Déterminants du choix de la santé mentale comme spécialité par les infirmiers( Télécharger le fichier original )par Jean Paul Dzoche Mengoué université catholique d'afrique centrale - Master1 2011 |
III. Objectifs de rechercheIII.1.Objectif généralDéterminer les facteurs qui entravent le choix de la santé mentale comme spécialisation par les infirmiers de l'EIS. III.2.Objectifs spécifiquesØ Établir la relation qui existe entre la formation de base et le choix de la santé mentale comme spécialisation ; Ø Déterminer l'influence de l'environnement de travail dans les services de psychiatries sur le choix futur de la santé mentale comme spécialisation ; Ø Établir la relation entre les représentations sociales de la maladie mentale et le choix de la spécialisation en santé mentale. Exploration des concepts 1- Santé mentale La santé mentale définit le bien-être émotionnel et cognitif ou une absence de trouble mental. Le terme est relativement récent et polysémique. Habituellement, la santé mentale est perçue par Hardy (2000) comme l'« aptitude du psychisme à fonctionner de façon harmonieuse, agréable, efficace et à faire face avec souplesse aux situations difficiles en étant capable de retrouver son équilibre. ». L' Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2011) définit la santé mentale en tant qu'« état de bien-être dans lequel l'individu réalise ses propres capacités, peut faire face aux tensions ordinaires de la vie, et est capable de contribuer à sa communauté.». Il n'existe aucune définition officielle de la santé mentale. Il existe différents types de problèmes de santé mentale, dont certains sont communs, comme la dépression et les troubles de l'anxiété, et d'autres non-communs, comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire. Les autorités politiques sanitaires françaises reconnaissent une triple dimension à la santé mentale : la santé mentale positive (épanouissement personnel), la détresse psychologique réactionnelle (induite par les situations éprouvantes et difficultés existentielles), les troubles psychiatriques de durée variable et plus ou moins sévères et/ou handicapants. Ces troubles renvoient à des classifications diagnostiques s'appuyant sur des critères, et à des actions thérapeutiques ciblées. Historique Durant le milieu du 19e siècle, William Sweetzer était le premier à définir clairement le terme d' "hygiène mentale", qui peut être perçu comme étant précurseur des approches contemporaines de la santé mentale. Johns Hopkins (2007). Isaac Ray, l'un des trente fondateurs de l' Association Américaine de Psychiatrie (AAP), détaille la santé mentale comme un art de préserver l'esprit contre les incidents et les influences qui pourraient endommager ou détruire son énergie, sa qualité ou son développement. Une figure importante de l' "hygiène mentale", pourrait être Dorothea (1808-1887), une institutrice, qui a tenté d'aider toute sa vie les individus atteints de troubles mentaux, et amener à la lumière du jour les conditions déplorable dans lesquels ils ont été entraînés. Ce mouvement était connu sous le nom de "mouvement d'hygiène mentale". Avant ce mouvement, les individus atteints de troubles mentaux dans le 19e siècle étaient considérablement négligés, souvent laissés seuls dans des conditions déplorables, possédait à peine de quoi s'habiller. Facteurs toxicologiques Bon nombre de troubles et séquelles, éventuellement irréversibles, peuvent avoir été induits in utero, dans l'enfance ou à l'âge adulte, suite au contact avec des neurotoxiques inhalés, ingérés, ou absorbés par la peau ou des muqueuses. Il peut s'agir par exemple du plomb ou du mercure, ou de pesticides, d' alcool ou d'autres corps chimiques, qui parfois peuvent agir en synergies. Il est probable que la neurotoxicité de certaines molécules n'ait pas encore été identifiée. En Europe, le règlement Reach invite à une meilleure évaluation des impacts des produits chimiques. Faute de recherches anciennes, et d'une approche écoépidémiologique adaptée, l'origine écotoxicologique de certains troubles a pu être sous-estimée chez des populations collectivement exposées à des toxiques d'origine naturelle ou artificielle ( arsenic du sol, plomb des cartouches de chasse, plomb et radionucléides de Tchernobyl, etc.). Facteurs infectieux Des millions de personnes dans le monde sont victimes de troubles neurologiques induits par des virus ou bactéries. C'est selon un rapport de l'OMS (2007) la sixième cause de consultation neurologique dans les services primaires de soin, touchant particulièrement environ un quart des états-membres de l'OMS, essentiellement en Afrique et dans le Sud-est asiatique. Les neuroinfections restent un problème difficile à traiter même avec l'arrivée des antibiotiques et de vaccins efficaces, dans beaucoup de régions du monde, particulièrement dans des pays dites « en voie de développement ». Ces infections ont généralement été contractées dans l'enfance voire in utero (dans une étude nord-américaine ayant porté sur plus de 12 000 enfants, les enfants dont la mère était grippée durant la première partie de leur grossesse ont eu un risque triplé de développer une schizophrénie plus tard). Dans ce cas, une étude ayant porté sur plus de 2000 femmes n'ayant pas détecté d'effets de la vaccination de la mère sur le foetus, la vaccination préventive de la femme enceinte a été recommandée par les CDC américains. Facteurs liés au stress Le contexte sociopsychologique a une importance dans l'apparition de certains troubles, en particulier, dépressions pouvant conduire au suicide. Le stress et la souffrance au travail ou le stress induit par la difficulté à trouver du travail et à la peur de le perdre, le stress lié au vieillissement dans la solitude, certaines délinquances sexuelles, divers troubles de la sexualité, la non reconnaissance sociale ou l'interdit de certaines formes de sexualité, ou encore divers stress liés au sida, à la stérilité du couple, aux drogues dures, ou le stress induit par une grande précarité et une société où la famille a éclaté, le stress de mineurs en grande difficulté, la perte de repères des mondes virtuels offerts par les jeux vidéo, etc. sont des problèmes parfois nouveaux pour les thérapeutes. Dans certains pays ou contextes, le trouble mental est encore volontiers caché ou les malades enfermés, ce qui peut ajouter à leur souffrance et à leurs troubles. Dans certains pays, les problèmes d' immigration forcée et de déplacements volontaires de réfugiés ou immigrés cherchant de meilleures conditions de vie, ou les problèmes liés aux guerres, guerres civiles et au terrorisme, ou à certaines pressions sociales et religieuses peuvent être sources de troubles importants. Éléments de prospective En mars 2007, un rapport OMS annonce un doublement des cas de démence tous les 20 ans pour les prochaines décennies. Des désordres neurologiques et leurs séquelles et conséquences affectent environ un milliard de personnes dans le monde, touchant tous les groupes d'âge et toutes les zones géographiques. Et pour l'OMS, ces problèmes iront en s'aggravant durant quelques décennies. En effet, l'allongement de la vie et une diminution du nombre d'enfants par femme ont amené une transition démographique passagère, mais importante. Durant quelques décennies, la proportion de personnes âgées et très âgées sera bien plus élevée qu'elle ne l'a jamais été dans l'Histoire de l'humanité. Les désordres neurologiques (dont Alzheimer et autres démences, maladie de Parkinson) seront plus nombreux. Beaucoup de pays pauvres doivent en outre aussi faire face à un taux élevé ou en augmentation de maladies infectieuses dont certaines ont des conséquences neurologiques (dont HIV et malaria) - et à une augmentation de maladies non contagieuses (obésité, infarctus, etc.) dont certaines séquelles peuvent affecter le système nerveux central. Même si statistiquement les pauvres, les enfants, les adolescents et les personnes âgées présentent un risque accru, aucun groupe social ou de population n'est immunisé contre les désordres neurologiques. Lors de certaines maladies, la douleur physique ajoute ses effets à la souffrance psychique des malades et de leur entourage. Ceci pèse sur les familles et l'entourage, et est mal mesuré, comme les impacts socio-économiques de ces maladies. 2- Formation des infirmiers en santé mentale Programme de formation C'est un programme de formation qui vise la prise en charge et le traitement des troubles mentaux. Ce programme d'études professionnelles offre aux professionnels de santé les aptitudes et l'habilité à assurer la responsabilité de l'ensemble des actes que requièrent la promotion de la santé, la prévention de la maladie, le diagnostic et le traitement des troubles et même la réadaptation socioprofessionnelle des malades. Cette formation a pour objectif de favoriser l'émergence d'un nouveau profil de compétence en rapport avec les nouvelles stratégies nationales de santé mentale dans les limites de ses responsabilités professionnelles.
Il s'agit : - D'un infirmier spécialisé en santé mentale apte à répondre aux besoins de santé de la femme, de l'homme, de l'enfant et de l'adolescent dans le domaine préventif, curatif, de réadaptation, de réhabilitation tant au niveau des structures sanitaires que dans la communauté en tenant compte de leur dimension culturelle et de leur personnalité; ü D'un infirmier capable d'assumer chacun de ses rôles en tenant compte des aspects éthiques juridiques de son engagement professionnel ; ü D'un infirmier capable de gérer une formation sanitaire dévolue à la santé mentale; ü D'un infirmier capable de gérer une formation sanitaire dévolue à la santé mentale; ü D'un infirmier capable de former et d'encadrer le personnel qui est sous sa responsabilité; ü D'un infirmier bénéficiant d'une meilleure reconnaissance sociale grâce à un savoir lui permettant d'affirmer une réelle professionnalisation et d'exercer ses responsabilités dans les grandes orientations de la politique sanitaire. Cette formation se déroule en deux années. L'année scolaire se déroule en alternance (cours théoriques et stages pratiques). La formation est organisée en domaine d'une durée variable en fonction de l'importance de la discipline enseignée. L'infirmier spécialisé bénéficie d'une bonification de deux échelons dans sa catégorie de la fonction publique au Cameroun. Cette catégorie de personnel sanitaire devrait de nos jours être déployée sur le terrain en fonction de sa spécialité. Le Cameroun qui dispose de nos jours de nombreux services publics opérationnels en santé mentale, devra déployer les infirmiers spécialisés en santé mentale dans les hôpitaux régionaux. 2-1 Déterminant du choix de la spécialisation Nous parlerons ici des différents facteurs qui permettent le choix de la santé mentale comme spécialisation par les infirmiers de l'EISY. La formation Un rapport de la conférence ministérielle européenne sur la santé mentale relève que les ressources consacrées à la santé mentale sont souvent inappropriées et inéquitables par rapport à celles allouées à d'autres domaines du secteur public. Ceci se traduit par un manque d'accès aux soins, un désintéressement et une discrimination.
L'OMS (2001) affirme qu'à la 4ème Assemblée mondiale de la santé, le budget de la santé mentale dans la plupart des pays représente moins de 1% des dépenses totales de santé. Plus de 30% des pays n'ont aucun programme national de santé mental et plus de 40% des pays ne sont pas dotés de politique en santé mentale. Le même organisme a montré que plus de 25% des pays n'ont pas accès aux médicaments psychiatriques de base. Dans certains systèmes de santé, la couverture des soins par les assurances et les droits aux traitements établit une discrimination très marquée à l'encontre des problèmes de santé mentale. Cette discrimination peut se manifester par un déni des droits juridiques auxquels ont accès tous les êtres humains. Dans le budget de la santé mentale, l'allocation des ressources doit être équitable et proportionnée. Les systèmes de prestations des soins y compris ceux de santé mentale dans les pays en voie de développement se sont révélés inadaptés et inappropriés. Presque tous ces systèmes ont été conçus assez centralisé sue l'hôpital, orientés vers la maladie et calqués sur le modèle occidental. Les programmes de soins destinés aux personnes souffrant de troubles mentaux ou de comportement ne sont guère prioritaires dans bon nombre de pays en développement. Sans doute, était-il plus urgent de lutter contre les maladies endémo-épidémiques, la malnutrition, de sauvegarder le couple mère et enfant, d'améliorer l'espérance de vie des populations. Seul un petit nombre d'institutions, généralement à court de personnel et inefficace y dispense les soins. Ces hôpitaux situés dans les centres urbains sont peu accessibles. Les services reflètent une méconnaissance aussi bien des besoins des malades que des diverses méthodes de traitement disponibles. La plupart des pays en développement ne disposent pas de programmes de formation nationale d'un niveau suffisant. Les spécialistes étant peu nombreux, la communauté a recours aux guérisseurs traditionnels. Au Cameroun, les pouvoirs publics s'intéressent à la santé mentale. Mais le paradoxe est évident ; la politique et la stratégie nationale pourtant bien élaborées n'ont jamais été mises en application. Les budgets sont également rares dans ce domaine. 3- Les représentations sociales de la maladie mentale et des malades mentaux Pour Chevallier et Dunezat (2007) Les représentations du travail de l'infirmier en psychiatrie, sa méconnaissance et sa dévalorisation de la part des soignants en soins généraux ainsi que les motivations chez les étudiants en soins infirmiers à choisir cette discipline ont été ciblées dans une recherche action. Les résultats ont permis de conclure à des représentations défavorables chez tous les soignants, avec une perception comme générateur de perte de savoir technique, renvoyant à la violence, avec une charge de travail moindre. Ces représentations proches de celles du grand public nous interrogent en termes de formation professionnelle, de vision du soin, de la maladie, comme du patient en tant que sujet. Nos conclusions s'orientent vers des actions concrètes dans la formation avec partenariat avec les services de soins et une réflexion pour aboutir à une véritable reconnaissance de la spécificité et de l'expertise nécessaire à l'exercice professionnel infirmier en santé mentale par la mise en place d'une spécialisation.
CONCEPT DE REPRESENTATION SOCIALE Le concept de représentation sociale
désigne une forme de connaissance spécifique, le savoir de sens
commun, dont les contenus manifestent l'opération de processus
génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus
largement, il désigne une forme de pensée sociale.
Emile Durkheim (1858-1917) fut le premier à évoquer
la notion de représentations qu'il appelait ''collectives''
à travers l'étude des religions et des mythes. Pour ce
sociologue, " les premiers systèmes de représentations que
l'homme s'est fait du monde et de lui-même sont d'origine religieuse).".
2) Au XXe siècle Depuis une trentaine d'années, le concept de représentation sociale connaît un regain d'intérêt et ce dans toutes les disciplines des sciences humaines : anthropologie, histoire, linguistique, psychologie sociale, psychanalyse, sociologie... II) VARIETE ET RICHESSE DU CONCEPT
4- L'environnement de travail en psychiatrie La spécificité de ce service est que les soins sont faits en équipe, la répartition des personnes malades étant fonction de leur état de « dangerosité ». Ainsi un malade violent sera affecté en salle dite de sécurité par exemple ; sécurité autant pour lui que pour son entourage. De ce qui précède, et pour reprendre Kerouac, la planification des soins, préliminaire aux interventions sont conséquente des ressources humaines et environnementale ; le ratio malade_ infirmier pour ce qui est du Cameroun reste très faible (moins d'un infirmier psychiatre pour 25 000 habitants) Des enquêtés sur les nombreux accidents (fugues, agressions, parfois meurtres ou viols) intervenant dans les hôpitaux psychiatriques ont été menées. Elle a repéré, au-delà des cas individuels, des problèmes d'organisation récurrents qui favorisent leur survenue. Dans le même temps, certains établissements ont mis en oeuvre des méthodes et des procédures pour prévenir la violence non sans analyser les facteurs de risque tout en proposant les bonnes pratiques. 5- La motivation La motivation est à chercher dans l'individu, mais aussi dans l'environnement (perspective interactionniste). La perception que l'élève a de l'environnement dans lequel il évolue est déterminante pour ses acquisitions. Phénomène intrinsèque à l'élève, mais qui dépend en grande partie du milieu dans lequel il apprend (Rolland, 2000). L'Infirmier en formation initial selon le cas peut être motivé à choisir la santé mentale comme spécialité Motivation : « Le concept de motivation représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l'intensité et la persistance du comportement » (Vallerand et Thill, 1993). La motivation désigne les forces qui agissent sur une personne ou à l'intérieur d'elle pour la pousser à se conduire d'une manière spécifique, orientée vers un objectif. Les pulsions, enjeux ou mobiles auxquels obéissent les salariés dans leur travail affectent leur productivité. A bien des égards, la fonction de manager vise à stimuler les motivations individuelles en faveur des objectifs de l'organisation. Toute motivation est orientée vers un but, c'est à dire un résultat auquel l'individu veut parvenir. Néanmoins, les motifs sont difficilement observables (on ne peut que les supposer). Ils sont nombreux et plus ou moins conflictuels chez une même personne. La manière dont les salariés choisissent d'obéir à certains enjeux plutôt qu'a d'autres, et l'intensité avec laquelle ils y répondent, varie considérablement. (Vallerand et Thill, op cit). A) La motivation intrinsèque : La motivation intrinsèque est « interne » aux individus. Elle pousse l'individu à agir, ce qui provoque une activation de son comportement. Une personne motivée intrinsèquement concevra son engagement dans une activité comme une fin en soi et non attribuable à des causes externes. Ces mobiles profonds sont liés à la nature de la motivation (d'affiliation, hédoniste et d'accomplissement (Durand, 1987). - La motivation d'affiliation : Murray, (1964) a dénommé le « besoin d'affiliation », la tendance de l'homme à établir des contacts et à rechercher des relations affectives, sociales avec autrui. - La motivation hédoniste : C'est la recherche de sensations agréables avec l'environnement. C'est chercher à se faire plaisir, (Rousseau, 1762) - La motivation d'accomplissement : C'est le besoin de se montrer compétent et/ou d'éviter de se montrer incompétent, de rechercher une relation efficace avec l'environnement. La motivation d'accomplissement peut se manifester de deux manières différentes (deux types de « buts motivationnels » ( Famose, 1990)). B) La motivation extrinsèque : La motivation extrinsèque a une fonction de régulation du comportement du soignant. Ces « renforçateurs extrinsèques » ont un effet immédiat sur la motivation des ces derniers, mais on peut s'interroger sur leurs conséquences secondaires à long terme. En effet, on effectue une substitution de but et on nuit à la motivation sur le long terme (Deci, 1972). En psychiatrie le problème reste tout aussi épineux, mais trouve d'autres justifications, conjuguées à celles qui ont été précédemment exposées. Travailler en psychiatrie relève d'un choix professionnel "particulier" qui mérite la réflexion que requiert ce domaine, car très souvent la folie interroge, fait peur, et les infirmiers s'y épuisent faute de ressources valorisantes (Garnier, 1999). Nombreux sont par ailleurs les étudiants qui redoutent leurs stages en psychiatrie, une branche qu'ils perçoivent très à part de la médecine. |
|