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Les mutations de l'industrie musicale

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par Léa SCHALLER
ISCOM Paris - Master 1 Communication REP 2015
  

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Annexe 3 :

INTERVIEW NICOLAS WILLIART - Fondateur du label Kaotoxin

1) Pourquoi avoir créé ce label ? Dans quel besoin ?

Pourquoi pas? Cela fait près de 25 ans que je suis dans ce milieu et mon expérience dans des domaines aussi divers que peu artistiques (marketing, informatique, comptabilité, gestion d'entreprise...) permettait d'envisager la création d'une structure de façon assez concrète. Le but était donc d'allier compétences et passion. Il n'y avait aucun besoin d'un label supplémentaire, mais aucune interdiction d'en créer un néanmoins :)

2) Combien de personnes travaillent au sein du label ?

Aucune (un bénévole, moi). Quelques bénévoles ponctuellement, en cas de gros besoin.

3) Les artistes du label vivent-ils de leur musique ? Non, et ça n'est pas près d'arriver (si ça arrive un jour...)

4) En termes de financement, quels sont les organismes qui vous aident?

Aucun. Par conviction personnelle: se faire financer, c'est donner un droit de regard et donc de censure. L'art doit être libre ou ne pas être. L'art financé est un art prostitué et à ce titre n'est plus de l'art.

5) Est-ce que vous vous êtes adaptés aux mutations du secteur ? Par quels moyens ?

Kaotoxin est né durant les "mutations du secteur". Je sais donc où je vais en termes de chiffre d'affaire et n'ai donc pas d'espoirs démesurés, ce qui permet de ne pas trop mettre en danger l'aspect financier des choses.

D'autre part, même si la scène "Metal" a des années de retard sur d'autres courants musicaux (Electro, par ex.) en ce qui concerne le digital (le public "Metal" valorisera toujours plus un album en CD avec des ventes médiocres qu'un single digtal qui cartonne...), nous insistons beaucoup sur le digital en créant un catalogue de supports physiques limités mais en nous assurant une distribution digital de qualité et pérenne pour nos sorties, y compris après que la version physique -s'il en existe une- soit épuisée.

Nous utilisons bien entendu les réseaux sociaux et faisons notre possible pour diversifier autant que faire se peut nos sources de revenus.

6) Quelles est votre stratégie de communication / promotion pour faire connaître un album ou un artiste ? Avec quels outils de communication ?

Le label se focalise sur des artistes émergeants ou confirmés mais toujours en développement. A ce titre, nous ne pouvons guère compter sur une fan-base établie pour ceux-ci et tâchons donc de développer une image de marque pour le label, qui soit aussi qualitative que professionnelle pour que les artistes du label y soient immédiatement identifiés et ainsi susciter la curiosité des fans du label.

Par ailleurs, nous avons de même une véritable stratégie de diversification et un crédo voulant que nous ne signons jamais deux artistes trop similaires, laissant ainsi à chacun un véritable espace de développement au sein du label, avec chacun sa "case", même si pour certains il est parfois de

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différencier deux groupes d'un même "style", nous avons pour autant une attention toute particulière au fait qu'ils soient aussi dissemblables les uns des autres que possible.

Chaque artiste amenant au fur et à mesure "son" public vers le label, les retombées se font alors sur tous les autres artistes du catalogue pour peu que le dit public soit un peu curieux.

7) Quels formats utilisez-vous dans la commercialisation d'un album ? Tous :) CD, LP, cassette, digital... tout dépend de la sortie concernée.

8) Que pensez-vous de l'activité 360° ?

Je n'aime pas trop cette approche, même si j'en comprends bien entendu le besoin lorsque des dizaines de milliers d'euros sont investis dans la promotion d'un artiste, mais ça n'est pas notre cas et nous ne la pratiquons donc pas.

9) Que pensez-vous de la nouvelle tendance « live » ?

Elle est tout ce qu'il y a de plus virtuelle: comme toujours, seuls les artistes établis en bénéficient et les autres payent de toute façon le tour support s'ils veulent de la visibilité où se produisent dans des caves à longueur de soirées, devant un public plus épars que jamais. La stratégie consistant à tout miser sur le "live" est une stratégie à extrêmement long terme et est extrêmement coûteuse pour des artistes émergents.

Nous avons au catalogue quelques projets "studio" (We All Die (laughing), Miserable Failure...) qui ont les mêmes chiffres de ventes que des artistes passant leur vie sur la route. En tant que label, peu importe. Par contre, pour les artistes, s'ils se débrouillent correctement, le live peut-être une source de revenus non-négligeable... mais il faut avaler des dizaines de milliers de kilomètres et jouer des années dans des conditions minables pour que ça commence à fonctionner: c'est un investissement sur le long terme...

10) Ressentez-vous une concurrence entre labels malgré le fait que chacun propose des artistes uniques ?

C'est comme dans n'importe quelle "société": tout dépend des individus concernés. Nous avons de très bonnes relations avec bon nombre de nos collègues là où d'autres se placent plus dans une notion de concurrence. Tout dépend de l'état d'esprit de chacun mais, dans un milieu où le "gâteau" s'amenuise de jour en jour, il est compréhensible que certains aient tendance à lorgner sur la part du voisin plutôt que de leur prêter leur fourchette...

11) Quels pourraient-être ou sont les freins à votre évolution ?

La Poste en est un gros, ces derniers temps. Le tarif des colis ayant explosé, cela se ressent forcément sur la VPC et les magasins fermant les uns après les autres, il est évident qu'aucun mode de distribution de la musique sur support "physique" n'est désormais plus accessible à tout un chacun, lorsque les albums sont à 20 EURO dans le peu de magains qui restent et à 15 EURO dont 5 EURO de frais de port en VPC...

12) Quelles sont au contraire, les opportunités que vous voyez ?

Le digital peut en être une... mais à nouveau, c'est une question d'état d'esprit et dans notre domaine particulier, ça risque de prendre du temps :)

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13) Selon vous, dans 10 ans, quelles seront les tendances de consommation musicale ?

Les mêmes qu'aujourd'hui: streaming, download légal ou non et support physique, même si ceux-ci prendront une place de moins en moins importante dans l'équation. Le développement de plateformes telles que Spotify ou Deezer se poursuit et la qualité des connexions à Internet ne cesse de s'améliorer. Aucune raison donc que ce ne soit pas un type de consommation en croissance.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius