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Les couts de recherche et de developpement des hydrocarbures: prise en compte, amortissement et evaluation

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par Naceur Yaiche
IHEC, Tunis, Tunisie - Diplôme national d'expertise comptable 2004
  

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Section 1. FONDEMENT THEORIQUE DE L'AMORTISSEMENT

La nécessité d'amortir les biens dont la valeur diminue du fait de la détention, de l'obsolescence ou de l'usage découle des dispositions du cadre conceptuel de la comptabilité financière.

1.1. Cadre conceptuel de la comptabilité financière

En Tunisie, le § 61 du cadre conceptuel de la comptabilité financière dispose que "les charges sont prises en compte, lorsqu'une diminution d'avantages économiques futurs, liés à la

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diminution d'un actif ou à l'augmentation d'un passif, s'est produite et qu'elle peut être mesurée de façon fiable".

Par ailleurs, le § 43 précise que la convention de rattachement des charges aux produits "consiste à établir une correspondance, directe ou indirecte, entre les produits et les charges de l'entreprise. Lorsque des revenus sont comptabilisés au cours d'un exercice, toutes les charges ayant concouru à la réalisation de ces revenus doivent être déterminées et rattachées à ce même exercice".

L'application combinée de ces dispositions, conduirait toute entreprise d'exploration - production pétrolière à établir une correspondance directe ou indirecte56 entre ses coûts de recherche, de développement et de production, d'une part, et sa production d'hydrocarbures, base de ses cash-flows, d'autre part.

Cette correspondance ne peut vraisemblablement être établie qu'à travers une répartition systématique de l'ensemble des coûts portés à l'actif selon une base logique et rationnelle traduisant au mieux la consommation par l'entreprise de ses réserves minérales. Dans ce contexte, l'IASC a le mérite de préciser avec clarté la notion d'amortissement au niveau du §96 de son cadre conceptuel qui dispose:

"Lorsque des avantages économiques sont attendus sur plusieurs exercice, et que l'association avec les produits ne peut être déterminée que de façon vague ou indirecte les charges sont comptabilisées dans le compte de résultat sur la base de procédures de répartition systématiques et rationnelles. Ce procédé est souvent nécessaire pour comptabiliser des charges associées à l'utilisation d'actifs tels que les immobilisations corporelles, le goodwill, les brevets et les marques; dans de tels cas, la charge est appelée amortissement. Ces procédures de répartition ont pour but de comptabiliser les charges dans les exercices où les avantages économiques associés à ces éléments sont consommés ou disparaissent."

56 Pour le rattachement des charges aux produits, le cadre conceptuel tunisien parle d'une correspondance directe ou indirecte entre les produits et les charges de l'entreprise. Par contre, l'IASC stipule dans son cadre conceptuel, § 95, que "les charges sont comptabilisées ... sur la base d'une association directe entre les coûts encourus et l'obtention d'éléments spécifiques de produits."

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De telles précisions n'existe pas au niveau du cadre conceptuel tunisien. Elles sont fournies uniquement par les normes comptables NC 05 et NC 06; deux normes, rappelons-le, non applicables aux activités de recherche et de développement des hydrocarbures.

1.2. L'amortissement selon la norme comptable NC 05

Bien que non applicable aux biens sujets à épuisement détenus par les entreprises d'extraction, les normes comptables tunisiennes traitant des immobilisations corporelles et incorporelles fournissent certaines directives et définitions qui sont acceptées dans l'industrie pétrolière.

a. Définition

La NC 05, §06, définit l'amortissement comme étant "la répartition systématique du montant amortissable d'une immobilisation sur sa durée d'utilisation estimée. Il traduit la diminution irréversible de la valeur d'une immobilisation résultant de l'usage, du temps, du changement de technique et toute autre cause. La dotation aux amortissements de l'exercice est constatée en charges".

La pertinence de cette disposition à l'industrie pétrolière n'est pas évidente. En effet, lorsqu'il s'agit de coûts d'exploration ou de forage de développement, la diminution irréversible de valeur n'est pas, tout à fait, celle des coûts portés à l'actif mais plutôt celle relative à la consommation et à l'épuisement des réserves minérales mises en évidence. De telles réserves constituent l'actif réel de toute entreprise pétrolière, même si elles ne sont pas inscrites au bilan.

Par conséquent, l'amortissement de tels coûts, lorsqu'ils sont portés à l'actif, est fait dans un objectif de leur répartition en fonction des avantages économiques futurs que procurera la production et la vente des réserves minérales détenues par l'entreprise.

b. Le montant amortissable

Aux termes de la NC 05, §06, le montant amortissable d'une immobilisation corporelle est "son coût historique ou un autre montant qui lui a été substitué dans les états financiers,

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diminué de la valeur résiduelle éventuelle". Ce même paragraphe ajoute que "la valeur résiduelle est le montant net qu'une entreprise compte obtenir en échange d'un bien à la fin de sa durée d'utilisation après déduction des coûts de cession prévus".

Par conséquent, les coûts, étudiés dans la première partie du présent mémoire, encourus pour l'acquisition, la recherche et le développement de réserves d'hydrocarbures et dont la totalité ou une partie a été portée à l'actif constituent le montant amortissable. Il s'agit notamment:

- des coûts de prospection;

- des coûts d'acquisition et de maintenance des droits miniers;

- des coûts d'exploration;

- des coûts d'appréciation ou d'évaluation;

- et des coûts de développement.

Outre ces coûts, l'IAS 37, Provisions, passifs éventuels et actifs éventuels, requiert la prise en compte d'un passif pour certains coûts futurs de démantèlement et de remise en état qui sont encourus comme conséquence des activités de forage et de développement. Ces coûts, lorsqu'ils sont constatés par l'inscription d'un actif au niveau du bilan, doivent, à notre avis, faire partie du montant amortissable du centre de coûts sujet à amortissement.

A ce titre, il est à noter que la notion de montant amortissable ne pose pas de problèmes particuliers sous la méthode de l'amortissement linéaire. Par contre, elle semble trouver ses limites lorsque la méthode de l'amortissement selon l'unité de production est adoptée. En effet, une meilleure application de la convention de rattachement des charges aux produits peut conduire à l'amortissement de certains coûts futurs en fonction de l'épuisement des réserves mises en évidence. Il s'agit notamment des coûts de développement futurs et dans certains cas ceux relatifs à une activité d'exploration future.

c. La période d'amortissement

L'appréciation de la durée d'utilisation d'une immobilisation amortissable est une affaire de jugement généralement fondée sur l'expérience de l'entreprise avec des biens semblables. Les avantages économiques représentatifs d'une immobilisation corporelle sont consommés par

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l'entreprise principalement à travers l'utilisation de cet actif. Toutefois, d'autres facteurs, tels que l'obsolescence technique et l'usure d'un actif alors qu'il reste inutilisé, conduisent souvent à la diminution des avantages économiques auxquels on aurait pu s'attendre à disposer grâce à cet actif. En conséquence, l'ensemble des facteurs suivants doit être pris en considération pour déterminer la durée d'utilité d'un actif (IAS 16, §43):

(a) l'usage attendu de cet actif par l'entreprise. Cet usage est évalué par référence à la capacité ou à la production physique attendue de cet actif;

(b) l'usure physique attendue, qui dépend des facteurs d'activité telles que les cadences auxquelles est utilisé l'actif et le programme de maintenance de l'entreprise, et les soins apportés et la maintenance de l'actif en dehors de sa période d'utilisation;

(c) l'obsolescence technique découlant de changements ou d'améliorations dans la production, ou d'une évolution de la demande du marché pour le produit ou le service fourni par l'actif; et

(d) les limites juridiques ou similaires sur l'usage de l'actif, telles que les dates d'expiration des contrats de location.

Par ailleurs, la norme comptable NC 05 définit la période d'amortissement comme étant la durée d'utilisation estimée de l'immobilisation. Elle est:

- soit la période pendant laquelle l'entreprise compte utiliser une immobilisation amortissable;

- soit la période correspondant au nombre d'unités de production (ou l'équivalent) que l'entreprise compte obtenir par la mise en oeuvre de l'immobilisation amortissable.

Si la notion de période d'amortissement ne pose pas de difficultés particulières dans le cadre de l'amortissement linéaire, il n'en est pas de même lorsque la méthode de l'amortissement selon l'unité de production est utilisée. Comme nous le verrons au niveau du deuxième chapitre de la présente partie, la détermination du "nombre d'unités de production", c'est à dire les réserves d'hydrocarbures en fonction desquelles le montant amortissable est amorti,

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peut s'avérer délicate et dépend en grande partie de la nature et des caractéristiques techniques de certaines installations pétrolières.

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