1. Impact des vers de terre sur la croissance et la
production de maïs
L'expérimentation a montré que l'inoculation des
espèces M. omodeoi et/ou H. africanus et l'application
des engrais chimiques n'engendrent pas une augmentation significative de la
croissance du maïs. L'espèce H. africanus quant à
elle, a une influence positive sur la production de maïs. Cette production
est encore meilleure lorsque les deux espèces de vers de terre sont
associées, au point d'être supérieure à celle
obtenue avec ajout d'intrants inorganiques. En plus de l'amélioration de
la porosité et de l'agrégation du sol par les vers de terre
(Edwards & Lofty, 1980; Blanchart et al., 1999; Shipitalo & Le
Bayon, 2004), l'amélioration de la production de maïs pourrait
s'expliquer par une meilleure utilisation des éléments
minéraux du sol en présence des vers de terre (Gilot, 1994). Ces
derniers sont reconnus pour leur capacité à augmenter la
minéralisation de la matière organique du sol, rendant ainsi les
éléments nutritifs disponibles à la plante (Barois et
al., 1987; James, 1991; Lavelle et al., 1992; Subler et
al., 1997). L'efficience de l'utilisation de l'eau par le maïs est
également meilleure dans les traitements avec H. africanus et
avec l'association des deux espèces de vers de terre combinées.
Ceci est probablement une conséquence de l'amélioration des
propriétés physiques. Ces résultats sont conformes
à ceux de Ouédraogo et al. (2006) qui ont
rapporté une amélioration significative de l'EUE par le sorgho
grâce aux macro-invertébrés du sol.
D'après Lavelle et al., (1994) et Gilot
(1994), l'augmentation significative de la production du maïs survient en
milieu paysan lorsqu'une biomasse de vers de terre supérieure à
40 g m-2 est inoculée. Cette hypothèse semble
être confirmée pour H. africanus dans notre étude,
pas pour l'espèce M. omodeoi.
Sur les parcelles où M. omodeoi a
été inoculée seule, le maïs a connu la vitesse de
croissance la plus faible. L'EUE a également été
réduite. Ces résultats pourraient s'expliquer par la
réduction de la biomasse racinaire, elle-même occasionnée
par la compaction du sol sous l'effet de ce vers de terre. L'importante
quantité inoculée (90 g m-2) peut être à
l'origine de ce résultat contraire à ceux des travaux
antérieurs effectués avec cette espèce. En effet, Gilot
et al. (1994 et 1997) avait utilisé que 25 g.m-2. A
l'instar de Pontoscolex corethrurus responsable de la compaction des
sols en Amazonie brésilienne (Chauvel et al., 1999), M.
omodeoi, introduite en forte la biomasse a certainement contribué
à compacter le sol au point d'avoir un effet néfaste sur la
croissance du maïs. La dominance de vers de terre compactants dans un
milieu empêche une bonne croissance des racines à cause de la
réduction de la
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porosité et de l'infiltration de l'eau du sol. Selon
Derouard et al. (1997) pour obtenir une structure de sol proche de la
réalité ou d'éviter la compaction du sol et donc
d'améliorer la production végétale, les vers de groupes
antagonistes devraient être associés. Ce qui est confirmé
dans notre étude
Selon Scheu et al. (1999), Wurst & Jones (2003)
et Kreuzer et al. (2004), la présence des vers de terre
occasionne une réduction du ratio biomasse épigée/racine.
Laossi et al. (2010) ont montré le contraire. Dans notre
étude, même si la différence entre les traitements n'est
pas significative, l'inoculation des vers de terre a provoqué une
réduction de ce ratio alors que l'application des engrais chimiques a eu
un effet contraire.
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