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Espaces de coworking - capitalisme cognitif et métamorphoses du travail

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par Nina Danet
Université Paris VIII - Master II Information & Communication spécialité Industries créatives 2014
  

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PARTIE 2 : METHODOLOGIE

présentation de la problématique et hypothèses de recherche

I) Problématique et hypothèses de recherche

Après avoir interrogé notre objet de recherche au travers des sciences sociales, nous proposons ici de confronter les apports théoriques de l'état de l'art avec des résultats de terrain, empiriques que nous avons récolté tout au long de ce travail de mémoire. Grâce à cette revue de littérature, nous avons déjà pu apporter des précisions et des réponses partielles aux interrogations de départ, ce qui nous permet ici d'affiner notre propos et de construire un protocole d'enquête en vue de répondre à notre problématique.

Nous l'avons évoqué au début de ce mémoire, le coworking et les espaces qui lui sont dédiés sont un objet d'étude récent, en construction. Les rapports, enquêtes, premiers articles académiques, premiers cadrages théoriques ont vu le jour il y a à peine deux ans et à ce titre, nous intégrons pleinement à ce travail de recherche la dimension d' « émergence ». Si cela peut éventuellement se traduire par un manque de recul et de vision à long terme, cela fait aussi partie de la particularité du coworking et de son intérêt en tant que « tendance ». Voilà pourquoi j'ai pris le parti de questionner ce phénomène dans ce qu'il a de nouveau, de prometteur et surtout de révélateur. L'idée n'est donc pas de poser un regard sur un modèle culturel, social et économique en place et d'en tirer des conclusions plus ou moins définitives mais bien d'amorcer un questionnement dans le champ des sciences sociales de manière dynamique. J'entends par là que pour pallier à une éventuelle superficialité due à la multiplication de discours que l'on pourrait considérer comme marketing, questionner le coworking à travers l'ethos permet de l'insérer dans une trajectoire d'évolution plus ancienne, plus complexe également. Aussi, au travers des mutations récentes du modèle productif que nous avons exploré sous l'angle du capitalisme cognitif, l'objectif de mon enquête est de voir

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en quoi les EC sont des espaces d'expression des nouvelles modalités au travail qui ont pris forme chez les avant-gardes. En d'autres termes, il s'agit d'entrevoir les modalités de travail à l'oeuvre au sein des EC, pour déterminer en quoi ces tiers-lieux participent à l'affirmation « d'un ensemble de valeurs, d'attitudes et des croyances relatives au travail qui induisent une manière de vivre son travail au quotidien » porté par la classe créative, mais aussi de s'interroger sur les limites de ces espaces.

Pour répondre à cette problématique, nous nous appuyons en partie sur les éléments théoriques étudiés dans l'état de littérature. Le cadre conceptuel du capitalisme cognitif nous invite à envisager le travail de manière décloisonnée selon un mode de vie polycentré qui questionne l'ethos du travail tel qu'il s'est affirmé dans les différentes phases sociétales.

Hypothèses :

a) Les incitations des acteurs à agir dépendent du cadre dans lequel ils accomplissent leur activité. Les EC comme modèle organisationnel se construisent et se développent selon une logique ascendante, créant espaces d'autonomie où s'expriment les individualités mais aussi de nouvelles solidarités. Cette mise en capacité des travailleurs permet aux individus de s'épanouir et charge le travail d'un sens nouveau. En définitive, le modèle organisationnel des EC réunirait les conditions d'expressions des modalités du travail cognitif.

b) Cependant, la réalisation du capitalisme cognitif au travers des EC suppose quelques limites. Le « projet social » du coworking est aujourd'hui restreint à une frange de la population (jeune, diplômée, autour des professions intellectuelles et créatives), son inscription à plus grande échelle et sur du long terme n'est pas garantie. Les défis auxquels sont confrontés les EC dans leurs perspectives de développement sont aussi le reflet de nouvelles contraintes qui pèsent sur les individus.

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II) Méthodologie

2.1 Recueil de données

2.1.1 La deuxième enquête mondiale du coworking

Une première étape de la récolte de matériaux a été de s'intéresser aux enquêtes qui ont pu être menées au sujet du coworking, afin de fournir des éléments quantitatifs complets, à une échelle que je n'aurais pas pu maîtriser aux vues de différents obstacles (temps, investissement économique, matériel d'enquête...). Une des enquêtes retient notre attention : Il s'agit de l'enquête mondiale menée par Deskmag en collaboration avec l'équipe Coworking Europe et avec le soutien de Emergent Research, University of Texas at Austin, Coworking Deutschland, Coworking Project Italy, Jellyweek.org, Deskwanted & Cohere Community.

Deskmag est « un magazine sur le nouveau concept de travail et leurs espaces, à quoi ils ressemblent, comment ils fonctionnent, comment ils peuvent être améliorés et comment nous y travaillons. [Ils mettent] particulièrement l'accent sur les espaces de coworking qui hébergent la nouvelle génération de travailleurs indépendants et des petites entreprises »12. Ce magazine est une source d'information indéniable. Déjà à la base d'une enquête en 2010, sa légitimité dans le domaine est reconnue. Aussi, l'accès à la deuxième enquête, plus récente et poussée, nous permettra de mobiliser des données variées et fiables. Quelques données annexes aux études repérées dans des articles ou des dossiers en lignes pourrons venir compléter les résultats.

L'enquête n'étant disponible que sur Internet en format , je renvoie ici directement au site13 qui laisse en libre-accès les résultats. Si cela est nécessaire les données graphiques pertinentes pour notre étude seront relayées au sein de ce mémoire, eux-mêmes disponibles en annexe dans la table des illustrations. Pour des raisons de lisibilité, sauf mention contraire, tous les résultats quantitatifs exprimés en pourcentages sont issus de cette étude et donc ne seront pas référencés à chaque utilisation.

12 Source : http://www.deskmag.com/fr/a-propos (consulté le 02/08/14)

13 http://www.deskmag.com/fr/l-anniversaire-des-espaces-de-coworking-522 (consulté le 02/08/14)

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2.2 Entretiens qualitatifs

L'enquête mondiale menée par Deskmag nous offre des données nombreuses que nous pourrons mobiliser pour tester nos hypothèses. Cependant nous avons jugé pertinent de croiser cette enquête avec des entretiens individuels, car ils nous permettrons d'aller plus loin dans l'expérience subjective au travail. Ces entretiens ont été menés de mai à juillet 2014, auprès de deux types acteurs que nous considérons légitimes pour apporter un éclairage lié à notre problématique.

· Co-fondateurs (indiqués par l'abréviation cf) : J'ai eu l'occasion de rencontrer trois co-fondateurs d'espaces de coworking (deux à Séville, un à Brest). Ces entretiens m'ont permis d'identifier les motivations, la philosophie à l'oeuvre dans la gestion d'un espace, les problématiques auxquels on peut se trouver etc... Ces entretiens sont particulièrement important dans le sens où ils offrent des exemples concrets de situation de travail et un retour sur expérience conséquent. Par ailleurs, les co-fondateurs rencontrés sont également coworkers puisque ils exercent une activité à côté.

· Coworkers (indiqués par l'abréviation cw) : J'ai par la suite pris contact avec plusieurs coworkers (actuels ou anciens) en essayant d'étudier des profils variés (sexe, professions, âge...) tout en restant en accord avec le public type des EC. En prenant contact avec les potentiels interrogés, j'ai également pris en compte la nature de l'espace de coworking qu'ils avaient fréquenté. En effet, l'appelation « coworking » est aujourd'hui utilisée peut-être plus qu'elle ne devrait et regroupe parfois des télécentres, ou même des simples bureaux à louer dans des établissements qui cherchent à optimiser financièrement leur espace, sans qu'il n'y ait vraiment de dynamique coworking comme nous l'avons définie aux prémices de ce mémoire.

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Figure 2 - Tableau récapitulatif des entretiens coworkers

Interrogés

sexe

Age

Profession

Statut

Expérience coworking

N°1, fr

F

29 ans

Journaliste

Freelance coworker

12 mois à temps plein

N°2, fr

M

30 ans

Designer sonor

Freelance coworker

6 mois à temps partiel

N°3, fr

M

28 ans

Webdesigner

Freelance coworker

Régulièrement, mais fréquences variées selon les contrats/projets personnels

N°4, fr

F

35 ans

Ergonome

Entrepreneur coworker

6 mois à temps plein

N°5, es

M

25 ans

Chargée de production, spectacle vivant

Employée coworker

3 mois à temps partiel

Les interviews ont été menés en face à face ou par visioconférence si la distance m'y contraignait. Tous les entretiens ont été enregistrés en format audio, retranscrits puis analysés selon une grille d'étude. La restitution complète des entretiens se trouve en annexe de se mémoire. (Annexe n°2) ; Nous avons analysé ces interviews et ces observations suivant les besoins de l'étude, en isolant les points qui nous ont paru pertinents suivant plusieurs axes :

Axe 1 : L'expérience du coworking - j'ai invité les interviewés à relater leur expérience dans un espace de coworking donné. Les raisons pour lesquelles ils avaient intégré l'EC, leurs critères de sélection, leurs modes de fréquentation, leur investissement personnel dans l'espace et les relations entretenues.

Axe 2 : A partir de ces premiers éléments j'ai ensuite guidé l'entretien vers le retour d'expérience subjectif. Le but était ici de voir en quoi le coworking a permis ou non à l'individu de s'épanouir dans son travail et selon quelles modalités.

Axe 3 : Le troisième axe se veut plus ouvert, prospectif. J'y interrogeais les coworkers sur leur vision du travail contemporain, la vision de leur avenir professionnel, le regard qu'ils posent sur leur situation actuelle.

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L'analyse des résultats vise à mettre en lumière les convergences entre les différents récits d'expérience mais aussi les points de tension. Le style semi-directif de l'entretien a permis d'orienter l'échange en fonction des thèmes sans orienter les réponses et ainsi de révéler les informations nécessaires pour tester nos hypothèses de recherches.

Pour des raisons pratiques, j'ai pris le parti de ne pas me limiter géographiquement dans la récolte de données, ou dans une moindre mesure. Aussi, c'est surtout les opportunités de rencontres qui m'ont amenées à réaliser mes entretiens, qu'ils soient en Espagne ou en France. Les interviewés ont été contactés par e-mail ou téléphone après des recherches Internet (annuaire de coworkers, sites officiels d'espaces de coworking). N'ayant pas eu l'occasion de réaliser un stage dans un EC ou de pouvoir au moins consacrer un temps conséquent à l'observation d'une structure spécifique, j'ai privilégié une méthode d'enquête plus ouverte et croisée. Dans la mesure du possible, j'ai cherché à varier les profils des interviewés tout en restant fidèle à un certain profil type du coworker identifié grâce aux données de l'enquête mondiale Deskmag :

-jeune : 69% des coworkers ont moins de 40 ans

-indépendant : 54% des coworkers ont un statut freelance. -diplômé : 72% des coworkers ont un Bachelor/Master

Les professions représentées correspondent également aux secteurs prédominants dans les EC et plus généralement à la définition de la « classe créative ».

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein