Le dopage comme facteur de risque des maladies mentales( Télécharger le fichier original )par Jules Kasereka Vayikehya Université Officielle de Ruwenzori, UOR - Licence en Santé Publique 2014 |
II.2.4. Collecte des données1°. Matériels de collecte des données Dans cette recherche, pour atteindre nos objectifs et arriver à la vérification de nos hypothèses, différents outils nous ont été de grande utilité, notamment : Dans la collecte des données ; nous avons fait usage d'un guide d'entretien de l'étude adressé aux jeunes sportifs identifiés dans ce travail comme exposés et non exposés, un stylo pour écrire les différentes interventions et réponses, une cartable pour la protection des informations recueillies. 2°. Matériels de traitement des données. Pour traiter les données collectées à l'état brut, nous avons fait recours à une machine calculatrice scientifique qui nous a permis de réaliser certains calculs tels ceux de l'échantillon et les différentes proportions. La saisie du travail a été faite à l'ordinateur à l'aide du logiciel Microsoft Word alors que le traitement a été réalisé avec le logiciel SPSS. 3°. Vérification des hypothèses Les hypothèses qui sont des réponses anticipatives aux questions posées, doivent être vérifiées après l'enquête. Ainsi pour la vérification des nos hypothèses, nous avons comparé les résultats de nos enquêtes et les réponses anticipatives proposées. Lorsque les résultats de l'enquête sont différents des réponses que nous avons proposées, l'hypothèse est infirmée et lorsqu'ils sont égaux alors l'hypothèse est confirmée. II.2.5. Présentation des variables d'étudeII.2.5.1. Définition des concepts clés : Le français étant polysémique, nous présentons dans ce paragraphe des définitions opérationnelles des concepts afin de les limiter, les préciser, minimiser les malentendus et les ambigüités et ainsi amener nos lecteurs à les comprendre de la même manière que nous. Il s'agit des concepts suivants : dopage, risque, et maladie mentale. 1°. Dopage : Le dopage est la pratique consistant à absorber des substances ou à utiliser des actes médicaux afin d'augmenter artificiellement ses capacités physiques ou mentales (hématocrite dans le sang, battements du coeur, confiance en soi, etc.)(Patrick Mingnon, p103) On parle de conduite dopante lorsqu'une personne consomme notamment certaines substances, pour affronter un obstacle réel ou ressenti, afin d'améliorer ses performances (compétition sportive, examen, entretien d'embauche, prise de parole en public, situations professionnelles ou sociales difficiles). Les sportifs consomment ces produits principalement pour améliorer leurs performances physiques, ce qui laisse croire à l'individu que l'usage de celle-ci lui est indispensable pour réaliser ses performances fixées. Les médicaments qui sont utilisés quotidiennement sont détournés afin de doper une personne non-malade. Cela peut entraîner des complications médicales et toucher irréversiblement l'organisme. En ce qui concerne l'éthique, le dopage est considéré comme étant de la triche et provoque la plus part du temps des commentaires négatifs sur le sportif et sur la fédération dans laquelle il participe (Luc Guerreschi, Ph.D.,2008,P.252) Cette pratique illicite qu'est le dopage, représente donc un véritable danger pour l'organisme. Les substances dopantes ne respectent pas les rythmes naturels du corps et provoquent des dysfonctionnements très sérieux comme les troubles hépatiques, l'hypertension, les troubles psychiques... des conséquences qui peuvent être préjudiciables à la performance et surtout à la santé. Ci-dessous, une liste des quelques substances dopantes ainsi que les problèmes de santé qui peuvent être provoqués par leur utilisation : v Amphétamines · troubles cardiaques graves : trouble du rythme et arrêt cardiaque · troubles psychiques : perte de la mémoire, dépression sévère, hallucinations, délire schizophrénique, agressivité incontrôlable, accompagnés d'un effet de manque lors du sevrage · troubles physiques : tremblement des extrémités, dilatation des pupilles, insomnies, diminution de l'appétit, accompagnée d'une perte de poids importante · hypertension marquée et céphalées · L'utilisation d'amphétamines est particulièrement dangereuse lors de la pratique d'un effort physique. En effet, le recul du seuil de la fatigue conduit le sportif à dépasser ses limites au delà de l'épuisement, ce qui peut avoir des conséquences graves. v Erythropoïétine (EPO) : elle
entraine l'épaississement du sang, l'hypertension artérielle
marquée et le risque de mort subite au repos ou à l'exercice par
obstruction des vaisseaux au niveau pulmonaire ou cardiaque
(embolies) v Hormone de croissance (GH) : est à la base de : · L'hypertrophie osseuse : épaississement des os plats au niveau des articulations et des extrémités : poignets, genoux, chevilles, mains, pieds ... ; responsable de la déformation irréversible du visage et de la tête (avancement prononcé de la mâchoire inférieure). · L'hyperglycémie : augmentation anormale du taux de glucose dans le sang(diabète irréversible à long terme). · La croissance anormale de différents organes (coeur, foie, rein, thyroïde, ...) · La maladie de Creutzfeld-Jacob · L'hypertension artérielle. v Anabolisants, responsables de : · L'interruption de croissance chez l'adolescent par soudure préventive des cartilages de conjugaison · Chez la femme : masculinisation irréversible se traduisant par l'apparition de poils (visage, seins, dos,), la mue de la voix, altération des caractères sexuels féminins (arrêt du cycle menstruel, développement anormal du clitoris, disparition quasi complète des seins) et troubles de la libido · Chez l'homme : freination de la sécrétion naturelle de testostérone, troubles de la libido : impuissance, stérilité réversible ou non, gynécomastie (poussée des seins), cancer de la prostate · La toxicité hépatique avec possibilité de cancer du foie · Le changement de comportement social spectaculaire agressivité, accès de rage incontrôlables, effet de manque v Cannabis, entraine : · L'augmentation de la fréquence cardiaque de repos et d'effort, moins bonne adaptation à l'exercice et récupération plus longue. · La diminution de l'appétit, hallucinations, manifestations de panique, anxiété aiguë, détérioration des facultés de vigilance, incoordination neuromusculaire, comportements incontrôlés possibles. · La toxicité aussi importante que celle du tabac sur l'appareil pulmonaire · La perte de la motivation · La dépendance v Beta-2 Agonistes : Leurs utilisations provoquent une augmentation de la fréquence cardiaque et un relâchement des muscles bronchiques. Ils sont détournés de leurs indications thérapeutiques pour utiliser l'effet anabolisant. Ils sont incriminés dans : · La rupture tendineuse · La déchirure musculaire · Le cancer du foie · L'atteinte cardiaque v Glucocorticocostéroïdes : Ils provoquent une excitation et un effet euphorisant reculant le seuil de la fatigue. Les problèmes causés par leur utilisation sont : · Les tendinopathies chroniques · Les claquages musculaires · La fracture de fatigue · L'ostéoporose · L'oedème · La diminution de l'immunité v Bétabloquants, responsables de : · Les troubles du rythme cardiaque · La dépression · L'impuissance sexuelle · L'hypotension artérielle Pour être plus fort et plus résistant à l'effort il faut accroitre le potentiel aérobie en optimisant l'oxygénation des muscles ce qui permet d'augmenter la puissance musculaire. Le sportif recherche également à diminuer la sensation de fatigue afin d'accumuler les efforts intenses sur plusieurs jours ( Lecadet J., 2003, P75-84) 2°. La maladie mentale · Définition : Par maladie mentale, on désigne l'ensemble des problèmes affectant l'esprit. Elle est souvent associée, à tort, à une faiblesse, à une perte de contrôle ou encore à des événements pénibles mais spectaculaires, lesquels sont souvent médiatisés. Cependant, pour une grande majorité de personnes, la maladie mentale est une souffrance soigneusement cachée. Par exemple, on peut côtoyer des personnes atteintes de phobie sans même s'en rendre compte. À cause de tous ces préjugés entourant la maladie mentale, seulement une personne atteinte sur trois consultera un professionnel de la santé. Pourtant, les personnes atteintes de maladie mentales peuvent être soignées et souvent guéries. Par maladie mentale, on désigne l'ensemble des problèmes affectant l'esprit. En fait, il s'agit de manifestations d'un dysfonctionnement psychologique et souvent biologique. Ces perturbations provoquent différentes sensations de malaises, des bouleversements émotifs et/ou intellectuels, de même que des difficultés de comportement. (Denis Richard., 1996, p207). · Les causes des maladies mentales En dépit de la recherche réalisée dans ce domaine, on ne connaît pas encore les causes de chacune des maladies mentales. On sait toutefois qu'il existe des facteurs déclenchant, souvent des événements douloureux qui peuvent favoriser son apparition, par exemple, la perte d'un être cher, un divorce, la perte d'un emploi, un accident ou une maladie grave. De plus, on reconnaît aujourd'hui une origine biologique à certaines maladies. Grâce à la technologie moderne, le fonctionnement du cerveau est de mieux en mieux compris. Certaines substances identifiées par les chercheurs, telles la sérotonine (un neurotransmetteur) jouent un rôle important dans le développement des maladies mentales comme la dépression (Gentillini M.1995, p67) Les recherches indiquent que les maladies mentales résultent d'une interaction complexe de facteurs génétiques, biologiques, des traits de personnalité et de l'environnement social. C'est ce qui est appelé le modèle « bio-psycho-social ». Ce modèle souligne l'interaction constante entre les aspects biologique, psychologique et social des maladies en rejetant la réduction de la maladie à un seul de ces aspects de l'être humain et ce, au bénéfice de la personne atteinte. Par contre, le cerveau demeure le lieu commun final du contrôle du comportement, de la pensée, de l'humeur et de l'anxiété. Toutefois, les liens entre des dysfonctions cérébrales spécifiques et des maladies mentales spécifiques ne sont pas tout à fait connus, ce qui incite Santé Canada à préciser qu'« il est important de ne pas sur-interpréter les preuves disponibles au sujet du rôle des facteurs génétiques ou environnementaux comme cause des maladies mentales, car beaucoup plus de recherche sera nécessaire pour bien comprendre les causes des maladies (Pierre -Janet, 2014,p49). Corroborant cette ligne de pensée, les chercheurs de la Régie régionale de Montréal-Centre ajoutent que « [les] chaînes de causalité des troubles mentaux sont complexes. Malgré cette limite à nos connaissances, il est possible de réduire l'incidence des troubles mentaux en agissant, avant leur apparition, sur un ensemble de facteurs biologiques, psychosociaux ou physiques connus pour leur rôle causal. La prévention s'attaque tant aux facteurs de risque tant aux conditions pathogènes (Kessler, R.C et Ahangang,Z. R, 2002, p.22). Dans ce travail, nous entendons par maladie mentale, l'apparition de l'un des troubles de comportement chez un jeune sportif consécutif à la pratique du dopage. Il s'agit des troubles de la présentation et de l'expression, de conduites instinctuelles, de conduite sociale, de la vigilance, de la conscience de soi, de l'humeur, de la perception, de la pensée et du jugement. 3°. Le risque : Un risque, c'est la probabilité qu'un événement non désiré survienne dans une population donnée. Un facteur de risque est un attribut, variable ou exposition augmentant la probabilité qu'un événement spécifique, une maladie par exemple, survienne. Ces facteurs ne sont pas nécessairement causals (marqueurs de risque). Dans le cas contraire, ces attributs, variables ou exposition peuvent augmenter réellement la fréquence d'apparition d'un événement donné ou de la maladie. De ce fait, ce facteur est considéré comme causal (également appelé déterminant) (KIRERE, 2013-2014, p22). Dans ce travail, le risque est utilisé comme rôle ou possibilité pour le dopage d'entrainer la maladie mentale chez le sportif ou encore comme causalité. II.2.5.2. Principales variables d'étude : Les principales variables qui ont intervenu dans la présente étude sont les suivantes : - Variable indépendante : le dopage - Variable dépendante: maladies mentales - Variables intermédiaires le sportif observé Tableau 2j : Présentation des variables Ce tableau présente des différentes variables, leur définition ainsi que leurs mesures :
II.2.6. Matériels de collecte et traitement des données. Pour disposer des informations utiles sur le plan de la littérature scientifique au sujet du dopage à travers le monde, ses liens avec la maladie mentale dans le domaine du sport, des données socio démographiques de la ville de Butembo et ce, pour constituer la problématique, le questionnaire voire l'analyse et l'interprétation, nous avons procédé par les techniques et méthodes suivantes : Techniques de recherche · L'analyse documentaire. La documentation a permis de rassembler les informations nécessaires sur le dopage, la maladie mentale, les drogues illicites dopantes qui ont permis de constituer l'ossature théorique de la problématique, de définition des concepts, l'étude du milieu, l'analyse et la discussion des résultats. Pour ce fait, nous avons consulté l'internet, les ouvrages, les modules, les rapports annuels, les périodiques, les travaux antérieurs et les notes de cours. · Interview. Après l'analyse des documents, nous avons procédé à l'interview avec les responsables des ententes sportives ainsi qu'à certains anciens sportifs ayant des bonnes connaissances sur leurs collègues pour identifier les jeunes sportifs ayant pratiqués le dopage (exposés) et ceux ne s'étant pas adonner à cette pratique (non exposés). Pour y parvenir, un guide d'entretien nous a été nécessaire pour soumettre notre interview à chaque sujet faisant partie de notre échantillon. Cet outil nous a servi pour récolter les informations relatives à la santé mentale de nos jeunes sportifs (exposés et non exposés) pour observer le lien qu'il y aurait entre la pratique du dopage et la maladie mentale. Cette technique d'interview nous a permis aussi de limiter les biais de classement ou informationnel. L'interview est un système de communication orale ayant pour but de permettre à l'enquêteur de recueillir les informations de l'enquêté concernant un objet précis. Il constitue un entretien organisé dont les résultats permettent une exploitation systématique au moment d'une enquête (KIRERE MATHE., UOR, 2014) · Analyse. Bernard Berelson définit l'analyse de contenu comme une technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste de communications ayant pour but de l'interpréter. II.2.7. Méthodes statistiques Dans cette étude visant à établir les liens pouvant exister entre la pratique de dopage et la maladie mentale chez les jeunes sportifs de la ville de Butembo, il est en effet certain que la littérature ainsi que la théorie ne sont pas suffisantes pour affirmer ou infirmer une hypothèse. C'est ainsi que nous avons été amené à opérer le choix de la méthode statistique appropriée. Ainsi, le tableau de contingence et le calcul du risque relatif (RR) nous ont semblé mieux indiqué pour dégager la différence des incidences de la maladie mentale entre les sujets exposés et les sujets non exposés au facteur de risque, qui est le dopage. De ce fait, la présentation des données suivra le schéma ci-après : Tableau 2k: Tableau de contingence
- L'Incidence est le risque de survenue de maladie dans chaque groupe des exposés (Ie) ou de non exposés(Ine) : - La différence de risque entre exposés et non exposés: DR = Ie - Ine - Le Risque Relatif (RR) est le rapport entre l'incidence chez les exposés sur l'incidence chez les non exposés : RR = Ie / Ine Le RR est un nombre sans unité compris entre 0 et l'infini ; d'où : · RR « nul » est égal à 1 · Plus RR est éloigné de 1 : plus l'association entre la survenue de la maladie et la présence du facteur étudié est forte - L'Intervalle de Confiance (IC) à 95% de RR : = exp(BI) ; exp(BS) Interprétation de l'intervalle de confiance (IC): - S'il contient 1 : pas de relation démontrée entre la maladie et l'exposition - S'il est inférieur à 1 : excès de risque dans le groupe exposé D'où, l'exposition est « un facteur de risque »de la maladie NB : Si un sujet est exposé, le risque de contracter la maladie est RR fois supérieur que s'il n'était pas exposé - S'il est supérieur à 1 : cela signifie qu'il y a moins de risque de contracter la maladie si il y a exposition. L'exposition devient alors un « facteur protecteur » |
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