de ces objectifs ne
saurait se faire sans une maîtrise, par les premiers acteurs, des normes
qui gouvernent la décentralisation.
Là se situe tout l'intérêt de notre
réflexion sur « le défi de l'appropriation des textes de
la décentralisation par les élus locaux : cas de la commune
rurale de Kampti ».
Nous avons voulu à travers cette étude apporter
notre contribution à la réflexion pour une meilleure
appropriation du processus de décentralisation par les élus
locaux de la commune de Kampti. C'est dans cette optique que les objectifs
spécifiques ont porté sur le diagnostic du niveau de connaissance
des textes de la décentralisation afin de repérer les lacunes et
les insuffisances rencontrées dans l'accomplissement des missions
assignées aux conseillers. Il s'est agi également de faire des
suggestions d'une part, en vue de permettre à ces derniers de participer
pleinement aux délibérations lors des sessions et d'autre part,
leur faciliter la préparation, la participation et le compte rendu des
délibérations du conseil municipal à la population.
Au vu de ces objectifs, des hypothèses ont
été émises. La démarche adoptée a permis de
les vérifier. Il en résulte ce qui suit :
L'hypothèse principale selon laquelle les élus
locaux de manière générale ne se sont pas approprié
les textes qui régissent la décentralisation est
vérifiée. A l'observation, il ressort d'après les
données et l'analyse des indicateurs de vérification que si la
décentralisation est présentée et perçue comme un
instrument de participation et d'autonomisation des acteurs locaux, son
appropriation par les élus dans le cas de la
-' 55 -'
commune de Kampti est loin d'être certaine. Pour preuve,
le niveau de connaissance des textes de la décentralisation de
manière générale et du Code général des
collectivités territoriales plus particulièrement reste
approximatif dans l'ensemble - 16,66 %-.L'animation de la vie publique
notamment à travers la consultation et le compte rendu aux populations
à la base ne semblent pas non plus être une réalité.
En témoigne l'insatisfaction de la population (78 %) quant à
l'implication des élus dans la gestion des affaires locales. Ceci
entraine pour conséquence directe une participation timide de la
population à l'oeuvre décentralisatrice. En effet, si les
citoyens dans leur majorité ont une connaissance des organes communaux
dont le Maire (98 %), le conseil municipal (90 %) les membres du CVD (87 %), il
n'en n'est pas ainsi concernant les commissions permanentes (07 %) et les
adjoints au maire (24 %). Pis, la participation des citoyens aux sessions du
conseil municipal est très faible (03 %).
Quant à la première hypothèse
spécifique qui présume que l'analphabétisme de la
majorité de ces élus locaux constitue une entrave à une
participation productive aux sessions du conseil municipal, elle se
vérifie par le fait que les conseillers analphabètes ne peuvent
pas prendre connaissance des documents écrits afférant à
l'ordre du jour des sessions du conseil et qui devraient être joints aux
convocations pour la tenue desdites sessions. Aussi, cela se ressent-il au
cours des débats du conseil où leur participation n'est pas
particulièrement remarquable. C'est pourquoi, même le jargon
élémentaire relatif aux actions quotidiennes des élus
notamment le budget (33 %) le compte administratif (40 %), le compte de gestion
(30 %) ne sont pas non plus suffisamment appréhendés par ces
premiers acteurs du développement communal. En plus les conseillers sont
également handicapés par leur illettrisme quand il s'agit de
prendre des notes afin de garantir la fidélité du compte rendu
à population d'où la non tenue de ces comptes rendus par la
majorité d'entre eux.
Enfin la dernière hypothèse spécifique
qui, selon laquelle les élus de Kampti rencontrent des
difficultés dans la mise en oeuvre quotidienne de la politique de
décentralisation de façon générale se
vérifie également pour deux raisons. La première est la
lourdeur du conseil municipal, liée à la pléthore du
nombre de conseillers. En effet, la prise en charge des indemnités de
sessions des 234
--' 56 --'
conseillers que compte la commune annihile les efforts de
développement. Ce gros effectif de conseillers a également un
impact négatif sur la tenue sereine des sessions. Elle se ressent aussi
au cours des formations données à ces conseillers. La
deuxième cause explicative de ces difficultés est liée
à l'inadéquation et aux lacunes des textes dont le code
électoral et le CGCT.
Pour réussir à relever le défi de
l'appropriation des textes de la décentralisation par les élus
locaux, l'étude a abouti à des suggestions dont la
synthèse est la suivante : Premièrement, à l'adresse des
collectivités locales, les différentes suggestions visent le
changement de comportement notamment de la part des élus mais aussi de
la population. Il y a lieu également pour la mairie de prendre un
certain nombre de mesures relativement à l'organisation pratique des
sessions du conseil municipal, à la politique de communication et
à l'alphabétisation. Dans un second lieu, l'attention des
autorités gouvernementales a été appelée sur les
lacunes du découpage du territoire communal de Kampti. En outre les
partenaires techniques et les partis politiques ont été
invités à réorienter et à renforcer la formation
des élus locaux. Cependant, au-delà de la question des aptitudes
des élus des communes rurales combien nécessaire, la
réussite de la décentralisation dépend aussi et surtout
des moyens financiers et humains mis à la disposition de ces communes
naissantes.
--' 57 --'
BIBLIOGRAPHIE
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LOI n° 014-2001/AN du 3 juillet 2001 portant code
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-' 59 -'
TABLE DES MATERES
I
-' 60 -'
A V E R T I S S E M E N T I
D E D I CA C E II
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS IV
LISTE DES CARTES, TABLEAUX ET GRAPHIQUES V
INTRODUCTION GENERALE 2
PREMIERE PARTIE : 7
CADRE NORMATIF DE LA DECENTRALISATION ET PRESENTATION DE
LA ZONE D'ETUDE. 7
Chapitre I. Repères théoriques de la
recherche 8
Section I. Approche conceptuelle 8
Paragraphe I. Revue littéraire 8
Paragraphe II. Définition des concepts 11
Section II. Organisation et fonctionnement de la commune selon le
CGCT 13
Paragraphe I. Le conseil municipal 13
A) La composition du conseil 13
B) Les attributions et le fonctionnement du conseil municipal
14
Paragraphe II. L'exécutif municipal et l'administration
communale 16
A) Le maire et les adjoints au maire 16
B) L'administration de la commune et des villages 17
Chapitre II. Présentation de la commune de Kampti
19
Section I. Aperçu général de la commune de
Kampti 19
Paragraphe I. Situation géographique 19
Paragraphe II. L'organisation administrative 20
A) Les étapes de l'évolution administrative de la
commune de Kampti 20
B) L'Intervention des services déconcentrés 22
Section II. Etude démographique et potentialités
économiques du milieu 23
Paragraphe I. Dynamique démographique de Kampti 23
Paragraphe II. Ressources naturelles et potentialités
socio-économiques de la commune de Kampti 24
A) Ressources naturelles de la commune 24
B) Les potentialités socio-économiques du milieu
26
1) Les activités économiques du secteur primaire
26
2. Les activités économiques du secondaire et du
tertiaire 27
C) Les activités culturelles et sportives 29
DEUXIEME PARTIE : 30
APPROCHE DU NIVEAU D'APPROPRIATION DES TEXTES DE LA
DECENTRALISATION PAR LES
ELUS DE LA COMMUNE DE KAMPTI 30
~ 61 ~
Chapitre I. Etat des lieux de l'appropriation des
textes de la décentralisation par les élus locaux
31 Section I. Evaluation de
l'effectivité de la décentralisation à travers la
connaissance et l'application des
textes 31
Paragraphe I. Appropriation des textes et concepts liés
à la décentralisation 31
Paragraphe II. Perception adhésion de la population au
processus de décentralisation 34
Section II. Fonctionnement des organes du conseil
municipal de Kampti et mise en oeuvre du principe du
compte rendu 37
Paragraphe I. Le fonctionnement des organes du conseil municipal
37
A) Le fonctionnement des commissions 38
B) La tenue des sessions du conseil municipal 38
Paragraphe II. L'obligation de rendre compte 40
Chapitre II. Entraves à l'appropriation des
textes de la décentralisation et suggestions pour y
remédier 42
Section I. Entraves à l'appropriation de la
décentralisation par les élus locaux 42
Paragraphe I. Les difficultés liées à la
tenue des sessions du Conseil municipal 42
Paragraphe II. Les autres difficultés 45
Section II. Suggestions pour une meilleure appropriation des
textes de la décentralisation 47
Paragraphe I. Les suggestions à l'adresse de la
collectivité 47
A) A l'adresse des élus locaux 48
B) A l'adresse de la population 48
C) A l'adresse des autorités communales
49 Paragraphe II. Les suggestions pour une implication des autres acteurs
dans le processus de
décentralisation 50
A) A l'adresse des autorités gouvernementales 51
B) A l'adresse des partenaires techniques 52
C) A l'adresse des partis politiques 53
CONCLUSION GENERALE 54
BIBLIOGRAPHIE 57
ANNEXES i
ANNEXES
Annexe 1 : Questionnaire adressé aux élus
locaux
1- Qu'est-ce que la décentralisation selon vous ?
2- Quel est le rôle des conseillers municipaux ?
3- Qu'est-ce qui vous a motivé à devenir
conseiller municipal ?
4- Avez-vous déjà reçu une formation ou des
informations sur la décentralisation ?
5-Aviez-vous des informations sur la décentralisation
avant de vous lancer dans la politique ?
6- Connaissez-vous les textes qui régissent la
décentralisation ?
Si oui, lesquels ?
7- Le conseil municipal dispose-t-il d'un règlement
intérieur ?
Oui Non Ne sait pas
8- Que signifie, pour vous, les concepts suivants :
-budget primitif ?
-budget supplémentaire ?
-compte administratif ?
-compte de gestion ?
9- Quel est votre niveau d'instruction ? 10-Combien de
mandat avez-vous déjà fait ?
11- Participez-vous aux débats pendant la tenue des
sessions
Assez souvent rarement jamais
12- Informez-vous les citoyens sur la gestion des affaires
locales ? Si oui, Comment ?
13- Quelles sont les difficultés auxquelles vous
êtes confrontés dans l'exercice de votre mandat ?
14-Quelles solutions proposez-vous pour y remédier ?
-' i -'
Annexe 2 : Questionnaire
adressé à la population et aux organisations de la
société civile
1-Pour vous la décentralisation c'est quoi ?
2-Qui est le maire de Kampti ? Connaissez-vous le nom des
adjoints au maire ?
3-Quel est leur rôle ?
4-Connaissez-vous le conseil municipal de Kampti ?
5- Que savez-vous des commissions permanentes et des CVD ?
6- Qui peut assister à une session du conseil municipal
?
7-Avez-vous déjà assisté à une
session du conseil municipal ?
8- Etes-vous informés des activités et
décisions des autorités communales ?
9- Etes-vous satisfait des conseillers dans l'exercice de leur
mission ?
10-Etes-vous satisfait des prestations de la mairie ? Si non,
qu'attendez-vous d'elle ?
Annexe 3 : Questionnaire adressé aux services de
la mairie
1-Le conseil municipal dispose-il d'un règlement
intérieur ? Oui
|
Non
|
2-Quels sont les modes de publicité des
délibérations du conseil municipal les plus utilisés ?
-
-' ii -'
3-La mairie dispose-elle d'un organigramme de travail ? Oui
|
Non
|
4-La mairie dispose-elle de textes juridiques sur la
décentralisation ? Lesquels ?
6-Quels sont les registres d'état civil dont vous disposez
?
Qui tient ces registres ?
7-Les procès-verbaux de délibération
sont-ils toujours établis et archivés ? 8-Quel est le montant du
budget de la commune ?
9-Quelle est la part des recettes propres ? des dépenses
? de
l'apport de l'État ? de l'apport des partenaires ?
10-Avez-vous établi un compte administratif ? Oui Non
11-Disposez-vous de contrats de propriété communale
? Oui Non
12-Le paiement des frais de location est- il régulier ?
Oui Non
13-Disposez-vous d'un registre de gestion du carburant ? Si oui,
qui en sont les bénéficiaires ?
14-Quels sont les différents modes de passation de
marchés vous utilisés ?
15-Disposez-vous d'un programme communal de développement
?
-' iii -'
Oui Non
16-Comment la question de lotissement et d'attribution des
parcelles est-elle gérée ?
17-Les délibérations en matière de
lotissement sont elle soumise à l'approbation du conseil
18-Avez-vous connaissance de la commission d'attribution des
parcelles ?
Oui Non
19-Disposez-vous de plans cadastraux et d'archives cadastrales
?
Oui Non
20-Parvenez-vous à présenter le rapport
spécial chaque année ?
Oui Non
21-Combien de session tenez-vous par an ? 22-Quels sont les
thèmes sur lesquels portent généralement les sessions ?
Annexe 4 : Guide d'entretien avec les autorités
déconcentrées
1-La décentralisation est-elle venue au
bon moment ou a-t-elle été précipitée ? Pourquoi
?
2-La décentralisation est-elle
incontournable dans la recherche du développement ?
3-Quels peuvent être les obstacles
immédiats au fonctionnement de la décentralisation ?
~ iv ~
4-Pensez-vous que la décentralisation
est bien comprise des populations ? Expliquez.
~ V ~
5- Etes-vous consultés par les
élus locaux dans la mise en oeuvre de la décentralisation ?
6-L'illettrisme du grand nombre des élus
locaux est-il un handicap majeur à la bonne marche de la
décentralisation ? Dites pourquoi
6-Comment peut-on surmonter ces
difficultés ?
7- Etes-vous consultés par les
élus locaux sur des questions techniques relatives à la mise en
oeuvre du processus de décentralisation ?
8-De votre point de vue, le processus actuel de
la décentralisation donne-t-il satisfaction ? Justifiez votre
position.
9-Sinon quelles mesures d'accompagnement
souhaiterez-vous ?
|