PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I : CADRE
THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
1. Contexte et
présentation générale
«Un ménage est en sécurité
alimentaire lorsqu'il a accès physique et économique à la
nourriture suffisante, saine et nutritive permettant à tous ses membres
de satisfaire leurs besoins énergétique et leurs
préférences alimentaires pour mener une vie saine et
active»
Dans les pays en développement (PED) notamment au
Sahel, la transition démographique est en cours et l'urbanisation est un
phénomène en pleine expansion. Cette dernière est souvent
considérée comme un facteur de croissance économique. En
terme d'alimentation notamment, les villes sont réputées
connaître une moindre saisonnalité de l'offre et présenter
une meilleure disponibilité ainsi qu'une plus grande
variété alimentaire, par rapport au milieu rural. Ainsi, les
acteurs impliqués dans les problématiques de
sécurité alimentaire s'intéressent trop peu au milieu
urbain. Pourtant, en ville, l'insécurité alimentaire est
masquée par des statistiques agrégées qui ne tiennent pas
compte des fortes disparités des situations sociales et
économiques, caractéristiques du milieu urbain. En fait, la
pauvreté en ville est un phénomène qui s'accentue dans les
pays en développement. De plus, il a été montré que
les pauvres urbains présentent des taux de malnutrition infantile
comparables à ceux des pauvres ruraux (FAO, 1997).
En outre, les personnes en insécurité
alimentaire sont difficiles à identifier, car l'approche « zone
à risque » classiquement utilisée en milieu rural n'est pas
adaptée aux villes. La sécurité alimentaire des
ménages est fonction de plusieurs facteurs connus : parmi eux, les
disponibilités alimentaires au niveau national et local, les
technologies permettant la diffusion des produits agricoles dans le temps et
l'espace, les circuits de distribution, les prix de vente, le revenu, le
support de la communauté et les habitudes et choix alimentaires sont des
facteurs primordiaux, influençant fortement l'état de
sécurité alimentaire (FAO, 2013). Selon le contexte (notamment
urbain ou rural) leur importance relative change. Toute analyse de la
sécurité alimentaire doit donc nécessairement tenir compte
de l'environnement spécifique des ménages. Par ailleurs, il est
judicieux d'évaluer la sécurité alimentaire dans le temps,
afin d'appréhender la stabilité des disponibilités, de
l'accessibilité et de l'utilisation biologique de la nourriture.
On désigne cet aspect dynamique par la notion de
vulnérabilité alimentaire des ménages, qui est fonction de
deux facteurs importants : le degré d'exposition des ménages
à des chocs/risques, d'une part, et leur capacité à y
faire face, ou résilience, d'autre part. On ne trouve aucun dispositif
national au Niger qui permette de capter les formes urbaines de
l'insécurité alimentaire. Les travaux de recherche qui existent
soulignent immanquablement le caractère complexe, multiforme et
multifactoriel de la vulnérabilité alimentaire en ville, et le
manque d'adéquation des outils classiques de surveillance et d'alerte.
Il y a donc urgence à affiner des indicateurs, méthodes et outils
d'identification, de mesure et de surveillance de la
vulnérabilité urbaine, voire à en proposer de nouveaux,
spécifiques au milieu urbain. Pour cela, il est indispensable de mieux
connaître les causes et les mécanismes liés à la
vulnérabilité, ainsi que de savoir qui sont les personnes
vulnérables en ville et où elles résident.
Au Niger, la vulnérabilité alimentaire est un
thème qui s'est imposée du faite de son caractère
récurent. En effet, dans ce pays presque une année sur deux est
déficitaire. Mieux, même pendant les années
excédentaires, environ une personne sur cinq n'arrive pas à
manger correctement. Parmi eux, on dénombre des ruraux et des
urbains.
La vulnérabilité des nigériens à
l'insécurité alimentaire trouve ses origines dans les
déficits céréaliers et fourragers enregistrés
régulièrement depuis quelques décennies, les comportements
alimentaires inappropriés et dans la pauvreté structurelle de
certains groupes sociaux. Mais de tout le temps l'attention des pouvoirs
publics dans leurs tentatives de réponse se sont toujours
focalisé sur le milieu rural au détriment du milieu urbain(UNFPA,
2014). Or, dans un pays comme le Niger où 20, 4% de la population vivent
en milieu urbain, la prise en compte de la vulnérabilité
alimentaire des citadins est plus que nécessaire. En effet, des
études récentes sur le cas du Niger ont montré que la
vulnérabilité à l'insécurité alimentaire en
milieu rural nigérien est en baisse passant de 32,1% en 2011 à
22,3% en 2013. Par contre pour la même période la situation
alimentaire des personnes vivant en milieu urbain se révélait
beaucoup plus préoccupante passant de 17,3% à 35,7%.( INS,
Novembre 2O13).
Il est donc urgent d'étudier la
vulnérabilité alimentaire dans les villes nigériennes. En
particulier dans l'agglomération de Niamey qui concentre 40% de la
population urbaine du pays.
La présente étude porte sur le 5eme
arrondissement de la ville de Niamey et s'inscrit dans la droite ligne des
enquêtes sur la mesure de la vulnérabilité alimentaire en
milieu urbain effectués à Ouagadougou et à Banjul. Ce
protocole de recherche est d' ailleurs une adaptation des deux
dernières.
L'enquête de terrain vise à caractériser
le niveau de vulnérabilité alimentaire et à étudier
sa distribution dans la zone péri urbaine du 5eme arrondissement
communal de Niamey.
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