UNIVERSITE D'ABOMEY- CALAVI
*=*=*=*=*
FACULTE DES LETTRES ARTS ET SCIENCES
HUMAINES
*=*=*=*=*
ECOLE DOCTORALE PLURIDISCIPLINAIRE « ESPACES,
CULTURES ET DEVELOPPEMENT »
*=*=*=*=*
FILIERE DE SOCIOLOGIE - ANTHROPOLOGIE
*=*=*=*=*
OPTION : SOCIOLOGIE DU
DEVELOPPEMENT
*=*=*=*=*
Construction sociale des processus décisionnels
en matière d'usage des pesticides par les maraichers de
Sèmè-Kpodji
cccccccccccjfjfj
MÉMOIRE DE DIPLOME D'ETUDES
APPROFONDIES
Présenté et soutenu publiquement le 07
Février 2014 par :
Daleb ABDOULAYE ALFA
Sous la direction de :
Pr. Roch L. MONGBO
Dr. Marc EGROT
Maître de Conférences à l'UAC
Anthropologue à UMR 224 de l'IRD
Composition du jury :
Président : Pr. Adolphe KPATCHAVI
Examinateur :
Dr. Roch HOUNGNIHIN
Examinateur :
Dr. Marc EGROT
Rapporteur :
Pr. Roch L. MONGBO
Mention : Très Bien
Année Académique 2013-2014
SOMMAIRE
SOMMAIRE
2
REMERCIEMENTS
3
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
4
RESUME
6
SUMMARY
8
INTRODUCTION
9
PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES ET
METHODOLOGIQUES
11
CHAPITRE I : ASPECTS THEORIQUES
12
CHAPITRE II : ASPECTS METHODOLOGIQUES
24
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET
INTERPRETATION DES DONNEES
34
CHAPITRE I : AU VILLAGE MARAICHER DE
SEME-KPODJI (VIMAS)
35
CHAPITRE II : PROCESSUS DE DECISION D'ACHAT ET
D'UTILISATION DES INTRANTS
55
CONCLUSION
74
BIBLIOGRAPHIE
76
ANNEXES
83
TABLE DES MATIERES
101
REMERCIEMENTS
Ce travail de recherche n'aurait pu aboutir sans l'aide et le
soutien de nombreuses personnes que je tiens à remercier très
sincèrement.
Je remercie de tout coeur le professeur Roch Mongbo, qui sans
la moindre hésitation a accepté d'être mon directeur de
recherche et a su aménager du temps pour accompagner ce travail. C'est
l'occasion de lui exprimer toute ma reconnaissance.
C'est avec gratitude que je remercie également le
Docteur Marc Egrot, mon co-directeur de mémoire, qui suit
méticuleusement mes travaux depuis plusieurs mois et m'a accordé
une grande confiance. Sans le chaleureux accueil de l'équipe de l'IRD,
je n'aurais sans doute pas entrepris cette recherche.
Je remercie le Docteur Luc Djogbenou, l'investigateur
principal du programme et le CRDI qui a financé et permis de
réaliser ce travail durant ces mois.
Je tiens également à exprimer ma reconnaissance
à tous les enquêtés pour avoir accepté de se
prêter au jeu de l'entretien. Leur disponibilité, leur sacrifice
et leur sincérité, m'ont été d'un grand appui.
Enfin, je remercie très affectueusement tous mes
proches pour leur soutien, leur encouragement, et leur patience, avec une
pensée toute particulière pour ma femme et mon fils dont le
souvenir me donnait force et courage.
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
AMAP : Association pour le Maintien d'une Agriculture
Paysanne
APRETECTRA : Associations des Personnes REnovatrices de
TEChnologies Traditionnelles
ASECNA :
Agence
pour la Sécurité de la Navigation Aérienne
CARDER : Centre d'Action Régionale de Promotion
Agricole
CeCPA : Centre Communal pour la Production Agricole
CETA : Collège d'Enseignement Technique Agricole
de Natitingou
CLCAM : Caisse Locale de Crédit Agricole et
Mutuel
CRDI : Centre de Recherche pour le Développement
International
CREPA : Centre Régional pour l'Eau Potable et
l'Assainissement
DEA : Diplôme d'Etudes Approfondies
GEA : Groupement des Exploitants Agricoles
GREEN: Growing Resources for Enhanced agricultural Enterprises
and Nutrition
GTZ : Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit
IITA : Institut International d'Agriculture Tropicale
INRAB : l'Institut National de Recherche Agronomique du
Bénin
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
IRSP : Institut Régional de la Santé
Publique
MAEP : Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et
de la Pêche
MCA : Millennium Challenge Account
MIILD : Moustiquaires Imprégnées
d'Insecticides à Longue Durée d'action
MIVEGEC : Maladies Infectieuses à Vecteurs,
Ecologie, Génétique, Evolution et Contrôle
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PACER : Programme d'Appui à la Croissance
Economique Rurale
PADFA : Programme d'Appui au Développement des
Filières Agricoles
PADRO : Projet d'Appui au Développement Rural de
l'Ouémé et du plateau
PFIJE : Programme de Formation et d'Intégration
des Jeunes à l'Emploi
PPAB : Programme de Professionnalisation de l'Agriculture
au Bénin
SAIC : Service d'Appui aux Initiatives Communautaires
SDI : Société de Distribution
Intercontinentale
SONAPRA : Société Nationale pour la
Promotion Agricole
UMR : Unité Mixte de Recherche
VIMAS : Village Maraicher de Sèmè-Kpodji
LISTE DES PHOTOS
PHOTO 1 : EXPÉRIMENTATION DE L'INRAB AVEC
LES FILETS ANTI-INSECTES SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE
3
PHOTO 2 : INONDATION EN PÉRIODE DE
PLUIE SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE
41
PHOTO 3 : QUELQUES PLANCHES SUR LE SITE DE
VIMAS-ABDOULAYE
42
PHOTO 4 : ARROSAGE À L'AIDE D'UNE
POMMETTE SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE
45
PHOTO 5 : NETTOYAGE DE CAROTTES AVEC EAU DU
BASSIN SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE
46
PHOTO 6 : NETTOYAGE DE CONCOMBRES ET GRANDE
MORELLES AVEC EAU DU BASSIN SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE
46
PHOTO 7 : DÉSHERBAGE SUR LE SITE DE
VIMAS- ABDOULAYE
47
PHOTO 8 : DESTRUCTION DES FEUILLES DE LA
GRANDE MORELLE PAR LES CHENILLES SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE
49
PHOTO 9 : FEUILLE DE GRANDE MORELLE
ATTAQUÉE PAR LES ACARIENS SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE
50
PHOTO 10 : ACARICIDE SUR LE SITE DE
VIMAS-ABDOULAYE
63
PHOTO 11 : HERBICIDE SUR LE SITE DE
VIMAS-ABDOULAYE
63
PHOTO 12 : INSECTICIDE DU COTONNIER
UTILISÉ EN MARAICHAGE À VIMAS-ABDOULAYE
64
PHOTO 13 : INSECTICIDE ET ACARICIDE DU
COTONNIER UTILISÉ EN MARAICHAGE À VIMAS-ABDOULAYE
64
PHOTO 14 : LE SOL SABLEUX DE VIMAS-
ABDOULAYE
66
PHOTO 15 : EPANDAGE DE PESTICIDE PAR UN
MARAICHER SUR LE SITE DE VIMAS - ABDOULAYE
68
PHOTO 16 : PRÉPARATION DE
MÉLANGE DE PESTICIDES PAR UN PROPRIÉTAIRE D'UNE PARCELLE À
VIMAS- ABDOULAYE
69
PHOTO 17 : EPANDAGE DU MÉLANGE DE LA
PHOTO 16 PAR UN OUVRIER DE VIMAS- ABDOULAYE
70
PHOTO 18 : BOUTIQUE DE VENTE DE PESTICIDE
À COTONOU-ABDOULAYE
71
PHOTO 19 : STOCKAGE DE PESTICIDES DANS LE LIEU
DE COUCHAGE-ABDOULAYE
72
PHOTO 20 : LE TIHAN ET LASER DANS UN PLASTIQUE
DE POSSOTOMÈ-ABDOULAYE
73
RESUME
Ce travail réalisé de 2012-2013 porte sur la
construction sociale des processus décisionnels en matière
d'usage des pesticides par les maraichers de Sèmè-Kpodji au sud
du Bénin
Il a été question de voir quels sont les
déterminants, les facteurs de choix et d'utilisation des pesticides par
les maraichers. A cet effet, les méthodes classiques de l'ethnologie
à savoir carnet de terrain, observations directes et participantes,
entretiens semi-structurés, captures d'images photographiques ont
été utilisées. Le choix raisonné nous a permis de
constituer un corpus composé de 28 maraichers, de 3 vendeurs de
pesticides, de 4 agents du Centre d'Action Régional pour le
Développement Rural (CARDER), d'un agent de l'Institut National de la
Recherche Agronomique (INRAB) et d'un agent du CIRAD.
Les résultats ont montré que les facteurs qui
interviennent dans la prise de décision du maraicher sont divers. Le
cheminement qui conduit à la prise d'une décision n'est pas
unique et linéaire ; il existe une sorte d'engrenage et
d'enchevêtrement entre les différents facteurs ; qu'il
s'agisse des facteurs liés aux cadres institutionnels, aux pesticides et
aux représentations populaires des maraichers relatives aux ravageurs,
aux différents types de maladies des plantes, aux différents
types de pesticides, à leur efficacité et aux risques liés
à leurs usages, aux techniques d'épandage etc.
L'ethnographie du site montre bien que les usages de
pesticides sont étroitement imbriqués avec le reste des
activités et que le facteur temps est un élément
très important qui interfère dans la prise de décision du
maraicher. Par ailleurs, les vendeurs de pesticides jouent également un
rôle déterminant dans le choix des pesticides.
Mots clés : Maraichers, Pesticides,
Décision, Construction sociale, Sèmè-Kpodji
SUMMARY
This work concerns the social construction of decision-making
regarding the use of pesticides by the market gardeners of
Sèmè-Kpodji.
The goal is to find which are the determinants, the factors
and the use of pesticide. For this purpose, conventional methods of
anthropology such as field notebook, direct and participant observation, semi
structured interviews, photographic screenshots etc. were used.
The reasoned choice has enabled us to build a corpus made up
of 28 market gardeners, 3 sellers of pesticides, 4 agents of Municipal
Agricultural Promotion Center, an agent of the National Institute for
Agricultural Research and one agent of Agricultural Research for Development.
The results have showed that the factors involved in the
decision-making of market gardeners are diverse. The path that leads to a
decision is not single and linear; there is a kind of gears and tangle between
different factors whether they are factors related to institutional, pesticide
and popular representations of the market garden for pests, different types of
plant diseases, the different types of pesticides, their effectiveness and
risks associated with their use, the application techniques etc.
Keywords: market gardeners, Pesticides, Decision.
INTRODUCTION
Cette étude s'inscrit dans le cadre du projet
intitulé « Lutte intégrée contre le paludisme
à base de pratiques agricoles innovantes en Afrique de
l'Ouest ». Elle est financée par le Centre de Recherche pour
le Développement International (CRDI). Ce projet multisite
(Bénin, Burkina Faso, Togo) est porté au Bénin par
l'Institut Régional de Santé Publique (IRSP). Il a pour objectifs
d'analyser les résistances induites chez l'anophèle par l'usage
des pesticides dans la culture du coton au Burkina Faso et le maraichage au
Bénin, puis l'impact de la mise en oeuvre de pratiques agricoles
innovantes sur la sélection et le développement des souches de
moustiques résistantes. Le projet prévoit donc d'inciter les
producteurs maraichers à adopter, puis à développer des
pratiques agricoles innovantes. Ces techniques doivent en principe permettre de
réduire l'utilisation des pesticides dans les pratiques agricoles tout
en améliorant les conditions de subsistance de professionnels, la
gestion des agroécosystèmes, la protection de l'environnement, la
sécurité alimentaire pour les consommateurs. Elles devraient
également permettre, une meilleure prévention du paludisme par la
limitation du développement de souches de vecteurs résistantes,
point focal de ce projet pour les entomologistes qui l'ont impulsé.
En effet, la résistance des vecteurs aux insecticides
est devenue un domaine de recherche prioritaire en Afrique depuis quelques
années, suite à la baisse observée de sensibilité
d'Anophèles gambiæ aux pyréthrinoïdes
(Akogbeto et al., 2005). Le niveau de résistance
d'Anophèles gambiæ est en particulier fortement
corrélé avec les surfaces maraichères (Kaminski, 2007).
Les produits dont dispose la santé publique pour combattre les
moustiques sont les mêmes que ceux utilisés depuis des
décennies en agriculture (Akogbeto et al., 2005). Ainsi, la
résistance des vecteurs liée à l'usage massif
d'insecticides dans le domaine agricole constitue un facteur limitant
l'efficacité de la lutte antivectorielle, en particulier celle qui
utilise des moustiquaires imprégnées d'insecticides de longues
durées d'action (MILD). Cet aspect diminue en conséquence la
portée des programmes de lutte antivectorielle actuellement
recommandés par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ce
développement des souches de moustiques résistantes est d'autant
plus préoccupant qu'aucune nouvelle famille d'insecticides n'a
été homologuée en santé publique au cours des deux
dernières décennies.
Au Bénin, le projet est mis en oeuvre dans le sud avec
les maraichers de Sèmè - Kpodji1(*) et de Houeyiho2(*). Il est mené par une
équipe pluridisciplinaire composée de d'entomologistes
médicales, d'entomologistes agricoles, d'agronomes et
d'anthropologues3(*). Le
volet anthropologique de cette recherche qui nous concerne ici porte sur
l'étude de la « vie sociale » des pesticides
utilisés et sur les déterminants socio - culturels des
choix en matière de pratiques agricoles. Il s'intéresse tout
particulièrement à la construction sociale des processus
décisionnels en matière de techniques de maraichage, en
particulier, les perceptions de l'efficacité et de la toxicité
des pesticides.
Ce travail est structuré en deux parties. Dans la
première partie, une réflexion méthodologique sera
conduite sur les outils mobilisés pour recueillir, penser et restituer
les données. La seconde partie sera consacrée dans un premier
temps à une monographie du site de VIMAS et ensuite au processus de
décision d'achats et d'utilisation des pesticides.
PREMIERE PARTIE :
DEMARCHES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE I : ASPECTS THÉORIQUES
1. ETAT DE LA QUESTION
L'utilisation de pesticides en agriculture pose de nombreux
problèmes de santé publique et d'écologie. Les plus
importants sont la toxicité vis-à-vis de l'homme, l'atteinte
à la biodiversité et le développement de la
résistance des insectes, qu'ils soient visés (les ravageurs des
cultures) ou non (les vecteurs de maladies) par les pesticides
utilisés.
En Afrique de l'Ouest, le coton est l'une des principales
cultures de rente et constitue une source de revenus pour une partie importante
de la population, même si, depuis quelques années, cette
filière est confrontée à des difficultés
économiques (Agboessi, 2012). Les agriculteurs des zones
cotonnières, ont régulièrement recours aux traitements
phytosanitaires pour protéger leurs cultures contre les ravageurs. Mais
ils se plaignent depuis quelques années de la perte d'efficacité
des insecticides vulgarisés (Ahouangninou, 2011).
Des recherches entomologiques ont permis de confirmer que la
résistance des ravageurs était à l'origine des
échecs de traitement au champ (Brévault et al., 2008).
L'échec des traitements se répercute sur le revenu des
producteurs du fait de la chute de la production agricole, de la
surconsommation de pesticides ou encore de l'utilisation de nouvelles
matières actives à coût élevé (Roberts, 1987
; Dülmler, 1993 ; Mamadou et al., 2001).
Par ailleurs, les productions maraichères participent
à la sécurité alimentaire de l'ensemble de la population
et à la diversification des sources de revenus des agriculteurs. Elles
sont encouragées par une demande croissante en fruits et légumes
frais de la part des populations citadines. Sur ce type de cultures, les
attaques des ravageurs sont à l'origine de préjudices
quantitatifs, mais aussi qualitatifs (altération de l'aspect et de la
qualité organoleptique des produits). Dans le souci de pallier ces
effets indésirables, les maraichers ont également recours
à des pesticides chimiques, dont l'utilisation est décrite comme
abusive (Kanda et al., 2006). Mais l'utilisation de ces pesticides
dans la lutte contre les ravageurs n'est pas sans conséquences sur la
santé des maraichers et des consommateurs, ainsi que sur l'environnement
(Sanborn et al., 2004 ; Pazou et al., 2006a ; Pazou et
al., 2006b).
Pour ce qui a trait aux conséquences environnementales,
elles concernent notamment la qualité de l'eau. Au
Sénégal, dans la zone périurbaine des Niayes, où
les pesticides sont utilisés dans le maraichage, les concentrations de
résidus mesurées dans la nappe phréatique peuvent
dépasser les normes de potabilité de l'eau (Cissé et
al., 2003). En Côte d'Ivoire, une contamination de l'eau souterraine
par les pesticides organophosphorés et organochlorés a
été montrée dans les régions agricoles où
sont cultivés le cacao, le café, la banane et les légumes
(Traoré et al., 2006).
Les produits agricoles destinés à la
consommation peuvent aussi être contaminés par les pesticides. Des
teneurs de résidus dépassant les doses recommandées pour
les organochlorés (DDT4(*), endrine, heptachlore) ont été
trouvées dans les légumes au Sud-Bénin (Assogba- Komlan
et al., 2007).
L'exposition aux pesticides peut aussi avoir des effets
néfastes sur la santé. Une grande variété de
problèmes de santé humaine, tels que les troubles de la
reproduction, les conséquences génotoxiques5(*), immunotoxiques6(*), dermatologiques,
neurotoxiques7(*) ou
oncologiques8(*), pourraient
découler de l'exposition aux pesticides (Sanborn et al., 2004).
De plus, l'utilisation des insecticides en agriculture peut
créer une pression de sélection sur les stades larvaires
aquatiques des vecteurs de plusieurs maladies humaines et ainsi
sélectionner des vecteurs résistants aux insecticides (Corbel
et al., 2007). Le rôle des pesticides de l'agriculture (en
particulier pour le coton) dans l'émergence de ces souches de vecteurs
résistantes a été clairement montré ces
dernières années, notamment au Bénin et au Burkina Faso
(Diabaté et al., 2002, Kaminski, 2007, Djogbenou et
al., 2008, Dabiré et al., 2009a et al.).
Les agriculteurs, principalement en raison de leur faible
niveau d'instruction, sont décrits dans la littérature comme
connaissant mal la toxicité réelle des pesticides utilisés
et leur mode d'utilisation. Ils ne disposent pas de fiches techniques faisant
la relation entre le ravageur, ses dégâts, le produit à
utiliser, sa dose et sa fréquence. L'information écrite sur les
bouteilles, le plus souvent en langues étrangères
(français, anglais) et les pictogrammes aux normes internationales sont
mal compris (Tourneux, 1993 ; Ahouangninou, 2011).
Si l'usage des pesticides constitue un réel
problème de santé publique pour différentes raisons
déjà décrites plus haut, il est aussi un véritable
fait social de nos sociétés contemporaines. Les études
n'expliquent que bien rarement les raisons profondes qui motivent les
maraichers dans leur usage d'intrants, notamment de pesticides. Lorsqu'elles
cherchent à l'expliquer, c'est en général au moyen de
corrélation avec des variables quantifiables telles que le niveau
d'instruction, le sexe, le coût des pesticides, l'existence et la
fréquence des formations etc.
Ainsi, la littérature scientifique portant sur l'usage
des pesticides dans le maraichage en Afrique est principalement issue des
sciences agronomiques, entomologiques ou agro-économiques.
L'anthropologie et les sciences sociales en général, se sont
encore bien peu intéressées à ces questions, notamment
celles des liens entre agriculture, santé et environnement ; moins
encore sur la construction sociale des processus décisionnels en
matière de choix et d'usage des pesticides.
Il n'existe pas de travaux spécifiques en anthropologie
à notre connaissance sur la dimension sociale de l'objet
« pesticide ». Mais les consommables médicaux et les
pesticides étant tous des produits issus de l'industrie chimique et
pharmaceutique, parfois d'ailleurs des mêmes entreprises industrielles,
nous présenterons un état des lieux faisant un parallèle
entre ces deux concepts. En effet, l'anthropologie du médicament
s'inspirant d'un mouvement plus général au sein des sciences
sociales a marqué, dans les années 1980-1990, un regain
d'intérêt pour les objets matériels et leur consommation,
jetant par conséquent un pont entre culture et
économie (Appadurai, 1986 ; Miller, 1995). Donc dans cette
perspective, concevoir les médicaments comme des choses permet
de s'interroger sur les différentes étapes qu'ils parcourent
(Baxerres, 2010). « Il est utile du point de vue de l'analyse de
tracer la trajectoire des choses matérielles alors qu'elles
évoluent à travers différents contextes et qu'on leur
attribue des valeurs en tant que singularités ou en tant que
marchandises à échanger » (Whyte et al.,
2002). Des auteurs tels que Sjaak Van Der Geest, Susan Reynolds Whyte et Anita
Hardon ont développé le concept de « vie sociale des
médicaments » et défini les cinq
« étapes biographiques » de
ceux-ci : production, diffusion-distribution, prescription, consommation,
évaluation-efficacité (Van Der Geest et al., 1996 ;
Whyte et al., 2002). David Cohen utilise la notion de « cycle
de vie » du médicament et morcelle son parcours en plusieurs
étapes corrélées. Thoër-Fabre et
al., (2007) soulignent « la multiplicité des
trajectoires que peut suivre le médicament tout au long de son cycle de
vie ». Catherine Garnier et ses collaborateurs perçoivent
la « chaîne du médicament » comme
étant constituée de trois composantes interdépendantes :
la production-distribution, la prescription-consommation et
l'évaluation-efficacité. Joseph Lévy et ses
associés utilisent également la notion de
« chaîne du médicament » qu'ils
conceptualisent comme étant constituée de six moments essentiels
: élaboration-production, marketing, distribution, prescription,
auto-prescription, consommation-usage-efficacité (Lévy et
al, 2007). « Qu'ils parlent de chaînes, parcours,
trajectoires, cycles de vie, biographies ou circuits, ces auteurs insistent
tous sur la multiplicité des acteurs en présence aux
différents moments, étapes, maillons, composantes et sur la
nécessité d'analyser et de comprendre leurs
logiques » (Baxerres, 2010). Par ailleurs, pour van der Geest
(1988), le médicament pharmaceutique industriel doit être
dévisagé dans son contexte social, économique, politique
et symbolique. Il s'intéresse au « médicament
socialisé », c'est-à-dire dans ce qu'il exprime de
la société et sur la manière dont il contribue à
définir le social (Cros, 1994 ; Desclaux et al., 2003 ; Collin
et al., 2006). Ce qui revient à « observer non
plus la façon dont le médicament s'enracine dans le
fonctionnement de l'organisme mais celle dont il s'insère dans le
fonctionnement social » (Benoist, 1989).
Après un état de la question sur l'objet
pesticide, il sera maintenant question de définir la
problématique.
2. IDENTIFICATION DU PROBLÈME ET
EXPOSÉ DE LA PROBLÉMATIQUE
Le processus décisionnel est un phénomène
complexe qui a fait l'objet de plusieurs recherches. Certains chercheurs ont
défini ce processus comme étant l'intersection entre les
objectifs à atteindre et les contraintes à respecter. Einhorn et
Hogarth (1980) ont considéré le processus décisionnel
comme un phénomène séquentiel composé de trois
phases : l'acquisition d'informations, l'évaluation des informations et
ensuite les inférences. Pour Payne et al., (1988), les trois
étapes dépendent des caractéristiques du décideur
individuel, de sa tâche et de son contexte. Pour Saad et Russo (1996), le
procédé séquentiel du processus décisionnel
n'implique pas que toutes les informations consultées soient
nécessairement utilisées. Le décideur peut cesser la
recherche d'informations et formuler sa décision après une
sélection suffisante et appropriée d'informations.
Les recherches sur le processus décisionnel
émergent de la science cognitive de la décision (Dkhaili, 2011).
Les processus cognitifs constituent un élément central du
raisonnement. Ils sont intégrés au processus de raisonnement
humain (Dkhaili, 2011). Les travaux pionniers de Kahneman et Tversky (1982) ont
identifié le rôle central des processus cognitifs dans les prises
de décisions en situation d'incertitude. Tout décideur construit
sa propre structure cognitive, basée sur sa perception de la
réalité ; les structures cognitives incluant les
préjugés, les croyances, les expériences et les valeurs
des individus (Ford et Sterman, 1998).
Par ailleurs, les processus décisionnels
intègrent le contexte dans lequel se déroule la décision
en se focalisant sur la reconnaissance par le décideur de la situation
décisionnelle (Klein, 1997). Les recherches de ce dernier ont
montré que les préférences ne préexistent
généralement pas dans l'esprit des individus mais se construisent
au cours du processus décisionnel. Lesage (1999) a montré que la
représentation modifie l'action ce qui signifie que la
présentation du problème influence le processus de construction
des préférences.
Endsley (2000), définit la situation du décideur
comme la perception et la compréhension d'éléments de
l'environnement à l'intérieur d'un volume spatio-temporel. Pour
comprendre les processus et les stratégies des décideurs, il est
nécessaire de connaître les exigences et les contraintes du
contexte auquel ils appartiennent (Rasmussen, 1997). Pour Amalberti (1996),
« le vrai problème de la compréhension n'est pas de
construire une représentation mais de réactualiser correctement
la représentation du contexte déjà
disponible ». Cette compréhension résulte
d'un compromis cognitif entre les exigences de la tâche et la
nécessité de préserver les ressources cognitives (Brehmer,
1988).
Dans la présente étude, nous
considèrerons la décision d'utiliser tel ou tel pesticide, et les
choix de l'utiliser de telle ou telle manière, comme des constructions
sociales et culturelles reposant sur un enchevêtrement complexe de
facteurs qui interagissent entre eux.
Les processus cognitifs et les processus décisionnels
sont parfaitement adaptés à la compréhension et
l'explication de la construction du processus décisionnel en
matière d'usage des pesticides par les maraichers.
Dans une exploitation maraichère, tous ces cheminements
de prises de décisions à la fois simples et complexes peuvent s'y
retrouver. Ainsi, l'anthropologie par son approche holiste permettra de prendre
en compte l'ensemble des facteurs qui influencent les choix et les
décisions. Il s'agira premièrement, d'une part, des processus
cognitifs intervenant en amont de la décision, et notamment des
représentations culturelles des ravageurs, des pesticides, en
particulier de leur efficacité et des risques liés à leur
usage. L' approche retenue s'intéressera dans un second temps aux
éléments qui interfèrent avec les processus
décisionnels, notamment avec ce cheminement complexe reposant sur des
logiques variées et enchevêtrées, passant par une
série de microdécisions permettant d'aboutir in fine
à la décision. Il importera notamment de comprendre comment le
processus décisionnel s'inscrit dans l'enchevêtrement complexe des
relations sociales de chaque individu.
Enfin, l'anthropologie apparaît particulièrement
pertinente pour aborder ces questions du fait de son approche émique, de
sa posture compréhensive des acteurs sociaux, permettant de comprendre
en profondeur les logiques des maraichers. Notre préoccupation dans le
cadre du présent travail de recherche est donc de comprendre comment les
maraichers prennent leur décision en matière de choix des
pesticides et de leurs pratiques d'usages.
3. HYPOTHÈSES
- Les facteurs de décision sont multiples et
hétérogènes.
- La globalité du travail quotidien du maraicher
interfère dans sa prise de décision en matière de choix et
d'usage de pesticides.
- Les réseaux sociaux et les relations sociales
préexistantes influencent la prise de décisions du maraicher.
4. OBJECTIFS
- Réaliser une monographie du site de
Sèmè-Kpodji, spécifiquement son historique, les acteurs
institutionnels qui y interviennent, les maraichers qui y travaillent et leurs
activités.
- Décrire les représentations sociales des
ravageurs, des maladies des plantes et des pesticides.
- Répertorier les pesticides utilisés et leurs
usages par les maraichers sur le site de Sèmè-Kpodji.
- Décrire les facteurs influençant les
décisions de choix, d'achat et d'utilisation des pesticides par les
maraichers de Sémè- Kpodji.
5. CADRE THÉORIQUE ET
CONCEPTUEL
Représentation sociale
La représentation sociale est une forme de connaissance
socialement élaborée et partagée qui a une visée
pratique et qui concoure à la construction d'une réalité
qui est commune à un ensemble social (Jodelet, 1997). Cette forme de
connaissance se distingue, entre autres, de la connaissance scientifique, mais
elle est un objet d'étude tout aussi légitime que cette
dernière en raison de son importance dans la vie sociale, de
l'éclairage qu'elle apporte sur les processus cognitifs et les
interactions sociales (Jodelet, 1994). On reconnaît
généralement que les représentations sociales, en tant que
systèmes d'interprétation régissant notre relation au
monde et aux autres, orientent et organisent les conduites et les
communications sociales. Elles interviennent aussi dans des processus aussi
variés que la diffusion et l'assimilation des connaissances, le
développement individuel et collectif, la définition des
identités personnelles et sociales, l'expression des groupes, et les
transformations sociales (Jodelet, 1997). Les représentations sociales
sont abordées à la fois comme le produit et le processus d'une
activité d'appropriation de la réalité extérieure
à la pensée et l'élaboration psychologique et sociale de
cette réalité (Jodelet, 1994).
Selon Moscovici (1972), les représentations sociales
sont un système de valeur, d'idées et de pratiques qui a
principalement deux rôles, soit d'établir des règles qui
permettent aux individus d'être guidés et de maintenir un
contrôle dans leur vie quotidienne soit d'offrir un code qui classifie
les objets, les gens et les événements, ce qui facilite la
communication entre les individus.
Les représentations sociales sont à la fois
stables et mouvantes, rigides et souples. Elles sont stables et rigides parce
qu'elles sont déterminées par un noyau central
profondément ancré dans le système de valeurs et
partagé par les membres du groupe et elles sont mouvantes et souples
parce qu'elles sont aussi nourries des expériences individuelles. En
général, le noyau central est stable tandis que les
éléments périphériques peuvent être
transformés. La transformation réelle et effective d'une
représentation ne s'opère que lorsque les éléments
du noyau central eux-mêmes sont remis en cause (Abric, 2003).
Les représentations sociales ont habituellement quatre
fonctions. Elles ont tout d'abord une fonction de savoir puisqu'elles
permettent de comprendre et d'expliquer la réalité, une fonction
identitaire, car elles définissent l'identité et permettent la
sauvegarde de la spécificité du groupe. Elles ont
également une fonction d'orientation, car elles guident les
comportements et les pratiques et finalement elles ont une fonction
justificatrice, car elles permettent de justifier les prises de position et les
comportements (Abric, 2003).
Il sera question dans le cadre de ce travail de recherche,
d'étudier les représentations sociales des ravageurs, des
maladies qu'ils engendrent, des pesticides et leur efficacité.
Le pesticide, un objet
matériel et social
Dans la perspective de l'anthropologie du médicament,
l'objet médicament n'est plus seulement considéré pour sa
simple action pharmacologique. Sa dimension sociale est désormais mise
en évidence. Les médicaments sont
appréhendés dans ce champ de recherche sous deux angles ; d'abord
en tant que substances. Ensuite, comme dotés du pouvoir de
transformation sur les sociétés humaines (Van Der Geest &
Whyte, 1988). Au delà du simple objet pharmacologique à
finalité biologique, le médicament est analysé dans sa
dimension sociale et symbolique en tant que porteur d'enjeux sanitaires,
économiques, culturels et sociaux, mais aussi comme support de
stratégies individuelles et collectives.
« Ainsi défini, les médicaments,
en passant d'une personne à l'autre dans le cadre de leur
production, leur distribution et leur utilisation, apparaissent comme des
objets d'échange ; comme objets, ils ont également une vie. Cette
vie sociale du médicament implique qu'il passe d'un contexte de
production, de sens, et de gestion, vers un autre, celui de son utilisation. La
vie sociale des médicaments s'exprime également à travers
les effets perçus de leur efficacité, les attentes qu'ils
suscitent, et toutes ces dispositions sont culturellement marquées de
différentes façons » (Bila, 2011).
Dans ce travail, les pesticides seront
considérés comme un objet doté d'une action perçue
ou attendue par les maraichers qui l'utilisent. Ainsi, les manières dont
les maraichers se représentent les pesticides, les conditions sociales,
économiques et culturelles de leur accès à ces produits et
l'usage qu'ils en font, nous apparaissent pertinents pour comprendre le sens de
l'usage que les maraichers qui utilisent ces produits leur attribuent.
6. LE CADRE DE L'ÉTUDE : LA
COMMUNE DE SÈMÈ-KPODJI
Situation géographique
Située entre les parallèles 6°22' et
6°28' de latitude Nord et les méridiens 2°28' et 2°43' de
longitude Est, la Commune de Sèmè-Kpodji est située dans
le département de l'Ouémé, au sud-est de la
République du Bénin sur la côte atlantique. Elle
s'étend sur une superficie de 250 Km², soit 0,19 % de la
superficie de la République du Bénin. La commune de
Sèmè-Kpodji est limitée au Nord par la ville de Porto-Novo
et les Aguégué, au sud par l'Océan Atlantique, à
l'est par la République Fédérale du Nigeria et à
l'ouest par la ville de Cotonou9(*). (Afrique Conseil, 2006).
Schéma de présentation de la commune de
Sèmè-Kpodji et localisation approximative de VIMAS par une
ceinture baron
Source : Google et modifié par ABDOULAYE
Relief
Sèmè-Kpodji est une plaine côtière
enchâssée dans un complexe d'étendues d'eau (Océan
Atlantique, lagune de Porto-Novo, fleuve Ouémé et lac
Nokoué). Le relief très bas varie par endroit entre 0 et 6
mètres d'altitude. Il est majoritairement composé de
marécages, de sables fins inaptes aux activités agricoles et de
plans d'eau. La superficie cultivable représente 39,5 % de la
superficie totale de la commune (Afrique Conseil, 2006).
Climat
La commune de Sèmè-Kpodji
bénéficie d'un climat soudano-guinéen
caractérisé par deux saisons sèches (décembre
à février et août à septembre) et deux saisons
pluvieuses (avril à juillet et octobre à novembre). La
température moyenne est de 27° C avec une humidité
relative élevée. L'influence du vent côtier sur le climat
crée souvent des perturbations cycliques qui font de la commune de
Sèmè-Kpodji, une des zones les plus arrosées du Sud
Bénin avec une moyenne pluviométrique dépassant
annuellement les 1100 millimètres de précipitations (Afrique
Conseil, 2006).
Hydrographie
Coincée entre le complexe mer, lac et lagune,
Sèmè-Kpodji bénéficie d'un réseau
hydrographique favorable aux activités de pêche. Il s'agit de la
lagune de Cotonou qui en s'élargissant forme le lac Nokoué
(14 000 hectares). Elle communique par le canal de Toché avec
la lagune de Porto-Novo qui se prolonge à l'Est jusqu'à Lagos au
Nigeria créant ainsi une forme de réservoir d'eau douce (Afrique
Conseil, 2006).
Végétation
La zone de Sèmè-Kpodji appartient au secteur
phytogéographique guinéen côtier à
végétation rase, clairsemée, formée essentiellement
d'halophytes10(*). La
végétation est constituée d'arbustes et d'arbrisseaux
denses parmi lesquels dominent le Zanthoxylum zanthoxyloïdes, le
Chrysobalanus icaco et le Dialium guinéens. Du fait de
l'action de l'homme (installation des cultures, recherche de bois de chauffe et
constructions, etc.) cette végétation est en
désuétude (Afrique Conseil, 2006).
Faune
La faune est très peu diversifiée aujourd'hui
dans la commune et se réduit à quelques mammifères tels
les aulacodes, les singes, les lapins, les lièvres, les rats, les
écureuils. On y rencontre aussi de nombreux oiseaux tels que le
guêpier, l'épervier, le pigeon vert, la tourterelle, le francolin,
le héron etc. Il faut aussi signaler la présence des reptiles
(lézard, python, couleuvre, vipère, cobra) et de nombreux
insectes (Afrique Conseil, 2006).
Sols
Le site se situe dans une zone de sables marins formant un sol
peu évolué où la prédominance de matériaux
grossiers confère à l'ensemble un caractère filtrant
très marqué. Ce sont généralement des terres
chimiquement pauvres en potasse et en matières organiques avec un pH de
l'ordre de 5 à 6. Toutefois, parce que bien drainés, ces sols
conviennent le mieux a l'arboriculture de plantes telles : le filao, le teck et
l'acacia (Mondjanagni, 1977).
L'agriculture
Les principales spéculations agricoles de la commune
sont les cultures vivrières (manioc, maïs, patate douce, riz,
niébé et arachide), les cultures maraîchères
(tomate, piment, gombo, laitue, choux, carotte, grande morelle etc.) et les
cultures de rente (canne à sucre, cocotier).. Les outils de travail sont
surtout : la houe, le coupe-coupe, la hache, le petit matériel pour le
maraîchage (arrosoir, râteau, sceau, binette, transplantoir, moto
pompe etc.). La culture attelée (charrue, butteur etc.) est presque
inexistante. La commune ne dispose que d'un seul magasin de stockage de
produits vivriers construit par le Centre Régional pour la Promotion
Agricole. On y rencontre 91 Groupements à Vocation Coopérative
(GVC) et 28 Groupements Villageois.
Au niveau communal, il existe une organisation
faîtière appelée « Union Communale des
Producteurs (UCP) ». L'encadrement technique étatique pour la
production agricole est assuré par le CeCPA. Les autres structures
d'appui sont les ONG et les projets.
L'élevage
L'élevage à Sèmè-Kpodji est
dominé par celui des porcs. Mais on y rencontre aussi des volailles, des
bovins, des ovins, des caprins, des lapins et des aulacodes. Deux types
d'élevage sont rencontrés : enclos et divagation. Il
n'existe pas de zone de pâturage et l'alimentation des animaux se fait
souvent sur les espaces herbeux sous les cocotiers. Le porc étant une
source considérable de revenus des ménages, un soin particulier
est apporté à son élevage. Les maladies couramment
rencontrées sont la peste porcine, la peste aviaire, la gale, la
trypanosomiase, la salmonellose, la peste des petits ruminants, la parasitose
interne et la pasteurellose.
Pêche et pisciculture
La pêche et la pisciculture sont deux activités
qui occupent la population de Sèmè-Kpodji. Elles se font dans
tous les arrondissements et engendrent une ressource financière non
négligeable dans le panier de la ménagère. Les types de
pêche pratiqués sont : la pêche à la nasse, au filet,
à l'hameçon, la pêche maritime, les trous à poisson,
les étangs piscicoles. Les principales espèces
pêchées ou élevées sont : silure, tilapia,
crevette, écrevisse, raie, mollusques, crabes, sardinelle, bar, etc.
L'existence de cours d'eau, des marais et bas fonds constitue l'atout naturel
de cette activité.
Parmi les activités économiques menées
dans cette commune, l'agriculture et plus précisément le
maraichage occupe une place de choix. Le Village Maraichers de
Sèmè-Kpodji (VIMAS) est le site où cette activité
de maraichage se mène. Il sera question dans le chapitre suivant de
présenter les conditions de création du site, les acteurs
institutionnels en présence et les pratiques et techniques agricoles.
CHAPITRE II : DEMARCHE
MÉTHODOLOGIQUE
Le choix de la méthode d'étude à suivre
lors d'une recherche dépend étroitement de la nature et des
phénomènes à étudier. Ainsi, pour atteindre les
objectifs assignés à notre étude et donner à ce
travail de recherche une validité scientifique, nous avons opté
pour une démarche méthodologique qui se présente comme
suit :
1. NATURE DE L'ÉTUDE
L'approche inductive se révèle
particulièrement adaptée pour appréhender notre objet et
répondre aux questionnements développés. Cette
démarche vise à éviter le piège entre terrain et
théorie, pour privilégier la formule du grounded theory
préconisant la génération de théorie à
partir des données empiriques (Olivier de Sardan, 2008).
Ce choix, qui est bien souvent celui de l'approche
anthropologique, a été fait parce que la recherche porte sur la
construction sociale des processus décisionnels en matière
d'usage des pesticides. Or il s'agit en grande partie d'une recherche
exploratoire sur un sujet encore peu abordé par les sciences sociales,
notamment en Afrique. Il importe donc de laisser ouverte la possibilité
que le terrain révèle des dimensions, des aspects, des
éléments, auxquels nous n'aurions pas nécessairement
pensé dans l'analyse préalable du problème. En outre pour
tenter de comprendre comment les maraichers partent des perceptions et des
représentations qu'ils ont des ravageurs, de l'efficacité des
pesticides etc. pour opérer leurs décisions, l'approche
qualitative convient la mieux pour mettre en exergue cet état de chose
2. LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE ET
DOCUMENTAIRE
La recherche bibliographique nourrit les questionnements ainsi
que les analyses théoriques et méthodologiques tout au long de la
recherche. Dans le cadre de cette recherche, les ressources bibliographiques en
ligne relatives aux sciences sociales ont été utilisées.
La plupart d'entre elles sont d'accès gratuit ont permis de
réaliser une grande part du travail de recherche bibliographique.
Les portails tels que revues.org, erudit.org,
persée.fr ; les classiques des sciences sociales, les revues
d'accès gratuit telle ethnographie.org, anthropologie et santé,
face à face, les bases de données bibliographiques (Caïrn,
JSTOR, Francis, Sciencedirect) ont été utilisés.
Dans un premier temps la recherche des
références bibliographiques a été
réalisée et dans un second temps la recherche des textes
correspondant à ces références. Aussi une recherche en
amont et en aval des publications a été faite. Le premier permet
de remonter dans le temps vers les publications antérieures alors que le
second permet de trouver les références postérieures
à l'article par le biais des portails et des bases de données
bibliographiques.
La plupart des textes qui ont retenu notre attention sont
publiés dans des revues comme anthropologie et santé, Cahiers
d'études africaines, Journal des africanistes, Journal des
anthropologues. Les mots clés tels que
« agriculture », « maraichage »,
« agriculture urbaine »,
« pesticides », « insecticides »,
« paludisme », « processus de
décision », associés à divers noms de pays et de
régions du monde ont été utilisés.
La recherche bibliographique témoigne du fait que notre
objet de recherche a été très peu abordé par les
anthropologues. Nous avons diversifié les mots clés pour trouver
quelques articles intéressants pour notre recherche. Certains d'entre
eux qui ne sont pas d'accès libre n'ont pu être
téléchargés. Cependant, la lecture de leur
résumé a été contributive pour notre recherche.
D'autre part des mails ont été écrit à certains
auteurs pour demander leur Tiré à Part mais aucune réponse
favorable n'a été encore obtenue.
Outre le travail portant sur des références
scientifiques, une recherche documentaire a également été
conduite. Elle a consisté à parcourir les rapports d'ONG, des
services de l'Etat, les publicités de pesticides, les articles de
presses etc.
3. MÉTHODES ET OUTILS DE COLLECTES
DES DONNÉES
La qualité des résultats dépend
également des outils de collectes utilisés. Il importe donc de
les utiliser judicieusement afin de réduire au maximum les biais.
Carnet de terrain
Le carnet de terrain occupe une place de choix dans la
collecte de données en anthropologie. Ainsi plusieurs notes ont
été prises dans la présente recherche pour nous servir
d'aide mémoire et de repère. Elles ont permis de saisir le plus
tôt possible des évènements, des propos d'acteurs sociaux,
des observations afin de recueillir le plus fidèlement et le plus
précisément possible des données de terrain, fugaces,
inattendues ou qui ne pouvaient être recueillies par d'autres techniques
(enregistrements audiométriques ou photographies). Lorsque certains
informateurs ne se sentaient pas naturels avec la présence de
l'enregistreur, des notes ont été prises durant et parfois
après l'entretien. Les séances d'observations ont
également été notées pendant l'observation ou
immédiatement après. Les observations faites portaient
principalement sur des interactions entre les maraichers, ou entre les
maraichers et les clients. Enfin, le carnet de terrain servait également
à noter les codes d'enregistrements associés à chaque nom
d'enquêté.
Observations directes et
participantes
Nous avons passé trois mois sur le site à faire
l'immersion, à observer sans véritablement commencer à
administrer le guide. Ceci nous a permis de gagner la confiance et l'empathie
que tout chercheur doit rechercher dans une relation ethnographique.
L'observation directe a été utilisée
à plusieurs reprises dans le cadre de la présente recherche. En
tout, nous avons observé les maraichers et d'autres acteurs sociaux sur
le site pendant plus de 150 heures, que ce soit pour l'organisation de leur
travail, les interactions entre eux d'une part, les clients ou les vendeurs de
pesticides d'autre part. Nous avons attaché une attention
particulière aux moments de préparations des pesticides,
notamment sur les dosages recommandés et ceux faits par les maraichers.
Nous avons également observé l'épandage des pesticides
lors des traitements préventifs et curatifs. L'aspect physique des
plants induisant le traitement a été visualisé.
L'investigation menée auprès des vendeurs de
pesticides nous a permis d'observer, de noter et de décrire les
interactions entre les maraichers et les vendeurs, la façon des
maraichers d'exposer leurs problèmes et les réponses
apportées par les vendeurs.
L'observation qui a généré à la
fois le plus d'informations et demandé le plus d'investissement, est
l'observation participante. Nous avons en effet participé aux
activités de maraichage tels que le labour, le semis, le
désherbage, ou encore l'arrosage. Celle-ci a consisté à
nous rendre tous les deux jours chez un maraicher et à passer environ 3
heures à travailler avec lui. Nous avons ainsi réalisé
plus de 400 heures d'observations participantes. C'est au cours de ces
activités que les discussions ont été intenses. Compte
tenu du nombre important de maraichers sur le site, c'était quasi
impossible de mener les activités de maraichage avec tous les
maraichers. L'équation difficile à résoudre était
de décider avec qui travailler pour ne pas faire des jaloux et des
mécontents. Notre manière d'agir afin d'intensifier notre
présence sur le site fut chaque jour de passer saluer le maximum de
personnes et de discuter quelques minutes au moins avec tous les maraichers
croisés dans la journée même lorsqu'ils n'étaient
pas programmés pour un entretien ou une séance d'observation ce
jour là.
Entretiens non directifs,
semi-structurés
L'entretien individuel semi-structuré, est la forme
d'entretien qui a été la plus utilisée au cours de la
présente recherche. D'une durée moyenne d'une heure, ces
entretiens se sont déroulés essentiellement en langue
fongbé et en goungbé. Ils ont été
conduits au moyen d'un guide d'entretien détaillé,
élaboré au préalable avant le commencement du travail de
terrain. Plusieurs guides ont été élaborés, l'un
bien évidemment en direction des maraichers, mais également pour
leurs clients et les vendeurs de pesticides. Pour d'autres personnes comme les
agents des services de l'agriculture, des acteurs institutionnels investis dans
le domaine de maraichage, des membres d'ONG ou des chercheurs (INRAB, Cirad)
les entretiens étaient préparés les jours
précédents l'entretien en fonction des données
déjà collectées et des questions soulevées par le
travail de terrain préalable. Par ailleurs, ces entretiens ont
été particulièrement interactifs, certaines des
réponses apportées exigeant la reformulation immédiate de
nouvelles questions pour bien comprendre ou pour approfondir un sujet. Les
entretiens avec les maraichers et leurs clients pour la plupart du temps ont
été fait sur le site. Les autres ont été entendus
sur leur lieu de travail ou à leur bureau. Les thèmes qui ont
été abordés sont les pratiques agricoles, les insectes et
leurs nuisances, le choix et l'usage des pesticides, les maladies humaines et
la santé, en particulier le paludisme et les éventuels
symptômes ressentis imputés à l'usage des pesticides.
De manière à retranscrire intégralement
et fidèlement les propos, la plupart de ces entretiens ont
été enregistrés. Nous expliquions à nos
informateurs que l'usage de l'enregistreur faciliterait la conduite de
l'entretien. La plupart ont accepté ces conditions de réalisation
des entretiens. Néanmoins, certains demandaient à des moments
donnés, en plein milieu de l'entretien, d'arrêter d'abord
l'enregistreur pour parler de sujets sensibles. Certains entretiens ont
été également interrompus momentanément parce qu'un
client voulait faire des achats de produits maraichers. Tous les entretiens ont
été faits sur rendez-vous. Les premiers ont été
presque toujours décommandés au dernier moment, voire
annulés sans nécessairement que nous en étions
prévenus. C'est généralement au deuxième ou au
troisième rendez-vous que l'entretien pouvait effectivement se
dérouler. Ces entretiens ont été itératifs,
fractionnés et donc avec des entrevues répétées une
à quatre fois par personne en fonction de leur disponibilité. Le
premier s'est généralement déroulé en position
assise, dans un lieu choisi par le maraicher. Les suivants ont
été réalisés sans enregistreur, le maraicher
étant en activité sur son espace culture. Le carnet de terrain a
donc été d'une grande importance. Par ailleurs, il existait une
dimension non verbale lors de ces séances qui devaient également
être prises en compte et donc scrupuleusement notée dans le carnet
de terrain.
Au total vingt huit (28) maraichers sans distinction
d'âge, de sexe et d'ethnie, un (1) agent de l'INRAB, un (1) agent du
CIRAD, quatre (4) agents de CeCPA, trois (3) vendeurs de pesticides dont deux
(2) en dehors du site et un (1) sur le site, deux (2) revendeuses de
légumes, un (1) animateur du Programme de Formation et
d'Intégration des Jeunes à l'Emploi (PFIJE) ont été
interrogés. (Confère en annexe tableau N°5).
Capture d'images
photographiques
La photographie s'impose parmi les méthodes de
recherche et de compréhension en anthropologie. A ce titre, beaucoup
d'images photographiques ont été prises sur le terrain. Tous les
emballages de pesticides trouvés sur le terrain ont été
systématiquement photographiés. Plusieurs images ont
été faites de façon à lire correctement l'ensemble
des écritures. Cette activité n'a toujours pas été
facile, les pesticides utilisés n'ayant été ni
homologués et ni autorisés pour l'activité de maraichage.
Nous avons été donc confrontés à des
réticences parmi certains maraichers.
L'autre intérêt majeur de la photographie sur un
tel sujet est de pouvoir capturer des images relatives aux activités
professionnelles permettant tout à la fois de prendre en compte
simultanément, le cadre, les acteurs, les outils ou encore la gestuelle.
Des photographies ont été réalisées à des
occasions aussi diversifiées que le mélange et l'épandage
de pesticides, le sarclage, les semis ou encore l'arrosage. Les lieux d'achat
des pesticides et les séances de discussions entre le vendeur de
pesticides et les maraichers ont été également
photographiés.
Toutes ces images sans grande signification une fois extraites
de leur contexte et des conditions de leur réalisation ont
été commentées, décrites et analysées.
L'autre intérêt de cette méthode de
recueil de données réside dans le fait que les photographies, une
fois tirées sous format papier, peuvent être ensuite
données aux maraichers sous forme de contre-dons dans le cadre de la
relation d'enquête ethnographique, en particulier pour entretenir voire
renforcer les sentiments d'empathie et de confiance développés au
cours de la recherche. En tout, 105 images ont été
réalisées au cours de nos travaux dont quelques unes ont
été utilisées dans ce travail.
Toutes ces méthodes de recueil de données ont
été menées conjointement et sont complémentaires
les unes des autres. Elles ont toutes été menées en
s'inscrivant dans l'approche compréhensive, émique de
l'anthropologie et en respectant les personnes présentes sur les lieux
d'enquête. Mais pour être exploitable, l'ensemble de ce corpus de
données devait être traité et analysé.
4. ETHIQUE DE LA RECHERCHE
Les aspects éthiques ont été pris en
compte dans cette étude. En effet, les entretiens ont été
précédés de la signature d'une fiche de consentement
éclairé par l'enquêté. De ce fait il lui a
été expliqué au besoin en langue locale les objectifs du
projet. Il a été aussi admis qu'un enquêté puisse
avoir le droit de ne pas répondre à certaines questions et
même de se retirer de l'étude. Si des refus de répondre
à certaines questions ont été constatés, aucun
retrait n'a été observé tout au long de
l'enquêté.
En outre, il est connu de tous que les pratiques d'usage de
pesticides ne respectent ni la réglementation ni les normes. La
publication de ce type d'information pourrait éventuellement induire des
préjudices envers les maraichers, que ce soit auprès des
consommateurs ou auprès des agents de l'Etat chargés de faire
appliquer les lois et les règlementations en vigueur. Une telle
éventualité serait également préjudiciable à
la relation d'enquête construite pendant des mois avec les maraichers. En
effet, une part importante des informations que nous avons recueillies n'aurait
pu être collectée si une relation de confiance ne s'était
établie entre nous. Nous avons donc la responsabilité
éthique d'éviter que les personnes ayant travaillé avec
nous puissent subir un quelconque préjudice du fait de leur
participation à la recherche.
Cette responsabilité impose déjà
d'anonymiser les identités et de ne fournir aucune information qui
puisse permettre d'identifier les personnes qui participent à
l'enquête. Il importe de ne fournir dans ce mémoire et les
publications ultérieures aucune information compromettante susceptible
d'attirer une stigmatisation, des sanctions ou une exclusion sur l'une des
personnes impliquées.
5. TRAITEMENT ET ANALYSE DES
DONNÉES
Tous les enregistrements ont été
entièrement affectés d'un code puis transcrits et traduits en
français lorsqu'ils s'étaient déroulés en langue
fongbé ou goungbé. Au total, nous avons
enquêté 40 personnes, avec parfois un à quatre entretiens
par personne. Si certains entretiens ont été enregistrés,
d'autres ont été faits avec prise de note. Les entretiens
enregistrés représentent 1440 minutes (soit 24h00) de discussions
avec les personnes enquêtées.
Beaucoup d'entretiens ont été transcrits par un
transcripteur, les autres par nous-mêmes. Par contre, nous avons
vérifié au fur et à mesure la qualité de la
traduction et de la transcription. Le travail de transcription a
nécessité 14 à 16 heures de transcription par heure
d'entretien, soit environ 360 heures de travail à raison de 8h de
travail équivalent temps plein par jour, c'est-à-dire 45 jours.
En prenant la police Times New Roman en taille 11 avec une interligne de 1.25,
le volume des entretiens transcris représente 750 pages.
Par ailleurs, les données issues du carnet de terrain
et des observations ont été transcrites sur un logiciel de
traitement de texte.
L'analyse qualitative est considérée ici
« comme une démarche discursive de reformulation, d'expression
ou de théorisation des phénomènes sociaux et humains
complexes. La logique à l'oeuvre participe de la découverte et la
construction du sens. Elle ne nécessite ni comptage, ni quantification
pour être valide, généreuse et complète, même
si elle n'exclut pas de telles pratiques » (Paillé &
Mucchielli, 2008). La recherche de sens à partir des discours
retranscrits, permettra d'en extraire les principales idées et de les
analyser.
L'importance de notre corpus et la durée de la collecte
des données nous ont dissuadés de l'utilisation de la
traditionnelle « analyse manuelle sur support
papier »11(*).
Certaines difficultés connues comme la fréquente rigidité
des règles d'application, la hiérarchie
généralement obligatoire des opérations, la
nécessité d'un apprentissage préalable, etc.
(Paillé & Mucchielli, 2008) et les difficultés pour
accéder à une formation, nous ont fait écarter le recours
à des logiciels spécialisés (du type Nvivo, Modalisa,
etc.)
A partir de quelques initiations, d'ouvrages consultés
en analyse qualitative, notamment ceux de (Paillé, 1996 ; et
Mucchielli, 2008), nous avons opté pour une technique informatique de
dépouillement et d'analyse thématique des données sous
Word. En effet, l'analyse thématique des données passe d'abord
par le tri thématique des données. Les entretiens, le carnet de
terrain, les observations une fois retranscrits, ont été relus,
et les extraits d'entretiens pour chaque thème de la grille ont
été transférés par copier/coller dans un fichier
thématique Word (un fichier Word par thème de la grille
d'analyse). Pour chaque fichier thématique, les données ont
été ordonnées puis enrichies des données
bibliographiques recueillies sur ce même thème. Une analyse par
thème utilisant les concepts de l'anthropologie a été
faite en fin de fichier thématique.
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION ET INTERPRETATION DES DONNEES
CHAPITRE III : AU VILLAGE MARAICHER DE SEME-KPODJI
(VIMAS)
Il est question de faire dans un premier temps l'historique de
la création du site et son mode de fonctionnement actuel, et dans un
second temps exposer la connaissance des maraichers sur les ravageurs, les
maladies des plantes et les pesticides.
1. HISTORIQUE DE VIMAS
Le village maraicher de Sèmè-Kpodji est le site
où les maraichers de Cotonou et ceux de Sèmè- Kpodji
s'installent progressivement. Ce site a été octroyé suite
aux séries de problèmes fonciers dont les maraichers de Cotonou
ont été victimes. En effet, la quasi-totalité des sites de
maraichage à Cotonou appartient soit à une structure
multinationale (le cas du site de Houeyiho, appartenant à l'ASECNA),
soit à des privés soit à l'état béninois
(cas du site de la coopérative des maraichers des cocotiers que
l'état a cédé en partie pour la construction du
siège de la Banque Mondiale au Bénin). Les différents
propriétaires n'acceptant jamais d'accorder une autorisation
écrite d'exploitation aux groupements maraichers concernés, la
production se réalise dans un contexte de menace permanente, de
délocalisation ou de cessation d'activités. Les maraichers de
Cotonou ont encore en mémoire l'âpre souvenir de la fermeture en
1995 du périmètre maraicher de Houeyiho par l'ASECNA lors du
4e sommet de la francophonie. Il y a aussi la destruction sans
dédommagement de plus de deux (2) hectares de cultures
maraichères en face de Bénin Marina Hôtel. Cet état
de chose, constitue un obstacle pour les maraichers dans l'obtention de
micro-crédits et ne les encouragent pas non plus à investir dans
leur activité (Déguénon, 2000).
C'est tenant compte de toutes ces difficultés que des
démarches ont été menées en 1999 par l'union
communale des producteurs de Cotonou auprès des responsables du
ministère de l'agriculture afin de bénéficier d'un espace
de culture plus vaste et plus sécurisant. En amont de ces
démarches, un séminaire a été organisé en
octobre 2000 avec l'appui de certains partenaires au développement et
structures étatiques. On peut citer le Programme de Professionnalisation
de l'Agriculture au Bénin (PPAB) ayant pour mission le renforcement des
capacités des Organisations Paysannes et de leurs responsables qui a
été d'une grande utilité sur les points afférents
à la constitution et le fonctionnement des groupes de réflexions,
les travaux de prospection des terres. Egalement, la GTZ (Gesellschaft für
technische Zusammenarbeit), ou la «Coopération technique
Allemande», qui est une organisation sans but lucratif appartenant au
gouvernement fédéral Allemand a apporté un soutien
financier pour l'organisation du séminaire et aussi la
délimitation et le morcellement de 250 hectares. L'Institut Africain de
Gestion Urbaine (IAGU) qui est une ONG internationale
spécialisée dans la recherche-développement, l'appui
technique, la formation et l'information ; et la Chambre Nationale
d'Agriculture du Bénin (CNAB) qui est l'institution consulaire de
représentation permanente des intérêts agricoles
auprès des pouvoirs publics et des organismes d'appui (Etat,
Collectivités territoriales, Partenaires au développement du
secteur agricole et rural) ont été très utiles par leurs
actions d'information, de formation et de sensibilisation.
Toute cette effervescence a conduit à l'octroi d'un
domaine de 400 hectares par l'Etat à Sémè-Kpodji par un
arrêté ministériel fixant les conditions d'exploitation du
site en 2002 sans préciser la durée du bail
(Déguénon, 2000).
Depuis l'octroi du site, ce n'est quand 2004 que le domaine a
commencé par être véritablement exploité par une
centaine de maraichers avec la création du Village des Maraichers de
Sèmè Kpodji (VIMAS). VIMAS est une association constituée
de représentants de maraichers de Sèmè-Kpodji dont le
bureau est composé d'un président, d'un secrétaire, d'une
trésorière et d'un chargé de sécurité.
2. DYNAMIQUE SUR LE SITE DE VIMAS
Aujourd'hui le site est exploité sur une superficie de
50 hectares (voir localisation de VIMAS sur carte précédente)
avec environ 200 maraichers. Plusieurs acteurs individuels et institutionnels y
sont présents.
Deux catégories d'acteurs ont été
principalement identifiées. Il s'agit des acteurs individuels et des
acteurs institutionnels.
Les acteurs individuels
Nous pouvons distinguer plusieurs groupes d'acteurs
individuels que sont les maraichers, les fournisseurs d'intrants, les
distributeurs de produits maraichers.
Les maraichers regroupent des hommes et des femmes
âgés de 17 à 62 ans. En provenance de diverses
régions du pays (Sahouè, Goun, Adja, Yoruba, Mina, Fon, etc.),
ils forment en conséquence un ensemble cosmopolite. Les données
statistiques existantes auprès des responsables de VIMAS ne permettent
pas d'apprécier avec précision leur effectif actuel.
Une typologie du point de vue de la formation permet de
distinguer trois catégories de maraichers : ceux ayant reçu
une formation technique d'au moins un an et les autres. La catégorie des
maraichers techniquement formés rassemble des maraichers ayant suivi un
cursus de formation spécialisée des centres, collèges et
lycées spécifiques ayant pour vocation la formation
agricole : Centre Songhaï de Porto Novo, Collège
d'Enseignement Technique Agricole de INA (CETA), Lycée Agricole
Médji de Sékou (LAMS) etc. Ils sont minoritaires.
D'autres maraichers ont pu se former grâce à
différents projets d'insertion professionnelle des jeunes tels que le
Programme de Formation et d'Intégration des Jeunes à l'Emploi
(PFIJE) de l'ONG Associations des Personnes Rénovatrices de Technologies
Traditionnelles (APRETECTRA).
Enfin les maraichers ayant suivi une formation pratique par
apprentissage auprès d'autres maraichers plus
expérimentés. Ils sont plus nombreux et n'ont pas pris par des
filières officielles de formation décrites plus haut.
A propos des fournisseurs d'intrants, une seule structure
agréée de fourniture d'intrants a été
recensée lors de notre travail d'investigation dans la commune de
Sèmè-Kpodji. Intitulé « Accueil
Paysan », elle est spécialisée dans la vente de
semences, de produits phytosanitaires et de petits matériels
(pulvériseurs, binettes, etc.). Cependant, elle n'est pas la seule
structure opérant dans la commune. Des fournisseurs ambulants
spécialisés dans la vente de semences et de produits
phytosanitaires et des boutiques situées hors de la commune mais bien
fréquentées par les maraichers leur permettent de diversifier
l'offre commerciale dans ce secteur d'activité.
Situé en aval de la production, on retrouve parmi ces
acteurs à VIMAS, des grossistes, des semi-grossistes et des
détaillants. Le nombre de ces commerçants est difficile à
évaluer/préciser. Peu nombreux, les grossistes ravitaillent les
marchés de Cotonou (Ganhi, Dantokpa, etc.), de Porto-Novo (Ouando,
Ahouangbo, etc.), de Kraké et du Nigéria voisin. Ils marquent une
nette préférence pour les produits de luxe (carotte notamment) et
les légumes de grande consommation. Les semi-grossistes quant à
eux, sont les plus nombreux et desservent surtout les communes de Cotonou et de
Sèmè-Kpodji en produits maraichers. Ils achètent plus
fréquemment aux maraichers les produits de grande consommation tels que
la laitue, les légumes feuilles (grande morelle, amarante, basilic,
vernonia), carotte, etc.
Le consommateur individuel constitue également une
catégorie de client. En effet, en dehors des deux catégories
suscitées, quelques consommateurs ultimes situés en bout de
chaîne commerciale viennent directement s'approvisionner sur le site.
Quelle que soit la nature du client, les produits sont
généralement vendus sur planche, à crédit ou au
comptant selon la nature des relations que ce dernier entretien avec le
producteur.
Les acteurs institutionnels
Différentes institutions interviennent dans le
maraichage dans la commune de Sèmè-Kpodji.
Le CeCPA, principale institution agricole publique au niveau
communal est impliqué dans les activités de maraichage. Ses
actions à l'endroit des maraichers sont essentiellement d'ordre
technique. Les agents du CeCPA déployés sur le terrain apportent
aux maraichers de la commune des appuis sous forme de conseils pour la
production agricole. Aussi, le CeCPA approvisionne les maraichers en
engrais.
Des instituts de recherche tels que l'Institut National de
Recherche Agronomique du Bénin (INRAB) et l'Institut International
d'Agriculture Tropicale (IITA) interviennent dans la recherche mais
interfèrent souvent avec la production. Ils installent, dans le cadre de
programmes de recherche, des essais de nouvelles techniques sur des sites de la
commune (voir photo 1). Dans ce cadre, ils y organisent des campagnes de
pré-vulgarisation et de vulgarisation de nouvelles cultures et
technologies agricoles.
Photo 1 :
Expérimentation de l'INRAB avec les filets anti-insectes sur le site de
VIMAS
Source : ABDOULAYE
Des projets gouvernementaux sous tutelle du Ministère
de l'agriculture (PADFA, PADRO, PACER) apportent également des appuis
matériels et financiers aux maraichers notamment dans
l'aménagement des sites de production.
La Mairie de Sèmè-Kpodji oeuvre également
pour la reconversion des jeunes sans emplois dans le maraichage. A ces jeunes,
la mairie accorde des appuis matériels et financiers pour leur
accompagnement.
L'ONG APRETECTRA, à travers le projet PFIJE, forme des
jeunes en maraichage qu'elle installe sur le site VIMAS et leur octroie des
microcrédits pour le fonctionnement. Elle intervient aussi dans la
commune sur le projet Bionet-Agro, projet de pré-vulgarisation de la
protection des choux par les filets anti-insectes. L'ONG déploie
également des encadreurs sur le terrain pour le suivi-appui-conseil aux
bénéficiaires.
L'ONG GREEN et l'AMAP-Bénin participent activement
à la promotion d'un maraichage biologique aux côtés des
producteurs en leur faisant adopter des technologies et pratiques plus
respectueuses de l'environnement.
Le groupement des exploitants agricole (GEA), avec le soutien
du Millennium Challenge Account (MCA), forme les maraichers sur les techniques
de production, les appuie en matériel et en intrants maraichers sous
forme de crédits que les bénéficiaires doivent rembourser.
Mais, faute de suivi, le recouvrement des dettes a été difficile
et les actions ont été interrompues.
Investissement et accès au financement
L'enquête de terrain a révélé que
la plupart des maraichers financent leurs activités sur fonds propres,
sur la base des relations familiales et commerciales. L'accès au
financement pour l'investissement dans le maraichage est difficile. En effet,
ce problème est l'un des goulots d'étranglement du secteur
maraicher à VIMAS. En dépit du nombre de maraichers basés
à Sèmè-Kpodji et la diversité des sites de
production, seule l'institution de microfinance CLCAM avec un taux
d'intérêt de 24 % l'an a été identifiée
en tant que structure officielle de financement de l'agriculture dans la
commune. Là encore, il faut noter qu'elle est loin de satisfaire la
majorité des maraichers et que le taux d'intérêt qu'elle
pratique est considérable. En effet, la CLCAM à l'instar de la
plupart des structures de financement offre des produits très peu
adaptés à l'agriculture (garantie, délai de remboursement,
plafond de crédits, etc.) ; ce qui limite fortement leur
accès. En dehors de la CLCAM, on peut aussi citer PFIJE qui en plus
du volet formation et insertion, octroie de microcrédits à ces
bénéficiaires.
Les principaux outils
utilisés
En maraichage, de nombreux outils sont utilisés pour
préparer le sol aux semis, pour la plantation, le désherbage et
la récolte. A titre d'exemple, nous pouvons citer quelques-uns de ces
outils. Le mètre sert à délimiter les planches ; le
cordeau permet de mesurer les distances et de tracer les lignes bien droites
pour semer, repiquer, établir les clôtures et délimiter les
planches ; les piquets servent à marquer les limites des planches
et les lignes de semis ; la serfouette sert à sarcler,
à biner et à tracer les sillons ; la binette sert à
biner et à sarcler ; la houe sert à retourner les sols
légers ; le râteau sert à égaliser la terre
sans la tasser et à nettoyer les planches ; l'arrosoir permet
d'apporter de l'eau après le semis ; la machette sert à
débroussailler et couper les arbustes ; le pulvérisateur
permet d'effectuer les traitements phytosanitaires avec des pesticides du type
`'concentré liquide'' ou `'poudre mouillable''.
Attribution des parcelles de
cultures
La répartition des espaces de cultures est sous la
responsabilité des membres du bureau de VIMAS. Dans le règlement
intérieur de VIMAS, la superficie minimale qu'on peut octroyer à
un maraicher est un huitième d'hectare moyennant un montant de
20 000 FCFA qui est versée à la comptabilité du
bureau de VIMAS. De ce fait, le bénéficiaire de la parcelle n'a
plus rien à payer ; il a un droit d'usage sur cette parcelle aussi
longtemps que possible. L'obligation du bénéficiaire, est qu'il
doit mettre en valeur la parcelle par des cultures. Toute parcelle
inexploitée sur une période de trois mois est
récupérée par le bureau. Mais ces dispositions du
règlement intérieur ne sont pas appliquées à tout
le monde. On constate que, selon que le maraicher soit natif de la commune de
Sèmè-Kpodji ou non, ancien ou nouveau, membre du bureau ou non,
les textes sont appliqués partialement.
Le site étant également un lieu commercial de
produits maraichers, beaucoup de manoeuvres y sont observées. Une
observation de la répartition des maraichers sur le site nous a permis
de constater que les membres du Bureau de VIMAS possèdent les plus
grandes superficies (2 à 5 hectares) contre (1/8 à 1 hectares)
pour les nouveaux, et sont à l'entrée du site. Par contre, la
plupart des nouveaux venus sont installés soit dans les zones inondables
(voir photo 2) soit en profondeur non loin de la mer. Cet état de chose
qui entraîne des frustrations dans le rang des nouveaux installés,
profite aux membres du Bureau.
Photo 2 : Inondation
en période de pluie sur le site de VIMAS
Source : ABDOULAYE
En effet, en période de pluie, on observe des
inondations à certains endroits du site et les plants qui sont sur les
parcelles non loin du site sont régulièrement
asséchés par le courant marin.
Force de travail et main
d'oeuvre
Sur les 28 maraichers interrogés, seuls 2 travaillent
avec une main d'oeuvre familiale renforcée néanmoins par une main
d'oeuvre externe. En effet, le recours à la main d'oeuvre
extérieure et/ou entraide est fréquent et dépend de la
taille de l'exploitation. Une entraide de voisinage a parfois lieu, le service
rendu étant par la suite retourné à la personne
lorsqu'elle en a besoin. Quelques échanges ponctuels de matériel
sont aussi réalisés pour les travaux de labour ou en
dépannages occasionnels. L'emploi de salariés agricoles
permanents est rare ; la majorité des maraichers recourt au salariat
temporaire, notamment en début de saison maraichère pour
l'aménagement des planches. Dans ce cas, le travail est
rémunéré selon la tâche réalisée et
à la planche. Les femmes cultivant seules font plus souvent appel
à cette main d'oeuvre temporaire pour réaliser les labours et les
aider à l'arrosage, de même que les hommes travaillant seuls
payent fréquemment des journaliers pour repiquer et sarcler les planches
maraichères.
Les maraichers qui ont une activité extra-agricole leur
permettant de disposer de revenus supplémentaires, emploient de la main
d'oeuvre de façon plus régulière, pour préparer les
planches en début de saison, mais aussi pour repiquer, sarcler ou
arroser tout au long de la saison culturale. Ces salariés agricoles, qui
travaillent comme journaliers, sont généralement de jeunes
maraichers récemment installés possédant de petites
superficies. Ils essaient alors de combler le manque à gagner en
réalisant des tâches de journalier.
Plusieurs activités sont menées sur le site par
les maraichers dont quelques-unes méritent d'être décrites
pour mettre en exergue le temps que les maraichers y consacrent.
3. DESCRIPTION DE QUELQUES
ACTIVITÉS A VIMAS
Préparation des
planches
Avant que toute exploitation agricole n'ait lieu sur un
terrain donné, et avant même que des planches n'aient
été délimitées, il faut rendre le terrain
cultivable. La préparation des planches est donc
précédée d'un nettoyage préalable du terrain. Le
terrain est débarrassé de son ancienne végétation.
Cette opération est suivie d'un essouchage et d'un enlèvement
d'objets pouvant constituer un obstacle au travail agricole, tel des cailloux,
des détritus, etc.
Une fois le terrain rendu cultivable, il faut délimiter
les planches. Les planches sont habituellement distinguées selon trois
caractéristiques : sa largeur, sa longueur et son orientation (voir
photo 3). Interrogés sur la constitution de ces planches, les maraichers
enquêtés évoquent tous, les mêmes règles. La
largeur des planches est fixée par la portée d'un arrosage manuel
par un travailleur marchant sur la diguette12(*) « si les planches sont trop larges, on
a du mal à atteindre toutes les plantes » [Pierre, 38 ans,
maraicher à Vimas].
Photo 3 : Quelques
planches sur le site de VIMAS
Source : ABDOULAYE
La longueur des planches est déterminée surtout
par un facteur commercial. Pour le comprendre, il faut effectuer une
transposition temporelle vers une période ultérieure à
celle que nous décrivons ici, lorsque les cultures, arrivées
à maturation, sont vendues aux femmes exerçant une
activité d'achat en gros des productions maraichères pour les
revendre ensuite au détail aux vendeuses des marchés. Les prix
sont négociés avec ces acheteuses en gros et à la
planche disent les maraichers. En effet, ils vendent
généralement toute la récolte issue d'une même
planche en une seule fois. Dans leur langage quotidien, ils utilisent
d'ailleurs une synecdoque pour désigner le produit de leur travail
agricole sur une seule planche lorsqu'ils le vendent : ils disent qu'ils
vendent une planche13(*). Selon les maraichers, il est plus difficile de
vendre l'ensemble de la récolte issue de grandes planches.
« Si les planches sont trop grandes, on a du mal à les
vendre » [Karim, 28 ans, maraicher à VIMAS]. Aussi, ils
disent qu'il n'est avantageux de faire de grandes planches car le prix
négocié ne sera pas proportionnel à la surface de la
planche : « si j'ai une planche de 10 mètres vendue par
exemple à 2000 CFA, celle de 20 mètres sera vendue à
2500 CFA la planche ; ce n'est pas avantageux »
[Baké, 38 ans, maraichère à VIMAS].
Des planches plus petites existent en bordures de terrain et
servent généralement de pépinières.
L'orientation des planches est choisie pour faciliter au mieux
les déplacements pour leur arrosage. L'irrigation manuelle étant
un travail long et pénible, les maraichers orientent les planches de
façon à limiter lorsque cela est possible les difficultés
de trajet entre la planche et le bassin servant à l'irriguer. Plus
qu'une distance entre un bassin et une planche c'est le type de trajet qui
joue : « il faut que le chemin, sur les diguettes, soit le
plus court pour que ça prenne moins de temps » [Osséni,
30 ans, maraicher à VIMAS].
Les conduites de
pépinières
La pépinière est l'endroit où certaines
plantes passent les premières semaines de leur vie. Elle sert à
la multiplication ou à la reproduction des plantes. Les maraichers lui
accordent le maximum de soins (ombrage léger, abris contre les vents
violents, épouvantails contre les oiseaux, etc.). En effet, de la
réussite de cette étape dépendent toutes les autres. En
fonction de la spéculation, les semences peuvent être produites
par eux-mêmes ou achetées. Les semences de carotte par exemple
sont importées alors que celles de l'amarante sont
récupérées grâce à leurs fruits. Les semis
sont réalisés manuellement. Les pépinières sont
arrosées quotidiennement, plusieurs fois par jour le plus souvent.
Le maraicher détermine la date à laquelle il
estime que la pépinière peut être repiquée en
fonction du stade de développement des plants de la
pépinière. Le moyen d'évaluer est visuel. Juste avant le
repiquage, la pépinière est arrosée pour faciliter le
prélèvement des jeunes plants. Seuls les plants les plus
vigoureux, sains et les mieux développés seront repiqués,
les autres étant laissés en pépinières afin qu'ils
continuent de se développer en vue des prochains repiquages. Il arrive
parfois que certains maraichers soient en pénurie de
pépinière et vont en chercher chez le collègue qui en
possède. Cette pratique est courante sur le site. Les maraichers
déclarent qu'ils donnent leurs pépinières dans l'espoir
d'en recevoir des autres quand ils seront dans le besoin.
Repiquage et arrosage
Le repiquage suit généralement de très
près la préparation des planches. Une fois prélevés
au niveau de la pépinière, les jeunes plants sont
immédiatement repiqués. La planche est généralement
arrosée juste avant le repiquage pour humidifier le sol et ainsi
faciliter l'activité en cours qui sera suivie presque
immédiatement par un second arrosage. Le repiquage s'effectue
manuellement à l'aide du pouce ; la racine et le bas de la tige
sont légèrement enfoncés de 2 à 3 cm dans le
sol ; les plantes sont disposées en ligne, rarement en quinconce.
Cette activité réalisée très souvent dans la
matinée, est menée par l'exploitant lui-même et les
ouvriers.
Par ailleurs, la majorité des arrosages est
réalisée manuellement. Deux options sont fréquemment
observées. D'abord, à l'aide d'une motopompe, l'eau est
recueillie dans un bassin préalablement construit à cet effet.
Ensuite, l'arrosoir est utilisé pour prendre l'eau du bassin. La seconde
option consiste à utiliser des pommettes (photo 4) fixées sur des
raccords pour faire l'arrosage. En fait, les raccords sont reliés
à des tuyaux qui sont à leur tour connectés à la
motopompe qui y distribue de l'eau.
Photo 4 : Arrosage
à l'aide d'une pommette sur le site de VIMAS
Source : ABDOULAYE
Néanmoins 2 maraichers de notre corpus, font usage du
tourniquet. Cette pratique qui est moins fastidieuse que l'utilisation de
l'arrosoir et de la pommette, permet aux maraichers de gagner du temps en
menant d'autres activités mais en contrepartie induit une consommation
régulière du carburant. En effet, le débit d'eau fourni
par les tourniquets est faible par rapport à celui de l'arrosoir ou la
pommette disent-ils. Ceci a pour conséquence une durée d'arrosage
plus élevé entraînant une augmentation de la
carburation ; ce qui amène les maraichers disposant de tourniquet
à associer l'arrosoir ou la pommette. « ...les tourniquets
n'arrosent pas autant que la main ; pendant que vous utilisez le
tourniquet pour arroser en deux heures d'horloge, vous obtenez le même
résultat avec l'arrosage à la pommette en 30 minutes ; les
tourniquets demandent plus de carburation... » [Sébastien, 25
ans, maraicher à VIMAS].
Par ailleurs, on observe qu'après que les maraichers
aient fini de faire l'épandage, les pulvérisateurs sont
nettoyés dans les bassins qui servent de rétention d'eau. Cette
eau est ensuite utilisée par les revendeuses des maraichers pour le
nettoyage des fruits, des tubercules et des feuilles (voir photo 5 et 6).
Photo 5 : Nettoyage de
carottes avec eau du bassin sur le site de VIMAS
Source : ABDOULAYE
Photo 6 : Nettoyage de
concombres et grande morelles avec eau du bassin sur le site de
VIMAS
Source : ABDOULAYE
L'arrosage est considéré par les producteurs
comme la tâche la plus exigeante en temps et la plus contraignante.
Réalisée au moins une fois par jour, voire plusieurs fois lors
des grandes chaleurs et les premiers jours après le repiquage, elle ne
peut être omise plus d'un jour sans endommager les cultures. Certains
maraichers s'entraident pour l'arrosage de leurs cultures. L'arrosage est la
première tâche réalisée chaque jour par les
maraichers, dès leur arrivée sur le site autour de 7 heures du
matin. Toutes les planches cultivées n'étant pas au même
stade de développement, elles ne réagissent pas de la même
façon au manque d'eau. C'est pourquoi les maraichers commencent en
général par arroser les cultures les plus fragiles, qui
supportent le moins le manque d'eau et le fort ensoleillement, à savoir
les pépinières et les planches nouvellement repiquées.
Désherbage, sarclage et
binage
Comme toutes les opérations culturales, le sarclage et
le binage sont réalisés manuellement : le sarclage à mains
nues et le binage à l'aide de binette. Afin de faciliter la tâche
et de bien arracher les adventices avec leurs racines, pour qu'elles ne
repoussent pas, le sarclage est généralement
réalisé juste après l'arrosage quotidien, suivi d'un
binage. Suivant la repousse des mauvaises herbes, 1 à 2 passages sont
réalisés. Comme cette opération (voir photo 7) est
exigeante en travail, les maraichers adaptent le nombre de passages à
leur disponibilité en temps, leur surface et la main d'oeuvre
présente sur l'exploitation.
Photo 7 :
Désherbage sur le site de VIMAS
Source : ABDOULAYE
La fréquence et la régularité des
sarclages et binages diminuent au fur et à mesure que la saison avance
et que les cultures se succèdent sur les planches maraichères.
Les désherbages successifs réalisés sur chaque parcelle
depuis le début de la saison culturale diminuent le stock de graines
adventices contenues dans le sol, diminuant ainsi, selon les maraichers, la
pression des adventices, le nombre de sarclages et de binages
effectués.
4. DES RAVAGEURS, DES MALADIES, DES
PESTICIDES.
Avant de présenter les techniques et les pratiques de
lutte contre les ravageurs et les maladies, il importe de comprendre au
préalable les perceptions que les maraichers ont de ces deux facteurs
importants de nuisance.
Ravageurs
La pression parasitaire est la contrainte majeure à
laquelle est confrontée la production des légumes. Les agents
responsables sont aussi bien des ravageurs que des maladies de toutes sortes.
Parmi les ravageurs, les plus importants sont : les
insectes (criquets, pucerons, chenilles), les acariens et les nématodes.
Dans la catégorie des insectes, les criquets sont ceux qui sont les plus
redoutés car ils créent d'importants dégâts pouvant
parfois aller jusqu'à la coupure des plants. « C'est comme
le ciseau. Pour les autres insectes, j'utilise le produit et ils se calment,
mais les criquets ne sont pas comme ça. Tu peux acheter un litre de
Lambda maintenant et tu vas utiliser tout pour le criquet ; criquet
là ! ça tue les gens ici ! » [Florence, 38
ans, maraichère à Vimas].
Les criquets proviendraient des mauvaises herbes qui sont dans
les environs du site et seraient surtout réputés dans la coupure
des feuilles de carotte. Ils détruisent les cultures souvent la nuit. Le
produit utilisé pour lutter contre eux est
« Lamdacal® » et son mode d'action est
d'éloigner les criquets par son odeur forte. Une fois que cette odeur
disparait, les criquets reviennent. Les désagréments que ces
derniers créent aux cultures obligent les maraichers à arroser
davantage afin d'accélérer la repousse. Or en situation normale
l'arrosage est reconnu par ces professionnels comme une activité prenant
la majeure partie de leur temps. Et donc le maraicher victime de la coupure de
ses plants par les criquets consacre encore plus de temps dans l'arrosage.
Les papillons sont reconnus par les maraichers comme des
ravageurs créant également beaucoup de dégâts. Ce
sont des ravageurs qui d'après eux, sortent de nuit et pondent sur les
feuilles des plants sur lesquelles ils se posent. Les oeufs à leur tour
se transforment en chenilles et perturbent le développement des
feuilles. « Il y a une sorte de toiles d'araignées sur la
feuille au-dessous de laquelle se cachent les chenilles. Elles sortent la nuit
pour faire des dégâts sur les plants et se cachent le jour. C'est
lors de l'arrosage qu'il faut faire attention pour pouvoir les
détecter » [Jacques, 34 ans, maraicher à
Vimas].
Les chenilles pour eux sont des vers de couleur verte (voir
photo 8). La laitue, le chou et la grande morelle sont les plus touchés
(voir tableau 3 en annexe). Pour certains, les fientes de poules sont
également responsables de la présence de chenilles dans le champ.
Quand les fientes de poulets se décomposent, ils produisent
également des chenilles disent les maraichers. Mais en
réalité la décomposition des fientes ne produit pas des
chenilles mais plutôt des vers, des asticots etc.
Photo 8 : Destruction
des feuilles de la grande morelle par les chenilles sur le site de
VIMAS
Source : ABDOULAYE
Les acariens font partie des nuisibles les plus
redoutés par les maraichers sur le site de VIMAS. « Sans
vous mentir, le site de VIMAS me fait très peur, car c'est un site
où il y a beaucoup d'acariens... sur ce site on pouvait ramasser
quasiment des acariens... et ces acariens sont réputés comme
étant des ravageurs contre lesquels beaucoup de produits ne sont pas
efficaces, autant avoir des invasions de chenilles, de petits insectes..., les
acariens, on a les produits on pulvérise et les produits n'ont aucun
effet ; on ne peut pas parler de résistance parce que les produits
n'ont jamais été efficaces contre eux » [ Agent de
l'INRAB]. Ils sont perçus comme telle, à cause de leur
rapidité de nuisance sur les plants et de leur capacité de
résistance face aux produits de traitement. En effet, le nom de ce
nuisible apparait dans tous les propos des maraichers. Ils distinguent deux
catégories à savoir les acariens rouges et les acariens blancs.
Les acariens rouges sont les plus craints parce qu'ils induisent des
dégâts plus importants que les autres. Il ressort des entretiens
que la tomate et la grande morelle sont les cultures qui seraient les plus
attaquées par ce ravageur. « ...je sais que vous
n'êtes pas agronome, mais vous savez quand-même tout ce qui est
légumes exotiques ! Ces légumes là sont très
attaqués, très attaqués, très attaqués parce
qu'ils ne sont pas dans leur milieu normal, donc ce sont ces légumes qui
ont tendance à être très-très
pulvérisés par les maraichers parce que c'est ça qui
donne...Ces légumes ont une valeur marchande assez élevée
comparée à nos légumes traditionnelles, donc ils font tout
et tout pour les avoir au bout » [Agent de l'INRAB]. Face aux
problèmes qu'ils rencontrent, certains maraichers ont
décidé de ne plus produire la grande morelle et la tomate.
Néanmoins, quelques uns, déclarent que si le champ était
bien entretenu, c'est-à-dire que les éléments nutritifs
avaient été apportés à temps et les traitements
respectés, il aurait été difficile à l'acarien de
nuire aux cultures. L'acarien est visible à l'oeil nu et se loge souvent
derrière la feuille disent-ils. Ce sont des nuisibles lorsqu'ils sont
dans le champ, « ils piquent et ça gratte le corps ;
les feuilles attaquées deviennent rouges et ne sont plus jolie à
voir » [Orou, 25 ans, maraicher à VIMAS] (voir
photo 9).
Photo 9 : Feuille de
grande morelle attaquée par les acariens sur le site de
VIMAS
Source : ABDOULAYE
D'après les discours des maraichers, l'origine de ce
nuisible est incertaine. Il n'y a eu que des suppositions. Il a
été fait cas dans un entretien d'une origine impliquant le vent
de la mer qui est non loin du site, de l'air qui circule, ou encore de la
proximité avec une forêt qui jouxte l'aire de maraichage à
l'ouest.
La pression des ravageurs n'est pas homogène tout au
long de la saison, il existe des périodes à risque. C'est le cas
par exemple des acariens qui sont beaucoup plus fréquents en saison
sèche.
Les maraichers de ce site ont de grandes difficultés
pour qualifier les ravageurs en langues locales. Mais ceci ne s'explique pas
par le fait d'une pauvreté linguistique dans la nomination des ravageurs
en langues locales, mais plutôt une méconnaissance des maraichers
car une investigation sur d'autres sites de maraichage et la revue de
littérature nous démontrent le contraire. Ce constat pourrait
s'expliquer par le fait que la plupart des maraichers du site de
Sèmè-Kpodji ont grandi en zones urbaines. Les insectes sont sous
l'appellation de Bibi et les vers wanvou. Ces nominations
sont très englobantes. Néanmoins, même avec un mauvais
français, ils arrivent à nommer les insectes à leur
manière et à se faire comprendre.
Par ailleurs les maraichers de ce site ont une connaissance
sémiologique des ravageurs et des maladies des plantes. Ils sont
capables de décrire les insectes et de dire à travers l'aspect
physique que présente la plante, si elle est attaquée par un
criquet, un puceron, un acarien etc.
L'évocation des maladies
Les maladies des plants constituent des déceptions
permanentes pour les maraichers. « Les maladies des plants sont
nos principaux ennemis ici. Ce n'est pas facile notre métier. Il faut
sarcler, biner, semer, arroser ; et ce n'est pas tout ! Non
seulement, il te faut de l'argent pour acheter du carburant afin de pouvoir
drainer l'eau dans le bassin, il te faut également l'argent pour les
produits de traitements. Parce que, même quand la plante est en bonne
santé il faut traiter pour prévenir les maladies. Mais
malgré les traitements de préventions, il arrive très
souvent que nos plants soient malades ; tout ça c'est sans compter
ce que tu payes aux ouvriers » [Salomé, 36 ans, maraicher
à VIMAS]. Tous les maraichers interrogés tiennent le propos
de Salomé. Il faut un minimum d'investissement pour faire le maraichage.
Le montant varie de 50.000 CFA à 400.000 CFA et est fonction
de la superficie emblavée et des cultures faites. Alors, une fois les
dépenses déjà engagées ils n'arrivent plus à
renoncer en cas de maladies des plantes, et dépensent davantage dans
l'achat des produits de traitement. Ainsi ils associent à la maladie la
notion de sanction financière, coûts supplémentaires,
perte.
Néanmoins, le terme de maladie ne contient pas que des
évocations négatives. « Tu ne peux pas être
maraicher et dire que tes plants ne seront pas malades, c'est impossible. Moi
aussi je tombe malade, donc c'est naturel. La maladie est déjà
là ! Donc il faut agir. C'est là aussi on voit qui est qui
sur ce site... » [Grégoire, 30 ans, maraicher à
VIMAS]. Ces propos transparaissent à travers les entretiens de 15
maraichers. Nos séances d'observations nous ont permis de constater
qu'il arrive que les maraichers échouent dans le traitement des plants.
En situation d'échec ils peuvent soit changer de produits soit modifier
le dosage ou la combinaison. Ainsi, les maladies sont l'occasion pour les
maraichers de se remettre en cause, et de mettre au point de nouvelles
combinaisons de traitements. Selon Dejours (2003), le travail n'est pas une
activité qui sert uniquement à produire et à gagner de
l'argent, il est également indispensable dans la construction de la
personne. Le travail sert à s'épanouir, à
développer et exprimer sa créativité, son intelligence. Si
le rapport au travail peut s'envisager dans ses dimensions techniques ou
économiques, il renvoie également à des dimensions
personnelles, affectives et identitaires.
Les pesticides, usages et
approvisionnements
Le principal moyen de lutte contre les bibi et
les wanvou est l'utilisation de pesticides chimiques. Au total, 25
pesticides ont été dénombrés durant la
période de collecte des données (confère Tableau n° 2
en annexe). Les dix premiers sont les pesticides recommandés pour la
culture du coton par contre les dix autres suivants sont recommandés
pour le maraichage. Les 5 derniers n'ont pu encore être classés
comme étant des produits recommandés pour le coton ou les
cultures maraichères.
La majorité des maraichers ne semblent pas avoir une
grande connaissance du spectre d'activité des matières actives et
des doses à utiliser en fonction des superficies à traiter. Ils
répondent que la plupart des pesticides agissent vers les mêmes
cibles, qu'il s'agisse de ravageurs ou de maladies. Cette méconnaissance
est souvent imputable à l'utilisation abusive des produits. Si cet
état de chose peut s'expliquer par le fait du niveau d'instruction
très faible des maraichers, il y a aussi que les maraichers ne sont pas
bien encadrés par l'Etat à l'instar des producteurs de cotons. En
effet, pour la culture du coton, en plus de l'encadrement, les pesticides
« adaptés » sont distribués par l'Etat aux
producteurs sous forme de crédit remboursable après la
récolte. Par contre, les produits homologués pour les cultures
maraichères ne sont pas toujours disponibles dans les centres de
promotion agricole et s'ils le sont parfois, leur coût est dissuasif. Les
maraichers ne bénéficiant pas alors du même encadrement que
les producteurs du coton, se retrouvent seuls faisant leur possible pour avoir
de belles récoltes afin de les commercialiser.
La plupart des maraichers, c'est-à-dire 25 sur les 28
interrogés, affirment ne plus avoir une connaissance sur le mode
d'action précis des produits qu'ils utilisent. « On ne
maîtrise plus rien, les produits ne sont plus efficaces comme avant,
finalement on ne sait plus ce qu'ils font exactement » [Phillipe, 28
ans, maraicher à VIMAS]. Et donc, ce qui est
recherché, c'est le résultat ; peu importe le type
d'emballage, la couleur et l'aspect du produit. Selon eux, pour renforcer
l'efficacité du produit, il doit être utilisé en
mélange. Cette pratique évite de faire plusieurs passages
d'épandage et de ce fait permet de gagner en temps. L'épandage
est fait souvent très tôt le matin ou le soir. La raison
évoquée est que l'action du soleil ambiant associé au
produit pourrait griller la plante.
Le plus difficile pour nous concernant l'usage des pesticides
a été de trancher sur comment les mélanges de pesticides
se font. « ...c'est une question compliquée hein ! je
ne peux pas vous dire exactement comment je mélange mes produits, je ne
peux pas... ça dépend du niveau d'attaque des plants, de la
quantité de produit dont je dispose, des produits qui existent en ce
moment sur le marché, de ma capacité financière... en tout
cas sincèrement, ça dépend... » [Donald, 29 ans,
maraicher sur le site de VIMAS]. Aucun des maraichers interrogés
sur cet aspect n'a pu fournir d'informations précises. L'observation
nous a permis de constater que, le même maraicher pour la même
culture, en face du même ravageur, peut soit utiliser les mêmes
produits à des doses différentes, soit utiliser carrément
d'autres produits, soit faire d'ajout aux précédents.
Néanmoins, même si on ne peut pas statuer sur les mélanges
de produits, il y a les produits tels que « LAMDA FINER® 25
EC », « PACHA® 25 EC »,
« LASER® 480 SC » qu'on retrouve
systématiquement dans tous les mélanges faits par 23 des
maraichers enquêtés.
Les traitements des cultures sont réalisés
à titre préventif et à titre curatif.
Généralement pour la prévention, les traitements sont
réalisés tous les 5 à 8 jours ; et à titre
curatif tous les 2 à 3 jours selon le niveau d'attaque de la culture.
Un autre facteur déclenche également les
traitements chez une dizaine des maraichers enquêtés. Quand mon
voisin traite ses cultures, il faut que je le fasse aussi sinon mes cultures
seront contaminées disent-ils. Cette perception résulte du fait
que ces maraichers pensent que certains ravageurs ne meurent pas après
traitement mais se déplaceraient. « Les acariens et les
criquets ne meurent pas facilement, quand tu mets le produit, ils sont
dérangés et ils se déplacent pour aller cher celui qui est
à côté... » [Sèna, 32 ans, maraicher
à VIMAS].
Les circuits d'approvisionnement au niveau local sont
multiples. « Accueil Paysan » est la seule boutique de
fourniture d'intrants (semences et produits phytosanitaires) à
Sèmè-Kpodji. Ce lieu commercial ne fournissant pas des produits
coton, les maraichers de VIMAS se rabattent sur les fournisseurs de Cotonou et
les vendeurs ambulants pour s'approvisionner. En effet, la responsable de cette
boutique est ingénieur agronome et donc consciente du danger de
l'utilisation de ces produits en maraichage. En revanche les vendeurs de
produits de traitement chez lesquels les maraichers vont s'approvisionner
à Cotonou n'ont aucune connaissance scientifique sur les compositions
des produits. Ils sont également des maraichers qui ont comme pratique
de recruter les ouvriers sur leur site de maraichage. « Il est
vrai que j'ai ouvert une boutique pour vendre les pesticides de maraichage,
mais je n'ai jamais cessé de faire le maraichage. J'ai engagé des
ouvriers expérimentés pour le faire mais je vais voir de temps en
temps comment les choses évoluent ». [Agossou, 49 ans, vendeur
de pesticides à Cotonou]. Les nouveaux produits avant d'être
recommandés aux clients sont expérimentés sur nos cultures
affirment les vendeurs.
Les vendeurs de ces produits affirment s'approvisionner
surtout en Côte-d'Ivoire, au Ghana et au Togo. Lorsqu'ils doivent
s'approvisionner au Togo, ils utilisent leurs motos pour faire le
déplacement. Ils déclarent maîtriser des trajets afin de ne
pas se faire déranger par les douaniers. En outre lorsque ces produits
doivent quitter la Côte-d'Ivoire ou le Ghana, ils sont
dédouanés et sont transportés par les grands bus qui font
le trajet Côte-d'Ivoire- Ghana- Togo-Bénin. Il arrive parfois que
ces produits soient saisis par l'une des douanes de ces frontières en
cas de non dédouanement. Certes les vendeurs vont s'approvisionner
à l'extérieur du pays mais il arrive aussi que des fournisseurs
se déplacent vers eux. Ces fournisseurs viennent à la fois de
l'intérieur (le nord) et de l'extérieur du pays (Côte
d'Ivoire et Ghana). Ce sont surtout les produits cotons qui leurs sont
livrés. « ... il y a même des pesticides qui sont
stockés maintenant parce que ce n'est pas bon pour le coton et vous
allez voir ça sur le maraichage très prochainement et des
milliers de tonnes. Ce qui est dommage quand ils font venir ces produits, ils
ne voient pas les conséquences parce que ça va ressortir. On nous
a montré à la télévision plusieurs magasins remplis
de produits, remplis d'endosulfan vous avez suivi ça
non ! » [Agent de l'INRAB]. Il y a donc un
détournement de produits destinés au coton pour le maraichage. Et
puisque ces produits sont subventionnés par l'Etat, ils ne coûtent
plus cher sur le marché informel. Ce qui explique en partie la
présence de ces produits avec les maraichers.
CHAPITRE IV : PROCESSUS DE DÉCISION D'ACHAT ET
D'UTILISATION DES INTRANTS
Ce chapitre traite d'une part des déterminants de choix
du vendeur des intrants par les maraichers et d'autre part des
déterminants de choix et d'usage des intrants. Il s'agit d'apporter des
éléments de réponse à la question posée dans
la problématique de recherche.
1. LES DÉCISIONS D'ACHAT DES
INTRANTS : UN PHÉNOMÈNE COMPLEXE
Un système de
croisement et de réassurance des sources d'informations
« ... avec la difficulté à
laquelle nous sommes confrontés face au changement des pesticides, on ne
peut pas dormir sous nos lauriers hein ! Si non c'est la catastrophe. Il
faut être sociable afin de pouvoir discuter avec les maraichers de son
site et d'ailleurs, participer aux réunions de groupement, discuter avec
les vendeurs de pesticides. Si tu veux continuer à faire le maraichage,
faut pas rester dans ton coin. Dans cette affaire là, même un
ouvrier peux te sauver... ! Il n'y a pas de honte à demander !
Il faut demander la même chose à plusieurs pour être
sûr quoi ! » [Natacha, 28 ans, maraichère à
VIMAS]. Pour faire face aux inconnus qui entourent le choix des semences
et des traitements, le maraicher recherche donc de multiples sources
d'informations. Ainsi il se donne les moyens d'avoir accès aux sources
d'informations en gardant de bonnes relations avec son voisinage au champ et
les vendeurs de pesticides, en payant ces cotisations afin de participer aux
réunions du groupement auquel il appartient. Nous pouvons constater
qu'une seule source d'information n'est suffisante en soi, et que les
maraichers, pour faire face à l'incertitude, croisent sans cesse leurs
différentes sources.
En outre, le quart des maraichers accordent beaucoup
d'importance à certaines sources qu'à d'autres.
« Même après avoir demandé de conseils chez
plusieurs, c'est ce que Tantapignon, le maraicher qui est au fond là-bas
me dit que je fais généralement. Pour le moment je ne suis pas
encore déçu. Je pense que c'est parce qu'il a fait une
école professionnelle ... » [Marcus, 30 ans, maraicher
à VIMAS]. « ...moi, c'est souvent les recommandations de Eric,
l'ouvrier qui est juste à l'entrée du site là !, que
je mets en pratique. Il est un peu âgé, environ la cinquantaine...
ça fait 25 ans qu'il est dans le maraichage. C'est à cause de son
expérience que son patron s'en sort si non... » [Ernest,
40 ans, maraicher à VIMAS]. « On gagne toujours quelque
chose en participant aux réunions de groupements. J'ai quitté
Cotonou pour m'installer sur le site de VIMAS, mais je suis toujours
restée membre de mon groupement. C'est pareil pour tous ceux qui sont
venus de Cotonou pour s'installer ici. C'est un creuset où les
maraichers de Cotonou et de VIMAS partagent leurs expériences.
Moi ! C'est souvent à cette occasion que j'obtiens des
recommandations » [Adizath, 30 ans, maraichère à
VIMAS]. Ceci concorde avec les travaux de Saad et Russo (1996) qui
montrent que le procédé séquentiel du processus
décisionnel n'implique pas que toutes les informations consultées
soient nécessairement utilisées.
En ce qui concerne la participation aux réunions de
groupements, nous constatons que les multiples relations entre les membres du
groupement tendent à rapprocher leurs manières de travailler. Ces
occasions d'entraide ou de débat influencent les manières de
travailler. En effet, dans ces situations d'incertitude et compte tenu des
limites de l'expérience de l'observateur individuel, ces relations
alimentent une confiance nécessaire (Nicourt, 2008).
Ces verbatims montrent bien les éléments sur
lesquels certains maraichers se réfèrent pour prendre leurs
décisions. C'est l'expérience du métier, c'est la
formation professionnelle mais aussi le réseau professionnel auquel on
appartient.
D'autres maraichers par contre ne se contentent pas de mettre
en pratique les conseils ou les recommandations telles que reçues.
« ...ça fait 10 ans que je suis dans le maraichage,
néanmoins je demande conseils auprès de mes collègues,
surtout ceux dont les récoltes sont souvent bonnes. Lorsque en plus de
mes connaissances, j'ajoute pour les autres, j'arrive à m'en sortir
... » [Angelo, 32 ans, maraicher à VIMAS]. « Le
mois passé, au moment où tout le monde se plaignait des acariens
qui faisaient ravage dans les champs de tomates, Jacques a pu s'en sortir avec
de très belles tomates, il était le seul à vendre la
tomate cette saison là ! » [Bona, 25 ans, maraicher
à VIMAS]. En effet, en ce qui concerne la moitié des
maraichers interrogés, les informations orales sont toujours
croisées avec du "visuel" et de l'information qui résulte du
vécu et de l'expérience. Ceci rejoint les travaux de (Ford et
Sterman, 1998) qui parlent de processus cognitifs entrant dans la
décision. Nous constatons un processus de confrontation de l'information
orale avec les autres. L'information orale est confrontée avec du visuel
sur le site et est enfin validée par l'expérience vécue du
maraicher. Il est nécessaire, pour qu'une information soit
considérée comme fiable, qu'il y ait d'une part une constatation
visuelle dans l'expérience.
Le contexte de la
décision d'achat des intrants
Si les engrais de fertilisation (NPK et Urée) et les
fientes de poulet sont restés toujours tels, ce ne fut pas le cas des
pesticides disent les maraichers. L'ensemble de ces professionnels affirme
être confronté à un changement très régulier
des noms des produits qu'ils utilisent. « C'est très
compliqué cette affaire de pesticide là ! Surtout nous qui
ne sommes pas allés à l'école du blanc. A peine on
commence par apprécier le produit, on ne le trouve plus sur le
marché. C'est encore un autre qu'on nous présente... »
[Donatien, 25 ans, maraichers à VIMAS]. Ainsi, les maraichers
sont confrontés à l'évolution perpétuelle des
produits de traitements ; ce qui provoque une remise en cause permanente
de leur compétence. Sur les 28 maraichers interrogés, 8
ne sont pas scolarisés, 16 ont un niveau primaire et 4 un niveau
secondaire. C'est ce que N'Dienor et Aubry (2004) attribuent à la rude
sélection observée en milieu urbain face à l'emploi, qui
pousse les jeunes non ou peu scolarisés (niveau inférieur au
BEPC) vers le maraichage comme solution de repli. Ce profil de scolarisation,
même s'il permet à certains d'entre eux de reconnaitre les
produits physiquement, la reconnaissance des matières actives de ces
produits posent problème. En effet, une lecture des notices des produits
nous a aussi permis de constater qu'effectivement il y a des changements de
noms commerciaux et les matières actives restent inchangées avec
les mêmes concentrations. Par exemple les produits tels que CLEAR®
25 EC, SUNHLOTHRIN® 25 EC et LAMBDA FINER® 25 EC ont tous pour
matière active lambda-cyhalothrin et de même
concentration. Par ailleurs, il faut signaler qu'on observe également
des changements de concentration de ces matières actives. Par exemple
DUEL® 336 EC et POLYTRINE® 186 EC ont pour matière active une
combinaison de cyperméthrine et de profénofos
mais sont à des concentrations différentes.
Par ailleurs, l'incertitude sur le choix des semences est
multiple. Ce qui est recherché est essentiellement le rendement, la
précocité et la résistance aux maladies disent les
maraichers. Ces derniers pratiquent tous la polyculture par
sécurité, pour se protéger des risques de chute de
rendement et pour faire face à l'incertitude des débouchés
pour les récoltes et des prix de vente. « Je ne fais
jamais une seule culture moi, d'ailleurs, aucun maraicher ne le fait. Je fais
en même temps de la grande morelle, de la laitue, du chou, de la carotte.
Si tu fais une seule culture et ça ne marche pas, tu es
grillé ; il faut avoir plusieurs cartes si non ! Ah !
C'est la dérive » [Tintin, 25ans, maraicher à
VIMAS]. En général, une variété de semence de
référence est utilisée chaque année. La semence de
référence est une semence que le maraicher connait bien et qu'il
cultive depuis plusieurs années. Il s'assure avec cette
variété un rendement optimum, rendement qui sert d'ailleurs
d'étalon de mesure pour les rendements des nouvelles
variétés. Nous relevons ici un mécanisme fréquent
dans les prises de décisions par rapport à une nouveauté :
une semence ou un produit bien connu sert de point de repère à
partir duquel seront étalonnés, en positif ou en négatif,
les résultats ou l'efficacité du nouveau produit. Pour certains
et par moment, le choix se porte vers de nouvelles semences. Un tel choix
témoigne de la capacité à prendre des risques sur de
nouvelles variétés.
Au regard du discours des maraichers, on constate la place de
premier choix que les maraichers accordent aux pesticides à coté
des semences et fertilisants. « Il y a de nouvelles semences
qu'on nous présente certes mais le changement n'est pas au rythme des
pesticides. De même, quand il y a une nouvelle semence, l'ancienne ne
disparait pas souvent, c'est très rare ça ! »
[Darius 35 ans maraichers à VIMAS]. Aussi les trois quarts
d'entre les maraichers déclarent « il y a pas de bonnes
semences mais de bons produits. Ta beau avoir la meilleure semence du monde, si
tu ne possèdes pas de bons produits, tu verras tes cultures
attaquées par les ravageurs » [Sébastien, 25ans,
maraicher à VIMAS].
Le choix d'un vendeur unique
Sur les 28 maraichers interrogés, 8 résident
à Cotonou, 5 à Sèmè-Kpodji et 15 sur le site de
VIMAS. Sur les 8 maraichers qui viennent de Cotonou, 4 ont un moyen de
déplacement. La quasi-totalité des maraichers qui viennent de
Cotonou ont des ouvriers et de ce fait, ils ne sont pas tenus d'être tout
le temps présents sur le site. Ils communiquent souvent avec leurs
ouvriers par téléphone et ne viennent que lorsque c'est
nécessaire. Par exemple pour apporter des engrais chimiques et
organiques, des semences ou des pesticides. En ce qui concerne ceux qui
résident à Sèmè-Kpodji et VIMAS, ils ont
respectivement 1 et 4 moyens de déplacement. Par ailleurs, sur 28
maraichers, seulement 2 affirment s'approvisionner à la boutique
« accueil paysans » de Sèmè-Kpodji. Le reste
s'approvisionne dans des boutiques à Cotonou. « C'est
contre notre volonté que nous allons à Cotonou, on n'a vraiment
pas le choix étant donné que c'est là-bas que nous
trouvons les produits dont on a besoin pour traiter nos plants. »
[Philippe, 28 ans maraicher à VIMAS]. On constate que
très peu de maraichers résidants dans la commune possèdent
un moyen de déplacement et doivent pourtant faire le déplacement
sur Cotonou pour s'approvisionner. Malgré ces contraintes, une fois
à Cotonou, comment le choix du fournisseur se fait-il ? 10 des
maraichers interrogés affirment faire toujours leurs achats chez le
même fournisseur depuis 7 ans. « ...moi, c'est patou
tô ou rien hein ! Il connait ce monsieur là ! Et il est
très humble. C'est un maraicher aussi donc il connait la souffrance du
maraicher, de plus nous sommes des amis de longue date... le plus souvent, je
prends les produits à crédit et je rembourse après mes
ventes » [Jean Didier, 37 ans, maraicher à VIMAS] ;
« Je vais le plus souvent m'approvisionner chez le fournisseur de
Godomey, lui c'est mon cousin et je préfère lui donner mon argent
qu'à un autre. Il vend certains produits en détails et ça
m'arrange beaucoup. Ce que beaucoup de fournisseurs ne font pas »
[Adolphe, 28 ans, maraicher à VIMAS] ; « Plusieurs
fois, j'ai été confronté à des problèmes de
ravageurs avec mes cultures. Par un coup de fil au vendeur de pesticides qui
est à Cadjèhoun, j'ai décrit ce qui se passait avec mes
cultures. A son tour, il m'a dit les produits que je devais utiliser et comment
je devais faire le dosage...trois jours après, mes cultures se portaient
bien » [Blandine, 30 ans, maraichère à
VIMAS]. « Je fais trop confiance à Patou tô.
Parfois je ne trouve pas le produit que je cherche chez lui ; mais cela ne
veut pas dire que le produit n'existe pas ailleurs. Néanmoins je prends
un produit de substitution qu'il me propose et jusque là, je ne suis pas
encore déçu. C'est le résultat qui compte »
[Florian, 32 ans, maraicher à VIMAS]. Ainsi, le choix du
vendeur, peut être délibéré et lié à
l'importance que le maraicher accorde aux relations personnelles et à
l'établissement de rapports de confiance. Nous avons noté le
rôle primordial que joue le vendeur dans le système d'information
et de conseil du maraicher. Les maraichers qui choisissent de n'acheter
qu'à un seul fournisseur estiment que l'important est d'établir
une relation de confiance avec un vendeur. La fidélité
résulte du service que le vendeur peut apporter : livraison sur le site,
possibilité de négociation des prix, vente à
crédit, conseil personnalisé etc. Ces maraichers estiment alors
que s'ils sont bien servis, ils n'ont pas de raison de changer.
Le choix de plusieurs
vendeurs
12 maraichers sur les 28 interrogés choisissent
à l'inverse de travailler avec plusieurs vendeurs pour divers raisons.
« C'est vrai que généralement, je m'approvisionne
à Cadjèhoun ; mais si je ne trouve pas le produit que
recherche à Cadjèhoun, je vais jusqu'à Godomey pour
m'approvisionner. L'important pour moi c'est de trouver le produit que je
recherche. » [Pierre, 38 ans, maraicher à VIMAS].
« Quand je constate au lieu d'achat que le propriétaire
même de la boutique n'est pas présent, je me retourne pour aller
à un autre endroit. Je me retourne très souvent quand c'est un
produit de substitution que celui qu'il a engagé dans la boutique me
propose. Le problème, c'est que, ces gens que les vendeurs
(propriétaire de la boutique) engagent dans les boutiques ne sont pas
compétents en conseil. Déjà trois fois de suite, j'ai
suivi les conseils d'un de ces agents et toutes mes cultures ont
brûlé. Depuis ce temps je me méfie beaucoup
d'eux » [Alfred, 30 ans, maraicher à VIMAS].
« Il faut être très habile dans ce métier pour
pouvoir s'en sortir. Quand tu es un client fidèle, certains vendeurs te
comprennent et peuvent te laisser les produits à crédit. Mais si
tu n'as pas soldé la dette précédente, tu ne peux plus
avoir de produits à crédit chez celui là ! Et quand
la situation se présente comme ça, nous sommes obligés
d'aller chez un autre vendeur » [Narcisse, 29 ans, maraicher
à VIMAS]. « Je réside sur le site et je n'ai pas un
moyen de déplacement. Prendre « zémidjan »
pour me rendre à Cotonou va me revenir très cher, alors je
profite de l'occasion de ceux qui vont acheter pour faire aussi ma commande.
Donc, c'est celui qui fait le déplacement qui décide d'où
acheter les produits. Je n'ai vraiment pas le choix... » [Natacha, 27
ans, maraichère à VIMAS]. « Si les vendeurs
étaient au même endroit, comme dans un marché par exemple,
on pouvait nous amuser à faire des comparaisons de prix, ils sont
malheureusement tous très distants l'un de l'autre. Quand tu regardes ce
que le déplacement avec « Zémidjan » va te
coûter d'un vendeur à un autre, finalement tu n'a pas le choix...
seuls, ceux qui ont un moyen de déplacement le font
souvent... » [Sèna, 35 ans maraicher à VIMAS]. On
constate à travers ces extraits d'entretiens que plusieurs facteurs
peuvent expliquer la variation du lieu d'achat des pesticides. Certains
maraichers sont attachés aux produits qu'ils ont l'habitude d'utiliser.
Ceci pourrait s'expliquer par le fait qu'ils ont une maîtrise du mode
d'utilisation et une preuve d'efficacité du produit. Pour cette
catégorie, le coût de déplacement importe peu.
La relation de confiance que le maraicher accorde au vendeur
(propriétaire même de la boutique) est capitale dans le choix du
lieu. En effet, les vendeurs de pesticides jouent également le
rôle de conseil, ils ne se contentent pas seulement de la vente de leurs
produits. Une observation des lieux d'achat nous a permis de constater que le
maraicher pose son problème. C'est-à-dire qu'il décrit
l'aspect physique de la plante qu'il veut traiter ; parfois amène
une plante avec lui pour la présenter au vendeur. Ce dernier à
son tour lui fait des recommandations. Généralement ces
recommandations marchent affirment les maraichers. Nous avons constaté
que plusieurs fois le vendeur a été félicité par
des maraichers. Alors, qu'avec l'agent recruté par le vendeur, on n'a
pas observé cette relation de proximité et de
complicité.
Le manque de moyens financiers explique également la
variation des lieux d'achats. Certains maraichers ne décident pas
délibérément de changer de vendeurs. Ces derniers offrent
des possibilités d'achat à crédit. Mais le principe est
qu'il faille rembourser la dette précédente avant pouvoir
bénéficier d'un autre crédit. On ne saurait dire si c'est
par mauvaise foi ou véritablement un manque de moyen, mais on observe
une stratégie de contournement qui consiste à aller chez un autre
vendeur.
Par ailleurs, la possession d'un moyen de déplacement
aide à la variation du lieu d'achat des produits. Il est plus rentable
pour un maraicher de faire usage de sa moto que de prendre du
Zémidjan. De ce fait, 6 maraichers parmi les 9 qui disposent
d'un moyen de déplacement varient régulièrement les lieux.
Néanmoins ces maraichers ont un vendeur qu'ils
fréquentent de façon privilégiée. Ils sont plus
attentifs à ne pas être captifs, et ont un comportement plus
autonome dans la recherche d'informations. L'analyse des lieux d'achat
après plusieurs heures d'observations réaffirme l'importance des
relations personnelles dans le processus de décision des maraichers.
2. LE CHOIX DES PESTICIDES CHIMIQUES :
CE QUI INFLUENCE LE MARAICHER
Le prix est toujours rapporté à
l'efficacité, et les maraichers n'achètent pas forcément
les produits les moins chers. Ceci a été constaté lors de
nos séances d'observations et relevé également dans le
discours de certains maraichers. Le maraicher, une fois dans la boutique du
vendeur, après les salutations d'usage, pose son problème. Le
vendeur à son tour met les différents produits sur la table et
donne les différents prix. Généralement, le produit le
moins cher n'est pas pris. « Si tous les produits qu'on me
présente sont nouveaux pour moi, je ne peux pas prendre le risque de
choisir le moins cher » [Sébastien, 25 ans, maraicher à
VIMAS]. Ainsi, pour minimiser les risques le maraicher
préfère ne pas choisir le produit le moins cher. Il associe la
qualité au prix. Par ailleurs, même si cela n'est pas
fréquent, il arrive que des maraichers choisissent le produit le moins
cher. Dans ce cas, le maraicher a déjà fait l'expérience
du produit et il est sûr de son efficacité. Il a donc
déjà fait son choix avant d'être en contact visuel du
produit. Le prix apparait comme un critère de qualité du produit,
d'où une certaine méfiance relevée chez quelques
maraichers à l'égard de produits peu chers.
Mais il arrive aussi que le choix
prédéterminé du maraicher soit influencé par le
vendeur. « ...Le litre de « Alphacal » que tu
demandes est à 7000 CFA mais il y a maintenant un autre
produit « Supercal » à 8500 CFA le bidon d'un
litre qui est trop fort, c'est le grand frère de
« Alphacal ». C'est plus rentable pour toi de l'acheter.
Juste un bouchon dans le pulvérisateur et c'est suffisant. Mais avec
« Alphacal », il te faut deux bouchons. Tu vois donc
toi-même... » [Alphonse, Vendeur de pesticide à
Cotonou]. « Je suis en rupture de « Polytrine »
mais j'ai « Duel ». Je te le laisse à crédit.
Après utilisation tu viendras me rendre compte, c'est à
3000 CFA » [Tundé, vendeur de pesticide à
Cotonou]. On note que d'une part, les vendeurs de pesticides utilisent une
stratégie de marketing pour convaincre certains maraichers et d'autre
part ils jouent également sur leur psychologie. Entre ces deux niveaux
les relations personnelles et de confiances interviennent.
En plus du rapport efficacité-prix, et l'influence du
vendeur, d'autres critères sont constatés. « C'est
la forme liquide des produits que j'apprécie le plus parce que ça
s'utilise plus facilement que les autres formes. On fait le mélange
rapidement et le travail commence... Les produits en poudre donnent du travail
supplémentaire. Il faut d'abord préparer la concentration
soi-même avec tous les risques d'erreur et d'inhalation de la
poudre... » [Grégoire, 30 ans, maraicher à
VIMAS]. Il est difficile de mesurer l'importance de la forme du produit
dans les critères de choix. Il semble qu'il n'y ait pas
énormément de formes différentes pour un même
produit. Néanmoins la forme liquide est beaucoup appréciée
par tous les maraichers même si avec celle-ci, il y a des
problèmes de stabilisation. En effet, certains produits ont tendance
à précipiter, et s'ils ne sont pas bien agités, il en
résulte des différences de concentration. La poudre quant
à elle, est peu appréciée à l'emploi, car elle est
volatile. Ses atouts sont sa praticité de stockage, sa stabilité
(par rapport à un produit qui se dépose) et son
efficacité.
Sur l'emballage des 25 produits relevés sur le site de
VIMAS durant notre étude, (tableau 3 en annexe), il est écrit
EC14(*) sur 18.
« Moi, c'est par les chiffres qui précèdent le EC que
je sais si un produit est efficace ou pas. Plus le EC est élevé,
plus le produit est efficace, cela signifie que la concentration est
forte » [Jacques, 34 ans, maraicher à VIMAS]. 10 autres
maraichers tiennent également le même propos. Certes les
« EC » indiquent les concentrations en gramme par litre de
matière active mais la perception liée à
l'efficacité n'est pas juste. Par ailleurs le « EC »
veut également signifier que le produit ne doit pas être
appliqué directement sur les plants mais qu'il devra être d'abord
dilué dans l'eau avant épandage. En se référant au
« EC » il arrive que certains maraichers se trompent.
(Confère photos 10 et 11)
Photo 10 : Acaricide
sur le site de VIMAS
Source : ABDOULAYE
Photo 11 : Herbicide
sur le site de VIMAS
Source : ABDOULAYE
Par exemple DUEL® 336 EC traduit la composition de
matière active suivante (Profénofos 300 g/l +
Cyperméthrine 36 g/l) et ALLIGATOR® 400 EC traduit la
composition de matière active suivante (400 g/l de
Pendiméthaline). Bien que le « EC » du second
produit soit plus élevé que le « EC » du
premier, le premier est un acaricide et le second herbicide.
De plus, il convient de signaler que les pesticides coton sont
beaucoup prisés par les maraichers (voir photo 12 et 13). Ceci se
reflète dans les propos de tous les maraichers. « Tu sais
mon frère, je ne vais pas te mentir. Si quelqu'un te dit qu'il n'utilise
pas les pesticides du cotonnier sur ce site, c'est qu'il t'a menti. Sans
ça, on ne peut pas se tirer d'affaire. Tu vois ce bidon par exemple, tu
vas penser que c'est un pesticide recommandé pour le maraichage parce
qu'il est dessiné tomates, carottes, oignons, sur l'emballage ;
mais c'est le grand- frère qui est là ! Il extermine tout
sur son passage. On camouffle parce que les gens du CeCPA viennent parfois
faire des saisis » [Blandine, 30 ans, maraichère à
VIMAS].
Photo 12 : Insecticide
du cotonnier utilisé en maraichage à VIMAS
Source : ABDOULAYE
Photo 13 : Insecticide
et acaricide du cotonnier utilisé en maraichage à
VIMAS
Source : ABDOULAYE
Le coton n'étant pas un consommable alimentaire, les
matières actives de ses produits de traitement sont plus
concentrés. Les maraichers constatant des résistances avec les
produits de maraichage utilisent davantage les produits du cotonnier avec
lesquels ils ont satisfaction. Ce qui importe pour ces derniers, c'est le
résultat, c'est-à-dire un aspect physique attrayant des fruits et
des feuilles ; premier critère pour vendre ses
récoltes. Cette perception va en contradiction avec les travaux
de Bon (2010) qui montrent que le désir de produire des légumes
sains est une motivation importante qui donne sens au travail et justifie un
temps de travail supplémentaire pour des performances économiques
moindres.
En outre, il convient de faire une escale sur les causes des
résistances des ravageurs et de l'inefficacité des pesticides
selon les maraichers. Ils sont tous unanimes sur le fait que beaucoup de
produits qui étaient jadis efficaces, ne le sont plus
aujourd'hui. « ... autrefois, le produit DIMEX était
efficace sur les acariens, mais aujourd'hui il ne sert plus à rien. Je
pense que c'est la politique commerciale des firmes hein ! Ils ne dosent
plus correctement les produits » [Tintin, 25 ans, maraichers
à VIMAS]. 11 des maraichers partagent ce point de vue contrairement
à 14 qui ne comprennent pas le phénomène de
résistance des ravageurs. Toutefois, les 3 maraichers restants
comprennent parfaitement le phénomène. Ceci se traduit à
travers les verbatims suivants « les ravageurs se sont
habitués aux produits qu'on utilise, c'est pourquoi ça ne marche
plus. C'est comme la nivaquine qui ne marche plus pour le paludisme
aujourd'hui. Les produits et les ravageurs sont devenus des amis... »
[Angelo, 32 ans, maraicher à VIMAS]. « Pour faire de
l'économie, on diminue la dose normale des produits de traitement, je
pense que ça peut créer la résistance des ravageurs
aussi » [Adizath, 31 ans, maraichère à
VIMAS].
La facilité d'usage des pesticides est un
critère qui guide également le choix du maraicher sur le site de
VIMAS. Dans le but d'amener les maraichers à un changement de
comportement face à l'utilisation des pesticides chimiques, certains ont
été sensibilisés et formés par des ONG à
l'usage des produits biologiques et des filets anti-insectes.
« On les a initié aux produits phytosanitaires dits
biologiques tels que l'aille, les feuilles de neem, l'huile de neem tout et
tout, des produits qui marchent mais ils pensent qu'avec ces produits
là, il faut faire trois à cinq traitements
supplémentaires, ils pensent qu'avec ces produits là, il faut
plus de temps pour les préparer, il faut plus de temps pour les
mélanger, ils n'ont pas ce temps là. Mais c'est un peu ce qu'ils
vous disent aujourd'hui par rapport au filet anti insectes. Lorsque nous sommes
fréquents sur le site, ils placent les filets. Mais quand on cesse d'y
aller pour un temps, les filets sont jetés quelque part... »
[Agent animateur ONG APRETECTRA sur le site de VIMAS]. « Les gens
sont venus nous former à l'utilisation des produits biologiques et
l'usage des filets anti-insectes mais sincèrement, c'est trop
tracassant, ça nous fatigue et en fin de compte tu vends ton produit au
même prix que celui qui a utilisé les produits
chimiques » [Pierre, 38 ans, maraicher à VIMAS].
Ceci rejoint Stoll (2002) qui affirme que les pesticides biologiques (feuilles
et graines de neem, feuilles de papayer), bien qu'efficaces et peu toxiques ne
sont utilisés que par une petite proportion de maraichers. Cette non
acceptabilité de la nouvelle technique peut s'expliquer d'une part, par
le fait que tous les maraichers sur le site ne l'expérimentent pas au
même moment pour entrainer un mouvement collectif ; et d'autre part,
qu'il n'y a pas de consommateurs exigeants du point de vue de la qualité
des cultures. En effet, la majorité des produits de maraichage sont
achetés par les consommateurs au marché sans que ces derniers ne
sachent les conditions dans lesquels ces cultures sont cultivées.
La recherche de relations sociales de reconnaissance
identitaire ou de plaisir dans la réalisation des tâches peut
conduire le travailleur à adopter des comportements non rationnels du
point de vue technico-économique mais qui le sont si on prend en compte
sa subjectivité. C'est le respect de cette subjectivité dans le
travail quotidien qui permet l'épanouissement et la satisfaction au
travail (Bon, 2010).
3. LE MANQUE DE TEMPS DU MARAICHER
Il ressort de nos entretiens et de nos observations que le
maraicher ne se donne pas de repos. Le temps de son repos est juste le temps de
faire la cuisine ou d'acheter quelque chose à manger. Le
désherbage et l'arrosage sont en effet, deux activités qui
occupent la majorité de leur temps. Plusieurs raisons peuvent expliquer
ce manque de temps : tout d'abord, le site est non loin de la mer et de ce
fait la terre sur laquelle les maraichers mènent leurs activités
est essentiellement sableux (voir photo 14).
Photo 14 : Le sol
sableux de VIMAS
Source : ABDOULAYE
Cette caractéristique du sol qui n'est pas favorable
à la rétention d'eau, oblige les maraichers à arroser
pendant plus de temps qu'il n'en faut. Alors, ne disposant pas pour la plupart
d'un système d'irrigation automatique, cette activité leur prend
3 à 8h00 par jour en fonction de la culture et de la superficie.
« L'arrosage est obligatoire. Même quand il pleut, tu dois
parfois arroser ; ça dépend de ce que tu as planté.
Par exemple, nous utilisons la fiente pour la fertilisation. Après la
pluie, des débris de fientes se retrouvent sur les feuilles de salades
et nous nous trouvons dans l'obligation d'arroser pour nettoyer les feuilles,
sinon les feuilles vont pourrir et leurs valeurs marchandes seront en
baisse.» [Florence, 38 ans, maraichère à Vimas].
« Ma parcelle de culture est non loin de la mer et ça fait que
mes plants s'assèchent. Parfois quand vous goutez, c'est très
salé... je suis obligé d'arroser
régulièrement » [Karim, 28 ans, maraichère
à VIMAS]. L'arrosage n'a donc pas que pour fonction de rendre
humide le sol, mais également une fonction de lavage de la plante.
L'assèchement des plants pourrait s'expliquer par la différence
de concentration entre les deux milieux.
Par ailleurs, les maraichers accordent une place capitale
à la propreté. Selon eux, le champ sans mauvaise herbe met en
exergue la beauté de la culture et attire beaucoup plus le client.
« Nous sommes en concurrence ici. Même quand tes plants
sont bien développés et se retrouvent au milieu des mauvaises
herbes, ça n'attire pas le client. Mis à part cela, la mauvaise
herbe ne permet pas un développement harmonieux des plants. C'est
pourquoi nous n'aimons pas voir les mauvaises herbes dans le champ »
[Osseni, 30 ans, maraicher à VIMAS].
L'arrosage et le désherbage sont deux activités
qui occupent les maraichers. Les invitations pour les sensibilisations et
formations liées à l'usage des pesticides par certaines ONG
(APRETECTRA) et structures de recherche agronomiques (INRAB et IITA) à
l'endroit des maraichers ne sont souvent pas honorées.
« Ce qui me donne à manger c'est le maraichage ... qui
s'occupera de mes plants quand je serais aux formations. Ces gens
là ! Va voir combien ils ont pris pour nous former... moi je n'ai
pas le temps » [Donald, 29 ans, maraicher sur le site de
VIMAS]. Ceux qui arrivent à se libérer pour suivre les
formations sont ceux employant les ouvriers et les responsables du bureau de
VIMAS. Ces derniers, du retour des formations ne font pas la restitution aux
autres maraichers. « ... le problème de Sèmè
est ailleurs, ce n'est pas dans la formation ou l'information à
l'utilisation des pesticides parce qu'il y a déjà eu beaucoup de
formations qui ont été organisées, beaucoup de
séances d'informations qui ont été
organisées ; mais le maraicher de Sèmè situe son
problème ailleurs. Quand vous allez à Sèmè
aujourd'hui, ce qui préoccupe le maraicher, c'est savoir, comment
combiner les produits pour plus d'efficacité. Son souci premier, ce
n'est plus, quand il veut faire un traitement, ce n'est pas comment respecter
les dosages pour éviter de créer d'autres problèmes par la
suite, mais c'est plutôt comment faire, comment bien mélanger les
produits, comment même mal mélanger les produits pour avoir plus
d'efficacité par rapport aux ravageurs » [Agent animateur ONG
APRETECTRA sur le site de VIMAS]. « Le temps est un facteur avec
lequel il faut compter surtout par rapport à la production
maraichère de Sèmè, par rapport aux filets, c'est un
facteur avec lequel il faut compter. Le discours que vous venez de
rapporter : on n'a pas le temps ; on n'a pas le temps ; on n'a
pas le temps, ça renvoie en fait à ce que je vous disais au
départ, ça fait partir des éléments qui nous
montrent que le problème du maraicher de Sèmè, est
ailleurs ; c'est en réalité des prétextes, ce sont
des arguments souvent utilisés pour justifier le fait qu'avec un
traitement avec les pesticides, on obtient de bon résultats en
très peu de temps ; c'est sûr, un maraicher qui est
cramponné sur cette position là, ne pourra jamais adopter la
technologie ; et du moment où il tient déjà ce
discours, c'est qu'il est satisfait par l'utilisation de pesticides »
[Agent animateur de APRETECTRA]. Pour (Kanda, 2009), le manque de
formation et de conseils techniques conduit à des pratiques
risquées, comme le surdosage ou le non-respect des conditions
d'utilisation des produits phytosanitaires. Ce propos a besoin d'être
nuancé, car sur le site de Sèmè-Kpodji, les formations
sont offertes aux maraichers, mais certains n'y participent pour des raisons
subjectives.
Le rythme soutenu et sans pause de la production peut induire
une forte pénibilité mentale et physique du travail. Cela conduit
parfois certains maraichers, particulièrement lors des pics de
production, à « lâcher prise » sur leur
travail et à se voir contraints de « courir derrière
leur jardin » (Salmona, 1994).
4. L'INCIDENCE DE LA PERCEPTION ET LA
GESTION DE LA TOXICITÉ DES PESTICIDES
Notre corpus de données montre que la totalité
des maraichers est consciente de la toxicité des produits. Cependant,
les règles de sécurité recommandées ne sont pas
respectées. En effet, une observation des séances de
préparations des mélanges de produits et d'épandages, nous
ont permis de constater que le port d'équipement de protection n'est pas
une pratique courante sur le site (voir photo 15).
Photo 15 : Epandage de pesticide par un maraicher
sur le site de VIMAS
Source : ABDOULAYE
La maîtrise de la direction du vent est
évoquée comme moyen d'éviter l'inhalation du produit. Lors
de l'épandage, le maraicher fait dos à la direction du vent,
déterminée par le mouvement des feuilles. Tous déclarent
également boire beaucoup d'eau pour réduire les risques
d'intoxications pouvant engendrer des problèmes respiratoire et autres.
Il y en a qui prennent systématiquement une douche après
épandage ; d'autres passent de l'huile de palme sur les mains.
Alors, pour gérer ou mettre à distance le risque, ils bricolent
des manières de faire qui deviennent des normes modulées selon
les situations (Nicourt et al., 2009). La thèse de certains
auteurs (Ahouangninou, 2011 ; Cissé, 2003 ; Dülmler,
1993 ; Kanda, 2006 ; Mawois, 2009) selon laquelle les maraichers ne
prennent aucune disposition face aux risques sanitaires auxquels ils s'exposent
lors de l'épandage semble limitée. Car une telle position ignore
les pratiques culturelles et les connaissances traditionnelles en
matière de protection de la santé (Memel-Fotê, 1998).
On constate à travers les discours que la
totalité des maraichers ressent le caractère néfaste des
produits dans leurs pratiques quotidiennes. 15 des maraichers ont
déjà eu au moins une fois des brûlures, des nausées
ou des démangeaisons liées aux produits de traitement. Parmi ces
15 maraichers, 5 ont dès lors, cessé de faire
l'épandage ; ils ne se chargent que de faire le mélange des
produits et confient l'activité d'épandage aux ouvriers. On
observe une sorte d'épandage délégué (voir photo 16
et 17). Les autres continuent et ne se plaignent apparemment pas des maux
ressentis. Les maux s'inscrivent dans une normalité du travail qui
affecte le corps, au même titre qu'il l'est par la
pénibilité physique de certains travaux (Nicourt et al.,
2009).
Photo 16 :
Préparation de mélange de pesticides par un propriétaire
d'une parcelle à VIMAS
Source : ABDOULAYE
Photo 17 : Epandage du
mélange de la photo 16 par un ouvrier de VIMAS
Source : ABDOULAYE
Pour les autres, bien que ces produits soient la source d'une
certaine crainte, ils ne connaissent pas précisément les risques
exacts qu'ils encourent. «...il parait que les produits
phytosanitaires blessent, s'accumulent dans l'organisme. Moi je n'ai pas encore
eu de problème avec ces produits... » [Salomé,
36 ans maraicher à Vimas]. Par ailleurs, 12 des maraichers
affirment que l'odeur associée aux pesticides, les rend plus vigilants,
« on fait plus attention si le produit sent mauvais »
[Orou, 25 ans, maraicher à Vimas]. Pour ceux qui travaillent
dans des secteurs où le risque toxique existe (chimie, agriculture...),
les variations d'odeurs sont des indicateurs potentiels de risques (Nicourt
et al., 2000). L'odeur est un marqueur social des situations
dégradées (Corbin, 1982). Dans les situations de travail, une
variation d'odeur est un indicateur de risque. Mais l'existence et la
qualification du danger révélé demeurent incertaines.
Malgré tout, c'est un signe qui invite à la prudence, même
si son absence n'est pas dénuée de risques (Nicourt et
al., 2009). Cependant, la mise en marché de pesticides inodores
pourrait rendre inefficace cette connaissance issue de l'expérience.
En outre, pour répondre aux tenants de la thèse
selon laquelle l'utilisation des produits coton en maraichage est dangereux
pour la santé, les maraichers déclarent tous consommer
également leurs cultures de production et qu'un arrosage régulier
des cultures seraient un bon détoxiquant. « Ça fait
10 ans que je suis dans le maraichage et que je consomme moi aussi mes
cultures... mais je suis rarement malade et je ne suis pas encore mort... si
c'était aussi dangereux que ça ! Tous les béninois
serait déjà mort... » [Baké, 38 ans
maraichère à VIMAS]. « ...les premières
sensibilisations, que les maraichers ont eu, ont diabolisé les produits
pesticides, et donc je comprends leur attitude parce que les premières
sensibilisations qui ont été faites dans ce sens là, ont
consisté à leur dire, les pesticides sont dangereux, sont
nuisibles, il ne faut pas les utiliser. Il aurait fallu mieux dire aux
maraichers, les pesticides sont dangereux, il faut savoir les utiliser, donc
c'est ce que les gens au début, n'ont pas bien compris ; et bien,
quand vous dites à un maraicher que le produit est dangereux, il ne faut
pas l'utiliser, ça fait si, ça fait ça et qu'il ne voit
pas automatiquement les retombés, effectivement, il peut se dire que,
ah !, tel a menti... » [Animateur ONG APRETECTRA sur le site de
VIMAS]. Ainsi, certains maraichers associent la toxicité à
des problèmes de santé discernables, à la mort. En
réalité les malaises sont ressentis mais seulement que le lien
n'est pas bien fait. Les malaises tels que la toux, la fatigue, les
céphalées sont imputés à d'autres facteurs comme
l'activité physique du métier, l'exposition au froid et au soleil
etc. Cette représentation de la toxicité explique
également le fait que certains maraichers ne respectent pas le temps de
rémanence après le traitement. « Il arrive souvent
que les gens sur le site ici, ne respectent pas le temps de rémanence
des produits... mais moi je ne fais jamais ça ! Celui qui est
à coté de moi, c'est sa spécialité... ».
[Bona, 25 ans, maraichers à VIMAS]. Aucun des maraichers n'a
avoué directement faire cette pratique mais par contre, tous avouent que
c'est le voisin qui le fait. Et donc on peut comprendre par cette attitude des
maraichers, qu'ils sont conscients du danger de l'acte posé et de ce
fait refuse de l'avouer. Ce qui intéresse le maraicher, c'est de vendre
ces cultures.
Photo 18 : Boutique de
vente de pesticide à Cotonou
Source : ABDOULAYE
Notons aussi que les vendeurs de pesticides sont conscients
des risques et prennent des dispositions de protections. « Cette
activité a trop de risque mais on a pas le choix. Il faut qu'on mange.
Les produits sentent mauvais. Et le plus difficile à faire, c'est
déconditionné pour vendre en détail. J'ai
été obligé de faire appel à mon cousin du village
pour m'aider. La femme d'un autre vendeur a failli mourir dans cette affaire
là. Elle est restée malade pendant des années. Toute sa
peau a changé de couleur... le médecin a dit que ce sont les
pesticides » [Vendeur de pesticides à Cotonou]. Comme on
peut le remarquer sur la photo précédente, (photo 18) ce vendeur
à pris certaines dispositions pour réduire les risques
d'intoxication en mettant par exemple un brasseur et en faisant des trous dans
les murs pour aérer la boutique.
5. STOCKAGE DES PRODUITS ET DEVENIR DES
EMBALLAGES
Nous avons observé différents lieux de stockage
des produits de traitement. Pour 7 des maraichers, les produits sont
stockés dans les lieux de couchage généralement dans des
sacs accrochés au toit (photo 19).
Photo 19 : Stockage de
pesticides dans le lieu de couchage
Source : ABDOULAYE
Bien que ces produits dégagent des odeurs qui soient
parfois insupportables, on préfère les mettre dans nos lieux de
couchage pour ne pas se les faire voler disent-ils. C'est d'abord une
conception de la santé des plantes plutôt que la leur qui mobilise
les maraichers (Nicourt, 2009). « On observe fréquemment
des cas de vols... les gens volent tout, sur ce site...l'an passé, ma
motopompe a été volée. Je sais que ce n'est pas bon mais
je n'ai pas d'autres alternatives... » [Darius, 35 ans,
maraichers à VIMAS]. Par ailleurs, huit (8) des maraichers
déclarent cacher leurs produits dans des endroits qu'ils gardent
secrets. Ainsi, le jour de l'épandage, ils se lèvent très
tôt le matin pour aller chercher les produits. Néanmoins,
même si c'est une minorité, trois (3) des maraichers stockent
leurs produits dans des caisses fermées à clé. Ceux-ci, ne
dorment généralement pas sur le site, mais ont des ouvriers qui y
dorment. Ils expliquent que les produits sont sécurisés dans des
caisses pour que leurs ouvriers ne les vendent à d'autres maraichers sur
le site.
Comme déjà montré plus haut, certains
maraichers sont conscients des risques sanitaires qu'ils encourent face
à l'exposition des pesticides mais compte tenue de l'environnement pas
trop sécurisant dans lequel ils sont, ils n'ont pas d'autres
alternatives que de mettre les pesticides dans leur lieu de couchage. Ceci
traduit une fois de plus, toute l'importance que les maraichers accordent
à leurs produits. « ...de toute façon, je n'ai pas
appris un autre métier que le maraichage. Si je ne fais rien, je vais
mourir de faim et ce serait une honte pour moi et ma famille. Il faut bien
mourir de quelque chose » [Marcus, 30 ans, maraicher à
VIMAS]. Au-delà de l'importance que les maraichers accordent aux
pesticides, on note également à leur niveau la volonté de
réussir, de s'accomplir dans la vie.
Pour ce qui est du devenir des emballages, ils sont pour la
plupart du temps jetés par terre ou stockés dans un endroit sur
le site. La majorité d'entre eux achètent les produits en
détail et donc réutilisent très souvent le même
emballage. Les bidons vides de Possotomè sont également
très utilisés par les maraichers pour contenir les produits
(photo 20).
Photo 20 : Le TIHAN et
LASER dans un plastique de Possotomè sur le site de VIMAS
Source : ABDOULAYE
Pour pallier au manque de moyens financiers, il était
déjà dit plus haut que les maraichers s'associent à quatre
(4), à cinq (5), voir huit (8) pour acheter certains produits. Cet
état de chose contribue à réduire les emballages des
pesticides sur le site. En outre, quelques emballages sont
réutilisés par les maraichers pour l'approvisionnement en eau de
boisson et de cuisine ou pour garder de l'huile.
CONCLUSION
La prise de décision du maraicher de
Sèmè-Kpodji en matière de choix et d'usage de pesticides
s'inscrit dans un contexte social, culturel, géographique,
économique et politique. Les facteurs impliqués dans les prises
de décisions sont multiples et hétérogènes et ne
sont pas tous mobilisés de manière synchronique. Ils sont
mobilisés en fonction de la structure cognitive du maraicher, de sa
situation économique, de son réseau d'informations et surtout de
la confiance accordée aux vendeurs de pesticides.
Il ressort de notre étude que les pesticides
utilisés en maraichage sont en grande partie inadaptés
(pesticides du coton), non recommandés, non homologués voire
même interdits. Les modalités d'usages des pesticides sont la
plupart du temps en dehors des normes et des recommandations, que ce soit en
termes d'indications, de mélanges de produits, de dosages, de respect
des précautions d'usages pour l'épandage, de respect du temps de
rémanence, etc. Par ailleurs, les ruptures de stocks, les changements de
nom commercial pour un même produit, la différence de dosages
d'une spéculation à une autre ne facilitent pas un usage
rationnel des pesticides par les maraichers.
L'ethnographie du site de VIMAS a principalement
révélé que les usages de pesticides par les
maraîchers sont étroitement imbriqués avec le reste des
activités qu'ils mènent et qu'aucune innovation ne peut
être envisagée dans ce domaine sans prendre en compte la
globalité du travail quotidien des maraichers et leurs
préoccupations. L'une des conclusions importantes qui se dégage
de cette étude est que pour induire un quelconque changement en termes
de pratiques, c'est sur le facteur temps qu'il faut concentrer les efforts.
Autrement dit, c'est en diminuant les charges de travail sur des
activités autres que la lutte contre les ravageurs (arrosage,
désherbage etc.) que l'on pourrait introduire des techniques innovantes
(biopesticides, filets anti-insectes) dans ce domaine. En effet, ces techniques
innovantes bien que moins toxiques, respectueuses de l'environnement et ne
favorisant pas de résistances, sont pour les maraichers astreignantes et
nécessitent beaucoup de temps.
Par ailleurs, les vendeurs de pesticides très peu
étudiés dans ce travail sont très
hétérogènes et mériteraient une étude
anthropologique spécifique pour comprendre à la fois la
circulation des produits au niveau des différents circuits commerciaux
mais aussi comment les savoirs de ces vendeurs se sont construits. En effet,
les circuits d'approvisionnement en pesticides sont multiples. Les boutiques
n'ont pas toutes ni la même politique de vente en termes de choix des
produits, ni les mêmes fournisseurs. Un changement de pratiques en
matière d'usage de pesticides passe nécessairement par une prise
en compte des vendeurs et un véritable plan d'encadrement et de
formations de ce secteur économique.
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ANNEXES
Tableau 1 : Chronogramme des
activités
2012 2013
2014
Activités
|
Mar.
|
Avr.
|
Mai.
|
Jui. à Nov.
|
Déc.
|
Jan.
|
Fév. à Aou.
|
Sep.
|
Oct.
|
Nov.
|
Déc.
|
Jan.
|
Fév.
|
|
Bibliographie et Revue documentaire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Problématique et élaboration
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
du guide d'entretien
|
Collecte de données
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Traitement des données
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Analyse des données et rédaction du
mémoire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Correction du mémoire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Soutenance
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tableau 2
PERIODES DE PRODUCTIONS ET CYCLES DE
SPECULATIONS
|
Cultures ou types de spéculation
|
Période de forte production
|
Période de faible production
|
Durée du cycle
|
Grande morelle (Solanum macrocarpum)
|
Avril, mai et juin
|
Novembre, décembre
|
60 à 90 jours
|
Amarante (Amaranthus hybridus)
|
Avril, mai et juin
|
Janvier, mars, novembre
|
45 à 75 jours.
|
Vernonia (Vernonia amigdalina)
|
Mars, avril, juin juillet
|
novembre, décembre
|
60 jours
|
Laitue (Lactuca perennis)
|
mai et juin
|
avril et juillet
|
60 jours
|
Carotte (Daucus carota)
|
mai, juin et juillet
|
janvier, avril, septembre et octobre
|
90 jours
|
Concombre (Cucumus pepo)
|
juin et juillet
|
mai
|
45 jours
|
Chou (Xanthosoma sagittifolium)
|
janvier, février, novembre et décembre
|
mars et octobre
|
50 à 80 jours
|
Persil (Petroselinum crispum)
|
janvier
|
avril
|
60 jours
|
Tableau 3
LISTE DES PESTICIDES SUR LE SITE DE VIMAS
|
N°
|
NOM COMMERCIAL
|
MATIERE ACTIVE
|
FAMILLE
|
1
|
DURSBAN B 318
|
Cyfluthrine
+ Chlorpyriphos ethyl
|
Pyréthrinoide
+Organophosphoré
|
2
|
ALPHACAL P318 EC
|
Alphacyperméthrine
+ Profénofos
|
Pyréthrinoide
|
3
|
TIHAN 175 O-TEQ
|
Flubendiamide
+ Spirotetramate
|
-
|
4
|
CAPT 88 EC
|
Acétamipride
+ Cyperméthrine
|
Néonicotinoide
+Pyréthrinoïde
|
5
|
COTOFAN 350 EC
|
Endosulfan
|
Cyclodiène
|
6
|
CALFOS 500 EC
|
profénofos
|
Organophosphorés
|
7
|
SUNPYRIFOS 48 EC
|
Chorpyrifos-Ethyl
|
Organophosphorés
|
8
|
DUEL 336 EC
|
Profénofos+cyperméthine
|
Organophosphorés
+ Pyréthrinoide
|
9
|
POLYTRINE 186 EC
|
Cyperméthrine
+ profénofos
|
Pyréthrinoide
+ Organophosphorés
|
10
|
CONPYRIFOS 48 EC
|
Chlorpyrifos
|
Organophosphorés
|
11
|
PACHA 25 EC
|
Acetamipride
+ Lambdacyhalothrine
|
Néonicotinoide
+Pyréthrinoide
|
12
|
LASER 480 SC
|
Spinosad
|
Néonicotinoide
|
13
|
LAMDACAL P212 EC
|
Lambdacyhalothrine
+ profenofos 200
|
Pyréthrinoïde
+Organophosphoré
|
14
|
DIMEX 400 EC
|
Diméthoate
|
Pyréthrinoïde
|
15
|
CYPER-D
|
Cyperméthrine
|
Pyréthrinoide
|
16
|
DECIS 15 EC
|
Deltaméthrine
|
Pyréthrinoïde
|
17
|
CYPERCAL 50 EC
|
Cyperméthrine
|
Pyréthrinoïde
|
18
|
SUNHALOTHRIN 25 EC
|
Lambda-cyhalothrin
|
Pyréthrinoide
|
19
|
CLEAR 25 EC
|
Lambda-cyhalothrin
|
Pyréthrinoide
|
20
|
LAMBDA FINER 25 EC
|
Lambda-cyhalothrin
|
Pyréthrinoide
|
21
|
THUNDER 145 O - TEQ
|
Betacyfluthrine
+ Imidacioprid
|
Pyréthrinoide
+ Néonicotinoide
|
22
|
CYPADEM 43.6 EC
|
Dimethoate
+ cypermethrin
|
-
|
23
|
KINIKINI
|
Cyfluthrine
+ malathion
|
Pyréthrinoide
+Organophosphorés
|
24
|
CELPHOS
|
Phosphure d'aluminium
|
-
|
25
|
CYDIM C50
|
Cyperméthrine
|
Pyréthrinoïde
|
Tableau 4
QUELQUES RAVAGEURS ET DEGATS CAUSES SUR LES
PLANTES
|
RAVAGEURS
|
CULTURES
|
DEGATS
|
Acariens
|
Tomate, piment, aubergine
|
Recroquevillement, glaçure, grillade des feuilles
|
Pucerons
|
Tomate, piment, pastèque, chou, aubergine
|
Déformation des feuilles
|
Nématodes
|
Tomate, piment, gboma, carotte, chou, laitue
|
Noeud ou galles sur les racines
|
Chenilles
|
Choux
|
Perforation et destruction des jeunes feuilles, coupure des
plantules au niveau du collet
|
Criquets
|
Carotte, laitue
|
Coupure des plantules au collet, destruction du coeur de la
plante
|
Tableau 5
SYNTHESE DES CARACTERISTIQUES DU SYSTEME DE PRODUCTION
A VIMAS
|
Caractéristiques du système de
production
|
Pratiques du maraîchage
|
Cultures principales
|
Amarante, vernonia, laitue, concombre, grande morelle,
carotte, persil, menthe, oignon, chou, bissap.
|
Elevage
|
Porc et rarement les volailles
|
Matériel de travail
|
Arrosoir, binette, houe, coupe-coupe, brouette, daba,
râteaux, pulvérisateur, motopompe, quelque fois
tournéquin
|
Système d'entretien
|
Sarclage, désherbage, billonnage et labour
|
Gestion de la fertilité du sol
|
Engrais chimique (NPK, urée) en combinaison avec le
compost ( fiente de poule, pauvreté du sol (seulement
du sable de mer)
|
Organisation
|
Travail familial en commun, utilisation de la main d'oeuvre
payante, entraide
|
Formation
|
Par mimétisme ou formation par les ONG.
|
population
|
200 maraîchers au total repartis sur le
périmètre
|
Tableau 6
PARTICIPANTS DES ENTRETIENS
|
Identité
|
Lieux de l'entretien
|
Langues de l'entretien
|
Adizath, 31 ans, femme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Adolphe, 28 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Agossou, 49 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Alfred, 30 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Angelo, 32 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Baké, 38 ans, femme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Blandine, 30 ans
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Bona, 25 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Darius, 35 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Français
|
Donald, 29 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Donatien, 25 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Ernest, 40 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Florence, 38 ans, femme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Florian, 32 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Grégoire, 30 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Jacques, 34 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Karim, 28 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Marcus, 30 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Narcisse, 29 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Natacha, 28 ans, femme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Orou, 25 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Français
|
Osséni, 30 ans , homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Phillipe, 28 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Pierre, 38 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Salomé, 36 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Sébastien, 25 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Sèna, 32 ans, homme
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
Tintin, 25 ans, homme
Bb
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
1 Agent de l'INRAB, femme
|
INRAB Calavi
|
Français
|
1 Agent du CIRAD, homme
|
INRAB Calavi
|
Français
|
1 agent animateur de PFIJE
|
Site de VIMAS
|
Français
|
4 agents de CeCPA, homme
|
CeCPA
|
Français
|
3 vendeurs de pesticides, homme
|
Cotonou
|
Fongbé
|
2 revendeuses de légumes
|
Site de VIMAS
|
Fongbé
|
FORMULAIRE DU CONSENTEMENT ECLAIRE
Je soussigné(e)
M.....................................................................,
certifie avoir parfaitement compris le contenu du présent formulaire qui
m'ont été présentés et commentés dans une
langue que je comprends parfaitement. J'en ai discuté avec
M.................................................., qui m'a expliqué la
nature, les objectifs et le déroulement de cette étude. J'atteste
avoir eu la possibilité de poser toutes les questions que je souhaitais
et avoir obtenu des réponses satisfaisantes pour chacune d'entre elles.
J'ai eu la possibilité de faire appel à une tierce personne pour
éclaircir l'ensemble des interrogations soulevées par ma
participation à cette recherche.
Je comprends les conditions de ma participation, en
particulier que j'ai la possibilité de ne pas participer à ce
programme et que malgré mon accord à participer, j'ai le droit de
refuser de répondre à certaines des questions qui me seront
posées lors des entretiens sans avoir à fournir de justification.
Je connais la possibilité qui m'est réservée d'interrompre
à tout moment ma participation à ce programme sans avoir à
justifier ma décision, ni à en subir un quelconque
préjudice.
Je consens donc librement participer à cette
étude dans les conditions qui m'ont été fournies et
comprends que j'ai le droit d'annuler ma participation n'importe quand sans
avoir à subir de préjudice, c'est à dire sans me
créer de problèmes particulier liés à ma
décision.
Une copie de la fiche du consentement m'a été
remise.
Fait à ........................... le
....../....../201...
Signature du participant :
Nom du participant
Je soussigné(e) M...............................,
investigateur de l'étude, certifie avoir communiqué à
M............................... toutes les informations utiles sur les
objectifs et les modalités de cette étude. Je m'engage à
faire respecter les termes de ce formulaire de consentement, afin de mener
cette recherche dans les meilleures conditions, conciliant le respect des
droits et des libertés individuelles et les exigences d'un travail
scientifique.
Fait à ................................., le
..............................
Nom et Signature :
Facultatif : en cas de participation d'un tiers
à l'expression du consentement ou d'impossibilité
à signer :
Je soussigné(e) M..............................,
certifie que M................................... a été
informé dans la clarté des objectifs et des conditions de
réalisation de la recherche et que l'expression du consentement s'est
faite en toute liberté.
Fait à ................................., le
..............................
Nom et Signature :
GUIDE D'ENTRETIEN
Rappel : Les entretiens en ethnologie reposent sur
des méthodes qualitatives inductives. Les entretiens sont le moins
structurés possibles. Ils laissent la personne sollicitée
s'exprimer le plus librement possible autour d'un thème, avec des
techniques non-directives de relance du discours. A ce titre le guide
d'enquête n'est pas un questionnaire, mais uniquement un
aide-mémoire destiné au chercheur pour ne rien oublier. Le guide
d'enquête peut également évoluer au cours de la recherche
si le discours spontanés des personnes acceptant de participer aux
enquêtes font émerger des thèmes pertinents qui n'avaient
pas été envisagés lors de la conception du programme de
recherche. Les données seront recueillies selon différentes
méthodes en fonction des circonstances et sur décision des
chercheurs du programme : entretiens individuels non structurés ou
semi structurés, entretiens de groupes (Focus Group), observation
directe, observation participante. Par ailleurs l'approche anthropologique d'un
objet de recherche impose un angle d'approche large permettant de prendre en
compte le contexte social et culturel.
Le présent guide d'enquête est donné
à titre indicatif. Il sera complété,
amélioré et finalisé en début de programme
grâce à des pré-enquêtes permettant de valider un
guide plus complet.
Pratiques agricoles/activités
économiques
Pouvez-vous m'expliquer comment se passe votre travail ?
(Recueillir le maximum d'informations par des techniques de relance avant d'en
venir à des questions plus précises)
Identification du type d'activités agricoles :
quels types de produits cultivez-vous ? Récoltez-vous (fruits,
feuilles, tubercules,...) ?
Pouvez-vous m'expliquer comment ça se passe ?
(Recueillir le maximum d'informations par des techniques de relance avant d'en
venir à des questions plus précises)
Pour chaque activité :
- différencier les activités d'autosubsistance
(c'est à dire des productions uniquement destinées à
l'autoconsommation dans la famille, servant à nourrir sa famille et
éventuellement des personnes amies dans son réseau social) et les
activités économiques productrices de revenus (c'est à
dire les productions réellement commercialisées, qui produisent
un revenu financier à l'unité familiale),
- préciser les lieux d'exercice des activités,
recueillir l'histoire des lieux (propriétaire, succession des titres de
propriété, empilement des droits fonciers, quoi quelle
activité avant le maraîchage sur le site, modalités et
raisons des changements rapportés, changement d'activités
agricoles sur ce lieu d'une année sur l'autre, raison de la location ou
du prêt de la terre à des maraîchers, etc.)
- la durée d'exercice de l'activité (depuis
quand avez-vous commencez à faire du maraîchage, à cultiver
tel ou tel produit.
- Trajet domicile/lieu de l'activité/ moyen de
déplacement, durée du déplacement, difficultés,
obstacles, risques particuliers
- Est-ce un travail agricole pour vous-même ou une
activité salariée ? Si salarié, décrire le
type de « contrat », mode de paiement, les modalités
de travail (notamment en termes de processus décisionnels/pratiques
agricoles, notamment les intrants, la relation salarié-patron
(parenté, lien social)
- Outils nécessaires à l'activité
(description, histoire de chaque outils, propriétaire, utilisation
notamment en fonction du genre, classe d'âge, lien de parenté/lien
social avec le propriétaire de l'outils, rangement, etc.)
- Intrants nécessaires à la réalisation
de l'activité : engrais, hormones, pesticides, insecticides, etc...
[cf infra partie du guide spécifique]
- Quels sont les insectes qui vous causent des
problèmes pour mener à bien cette activité [cf
infra partie du guide spécifique]
- Le caractère individuel, familial ou collectif de
l'activité
- Organisation du travail sur toute la chaine
opératoire, partage des tâches notamment si collectif (genre,
âges, statut, etc.)
- Intervenants extérieurs sur les sites (ONG,
associations, services de l'état...)
- Faire une description des travaux nécessaires
à la réalisation de l'activité, les situer dans le temps,
reconstruire la chaine opératoire
- Questions précédentes à reproduire pour
chaque type d'activité :
§ Pépinières, semailles, sarclage,
arrosage, intrants, récolte, transports, répartion-distribution,
vente, etc.
- Importance et variabilité de la production. Devenir
de la production
- Estimation des revenus générés /
répartition partage des revenus
§ Utilisation des revenus, répartition
budgétaire par type de dépenses (santé, scolarisation,
foncier, habillement, alimentaire, etc...)
- Avez-vous d'autres sources de revenus en plus de
celle-ci ?
- Laquelle des activités vous procurent beaucoup de
revenu et laquelle vous prend beaucoup de temps ?
- Si oui lesquelles ?
- Selon vous quel regard votre entourage (les passants, les
clients, les riverains/voisins de la zone de maraîchage) a-t-il sur les
activités que vous menées sur le site (Pépinières,
semailles, sarclage, arrosage, traitement des plants par pesticides) ; que
disent-ils ? que pensent-ils ? [insister sur le dernier point]
- Selon votre expérience, comment est perçu
l'usage des pesticides par ces personnes ? Quels sont les discours que
vous entendez ? Est-ce que le port des habits de protection utiles pour
vous protéger des effets néfastes des pesticides n'effraye pas la
population ? Est-ce que selon vous cette perception de l'entourage
gène l'application des recommandations [Pensez à prévoir
un guide d'enquête pour les non maraicher = politique, responsale du
Ministre et des services de l'agriculture, responsable de quartier, etc.]
Les insectes et leurs nuisances
Quels sont les insectes qui vous apportent des nuisances
(recueillir le maximum d'informations par des techniques de relance avant d'en
venir à des questions plus précises) ?
Dans vos lieux de vie habituels, à votre domicile, sur
vos lieux de travail ?
Pour chaque insecte cité, demander le nom en langue
locale, l'étymologie du nom, faire décrire l'insecte, demander
dans quel lieu il vit, comment il se reproduit, mode de vie, organisation de la
famille, comment il se déplace, de quoi il vit, ce qu'il mange, ... et
surtout ce qu'il cause comme type de nuisance [faire des photos de l'insecte et
le capturer si possible] :
- Comment nomment-on cet insecte dans votre langue (exemple en
fon : zansupué, supué, assofi, jetli, yegletêtê,
azanwuan, aïssizin, etc. ?
- Existe-t-il d'autres termes pour les
désigner ?
- Est-il possible de différencier plusieurs
catégories de cet insecte ?
- Existe-t-il des insectes qu'il ne faut pas confondre avec ce
dernier ?
- Ces insectes font-ils partie d'une plus grande famille
(groupe) d'insectes ?
- A quoi reconnaît-on cet insecte ? A quoi
ressemble-t-il ?
- Est-ce que l'on sait d'où viennent ces insectes
(origine) ?
- Selon vous qu'est-ce qui explique l'existence de ces
insectes ?
- Est-ce que ces insectes ont un rapport avec une
divinité ?
- Y-a-t-il des périodes où ces insectes sont
plus nombreux ? (variations saisonnières)
- Connaissez vous des dictons, des contes, des proverbes qui
parlent de ces insectes / qui se réfèrent à ces
insectes ?
- En avez-vous entendu parler ? Connaissez-vous des
personnes susceptibles d'en connaître ?
- Savez vous où se développe/où
grandissent ces insectes ?
- Connaissez-vous les différentes étapes de la
croissance de ces insectes ?
- Pouvez-vous m'expliquer comment se reproduisent ces
insectes ? Où ils pondent ? Où se développent
les larves ? (enfants des insectes)
- Pouvez vous m'expliquer où vivent ces insectes ?
Habitat de ces insectes ?
- Qu'est-ce que mangent ces insectes ? Comment se
nourrissent-ils ?
- Ces insectes provoquent-ils des nuisances pour l'homme
(piqures, maladies, autres) ?
- Ces insectes provoquent-ils des nuisances pour les
cultures ? Si oui, lesquels ?
- Ces insectes provoquent-ils des nuisances pour les animaux
d'élevage ? Quels animaux ? Quelle nuisance ?
- Le fait de vivre dans un lieu où existent ces
insectes comporte-t-il des risques ? Des avantages ?
- Le fait d'être piqué par ces insectes
comporte-t-il des risques ? Des avantages ?
- Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi ces insectes
sont obligés de provoquer ce type de nuisances (pour l'homme, pour les
animaux, pour les plantes) ?
Si insecte piqueur :
- Savez-vous pourquoi la piqure de cet insecte fait mal ?
Pourquoi ça démange ?
- Personnellement, est-ce qu'il vous arrive d'être
piqué par ces insectes ?
- A quel moment de la journée ? Où ? A
la maison ? Au travail ? Ailleurs ?
- Est-ce que ces piqures vous dérangent
beaucoup ?
- Lorsque l'on dit que les insectes transmettent des maladies,
savez vous quelles sont les maladies concernées ? (les insectes en
général mais surtout pour chaque type d'insecte)
Savez-vous comment cet insecte fait pour transmettre cette
maladie (pour chaque maladie) ?
Selon vous, existe-t-il d'autres insectes qui peuvent
transmettre des maladies ?
Si oui, lesquels ? Quelles maladies ?
L'usage de pesticides
Pour lutter contre les insectes qui provoquent des
dégâts dans les cultures/pour les animaux d'élevage/ dans
votre lieu de vie/résidence/habitation, quels sont les méthodes
de lutte que vous utilisez ? (recueillir le maximum d'informations par des
techniques de relance avant d'en venir à des questions plus
précises) (Relancer cette question pour chaque type d'activités,
pour chaque lieu, pour chaque insecte évoqué
précédemment dans l'entretien).
Pour chaque produit, reprendre le guide d'enquête
suivant :
Quel est le nom du produit que vous utiliser (nom d'usage,
termes d'appellation de divers acteurs, noms commerciaux, nom chimique des
produits) ?
Existe-t-il des produits identiques ayant un autre nom ?
Avec le même nom mais d'une autre marque ? Y a-t-il une
différence entre ces différents produits ? Vous-même
avez-vous une préférence ? Pourquoi avez-vous choisi ce
produit (plutôt qu'un autre ?) ?
Savez-vous d'où vient ce produit ? Où il
est fabriqué ? [Par qui ? éventuellement si produit
traditionnel, entreprise, etc... ], où l'avez vous acheter ?
Connaissez-vous le circuit commercial ? [Reconstruire pour chaque
pesticide la circulation du produit en essayant d'identifier les lieux et les
acteurs de la circulation]
Sous quel forme se présente ce produit (liquide,
cristaux, comprimés, poudre, etc. ? Y a-t-il une préparation
préalable à faire avant d'utiliser ce produit ? [Pensez
à raisonner en termes de chaîne opératoire]
Dans quel objectif est-il recommandé d'utilisez ce
produit ? Dans quels objectifs l'utilisez-vous ce produit ? Ce
produit a-t-il d'autres usages possibles ? Lesquels ? Connaissez-vous
des personnes qui l'utilisent pour autres usages ?
Depuis quand l'utilisez-vous ?
Avant d'utiliser celui-ci, lequel utilisiez-vous ?
Pourquoi avez-vous changé ? Qu'est-ce qui fait que ce produit vous
plait plus que le précédent ?
Pouvez-vous nous dire comment ce produit doit être
utilisé ? (à quel moment, combien de fois, à quelle
fréquence, comment on le pulvérise/répand/etc..., quelle
est la technique pour le répandre, y-a-til des précautions
à prendre, etc.) ? Comment l'utilisez-vous ? Connaissez-vous
des personnes qui l'utilisent de manière différentes ?
Ce produit doit-il être utilisez à titre
préventif ou à titre curatif ? L'utilisez-vous vous
même en prévention ou comme traitement ? Que font les
personnes que-vous connaissez ?
Comment ce produit agit-il ? Est-ce qu'il éloigne
les nuisibles/insectes ? Est-ce qu'il les tue [nuisibles, insectes,
champignons, agents infectieux] ? [Mode d'action du produit]
Est-ce que ce produits agit / éloigne tue d'autres
animaux/insectes ? Est-ce que cela vous pose un problème ?
Comment savez-vous que ce produit est efficace ? Sur
quels critères ? [Critères populaires
d'efficacité : nombres de ravageurs, état de santé de
la plante, taille des légumes, pourrissement des plants, etc.]
Est-ce que ce produit peut perdre son
efficacité ? Si on l'utilise trop ? Avez-vous remarqué
une baisse de l'efficacité de ce produit depuis que vous
l'utilisez ? Dans certaines circonstances ? Si oui que peut-on faire
pour améliorer son efficacité ? Le produit
périmé peut il être encore efficace ?
L'usage de ce produit a-t-il un impact sur le rendement, sur
la productivité, sur l'augmentation de vos
bénéfices/revenus ?
Y a-t-il des risques à utilisez ce produit ? Si
oui lesquels ? Vous même, avez-vous constatez des effets du
produit ? Avez-vous eu des problèmes particuliers ? Quelqu'un
de votre entourage ? Entendu parler d'un problème
particulier ? De quoi provient le risque (inhalation, contact
cutanée, ingestion, etc.) ? Qui est exposé aux risques
(celui qui vend, celui qui épand le produit, celui qui le
prépare, celui qui lave le matériel, celui qui récolte les
légumes, etc.) ? Y a-t-il des risques pour la population qui
consomme les légumes ? Entre les insecticides, les herbicides, et
les fongicides, lesquels sont les plus dangereux ?
(Odeur du produit, Facilité d'achat, de stockage,
d'usage du conditionnement, de préparation, d'utilisation, de nettoyage
du matériel, de traitement des déchets ; un matériel
particulier pour se servir de ce produit) ; Ces critères
interviennent-ils dans votre choix du pesticide ?
Comment est emballé ce produit ? Sous quelles
formes l'achète-t-on ? Y a-t-il une notice qui accompagne le
produit ? L'avez-vous lu ou l'avez vous fait lire par quelqu'un ?
Qu'avez vous retenu de ce que vous avez lu ? Y a-t-il des informations
écrites sur l'emballage, des images, des figures ? Quelles sont les
couleurs de l'emballage ? De quelles matières se compose
l'emballage ? Que signifie ce que vous voyez sur l'emballage ?
L'emballage a-t-il une importance pour vous dans le choix du produit ?
[pixologie], que faites-vous de l'emballage lorsque tout le produit a
été utilisé ?
S'il existe un emballage, demander à le voir si la
personne l'a conservé (photo, collecte).
Où rangez-vous ce produit si vous ne vous en servez
pas ? Comment le stockez-vous ? Pendant combien de temps ?
Où l'avez vous achetez, à combien, quelle
quantité ?
La quantité achetée vous permet de travailler
avec pendant combien de temps ? Combien de fois par an
l'achetez-vous ?
Comment savez-vous la quantité à utiliser pour
le traitement de vos plants.
Quand vous n'avez pas d'argent pour acheter la
quantité qu'il faut et que vous devez faire quand même le
traitement, comment faites-vous ?
Est-ce que le coût intervient dans votre
choix ?
Qu'est-ce qui vous permet de savoir que c'est la meilleure
qualité ? Qui vous a donné cet indicateur, qui vous l'a
appris ?
Si vous n'utilisez pas ce produit, qu'elles en seraient les
conséquences sur vos cultures, votre vie dans l'espace
domestique ?
Pensez-vous que l'utilisation de ce produit présente
des inconvénients ? Des désavantages ? Des
risques ? Faites vous un lien avec l'odeur du produit et le risque
encouru ? Le risque serait selon vous plus élevé à
quel étape de son usage (Préparation, application, nettoyage) ?
Pensez-vous que ce produit puisse rendre malade ? Les effets sont-il
immédiats ou retardés ? Avez-vous remarqué des effets
secondaires lors de l'usage de ce produit ? Avez-vous déjà
eu des problèmes à cause de l'usage de ce produit ? Pour
votre santé ? Celle de votre famille ? Pour d'autres
personnes ? Pour vos cultures ? Y a-t-il des malaises que vous
ressentez très souvent ? Si oui, lesquelles ? Pensez vous que
les produits utilisés peuvent avoir un lien avec ces
malaises ?
Existe-t-il des risques spécifiques pour les enfants,
pour les femmes, pour les femmes enceintes ? Avez-vous entendu parler de
cas particuliers, de situations spécifiques ? Faire raconter]
Y-a-t-il des précautions particulières à prendre pour ces
catégories de populations ?
Quelle disposition devrait-on prendre pour se protéger
des risques (Préparation, application, nettoyage) liés aux
pesticides (la norme recommandée) ? Pensez vous que cette
disposition est efficace ? Est-elle pratique pour vous ?
L'adoptez-vous ? Si oui, pourquoi ? Si non, quelle autre disposition
prenez- vous.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez choisi de
produit ?
Les maladies et la santé en
général
Quels sont les différents types de maladies que vous
connaissez ? Quelles sont les maladies qui préoccupent le plus les
gens autour de vous ? [L'enquête insistera plus
particulièrement sur les maladies à vecteurs et sur les
éventuelles entités nosographiques traditionnelles se
référant à une transmission par un insecte]
Pour chaque maladie :
Nom de la maladie ?
Pourquoi appelle-t-on cette maladie comme ça ?
Ce nom de maladie a-t-il un autre sens dans votre langue (ex
hwesivo = soleil) ?
Lorsque l'on souffre de cette maladie, par quels
symptômes se manifeste-t-elle ?
Existe-t-il d'autres maladies qui ont des symptômes
similaires/identiques
A-t-on l'habitude de regrouper cette maladie avec d'autres
maladies similaires [nosographie] ?
Existe-t-il différentes formes de cette maladie ?
(formes bénignes/formes graves, forme interne/forme externe, etc.) /
Est-ce une maladie grave ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui
selon vous en fait la gravité ?
Existe-t-il des formes plus ou moins graves de cette
maladie ?
Est-ce que l'on peut mourir de cette maladie ?
Cette maladie peut-elle entrainer d'autres maladies ?
Est-ce que cette maladie peut aussi concerner les
enfants ?
Est-elle plus fréquente chez les enfants ou chez les
adultes ?
Est-ce qu'elle se manifeste de la même manière
chez les enfants ? Y a-t-il des signes/ symptômes
particuliers ?
Pourquoi se manifeste-t-elle différemment chez les
enfants ?
Est-ce qu'elle est plus grave chez les enfants que chez les
adultes ?
Pourquoi ?
Cette maladie est-elle plus fréquente chez les femmes
ou chez les hommes ? et pourquoi ?
Est-ce qu'elle se manifeste de la même manière
chez les hommes et chez les femmes ? Y a-t-il des signes/ symptômes
particuliers ?
Pourquoi se manifeste-t-elle différemment chez les
hommes et chez les femmes ?
Est-ce qu'elle est plus grave pour les hommes ou pour les
femmes ? Pourquoi ?
Y-a-t-il un problème particulier pour les femmes
enceintes ?
Selon vous à quoi est du cette maladie ?
Selon ce que les gens disent, qu'est-ce qui peut provoquer
cette maladie ?
L'explication que vous venez de donnez est-elle la seule que
vous ayez entendu ?
Avez-vous déjà entendu des personnes fournir
d'autres explications ?
Est-ce que cette maladie peut-être intentionnellement
provoquée par quelqu'un ?
Est-ce que cette maladie peut se transmettre d'une personne
à une autre ? De quelles manières ? Existe-t-il
d'autres modes de transmission que celui que vous venez de nous
donner ?
Cette maladie peut-elle être transmise par un animal,
un autre être vivant, un objet ?
Existe-t-il d'autres maladies qui se transmettent de la
même façon ?
Est-ce que cette maladie existe dès la
naissance ?
Est-ce qu'elle existe chez tout le monde ?
Est-ce que cette maladie est liée à une
famille ? Est-elle plus fréquente dans certaines familles que dans
d'autres ? Est-elle héréditaire (transmise par les parents
aux enfants
Existe-t-il des moyens d'éviter cette maladie ?
Comment ? Traditionnel ? Moderne ?
Est-ce que l'alcool peut avoir une influence sur le
paludisme ? (Certaines disent que man de wezo : je diminue un peu le
degré de paludisme [sous-entendu avec l'alcool]).
Est-ce une maladie qui dure longtemps ? [Pensez à
quantifier le temps] Selon vous, qu'est-ce qui peut influencer la durée
de cette maladie ?
Si elle disparaît, est-ce qu'elle peut revenir ?
Si oui, à quelles conditions ?
Comment peut-on traiter/soigner cette maladie ?
Qui soigne cette maladie ? Existe-t-il d'autres
personnes capables de soigner cette maladie ?
Comment soigne-t-on cette maladie ? Avec quels types de
produits ? Où peut-on se procurer ces produits ?
Connaissez vous des gens qui préparent/vendent/donnent
ces produits ?
Selon vous comment agit ce produit ? A quel niveau du
corps agit-il ? Comment combat-il la maladie ?
Est-ce que le traitement peut avoir des effets
néfastes/ secondaires ? Lesquels ?
Connaissez-vous des gens dans votre entourage qui ont souffert
de cette maladie ?
Pouvez-vous me raconter comment c'était ? (si
possible relancer le discours spontané demandant de décrire le
cas. N'en venir aux questions précises que si cela s'avère
nécessaire)
Dans ce cas précis, comment avait commencé la
maladie ?
Quels étaient les symptômes ?
De quoi souffrait-il exactement ?
Vous souvenez vous qui cette fois-ci avait fait le diagnostic,
avait dit ce que c'était comme type de maladie, comme maladie ?
Y avait-il eu des difficultés pour identifier de quel
mal souffrait la personne ? Le diagnostic avait-il donné lieu
à des débats ?
Qui la personne avait-elle consultée pour savoir de
quelle maladie il s'agissait ?
Comment avait-elle soigné son mal ?
Est-ce qu'elle avait pris plusieurs types de
traitements ?
Où avait-elle trouvé/acheté les
traitements ?
Est-ce qu'elle avait préparé elle-même son
traitement ? Qui avait préparé ?
Est-ce qu'elle avait guéri vite ? [Questionner le
temps de guérison. Guérir vite peut prendre combien de temps.
Essayer de quantifier le temps]
Pourquoi ?
Avez-vous ressenti de troubles/signes des symptômes qui
selon vous sont liés au traitement ?
Si oui lesquels ?
Comment avait-elle fait pour les arrêter (les effets
secondaires) ?
Date : Quartier/village :
Site de maraîchage :
IDENTIFICATION
- Nom et prénoms :
- Ethnie :
- Age :
- Sexe :
- Religion :
- Niveau scolaire : Scolarisé : Oui Non
Si oui, niveau d'étude : Primaire
Secondaire1
Secondaire2
Universitaire
Si non, Alphabétisé ? Oui Non
- Activités professionnelles (autres que le
maraîchage) :.....................................
- Situation matrimoniale : Célibataire Oui
Non
Marié
Oui Non
Si marié, mariage civil Mariage coutumier Mariage
religieux
Veuf/Veuve Divorcé(e) Répudiation
- Nombre d'enfants
De moins de 5 ans De 5 à 18 ans : De 18 ans et
plus :
- Nombre de personnes à charge
(financièrement)
Dans le ménage :
Enfants jusqu'à 17 ans :
Autres personnes :
Dans la famille élargie
Père :
Mère :
Frères et soeurs :
Autres parents :
Préciser :....................
Autres personnes dépendantes hors de la
parenté : Préciser
- Situation financière
*Revenu mensuel : Salaire ou gain mensuel :
.............
*Autres revenus -Bail
-Dons, Préciser l'origine :.......
-Autres activités
parallèles :.......
-Contribution du conjoint :.......
- Charges financières
*Coût de santé/famille
*Charges domestiques
*Charges sociales
*Crédits en cours
*Fonctionnement activités professionnelles
(consommables)
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
2
REMERCIEMENTS
3
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
4
LISTE DES PHOTOS
6
RESUME
7
SUMMARY
8
INTRODUCTION
9
CHAPITRE I : Aspects théoriques
12
1. Etat de la question
12
2. Identification du problème et exposé de la
problématique
15
3. Hypothèses
17
4. Objectifs
17
5. Cadre théorique et conceptuel
18
Représentation sociale
18
Le pesticide, un objet matériel et social
19
6. Le cadre de l'étude : La commune de
Sèmè-Kpodji
20
Situation géographique
20
Relief
21
Climat
21
Hydrographie
22
Végétation
22
Faune
22
Sols
22
L'agriculture
23
L'élevage
23
Pêche et pisciculture
23
CHAPITRE II : Démarche méthodologique
25
1. Nature de l'étude
25
2. La recherche bibliographique et documentaire
25
3. Méthodes et outils de collectes des données
26
Carnet de terrain
26
Observations directes et participantes
27
Entretiens non directifs, semi-structurés
28
Capture d'images photographiques
29
4. Ethique de la recherche
30
5. Traitement et analyse des données
32
CHAPITRE III : Au village maraicher de
Sème-Kpodji (VIMAS)
35
1. Historique de VIMAS
35
2. Dynamique sur le site de VIMAS
36
Les acteurs individuels
36
Les acteurs institutionnels
38
Investissement et accès au financement
39
Les principaux outils utilisés
40
Attribution des parcelles de cultures
40
Force de travail et main d'oeuvre
41
3. Description de quelques activités à VIMAS
42
Préparation des planches
42
Les conduites de pépinières
43
Repiquage et arrosage
44
Désherbage, sarclage et binage
47
4. Des ravageurs, des maladies, des pesticides.
47
Ravageurs
48
L'évocation des maladies
51
Les pesticides, usages et approvisionnements
52
CHAPITRE IV : Processus de décision d'achat et
d'utilisation des intrants
55
1. Les décisions d'achat des intrants : un
phénomène complexe
55
Un système de croisement et de réassurance des
sources d'informations
55
Le contexte de la décision d'achat des intrants
57
Le choix d'un vendeur unique
58
Le choix de plusieurs vendeurs
59
2. Le choix des pesticides chimiques : ce qui influence le
maraicher
61
3. Le manque de temps du maraicher
66
4. L'incidence de la perception et la gestion de la
toxicité des pesticides
68
5. Stockage des produits et devenir des emballages
72
CONCLUSION
74
REFERENCES BIBLIOGRAPHIES
76
ANNEXES
83
TABLE DES MATIERES
101
* 1 Site de maraichage dans
la commune Sèmè-Kpodji (VIMAS)
* 2 Site de maraichage dans
la commune de Cotonou (domaine de l'ASECNA)
* 3 L'axe anthropologique est
sous la responsabilité de Marc Egrot, Anthropologue dans l'Unité
Mixte de recherche (UMR) 224 de l'IRD (Institut de Recherche pour le
Développement), intitulée MIVEGEC : Maladies
Infectieuses et Vecteurs, Ecologie, Génétique, Evolution et
Contrôle. Dans ce cadre, j'ai bénéficié d'une
gratification de l'Institut de Recherche en Santé Publique (IRSP) sur
les crédits CRDI pour faire mon DEA (Diplôme d'Etudes
approfondies).
* 4 DDT :
Dichlorodiphényltrichloroéthane
* 5 Altération du
génome
* 6 Destruction du
système immunitaire de l'organisme
* 7 Poison pour le
système nerveux
* 8
Cancérigène
* 9 Commune
délimitée par une ceinture jaune sur schéma suivant
* 10 Plante adaptée
aux milieux salés
* 11 Selon Paillé et
Mucchielli (2008), il s'agit de transcrire les entretiens ou de constituer des
documents ou notes d'observation de façon à pouvoir ensuite y
noter directement les thèmes. Cette méthode permet, sans
apprentissage aucun, le contact physique du chercheur avec ses données
qu'il peut ordonner à sa guise. Il a une possibilité permanente
(du début à la fin de l'étude), de reprise de la
thématisation.
* 12 Espace
surélevé séparant deux planches.
* 13 Le terme planche
utilisé dans ce sens spécifique et émique doit donc
être considéré comme un terme vernaculaire du fait de sa
sémantique spécifique et sera en conséquence écrit
en italique pour le distinguer de la planche comme espace de culture.
* 14 Concentré
Emulsionnable
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