Evaluation de l'effet insecticide d'une application épicutanée de fipronil 1% sur des glossines de laboratoire (glossina palpalis gambiensis, vanderplank 1949)( Télécharger le fichier original )par Boureima SAWADOGO Université Polytechnique de Bobo Dioulasso - Master Recherche en Analyse des populations des espaces fauniques et halieutiques 2015 |
IV. DISCUSSIONS4.1. L'efficacité et la ré anence du fipronil 1% sur la survie des glossinesL'étude menée au laboratoire a montré que le fipronil 1% appliqué au bétail par traitement épicutané a un effet significatif sur la survie des glossines (p ? 0,01), en leur causant une mortalité massive (40%) dès soixante-douze heures que celles-ci aient été gorgées sur un animal traité. Il réduit considérablement la durée moyenne de vie des glossines en entrainant leur mort précoce ; cette réduction étant estimée à 49,5%. Son temps létal 50 est de 51 jours pour des glossines s'étant alimentées 02 fois sur un animal traité, ce qui signifie que du 1er au 51ème jour après le traitement, le fipronil 1% a pu éliminer 50% de la population de glossines utilisée. Au laboratoire, les glossines vivent dans des conditions climatiques optimales de température et d'hygrométrie relative et sont à l'abri de tout prédateur. Elles sont nourries tous les jours alors que dans la nature le nombre de repas hebdomadaires est plus proche de deux (Ripert et al., 1996). Dans la nature, ces glossines n'auraient peut-être pas survécu (Lefèvre et al., 2003) ou survivraient moins. Par ailleurs, la fréquence à laquelle les animaux ont été soumis au lavage est bien supérieure à la réalité, ce qui peut conduire à la diminution plus rapide de l'effet du produit. On pourrait donc penser qu'en conditions réelles (dans la nature), le taux de mortalité serait bien supérieur à celui observé au laboratoire. L'action létale du fipronil 1% est beaucoup plus forte soixante-douze heures après le gorgement des glossines, donc bien supérieure à celle sur les puces et les tiques chez lesquelles elle est de vingt-quatre heures. ( http://www.fluoridealert.org/pesticides/lufenuron.fipronil.pets.htm). Cependant, des mortalités n'ont pas été observées dans l'intervalle de quatre heures de temps après l'ingestion du sang traité. Le fipronil 1% n'a donc aucun effet 'Knock Down», mais tue lentement, confirmant ainsi les résultats de Petit (2002). La courbe de survie des glossines témoins initiales (figure 14) présente une phase ascendante dans les vingt premiers jours post-traitement. La même situation est constatée dans la figure 20. Cela s'explique par le fait qu'au début de nos expériences, les conditions climatiques n'étaient pas totalement maitrisées dans la salle de manipulation, ce qui a dû impacter sur la survie des glossines. La comparaison des indices de survie des glossines traitées initiales et des traitées survivantes montre que les mortalités sont élevées au niveau des initiales (46%) contre 42% pour les 43 survivantes. Toute chose qui vient confirmer l'idée selon laquelle l'efficacité du fipronil 1% diminue avec le temps post-traitement. Si à quarante-cinq (45) jours post-traitement, les taux de survie des deux groupes (témoin et traité) de glossines initiales sont significativement différents (p < 0,01), ils ne le sont plus à cinquante et un (51) jours (p = 0,193 au seuil de 10-2), bien que ceux des témoins soient toujours légèrement supérieurs. On pourrait donc situer la rémanence du fipronil 1% sur les glossines aux alentours de cinquante et un (51) jours dans cette première phase de quinze jours suivi. Le suivi des survivantes a également montré qu'autour du 74ème jour du temps post-traitement les effets du fipronil 1% sur la survie des traitées et des témoins ne sont pas significativement différents (p = 0,005 au seuil de 10-2). La rémanence du fipronil 1% dans cette seconde phase de suivi pourrait être située à soixante-quatorze (74) jours. En définitive, l'on pourrait estimer la rémanence du fipronil 1% entre 51 jours et 74 jours quand on sait que dans la nature les glossines peuvent s'alimenter plus d'une fois sur des animaux traités. Cette rémanence est acceptable comparativement à d'autres insecticides tel que la deltaméthrine, le fluméthrine,
l'alpha-cyperméthrine et l'amitraze qui ont Selon Challier et Laveissière (1978), la lutte par application d'insecticides doit se faire de telle sorte que l'insecticide présente une activité rémanente d'au moins deux mois. La durée de deux mois est déterminée par la durée maximale de la période du stade pupal. Il faut, en effet, qu'après l'élimination de la fraction adulte de la population, les individus qui éclosent des pupes déposées dans le sol avant le traitement, trouvent, à leur éclosion, des dépôts encore actifs d'insecticides. Ainsi, la rémanence trouvée pour le fipronil 1% est satisfaisante dans la mesure où elle convient aux assertions de Challier et Laveissiere (1978). Laveissière et al. (2000) stipulent que : « Pour qu'une glossine infectée puisse transmettre le trypanosome à son tour, il faut qu'elle puisse survivre au moins 20 jours, temps moyen pour que le parasite effectue son cycle chez l'insecte ». En se basant sur cette affirmation de Laveissière et al. (2000), nous pouvons dire que la durée moyenne de vie obtenue pour les glossines traitées qui est de 15,15 jours est satisfaisante en 44 ce sens que plus la longévité moyenne est faible moins le taux de transmission des trypanosomes sera élevé. 4.2. L'effet du fipronil 1% sur la fécondité des glossines Les résultats obtenus ont montré que le fipronil 1%, testé sur les glossines femelles à partir du 92ème jour post-traitement, n'a pas d'effet sur les performances de reproduction des glossines. Cela nous fait suggérer trois hypothèses quant aux raisons de l'inefficacité du fipronil 1% sur la fécondité des glossines : - hypothèse 1 : le fipronil 1% n'a effectivement pas d'effet sur la fécondité ; - hypothèse 2 : la période de réalisation du test fût inappropriée (92ème jour post-traitement) ; - hypothèse 3 : le mode d'alimentation des glossines sur les animaux traités, mode qui ne favorise pas le contact direct entre l'animal et la glossine. Les deux dernières hypothèses semblent être plus plausibles dans la mesure où les résultats du test sur la survie ont révélé que la rémanence du fipronil 1% est située entre cinquante et un et soixante-quatorze jours. Ce qui signifie qu'à partir de cette période l'effet de toxicité du fipronil 1% n'y était plus ou pas assez pour induire une mortalité des glossines. Aussi, le test sur la survie a également montré que le fipronil 1% agissait par contact. Cela a été aussi constaté dans l'étude réalisée par Petit (2002). Or, dans notre cas, aucun contact n'a existé entre les glossines et l'animal ; elles s'alimentaient par perforation d'un parafilm appliqué sur les animaux. Cependant, on pourrait s'attendre à observer des effets sur les paramètres de fécondité des glossines si : - le test sur la fécondité avait été entamé dès l'obtention du premier taux de mortalité inférieur à 50% qui se situait entre le 45ème et le 51ème jour post-traitement ; - le test sur la fécondité était réalisé conjointement au test sur la survie, c'est-à-dire qu'au bout des quinze premiers jours de suivi, utiliser les survivantes pour le test sur la fécondité. Si dans notre étude le fipronil 1% s'est avéré inefficace, celle réalisée par Davey et al., 1998, a par contre montré que le fipronil 1% a des effets sur la fécondité des tiques (Boophilus microplus) chez lesquelles le contrôle global de l'indice de reproduction est de 99,7% et la réinfestation larvaire n'est possible pendant huit semaines après le traitement. Selon l'étude réalisée par Petit (2002), l'effet du fipronil sur la pupaison est tel qu'il augmente la production des pupes chez les glossines traitées. Par contre, il réduit les taux d'émergences. Ces résultats n'ont pas été constatés dans notre étude. Sur cette base, nous confirmons 45 davantage l'absence de l'effet du fipronil 1% à 92ème jour post-traitement sur la ponte et les éclosions. La même étude, qui n'a pas trouvé de différences significatives entre les poids des pupes, a révélé des poids moyens de 23,54 mg et 24,75 mg respectivement pour des glossines (Glossina palpalis gambiensis) témoins et traitées au fipronil par contact tarsal unique de 5 secondes. Or dans notre étude, nous avons obtenu 24,625 mg comme poids moyen des pupes témoins et 24,717 mg pour les traitées. En supposant qu'il n'y a pas de différences significatives entre ces deux données, nous pouvons dire que nos résultats corroborent avec ceux obtenu par Petit (2002). |
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