Construction sociale des processus décisionnels en matière d'usage des pesticides par les maraichers de Sèmè-Kpodji( Télécharger le fichier original )par Daleb Abdoulaye Alfa Université d'Abomey-Calavi - DEA 2014 |
INTRODUCTIONCette étude s'inscrit dans le cadre du projet intitulé « Lutte intégrée contre le paludisme à base de pratiques agricoles innovantes en Afrique de l'Ouest ». Elle est financée par le Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI). Ce projet multisite (Bénin, Burkina Faso, Togo) est porté au Bénin par l'Institut Régional de Santé Publique (IRSP). Il a pour objectifs d'analyser les résistances induites chez l'anophèle par l'usage des pesticides dans la culture du coton au Burkina Faso et le maraichage au Bénin, puis l'impact de la mise en oeuvre de pratiques agricoles innovantes sur la sélection et le développement des souches de moustiques résistantes. Le projet prévoit donc d'inciter les producteurs maraichers à adopter, puis à développer des pratiques agricoles innovantes. Ces techniques doivent en principe permettre de réduire l'utilisation des pesticides dans les pratiques agricoles tout en améliorant les conditions de subsistance de professionnels, la gestion des agroécosystèmes, la protection de l'environnement, la sécurité alimentaire pour les consommateurs. Elles devraient également permettre, une meilleure prévention du paludisme par la limitation du développement de souches de vecteurs résistantes, point focal de ce projet pour les entomologistes qui l'ont impulsé. En effet, la résistance des vecteurs aux insecticides est devenue un domaine de recherche prioritaire en Afrique depuis quelques années, suite à la baisse observée de sensibilité d'Anophèles gambiæ aux pyréthrinoïdes (Akogbeto et al., 2005). Le niveau de résistance d'Anophèles gambiæ est en particulier fortement corrélé avec les surfaces maraichères (Kaminski, 2007). Les produits dont dispose la santé publique pour combattre les moustiques sont les mêmes que ceux utilisés depuis des décennies en agriculture (Akogbeto et al., 2005). Ainsi, la résistance des vecteurs liée à l'usage massif d'insecticides dans le domaine agricole constitue un facteur limitant l'efficacité de la lutte antivectorielle, en particulier celle qui utilise des moustiquaires imprégnées d'insecticides de longues durées d'action (MILD). Cet aspect diminue en conséquence la portée des programmes de lutte antivectorielle actuellement recommandés par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ce développement des souches de moustiques résistantes est d'autant plus préoccupant qu'aucune nouvelle famille d'insecticides n'a été homologuée en santé publique au cours des deux dernières décennies. Au Bénin, le projet est mis en oeuvre dans le sud avec les maraichers de Sèmè - Kpodji1(*) et de Houeyiho2(*). Il est mené par une équipe pluridisciplinaire composée de d'entomologistes médicales, d'entomologistes agricoles, d'agronomes et d'anthropologues3(*). Le volet anthropologique de cette recherche qui nous concerne ici porte sur l'étude de la « vie sociale » des pesticides utilisés et sur les déterminants socio - culturels des choix en matière de pratiques agricoles. Il s'intéresse tout particulièrement à la construction sociale des processus décisionnels en matière de techniques de maraichage, en particulier, les perceptions de l'efficacité et de la toxicité des pesticides. Ce travail est structuré en deux parties. Dans la première partie, une réflexion méthodologique sera conduite sur les outils mobilisés pour recueillir, penser et restituer les données. La seconde partie sera consacrée dans un premier temps à une monographie du site de VIMAS et ensuite au processus de décision d'achats et d'utilisation des pesticides. PREMIERE PARTIE : DEMARCHES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE* 1 Site de maraichage dans la commune Sèmè-Kpodji (VIMAS) * 2 Site de maraichage dans la commune de Cotonou (domaine de l'ASECNA) * 3 L'axe anthropologique est sous la responsabilité de Marc Egrot, Anthropologue dans l'Unité Mixte de recherche (UMR) 224 de l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement), intitulée MIVEGEC : Maladies Infectieuses et Vecteurs, Ecologie, Génétique, Evolution et Contrôle. Dans ce cadre, j'ai bénéficié d'une gratification de l'Institut de Recherche en Santé Publique (IRSP) sur les crédits CRDI pour faire mon DEA (Diplôme d'Etudes approfondies). |
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