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Déterminants du choix de la santé mentale comme spécialité par les infirmiers

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par Jean Paul Dzoche Mengoué
université catholique d'afrique centrale - Master1 2011
  

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III. Objectifs de recherche

III.1.Objectif général

Déterminer les facteurs qui entravent le choix de la santé mentale comme spécialisation par les infirmiers de l'EIS.

III.2.Objectifs spécifiques

Ø Établir la relation qui existe entre la formation de base et le choix de la santé mentale comme spécialisation ;

Ø Déterminer l'influence de l'environnement de travail dans les services de psychiatries sur le choix futur de la santé mentale comme spécialisation ;

Ø Établir la relation entre les représentations sociales de la maladie mentale et le choix de la spécialisation en santé mentale.

CADRE THEORIQUE

Exploration des concepts

1- Santé mentale

La santé mentale définit le bien-être émotionnel et cognitif ou une absence de trouble mental. Le terme est relativement récent et polysémique. Habituellement, la santé mentale est perçue par Hardy (2000) comme l'« aptitude du psychisme à fonctionner de façon harmonieuse, agréable, efficace et à faire face avec souplesse aux situations difficiles en étant capable de retrouver son équilibre. ».

L' Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2011) définit la santé mentale en tant qu'« état de bien-être dans lequel l'individu réalise ses propres capacités, peut faire face aux tensions ordinaires de la vie, et est capable de contribuer à sa communauté.». Il n'existe aucune définition officielle de la santé mentale. Il existe différents types de problèmes de santé mentale, dont certains sont communs, comme la dépression et les troubles de l'anxiété, et d'autres non-communs, comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire.

Les autorités politiques sanitaires françaises reconnaissent une triple dimension à la santé mentale : la santé mentale positive (épanouissement personnel), la détresse psychologique réactionnelle (induite par les situations éprouvantes et difficultés existentielles), les troubles psychiatriques de durée variable et plus ou moins sévères et/ou handicapants. Ces troubles renvoient à des classifications diagnostiques s'appuyant sur des critères, et à des actions thérapeutiques ciblées.

Historique

Durant le milieu du 19e siècle, William Sweetzer était le premier à définir clairement le terme d' "hygiène mentale", qui peut être perçu comme étant précurseur des approches contemporaines de la santé mentale. Johns Hopkins (2007). Isaac Ray, l'un des trente fondateurs de l' Association Américaine de Psychiatrie (AAP), détaille la santé mentale comme un art de préserver l'esprit contre les incidents et les influences qui pourraient endommager ou détruire son énergie, sa qualité ou son développement.

Une figure importante de l' "hygiène mentale", pourrait être Dorothea (1808-1887), une institutrice, qui a tenté d'aider toute sa vie les individus atteints de troubles mentaux, et amener à la lumière du jour les conditions déplorable dans lesquels ils ont été entraînés. Ce mouvement était connu sous le nom de "mouvement d'hygiène mentale". Avant ce mouvement, les individus atteints de troubles mentaux dans le 19e siècle étaient considérablement négligés, souvent laissés seuls dans des conditions déplorables, possédait à peine de quoi s'habiller.

Facteurs toxicologiques

Bon nombre de troubles et séquelles, éventuellement irréversibles, peuvent avoir été induits in utero, dans l'enfance ou à l'âge adulte, suite au contact avec des neurotoxiques inhalés, ingérés, ou absorbés par la peau ou des muqueuses. Il peut s'agir par exemple du plomb ou du mercure, ou de pesticides, d' alcool ou d'autres corps chimiques, qui parfois peuvent agir en synergies. Il est probable que la neurotoxicité de certaines molécules n'ait pas encore été identifiée. En Europe, le règlement Reach invite à une meilleure évaluation des impacts des produits chimiques. Faute de recherches anciennes, et d'une approche écoépidémiologique adaptée, l'origine écotoxicologique de certains troubles a pu être sous-estimée chez des populations collectivement exposées à des toxiques d'origine naturelle ou artificielle ( arsenic du sol, plomb des cartouches de chasse, plomb et radionucléides de Tchernobyl, etc.).

Facteurs infectieux

Des millions de personnes dans le monde sont victimes de troubles neurologiques induits par des virus ou bactéries. C'est selon un rapport de l'OMS (2007) la sixième cause de consultation neurologique dans les services primaires de soin, touchant particulièrement environ un quart des états-membres de l'OMS, essentiellement en Afrique et dans le Sud-est asiatique. Les neuroinfections restent un problème difficile à traiter même avec l'arrivée des antibiotiques et de vaccins efficaces, dans beaucoup de régions du monde, particulièrement dans des pays dites « en voie de développement ». Ces infections ont généralement été contractées dans l'enfance voire in utero (dans une étude nord-américaine ayant porté sur plus de 12 000 enfants, les enfants dont la mère était grippée durant la première partie de leur grossesse ont eu un risque triplé de développer une schizophrénie plus tard). Dans ce cas, une étude ayant porté sur plus de 2000 femmes n'ayant pas détecté d'effets de la vaccination de la mère sur le foetus, la vaccination préventive de la femme enceinte a été recommandée par les CDC américains.

Facteurs liés au stress

Le contexte sociopsychologique a une importance dans l'apparition de certains troubles, en particulier, dépressions pouvant conduire au suicide. Le stress et la souffrance au travail ou le stress induit par la difficulté à trouver du travail et à la peur de le perdre, le stress lié au vieillissement dans la solitude, certaines délinquances sexuelles, divers troubles de la sexualité, la non reconnaissance sociale ou l'interdit de certaines formes de sexualité, ou encore divers stress liés au sida, à la stérilité du couple, aux drogues dures, ou le stress induit par une grande précarité et une société où la famille a éclaté, le stress de mineurs en grande difficulté, la perte de repères des mondes virtuels offerts par les jeux vidéo, etc. sont des problèmes parfois nouveaux pour les thérapeutes. Dans certains pays ou contextes, le trouble mental est encore volontiers caché ou les malades enfermés, ce qui peut ajouter à leur souffrance et à leurs troubles. Dans certains pays, les problèmes d' immigration forcée et de déplacements volontaires de réfugiés ou immigrés cherchant de meilleures conditions de vie, ou les problèmes liés aux guerres, guerres civiles et au terrorisme, ou à certaines pressions sociales et religieuses peuvent être sources de troubles importants.

Éléments de prospective

En mars 2007, un rapport OMS annonce un doublement des cas de démence tous les 20 ans pour les prochaines décennies. Des désordres neurologiques et leurs séquelles et conséquences affectent environ un milliard de personnes dans le monde, touchant tous les groupes d'âge et toutes les zones géographiques. Et pour l'OMS, ces problèmes iront en s'aggravant durant quelques décennies. En effet, l'allongement de la vie et une diminution du nombre d'enfants par femme ont amené une transition démographique passagère, mais importante. Durant quelques décennies, la proportion de personnes âgées et très âgées sera bien plus élevée qu'elle ne l'a jamais été dans l'Histoire de l'humanité. Les désordres neurologiques (dont Alzheimer et autres démences, maladie de Parkinson) seront plus nombreux.

Beaucoup de pays pauvres doivent en outre aussi faire face à un taux élevé ou en augmentation de maladies infectieuses dont certaines ont des conséquences neurologiques (dont HIV et malaria) - et à une augmentation de maladies non contagieuses (obésité, infarctus, etc.) dont certaines séquelles peuvent affecter le système nerveux central.

Même si statistiquement les pauvres, les enfants, les adolescents et les personnes âgées présentent un risque accru, aucun groupe social ou de population n'est immunisé contre les désordres neurologiques. Lors de certaines maladies, la douleur physique ajoute ses effets à la souffrance psychique des malades et de leur entourage. Ceci pèse sur les familles et l'entourage, et est mal mesuré, comme les impacts socio-économiques de ces maladies.

2- Formation des infirmiers en santé mentale

Programme de formation

C'est un programme de formation qui vise la prise en charge et le traitement des troubles mentaux. Ce programme d'études professionnelles offre aux professionnels de santé les aptitudes et l'habilité à assurer la responsabilité de l'ensemble des actes que requièrent la promotion de la santé, la prévention de la maladie, le diagnostic et le traitement des troubles et même la réadaptation socioprofessionnelle des malades.

Cette formation a pour objectif de favoriser l'émergence d'un nouveau profil de compétence en rapport avec les nouvelles stratégies nationales de santé mentale dans les limites de ses responsabilités professionnelles.

Il s'agit :

- D'un infirmier spécialisé en santé mentale apte à répondre aux besoins de santé de la femme, de l'homme, de l'enfant et de l'adolescent dans le domaine préventif, curatif, de réadaptation, de réhabilitation tant au niveau des structures sanitaires que dans la communauté en tenant compte de leur dimension culturelle et de leur personnalité;

ü D'un infirmier capable d'assumer chacun de ses rôles en tenant compte des aspects éthiques juridiques de son engagement professionnel ;

ü D'un infirmier capable de gérer une formation sanitaire dévolue à la santé mentale;

ü D'un infirmier capable de gérer une formation sanitaire dévolue à la santé mentale;

ü D'un infirmier capable de former et d'encadrer le personnel qui est sous sa responsabilité;

ü D'un infirmier bénéficiant d'une meilleure reconnaissance sociale grâce à un savoir lui permettant d'affirmer une réelle professionnalisation et d'exercer ses responsabilités dans les grandes orientations de la politique sanitaire.

Cette formation se déroule en deux années. L'année scolaire se déroule en alternance (cours théoriques et stages pratiques). La formation est organisée en domaine d'une durée variable en fonction de l'importance de la discipline enseignée.

L'infirmier spécialisé bénéficie d'une bonification de deux échelons dans sa catégorie de la fonction publique au Cameroun. Cette catégorie de personnel sanitaire devrait de nos jours être déployée sur le terrain en fonction de sa spécialité. Le Cameroun qui dispose de nos jours de nombreux services publics opérationnels en santé mentale, devra déployer les infirmiers spécialisés en santé mentale dans les hôpitaux régionaux.

2-1 Déterminant du choix de la spécialisation

Nous parlerons ici des différents facteurs qui permettent le choix de la santé mentale comme spécialisation par les infirmiers de l'EISY.

La formation

Un rapport de la conférence ministérielle européenne sur la santé mentale relève que les ressources consacrées à la santé mentale sont souvent inappropriées et inéquitables par rapport à celles allouées à d'autres domaines du secteur public. Ceci se traduit par un manque d'accès aux soins, un désintéressement et une discrimination.

L'OMS (2001) affirme qu'à la 4ème Assemblée mondiale de la santé, le budget de la santé mentale dans la plupart des pays représente moins de 1% des dépenses totales de santé. Plus de 30% des pays n'ont aucun programme national de santé mental et plus de 40% des pays ne sont pas dotés de politique en santé mentale. Le même organisme a montré que plus de 25% des pays n'ont pas accès aux médicaments psychiatriques de base.

Dans certains systèmes de santé, la couverture des soins par les assurances et les droits aux traitements établit une discrimination très marquée à l'encontre des problèmes de santé mentale. Cette discrimination peut se manifester par un déni des droits juridiques auxquels ont accès tous les êtres humains. Dans le budget de la santé mentale, l'allocation des ressources doit être équitable et proportionnée.

Les systèmes de prestations des soins y compris ceux de santé mentale dans les pays en voie de développement se sont révélés inadaptés et inappropriés. Presque tous ces systèmes ont été conçus assez centralisé sue l'hôpital, orientés vers la maladie et calqués sur le modèle occidental. Les programmes de soins destinés aux personnes souffrant de troubles mentaux ou de comportement ne sont guère prioritaires dans bon nombre de pays en développement. Sans doute, était-il plus urgent de lutter contre les maladies endémo-épidémiques, la malnutrition, de sauvegarder le couple mère et enfant, d'améliorer l'espérance de vie des populations.

Seul un petit nombre d'institutions, généralement à court de personnel et inefficace y dispense les soins. Ces hôpitaux situés dans les centres urbains sont peu accessibles. Les services reflètent une méconnaissance aussi bien des besoins des malades que des diverses méthodes de traitement disponibles.

La plupart des pays en développement ne disposent pas de programmes de formation nationale d'un niveau suffisant. Les spécialistes étant peu nombreux, la communauté a recours aux guérisseurs traditionnels.

Au Cameroun, les pouvoirs publics s'intéressent à la santé mentale. Mais le paradoxe est évident ; la politique et la stratégie nationale pourtant bien élaborées n'ont jamais été mises en application. Les budgets sont également rares dans ce domaine.

3- Les représentations sociales de la maladie mentale et des malades mentaux

Pour Chevallier et Dunezat (2007)  Les représentations du travail de l'infirmier en psychiatrie, sa méconnaissance et sa dévalorisation de la part des soignants en soins généraux ainsi que les motivations chez les étudiants en soins infirmiers à choisir cette discipline ont été ciblées dans une recherche action.

Les résultats ont permis de conclure à des représentations défavorables chez tous les soignants, avec une perception comme générateur de perte de savoir technique, renvoyant à la

violence, avec une charge de travail moindre. Ces représentations proches de celles du grand public nous interrogent en termes de formation professionnelle, de vision du soin, de la maladie, comme du patient en tant que sujet. Nos conclusions s'orientent vers des actions concrètes dans la formation avec partenariat avec les services de soins et une réflexion pour aboutir à une véritable reconnaissance de la spécificité et de l'expertise nécessaire à l'exercice professionnel infirmier en santé mentale par la mise en place d'une spécialisation.

CONCEPT DE REPRESENTATION SOCIALE

Le concept de représentation sociale désigne une forme de connaissance spécifique, le savoir de sens commun, dont les contenus manifestent l'opération de processus génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus largement, il désigne une forme de pensée sociale.
Les représentations sociales sont des modalités de pensée pratique orientées vers la communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement social, matériel et idéel.


I) HISTORIQUE DU CONCEPT


Au XIXe siècle

Emile Durkheim (1858-1917) fut le premier à évoquer la notion de représentations qu'il appelait ''collectives'' à travers l'étude des religions et des mythes. Pour ce sociologue, " les premiers systèmes de représentations que l'homme s'est fait du monde et de lui-même sont d'origine religieuse).".
Il distingue les représentations collectives des représentations individuelles : " La société est une réalité sui generis ; elle a ses caractères propres qu'on ne retrouve pas, ou qu'on ne retrouve pas sous la même forme, dans le reste de l'univers. Les représentations qui l'expriment ont donc un tout autre contenu que les représentations purement individuelles et l'on peut être assuré par avance que les premières ajoutent quelque chose aux secondes.".

Dans la conclusion de son ouvrage, il pose les bases d'une réflexion sur le concept de représentation collective.

2) Au XXe siècle Depuis une trentaine d'années, le concept de représentation sociale connaît un regain d'intérêt et ce dans toutes les disciplines des sciences humaines : anthropologie, histoire, linguistique, psychologie sociale, psychanalyse, sociologie...

II) VARIETE ET RICHESSE DU CONCEPT
1) L'intérêt de l'étude des représentations sociales pour les sciences humaines
Selon Jodelet, c'est parce que la représentation sociale est située à l'interface du psychologique et du social, qu'elle présente une valeur heuristique pour toutes les sciences humaines. Chacune de ces sciences apporte un éclairage spécifique sur ce concept complexe. Tous les aspects des représentations sociales doivent être pris en compte : psychologiques, sociaux, cognitifs, communicationnels.
Il n'est ni possible, ni même souhaitable pour l'instant, estime l'auteur ci-dessus, de chercher à établir un modèle unitaire des phénomènes représentatifs. Il paraît préférable que chaque discipline contribue à approfondir la connaissance de ce concept afin d'enrichir une recherche d'intérêt commun.

2) Les différentes approches
Il existe différentes approches qui envisagent la façon dont s'élaborent les représentations sociales ; chacune d'entre elles privilégie une de leurs facettes Jodelet relève six points de vue sur la construction d'une représentation sociale :
- Une approche qui valorise particulièrement l'activité cognitive du sujet dans l'activité représentative. Le sujet est un sujet social, porteur " des idées, valeurs et modèles qu'il tient de son groupe d'appartenance ou des idéologies véhiculées dans la société. " La représentation sociale se construit lorsque le sujet est en " situation d'interaction sociale ou face à un stimulus social. " - Un autre point de vue insiste sur " les aspects signifiants de l'activité représentative. " Le sujet est " producteur de sens ". A travers sa représentation s'exprime " le sens qu'il donne à son expérience dans le monde social. " La représentation est sociale car élaborée à partir des codes sociaux et des valeurs reconnues par la société. Elle est donc le reflet de cette société.

- Une troisième approche envisage les représentations sous l'angle du discours. " Ses propriété sociales dérivent de la situation de communication, de l'appartenance sociale des sujets parlants, de la finalité de leurs discours. "

- La pratique sociale de la personne, est valorisée dans une quatrième optique. Le sujet est un acteur social, la représentation qu'il produit " reflète les normes institutionnelles découlant de sa position ou les idéologies liées à la place qu'il occupe. "

- Dans une autre perspective, c'est l'aspect dynamique des représentations sociales qui est souligné par le fait que ce sont les interactions entre les membres d'un groupe ou entre groupes qui contribuent à la construction des représentations.

- Un dernier point de vue analyse la manifestation des représentations en postulant l'idée d'une " reproduction des schèmes de pensée socialement établis." L'individu est déterminé par les idéologies dominantes de la société dans laquelle il évolue.

La variété de ces diverses approches enrichit la recherche sur les phénomènes représentatifs. Jodelet rappelle que l'étude des représentations conduit à plusieurs champs d'application comme l'éducation, la diffusion des connaissances ou encore la communication sociale, aspect sur lequel Moscovici a particulièrement insisté.


III) CARACTERISTIQUES ET FONCTIONS DES REPRESENTATIONS SOCIALES
Le concept de représentation sociale est si riche et si complexe qu'il n'est pas toujours évident de le définir. Pour arriver à cerner cette notion, il est nécessaire d'ordonner et de schématiser son contenu. Nous discernerons d'une part les caractères fondamentaux d'une représentation sociale et d'autre part ses fonctions principales.

1) Les cinq caractères fondamentaux d'une représentation sociale (d'après Jodelet)

· Elle est toujours représentation d'un objet :
Il n'existe pas de représentation sans objet. Sa nature peut être très variée mais il est toujours essentiel. Sans objet, il n'existe pas de représentation sociale. L'objet peut être de nature abstraite, comme la folie ou les médias, ou se référer à une catégorie de personnes (les enseignants ou les journalistes par exemple).

L'objet est en rapport avec le sujet : la représentation " est le processus par lequel s'établit leur relation." Le sujet et l'objet sont en en interaction et s'influencent l'un l'autre. Dans la préface du livre de Claudine Herzlich, Santé et maladie, Moscovici écrit : " il n'y a pas de coupure entre l'univers extérieur et l'univers intérieur de l'individu (ou du groupe). Le sujet et l'objet ne sont pas foncièrement distincts ... se représenter quelque chose, c'est se donner ensemble, indifférenciés le stimulus et la réponse. Celle-ci n'est pas une réaction à celui-là, mais, jusqu'à un certain point, son origine. "
Dans l'étude des représentations, on s'intéressera donc au phénomène d'interaction entre un sujet et un objet. Herzlich définit son étude par le fait de tenter " de comprendre les attitudes et le comportement qu'elles (les représentations sociales) engendrent, le savoir qui circule à leur propos, dans la relation même qui se crée entre l'individu, la santé et la maladie.


IV) FONCTIONNEMENT DES REPRESENTATIONS SOCIALES

Il est à présent nécessaire d'examiner l'organisation et la structure des représentations, c'est-à-dire la façon dont elles se forment.

1) L'élaboration des représentations sociales
Une représentation se définit par deux composantes : ses éléments constitutifs d'une part, et son organisation, c'est-à-dire les relations qu'entretiennent ces éléments d'autre part
En d'autres termes, il s'agit du contenu et de la structure de la représentation. Les éléments qui la composent sont interdépendants et la cohérence de la représentation est basée sur cette dépendance. En pratique, pour étudier une représentation sociale, il faut repérer ces éléments dits ''invariants structuraux'' et les relations qui les lient entre eux.
Lorsqu'une représentation se crée, deux processus se mettent en oeuvre : l'objectivation, avec la constitution d'un noyau figuratif et l'ancrage. Ils ont été décrits par Moscovici.

· L'objectivation :
" Objectiver, c'est résorber un excès de significations en les matérialisant"
Le processus d'objectivation permet aux gens de s'approprier et d'intégrer des phénomènes ou des savoirs complexes. Il comporte trois phases :

- Le tri des informations en fonction de critères culturels et surtout normatifs, ce qui exclut une partie des éléments.

- La formation d'un modèle ou noyau figuratif : les informations retenues s'organisent en un noyau " simple, concret, imagé et cohérent avec la culture et les normes sociales ambiantes."

- La naturalisation des éléments auxquels on attribue des propriétés ou des caractères (à propos de la représentation des éléments de la psychanalyse, Jodelet cite cet exemple : " L'inconscient est inquiet ").
Le noyau figuratif prend un statut d'évidence et devient la réalité même pour le groupe considéré. C'est autour de lui que se construit l'ensemble de la représentation sociale.
Nous développerons plus loin la théorie du noyau central chez Abric à propos de l'évolution des représentations.

· L'ancrage :
C'est " l'enracinement social de la représentation et de son objet". Ce processus comporte plusieurs aspects :

- Le sens : l'objet représenté est investi d'une signification par le groupe concerné par la représentation. A travers le sens, c'est son identité sociale et culturelle qui s'exprime.

- L'utilité : " les éléments de la représentation ne font pas qu'exprimer des rapports sociaux mais contribuent à les constituer ... Le système d'interprétation des éléments de la représentation a une fonction de médiation entre l'individu et son milieu et entre les membres d'un même groupe"
Le langage commun qui se crée entre les individus et les groupes à partir d'une représentation sociale partagée, leur permet de communiquer entre eux. Le système de référence ainsi élaboré exerce à son tour une influence sur les phénomènes sociaux.

- L'enracinement dans le système de pensée préexistant : pour intégrer de nouvelles données, les individus ou les membres d'un groupe les classent et les rangent dans des cadres de pensée socialement établis.
Des attentes et des contraintes sont en même temps associées aux éléments de la représentation, en terme de comportements prescrits.

- " Le processus d'ancrage, situé dans une relation dialectique avec l'objectivation, articule les trois fonctions de base de la représentation : fonction cognitive d'intégration de la nouveauté, fonction d'interprétation de la réalité, fonction d'orientation des conduites et des rapports sociaux. "

4- L'environnement de travail en psychiatrie

La spécificité de ce service est que les soins sont faits en équipe, la répartition des personnes malades étant fonction de leur état de « dangerosité ». Ainsi un malade violent sera affecté en salle dite de sécurité par exemple ; sécurité autant pour lui que pour son entourage.

De ce qui précède, et pour reprendre Kerouac, la planification des soins, préliminaire aux interventions sont conséquente des ressources humaines et environnementale ; le ratio malade_ infirmier pour ce qui est du Cameroun reste très faible (moins d'un infirmier psychiatre pour 25 000 habitants)

Des enquêtés sur les nombreux accidents (fugues, agressions, parfois meurtres ou viols) intervenant dans les hôpitaux psychiatriques ont été menées. Elle a repéré, au-delà des cas individuels, des problèmes d'organisation récurrents qui favorisent leur survenue. Dans le même temps, certains établissements ont mis en oeuvre des méthodes et des procédures pour prévenir la violence non sans analyser les facteurs de risque tout en proposant les bonnes pratiques.

5- La motivation

La motivation est à chercher dans l'individu, mais aussi dans l'environnement (perspective interactionniste). La perception que l'élève a de l'environnement dans lequel il évolue est déterminante pour ses acquisitions.

Phénomène intrinsèque à l'élève, mais qui dépend en grande partie du milieu dans lequel il apprend (Rolland, 2000). L'Infirmier en formation initial selon le cas peut être motivé à choisir la santé mentale comme spécialité

Motivation : « Le concept de motivation représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l'intensité et la persistance du comportement » (Vallerand et Thill, 1993).

La motivation désigne les forces qui agissent sur une personne ou à l'intérieur d'elle pour la pousser à se conduire d'une manière spécifique, orientée vers un objectif. Les pulsions, enjeux ou mobiles auxquels obéissent les salariés dans leur travail affectent leur productivité. A bien des égards, la fonction de manager vise à stimuler les motivations individuelles en faveur des objectifs de l'organisation.

Toute motivation est orientée vers un but, c'est à dire un résultat auquel l'individu veut parvenir. Néanmoins, les motifs sont difficilement observables (on ne peut que les supposer). Ils sont nombreux et plus ou moins conflictuels chez une même personne. La manière dont les salariés choisissent d'obéir à certains enjeux plutôt qu'a d'autres, et l'intensité avec laquelle ils y répondent, varie considérablement. (Vallerand et Thill, op cit).

A) La motivation intrinsèque :

La motivation intrinsèque est « interne » aux individus. Elle pousse l'individu à agir, ce qui provoque une activation de son comportement. Une personne motivée intrinsèquement concevra son engagement dans une activité comme une fin en soi et non attribuable à des causes externes.

Ces mobiles profonds sont liés à la nature de la motivation (d'affiliation, hédoniste et d'accomplissement (Durand, 1987).

- La motivation d'affiliation :

Murray, (1964) a dénommé le « besoin d'affiliation », la tendance de l'homme à établir des contacts et à rechercher des relations affectives, sociales avec autrui.

- La motivation hédoniste :

C'est la recherche de sensations agréables avec l'environnement. C'est chercher à se faire plaisir, (Rousseau, 1762)

- La motivation d'accomplissement :

C'est le besoin de se montrer compétent et/ou d'éviter de se montrer incompétent, de rechercher une relation efficace avec l'environnement.

La motivation d'accomplissement peut se manifester de deux manières différentes (deux types de « buts motivationnels » ( Famose, 1990)).

B) La motivation extrinsèque :

La motivation extrinsèque a une fonction de régulation du comportement du soignant. Ces « renforçateurs extrinsèques » ont un effet immédiat sur la motivation des ces derniers, mais on peut s'interroger sur leurs conséquences secondaires à long terme. En effet, on effectue une substitution de but et on nuit à la motivation sur le long terme (Deci, 1972).

En psychiatrie le problème reste tout aussi épineux, mais trouve d'autres justifications, conjuguées à celles qui ont été précédemment exposées. Travailler en psychiatrie relève d'un choix professionnel "particulier" qui mérite la réflexion que requiert ce domaine, car très souvent la folie interroge, fait peur, et les infirmiers s'y épuisent faute de ressources valorisantes (Garnier, 1999). Nombreux sont par ailleurs les étudiants qui redoutent leurs stages en psychiatrie, une branche qu'ils perçoivent très à part de la médecine.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"