1
République Tunisienne
Ministère de l'enseignement supérieur et de
la recherche scientifique
Université de Carthage
Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et
Sociales de Tunis
La Gestion Par Objectifs en matière
budgétaire: l'expérience tunisienne
Mémoire pour l'obtention d'un diplôme de
mastère de recherche en droit public et sciences politiques
Elaboré et soutenu par
Mlle. Siwar CHERIF
Sous la direction de :
Mme. Raya CHOUBANI
Année Universitaire
2012-2013
2
Remerciements
En préambule, je souhaite adresser tous mes
remerciements aux personnes qui m'ont apporté leur aide et qui ont ainsi
contribué à l'élaboration de ce mémoire,
Tout d'abord, de grands remerciements à Madame Raya
Choubani, directrice de recherche de ce mémoire, pour son aide
précieuse et pour le temps qu'elle a bien voulu me consacrer. J'exprime
ma gratitude à toutes les personnes rencontrées lors des
recherches que j'ai effectuées et qui ont accepté de
répondre à mes interrogations avec gentillesse.
3
Dédicaces
Je dédie ce modeste travail,
A ceux qui me sont les plus chers
au monde ;
A mes parents, pour la patience, le
soutien et les dévouements
consentis pour me voir un jour
réussir le chemin que j'ai choisi.
A mon frère
A mon fiancé Nizar Mellouli
A tous ceux que j'aime et qui
m'aiment.
La faculté n'entend donner aucune
approbation ou improbation aux
opinions émises dans ce
mémoire.
Ces opinions doivent être
considérées
comme propres à leur auteur.
|
« Faites-moi de bonnes politiques et je
vous
ferai de bonnes finances
».
5
Baron Louis
6
Liste des principales abréviations
· AJDA : Actualité Juridique
Droit Administratif
· BAR : Budgétisation
Axée sur les Résultats
· CC : Cour des Comptes
· CDF : Cour de Discipline
Financière
· CDBF : Cour de discipline
Budgétaire et Financière
· CCP : Code de la Comptabilité
Publique
· CDMT : Cadre de Dépense
à Moyen Terme
· GBO : Gestion Budgétaire par
Objectifs
· GPO : Gestion Par Objectif
· LOB : Loi Organique du Budget
· LF : Loi de Finances
· LOLF : Loi Organique relative aux la
Loi de Finances
· P : Page
· PAP : Projets Annuels de
Performance
· PPBS
:Planning-Programming- Budgeting System
· RTF : Revue Tunisienne de
Fiscalité
· RCB : Rationalisation
des Choix Budgétaires
· RTD : Revue Tunisienne du Droit
· RFFP : Revue Française des
Finances Publiques
· RAP : Le rapport Annuel de
Performance
· RFAP : Revue Française
d'Administration Publique
· TVA : Taxe sur la Valeur
Ajoutée
· TOFE : Tableau des Opérations
Financières de l'Etat
· UGBO : Unité de Gestion
Budgétaire par Objectifs
· UPCI : Union Pour la
Côté d'Ivoire
7
SOMMAIRE
Première Partie. L'option pour un processus de
budgétisation axée sur les résultats
Chapitre premier/- La budgétisation par
programmes
Chapitre deuxième /- La rénovation de la
nomenclature budgétaire
Deuxième Partie. La consécration d'une
pratique budgétaire centrée sur la performance
Chapitre premier/- L'amélioration de
l'information financière
Chapitre deuxième/-
L'évaluation des politiques publiques mises en
oeuvre
8
Introduction
Il est difficile actuellement, d'aborder la gestion
budgétaire par objectifs (GBO ci-après) sans évoquer le
thème de la bonne gouvernance financière.
La bonne gouvernance se trouve au coeur de la GBO qui cherche
à accroître la transparence des dispositifs financiers et à
diffuser une culture de performance au sein de l'administration publique.
Autrement dit, la GBO se présente comme une condition inhérente
de la nouvelle gouvernance.
La notion de gouvernance devient, comme le note le professeur
Jacques CHEVALIER « une grille d'analyse pertinente pour
décrire les mutations qui vont affecter les appareils d'Etat
»1. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, nous pouvons
admettre que la réforme budgétaire est une réforme de
l'Etat.
Il importe avant de donner un référentiel
d'analyse, d'exposer la définition des mots qui en représentent
le sujet ;
On entend par gestion, l'« Ensemble de pratiques et
de connaissances théoriques ou techniques relatives à la conduite
des organisations, notamment des entreprises »2.
Selon le témoignage du professeur Ridha JENNAYAH la
gestion budgétaire désigne « à la fois la gestion
des autorisations budgétaires mais aussi, le contrôle de cette
gestion. Cet élargissement du concept de gestion budgétaire (...)
s'explique par le critère désormais, instrumentaliste du droit
foncier : dans la mesure où, les institutions budgétaires
apparaissent de plus en plus, au service de la planification
générale, il est évident que le contrôle de la
gestion des autorisations budgétaires, c'est-à-dire à la
fois la vérification de la régularité des
opérations financières mais, aussi l'appréciation de leur
efficacité, doit être considérée comme un
élément du système de gestion »3.
La GBO est, une nouvelle approche de gestion fondée
sur des résultats mesurables répondant aux objectifs et aux
cibles définis préalablement en fonction des services à
fournir, l'essence de cette approche est le recentrage et l'allègement
des réglementations qui fixent des obligations de moyens au profit
d'outils de pilotage qui définissent des obligations de
résultats.4
1 Chevalier (J), « La gouvernance, un nouveau paradigme
étatique ? », RFAP, vol. 1, no 105-106, 2003, P.211.
2
www.larousse.fr.
3 Jennyah (R), Budget et plan, recherches des instruments
budgétaires d'exécution du plan : une approche du droit
économique. Thèse de droit public, Faculté du droit
et des sciences politiques et économiques de Tunis, Tunisie, 1982.
P.304.
4 Abate (B), « La réforme budgétaire et les
attentes de la nouvelle gestion publique », RFFP, N°77, Mars
2002, p61.
9
La gestion par objectif (GPO) est un processus qui sert
à mieux gérer les deniers publics par la rationalisation des
choix publics, mais pour garantir une bonne gestion des finances publiques, une
information financière et budgétaire fiable et exhaustive doit
être accessible et en temps opportun.
La GPO se base donc, sur deux éléments
fondamentaux de la bonne gouvernance à savoir : la transparence et la
performance de la gestion financière.
Par ailleurs, mise à part la volonté politique
qui cherche à s'aligner aux standards internationaux en matière
de finances publiques, la réforme budgétaire se présente
souvent, comme une nécessité et une solution pour une politique
budgétaire souvent caractérisée par la montée du
déficit public, l'absence de maîtrise des dépenses
publiques et l'inadaptation des cadres juridiques aux exigences
d'efficacité et de performance de l'action publique, etc.
A ce stade, un retour sur l'histoire de l'émergence de
la nouvelle gestion publique doit être évoqué.
En effet, c'est au lendemain de la seconde guerre mondiale,
que s'est développée aux Etats Unis et en Europe, une nouvelle
approche de la gestion publique basée sur trois piliers ;
efficacité, efficience et résultats, avec un souci
d'améliorer la qualité du service public rendu avec un moindre
coût selon une logique managériale et une rationalisation de
l'action publique.
Dans ce sens, l'administration publique était
appelée à améliorer ses performances et à mieux
utiliser les moyens mis à sa disposition. Antérieurement,
l'administration américaine avait utilisé des techniques
rationnelles. Ces techniques furent reprises sous le nom de planning,
programming budgeting system par le ministre de la défense, M. Robert
Mac-Namara en 1961.
En 1965, le président Johnson étendit
l'expérience à tous les départements civils. Ses
successeurs ont perfectionné le système qui prit le nom de
management by objectifs (MBO) sous Nixon et de zéro base budgeting (ZBB)
sous Carter.
La France paraissent dès 1970 a institué la
méthode Rationalisation des Choix Budgétaires (RCB ci
après) pour effectuer des choix rationnels concernant soit une partie de
ses activités soit la totalité de son budget (budget de
programme).
La méthode RCB s'est imposée en France, suite
aux pressions de plus en plus, fortes résultant de l'ampleur des besoins
et de la limitation des ressources qui ont conduit à se vouer à
l'exigence de rentabilité dont, l'ancien budget inadapté.
Cependant, la détermination des objectifs est une question très
délicate car, les résultats sont qualitatifs et ont des
répercussions multiples, ce qui les rend difficiles à
évaluer.
10
Même si cette méthode incite à la rigueur,
à la précision et la bonne évaluation des
décisions, elle permet une meilleure gestion du budget de l'Etat par une
meilleure allocation des ressources de l'Etat. On passe ainsi, d'une
autorisation de dépenser à une obligation de réaliser des
objectifs assignés et donc à une obligation de résultats.
Et ce n'est qu'avec la réforme budgétaire apportée par la
loi organique relative aux lois de finances du 1er aout 2001 en
France que la GBO prend plus de sens.
La nouvelle gestion publique a trouvé
également, son écho dans les pays maghrébins ; prenons
ainsi l'exemple, du Maroc qui a lancé dès 2001,
une réforme progressive de son cadre budgétaire.
Ladite réforme, s'insère dans un contexte
favorable pour consolider la bonne gouvernance et maintenir la stabilité
du cadre macro-économique par la maîtrise du déficit
budgétaire et de l'inflation afin de, promouvoir la croissance
économique et financière.
Renforcer l'efficacité de l'action publique et
accroître la performance en orientant le budget vers les résultats
telles sont les finalités de la reforme lancée en Maroc.
A cet effet, le gouvernement marocain a institué la
programmation pluriannuelle des dépenses c'est ainsi que, la circulaire
du premier ministre en date du 8 février 2007 a invité l'ensemble
des départements ministériels à procéder à
l'élaboration de Cadre de dépenses à moyen terme (CDMT) se
rapportent à leur secteurs d'activité et ce, pour les besoins de
préparation des projets de la loi de finances pour l'année 2008
ainsi, 14 départements ministériels ont élaboré
leur CDMT sectoriels5.
En outre, nous marquons également, le renforcement de
la transparence budgétaire à travers l'enrichissement des
documents budgétaires accompagnant la loi de finances, la
réduction du retard dans la préparation des lois de
règlements du budget de 7 à 2 ans, et la publication du
`budget citoyen' qui sert comme son nom l'indique à
présenter une information budgétaire assez simple et
compréhensible destinée aux citoyens (vulgarisation de
l'information budgétaire).
Le Maroc a réalisé des avancées
marquantes au niveau de la réforme budgétaire. Néanmoins,
la diffusion limitée de la culture de performance présente un
point de fragilité et donc, le chantier de réforme reste
inachevé à ce stade.
En Tunisie, La mise en place de la gestion budgétaire
par objectifs remonte en réalité à 1996 avec le
décret N°96-1236 autorisant les ministres à «
instituer des unités de gestion pour réaliser des projets
déterminés».
Ce dispositif a été utilisé pour la
création de différents équipements (construction d'un
barrage, d'un hôpital..), également en 2003 et notamment, avec le
décret du 24 novembre
5 Brahim Arjdal SYMPOSIUM INTERNATIONAL «
L'évolution du rôle des parlements dans le processus
budgétaire: Les expériences des pays UPCI et les États
membres de l'UE » Session trois - Table ronde II 23-25 Septembre 2010
Anemon Hôtel, Afyonkarahisar Maroc.Page7.
11
2003 qui a instauré au sein du ministère des
finances une unité chargée de préparer la GBO6
.
En 2004, le législateur a consacré dans la Loi
Organique du Budget (LOB) les bases de la nouvelle méthode de gestion.
En vertu de l'article 11 (nouveau) de la LOB 2004 qui prévoit que «
La loi de finances peut autoriser l'affectation des crédits selon
des programmes et des missions ».Cependant, cela ne signifie pas que
l'ancienne politique budgétaire tunisienne a été
menée sans objectifs.
L'article 1 de la LOB depuis 1967 est un exemple
édifiant à cet égard, ledit article dispose que : «
La loi des finances prévoit et autorise l'ensemble des charges et
des ressources de l'Etat dans le cadre des objectifs des plans de
développement ».
En 2008, un nouveau décret (Décret du 30
décembre août 2008) est venu renforcer le processus de
réforme avec la création des unités GBO dites
sectorielles7 limitée au début aux cinq
ministères8. Toutefois, la liste des ministères
concernés a été étendue9.
En outre, un comité interministériel pour la
coordination et la conduite du projet de réforme de la GBO a
été crée, il s'agit d'une instance présidée
par le Premier Ministre, en charge de suivre et promouvoir la réforme
dans la durée, et de prendre les décisions de mise en oeuvre.
6 Décret N°2003-2424 du 24 novembre 2003, portant
création d'une unité de gestion par objectifs pour la
réalisation du projet de réforme de la gestion du budget de
l'Etat et fixant son organisation et les modalités de son
fonctionnement, (JORT N°97/2003, p. 3527).
7 Décret n° 2008-4112 du 30 décembre 2008,
portant création d'une unité de gestion par objectifs pour la
réalisation du projet de réforme de la gestion du budget de
l'Etat et fixant son organisation et les modalités de son fonctionnement
(JORT N°4 du 13 janvier 2009 page 153).
8 Ministères de la 1 er vague :
Le Ministère de l'Agriculture, le Ministère de la
Santé Publique. le Ministère de l'Enseignement supérieur
et de la Recherche, le Ministère de l'Éducation nationale et le
Ministère de la Formation professionnelle et l'Emploi.
9 Ministères de la 2éme vague :
Ministère des finances. Ministère de l'industrie.
Ministère de
l'équipement.Ministère du transport.
Ministères de la 3éme vague
:
Ministère du domaine de l'état et des affaires
foncières.
Ministère des affaires de la femme.
Ministère du tourisme.
Ministère de la culture et de la conservation du
patrimoine.
Ministère de la planification et de la coopération
internationale.
Ministère du développement régional.
Ministère de l'environnement.
Ministère de la jeunesse et des sports.
Ministère des affaires sociales.
Ministère du commerce
Ministère des technologies de l'information et de la
communication
.
12
Cette instance permet également, de mobiliser les
ministres, les cadres centraux et déconcentrés des
ministères sur la consolidation de la dynamique de changement au sein de
leurs administrations, l'octroi des moyens et appuis techniques, la formation
des acteurs etc.
A la lumière de ce qui procède, nous remarquons
que la Tunisie a mis en place plusieurs dispositifs institutionnels et
opérationnels pour structurer la réforme de sa gestion publique.
Néanmoins, cette réforme a été critiquée en
raison de sa lenteur ;
« La Tunisie a adopté une approche
évolutive de la réforme avec le soutien de la Banque mondiale et
de l'Union européenne afin de, développer une réforme
financière et administrative spécifique à la Tunisie.
Ainsi, les idées analysées et débattues par les
fonctionnaires tunisiens, le sont à la lumière des
expériences internationales. Les modifications convenues sont ensuite
introduites de manière progressive et expérimentale, minimisant
les risques et autorisant les réajustements »10.
La réforme lancée n'a pas été
exclusive. En effet, l'article 11 précité de la LOB 2004 ouvre
seulement, la possibilité d'affecter les crédits autorisant les
dépenses selon des programmes et missions, ledit article n'exclut pas la
classification organique et classique des crédits qui
s'intéressent surtout, à la nature et au montant de la
dépense donc, basée sur une logique de moyens. Il nous semble
clair que, la Tunisie a fait une démarche progressive et lente. Mais,
qui convient aux mieux à ses capacités institutionnelles,
réglementaires et expérimentales de réforme.
L'implantation de la GBO traduit une volonté de la
part des pouvoirs publics de passer d'une gestion de moyens vers une gestion
axée sur les résultats et la performance notamment, de
l'administration publique tunisienne.
Dans ce cadre, plusieurs critiques ont été
souvent adressés au budget de moyens, puisque, ce dernier
n'établit pas un lien clair entre le budget et les politiques publiques,
caractérisées souvent, par une programmation budgétaire
à horizon annuel et un plan triennal limité aux dépenses
d'investissement, ce mode de gestion est lié par une nomenclature
budgétaire par nature des dépenses qui ne donne pas une
information lisible et exhaustive des destinations des crédits et des
objectifs poursuivis.
Par ailleurs, le contrôle à priori des
dépenses et même le contrôle à posteriori est un
contrôle ayant comme ultime but, de s'assurer de la
régularité sans se soucier de l'efficacité et l'efficience
des politiques mises en oeuvre.
Les débats actuels tournent autour du point de savoir
comment la GBO constitue-elle un levier contre ces incohérences du
budget de moyens ?
En effet, la GPO vise un nouveau mode de gestion, ce mode de
gestion nécessite un degré de transparence des dispositifs
financiers de l'Etat, dans le sens où, il permet la mise en place d'un
budget établi par programmes traduisant les politiques publiques avec
des indicateurs de performance permettant de mesurer la réalisation des
objectifs assignées et d'apprécier l'apport
présenté par les responsables des programmes, ces derniers sont
tenus de rendre compte non seulement, de l'emploi des ressources, mais aussi
des résultats de leurs services.
10
www.gbo.tn.
13
La GPO s'insère dans une perspective pluriannuelle
permettant d'assurer le suivi du budget en cours, le budget en
préparation et le budget futur. La programmation pluriannuelle assure
une lisibilité quant à la politique budgétaire
définie à court et à moyen terme.
Dans ce même sens, la nomenclature budgétaire
devait être matricielle et programmatique reprenant non seulement, la
nature mais surtout, la destination des dépenses par une
répartition des crédits par objectifs ainsi, le programme est
désormais, l'unité de spécialisations des
crédits
Actuellement, la GPO est au centre des débats dans le
monde, s'agissant d'un standard international en matière de la gestion
des finances publiques d'autant plus que, la GBO présente pour la
Tunisie une nécessité politique économique, sociale et
démocratique plus qu'un simple modèle international à
suivre. Tenant compte de la spécificité de notre pays qui doit
prendre en considération deux éléments contradictoires
à la fois ; les multiples revendications politiques, sociales et
économique soulevées notamment, après la révolution
tunisienne et les limites au niveau des ressources naturelles ainsi que, le
déficit budgétaire qui demeure toujours en croissance.
L'étude de la GPO a une double importance non
seulement pédagogique, mais aussi pratique liée à la
conjoncture politique, économique et sociale de la Tunisie ;
L'intérêt théorique d'étude de ce
sujet réside à démontrer la conception du cadre
budgétaire par objectifs.
Sur un plan pratique, cette étude met l'accent sur
l'esquisse de la réforme et impose la question de comment
l'améliorer.
De ce qui précède, nous pouvons
considérer que la réforme de la gestion budgétaire des
Etats est un processus à la fois ambitieux et complexe du fait qu'elle
exige un changement à la fois au niveau politique, juridique,
institutionnel et aussi culturel.
Suite à cette réflexion, il parait légitime
de poser la question suivante :
- Quelles sont les axes sur lesquelles
s'appuient les pouvoirs publics pour mettre en oeuvre la GBO?
Pour mettre en oeuvre le projet de la GBO, les pouvoirs
publics ont opté pour un processus de budgétisation axée
sur les résultats (première partie), afin de consacrer une
pratique budgétaire centrée sur la performance (deuxième
partie).
Première Partie. L'option pour un processus de
budgétisation axée sur les résultats :
La Tunisie a cherché à instituer le projet de
GBO, à travers l'amendement de la LOB en 13 mai 2004.
Ce choix de la GPO s'explique par, la volonté de
remédier aux insuffisances du système budgétaire actuel
caractérisé par le fait qu'il s'agit :
« ...d'un budget de moyens : le budget d'un
ministère ou d'un organisme administratif donné n'est pas une
prévision reliant chaque action entreprise à un ensemble de
coûts économiques,
Mais, simplement un recensement, en termes financiers des
divers moyens mise en oeuvre... »11.
En effet, il n'existe aucune définition
universellement reconnue de ce qui constitue exactement la budgétisation
axée sur les résultats (BAR ci-après). Néanmoins,
la BAR peut être définie selon le secrétaire
général des nations unies comme « (...) une
procédure budgétaire dans laquelle : a) la formulation des
programmes s'articule autour d'un ensemble d'objectifs prédéfinis
et de résultats escomptés; b) les ressources nécessaires
seraient déterminées à partir des résultats
escomptés, en fonction des produits requis pour obtenir ceux-ci; c) les
résultats obtenus seraient mesurés à l'aide d'indicateurs
objectifs ».12
Une autre définition utile, plus concise, a
été présentée au cours d'une réunion
d'information du Secrétariat des Nations Unies le 19 juillet 1999 :
« la BAR consiste à élaborer des budgets-programmes sur
la base d'un certain nombre de résultats souhaités qui sont
articulés dès le début du processus budgétaire et
par référence, auxquels les résultats effectivement
obtenus sont mesurés en fin d'exercice »13.
Selon les experts internationaux, un système de
gestion performante repose sur l'existence de six facteurs à savoir :
11 Kessler (Ph) et Texier (Fr), le budget de
programmes. Edition berger-levrault. Paris, 1973. P.19.
12 Rapport du conseil exécutif de l'Organisation des
nations unies pour l'éducation, la science et la culture
« Budgétisation axée sur les
résultats : expériences des organisations des nations unies
» Paris, 10 août 2000. P.10.
14
13 Ibid.
15
- Des objectifs clairs assignés à
l'organisation en cause ;
- Des indicateurs de performance,
associés à ces objectifs
- Un système d'information comptable sur
les résultats de l'action ;
- Des souplesses de gestion accordées
aux responsables de l'action (thème de la fongibilité des
crédits)
- Une procédure d'allocation des moyens
budgétaires fondée sur les résultats obtenus, des
contrôles responsables et adaptés.14
La réforme de la gestion publique est une tâche
ardue et complexe puisque, la notion de la GPO est structurée autour des
différents éléments qui s'imbriquent les uns aux autres,
ce qui nécessite la maîtrise de plusieurs techniques
financières et administratives.
D'ailleurs, la mise en oeuvre de GBO comporte plusieurs
thématiques (la nomenclature budgétaire, les cadres de
dépenses à moyen terme global et sectoriel, la modernisation des
contrôles, la démarche de performance, la réforme du cadre
réglementaire et législatif) complémentaires et plusieurs
étapes.
La GBO ne se résume pas en une simple innovation d'un
mode de gestion, mais, une réforme profonde et globale exigeant une
réadaptation du cadre institutionnel, opérationnel et juridique
pour être conforme à l'esprit de la nouvelle gestion publique
fondée sur une culture de performance.
Tous ces éléments expliquent la
complexité de la GBO sur le plan théorique et pratique.
D'ailleurs, la réforme de la gestion publique développée
un peu partout dans le monde est une réforme qualifiée souvent,
comme une réforme de `longue haleine et en perpétuelle
évolution'15.
Dans ce sens, la Tunisie a adopté une approche
graduelle pour la mise en place du système de gestion budgétaire
par objectifs afin de, mettre en place une réforme répondant aux
standards internationaux avec une adaptation spécifique à la
Tunisie ; à ses besoins et ses capacités.
La mise en place d'un tel système requiert des
préalables au premier rang desquels, on trouve l'introduction de
certaines modifications quant à la présentation,
préparation et exécution du budget, tout en l'adaptant aux
exigences de la GPO. Cela nécessitera par ailleurs, d'instituer une
budgétisation par programmes (chapitre premier) axée sur les
résultats, et de rénover la nomenclature budgétaire
(chapitre deuxième) afin de, garantir la lisibilité des comptes
publics ce, dans l'objectif de respecter les exigences du nouveau
système de gestion et renforcer la bonne gouvernance
budgétaire.
Chapitre premier/- La budgétisation par
programmes
14 OCDE, « Les traitements du privé pour le public
», éditions OCDE, Paris 1993. P.13.
15 Khochtali (A), « Budgétisation et
gouvernance publique transparente en Tunisie » in colloque
international `5ème Réunion annuelle des hauts responsables du
budget des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord' organisé par
l'OCDE et l'Ecole Nationale des Finances sous l'intitulé le 15 et
16 novembre 2012.
16
« Le passage d'une logique de moyens à une
logique de résultats se manifeste par l'abandon de la
budgétisation par postes de dépenses, matérialisés
par des chapitres budgétaires, pour faire place à une
budgétisation par programmes»16.
Une budgétisation par programmes correspond à
une présentation par programmes traduisant les politiques publiques,
mais aussi un mode d'affectation des crédits lié aux coûts
de la politique publique par rapport aux objectifs et aux résultats
escomptés.
Ce nouveau mode de budgétisation présente un
processus en cours d'élaboration au niveau du cadre budgétaire
tunisien nécessite une segmentation des politiques publiques tout en
identifiant clairement la destination précise des crédits et en
faisant le découpage des actions entreprises conformément,
à la politique publique définie.
Ce mode de budgétisation permet de faire un lien
interactif entre l'allocation et les résultats recherchés par les
politiques menées.
Pour être conforme à l'esprit de ce nouveau
système, la programmation budgétaire doit être
stratégique (Section1) dans le sens où, elle doit traduire la
stratégie et la politique publique choisie par le gouvernement.
Toutefois, on ne peut pas mesurer les résultats des objectifs
assignés sans le recours à des indicateurs de performance
(section 2), clé de voûte d'une budgétisation par
programmes.
Ainsi, selon le témoignage de Gérard Braun :
« La plupart des grands pays industrialisés ont
profondément réformé leur procédure
budgétaire et leurs méthodes comptables au cours des
dernières années. Ces réformes ont
généralement visé à mettre en place des budgets
axés non plus seulement sur les moyens,(...), mais surtout sur des
objectifs qu'il s'agit d'évaluer grâce à des indicateurs de
résultats pertinents »17.
Section 1. La programmation budgétaire
stratégique :
La Tunisie s'est engagée dans la transformation de son
cadre de gestion budgétaire, afin de développer une approche
budgétaire axée sur les résultats, désignée
sous la bannière de la GBO. La nouvelle gestion publique implique de
placer le budget dans une perspective pluriannuelle.
La technique de la pluri-annualité crée un cadre
budgétaire propice à la bonne gouvernance ;
La pluri- annualité exige que le gouvernement indique
clairement ses priorités à moyen terme. Avec cette
démarche, il est plus difficile pour un gouvernement d'échapper
à ses engagements puisque, il est tenu de faire face aux coûts de
ses engagements.
16 Catteau (D), La LOLF et la modernisation de la gestion
publique, édition Dalloz, France, 2008. P.35.
17 BRAUN (G), Rapport d'information intitulé,
fait au nom de la commission des finances, « Etude comparative portant sur
la réforme de l'Etat à l'étranger », n°348
(2000-2001).
www.sénat.fr. (Page
consultée le 23/06/2013).
17
La règle de la pluri-annualité permet une
maîtrise des dépenses publiques puisque, elle institue
l'établissement des projections de différentes dépenses du
budget et renforce la pérennité des politiques publiques et une
meilleure allocation des ressources.
« .. La pluriannualité facilite la mise en
place de réformes structurelles et la réalisation
d'économies. La fixation de plafonds pluriannuels pour chaque
ministère :
- Clarifie le volume des
économies exigés sur les trois années à venir
;
- Exige la mise en place de
réformes durables au lieu de mesures d'austérités
provisoires ... »18, écrit Richard HUGUES.
Pour mieux cerner la question d'une programmation
budgétaire à moyen terme, il convient tout d'abord de
s'arrêter aux exigences de cette programmation (§1er)
afin de, relever les instruments de sa mise en oeuvre
(§2ème).
Premier paragraphe/- Les exigences d'une
programmation budgétaire à moyen terme :
La programmation budgétaire à moyen terme met
en cause, le principe de l'annualité budgétaire (A) «
dans la mesure où, elle constitue la seule technique qui confère
à certaines prévisions et autorisations budgétaires une
dimension pluriannuelle. Du fait de la programmation des dépenses, le
budget perd, du moins en partie son caractère annuel
»19.
Au surplus, la programmation budgétaire à moyen
terme est liée par une procédure précise qui doit
être respectée (B).
A- L'infléchissement du principe d'annualité
:
Le principe de l'annualité signifie que,
l'autorisation de percevoir les ressources et de réaliser les
dépenses, donnée par la loi de finances, n'est valable que pour
une année.
L'article 1er de la loi n° 67-53 du décembre 1967
portant LOB dispose que :
« La loi de finances prévoit et autorise,
pour chaque année, l'ensemble des charges et des ressources de l'Etat
».
Et l'article 2 du même texte ajoute que : «
L'année budgétaire commence le 1er janvier et se termine le
31 décembre».
Le principe d'annualité budgétaire est un
principe simple à comprendre théoriquement. Mais, contraignant au
niveau de la pratique.
18 Huges (R ), « Le budget pluriannuel au Royaume-Uni
» in `La bonne gouvernance des finances publiques dans le monde'
(S. dir Michel Bouvier), édition LGDJ. France. 2010. P.229.
19 Chelli (S), « Programmation des dépenses
d'investissement et annualité budgétaire », RTD.
1982. P.432.
18
Dans ce sens, le professeur Ahmed Essoussi à
estimé que : « Le principe d'annualité représente
un cadre étroit et par trop rigide »20 notamment,
en ce qui concerne les dépenses ;
«...Pour les dépenses, la situation est (...)
complexe puisque, celles-ci présentent des périodicités
diverses allant d'un jour jusqu'à plusieurs années. Il a donc
été nécessaire de prévoir des dérogations
autorisant la souplesse nécessaire de à l'accomplissement des
opérations budgétaires...»21.
Une application stricte du principe d'annualité
budgétaire suppose que, tout crédit prévu au budget d'un
exercice soit utilisé lors de l'exécution de ce budget, ou,
à défaut, il fait l'objet d'une annulation. Cela interdit toute
faculté de report consistant à renvoyer sur l'exercice suivant le
crédit budgétaire qui n'aurait pas été
dépensé.
Cette règle renvoie à un système
précis d'exécution des opérations financières de
l'Etat ; des établissements publics dotés d'un budget
rattaché pour ordre au budget de l'Etat et des fonds spéciaux du
trésor qui est le système de la gestion consacré par
l'article 44 de la LOB.
L'exécution de la loi de finances doit être
réalisée dans l'année civile administrative,
c'est-à-dire entre le 1er janvier et le 31 décembre
date à laquelle les crédits non utilisés sont
annulés. A contrario, la règle de l'annualité interdit
d'inscrire dans la loi de finances des autorisations budgétaires portant
sur plusieurs années hormis, les exceptions prévues par la
loi.
A la lumière des contraintes que suscite le principe
d'annualité, une exigence d'infléchissement dudit, principe s'est
présentée avec acuité particulière au niveau de la
pratique.
En pratique, le cadre annuel du budget a été
assoupli et dans certains cas de figure, il a même été
écarté ; en effet, le législateur a admis son
dépassement dans le cadre de la comptabilisation annuelle des recettes
et des dépenses de gestion et dans le cadre des dépenses de
développement ;
La comptabilisation annuelle des recettes et des
dépenses qui permet de clôturer l'année budgétaire
et de préparer la loi de règlement du budget de l'Etat se fait
donc, selon le système de la gestion22.
Celui-ci consiste à ne comptabiliser que les recettes
et les dépenses effectivement encaissée et payées à
la date du 31 décembre.
Dans le même sens, l'article 3 du code de la
comptabilité publique (CCP ci-après) apporte une analyse
détaillée quant au fonctionnement du système de la
gestion, puisqu'il précise que:
20 ESSOUSSI (A), Finances publiques, édition
Latrach, Tunisie. 2013. P.51.
21 Ibid.
22 L'autre système d'exécution du budget est le
système de l'exercice qui consiste à comptabiliser toutes les
recettes et les dépenses autorisées par la loi de finances
quelque soit la date du paiement ou de l'encaissement.
19
« Les opérations financières de l'Etat
... (des établissements publics, des collectivités publiques
locales et organismes assimilés) ... sont exécutées dans
le cadre du système de la gestion. Sont seules considérées
comme appartenant à la gestion et au budget correspondant, les recettes
encaissées et les dépenses ordonnancées dans les douze
(12) mois de l'année budgétaire ....»
Dans ce même cadre, L'article 89 du CCP précise que
:
« Les engagements de dépenses s'imputent sur
les crédits du budget de l'année en cours (...) et que (...)
l'exécution des dépenses courantes doit se faire au plus tard le
31 décembre de la même année ».
Enfin, l'article 92 du CCP prévoit que : «
Les engagements dont l'exécution prévue pour le 31
décembre au plus tard n'a pu intervenir à cette date, ou dont,
l'ordonnancement n'a pu être effectué avant la clôture de la
gestion, sont annulés. Les dépenses correspondantes peuvent faire
l'objet d'un nouvel engagement sur les crédits ouverts pour les
mêmes services au budget de l'année suivante.»
D'après toutes ces dispositions, il résulte que
le système applicable est celui de la gestion, qui désigne que
:
· Les opérations financières de l'Etat
doivent être, réalisées entre le 1er janvier et le 31
décembre ;
· Les crédits non utilisés sont
annulés le 31 décembre. ;
· Les dépenses déjà engagées
mais, non achevées au 31 décembre, ne peuvent pas être
réalisées et sont annulées (à charge du vote de
nouveaux crédits pour l'année suivante)23.
En Tunisie, le législateur a choisi le système
de la gestion tout en introduisant un certain nombre d'aménagements
permettant de prolonger l'année civile de vingt jours pour prolonger le
délai d'exécution de la loi de finances.
Par ailleurs, l'Etat appelé à réaliser
des programmes de développement et des dépenses d'investissement
qui, par nature, ne peuvent s'inscrire dans le cadre limité d'une
année ce qui porte atteinte au principe de l'annualité. Il a
fallu chercher un équilibre entre deux objectifs contradictoires : la
nécessité politique du contrôle annuel du parlement et la
nécessité économique de l'investissement à long
terme. Le législateur a mis en oeuvre des outils juridiques qui
réalisent cette conciliation.
Dans les articles 13 et 14 de la LOB, il fait la distinction
entre l'autorisation des crédits de programmes qui concerne une
opération dans son ensemble et qui est valable sans limitation de
durée et l'autorisation des crédits de paiement qui intervient
chaque année pour l'ensemble des crédits effectivement
réalisés au cours de l'année et qui sont inscrits dans la
loi de finances (LF). Et les crédits d'engagement, qui constituent la
somme maximale des crédits autorisés par loi de finances pour
l'exécution annuel du projet (estimation annuelle).
Le principe d'annualité a connu plusieurs
dérogations ; il s'agit de la pratique de plus en plus, répandue
des reports de crédits. Il s'agit de permettre à un crédit
budgétaire non consommé au
23 Chikhaoui (L), Cours des finances publiques, ENA.
Tunisie. P. 24. (Disponible sur le site :
www.ena.tn)
20
titre d'un exercice et qui devrait donc, être
annulé d'être ouvert à nouveau au titre de l'année
budgétaire suivante selon une procédure simplifiée.
Ainsi, les excédents des fonds du trésor sont
reportables d'année en année indique l'article 21 de la LOB, cet
assouplissement se situe dans le cadre de la nouvelle gestion publique qui vise
à responsabiliser les gestionnaires en raccordant la possibilité
d'atteindre les objectifs voulus en contrepartie, d'une certaine souplesse des
règles d'exécution.
La budgétisation par programme implique de placer le
budget de l'Etat dans une perspective pluriannuelle. Une telle perspective
suppose l'infléchissement du principe d'annualité, mais
également le respect de la procédure du cadre de dépenses
à moyen terme.
Ce mode de budgétisation permet de donner un nouvel
élan à l'action publique basé sur les priorités
stratégiques du gouvernement, la programmation pluriannuelle se
présente ainsi comme la claire expression des choix budgétaires
de l'Etat.
B- Le respect de la procédure du
Cadre des Dépenses à Moyen Terme :
Le CDMT se passe par une procédure dite, de
budgétisation en deux temps (Voir annexe n°1) composée de
deux phases selon le schéma directeur pour le développement d'une
gestion budgétaire par objectifs en Tunisie : une phase de cadrage et
une phase de préparation des prévisions budgétaires.
La phase de cadrage visant à tracer la politique
budgétaire afin d'assurer, le lien entre les objectifs visés et
le budget de l'Etat.
La phase de cadrage est basée sur la préparation
d'un TOFE prévisionnel et un CDMT global. Par ailleurs, un schéma
de référence d'application de la procédure CDMT peut
être tracé « Préalablement à
l'établissement de ce cadrage, et pour lui fournir des
éléments, les ministères sectoriels préparent dans
certains pays des CDMT sectoriels initiaux comprenant: la mise à jour
technique des CDMT préparés l'année
précédente, sans accroissement de leur enveloppe
financière, cette mise à jour donnant les dépenses de
référence mentionnées ci-dessus et
présentées de manière clairement séparée de
ces CDMT mis à jour, des propositions d'initiatives nouvelles
»24.
En ce qui concerne, la deuxième phase qui est la phase
de préparation des prévisions budgétaire, celle-ci
comportant les arbitrages inter-sectoriels qui sont effectués par les
ministères sectoriels sous l'approbation du ministre des finances tout
en respectant les plafonds des dépenses déterminées dans
la phase de cadrage25.
Il revient également, au ministre des finances de
vérifier la cohérence de propositions sectorielles par rapport
aux plafonds des dépenses et les objectifs stratégiques
assignées dans le plan du développement ainsi que, les autres
documents stratégiques.
24 Schéma directeur pour le développement d'une
gestion budgétaire par objectifs en Tunisie, Banque mondiale Mars2009.
Tunisie. P.12.
25 Ibid.
21
L'introduction de la pluri-annualité dans la
procédure budgétaire constitue une étape nécessaire
pour l'approfondissement d'une gestion publique axée sur les
résultats.
La question qui se pose, à cet égard, est de
savoir : quels sont les instruments d'une programmation budgétaire
pluriannuelle ?
Deuxième paragraphe/- Les instruments de
programmation budgétaire à moyen terme :
Il s'agit d'inscrire le budget dans un cadre pluriannuel
permettant d'assurer le suivi entre le budget en cours, le budget en
préparation et les budgets futurs de manière à assurer une
certaine continuité financière.
Cette planification glissante peut prendre la forme d'un Cadre
de Dépense à Moyen Terme (CDMT) généralement
triennal qui est d'ailleurs, en cours d'élaboration en Tunisie en vue de
GPO26.
Les instruments de programmation budgétaire à
moyen terme se résument à la préparation d'un cadre
macro-économique à moyen terme (A) et un Tableau des
Opérations Financières de l'Etat (TOFE) prévisionnel
(B).
A- La préparation d'un cadre macro-économique
à moyen terme :
Le budget est par définition l'ensemble des documents
votées par le parlement qui prévoit et autorise les ressources et
les charges de l'Etat pour chaque année (Article 1 de la LOB).
Toutefois, le budget ne doit pas être résumé à un
simple acte technique de prévision et d'autorisation annuelle. Mais, il
doit répondre aux stratégies et politique budgétaire
suivie en tenant compte de la conjoncture économique du pays (harmonie
entre budget et plan du développement), C'est ainsi que, la
préparation d'un cadre macroéconomique à moyen terme est
l'un des instruments de programmation budgétaire à moyen
terme.
En effet, «...un cadre macroéconomique
à moyen terme comprend une projection des principaux comptes
macroéconomiques, dont notamment ; l'équilibre entre les emplois
et les ressources du marché des biens et services (PIB, consommation,
investissement national brut, importations et exportations); la situation
monétaire; la balance des paiements (importation, exportations,
mouvement des capitaux, etc.); les opérations financières de
l'Etat qui sont présentées dans un tableau des opérations
financières de l'Etat (TOFE) prévisionnel
»27.
Le CDMT présente, par rapport au budget, les
caractéristiques suivantes :
26 Union Européenne - Banque Mondiale - Banque Africaine
de développement ; Performance de la gestion des finances publiques en
Tunisie, Rapport Final, Juin 2011
22
- il n'est pas contraint par les normes de
présentation du budget ; il est souvent moins détaillé que
le budget ;
- Il est pluriannuel,
- Il permet, au cours de la
procédure budgétaire d'assurer que le budget de l'année et
les budgets suivants respecteront un certain nombre d'exigences :
- La soutenabilité au regard
des évolutions macro-économiques ;
- Le respect, au niveau de
l'allocation intersectorielle, de la stratégie du gouvernement ;
- La crédibilité
vis-à-vis des gestionnaires qui disposent de possibilités de
gestion à moyen terme28.
Le CDMT vise à faciliter la programmation des
politiques publiques. Les dépenses doivent être projetées
ensemble. Les projections de dépense du CDMT sont établies selon
un cadre pluriannuel allant de trois à quatre ans. Un horizon plus court
est souvent insuffisant pour estimer l'impact budgétaire futur des
programmes budgétisés.
Il convient de souligner que, « la préparation
d'un CDMT ne se substitue ni au plan de développement économique
et social, ni au budget annuel. Il vise à établir le lien entre,
d'une part, les objectifs stratégiques et le Plan et, d'autre part, le
budget annuel en définissant le cheminement pour l'atteinte de ces
objectifs et en encadrant les adaptations du budget requises pour la mise en
oeuvre des actions retenues »29.
La programmation budgétaire à moyen terme
nécessite la préparation d'un cadre macroéconomique
à moyen terme qui permet de prendre en considération les
circonstances économiques et financières (la situation
monétaire, la balance de paiement, les opérations
financières de l'Etat qui sont présentées dans un TOFE
prévisionnel etc.) ce tout au long du cycle de préparation du
budget.
Par ailleurs, Le développement d'une approche
budgétaire pluriannuelle est un élément important d'une
budgétisation basée sur les politiques publiques. Une telle
approche peut faciliter le suivi de la performance, en donnant un cadre pour le
suivi du progrès réalisé. Son développement a
été engagé avec l'élaboration du (CDMT)
»30.
La Tunisie dispose d'un certain nombre de documents de
planification à moyen et à long terme. Dans ce sens, le plan
2007-2011, a été révisé selon le nouveau cadre du
plan glissant, il présente les objectifs de développement ainsi
que, les politiques et les réformes prévues durant le
quinquennat. Il comporte trois parties :
27 Guide méthodologique du Cadre de Dépenses
à Moyen Terme, Union Européenne- République Tunisienne,
Decembre2009. P.5.
28
www.gbo.tn
29 Guide méthodologique du Cadre de Dépenses
à Moyen Terme de l'Union Européenne- Tunisie. Décembre
2009. P.4
30 Guide méthodologique du Cadre de Dépenses
à Moyen Terme de l'Union Européenne- Tunisie. Décembre
2009. P.2
23
a) Les orientations et priorités et le rythme
prévu de développement durant le quinquennat 2007-2011
b) Le contenu sectoriel du plan qui comprend les objectifs,
les politiques, les programmes et les projets à mettre en
exécution dans tous les secteurs ;
c) Le contenu régional du plan, comprenant les
orientations générales et les politiques en matière de
développement régional ainsi que les stratégies et
programmes de développement régionaux.
En effet, des évaluations à mi-parcours ont
été réalisés en 2009, afin d'actualiser le
XIème plan de développement ainsi que, le budget
économique pour l'an 2013 préparé en décembre 2012
par le ministre du développement régional et de la planification.
Le budget économique traduit une volonté politique d'avancer au
niveau du projet de réforme de la gestion publique conformément,
aux principes de la bonne gouvernance afin de, moderniser la gestion publique
et améliorer la qualité du service public rendu.
En perspective, le processus engagé pour
l'élaboration d'un CDMT global est de nature à renforcer le lien
entre le Plan et le Budget ainsi que, le processus d'allocations
budgétaires. Il devrait permettre le cadrage des CDMT sectoriels en
cours de développement, notamment, dans le cadre des expériences
pilotes de la réforme GBO.
La préparation d'un cadre macro-économique est
un instrument indispensable pour la programmation budgétaire à
moyen terme. Néanmoins, cet instrument ne peut être utile qu'avec
l'existence d'un tableau des opérations financières de l'Etat
(TOFE).
B- Le Tableau des Opérations Financières de
l'Etat prévisionnel:
Le TOFE contient les prévisions des recettes et des
dépenses par nature économique, il est souvent pluriannuel et
régulièrement actualisé au cours de préparation du
budget afin de tracer une vision globale et claire de la conjoncture
économique du pays.
Le TOFE est préparé par la direction
générale des ressources et des équilibres (DGRE) du MF en
coordination avec le ministère du Développement et de la
Coopération internationale (MDCI), qui est responsable de la
préparation des projections macro-économiques31.
La détermination de la politique budgétaire
globale ne peut pas être limitée aux seules projections du TOFE
par conséquent, le TOFE doit être accompagné par des
études analytiques. (Analyse de risque en cas de retournement des
passifs éventuels etc.)
Assurer la discipline financière globale, telle est la
finalité du TOFE, ce dernier doit être basé sur des
prévisions réalistes et en temps utile. Toutefois, pour des
questions de délai de disponibilité des données et pour
concentrer les efforts sur l'essentiel, dans un premier temps,
31 Guide méthodologique du Cadre de Dépenses
à Moyen Terme de l'Union Européenne- Tunisie. Décembre
2009. P.5
24
le TOFE qui sera préparé dans le cadre de
l'exercice CDMT sera limité à l'administration publique centrale,
hors caisses de sécurité sociale et hors certains
établissements administratifs32.
La GBO s'intègre dans une perspective pluriannuelle
reflétant la politique publique définie et les priorités
stratégiques du gouvernement. Ces objectifs feront par la suite l'objet
d'évaluations à travers, la présentation des indicateurs
permettront de mesurer la réalisation des objectifs assignés.
Section deuxième. La présentation
nécessaire des indicateurs de performance :
La GPO vise essentiellement à assurer l'efficience
requise dans l'exécution des différents programmes publics en
utilisant des techniques modernes de placement des ressources dans des projets
précis.
La Tunisie à innové un mode de
budgétisation par programmes avec la réforme de la LOB du 13 mai
2004 en se référent à l'article 11 de la LOB
précitée qui prévoit que « la loi de finances
peut autoriser l'affectation des crédits selon des programmes et des
missions.. ».
En effet, la budgétisation par programmes regroupe des
crédits alloués par le ministère selon les programmes
publics. Le programme regroupe un ensemble d'activités qui
répondent à des objectifs et des orientations établis par
le gouvernement et le ministère, les résultats de ces programmes
qui peuvent s'étaler sur plusieurs années feront l'objet
d'évaluation selon des indicateurs objectifs.
En tout état de cause, il faut procéder à
une identification (§1er) et au meilleur choix des indicateurs
(§2ème), afin de garantir une évaluation fiable des
politiques publiques.
Premier Paragraphe/- L'identification des indicateurs
de performance :
La mesure de la performance sert à renseigner sur
l'efficacité de l'action publique et la pertinence des choix de gestion.
Dans ce cadre, les indicateurs constituent l'indispensable outil de
détermination des politiques publiques. Il convient à cet
égard, d'étudier au préalable la typologie des indicateurs
(A) afin d'aborder l'importance (B) de ceux-ci.
A- La typologie des indicateurs :
Il convient de signaler qu'il y a plusieurs types d'indicateurs,
nous citons à titre indicatif ;
32 Guide méthodologique du Cadre de Dépenses
à Moyen Terme de l'Union Européenne- Tunisie. Décembre
2009. P.6.
25
Les indicateurs d'efficience relèvent un souci de
mesurer la bonne utilisation des moyens par rapport aux résultats
obtenus33.
Les indicateurs d'efficacité servent à
apprécier l'impact des actions sur la société compte tenu
des objectifs visés et des moyens consommées34
;
Et les « ...indicateurs de l'impact qui montrent
l'impact du programme et qui montrent les conséquences de son
exécution »35 etc.
En Tunisie, les indicateurs de performance sont
regroupés dans des projets annuels de performance (PAP) associés
à chaque programme et annexés au projet de loi de finances sur
lesquels les gestionnaires s'engagent à rendre compte. Les gestionnaires
peuvent à cet égard présenter des propositions en vue
d'améliorer et développer la performance pour chaque
programme.
Le PAP est préparé par chaque ministère.
La présentation du PAP suit un découpage de l'activité du
ministère par programmes, avec les objectifs et les indicateurs de
performance correspondants à chaque programme ;
Le PAP consolidé par ministère peut, être
accompagné, d'une présentation des orientations
stratégiques du ministère, décrivant brièvement,
les politiques publiques dont, le ministère a la charge. Pour chacune
d'elles, une présentation de la stratégie du ministère,
structurée autour des principales orientations retenues, peut être
faite. Enoncée en termes clairs et concis, celle-ci doit être
suffisamment argumentée, s'appuyer sur un diagnostic solide, rappelant
les éléments de contexte, les marges de manoeuvres disponibles,
et les attentes qui en découlent pour les usagers. Il s'agit d'une
courte introduction à la présentation des PAP par
programme36.
Ces projets et mêmes les rapports de suivi de la
performance par ministère et programme doivent être produits,
largement diffusés et audités.
En Tunisie, les cinq ministères pilotes de la
première vague, concernés par la mise en place d'une GPO, ont
présenté des rapports annuels de performances relatifs au budget
de 2011.
Le rapport annuel de performance (RAP) est annexé
à la loi clôturant le budget et présenté selon la
même démarche suivie pour la présentation du projet annuel
de performance dans l'objectif de faire une comparaison entre les deux
documents (le rapport et le projet annuel de performance).
Après avoir élaboré, à titre
indicatif la typologie des indicateurs en quoi consiste l'importance de ceux-ci
au sein de la nouvelle gestion publique ?
33 Poli (R), « les indicateurs de performance de la
dépense publique », RFFP, N°82-2003.P.111.
34 Ibid. P.111.
35 Dunand (Ph) et Greffe (X), Problèmes
budgétaires contemporains, édition Presses Universitaire de
France. Paris 1970. P.166.
36 Guide méthodologique de l'Union Européenne,
'suivi de la performance et choix des indicateur' décembre 2009.
Tunisie. P.18.
26
B-L'importance des indicateurs de performance :
Un indicateur peut être défini comme la «
représentation chiffrée qui mesure la réalisation d'un
objectif et permet d'apprécier le plus objectivement possible l'atteinte
d'une performance. Le tableau chronologique relatif à un indicateur
permet de représenter les réalisations des années
passées et les cibles que le responsable de programme vise pour
l'année en cours et pour les années de projection
»37.
Dans ce sens, l'article 51 de la LOLF française
précise que la présentation des actions de l'Etat est faite au
regard « des coûts associés, des objectifs poursuivis,
des résultats obtenus et attendus pour les années à venir
mesurés au moyen d'indicateurs précis dont, le choix est
justifié ».
La quête d'une cohérence entre les objectifs
escomptés et les moyens déployés exige une extrême
rigueur dans la mise en oeuvre des indicateurs.
L'indicateur de performance permet une évaluation
précise des politiques publiques mises en oeuvre après la mise en
place des programmes. Bien entendu, ces indicateurs doivent être
établis avant l'exécution des programmes.
Toute administration ou responsable a besoin d'indicateurs lui
permettant de suivre ses objectifs. Ces indicateurs présentent une
grande utilité car, ils permettent une bonne appréhension des
résultats attendus et impliquant une gestion performante des
responsables en facilitant la prise de bonne décision en temps
opportun.
Autrement dit, les indicateurs de performance fournissent au
gestionnaire des éléments pour améliorer sa gestion.
Les indicateurs de performances constituent un outil de
gestion axée sur les résultats, ces derniers constituent des
éléments fondamentaux à prendre en considération et
à bien les choisir prenons par exemple, le nombre d'heures de travail
dans un service est bien moins significatif que le nombre de dossiers
traités38.
Par conséquent, la simple présence des
indicateurs ne préserve pas son utilité et donc, une importance
doit être accordée au choix des indicateurs
Deuxième Paragraphe/- Le choix des indicateurs
:
Les indicateurs doivent répondre à plusieurs
caractéristiques et présenter un nombre de qualités (A)
fixées par le guide méthodologique de la performance. En tenant
en compte la difficulté d'établir des indicateurs (B).
A- Les qualités des
indicateurs :
37 Guide méthodologique de l'Union Européenne,
'suivi de la performance et choix des indicateur' décembre 2009.
Tunisie. P.7-8
38 Mas (F), Gestion privé pour service publics :
Manager l'administration. Inter éditions. Paris, 1990. P.129.
27
Les indicateurs doivent être pertinents, pratiques et
quantifiables ;
L'indicateur doit être pertinent c'est-à-dire, il
doit être spécifique avec l'objectif escompté et
présenter une information précise et substantielle du
résultat attendu.
L'indicateur doit être pratique et compréhensible
autrement dit, lisible et peut être compris par tous (le gouvernement le
parlement les gestionnaires et le citoyen) en tenant compte des non
spécialistes.
L'indicateur doit être aussi quantifiable et non pas
qualitatif. Cela désigne que l'indicateur doit être
chiffré, fiable et vérifiable ; « Un indicateur ne doit
pas être manipulable. Pour cela, il doit être bien défini.
Sa méthodologie de construction et de production doit être
clairement énoncée, et connue de tous, de manière à
pouvoir l'analyser et l'interpréter en toute connaissance de cause.
Chaque indicateur doit être soigneusement documenté, et faire
l'objet d'une fiche signalétique explicitant ses conditions
d'élaboration »39.
En Tunisie, le protocole d'expérimentation pour le
système de la gestion budgétaire par objectifs a prévu
d'établir des indicateurs de performance, ces derniers présentent
« un apport ne se limite pas seulement à produire une
information chiffrée sur le niveau des réalisations et la
qualité des services rendus mais également à fournir les
informations nécessaires pour la préparation des programmes
annexées au budget de l'Etat »40.
Le choix d'indicateur doit être tout simplement
approprié aux objectifs fixés.
Il faut garder à l'esprit que la mise en place des
indicateurs comportant ces critères est une tâche complexe car,
elle repose sur de nombreux éléments interactifs difficiles
à maîtriser ce qui justifie, la difficulté d'établir
des indicateurs.
B- La difficulté d'établir des indicateurs de
performance :
La Tunisie a aujourd'hui atteint un premier palier dans la
réforme GBO notamment, au niveau des indicateurs de performance, c'est
ainsi que cinq ministères41 de la première vague ont
produit des indicateurs de performance dans la présentation et la
préparation de leurs budgets. Toutefois, un chantier reste à
entamé et il est nécessaire à ce stade de se
référer aux expériences étrangères en la
matière pour surmonter la difficulté d'établir des
indicateurs de performance.
La France a connu cette difficulté au niveau de la loi de
finances pour 2006.
39 Mas (F), Op, cit. P.18.
40 Ayari (M), La bonne gouvernance financière,
mémoire en vue de l'obtention du mastère en droit public et
financier, Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales.
Tunis, 2006-2007. P.92.
41 Le Ministère de l'Agriculture, le Ministère de
la Santé Publique. Le Ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Recherche, le Ministère de l'Éducation
nationale et le Ministère de la Formation professionnelle et
l'Emploi.
28
En effet, « ... plusieurs problèmes peuvent
être relevés. Parfois les objectifs apparaissent trop ambitieux ou
en décalage avec le contenu du programme, plus encore, ils sont dans
certains cas, identiques pour plusieurs programmes ce qui nécessite une
coordination. La mission du
comité interministériel d'audit des
programmes (CIAP) avait relevé certains incohérences dans le
choix des incitateurs »42.
Un autre problème au niveau de mesure de la performance
s'est posé et il est relatif au nombre élevé des
indicateurs qui risque de diminuer la valeur de ces indicateurs.
Il convient à cet égard, d'évoquer les
difficultés souvent rencontrées lors du choix des indicateurs. La
plus grande inquiétude face aux indicateurs concerne la facilité
de compression ou la complexité et la fiabilité discutable des
indicateurs ;
Les indicateurs peuvent être incompréhensibles et
enfermés dans « un vocabulaire d'inspiration purement
technocratique »43, ce qui peut remettre en question leur
utilité.
Un autre problème, qui peut être
évoqué, concerne l'indisponibilité des indicateurs.
Autrement dit, les indicateurs en construction ou non encore
préparés.
En France, « l'examen des avant PAP permet de constater
que de nombreux indicateurs proposés par les ministères ne
peuvent à ce jour être renseignés (64% selon la direction
de la réforme budgétaire) »44.
A titre d'exemple, « L'évolution des
indicateurs de moyens ou d'activité ne renseigne pas, par
définition, sur la manière plus ou moins optimale dont, les
services gèrent l'argent public, mais uniquement sur le volume des
crédits qui leur sont attribués et le niveau d'activités
que ceux-ci permettent. Ce type d'indicateurs doit impérativement
être écarté, car il est susceptible de cautionner des
logiques de consommation de crédits tout à fait négatives
pour les finances publiques, en contradiction totale avec les effets globaux
vertueux recherchés par les concepteurs de la LOLF
»45.
A la lumière de ce qui procède, la GBO combine un
système de budgétisation par programme juxtaposé par des
indicateurs de performance substituant une logique de résultats à
une logique de moyens. Toutefois, le passage d'un budget de moyen à un
budget de résultat exige une transparence des dispositifs financiers.
Pour réaliser cette exigence une rénovation au
niveau de la nomenclature budgétaire semble être nécessaire
pour améliorer la lisibilité des comptes publics.
Chapitre deuxième /- La rénovation de la
nomenclature budgétaire :
42 Pariente (A) et Coulibaly (A-S) « Programmes et mesure de
la performance en France et dans les pays africains », RFFP,
N°98-juin 2007. P.40.
43 Catteau (D), Op, cit. P.154.
44 Bouvard (M), Migaud (D), Courson (C ) et Brard (J-P). Rapport
d'information sur la mise en oeuvre de la loi organique n°2001-692 du
1er août 2001 relative aux lois de finances, (disponible
sur
www.assemblée-nationale.fr).
(Page consultée le 23/06/2013).
45 Ibid .
29
L'autorisation budgétaire n'est pas une autorisation
pour exécuter des recettes et des dépenses dans leur
globalité. Il ne s'agit pas de donner au gouvernement un chèque
en blanc sans savoir qu'elle est l'origine de ses ressources et la destination
de ses dépenses conformément, au principe de
spécialité qui se fonde sur la nomenclature
budgétaire46.
La signification même du principe de
spécialité est de permettre aux parlementaires de connaître
l'origine de chaque recette et la destination de chaque dépense.
« Plus précisément, la
spécialité concerne principalement les dépenses, qui sont
ventilées de la manière la plus précise possible afin
d'éviter les risques d'abus, de gaspillage ou des constitutions de
`caisses noires' »47.
La transparence du budget de l'Etat et plus
précisément, la lisibilité des comptes publics a toujours
été une condition inhérente à la mission de
contrôle politique dévolue au parlement dans le cadre de
l'autorisation budgétaire.
Dans ce cadre, la transparence préconisée pour
atteindre de la gouvernance financière a pour objectif de permettre
à tous les acteurs de la société civile de pouvoir
comprendre le dispositif financier de l'Etat.
Cette exigence de transparence ne peut être remplie
qu'à travers une classification programmatique des dépenses qui
pourrait traduire la politique publique suivie par l'Etat afin de, garantir
l'efficacité des dépenses publiques.
En dépit de, nombreuses réformes qui ont
touché la LOB notamment, la réforme du 13 mai 2004 dite de GPO
vise à améliorer l'efficacité et l'efficience de l'action
publique, le système actuel de classification des dépenses reste
un système du budget de moyens.
Une destination par nature des dépenses est retenue.
Mais la réforme initiée par la LOB du 13 mai 2004 a introduit la
possibilité d'allouer les enveloppes budgétaires par programmes
et par missions.
Un passage d'un budget de moyens à un budget de
résultats devrait voir le jour. De même, il y a une exigence de
passer d'une classification par nature des crédits (section
première) à une répartition par objectifs (section
deuxième).
Section première. D'une classification par
nature des crédits (...) :
La classification des dépenses est plus complexe que la
classification des recettes car, elle présente plusieurs clés de
lectures. En effet, la classification des dépenses peut tenir compte de
l'organe responsable du crédit, elle est ainsi une classification
administrative (§ 1er) ou alors, elle peut tenir compte de l'impact
économique et social des dépenses et c'est la classification
économique (§2ème).
46 Choubani (R), Cours de finances publiques, 1er
année mastère de recherche en droit public et sciences politiques
à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de
Tunis.2011-2012.
47 Chikhaoui (L), Précis des finances publiques :
tome 1 droit budgétaire, édition Centre de Publication
Universitaire. Tunisie. 2004. P.172.
30
Premier paragraphe/- La classification administrative
:
La nomenclature budgétaire intéresse la
présentation des recettes et des dépenses en fonction de leur
nature en les classant sous des différentes subdivisions.
La classification des dépenses est prévue par la
LOB n°67-53 du 8 décembre 1967 telle que modifiée
ultérieurement et à diverses reprises par les lois organiques
n°96-103 du 25 novembre 1996 et n°2004-42 du 13 mai 2004.
La nomenclature budgétaire propose principalement la
distinction entre deux catégories d'opérations financières
; opérations de gestion ou opération de
fonctionnement qui forment le titre 1 du budget de l'Etat.
Les opérations du titre 1 ont un caractère
répétitif. Elles se renouvellent chaque année d'autre
part, il y des opérations non ordinaires de l'Etat qui sont des
opérations exceptionnelles dans le sens où,
une fois organisés elles ne sont pas reprises dans le
budget de l'Etat à titre d'exemple : l'emprunt...
La difficulté majeure de la classification des
dépenses est qu'actuellement elle est à la fois organique,
économique et fonctionnelle c'est-à-dire qu'elle répond en
même temps à plusieurs questions à savoir qui est
responsable du crédit ? Quelle est la fonction du crédit ? Quelle
est sa nature ?
Pour cela la nomenclature budgétaire était assez
complexe ainsi qu'il ressort des articles 3, 4, 5, 9 et 11 de la LOB ;
La classification des dépenses est une classification
à double entrée permettant de saisir qui dépense.
D'une manière générale, la classification
des dépenses permet de comprendre et de saisir l'ensemble de
l'activité de l'Etat, elle a donc évolué en fonction du
rôle de l'Etat c'est aussi que les finances publiques classiques se
limitent à reproduire dans les tableaux de dépenses, les grands
divisions de la structure gouvernementale pour chaque subdivision de
l'administration (chaque ministère), le document budgétaire
retrace les moyens mis à la disposition des services que ce soit des
crédits pour payer le personnel ou des crédits pour l'achat du
matériel nécessaire au fonctionnement de
l'administration48. C'est ce qui présente une classification
administrative concrétisant souvent un budget de moyens qui regroupe les
crédits mis à la disposition de chaque structure
administrative.
La classification administrative est la classification la plus
ancienne des dépenses publiques, elle s'intéresse à la
nature de la dépense. Mais, elle tient compte aussi du service
responsable de la dépense
48 V/ Jenayah (R), Budget et Plan, Recherche sur les
instruments budgétaires d'exécution du plan : Une approche de
droit économique, Thèse de droit public, Faculté de
droit et des sciences politiques et économiques de Tunis. Tunisie,
1982.
31
Toute autorisation de dépense se traduit dans le budget
par une « ouverture de crédit ». Le crédit
constitue en fait une autorisation juridique de dépenser qui porte sur
deux éléments : l'objet de la dépense et son montant.
L'article 11 de la LOB indique ainsi que « la loi de
finances ouvre les crédits par partie et par chapitre pour les
dépenses de gestion, les dépenses de développement et les
dépenses des fonds spéciaux du trésor. Le chapitre
budgétaire regroupe l'ensemble des crédits mis à la
disposition de chaque chef d'administration... »
Le chapitre budgétaire permet de savoir combien va-on
dépenser pour une année budgétaire N, pour chaque
département ministériel donné. Cependant, il existe des
chapitres qui ne correspondant à un département
ministériel, prenons l'exemple du chapitres relatif aux dépenses
imprévues et non reparties et au chapitre relatif à la dette
publique.
« La classification organique des dépenses
tend à calquer les grands structures de l'Etat... des chapitres
spécifique ont été successivement prévus pour la
dette et les dépenses imprévus. Ainsi la gestion de la dette
publique est centralisée au niveau du Ministère des finances.
Ceci afin d'assurer une meilleure gestion de la dette notamment, en tenant
compte des fluctuations des taux de change. Les dépenses imprévus
sont mises sous l'autorité du président de la république
»49
Pour ce qui est de la classification fonctionnelle, celle-ci
elle consiste à ventiler les crédits en fonction des secteurs
dans lesquelles l'Etat intervient.
La présentation fonctionnelle du budget a
été consacrée en France par la Loi Organique sur la Loi de
Finances (LOLF) du 1er août 2001 celle-ci consacre, en effet
la gestion publique par objectifs en adoptant une présentation du budget
par programmes et par missions.
En Tunisie, la LOB a consacré une répartition
fonctionnelle des dépenses au niveau des parties50. Cette
répartition sert à regrouper les opérations des pouvoirs
publics selon leur destination, autrement dit, d'après les
différentes fonctions et missions assumées par eux.
L'article 3 de la LOB indique que « les dépenses
de l'Etat comprennent
-les dépenses de gestion et les dépenses des
intérêts de la dette publique qui constituent le titre I.
- les dépenses de développement et le
remboursement du principal de la dette publique qui constituent le titre
II
- les dépenses des fonds du trésor
Les dépenses de l'Etat sont regroupées au sein
de douze parties »
49 Ayari (M), La bonne gouvernance financière,
Mémoire en vue de l'obtention du mastère en droit public et
financier à la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et
Sociales 2006.P.42.
50 Idem (même référence
précédente et même page)
32
Cette classification est affinée sur la base d'une
nomenclature budgétaire ainsi que le prévoit l'article 12 de la
LOB qui indique que : «Les crédits ouverts sont répartis
à l'intérieur de chaque partie par articles, paragraphe et sous
paragraphe selon leur nature et leur destination et ce conformément
à une nomenclature qui sera fixée par décret
».
C'est le décret n° 99-529 du 8 Mars
199951 fixant la nomenclature du budget de l'Etat qui est venu
préciser la ventilation des crédits. Il indique dans son article
3 que « chaque article du budget est défini par 5 chiffres, les
deux premiers désignant la partie à laquelle appartient
l'article, les trois autres, le numéro d'ordre de l'article...
».
Il convient de souligner que, mis à part les chapitres
spécifiques relatifs à la dette publique, aux dépenses
imprévues et aux fonds du trésor qui regroupent les
dépenses de manière synthétique selon un critère
fonctionnel, la nomenclature budgétaire consacrée par la LOB
révèle que le budget de l'Etat reste un budget de moyens qui ne
fait pas clairement apparaître les objectifs poursuivis par
celui-ci52.
L'évolution du rôle de l'Etat a montré les
insuffisances de la classification administrative. En effet, celle-ci nous ne
nous renseigne pas sur les répercussions économiques des
dépenses publiques. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, la
classification administrative des dépenses a été
complétée par une classification économique tout en
restant dans la logique d'un budget de moyens.
Deuxième paragraphe/- La classification
économique :
Un ensemble de facteurs ont conduit à faire le lien
entre les dépenses publiques et des éléments
extérieurs qui peuvent être politiques, sociaux ou
économiques.
Sur le plan de la pensée économique, Keynes a
démontré le lien de causalité qui peut exister entre
certains instruments budgétaires et la relance de l'économie et
notamment de l'emploi.
En Tunisie, c'est la LOB n°60-1 du 12 mars 1960 tel que
modifié53 ultérieurement à plusieurs reprises
qui a adopté la classification économique des dépenses.
La classification économique ayant pour finalité
d'adapter les techniques budgétaires aux impératifs de la
planification. Elle a pour objectif de renforcer le lien entre le budget et le
plan du développement.
La classification économique doit refléter les
secteurs prioritaires de l'Etat et par là même informer sur la
politique budgétaire qui doit être clairement définie.
Toutefois, la répartition par nature tient compte de deux
critères essentiels à savoir ; l'auteur ou le service responsable
ou bien la nature de la dépenses. Ce qui ne reflète pas le
schéma du développement choisi par conséquent, une
discordance entre le budget et le plan du développement peut être
apparue.
51 (JORT n°23 du 19 mars 1999. Page392)
52 Choubani (R), cours précité.
53
33
La classification économique des dépenses est
considérée comme une simple tentative de «
replâtrage »54 de la classification
administrative. Celle-ci «... se borne à indiquer ce que l'Etat
achète sans donner la raison de l'achat. En cela, elle n'est pas
révélatrice du contenu des programmes publics et il
s'avère alors, difficile de relier un budget utilisant ce genre de
classification à un plan de développement établi sur la
base de programmes et de projets »55.
D'ailleurs, le budget tunisien a été toujours
considéré comme un budget de moyens car, il repose
essentiellement sur une répartition organique et s'intéresse
surtout à l'auteur de la dépense et la destination sans traduire
les objectifs établis au niveau de la stratégie à court et
à moyen terme de développement du pays.
Ces objectifs doivent être la charpente fondamentale de
tous les éléments d'organisation du processus
budgétaire.
Une gestion publique basée sur une logique de moyens
sans rationalisation des choix budgétaires ne peut que conduire à
un gaspillage de l'argent public et par conséquent, un accroissement des
dettes publiques et du déficit budgétaire surtout, avec la
situation actuelle assez délicate de notre pays à ce propos ; les
agences de notation (Standard & Poor's, FitchRating..) ont
déjà baissé la note souveraine de la Tunisie en raison du
manque constaté au niveau de l'évolution économique.
Dans ce sens, une préoccupation majeure s'est
posée concernant la possibilité de mettre en place des politiques
de relance économique et de concevoir des déficits
budgétaires sans pour autant mettre en péril la viabilité
budgétaire à moyen terme. Le budget par objectifs devrait
permettre d'enlever de telles imperfections.
La coexistence de multiples types de classification des
dépenses (classification administration-économique et
fonctionnelle) ne peut, à notre sens, qu'enrichir l'information
financière. Au surplus, une répartition par objectifs des
crédits se présente actuellement, comme exigence pour
réussir le passage d'un budget de moyens à un budget de
résultats.
Section deuxième. (...) A une répartition
par objectifs des crédits :
La réforme budgétaire de 2004 a ouvert de
nouveaux horizons aux modèles de classification des dépenses par
l'innovation apportée au niveau de la présentation
budgétaire ouvrant la possibilité de répartir les
crédits budgétaires en fonction des objectifs
assignées.
Il convient à cet égard, d'aborder le fondement
d'une répartition par objectifs des crédits
(§1er), afin d'enlever les limites pratiques
(§2ème) de celle-ci.
Premier paragraphe/- Le fondement d'une
répartition par objectifs des crédits :
L'unité de spécialisation des crédits par
programmes constitue le fondement d'une répartition par objectifs
54 Jenayah (R), Thèse précité,
Faculté de droit et des sciences politiques et économiques de
Tunis. Tunisie, 1982. P.127.
55 Ibid.
34
L'unité de spécialisation des crédits par
programmes est souvent liée au mode de budgétisation par
programmes et elle s'insère dans le cadre de la nouvelle gestion
publique, connu sous la forme du planning-programming- budgeting
system (PPBS) aux Etats-Unis et la Rationalisation des Choix Budgétaires
(RCB) en France.
Ce mode de budgétisation a pour objectifs d'affiner
les choix budgétaires en fonction des programmes publics. Il s'agit
de procéder à l'évaluation préalable de
l'utilité et l'efficacité des opérations
budgétaires.
En Tunisie, La loi organique du 13 mai 2004 modifiant la L.O.B
du 8 décembre 1967 indique dans son article 11 alinéa 2 que :
« La loi de finances peut autoriser l'affectation des
crédits selon des programmes et missions »... « les programmes
comprennent les crédits affectés à une action ou un
ensemble d'actions homogènes mises à la charge de chaque chef
d'administration en vue d'atteindre des objectifs déterminés et
des résultats pouvant être évalués» et que
« les missions comprennent un ensemble de programmes concourant
à concrétiser une stratégie d'intérêt
national ».
Une mission est donc constituée de plusieurs programmes
alors que, le programme concerne une seule administration.
La mission concerne plusieurs administrations, ce qui
représente une petite révolution dans la répartition
organique des dépenses faite actuellement et depuis longtemps par
chapitres selon les ministères.
Pour que la budgétisation par programmes soit bien
fondée, il faut que le programme soit l'unité de
Spécialisation des crédits et non plus le chapitre ou la partie.
Le programme devient également l'unité opérationnelle
d'exécution du budget.
« Le programme constitue également la base du
dispositif d'affichage des stratégies publiques par les objectifs, les
indicateurs et leurs cibles. Il s'agit de définir le
périmètre de chaque programme (que comporte-t-il?), et de fixer
les territoires respectifs des différents programmes. Le
découpage en programmes demande d'examiner l'ensemble des programmes
d'un même ministère, en discutant de leurs frontières
respectives, et non pas de seulement examiner chaque programme l'un
après l'autre ».56
À chaque programme sont associés des objectifs
précis ainsi que, des résultats attendus. Les actions constituent
un découpage indicatif du programme, elles apportent des
précisions sur la destination prévue des crédits.
Les programmes publics définissent le cadre de mise en
oeuvre des politiques publiques pour chaque ministère. Chaque ministre
désigne un responsable de programme chargé de mener les actions
que comportent les programmes.
56 Guide Méthodologique de la Banque Mondiale-Tunisie
`Etablissement des nomenclatures de programmes et présentation
budgétaire `juin 2007. P.2.
35
Ce responsable de programme peut modifier la
répartition des crédits par action et par nature selon le
principe de fongibilité des crédits. , qui peut être
définie comme la « Règle selon laquelle les ordonnateurs
peuvent utiliser indifféremment les crédits relevant de plusieurs
lignes budgétaires (paragraphes, articles voire chapitres actuels, au
sein d'une même partie par exemple) figurant dans le
périmètre de la fongibilité
décrété.
En effet, la répartition des crédits
indiquée en annexe du projet de loi de finances n'est qu'indicative.
Le but recherché est d'accroître
l'efficacité de l'action publique en rationnalisant les dépenses
publiques et en optimisant les ressources.
Cette réforme ambitieuse nécessite plusieurs
années de préparation, des essais, et d'apprentissage puisqu'il
s'agit d'implanter une nouvelle culture centrée sur l'efficacité
et le développement et donc, changer une mentalité par une autre
centrée sur la performance.
L'ensemble des missions et des programmes assortis des
indicateurs consistent à évaluer les politiques publiques mises
en oeuvre et retraçant l'impact attendu des dépenses
publiques.
Pour permettre à l'administration d'intégrer
cette réforme budgétaire plusieurs guides méthodologiques
ont été préparés afin de, clarifier les
différents concepts et technique de la GBO.
La nomenclature budgétaire a pour but de permettre une
lecture lisible des comptes publics afin de, garantir un contrôle
efficace du parlement. C'est dans ce cadre que le législateur tunisien a
procédé à une rénovation de la nomenclature
budgétaire dans le but de l'adapter aux exigences de la GBO. Cette
rénovation se traduit notamment, à travers la nouvelle
présentation des dépenses budgétaires qui
s'établissent désormais, par missions et programmes.
Une réforme se trouve donc, affirmée
progressivement quoique, encore limitée au niveau de la pratique.
Deuxième paragraphe /- Les limites
pratiques d'une répartition par objectifs : Le
législateur tunisien n'a pas procédé à un
changement total de la nomenclature budgétaire.
Selon l'article 11 de LOB aucune obligation ne pèse
ainsi, sur l'exécutif de préparer un budget en mode GBO. Il
s'agit tout de même d'une possibilité ouverte.
Par ailleurs, établir un budget en mode GBO implique
que l'unité de spécialisation des crédits soit non plus le
chapitre ou la partie mais le programme. Toutefois, et même après
la réforme de 2004, il reste que le vote des crédits ne
s'effectue pas encore par programmes, La règle de la
spécialité dans son acception classique est encore retenue. Ce
qui nous fait penser que la Tunisie n'est pas encore au stade de la pleine
consécration de la GBO57.
57 Ajroud (J), « La gestion budgétaire à
l'heure de l'intégration euro-méditerranéenne »,
RTF, N°12-2009. P.295.
36
Sur un autre plan, la réforme initiée par
l'article 11 précité a introduit le mode de budgétisation
par objectifs, mais il ne s'agit pas de remplacer pas un mode de gestion par un
autre. La réforme a tout simplement prévu la possibilité
de combiner deux modes de gestion : une gestion basée sur une
nomenclature organique et une gestion basée sur une nomenclature
fonctionnelle ou dite matricielle.
A la lumière de ce qui procède, il est clair que
les inflexions apportées au niveau de l'unité de
spéciation des crédits restent encore limités.
D'autant plus que, la juxtaposition de deux modes de gestion,
signe de prudence et d'hésitation, rend ardue la mise en oeuvre de la
GPO. Mais cela n'empêche pas une progression au niveau des
ministères tenus de préparer leurs budgets par programmes et
missions, on peut se référer à cet égard, au
circulaire n°12 du président du gouvernement concernant la
préparation du budget de l'Etat 2014 et le cadre de performance
des programmes souligne que les ministères de la première (Le
Ministère de l'Agriculture, le Ministère de la Santé
Publique, le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Recherche. le Ministère de l'Éducation nationale et le
Ministère de la Formation professionnelle et l'Emploi.) et la
deuxième vague (Ministère des finances. Ministère de
l'industrie. Ministère de l'équipement et le Ministère du
transport) concernés par la GBO sont tenus de présenter leurs
budgets pour l'an 2014 sous la forme des missions et programmes selon un
calendrier bien précis ce conformément, au décret
n°3407-2012 du 31 décembre 2012 relatif à la
répartition de la nomenclature budgétaire.
Comme nous l'avons signalé au début, la
réforme de la gestion publique est une réforme de tous le
processus budgétaire (préparation, présentation et
exécution budgétaire) et donc, il ne suffit pas de modifier les
textes juridiques pour réussir la réforme, puisque, la
réussite de la réforme est liée surtout à la
capacité de qualification des ressources humaines, des procédures
et des systèmes d'agir pour se conformer aux exigences du nouveau
système, il convient d'aligner la culture administrative et la pratique
budgétaire vers plus de performance et d'efficacité c'est
désormais, la tâche la plus ardue dans la réforme.
En un mot, on ne peut pas parler de la volonté des
pouvoirs publics à revaloriser la gestion publique, sans la
consécration d'une pratique budgétaire performante.
37
Deuxième partie. La consécration d'une
pratique budgétaire centrée sur la performance :
« L'expérimentation est avant tout une
méthode qui repose sur l'observation d'un phénomène avant
de dégager une théorie générale appliquée
aux sciences...l'expérimentation a été aussi
utilisée pour éprouver la pertinence et l'efficacité de
certains réformes... »58.
L'étape de l'expérimentation et la
consécration de la GPO n'est pas évoquée dans le contrat
de jumelage entre la Tunisie et l'Union Européenne59 alors,
qu'elle constitue un laboratoire de nature à affiner les choix
budgétaires qui sont effectués depuis plusieurs années.
Autrement dit, l'expérimentation se présente comme une
étape nécessaire à une éventuelle mise ne place de
la GBO.
Des travaux communs ont été menés
à la demande de l'unité GBO entre celle-ci : les experts
clé du jumelage, la direction du budget, le centre informatique et
certains ministères expérimentateurs. Certains derniers ont pu
présenter à titre indicatif des programmes en mode GBO.
Cependant, la réforme est encore limitée, en
raison des contraintes de la loi organique du budget qui est déjà
en cours de révision et le manque des moyens pourraient instaurer une
gestion réelle en mode GBO
Pour adapter les prescriptions juridiques à la nouvelle
gestion publique, une révision de la loi organique du13 mai 2004 peut
être nécessaire, voire même une constitutionnalisation de
certains principes ou mécanismes fondamentaux.
Il est important de rappeler, à cet égard qu'une
gestion opérationnelle en mode GBO ne vaut que si l'ensemble des guides
thématiques sont mises en oeuvre pour donner un sens à
l'expérimentation : une nomenclature adaptée, des contrôles
allégés et simplifiés, des objectifs et indicateurs de
performance et enfin, un pilotage par le responsable de programme capable de
s'engager et de rendre compte. C'est notamment, l'objet du "protocole
d'expérimentation de la GBO" qui donne les indications pour mettre
en place celle-ci60.
L'expérimentation concrète des ces
éléments caractéristiques de la GBO ne peuvent être
mises en place qu'à travers l'amélioration de l'information
financière (chapitre premier), condition d'une évaluation
effective des politiques publiques mises en oeuvre (deuxième
chapitre).
58 Roux (A), « Réforme de l'Etat et
l'expérimentation », in `La réforme de l'Etat' Jean
Jacques Pardini et Claude Deves (s,dir). Actes du colloque international de
Toulon (1er et 2 octobre 2004), édition Bruylant. Bruxelles
2007. P.87.
59 V/Fiche de jumelage-appui à la gestion
budgétaire par objectifs, programme d'appui à la mise en oeuvre
de l'accord d'association Tunisie-union européenne.
60
www.gbo.tn
38
Chapitre premier/- L'amélioration de
l'information financière :
Selon l'article 14 de la déclaration des droits de l'homme
et du citoyen de 1789:
« Tous les citoyens ont le droit de constater par
eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité
de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi et
d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la
durée ».
Par conséquent, Les pouvoirs publics est dans
l'obligation de produire, pour les citoyens les documents d'information
budgétaire qui justifient son usage des deniers publics.
Cela implique à la fois une autorisation sur la
politique budgétaire ainsi, qu'un contrôle sur l'exécution
du budget. Dans ce sens, l'article 15 de la déclaration des droits de
l'homme et du citoyen de 1789 dispose que : « la société
à le droit de demander compte à tout agent public de son
administration ».
Actuellement, la transparence gagne du terrain, même si
sa progression reste encore récente dans le cadre financier Tunisien. On
remarque une volonté politique visant à rompre avec les anciens
agissements et aux méthodes corrompus de gestion et à instituer
un nouveau modèle de gestion fondé sur l'efficacité et la
performance. Prenons l'exemple, du projet relatif au `budget citoyen'
qui cherche à présenter le budget de l'Etat en un langage
simplifié, il s'agit d'expliquer l'origine, l'exécution et la
finalité des ressources publiques et à exposer, les sources de
financement de l'Etat dans le but de faciliter l'accès à
l'information financière.
Selon les déclarations du ministère des finances
Elyes Fakhfakh, le `budget citoyen' relatif au budget de l'Etat de
l'année 2014 sera publié sur le nouveau portail du
ministère des finances et paraîtra dans des publications, au
début de l'année prochaine61.
La transparence des dispositifs financiers garantit non
seulement, la confiance entre le pouvoir et les citoyens mais aussi, elle
assure la performance puisque, la présence d'une information
financière fiable et lisible constitue une condition d'une pratique
démocratique d'évaluation budgétaire et de contrôle
effectif.
En effet, l'information financière est
étroitement liée a l'obligation de rendre compte, celle-ci
consiste, à laisser les gestionnaires gérer grâce à
une délégation en leur faveur des pouvoirs et des
responsabilités.
C'est dans cette perspective, que s'est
développée au niveau de la gestion moderne, l'obligation de
rendre compte, pivot d'un cadre budgétaire et administratif
centré sur la performance.
En effet, l'obligation de rendre compte sert à
informer, prouver, et justifier l'administration des biens autrement dit,
l'utilisation des deniers publics, l'exercice de cette obligation
61
www.directinfo.webmanagercenter.com
, (Page consultée le 04/10/2013).
39
s'effectue à travers un dialogue de gestion impliquant
les gestionnaires (section 1) et un contrôle de gestion propice à
une gestion axée sur les résultats (section 2).
Section1. Un dialogue de gestion impliquant les
gestionnaires :
Le dialogue de gestion (voir annexe n°2) peut être
définit comme un « processus d'échange existant entre un
niveau administratif et les niveaux qui lui sont subordonnés, relatifs
aux volumes de moyens mis à disposition des entités
subordonnées, aux objectifs qui leur sont assignés, et plus
généralement à la notion de performance de l'action
publique dans le domaine considéré »62.
L'enjeu du dialogue consiste à l'optimisation de la
gestion publique ainsi que, les modes d'action de l'administration à
travers, l'insertion d'une nouvelle chaîne des responsabilités.
Une étude comparative doit être menée
entre les outils déployés et les objectifs assignés
à travers un tableau de bord, celle-ci consiste en « un
ensemble d'informations cohérents dont, l'une des qualités
essentiels est de faire gagner du temps, en conséquence, il doit
être simplet, complet, synthétique, comporte une partie
prévisionnelle et une partie réalité (écarts)
»63.
Le dialogue de gestion permet de réformer la structure
administrative tout en insérant l'interactivité et la
participation de tous les services à l'action administrative.
En outre, un dialogue de gestion sert à
concrétiser les nouveaux modes de management, des nouvelles techniques
visant à alléger la gestion publique. Mais aussi un flux
d'information fiable et continu entres les différents niveaux des
services administratives ; les services centraux et de
déconcentrés telles sont les conditions de réussite du
dialogue de gestion.
Pour mener à bien, un dialogue de gestion au sein de
l'administration publique, il semble nécessaire d'aligner la gestion
publique sur une logique managériale (§1er) afin
d'élargir les responsabilités engageant les gestionnaires
(§2ème).
Premier Paragraphe/- L'alignement de la gestion
publique à une logique managériale :
Actuellement, l'empreinte managériale marque plusieurs
pays qui ont lancées des réformes budgétaires afin
d'améliorer la performance et l'efficacité de l'action publique,
cette nouvelle logique de gestion publique marque une sorte de «
privatisation des deniers publics » Ainsi, «
après la privatisation des services ou entreprises, verra-t-on celle
de la gestion publique »64.
Il convient de distinguer tout d'abord, entre ces concepts
à savoir « la gestion » et le « management
» ;
62 Guide méthodologique de l'Union
Européenne-Tunisie `suivi de la performance et choix des indicateurs
», décembre 2009. P.25
63 Lochard (J), La gestion budgétaire : outil de
pilotage des managers, édition d'organisation Collection.
Schémacolor. France.1999. P.146.
64 Hertzog (R), « finances publiques, finances privés
: nouvelles frontières, nouvelles similitudes », RFFP,
N°100-2007.P.111.
40
La `gestion' recourt à des
méthodologies indépendantes de la nature des activités et
de la forme juridique des institutions qui les développent, le
`management' implique l'emploi des méthodologies à
caractère universel de la gestion. Il dépend des contraintes de
l'environnement juridique dans lequel évolue l'entreprise : la
manière d'utiliser les outils de gestion seraient différents
selon qu'il s'agit d'organisme de droit public ou droit
privé65.
Prendre en considération ces spécificités
liées à la gestion publique, ceux-ci vont entraîner un
management adapté à ce type de gestion qui s'intitule
désormais, « management public ».
»66.
Le `management public' peut être définit
selon Pierre. Legendre comme « un vaste ensemble regroupant, dans un
cadre démarqué des systèmes de planification et de
contrôle des grandes entreprises un ensemble des méthodes d'aide
à la décision, pour partie adaptées à la
sphère publique : analyse de systèmes, méthodes
coût-avantages et coûts-efficacité, méthodes
multicritères ; et de méthodes de gestion directement
transposées du secteur privé comptabilité analytique,
contrôle de gestion, direction par objectifs
Le management est une méthode rationnelle de gestion
des finances, on distingue souvent entre la « rationalité
managériale » et la « la rationalité juridique
» ;
La rationalité managériale se base sur trois
piliers fondamentaux à savoir : l'efficacité, l'efficience et la
pertinence. Ces critères s'inscrivent dans un triangle appelé
« le triangle managérial»67 et qui peut
être représenté comme suit :
Efficacité
Pertinence
Efficience
Schéma : Triangle Managérial
L'efficacité, l'efficience et la pertinence constituent
les paramètres du jugement de l'action administrative.
Par ailleurs, « la rationalité
managériale introduite dans l'organisation va déterminer non
seulement, les méthodes mais aussi les rôles assignés
à chaque service de cette organisation
65 Chevalier (J) et Loschak (D), « Rationalité
juridique et rationalité managériale dans l'administration
francaise », RFAP, N°24-1982. P.85.
66 Nioche (J-P), « science administrative ; management
public et analyse des politiques publiques », RFAP,
N°24-1982. P.639.
67 Ould Ahmed Ely (M), Management des finances publiques,
édition IHET, Tunisie 1996. P.40.
en vue d'atteindre le but qu'elle a défini, elle
agira donc, sur les moyens humains en redéfinissant les rapports au sein
de l'organisation »68.
Ce modèle managérial est l'expression du «
dialogue » qui s'instaure à l'interface de l'organisme
public69 puisque, cette approche garantit un bon contact entre les
différents éléments de l'organisation administrative.
En ce qui concerne la rationalité juridique, celle-ci
place la régularité du droit au dessus de toute l'action
financière et administrative. Ce qui compte est d'être en
conformité vis-vis des dispositions juridiques.
Cette conception de la rationalité juridique peut
être contradictoire à celle de la rationalité
managériale et nous rappelle le fondement de l'administration
bureaucratique d'où, les règles juridiques forment la source et
la raison d'être de toute action engagée.
Dans ce sens, la régularité est désormais
« gage de légitimité, donc, devient une valeur en soi,
légitime parce que, légal ; légal donc rationnel,
légitime puisque, rationnel-telle est la structure
triangulaire...contient la notion wébérienne de
légitimité légale-rationnelle »70.
La question qui se pose à cet égard est de
savoir : est ce que la régularité clé de voûte de la
rationalité juridique garantit-elle l'efficacité de l'action
administrative ?
La régularité ne garantit pas
l'efficacité, puisque, elle le conçoit comme un
élément secondaire et tributaire de la régularité.
Cependant, l'efficacité trouve toute son importance au sein de
l'approche managériale qui vise à assurer une gestion publique
performante.
Le management entend promouvoir de nouveaux modes d'action,
mais aussi une nouvelle culture administrative qui s'inscrit en rupture
radicale par rapport aux présupposés qui fondent le modèle
traditionnel d'administration qui s'intéresse à la
régularité et non pas à
l'efficacité.
Dans ce cadre, nous pouvons nous référer au
programme « Copernic » crée en 1990 par le
Collège Des Ingénieurs (CDI), qui est un véritable
partenariat public-privé entre pouvoirs public, grandes écoles et
entreprises pour ingénieurs, économistes et juristes consistent
à donner une formation au management et a lever les obstacles culturels
afin de permettre une intégration professionnelle réussie au sein
des entreprises.71
La justification de l'action administrative ne réside
plus dans les prescriptions législatives, en amont, mais dans la
réussite, en aval des opérations qu'elle engage : on la jugera
sur les
68 Ould Ahmed Ely (M), Op, cit. P.41.
69 Ely (M), « Eléments pour une approche
managériale des finances publiques dans les pays du Maghreb», in
Les mutations de l'action publique au Maghreb, journées
d'études organisés à la Faculté de droit et des
sciences politiques de Tunis, Tunisie, les 15 et 16 mars 2007. P.87.
70 Chevalier (J) et Loschak (D), « Rationalité
juridique et rationalité managériale dans l'administration
française » RFAP, N°24-1982. P.60.
41
71
www.cdi.fr . (Page
consultée le 04/10/2013).
42
résultats qu'elle est capable d'atteindre, sur son
aptitude à gérer rationnellement les moyens dont, elle dispose en
vue d'obtenir le meilleur rapport coût-objectifs72
Dans ce sens, le management public est conçu selon le
professeur Ely Mustapha comme « un ensemble de techniques de
planification, de programmation et de contrôle mais aussi, de
méthodes d'impulsion et d'organisation qui appliquées au
processus de la gestion publique, vise à déterminer
rigoureusement et atteindre efficacement les objectifs de la
collectivité publique sous contrainte de son environnement
»73.
Ce modèle managérial répond aux exigences
de la nouvelle gestion publique, le management public a en effet, l'avantage
contrairement au contrôle traditionnel de régularité
(contrôle par référence à la règle plus qu'au
résultat de gestion) d'introduire, dans la gestion publique, un
véritable contrôle de gestion qui se base sur les
éléments objectifs de cette gestion (efficacité
-performance)74.
Cette conception est au coeur de la modernisation et la
revalorisation de gestion publique qui exige une culture de résultat au
sein de l'administration publique.
La réforme de la gestion publique n'est pas l'oeuvre
d'une action administrative impersonnelle, institutionnalisés et
réglementées mais surtout celle de l'être humain notamment,
des gestionnaires publics ayant une responsabilité accrue qui les place
au coeur de la nouvelle gestion publique.
Deuxième Paragraphe/- Une responsabilité
accrue des gestionnaires :
L'octroi de libertés aux gestionnaires ou plus
précisément, d'un cadre souple de gestion se justifie par, le
souci de maîtriser la dépense publique. Autrement dit, il convient
d'instituer une gestion publique privilégiant l'efficacité et
l'efficience des services publics afin d'améliorer l'allocation des
deniers publics.
Certes, l'expérience d'une gestion publique
orientée vers les résultats est tout à fait nouvelle en
Tunisie. Mais, nous pouvons dire qu'un cadre de responsabilisation des
gestionnaires a commencé à prendre place et à se
développer au sein de l'administration tunisienne.
A cet effet, le cadre budgétaire et administratif
Tunisien incarne un échange entre les nouvelles responsabilités
(A) et les libertés octroyées à l'égard des
gestionnaires (B).
Cette démarche s'intègre dans l'objectif de
passer de la logique du « dépenser plus» à
celle du « dépenser mieux ».
A- Des responsabilités
nouvelles :
L'exigence de performance conduit à réformer
l'architecture administrative par la délégation des nouvelles
responsabilités ; elle implique que les services en charge de la mise en
oeuvre des politiques publiques soient dotés d'une réelle
autonomie de gestion ; en contrepartie des
72 Chevalier (J) et Loschak (D), article précité.
P.69.
73 Ely (M), Op, cit. P.77.
74 Ould Ahmed Ely (M), Management des finances
publiques, édition IHET. Tunisie 1996. P.72.
43
engagements qu'ils sont invités à prendre en
matière d'objectifs et d'une évaluation périodique des
résultats obtenus75.
Mais que faut-il entendre par le mot `responsabilité'
?
Le mot « responsable », selon le
dictionnaire historique de la langue française le Robert, vient du latin
`Respondere' c'est-à-dire « se porter garant ». La
responsabilité a donc une origine juridique et caractérise une
personne admissible en justice. C'est par extension qu'elle est devenue la
faculté de rendre compte de ses actes76.
La responsabilité que nous analysons à cet
égard est la responsabilité managériale qui
s'intègre dans la logique d'une gestion publique tournée vers les
résultats. Cette responsabilité repose essentiellement sur la
concentration entre les mains des gestionnaires d'objectifs (cibles de
résultats) et de moyens. En effet, les gestionnaires sont appelés
a rendre compte sur trois points essentiels ; Ils doivent tout d'abord
démontrer qu'ils ont utilisé les ressources mis à leur
disposition à l'intérieur des limites financières afin de,
prouver le respect des autorisations budgétaires, et ils doivent prouver
qu'il ont respecté le cadre juridique encadrant la structure de leurs
missions.
Par ailleurs, les gestionnaires doivent montrer qu'ils ont
cherché à optimiser l'utilisation des ressources allouées,
ce conformément aux principes de l'efficacité, l'efficience et la
pertinence qui fondent la nouvelle gestion publique.
Ainsi, comme l'a souligné le professeur Mr. Abdelatif
Kharrat « la reddition de comptes doit alors, porter sur la
qualité de la gestion, l'efficience de l'utilisation des ressources et
la mesure des résultats atteints. Elle se présente ainsi comme le
stimulant qui engage les gestionnaires à rechercher le rendement optimum
des moyens disponible pour réaliser au meilleur degré les
objectifs des actions et des programmes de leur organisations »77
Suite à cette réflexion des nouvelles
responsabilités pourraient être engagés à
l'égard des gestionnaires, s'agissant de la responsabilité
liée aux règles d'emploi des deniers publics. Cette innovation se
manifeste au niveau de la règle de spécialité des
crédits désormais, qui s'exerce au niveau de l'enveloppe des
crédits des programmes qui dictent des nouvelles responsabilités
à l'égard des responsables de programmes publics.
Le responsable de programme78 prépare la
stratégie du programme, établit la répartition des
crédits qui lui ont été allouées et il oriente les
choix budgétaires en fonction des résultats visés.
Le responsable de programme travaille en collaboration avec
les autres services (DAF, direction ...), ces services constituent un appui
opérationnel au responsable de programme.
75 Chevalier (J), « Performance et gestion publique »,
in Mélanges en l'honneur de Robert HERTZOG `Réformes des
finances publiques et modernisation de l'administration, édition
Economica. Paris. 2011. P.89
76 Barilari (A), « Vers la réforme de la
responsabilité des gestionnaires publics », AJDA 4 avril
2005, P.698.
77 Kharrat (A), « Reddition des comptes et
responsabilité des gestionnaires dans la communication de l'information
sur la performance des actions publiques », Servir-ENA,
N°20-1996.P.64-65.
78 Les responsables de programme sont des directeurs
d'administration centrale, des secrétaires généraux ou des
chefs de services à compétence nationale qui le plus souvent
n'ont la responsabilité que d'un programme.
44
Il s'agit d'une chaine de responsabilité centrée
sur la performance nourrissant un dialogue de gestion entre les services
centraux et décentrés.
Il convient de souligner que, la responsabilité se base
sur la disponibilité des informations exhaustives et sincères
permettre aux individus de connaître la façon dont, fonctionne
leur gouvernement, de sa part, le gouvernement doit garantir l'accès
à une telle information.
C'est ainsi qu'en « En Tunisie, un système
informatisé d'information et de communication administrative est
institué dans les services de l'Etat, des collectivités publiques
locales et des établissements publics. Il contient toutes les
références légales et réglementaires
régissant les prestations administratives qui y sont incluses ainsi que,
les formalités administratives qui y sont incluses ainsi que, les
formalités administratives nécessaires pour leur obtention
»79.
Les dispositions de la LOB du 13 mai 2004 visent à
accentuer un cadre de gestion plus libre et plus responsable par un
échange entre les libertés octroyées aux gestionnaires et
les nouvelles responsabilités. Toutefois, cet échange est
basé sur un rapport délicat et complexe car, il combine deux
éléments à la fois contradictoires et indissociables
à savoir, la rigueur (responsabilité) et la souplesse (la
gestion).
C'est dans ce cadre que, le gestionnaire est tenu de respecter
les prescriptions juridiques afin de, garantir la régularité de
ses actions. Mais aussi, il doit répondre aux exigences de la nouvelle
gestion publique orientée vers les résultats, par la
maîtrise de la dépense publique d'une part, et l'utilisation
optimisée des ressources publiques d'autre part.
Dans ce même sens, La fongibilité des
crédits au sein des programmes et la liberté accrue ainsi
donnée aux gestionnaires, devenaient incompatibles avec le maintien d'un
contrôle systématique a priori. De nouveaux risques
émergeaient et justifiaient de recentrer le contrôle financier.
Ainsi, le contrôle juridique, portant sur la régularité des
actes de dépenses, ne s'exerce plus qu'à titre exceptionnel
(certains actes de recrutement ou de gestion des personnels, certaines
dépenses élevées) ; la régularité des actes
doit être assurée désormais, au moyen de contrôles
internes aux ministères, et, in fine, si nécessaire, par les
juridictions compétentes80.
Pour assurer la bonne gestion des finances publiques, des
mesures des récompenses et des sanctions doivent être prises ; les
mesures de récompenses permettent de motiver les
gestionnaires pour bien accomplir les tâches qui lui sont
confiées.
C'est d'ailleurs, la raison pour laquelle l'Etat utilise la
méthode de « contractualisation » incitant les
organismes et les établissements publics à respecter ses
engagements vis-à-vis aux objectifs assignés puisque, ces
derniers doivent pour bénéficier de fonds publics s'engager par
un « contrat de performance » sur la réalisation des
objectifs bien déterminées.
Plus précisément, « Les contrats de
performance sont une entente écrite, entre une autorité de
l'administration centrale (par exemple, le Ministre ou le Secrétaire
général d'un ministère) et
79 Sayari (M), « L'Etat et l'administration publique
à l'ère de la gouvernance », in `les mutations de
l'action publique au Maghreb' journées d'études
organisés à La Faculté de droit et des sciences politiques
de Tunis 2007.P.74.
80 Guide méthodologique de la Banque Mondiale-Tunisie
`Dialogue de gestion et pilotage de performance'. P.58.
45
un service opérationnel (direction,
établissement public, etc.) pour la fourniture de prestations et la
réalisation de prestations et résultats bien définis
»81.
Dans ce même cadre, le gouvernement français a
mis en place un nouveau cadre de rémunération individuelle au
mérite pour les directeurs d'administration centrale ; il reste à
étendre un cadre similaire pour les dirigeants d'établissements
publics et les responsables de budget opérationnel de
programme82.
En Tunisie, « on n'a pas non plus prévu dans
notre système administratif tunisien des récompenses... pour les
individus, Or ces éléments sont essentiels pour toute structure
d'imputabilité »83
En outre, la responsabilité ne s'accommode pas de
l'absence de mesures de sanctions en cas d'irrégularité ou en cas
du faute de gestion c'est ainsi que, le législateur tunisien a
consacré à travers la loi du 20 juillet 1985 relative à la
définition et à la sanction des fautes de gestion un article
relatif aux fautes de gestion commises à l'égard de l'Etat des
établissements publics administratifs ou des collectivités
publiques.
La responsabilité apparaît aussi à travers
les textes relatifs à la nouvelle perception de l'administré
ainsi, en vertu de l'article 11 du décret N° 93-982 du 3 mai
199384 relatif à la relation entre l'administration et ses
usagers « Tout agent public qui néglige une réclamation
dont, l'origine est connue commet une faute professionnelle l'exposant à
une sanction disciplinaire conformément, aux lois et règlements
en vigueur ».
Enfin, il convient de souligner qu'en contrepartie de ces
nouvelles responsabilités élargies auprès des
gestionnaires, ces dernières bénéficient d'un ensemble de
libertés octroyées notamment, à travers la souplesse dans
la gestion des crédits.
B- Les libertés
octroyées aux gestionnaires :
La souplesse de gestion des crédits est traduite par la
technique de fongibilité des crédits
La fongibilité confère à
l'ordonnateur d'importantes marges de manoeuvre pour mobiliser et combiner des
ressources et modes d'intervention qu'il juge les plus appropriés aux
circonstances. Se trouvent ainsi allégées certaines contraintes
traditionnelles du processus d'exécution de la dépense publique,
telles que les règles et restrictions aux virements, ou les contraintes
liées à la disponibilité des crédits et à la
bonne imputation des dépenses »85.
A travers la technique de la fongibilité des
crédits, les ordonnateurs peuvent bénéficier d'une
certaine autonomie budgétaire pour exécuter les différents
actions afin d'atteindre les objectifs qui ont été
assignées.
81 Analyse du cadre conceptuel des budgets par objectifs, banque
internationale pour la reconstruction et le développement région
Moyen-Orient Afrique du Sud- République Tunisienne. Juillet 2005.
P.38.
82 Barilari (A), « Vers la réforme de la
responsabilité des gestionnaires publics », AJDA 4 avril
2005, P.702.
83 Kharrat (A), « L'imputabilité et l'obligation
de rendre compte dans la gestion publique », Revue Tunisienne
d'Administration Publique. ENA N°1-2-1990. P.33.
84 Décret N° 93-982 du 3 mai 1993 relatif à
la relation entre l'administration et ses usagers. (JORT n° 36 page
662).
85
www.gbo.tn
46
Cette liberté d'action a été
prévue par la LOB N°2004-42 dans son article 37 à travers
cette fongibilité partielle des crédits. Cette souplesse de
gestion des crédits a été, en outre, accordée au
niveau « des virements des crédits de paragraphe à
paragraphe à l'intérieur d'un même article » qui
« peuvent être opérés par arrêté du
Ministre des Finances. Les virements de sous paragraphe à sous
paragraphe au sein d'un même paragraphe sont effectués par le chef
d'administration » ce concernant les dépenses de gestion.
Ledit article présente un apport considérable au
niveau de la liberté d'action pour les virements de crédits de
paiements qui seront dorénavant effectuées par
arrêté du chef d'administration.
Pour les dépenses de développement, «
des virements de crédits d'engagement de paragraphe à paragraphe
et de sous-paragraphe à sous paragraphe à l'intérieur d'un
même article sont effectués par arrêté du ministre
des finances. Le virement de crédits de paiement est effectué par
arrêté du chef de l'administration ».
La nouvelle LOB confère une plus grande
flexibilité de gestion. En pratique c'est l'article 36 (nouveau) qui
dispose que « des virements de crédits peuvent être
opérés de partie à partie à l'intérieur de
chacune des sections une et trois de chaque chapitre, et ce dans une limite de
2% des crédits ouverts dans chacune de ces parties. Toutefois, aucun
virement de crédits ne peut être opéré au profit de
la partie des rémunérations publiques ».
Du même, l'article 2 (nouveau) du décret n°
2012-2878 du 19 Novembre 2012 relatif au contrôle des dépenses
publiques a supprimé le visa du contrôle des dépenses
publiques sur les demandes des virements des crédits par
conséquent, l'ordonnateur aura plus de liberté dans le
redéploiement des crédits dont, il dispose.
Le gestionnaire a le droit d'utiliser globalement les
crédits, à condition de les redéployer au sein d'un
programme en fonction.
D'après l'article 36 de la LOB, la souplesse
octroyée dans la gestion des crédits est liée à un
ensemble des conditions de forme ainsi que, du fond conformément aux
articles 36, 37 et 40.
Le gestionnaire français bénéficie aussi
d'une liberté d'action en ce qui concerne la fongibilité des
crédits ;
A la lumière de l'article 7 de LOLF : « La
répartition des crédits au sein d'un programme n'est
...qu'indicative et le responsable de programmes peut réaffecter les
crédits d'une action à l'autre à l'intérieur d'une
même programme pourvu qu'il respecte les règles de
fongibilité concernant l'axe par nature, c'est-à-dire la
présentation des crédits par titres»86 . En
particulier, l'article 7 de la LOLF limite cette fongibilité dans la
mesure où « les crédits ouverts sur le titre des
dépenses de personnel de chaque programme constituent le plafond des
dépenses de cette nature ». Par conséquent, ces
crédits ne peuvent être augmentés au-delà du montant
indiqué en loi de finances. Il est donc, possible de diminuer les
crédits affectés
86 Lascombe (M) et Vandendriessche (X), Les finances
publiques, édition Dalloz-Sirey. Collection. Connaissance du droit.
France. 2007. P.128.
47
aux dépenses de personnel pour les attribuer à
un autre type de dépense, mais pas d'effectuer l'opération
inverse.
Les virements se font par décret et ces décrets
ne peuvent avoir lieu qu'après un rapport du ministre des comptes public
d'autant plus, l'utilisation des crédits doit faire l'objet d'un compte
rendu spécial inséré dans le rapport annuel de
performance.
Il en ressort de ce qui procède que, les dispositions
de la nouvelle LOB reflètent une véritable volonté de
revaloriser la gestion publique afin d'éviter les méthodes de
gestion basées sur la régularité et la rigidité
dans l'administration publique dont, le gestionnaire public qui s'acquitterait
au mieux de sa mission serait celui qui épuiserait les crédits
annuels qui lui sont alloués afin, d'instaurer un cadre de gestion
propice à la performance.
Il ne faut pas perdre de vue que, la fongibilité des
crédits ayant pour corolaire un certain nombre de contreparties
résultent à des nouvelles responsabilités à
l'égard des gestionnaires, tenus de rendre compte des moyens et des
objectifs qui lui sont affectés afin de, s'adapter au nouveau contexte
de gestion publique.
A côté des ces mesures de récompenses et
de sanctions visant à assurer une bonne gestion des finances publiques,
les décisions de gestionnaires doivent désormais, être
fondées sur un cadre de contrôle de gestion afin, de permettre une
maîtrise des dépenses publiques et par le même une
utilisation performante des deniers publics.
Section2. Un Contrôle de gestion propice à
une gestion axée sur les résultats :
Le contrôle de gestion est « ...un dispositif
qui vise à alimenter et objectiver le dialogue de gestion entre les
différents niveaux d'une administration, en apportant les outils de
connaissance des coûts, des activités et des résultats
permettant d'améliorer le rapport entre les moyens engagés et les
résultats obtenus ». Le rapport entre contrôle de
gestion et dialogue de gestion sont donc très étroit.
Le contrôle de gestion permet d'aider les responsables
d'administration à piloter les programmes publics déjà
tracés,
Au surplus, « Le pilotage des administrations(...)
nécessite (...), la compréhension synthétique de la
performance de chaque secteur sous ces différents aspect et pour
l'ensemble des activités »87
En effet, le contrôle de gestion est un outil de
pilotage qui s'insère dans le cadre de revalorisation des
méthodes de la gestion publique. La Tunisie a connu déjà
des avancées importantes au niveau du pilotage de la réforme
(§1er). Néanmoins, des contraintes se présentent face
à la réforme souhaitée, entravent la phase
d'expérimentation de la GBO sur le terrain de l'exécution
budgétaire (§2ème).
Paragraphe première/- Les avancées
réalisés au niveau du pilotage de la réforme :
87 Abate (B), La nouvelle gestion publique,
édition LGDJ, France. 2000. P.55.
48
Les structures de pilotage de la GBO se manifestent à
travers l'institution du comité de pilotage interministériel, le
"Comité ministériel pour la coordination et la conduite du projet
de réforme de la gestion du budget de l'Etat par objectifs". Ce
comité, crée par le décret N° 2007-893 du 10 avril
2007 est présidé par le Premier ministre. Douze ministres et le
secrétaire général du gouvernement en sont membres
;
Le pilotage de la réforme a été
renforcé par la mise en place des unités de gestion par objectifs
ces unités peuvent être créées par décret sur
proposition du ministre concerné après avis du ministre de
finances.
La distinction doit être claire entre l'unité
`centrale' de gestion par objectifs chargée de la coordination
de la réforme. Cette unité est rattachée au
ministère des finances Elle devra être chargée du
secrétariat du comité de suivi et d'évaluation et du
groupe interministériel de pilotage. Elle aura, entre autres, pour
tâche de:
- Produire les documents de support (notes
méthodologiques, directives, instructions, etc.) nécessaires aux
travaux d'expérimentation de la réforme.
- Produire des documents d'information à 1'intention
des ministères sectoriels et d'autres instances gouvernementales sur la
réforme budgétaire.
- Apporter assistance et conseil aux unités de gestion par
objectifs des ministères.
- Gérer les assistances techniques appuyant la mise en
place de la GBO (préparation des termes de référence,
choix des intervenants selon les procédures en vigueur, supervision des
contrats, etc.).
- Coordonner les activités des groupes de travail.
Et `Les unités de gestion par objectifs (UGBO) des
ministères'. Ces unités sont en cours de
mise en place dans les ministères pilotes. Il est prévu qu'elles
soient directement rattachées auprès du ministre concerné.
Il sera nécessaire qu'au moins deux cadres travaillent à temps
plein pour ces unités. Les effectifs de ces unités seront ensuite
renforcés, notamment en leur adjoignant des cadres formés au
contrôle de gestion. Les unités GBO seront mises en place dans les
autres ministères en fonction du rythme de généralisation
de la GBO88.
Par ailleurs, il y a les unités de projet par objectifs
prenons a titre indicative l'exemple du Décret n° 2006-1433 du 22
mai 2006, modifiant le décret n° 2004-1107 du 17 mai 2004 portant
création d'une unité de gestion par objectifs pour la
réalisation du projet de mise à niveau des circuits de
distribution des produits agricoles et de la pêche et fixant son
organisation et les modalités de son fonctionnement, ainsi que le
décret no 2013-2896 du 10/07/2013 portant modification du décret
n° 2001-2795 du 6 décembre 2001, portant création d'une
unité de gestion par objectifs pour la réalisation du projet de
développement agricole intégré du bassin minier du
gouvernorat de Gafsa et fixant son organisation et les modalités de son
fonctionnement etc.
Les ministères pilotes concernés par la GBO ont
pratiquement suivie la même démarche consiste à choisir des
programmes publics, fixer des objectifs liés à ces programmes,
designer les responsables des programmes publics et établir des
indicateurs de performance permettant de mesurer la réalisation des
objectifs assignées. Cette démarché s'insère dans
l'optique de rationaliser les choix publics afin d'accroître
l'efficacité de l'action publique.
88 Schéma directeur pour le développement d'une
gestion budgétaire par objectifs en Tunisie, Banque mondiale Mars2009.
Tunisie. P.55.
49
Prenons ainsi l'exemple, du ministère de l'enseignement
supérieur et la recherche scientifique concernant le programme public
orienté aux universités dans le but de promouvoir la
qualité de l'enseignement supérieur dont, le ministère a
fixé un ensemble des objectifs généraux ; Contribuer au
développement de l'économie du savoir, développer la
compétitivité du système productif et l'innovation et de
la recherche et des objectifs spécifiques consistent a assurer une
prestation d'enseignement supérieur à tous les bacheliers,
améliorer le rendement interne des établissements de
l'enseignement supérieur, promouvoir la production scientifique,
développer l'innovation pédagogique, favoriser l'insertion dans
l'environnement et développer l'employabilité et la
création des entreprises
Tous ces objectifs sont liés par un tableau de bord
comportant ; le taux d'inscription dans l'enseignement supérieur, la
proportion de la population active disposant de formation supérieure, le
nombre de places offertes par filière, le nombre d'enseignants par
spécialité, le coût du diplômé, le taux de
passage, de redoublement et d'abandon par niveau et par filière, le
nombre d'enseignants ayant eu une formation pédagogique par
spécialité, etc89.
Du même, le ministre de l'agriculture a mis en place un
budget de programmes. Selon le bilan économique de l'agriculture et de
la pèche pour 2013, les programmes publics amenées par ce
ministère s'intègre dans l'objectif de ;
- Soutenir les efforts pour parvenir à la
sécurité alimentaire
- Renforcer la compétitivité et la promotion des
exportations - Serrer l'exploitation des ressources naturelles
Il convient de souligner que, c'est seulement les
ministères pilotes de la première vague (Ministère de
l'agriculture, ministère de l'enseignement supérieur et la
recherche scientifique, ministère de l'emploi et la formation,
ministère de l'éducation et ministère de la santé
publique) et la deuxième vague ((Ministère des
finances. Ministère de l'industrie Ministère de
l'équipement. Ministère du transport) sont parvenus à
présenter leurs budgets sous forme GBO avec des projets de performance
et leurs cadres de dépenses à moyen terme correspondants.
(Ministère des finances. Ministère de
l'industrie Ministère de l'équipement. Ministère du
transport).
Les UGBO reflètent l'insertion de la nouvelle logique
de GPO et sa substitution à l'ancien budget de moyens, au niveau de
l'échelle national.
Faut-il amplifier une logique de centralisation ou
décentralisation pour implanter la GBO au sein de l'administration ?
L'enjeu de la question est fondé car, il relève
de la pratique qu'il existe deux manières d'élaborer et de
communiquer des objectifs ;
« La première est la gestion de direction, les
cadres supérieurs se chargeant alors, d'établir tous les
objectifs pour ensuite, le faire connaître aux gestionnaires de
l'échelon intermédiaire
89 V/ Appui analytique du développement du budget par
objectifs, analyse du cadre conceptuel des budgets par objectifs, Banque
internationale pour la reconstruction et le développement région
Moyen-Orient Afrique du nord département du développement
économique et social Juillet 2005.P.87.
50
qui les transmettent à leur tour aux cadres
inférieurs. La communication s'effectue donc, à sens unique. Du
haut vers le bas. La seconde manière de procéder consiste
à faire participer les gestionnaires des nouveaux intermédiaire
et inférieur à la détermination des objectifs et jouer un
rôle actif lors de la discussion, de la révision et de
l'approbation de tous les objectifs »90.
Il nous paraît que, la seconde démarche est plus
favorable à la logique de la GBO puisque, elle assure une communication
continue du département vers sa haute hiérarchie, c'est la
méthode qui convient plus à la logique de la nouvelle gestion
publique qui est une méthode interactive.
Les UGBO entraînent la réorganisation des
structures étatiques, tant que la GBO repose sur un engagement des
différents acteurs en scène en vue de réaliser les
objectifs escomptés. Ainsi, nous remarquons un va- et- vient successive
entre les divers ministres ; le ministre de finances, le première
ministre et le ministre concerné des projets des unités en se
référant ainsi à l'article 3 du décret
n°96-1236, portant création des unités de gestion par
objectifs qui dispose qu':
«Une commission créée au sein du
ministère concerné est chargée d'examiner toutes les
questions relatives au suivi et à l'évaluation des missions
confiées aux unités de gestion par objectifs ».
La Commission de suivi et d'évaluation des missions
dévolues à l'unité de gestion par objectifs. Elle a
été crée par arrêté du Premier ministre du 27
février 2007. Elle est présidée par le ministre des
finances ou son représentant. Elle comprend deux représentants du
premier ministère, quatre représentants du ministère des
finances, un représentant du ministère du développement et
de la coopération internationale et un représentant de la Cour
des comptes.
Cette commission est appelée à jouer un
rôle essentiel dans le suivi technique de la réforme. Elle devrait
se réunir au moins trimestriellement, afin de faire des recommandations
au Comite de pilotage interministériel sur tous les aspects de la
reforme budgétaire.
La nouvelle gestion publique exige un savoir faire et une
compétence pour mener à bien le pilotage du projet de la
réforme engagé. Toutefois, des obstacles et les limites
rencontrés au niveau du cadre budgétaire et administrative
entravant l'expérimentation de la GBO sur le terrain.
Deuxième Paragraphe/-
l'expérimentation entravée de la gestion budgétaire par
objectifs sur le terrain de l'exécution budgétaire
:
La mise en oeuvre de la GBO sur le terrain de
l'exécution budgétaire affronte plusieurs difficultés :
une difficulté au niveau de l'adaptation des textes juridiques, mais
aussi au niveau du contexte ;
L'inadaptation du cadre juridique revient à la lenteur
au niveau de la progression de la réforme entre les ministères
pilotes tant en ce qui concerne la présentation par programmes,
90 EL BOGHADI (M. Jamel), les apports de la nouvelle loi
organique du budget, mémoire pour l'obtention du mastère en
droit public et financier, Faculté des Sciences Juridiques Politiques et
Sociales Tunis2. 2006. P.31.
51
ainsi que, l'appropriation des concepts, des instruments et
des méthodes de la GBO, et un cadre de gestion budgétaire
traditionnel.
Compte tenu de ce décalage grandissant, il devient
indispensable de permettre aux ministères pilotes de passer à une
nouvelle étape de la réforme sur le terrain de la gestion sans
attendre une révision complète du cadre législatif et
réglementaire. Il s'agit en effet, de répondre à l'attente
des responsables et gestionnaires de programmes qui se sont fortement investis
dans la démarche de réforme en permettant ainsi, de les
responsabiliser et de continuer à les motiver91 .
Dans ce même sens, il convient de relever la
réforme inachevée de la nomenclature budgétaire qui a eu
lieu, en effet, le législateur tunisien a introduit une nouvelle
architecture budgétaire sans l'avoir accompagnée d'une adaptation
nécessaire à la nouvelle gestion publique.
« La LOB continue à se référer
au chapitre budgétaire comme cadre unique de virement et de transfert
des crédits (article 35 et 36 de la LOB). Surgit alors, à nouveau
le problème de la combinaison entre deux nomenclatures
financièrement distinctes »92.
Présenté par chapitre, la nomenclature
budgétaire actuelle ne décrit pas l'action
gouvernementale. Mais, une suite de masses financières
regroupées par nature sur lesquelles des votes sont
émis93.
L'inadaptation se manifeste au niveau du contrôle
exercé dans le cadre des unités de gestion par objectifs ce
contrôle qualifié par Kamel Ben Messaoud d'un contrôle
« mal agencé »94
Cette qualification se justifie par la prolifération
inutile du nombre des commissions de suivi et d'évaluation des UGBO au
sein du même ministère et pour le même secteur qui ne fait
qu'instaurer un cadre rigide et lourd par conséquent, une lenteur au
niveau de l'accomplissement des tâches confiées à ces
unités.
Par ailleurs, l'article 5 du décret de 1996 portant
création des UGBO dispose que « le ministre concerné
soumet un rapport annuel au premier ministre sur l'activité des
unités de gestion par objectifs relavant de son autorité,
notamment, en ce qui concerne les ressources et les résultats
réalisés par rapport aux objectifs fixés »
Ce procédé aurait été plus utile
s'il était institué entre le directeur de l'UGBO et son ministre,
ce dernier serait tenu informé du rythme d'avancement dans la
réalisation des difficultés rencontrées de les cerner,
d'en rechercher l'origine et d'y faire face grâce aux pouvoirs reconnus
à chaque ministre.
91 Bouvier (M) et Esclassan (M-Ch), Rapport intitulé
« Nouvelle gouvernance financière publique et réforme des
dispositifs de contrôle dans le cadre de la GBO en Tunisie », 23 mai
2011. P.12.
92 Ajroud (J), Op, cit P.99.
93 Mehrez (W), « L'évaluation de la gestion
budgétaire », Mémoire pour l'obtention d'un diplôme de
mastère
en droit public, Faculté de droit et des sciences
économiques et politiques de Sousse. Tunisie, 2010-2011. P.59.
94 Ben Messaoud (K), « Les unités de gestion par
objectifs », Actualités Juridiques Tunisiennes,
N°20-2007. P.28.
52
Sur un autre plan, le système comptable, instrument
nécessaire du contrôle de gestion à besoin d'une
réforme et une révision pour l'aligner aux standards
internationaux en la matière pour répondre aux exigences de la
nouvelle gestion publique ;
En vertu des articles 5-1, article 68 alinéa 2 et
l'article 196 de la loi n°73-81 du 31 décembre 1973, portant
promulgation du code de la comptabilité publique les opérations
financières effectuées par les comptables publics sont soumis au
système de la comptabilité à partie double ou dite
comptabilité patrimoniale. Néanmoins, le système de la
comptabilité à partie double n'a reçu aucune
application.
Quelle sont les fondements d'une comptabilité a partie
simple et à partie double ?
En effet, dans la comptabilité en partie simple «
chaque phénomène...est observé d'un seul point de vue
; il n'est donc, saisi qu'une seule fois, dans un seul compte.
La procédure a l'avantage de la simplicité,
mais elle donne une description pauvre et entraîne une perte
d'information.
La méthode comporte une part d'arbitraire et
s'harmonise mal avec l'emploi de compte à deux colonnes pour
décrire un même événement, on peut hésiter
soit à le noter sur un autre compte, qui devra être
crédité. Il faut donc, une règle pour décider du
choix, entre plusieurs possibles, de l'unique compte qui sera utilisé et
par conséquent du signe de l'écriture qui y sera
portée....(page79) Il n'y a pas de liaison entre les
différents comptes, donc, pas de système général
d'information de l'entreprise ... »
Pour ce qui est de la comptabilité en partie double
« C'est une variété particulière de
comptabilité en partie multiple. Elle consiste à décrire
chaque événement à la fois de deux points de vue
différents en le faisant entrer dans deux classifications
différentes, c'est-à-dire en le notant simultanément sur
deux comptes différents. On a ainsi une description plus riche qu'avec
la partie simple (deux points de vue au lieu d'un seul) plus facile qu'avec la
partie multiple (quand le nombre de comptes utilisés à la fois
est supérieur à deux) »95
Autrement dit, la comptabilité a partie double se base
sur la correspondance entre des ressources et leur emploi entre une origine et
sa destination par contre la comptabilité à partie simple se
fonde sur la seule distinction des recettes et des dépenses et la
détermination d'un solde entre le total des dépenses et le total
des recettes.
Le système comptable tunisien est dominé par la
logique de légalité budgétaire par la conformité
des opérations budgétaire à l'autorisation
budgétaire alors qu'actuellement, on trouve de nouvelles exigences
liées à l'efficacité et l'efficience de la gestion
administrative à laquelle le système comptable doit faire
satisfaction.
Instaurer une logique de résultats au niveau du
système de la comptabilité publique suppose que les dispositions
susvisées entrent en pratique c'est par cette façon que l'on
pourra
95 Lassègue (P), Lexique de comptabilité,
3éme édition Dalloz, Collection Sirey. France.1993. P.76-79.
53
améliorer la gestion administrative par une information
financière fiable pivot d'une bonne décision
financière.
La GBO exige une culture administrative centrée sur la
performance et tournée vers la logique des résultats.
Néanmoins, la culture administrative actuelle dominée encore par
la rigueur, la routine la paperasse et la bureaucratie. Tandis que,
l'implantation de la nouvelle gestion publique exige une rupture a la gestion
classique qui est en train de se réaliser progressivement au sein de
l'administration tunisienne.
Pour insérer à l'esprit des fonctionnaires la
culture de performance dans la réalisation des objectifs
assignés, une étape de formation du nouveau processus semble
être indispensable c'est suite à cette réflexion que le
décret du 24 novembre 2003 a accordé à l'unité
chargée de la mise e place de la GBO la mission de « concevoir
un programme de formation des cadres dans le domaine de la gestion
budgétaire par objectifs »96. L'Ecole Nationale
d'Administration ainsi que l'école nationale des finances ont
inséré la GPO dans son cursus de formation.97
Selon le professeur Guy DESAUNAY « la gestion est
encore un art, et les techniques de gestion ne peuvent être
utilisés pour atteindre leur pleine efficacité que par des
individus qui possèdent les structures mentales adéquats qui font
vivre ces technique »98.
La réflexion de la nouvelle gestion publique doit
être conduite sur la base d'une nouvelle culture administrative
fondée sur la performance. Mais, également sur un diagnostic
approfondi des systèmes de contrôles, éléments
indispensables pour évaluer les politiques publiques mises en oeuvre.
Chapitre deuxième/- L'évaluation des
politiques publiques mises en oeuvre :
Etymologiquement, l'évaluation est définie par
son objet à travers le droit positif français Ainsi, selon le
décret du 18 novembre 1998, créant le Conseil national de
l'évaluation, selon lequel : « l'évaluation d'une
politique publique a pour objet d'apprécier l'efficacité de cette
politique en comparant ses résultats aux objectifs assignés et
aux moyens mis en oeuvre »99.
Selon la doctrine, « évaluer une politique,
c'est reconnaître et mesurer ses effets propres... c'est former
un jugement sur sa valeur » écrit Michel Deleau 100.
96 Décret du 24 novembre 2003 portant création
d'une unité de gestion par objectifs pour la réalisation du
projet de la réforme de la gestion du budget de l'Etat et fixant son
organisation et les modalités de son fonctionnement, (JORT
N°97/2003, pages 3527).
97 El Boghdadi (J), les apports de la nouvelle loi organique
du budget mémoire, Mastère en droit public et financier, Tunis2.
2006. P.8.
98 Desaunay (G), « Gestion et différences culturelles
», RFAP, N°24-1982. P.95.
99 Bourdin (J), André (P) et Plancade (J-P), Rapport
d'information du sénat sur « l'évaluation des politiques
publiques en France » n°392-2004. Disponible sur :
www.sénat.fr. (Page
consultée le 24/06/2013).
100 Huteau (S), Le management public territorial : le
guide du manager, éditions du papyrus, France, 2006.P.208.
54
L'évaluation des politiques budgétaires mises en
oeuvre est une exigence de la nouvelle gestion publique, au sein de laquelle
l'évaluation doit se soucier de l'efficacité, l'efficience des
mesures qui ont pour but d'améliorer la performance
financière.
Le droit financier tunisien, incarne cette approche au niveau
de la réforme budgétaire lancée par la LOB du 13 mai 2004
à travers, l'article 11 prévoit que :
« La loi de finances peut autoriser l'affectation des
crédits selon des programmes et missions. Les programmes comprennent les
crédits affectés à une action ou un ensemble d'actions
homogènes mises à la charge de chaque chef d'administration en
vue d'atteindre des objectifs déterminés et des résultats
pouvant être évalués ».
L'évaluation est considérée comme une
démarche indispensable permettant d'apprécier les effets de
l'action publique afin de motiver les décideurs politiques ainsi que les
agents publics à en améliorer la qualité et
l'efficacité de la gestion budgétaire.
En Tunisie et pendant longtemps, l'évaluation est
progressivement devenue un exercice administratif routinier, conduit par le
souci d'assurer la régularité et la conformité aux
prescriptions juridiques. Cependant, avec le passage souhaité à
une gestion budgétaire par objectifs des nouveaux réajustements
nécessitent d'avoir lieu au sein de la pratique administrative.
Pour mettre l'évaluation au service de la nouvelle
logique de gestion budgétaire, il faut attacher la plus grande
importance au problème de l'institutionnalisation de l'évaluation
(section1) et en choisir les modalités conformes à ses
finalités (section 2).
Section 1. Le cadre institutionnel de
l'évaluation de la gestion budgétaire :
« La bonne gestion des deniers publics passe
essentiellement par l'établissement d'un système de
contrôle efficace qui permet à l'Etat de bien assurer ses
fonctions ».101
La recherche d'une plus grande efficacité de
l'administration publique en Tunisie s'accompagne par la mise en place de
mécanismes adéquats permettant à l'autorité qui a
le
pouvoir d'apprécier l'accomplissement des missions
confiées conformément, aux objectifs
fixés102.
101 Bouchouicha (M), La faute de gestion dans le secteur
public, Mémoire en vue de l'obtention du mastère en sciences
juridiques fondamentales, à Faculté des sciences juridiques,
politiques et sociales de Tunis.2003.P.1.
102 Ben Letaief (M), « Contrôle et transparence dans
la gouvernance du secteur public économique » in Transparence
Financière et Réforme institutionnelles, (s.dir) Mohamed
Naceur Loued, Actes du colloque international, Tabaraka 3 et 4 avril 2008.
Faculté des sciences juridiques, économiques et de gestion de
Jendouba Tunisie. 2009. P.129.
55
Il est impensable de réaliser l'objectif de
l'évaluation des politiques qui consiste à améliorer la
qualité et l'efficacité de la gestion budgétaire, sans la
présence d'un cadre de contrôle propice à cette
finalité.
Certes, le contrôle juridictionnel et administratif
exercé dans le cadre financier tunisien, a un rôle
évaluatif considérable en matière financière
Néanmoins, un nombre de contraintes entravent ce contrôle de
répondre aux exigences de la bonne gouvernance financière. Ce qui
nous amène à dire que les contrôles juridictionnels et
administratifs sont encore perfectibles (§1er),
Quant au contrôle politique celui-ci est souvent,
marqué par un affaiblissement du pouvoir législatif à
l'égard du pouvoir exécutif. Toutefois, suite à la
réforme lancée par la LOB du 13 mai 2004 des avancées ont
été réalisés à ce niveau pour revaloriser le
contrôle politique ce qui nous amène à dire que le
contrôler politique a été renforcé
(§2ème).
Premier Paragraphe/- Un contrôle juridictionnel
et administratif, encore perfectibles :
Le contrôle exercé en Tunisie peut être
qualifié comme un contrôle de régularité visant
à s'assurer du respect des règles juridiques. Toutefois, la
nouvelle gestion publique est basée sur une méthode de gestion
fondée non seulement sur la légalité, mais plutôt
sur un logique de résultat et d'efficacité dont, de nouveaux
aspects techniques et institutionnelles doivent être mises en place au
niveau du contrôle administratif (A) mais également juridictionnel
(B).
A- Le Contrôle administratif :
Les contrôles administratifs se présentent
essentiellement comme des contrôles de régularité sont
d'une double nature étant constitués d'une part, des
contrôles a priori et concomitants
traditionnels de l'exécution du budget103.
Le contrôle a priori est un contrôle
préventif puisqu'il s'exerce avant l'exécution des
opérations budgétaires dans le but d'éviter les
irrégularités et les carences.
Ce contrôle est exercé par trois organes
principales à savoir ; la direction générale du
contrôle des dépenses publiques, la commission des marchés
et les comptables publics.
Selon le décret 89-1999 du 31 décembre
1989104 le contrôle exercé par la direction
générale du contrôle des dépenses publiques (DGDP)
est un contrôle préalable à l'engagement de la
dépense et qui peut être qualifié d'un contrôle de
régularité.
103 Bouvier (M) et Esclassan (M-Ch), Rapport
précité. P.50.
104 tel que modifié et complété par le
décret n° 94-431 du 14 février 1994 ainsi que le
décret n°98-433 du 23 février 1998 organisant le
contrôle des dépenses publiques et fixant ses attributions et ses
interventions en instaurant le visa préalable sur toutes les
dépenses imputables au budget de l'Etat, aux budgets des
établissements publics, aux fonds spéciaux du Trésor et
aux fonds de concours et aux budgets des collectivités locales.
56
A cet effet l'article 3 du décret n° 2012-2878 du
19 Novembre 2012 relatif au contrôle des
dépenses publiques dispose que : «
Les services du contrôle des dépenses publiques
examinent la régularité de la dépense.
L'examen à effectuer porte sur les
éléments suivants :
1- l'objet, l'imputation et l'exactitude d'évaluation
des dépenses,
2- la disponibilité des crédits,
3- la conformité de la dépense avec les
travaux préparatoires du budget,
4- la conformité de la dépense aux lois et
réglementations en vigueur,
5- la conformité de la dépense au programme
d'emploi des crédits ainsi qu'à la programmation annuelle
prévue à l'article 11 du présent décret
».
Suite a ce contrôle de régularité, le
service du contrôle des dépenses publiques peut accorder la visa
d'engagement de dépense par conséquent, la dépense
pourrait être exécutée comme elle pourrait être
refusée par une décision motivée105.
Les marchés publics sont également soumis
à un contrôle administratif obligatoire. A cet effet, l'article 4
du décret précité prévoit que : « Dans le
domaine des marchés publics, le service du contrôle des
dépenses publiques est chargé de vérifier la
disponibilité des crédits à la rubrique budgétaire
appropriée et procéder au blocage des crédits
nécessaires ».
La nouveauté en matière du marché public
est que le contrôleur de la dépense publique doit vérifier
la conformité des projets des cahiers des charges et les projets des
marchés soumis à l'avis des commissions des
marchés106. Par conséquent, l'ordonnateur doit avoir
l'aval du contrôle des dépenses sur projet du marché avant
de le signer.
L'objectif de ce contrôle consiste essentiellement
d'assurer le respect des règles juridiques relatives aux marchés
publics.
Une autre nouveauté peut être constatée
à l'égard des attributions du contrôleur des
dépenses publiques des ministères concernés par la GBO. Il
s'agit aux termes de l'article 11107 du décret
précité d'établir par les responsables
des programmes « une programmation des dépenses »
105 V/
www.pm.gov.tn
106 Il y a cinq types de commissions de marché, dont, la
compétence dépend du montant du marché : La
commission supérieure des marchés
- Les commissions départementales des
marchés
- Les commissions régionales des
marchés
- Les commissions communales des
marchés
- Les commissions des entreprises publiques
57
des programmes publics mettant en adéquation
l'activité des services avec les crédits et les emplois du
programme de manières à respecter l'autorité
budgétaire108.
Par ailleurs, et en se référant aux dispositions
de l'article 10 du CCP les comptables publics sont également
chargé du contrôle de régularité avant de
procéder au paiement de toute ordonnance émise par
l'ordonnateur.
A travers ce contrôle de régularité, le
comptable public doit exercer une vérification sur : « - La
qualité de l'ordonnateur et l'assignation de la dépense
- La régularité de
l'engagement : ce contrôle porte sur la disponibilité d'un
crédit régulièrement ouvert, l'exactitude de l'imputation
de la dépense et l'existence du visa préalable a
l'engagement
- La validité juridique
de la dépense qui consiste à faire des vérifications sur
la justification du service fait »109
Certes, le contrôle administratif consiste un
élément crucial pour assurer la bonne gestion des deniers publics
Toutefois, il ne suffit pas de perfectionner les moyens ou même, la
nature du contrôle conformément aux standards internationaux et
aux normes appliquées par les administrations développées,
il convient de changer la mentalité administrative vers plus de
neutralité, vers plus de performance. Et s'il y avait une faille dans
ces aspects là, on dirait que la bonne gouvernance fait
défaut.
Quant au contrôle concomitant, ce dernier s'exerce par
les inspections départementales et les corps du contrôle
général
Les inspections départementales sont des structures
créées au sein de la plupart des ministères afin d'aider
le ministre de faire le suivi du fonctionnement des services centraux et
extérieur de son ministère également, les
établissements et les entreprises publiques sous sa
tutelle110.
107 Article. 11 - « Les
responsables de programmes au sens de l'article 11 de la loi organique du
budget doivent avec l'aide des services du programme de pilotage et appui,
établir une programmation des dépenses qui met en
adéquation l'activité des services avec les crédits et les
emplois du programme de manière à respecter l'autorisation
budgétaire. Cette programmation qui sert de document de
référence pour l'exécution du budget, est soumise au visa
préalable du contrôleur des dépenses publiques
conformément aux modalités qui seront fixées par
arrêté du chef du gouvernement sur avis du ministre chargé
des finances ».
108 Article intitulé « Le nouveau décret
relatif au contrôle des dépenses publiques : Vers des
contrôles plus ciblés et mieux organisés » disponible
sur :
www.gbo.tn (Page consultée le
15/09/2013).
109 AZOUZI Sana, La mutation des organes de
vérification vers des organes d'évaluation dans la gestion par
objectifs, Mémoire de fin d'étude, École Nationale
d'Administration. Tunis.2004. P.24.
110 Ibid.
58
Le corps du contrôle général se compose du
corps du contrôle général des services
publics111, le corps du contrôle général des
finances112 et le corps du contrôle général du
domaine de l'Etat et des affaires foncières113.
Une question qui s'impose à cet égard consiste
de savoir comment affiner le contrôle administratif pour répondre
aux exigences de la GBO ?
Actuellement, le contrôle administratif connait une
mutation par le passage d'une logique de régularité au
bénéfice d'une nouvelle logique dont, la finalité
primordiale est l'efficacité, la performance et le développement
de la gestion publique en générale et du service public en
particulier.
La réussite de ce passage nécessite la
présence de deux éléments essentiels à savoir
l'indépendance des agents et la disponibilité de l'information
financière et comptable.
D'ailleurs, une journée d'études a
été organisée le 11 juin 2013 sous l'intitulé
« La réforme du système du contrôle administratif
et financier en Tunisie » dans l'optique d'instaurer un cadre
administratif fort et indépendant du pouvoir exécutif afin de,
surmonter les difficultés des contrôleurs dans l'exercice de leurs
missions en garantissant leur protection et en leur facilitant l'accès
aux documents administratifs.
Cette réforme du cadre administratif traduit la
volonté des pouvoirs publics d'instaurer une nouvelle culture
administrative fondée sur la confiance entre l'administration et
l'administré mais également sur la qualité du service
public rendu.
Le contrôle administratif constitue le pivot d'un
système d'information budgétaire et comptable dans une gestion
axée sur les résultats l'information est inéluctable, car
la prise de bonne décision financière dépend de la
qualité de l'information.
A cet effet, la Tunisie a amélioré le processus
informatisé du circuit des opérations financières on peut
citer a titre indicatif, le système d'aide à la décision
budgétaire ADEB.
Le système ADEB est « un système
informatique qui s'occupe de la prise en charge et du suivi des dépenses
publiques, il traite tous les événements par lesquels peut passer
une procédure de dépense opérée par l'Etat sur des
crédits budgétisés ou à financement
extérieur »114.
« Le système ADEB assure une triple fonction de
gestion, de contrôle et d'information à travers ses fonctions
suivantes :
111 Décret n°82-06 du 5/01/1982 fixant le statut
particulier des membres du corps général des services public
(JORT n°2 du 8-12/01/1982 page55).
112 Décret n°87-07 du 05/01/1982 fixant le statut
particulier aux membres du contrôle général des finances
(JORT n°2 du 8-12/01/1982 page61).
113 V/ Décret n°91-842 du 31 mai 1991 fixant le
statut particulier aux membres du contrôle général des
domaines de l'Etat et des affaires étrangères (JORT n°43 du
14/06/1991 Page 1152).
114 Sfar (A), « Système d'aide à la
décision budgétaire ADEB », Revue Tunisienne
d'Administration publique Servir, n°5-1992. P.45.
59
- gestion et suivi contrôlés de l'ouverture des
crédits, de l'engagement, de l'ordonnancement,
de la liquidation et du paiement des dépenses
- gestion et suivi des marchés publics
- gestion et suivi des visas d'engagement
- gestion et suivi des bons de commande
- gestion et suivi des ordonnances de paiement
- suivi du rythme de traitement des dossiers d'engagement,
d'ordonnancement et de paiement
par les ordonnateurs, les contrôleurs des dépenses
publiques et les comptables...»115.
Asseoir une bonne gestion des finances publiques n'est pas
liée seulement à l'efficacité du contrôle
administratif exercé, le contrôle juridictionnel fait aussi
partie.
B- Le Contrôle
juridictionnel :
Le contrôle juridictionnel des finances publiques est
assurée à travers deux organes à savoir ; La cour des
comptes (A) qui aura à examiner les comptes établis à
partir de la gestion gérée par les comptables publics de l'Etat
et la cour de discipline financière (B) qui est une juridiction
répressive à caractère financier, appelée à
sanctionner les fautes de gestion commises à l'égard de l'Etat
par les ordonnateurs.
1-La Cour des comptes :
La Cour des Comptes (CC) est une juridiction financière
spécialisée dans la branche financière de droit public
à l'exclusion du droit fiscal, elle exerce un contrôle financier
externe, donc, située en dehors de la hiérarchie administrative
normale. Ce contrôle s'effectue à posteriori sur l'Etat, les
collectivités locales, les EPA, les entreprises publiques ainsi que,
certains organismes privés. La CC a été
créée par la loi n° 68-8 du 8 mars 1968 portant organisation
de la cour des comptes116.
La CC joue un rôle primordial dans l'édification
d'un système de contrôle financier efficace et transparent visant
la bonne gouvernance117 financière qui constitue un pilier de
la démocratie à travers une bonne gestion des deniers publics.
Cependant, il est reproché aux arrêts de la Cour
le fait qu'ils se limitent à fixer la ligne du comptes sans fournir des
principes qui peuvent guider les comptables dans la gestion des deniers publics
autrement dit, ces jugement ne constitue pas une véritable jurisprudence
financière parce qu'ils ne contiennent pas des règles
générales améliorant les méthodes de
115 Bouvier (M) et Esclassan (M-Ch), Rapport
précité. P.76-77.
116 Telle qu'elle a été modifiée et
complétée par la loi n° 70-17 du 20 avril 1970, la loi
organique n° 90-82 du 29 octobre 1990, la loi organique n° 2001-75 du
17 juillet 2001 et par la loi organique n°2008-3 du 29 janvier 2008.
117 Le concept de la bonne gouvernance comporte des
enjeux économiques et financiers alors que le concept de la
gouvernance comporte des enjeux politiques. Pour plus de
développement sur la distinction entre gouvernance et bonne gouvernance
voir : KOURDA Zouhour « Gouvernance et bonne gouvernance » in.
Info Juridiques n°110/111 avril 2011, P. 18-20 et n°112/113
mai 2011, P. 24-27.
60
gestion publique. Par ailleurs, ce contrôle se trouve
limité « ... par une contrainte objective liée à
la traçabilité des conséquences du jugement des comptes
»118. En effet aucune modification n'est introduite au
niveau des comptes après le jugement.
La question qui se pose à cet égard est de
savoir : Est-ce que la CC répond vraiment aux exigences de la nouvelle
gestion publique ?
En réalité, l'institution supérieure de
contrôle des finances publiques en Tunisie s'inscrit dans la logique
mondiale de la bonne gouvernance financière. Toutefois, La CC souffre
essentiellement de deux principaux problèmes à savoir un
problème au niveau de la performance de l'institution vu l'ampleur de sa
tâche (a) à coté du problème de son
indépendance généré par l'hégémonie
de l'exécutif (b).
a)- L'ampleur de la tâche confiée
à la cour des
comptes:
Il convient tout d'abord, de faire un rappel des tâches
confiées à la cour des comptes s'agissant notamment, de la
mission juridictionnelle, la Cour des Comptes doit juger chaque année un
nombre important de comptes des comptables publics119 suivant des
procédures complexes. En effet, cette juridiction financière ne
juge pas seulement les comptables patents, c'est-à-dire ceux qui sont
habilités par la loi, mais aussi, les comptables de fait,
c'est-à-dire ceux qui sans avoir la qualité de comptables sont
immiscés dans la gestion des deniers publics. Cette situation s'est
aggravée avec la modification du code de comptabilité publique
par la loi n°96-86 du 6 novembre 1996 qui a chargé d'autres
comptables120, qui ne sont pas mentionnés dans la liste
précitée, de présenter leurs comptes à la Cour afin
de les apurer.
Par ailleurs, la procédure de contrôle
juridictionnel au sein de la Cour se caractérise par sa lourdeur. Ainsi,
une fois saisie, la Cour désigne un magistrat pour l'instruction des
comptes, celui-ci prépare un rapport qui sera présenté
avec un contre rapport, au ministère public puis présenté
à la formation de délibération, cette dernière rend
un arrêt en deux temps qui sera notifié aux parties
intéressées afin d'exécution.
Une autre contrainte résulte de
l'hégémonie de l'exécutif sur l'institution ce qui rend
précaire son indépendance.
b)- L'hégémonie de l'exécutif
:
118 Ibid.
119 Le droit tunisien ne définit pas le comptable
public, la doctrine s'accorde à le définir comme étant
« un agent public, nommé par le ministre des finances ou avec
son agrément, pour effectuer des opérations de recettes ou de
dépenses, pour le compte d'un organisme public ». Le CC
distingue dans son article 13 entre les comptables principaux « qui
ont la plénitude des attributions comptables et rendent directement
leurs comptes aux juges des comptes » et les comptables secondaires
« dont les opérations sont centralisées par un comptable
principal ». Ce sont justement les comptables principaux qui sont
soumis directement à la juridiction de la Cour des Comptes alors que les
comptables secondaires doivent rendre leurs comptes aux comptables
principaux.
120 Les trésoriers régionaux ; Les payeurs ; Les
receveurs particuliers du budget annexe ; Les receveurs régionaux (la
liste est abrogée) du budget annexe (la liste est abrogée) ; Les
receveurs des finances.
En réalité, les dispositions imposant
l'indépendance du juge financier sont insuffisantes. « La
simple comparaison entre les normes internationalement reconnues par les textes
régissant l'organisation et les attributions de la dite Cour
témoigne que cette indépendance est limitée
»121. En effet, l'Organisation Internationale des
Institutions Supérieure de Contrôle des finances publiques exige
dans les Déclarations de Mexico, que les membres des institutions
supérieures de contrôle doivent être nommés,
reconduits dans leurs fonctions ou destitués dans le cadre d'un
processus qui garantit leur indépendance à l'égard de
l'exécutif, pour un mandat bien définit122.
Ce qui n'est pas le cas en Tunisie, puisque « Les
liens organiques et même fonctionnels paraissent ... étroits avec
le pouvoir exécutif... ce qui confère moins d'indépendance
à la
Cour (qui se trouve) dans une situation moins aisée
pour contrôler justement l'action du pouvoir exécutif
».123
En effet, il suffit de mentionner, que le premier
président est nommé par le Président de la
République pour un mandat non défini, aussi bien que les
présidents de chambres et les présidents de sections, que le
parquet est nommé par le gouvernement afin d'assurer sa
représentation auprès de la Cour, que le président du
Conseil Supérieur de la Cour des Comptes est le premier ministre, que
son budget est sous le contrôle du pouvoir exécutif, que le
rapport ne soit pas publié que si le Président de la
République autorise la publication.
Une nouveauté doit être marquée à
cet égard relative la transparence de la juridiction consiste à
la publication des rapports annuels124 de la cour des comptes, ce
rapport est censé informer le parlement, le gouvernement et surtout
l'opinion publique sur la régularité des comptes de
l'État. La publicité de ce rapport sert à ancrer la
culture de la recevabilité dans le pays, à développer la
transparence, à améliorer la performance de la gestion des
deniers publics et d'assurer au gouvernement un fonctionnement crédible,
liée à la promotion des normes internationales d'audit et aux
droits des citoyens à l'information « la non publication dudit
rapport et des arrêts de la cour contraste de manière frappante
avec la tendance actuelle ... qui vise à accorder au travail
administratif le plus de transparence possible et de traiter
l'administré de plus en plus comme un véritable citoyen, la
démocratie administrative rejoint ainsi, la démocratie politique
»125.
121 Ben Gassouma (M), « Cour des Comptes et transparence
financière des comptes publics », Info Juridiques,
n°112/113 Mai 2011. P.20-23.
122 Les déclarations de Mexico sur l'indépendance
des institutions supérieures de contrôle des finances publiques en
2007.
123 Ben Letaif (M), L'Etat et les entreprises publiques en
Tunisie : les mutations du contrôle, édition
l'Harmattan. Collection. Logiques juridiques, Paris, 1998, P.272.
124 Institué par l'article 23 de la loi n°68-8 8
mars 1968 portant organisation de la cour des comptes prévoit que:
prévoit que : « La cour des comptes établit chaque
année un rapport général sur les résultats de ses
travaux de l'année précédente. Ce rapport retrace les
observations et conclusions formulées par la cour et propose, en outre,
les réformes qu'elle estime utiles. Le premier président de la
cour des comptes présente le rapport général annuel au
Président de la République, à la Chambre des
députés et à la Chambre des conseillers. »
61
125 Mahbouli (A), « La cour des comptes : situation et
perspectives », RTD.1985, P.140.
62
Le 7 mai 2011, l'ancien conseil des ministres a adopté
un projet de décret sur l'accès aux documents administratifs.
Dans cette optique, l'ancien président de la République par
intérim, Fouad MEBAZAA, a décidé de rendre public les cinq
derniers rapports annuels de la CC en consécration du principe de
transparence dans la gestion des deniers publics126.
La Cour devient donc, l'organe principalement chargé de
fournir une information financière transparente, une information de
qualité.
La CC avait toujours joué un rôle éminent
en matière du contrôle juridictionnel des finances publiques Mais,
la réforme lancée de la gestion publique a changé la donne
en présentant des nouvelles exigences (efficacité et la
performance) auxquelles la cour doit faire satisfaction.
Dans ce même contexte, la cour des comptes exerce
actuellement, un contrôle de régularité mais aussi
d'efficacité.
Selon les dispositions de l'article 19 bis de la loi
n°2008-3 du 29 janvier 2008 modifiant et complétant la loi
n°68-8 du 8 mars 1968 portant organisation de la cour des comptes
prévoit que:
« Le contrôle de la gestion dévolu
à la Cour des Comptes tend à s'assurer de la conformité
à la législation et à la réglementation en vigueur
des actes de gestion pris par les organismes prévus à l'article 3
de la présente loi. Il tend également à évaluer la
gestion de ces organismes pour s'assurer de la mesure dans laquelle elle
répond aux exigences de la bonne gouvernance, notamment en ce qui a
trait au respect des principes d'économie, d'efficience et
d'efficacité ainsi que des impératifs du développement
durable ».
La cour des comptes contribue à l'amélioration
de la gestion publique ce à travers un contrôle de gestion vise
à garantir une bonne utilisation des deniers publics.
Le contrôle de gestion confié à la cour
des comptes par la loi du 29 janvier 2008 sert à apprécier les
organismes publics selon les principes d'économie, d'efficacité
et d'efficience. Mais à vrai dire comment peut-on définir ces
principes ?
« L'économie consiste à mesurer si les
ressources ont été acquises et utilisées au meilleur
coût, l'efficacité requiert de définir les effets obtenus
par rapport aux finalités et objectifs assignés et l'efficience
implique de mesurer le rapport entre les moyens mis en oeuvre et les
résultats atteints. Chaque audit du bon emploi des deniers publics ne
doit pas nécessairement examiner chacun de ces trois critères,
qui se présentent comme des outils d'analyse à la disposition du
contrôleur, à qui il appartient de faire un choix parmi eux en
fonction des particularités du service audité et de la
réalité de terrain.
L'examen de l'économie, déjà parfois
abordé lors d'un contrôle de légalité (dans la
mesure où la loi impose souvent des règles visant à
réduire les coûts, par exemple, en prescrivant une mise en
concurrence des fournisseurs), est sans doute le plus simple à
réaliser et celui qui soulève le moins de contestations :
l'exigence d'une gestion économe est largement partagée. Se
prononcer sur l'efficacité d'un service ou d'une action est bien plus
délicat : d'une part, cela suppose d'en identifier les résultats
»127
126 Ce rapport, qui est à sa 26ème édition
en 2012, n'a jamais été publié dans sa totalité.
Seuls des extraits minutieusement filtrés et contrôlés ont
été publiés dans le Journal officiel.
63
Sur un autre plan, un projet de renforcement institutionnel et
de développement des compétences de la Cour des
comptes128 a eu lieu récemment, à travers un jumelage
avec des homologues de l'UE, financé par la Commission
européenne, et en cours de lancement.
Ledit projet prévoit notamment :
« La rationalisation du contrôle juridictionnel
des comptes publics et la réduction des délais, par la
dématérialisation des pièces comptables, l'introduction
d'une procédure plus automatisée et efficace avec le
ministère des finances et la révision du fonctionnement de la
Cour de discipline financière.
Le développement des méthodes d'audit et de
l'évaluation des programmes publics conformément, aux normes
internationales et aux bonnes pratiques dans un contexte de gestion
budgétaire basée sur la performance.
Le développement de l'audit informatique et le
recours aux techniques informatisées de contrôle. Le renforcement
de la gestion et de l'organisation des services de la Cour »129
Après avoir tracé, la portée de la
mission assurée par la cour des comptes en matière du
contrôle juridictionnel qu'en -t'il de la cour de discipline
financière ?
2-La Cour de discipline financière :
Pour bien cerner la tâche confiée à la
cour en matière du contrôle, il convient tout d'abord de
préciser la mission (a) de la cour afin d'aborder la portée de
cette mission (b).
a)-La mission de la cour de discipline
financière :
La cour de discipline financière (CDF), est
instituée par loi n° 85-74 du 20 juillet 1985130 qui
remplace la loi du 30 avril 1970 portant définition de la
responsabilité des gestionnaires des deniers publics.
La cour a pour mission de sanctionner les fautes de gestion
commises par les ordonnateurs, les administrateurs et les agents chargés
d'utiliser les deniers publics.
127 Dumazy (W) et Trosh (A), « La nouvelle compétence
de la cour des comptes en matière de bon usage des deniers publics
», Revue des centre d'études et de recherches en administration
publique N°
1-2000. P.39-48.
www.pyramides.revues.org , (Page consultée le
6/10/2013).
128 V / Fiche du jumelage du programme d'appui à la mise
en oeuvre de l'accord d'association Tunisie- Union Européenne, «
Renforcement des capacités institutionnelles de la cour des comptes
de la république tunisienne ».
129 Rapport final de l'Union Européenne- Banque Mondiale-
et Banque Africaine de développement, « Performance de la gestion
des finances publiques en Tunisie » Juin 2010. P.98.
130 La loi n°85-74 du 20-07-1985 relative à la
définition et à la sanction des fautes de gestion commises
à l'égard de l'Etat, des EPA, des CPL et des entreprises
publiques et à la création d'une CDF (JORT n°56 des
26-30.07.1985).
64
La cour «... constitue une sorte de prolongement
organique et fonctionnel de la cour des comptes, elle a été mise
en place afin de compléter le contrôle juridictionnel de celle-ci,
qui se limitait au jugement des actes des comptables, à l'exclusion des
ordonnateurs à l'égard desquels ne s'exerçait qu'un
contrôle administratif »131.
Selon l'article 7 de la loi précitée, la cour se
compose des :
- Le premier président de la cour des
comptes, président
- Un président de chambre du tribunal
administratif, vice-président
- Deux conseillers de la cour des comptes
- Deux conseillers du tribunal administratif
Il convient de souligner que, les membres de la cour sont
nommés sur proposition du premier ministre et présentation
respective des premiers présidents de la cour des comptes et du tribunal
administratif, pour une durée de 5 ans.
Le législateur tunisien a limité la saisine de la
CDF aux autorités suivantes :
- Le président de la chambre des
députés,
- Le 1er ministre,
- Le ministre des finances
- Les ministres pour les faits relevés
à la charge des fonctionnaires, administrateurs et agents placés
sous leur autorité (pouvoir hiérarchique) ou leur tutelle
(contrôle de tutelle) - Le 1er
président de la cour des comptes
Pour sa part, le législateur français a
élargi la saisine en octroyant la possibilité pour un particulier
ou une personne morale de saisir la Cour de discipline budgétaire et
Financière132 pour des faits relatifs à
l'inexécution de décisions de justice les concernant.
b)-La portée de la mission du contrôle
de la CDF:
La responsabilité dégagée en cas de faute
de gestion par la CDF est soumis à un délai de prescription de 5
ans à compter du jour ou la faute de gestion a été
commise, a défaut, la CDF ne peut plus être saisie133.
Néanmoins, ce délai est prolongé jusqu'à la date de
la promulgation de la loi de règlement du budget ou jusqu'à la
date d'approbation des comptes par l'organe délibérant de
l'entreprise publique, lorsque le règlement du budget ou l'approbation
des comptes auxquels se rattache la faute de gestion commise intervient
après l'expiration de ce délai de 5 ans134.
En dehors de limites constatés au niveau des
compétences de la cour (la saisine), il convient de souligner les
limites qui entourent la publication des rapports de la CDF dont, la diffusion
reste réservée dans la mesure où, seuls des extraits et
des comptes-rendus de décisions sont
131 Chikhaoui (L), « Sécurité des deniers
publics et contrôles juridictionnels », RTD 2004. P.299
-384.
132 La Cour de discipline budgétaire et
financière a été instituée par la loi n°
48-1484 du 25 septembre 1948 désormais intégrée dans le
code des juridictions financières aux articles L.311 à L.316.
133 Article 10 loi n° 85-74 du 20 juillet
1985prévoit que « la cour ne peut plus être saisie
après l'expiration d'un délai de cinq années à
compter du jour la faute de gestion a été commise ».
134 Conformément à l'article 10
précité.
rendus publics sans dévoiler l'identité des
personnes concernées ni les organismes auxquels elles appartiennent. Du
même, Les audiences de la CDF se tiennent à huis clos.
En Tunisie, la préférence à
été donné à la discrétion. Une telle
discrétion bien que légitime du point de vue de la protection des
données personnelles rompt cependant, avec le souci d'assurer un
degré de transparence et lisibilité par le contrôle de la
CDF.
Le législateur a opté pour plus de transparence
à ce niveau, c'est ainsi que l'identification des personnes
jugées par la Cour de Discipline Budgétaire et Financière
CDBF) est possible.
Dans ce même contexte, le Premier président de la
Cour des comptes, Abdelkader Zgolli, a indiqué que tous les membres du
gouvernement en exercice avaient déposé auprès de cette
haute juridiction du Conseil d'Etat leurs déclarations sur l'honneur
concernant leur patrimoine, comme conformément à la loi
n°87-17 du 10 avril 1987 relative à la déclaration sur
l'honneur des biens des membres du gouvernement et de certaines
catégories d'agents publics135.
Cette action menée par les membres du gouvernement
constitue une avancée vers la transparence souhaité mais est ce
que la déclaration des biens des membres du gouvernement suffit-elle
pour garantir la transparence ?
En réalité et comme l'a souligné le
premier président de la cour des comptes la loi relative à la
déclaration des biens du gouvernement gagnerait à être
amélioré à l'avenir vu le nombre des lacunes qui se
traduit notamment par son champ d'application restreint qui ne concerne ni le
président de la République, ni la progéniture des
responsables sans limite d'âge, ni les membres des corps élus
comme la Chambre des députés, les conseils municipaux ou encore
les chefs de parti. Au surplus, nous remarquons l'absence du volet coercitif
...contrairement, à d'autres pays telle que la France136
dont, toute déclaration mensongère sera punie d'une amende.
Sur un autre plan, le contrôle juridictionnel de la CDF
exercé sur les ordonnateurs est limité, dans la mesure
où, il ne concerne pas la gestion financière de tous les
ordonnateurs de l'Etat, des EP ou des CPL, c'est ainsi seuls les ordonnateurs
secondaires sont concernés par le contrôle exercé par la
cour, ce conformément, aux dispositions de l'article 8, alinéa 2
du CCP qui prévoit que :
« Les ordonnateurs secondaires de l'Etat, les
ordonnateurs des établissements publics et des CPL autres que, les
communes, ainsi que les présidents des communes désignés
par décret, sont justiciables de la cour de discipline financière
pour les fautes de gestion... ».
Par contre, les ordonnateurs principaux tel que, le
président de la chambre des députes, les ministres et les
ordonnateurs des budgets des communes n'encourant qu'en raison de leurs
responsabilités.
135 (JORT n° 27 du 14 avril 1987 page 507).
65
136 V/ Loi n° 88-227 du 11 mars 1988
relative à la transparence financière de la vie politique.
66
Selon beaucoup d'auteurs, la responsabilité des
ordonnateurs est davantage théorique que pratique, il est vrai que,
cette responsabilité est assez difficile à mettre en oeuvre. Cela
est dû à la nature particulière de fonction des
ordonnateurs qui font jouer l'opportunité de la politique publique, car
ce dernier est assez délicate à évaluer et a
contrôler.
Après avoir retracé, les failles
intrinsèques à la cour des comptes et à la cour de
discipline financière ainsi que, les apports présentés par
ceux-ci en matière d'évaluation budgétaire. Il est
indispensable d'étudier également, la portée du
contrôle politique.
Deuxième Paragraphe/- Un contrôle
politique renforcé :
La philosophie de la réforme de la gestion de l'Etat
s'appuie sur l'idée selon laquelle la transparence des finances
publiques conditionne à la fois le fonctionnement démocratique de
ses institutions et garantit une bonne gestion des fonds publics. Autrement
dit, il ne peut y' avoir de bonne gestion que dans la transparence. Le
rôle du Parlement devrait être renforcé à travers la
réévaluation du débat budgétaire (A) et la
revalorisation de la loi de règlement du budget (B) qui fournit au
parlement une information continue de la situation budgétaire même
après la clôture de l'année budgétaire.
A- La réévaluation du
débat budgétaire :
Le débat budgétaire se déroule à
la suite du dépôt du projet de la loi de finances c'est une
occasion pour discuter et débattre le projet de la loi de
finances137, il s'agit de décider a propos de la politique
budgétaire autrement dit, sur la stratégie des finances
publiques.
La réévaluation du débat
budgétaire cherche à optimiser l'information du Parlement car, il
est clair que, la présentation nébuleuse des comptes
budgétaires ne permet pas de se faire une idée claire et
précise de la situation budgétaire de l'Etat.
Pour répondre aux exigences de modernisation de la
gestion publique basée sur la transparence des dispositifs financiers,
il est important que l'évaluation des recettes et des dépenses
soit sincère et que le projet de loi de finances soit
complété par une série de documents exhaustifs.
En effet, « La modernisation exige le
développement de deux fonctions : d'une part, un contrôle qui
apprécie la qualité de gestion des ordonnateurs et d'autre part,
l'évaluation des dépenses publiques »138
La sincérité de la loi de finances
s'apprécie en tenant compte « des informations disponibles et
des prévisions qui peuvent en découler ».139
Les méthodes utilisées pour l'évaluation des recettes et
des dépenses doivent donc, permettre une prévision correspondant
à la situation
137 Ahmed Essousi, Finances publiques, éditions
latrach. Tunisie, 2013. P.292.
138 Barilari (A), et Prat (M), les contrôles
financiers, comptables, administratifs et juridictionnels des finances
publiques, édition LGDJ. Paris 2003. P.131.
67
financière et économique de l'Etat.
En Tunisie, le principe de la sincérité n'est
pas consacré dans le droit positif. Mais, il n'empêche que les
prévisions budgétaires doivent être crédibles
c'est-à-dire qu'elles doivent être soumises à une
procédure budgétaire rigoureuse et s'inscrire dans
l'environnement économique ce en vertu, des articles 1140,
23141 et 24142 de la LOB.
Il ne faut pas perdre de vue que, le rôle important des
programmes informatiques (SINDA, RAFIC, ADEB) au niveau de l'information
financière, ceux-ci permettent d'exploiter utilement les données
relatives aux recettes budgétaires. Afin de permettre une vision fiable
de la situation budgétaire.
L'article 25 de la LOB indique les documents qui doivent
être annexés au projet de loi de finances : « Sont joints
au projet de loi de finances :
1 - Un rapport sur le budget de l'Etat dans le cadre de
l'équilibre global économique et financier. Il comprend,
notamment, une analyse de l'évolution des recettes et des
dépenses selon leur nature.
2 - Des notes explicatives relatives aux dépenses de
chaque chapitre selon leur nature et selon les programmes et les missions
arrêtés.
3 - Tout autre document jugé utile pour l'examen du
projet de loi de finances par la chambre des députés et la
chambre des conseillers ».
En effet, il s'agit des documents relatives aux estimations
macro-économiques (tel que le taux d'inflation, le taux du
déficit budgétaire etc.)
139 Article 32 de la LOLF prévoit que : « Les
lois de finances présentent de façon sincère l'ensemble
des ressources et des charges de l'Etat. Leur sincérité
s'apprécie compte tenu des informations disponibles et des
prévisions qui peuvent raisonnablement en découler.
»
140 « La loi de finances prévoit et autorise
pour chaque année l'ensemble des charges et des ressources de l'Etat
dans le cadre des objectifs des plans de développement et compte tenu de
l'équilibre économique défini par le budget
économique ».
141 « Les chefs d'administration établissent
les prévisions annuelles de dépenses des services qui leur sont
rattachés et les adressent au ministère des finances avant la fin
du mois de mai de chaque année.Le ministre des finances examine ces
propositions, y ajoute les prévisions de recettes et élabore le
projet de loi de finances. Ce projet est discuté par le conseil des
ministres et arrêté sous sa forme définitive par le
président de la république. Il est soumis à la chambre des
députés et à la chambre des conseillers au plus tard le 25
Octobre de l'année précédant celle relative à
l'exécution de la loi de finances présentée »
142 «Les prévisions de recettes sont
arrêtées par le ministre des finances selon les catégories
de recettes et ce dans le cadre de l'équilibre économique de
l'année considérée ».
68
Dans ce cadre, le Décret-loi n°2011-41 du 26 mai
2011, relatif à l'accès aux documents administratifs des
organismes publics, indique dans son article 5 que :
« L'organisme public compétent doit publier
régulièrement :
- Les informations statistiques économiques et
sociales y compris les comptes nationaux, les enquêtes statistiques
désagrégés ;
- Toute information sur les finances publiques y compris les
informations macroéconomiques, les informations sur la dette publique et
sur les actifs et les passifs de l'Etat, les prévisions et informations
sur les dépenses à moyen terme, toute information sur
l'évaluation des dépenses et de la gestion des finances publiques
et les informations détaillées sur le budget, aux niveaux
central, régional et local ;
- Les informations disponibles sur les services et programmes
sociaux ».
L'Article 6 ajoute que : « Les documents
administratifs mentionnés doivent être divulgués sous une
forme facilement accessible au public, et si besoin est, mis à jour au
moins une fois par an ».143
Ainsi, comme l'a souligné Jean-Pierre JARNEVIC «
l'amélioration de l'information et du contrôle parlementaire
sur les finances publiques a un double objet. Elle concerne, en effet, à
la fois la gestion des crédits autorisés par le
législateur dans le cadre de la loi de finances et la situation des
finances publiques en général...il s'agit de permettre au
parlement à partir des informations ciblée, d'exercer un
contrôle plus efficace de l'évolution des finances publiques...
».144
Bien entendu, l'information financière doit être
présentée non seulement, au cours de l'exécution du
budget. Mais aussi après la clôture de l'année
budgétaire.
B- La revalorisation de la loi de
règlement du budget :
La loi de règlement du budget « est
un des trois types de lois de finances avec les lois de
finances initiale et rectificative. À la fin de chaque exercice,
elle arrête le montant définitif des dépenses et
des recettes de l'État et le résultat budgétaire
qui en découle. Par ailleurs, elle décrit les opérations
de trésorerie et ratifie les opérations réglementaires
ayant affecté l'exécution du budget. Elle peut, en outre,
comprendre des dispositions sur l'information et le contrôle des finances
publiques, la comptabilité et la responsabilité des agents
»145.
Ainsi, comme l'a souligné le professeur Ahmed Essousi
«...élaboré par le gouvernement, le projet de
règlement du budget est présenté aux assemblées
pour débat et vote, une fois intervenue la cour des comptes,
chargée de contrôler et rédiger un rapport relatif
à
143L'absence de présentation et d'évaluation des
exonérations et incitations fiscales, qui jouent un rôle important
dans la mise en oeuvre des politiques publiques pèse sur l'efficience et
la transparence.
144 Jarnevic (J-P), « Le paradoxe de l'information et du
contrôle parlementaire sur les finances publiques », in `la
réforme de l'Etat', (s, dir) Jean-jacque Pardini, Claude Deves,
Acte du colloque international de Toulon 1er et 2eme octobre 2004
édition Bruylant. Bruxelles. 2005. P.57.
145
www.vie-publique.fr.
(Page consultée le 23/06/2013).
69
l'exécution dans les conditions prévues par la
loi »146.
Dans le cadre de la nouvelle gestion publique, la loi de
règlement du budget acquiert une nouvelle portée politique
puisqu'elle permet justement de mesurer les résultats à la
lumière du constat qu'elle en fait.
Pour cela elle doit prendre la forme d'un document complet
permettant au parlement de juger la qualité de réalisation des
prévisions et elle doit intervenir dans délais suffisamment
courts pour éclairer les parlementaires au moment du vote de la loi de
finances.
Dans ce sens, la LOB a effectivement renforcé la loi de
règlement du budget en précisant son objet (article 45) ainsi que
son mode d'élaboration. (Article 46). Par ailleurs, le contenu de la loi
de règlement du budget a été élargi par
l'intégration des réalisations des fonds de concours et des fonds
spéciaux (article 47 nouveau), en revanche, aucune mesure n'a
été prise pour accélérer la préparation de
la loi de règlement du budget en fixant par exemple un délai de
dépôt.
« La décision budgétaire étant
orientée vers les résultats, il va de soi que le parlement doit
disposer d'une document suffisamment complet pour lui permettre de juger de la
qualité de la réalisation des prévisions...cette logique
se retrouve dans la masse très importante des informations
financières fournies aux parlementaire en annexe du projet de loi de
règlement (article 54 LOLF) »147
Dans ce cadre, la démarche de la LOLF a
été plus audacieuse. Elle a élargit l'objet de la loi de
règlement et raccourcit son délai de dépôt. Ainsi,
l'article 64 précise que le projet de loi de règlement doit
être déposé et distribué au plus tard le 30 juin de
l'année suivant l'exécution du budget auquel il se rapporte. De
cette manière, La LOLF institue un "chaînage vertueux" entre la
loi de règlement de l'année n-1 et la loi de finances de
l'année n+1. L'analyse de l'efficacité des crédits
utilisés et des résultats obtenus pour chaque programme sera
placée au coeur du débat sur l'allocation des crédits au
titre de l'année n+1 dans le cadre du projet de loi de finances. A cette
fin, l'article 46 fixe au 1er juin n+1 la date limite de dépôt du
projet de loi de règlement de l'année n. L'article 41 interdit de
mettre en discussion le projet de loi de finances n+1 devant une
assemblée avant le vote par celle-ci, en première lecture, sur le
projet de loi de règlement de l'année n-1.
En effet, « L'examen de loi de règlement
deviendra donc, pour le parlement un moment privilégié de revue
d'ensemble de l'action de l'Etat, grâce à un arrêté
des comptes beaucoup plus complet...et à une évaluation de la
politique budgétaire dans chacun de ses domaines d'intervention
»148.
146 Essousi (A), Op, cit. P.434.
147 Barilari (A) et Bouvier (M), La LOLF et la nouvelle
gouvernance financière de l'Etat, édition LGDJ. Collection
.systèmes finances publiques. France. 2008. P.38.
148 Robert (F), « La rénovation des pouvoirs du
parlement », RFFP, n° 76-novembre 2001. P.89
70
Après avoir précisé, le cadre organique
chargé de l'évaluation, la question qui se pose est de savoir :
quelles sont les finalités de cette évaluation ?
Section 2. Les finalités de l'évaluation
de la gestion budgétaire :
L'évaluation de la politique budgétaire ayant pour
finalité d'améliorer la compréhension de
celle-ci (§1er). Elle permet également,
de garantir l'exécution et les résultats de la politique
déjà évaluée (§2ème)
Premier Paragraphe /- Garantir la compréhension
de la politique publique :
L'évaluation enchaîne un circuit d'information
cherche à rendre compte du plan d'action et des effets multiples de la
politique publique mise en oeuvre.
L'évaluation permet une meilleure compréhension
des buts et défis de la politique publique et de mieux apprécier
les conditions favorables à sa mise en oeuvre, ses résultats et
ses répercussions et donc, une vision assez précise et
exhaustive.
Au niveau du cadre budgétaire, l'évaluation se
présente comme un outil de clarification du rapport entre le budget et
le plan de développement. Autrement dit, c'est un moyen de renforcer la
planification stratégique de l'action publique.
C'est ainsi que, la LOB appelle dans son article 1 à
une liaison incontestable entre le plan et le budget de l'Etat. Ainsi, ledit
article dispose que : « la loi de finances prévoit et autorise
pour chaque année l'ensemble des charges et des ressources dans le cadre
des objectifs des plan de développement ».
Dans ce même cadre, le professeur Henri Jacquot a
estimé qu' « en bonne logique, le plan qui définit les
objectifs économiques et sociaux que l'Etat s'est données pour
cinq ans devrait, certainement, s'imposer au budget. A ce niveau, il ne
constitue qu'un instrument d'exécution du Plan ; son contenu devrait lui
étroitement subordonnée »149.
En effet, une certaine complémentarité voir une
harmonie entre le plan et le budget doit être assurée, d'une part,
le plan doit prendre en considération les contraintes budgétaires
notamment, par la limitation des engagements financiers à moyen terme
engagé par l'Etat, d'autre part, le budget de l'Etat doit satisfaire les
perspectives du plan.
Le contrôle ne peut s'enfermer dans une
évaluation quantitative des finances publiques, mais doit
intégrer une évaluation des mesures des résultats. Une
évaluation tournée vers une logique de résultats
inspirée de l'esprit de la nouvelle gestion publique.
L'évaluation en matière budgétaire est
indispensable afin, d'apprécier les programmes publics par les
différents ministères, cela bien entendu avant, au cours et
même après l'exécution budgétaire.
Conscient de l'importance de l'évaluation, le
législateur tunisien a déjà opté pour cette
démarche.
149 Henri (J), « les nouveaux rapports du plan et du budget
», in mélanges Paul Marie Gaudemet, édition
Economica. Paris 1984. P.125.
71
A cet effet, l'article 2 du décret n°2003-2424 du
24 novembre 2003150 prévoit que : « (...)
L'unité de gestion a pour mission d'élaborer une nomenclature
fonctionnelle qui tient compte des spécificités du chaque
ministère et définir les interventions sur la base d'un groupe
d'actions et de programmes qui seront identifiés (...) et d'instaurer un
programme de suivi qui permet d'évaluer la réalisation des
objectifs à chaque étape ».
Si l'unité joue un rôle important en
matière d'évaluation des projets. Néanmoins, ce rôle
est limité face à l'intervention d'autres acteurs en la
matière. Cela se manifeste au niveau organique notamment, dans le cas de
l'aménagement ou la réalisation du projet risque de conduire
à des résultats irréversibles, l'unité de gestion
ne peut pas en décider la suspension, elle ne peut que transmettre un
rapport aux autorités de tutelle, à savoir, la commission
assurant le suivi et l'évaluation des missions attribuées
à l'unité de gestion, présidée par le ministre
chargé du domaine, qui peut seul prendre la décision convenable
(soit la poursuite de la réalisation du projet, soit la suspension de
projet).
Dans un cadre plus évolué, certaines instances
jouent un rôle de tutelle sur les unités, on peut citer, dans ce
cadre le Comité de suivi et d'évaluation des missions
dévolues à l'unité de gestion par objectifs pour la
réalisation du projet de réforme de la gestion du budget de
l'État.
L'évaluation des politiques budgétaires mises en
oeuvre permet de mieux comprendre la politique publique définie tout en
mesurant ses effets mais, aussi elle permet de mieux gérer les deniers
publics et mieux décider l'action publique avec une redéfinition
probable de la politique déjà évaluée sert à
améliorer l'exécution et les résultats.
Deuxième Paragraphe/- Améliorer
l'exécution et les résultats de la politique déjà
évaluée :
L'évaluation cherche à apprécier les
résultats de l'action publique dans le but d'assurer une meilleure
utilisation des deniers publics.
L'évaluation est une méthode basée sur
une étude pertinente et précise permettre de dessiner les
contours de l'action publique menée, en traçant les écarts
entre objectifs et les résultats réalisés, elle peut
également, relever les irrégularités ou bien les
équivoques.
Au delà de cette finalité d'apprentissage et de
motivation des agents publics et des acteurs politiques, l'évaluation
contribue à l'amélioration de la qualité de la gestion
budgétaire.
L'évaluation est un instrument de pilotage qui facilite
la prise de décisions cohérentes pour la poursuite,
l'arrêt, l'adaptation ou la redéfinition de tout ou partie d'une
politique afin d'accroître sa valeur. En améliorant au
préalable la rentabilité de ses responsables. Autrement dit,
« il s'agit, de bien savoir ce que l'on cherche, de se placer dans une
attitude de disponibilité permettant de bien comprendre une situation
d'assimiler les causes d'un problème, de saisir les pistes porteuses
d'une nouvelle décision ».151
150 Décret n°2003-2424 du 24 novembre 2003, portant
création d'une unité de gestion par objectifs par la
réalisation du projet de réforme de la gestion du budget de
l'Etat et fixant son organisation et les modalités de son
fonctionnement.
151 Elarafi (H), « Gestion des finances de l'Eta :
budget, comptabilité, trésor », édition Rabat :
Relais des études juridiques, jurisprudentielles, économiques et
sociales. Collection. Finances publiques marocaines. P.577.
72
L'évaluation contribue à « Rationaliser
la prise de décision publique, à moderniser la gestion de
l'administration et des services publics et à rendre efficace la
dépense publique. Elle contribue simultanément au
développement de la responsabilité et des pratiques de compte
rendu interne et externe, ainsi qu'à l'apprentissage organisationnel.
Elle participe aux
progrès parallèles de la bonne gestion et du
débat démocratique à tous les niveaux de gouvernement
».152
La doctrine française a supposé que : «
Si l'évaluation est de nature à améliorer la
rationalité des décisions budgétaires et
l'efficacité des actions financières, ce n'est pas sans
précautions, notamment, de méthode, que cette amélioration
doit être recherchée ».153
La position du législateur tunisien, en vertu de la loi
du 25 février 2008154 prévoit dans son article 44, que
« l'évaluation des universités(...) consiste à
auditer leur performance (...) sur la base de critères de qualité
préétablies, en vue d'arrêter les mesures adéquats
pour améliorer la performance à l'établissement et la
promouvoir avec efficacité et compétence ».
L'évaluation en matière budgétaire
«... s'aperçoit que ses finalités essentielles se
rapportent à celles:
- Gestionnaire : qui tend à répartir plus
rationnellement, les ressources humaines et financières entre
différents actions mais aussi à améliorer la gestion des
services chargés de les mettre en oeuvre
- Décisionnelle : qui a pour objectif de
préparer des décisions concernant la poursuite, l'arrêt ou
la refonte d'une politique
- D'apprentissage et de mobilisation : qui vise à
contribuer à la formation et à la mobilisation des agents publics
et de leurs partenaires en les aidant à comprendre les processus
auxquels ils participent et à s'en approprier les
objectifs..»155
Pour mener à bien la finalité de
l'évaluation, il convient à se référer à un
ensemble des règles méthodologiques comportant : un plan de
recherche, l'élaboration du référentiel et des conclusions
;
> Le plan de recherche :
Le choix d'un ou de plan de recherche dépend de divers
éléments dont les suivants : «
- La nature descriptive ou causale
de la question posée s'agit-il d'une évaluation de mise en oeuvre
ou d'une évaluation de résultat ;
- Le souci de
généraliser les conclusions de l'évaluation ;
152 Citée dans le préambule de la « charte de
l'évaluation » de la société française de
l'Evaluation disponible sur :
http://www.performancepublique.budget.gouv.fr/fileadmin/medias/documents/performance/controlegestion/
Analyse_comparative/analyse_comparative/2charte-sfe_2006.pdf. (Page
consultée le 18-05-2013).
153 Lamarque (D), « Evaluation et budget », Revue
politique et management public. Volume 17 n°2 juin 1999.P.184.
154 Loi n°2008-19 février 2008, relative à
l'enseignement supérieur (JORT N°19 du 4 mars 2008. Page848).
155 Mehrez (W), Op, cit. P.163.
73
- La possibilité de
multiplier les observations en coupe transversale sur des sujets assez
différents les uns des autres ;
- L'existence d'observations de
même nature avant et après mise en oeuvre de la politique
- La possibilité de
trouver ou des constituer des groupes de comparaison et éventuellement
de recourir à l'expérimentation avec tirage au sort ;
- L'existence d'une
réflexion théorique permettant l'élaboration de
modèles »156
On peut trouver des différents plans de travail,
adaptés à la politique publique suivie dans différents
secteurs. Toutefois, tous ces plans doivent bien évidement,
répondre à la nécessité d'améliorer la prise
de décision en temps opportun.
> L'élaboration d'un
référentiel :
L'une des questions majeures rencontrées au cours de
l'élaboration d'un projet est celle du référentiel :
Il s'agit de préciser les critères sur lesquelles
vont être confrontés les résultats observés.
En effet, les objectifs de la politique constituent le
référentiel légitime de l'évaluation, tel est
d'ailleurs, le point de vue adopté dans la définition de
l'évaluation. En pratique, cependant, les choses ne sont pas si simples,
et plusieurs problèmes peuvent surgir tel que le manque de transparence
des objectifs qui peut être constaté par l'imprécision du
contenu de la politique, l'existence d'objectifs non affichés ainsi que,
la coexistence d'objectifs antinomiques.157
> Faire des conclusions :
Sur la base des travaux d'évaluation, l'organe
chargé de l'évaluation est tenu de faire une synthèse
d'évaluation sous la forme d'un diagnostic accompagné des
recommandations Celles-ci peuvent aussi bien consister à reformuler des
normes qui se seraient révélées inapplicables qu'à
renforcer le contrôle exercé sur les acteurs de terrain, ou
améliorer leur formation et leur information, etc.
En Tunisie, une directive gouvernementale appelle les
administrations publiques à faire état dans leurs rapports
annuels, des suites réservées aux observations et recommandations
de la cour des comptes.
Le suivi des évaluations est également
assuré par le haut comité du Contrôle Administratif et
Financier institué depuis 1992 auprès du président de la
république. Ce haut comité a pour mission « d'exploiter
les rapports des organes de contrôle général des services
de l'Etat et des Etablissements publics, de proposer les mesures pratiques
permettant de pallier aux insuffisances, d'améliorer les méthodes
de gestion et d'assurer le suivi de leur exécution. Cet organe rend
compte annuellement au Président de la République des
résultats et de ses travaux. La cour en est tenu informée
».158
156 Deleau (M), Nioche (J-P), Penz (Ph) et Poinsard (R),
Evaluer les politiques publiques, Méthodes, Déontologie,
Organisation, édition La documentation Française,
Paris.1986. P.101-102.
157 Deleau (M), Nioche (J-P), Penz (Ph) et Poinsard (R), Op,
cit. P.98.
158 Kharrat (A), « Cour des comptes et évaluation de
la gestion publique », RTF n°11, 2009. P.75-77.
En définitive, le rapport d'évaluation doit
apporter aux décideurs des éléments leur permettant de
statuer en pleine connaissance sur la valeur. Mais, également sur
l'avenir de la politique étudiée.
* *
*
74
Conclusion générale
La réforme budgétaire lancée en Tunisie
est mise en place selon une vision globale et intégrée qui couvre
tout le processus budgétaire : élaboration, adoption et
exécution budgétaire. Elle s'articule autour des
éléments suivants :
L'amélioration de la programmation budgétaire
pluriannuelle par la mise en place d'un CDMT triennal et glissant qui sert
à renforcer la cohérence des politiques sectorielles avec la
politique publique définie et avec l'objectif de soutenabilité
d'un cadre macro-économique. Des CDMT sectoriels ont été
préparés par les différents départements
ministériels concernés par la GBO sur la base des
prévisions données par le TOFE.
L'architecture de la nomenclature budgétaire qui a
été enrichie et adaptée à la GBO ; permettant,
ainsi de présenter à la fois la nature économique,
administrative et fonctionnelle des dépenses publiques. Au surplus, la
répartition programmatique des dépenses est devenue par l'article
11 (nouveau) de la LOB du 13 mai 2004 qui prévoit « La loi de
finances peut autoriser l'affectation des crédits selon des programmes
et missions ».
75
A cet effet, une présentation des indicateurs de
performance pivot d'une budgétisation par programmes semble être
nécessaire. Pour mesurer la réalisation des objectifs
assignés et le niveau de performance.
Des guides méthodologiques et manuels ont
été élaborés et diffusés au profit de tous
les départements ministériels notamment, celle concernés
par la GBO s'intéressent au suivi de la performance, les indicateurs de
performance, dialogue de gestion et le pilotage de la réforme...dans le
but de diffuser les nouveaux méthodes de gestion tournées vers un
culture de résultats et de performance.
Des systèmes d'informations ont été
développés permettant la transparence de l'information
budgétaire grâce notamment aux applications informatiques AMAD et
ADEB structurés par missions et programmes, la publication des rapports
de la cours des comptes et la cour de discipline financière.
Le déploiement du dispositif de fongibilité des
crédits à travers l'octroi d'une autonomie et une souplesse de
gestion des crédits alloués et ce conformément, aux
articles 36 et 37 nouveau de la LOB. En contrepartie, il faut rendre compte de
l'état de réalisation de leur engagement à atteindre les
objectifs prédéfinis mesurés par des indicateurs de
performance etc.
En outre, la présence du cadre institutionnel propice
à l'évaluation des politiques budgétaires mises en oeuvre
peut permettre une appréciation sur le succès et les entraves
rencontrées par chaque ministres dans la mise en oeuvre des objectifs
qui lui ont été assignées.
A la lumière des avancées
réalisées au niveau du déploiement progressif de la
réforme, des leçons peuvent être tirés notamment, en
ce qui concerne les limites rencontrées au niveau de
l'expérimentation de la GBO comme suit :
L'exécution budgétaire reste dominée par
un cadre législatif et réglementaire qui n'a pas
été modifié. Ce cadre étant essentiellement
orienté vers la régularité, en contradiction avec la
logique de performance et de résultats qui est à la base de la
GBO ;
la diffusion limitée de la culture de performance chez
le personnel notamment, au niveau des services opérationnels et
déconcentrés. La culture administrative reste désormais
caractérisée par la routine, la Bureaucratie et la rigueur ;
Des attributions importantes de la cour des comptes et la cour
de discipline financière, Néanmoins, l'ampleur de la tâche
confiée à ces cours constitue un obstacle à la
performance, ainsi que l'hégémonie de l'exécutif remet en
cause l'indépendance des cours.
En définitive, la construction d'une nouvelle gestion
publique a franchi une étape décisive, mais elle n'est pas encore
achevée. En effet, le bilan dressé permet de conclure que la
réforme budgétaire mise en place en Tunisie progressivement et
à législation constante, a atteint un pallier où il
devient nécessaire de réajuster les prescriptions juridiques aux
attentes de la nouvelles gestion publique. D'ailleurs, la LOB est en cours de
révision. Néanmoins, La réforme des cultures
administratives nécessite une longue durée d'apprentissage et
d'expérimentation.
Cette réforme constitue une opportunité pour
donner une nouvelle impulsion à la modernisation de l'Etat et au
renforcement de la performance de la gestion publique, modifier
76
en profondeur la gestion publique pour plus
d'efficacité de l'action publique et faire évoluer les finances
publiques tunisiennes vers une approche privilégiant la culture
managériale au service du développement et du bien être des
citoyens.
77
Tables des matières
- Annexe n° 1 : schéma de
budgétisation en deux
temps du cadre de dépenses à moyen
terme
- Annexe n°2 : Les axes du dialogue de
gestion
héma deux temps du cadre de
d me
78
Ministre
Responsable de
Programme
*Source : Ministère des
finances date 2013
Dialo
gue
vert
cal
|
Ministre du budget Ministre de la fonction publique
Autres ministres Premier ministre Parlement
|
DAF, DRH, DSI, autres directeurs d'administration centrale
Direction du Budget (Finances)
Autres responsables de programmes
|
Annexe n°2 : Les axes du dialogue de gestion
79
Responsable de Sous-programme
Entité
Opérationnelle Territoriale
Services déconcentrés Etablissements
publics Contrôle des dépenses
Services déconcentrés Etablissements publics
Contrôle des dépenses Usagers
80
*Source : Schéma
directeur pour le développement d'une gestion budgétaire par
objectifs en Tunisie, Banque mondiale Mars2009. Tunisie. P.13.
81
Bibliographie
Ouvrages :
- Abate (B), « La nouvelle gestion
publique », édition LGDJ, France. 2000.
- Barilari (A) et Bouvier (M), « La
LOLF et la nouvelle gouvernance financière de l'Etat »,
édition LGDJ. Collection .systèmes finances publiques. France.
2008.
- Barilari (A), et Prat (M), « Les
contrôles financiers, comptables, administratifs et juridictionnels des
finances publiques ».édition LGDJ Paris 2003.
- Chikhaoui (L), « Précis des
finances publiques : tome 1 droit budgétaire », édition
Centre de Publication Universitaire. Tunisie 2004.
- Catteau (D), « La LOLF et la
modernisation de la gestion publique », édition Dalloz, France
2008.
- Deleau (M), Nioche (J-P), Penz (Ph) et Poinsard (R),
« Evaluer les politiques publiques,
Méthodes, Déontologie, Organisation »,
édition La documentation Française, Paris.1986 -
Dunand (Ph) et Greffe (X), « Problèmes
budgétaires contemporains », Paris, édition PUF.
1970.
- Essousi (A), « Finances publiques
», édition Latrach, Tunisie. 2013.
- Elarafi (H), « Gestion des
finances de l'Etat : budget, comptabilité, trésor »,
édition Rabat : Relais des études juridiques, jurisprudentielles,
économiques et sociales. Collection. Finances publiques marocaines.
- Kessler (Ph) et Texier (Fr), « Le
budget de programmes », édition berger-levrault. Paris
1973.
82
- Lascombe (M) et Vandendriessche (X), «
Les finances publiques », édition Dalloz-Sirey. Coll.
Connaissance du droit. 2007
- Lochard (J), « La gestion
budgétaire : outil de pilotage des managers », édition
d'organisation Collection. Schémacolor France.1999.
- Letaif (M), « L'Etat et les
entreprises publiques en Tunisie : les mutations du contrôle
», édition l'Harmattan. Collection. Logiques juridiques,
Paris, 1998.
- Mas (F), « Gestion privé pour
service publics : Manager l'administration », Inter édition
Paris, 1990.
- Ould Ahmed Ely (M), « Management des
finances publiques », édition IHET. Tunisie. 1996.
Articles :
- Ajroud (J), « La gestion
budgétaire par objectifs en Tunisie », in Revue Tunisienne de
Fiscalité n°11, 2009.
- Barilari (A), « Vers la
réforme de la responsabilité des gestionnaires publics
», AJDA. 4 avril 2005
- Ben Messaoud (K), « Les
unités de gestion par objectifs », Actualités
Juridiques Tunisiennes, N°20-2007.
- Ben Letaief (M), « Contrôle
et transparence dans la gouvernance du secteur public économique
» in Transparence Financière et Réforme
institutionnelles, (s.dir) Mohamed Naceur Loued, Actes du colloque
international, Tabaraka 3 et 4 avril 2008. Faculté des sciences
juridiques, économiques et de gestion de JendoubaTunisie. 2009.
- BEN GASSOUMA (M), « La Cour des
Comptes et transparence financière des comptes publics », in,
Info JURIDIQUES n°112/113 Mai 2011.
- Chikhaoui (L), Résumé de
l'article « Sécurité des deniers publics et
contrôles juridictionnels », RTD 2004.
- Chevalier (J) et Loschak (D), «
Rationalité juridique et rationalité managériale dans
l'administration française », RFAP, N°24-1982
- Chelli (S), « Programmation des
dépenses d'investissement et annualité budgétaire
», RTD, Tunisie 1982.
- Chevalier (J), « Performance et
gestion publique » in Mélanges en l'honneur de Robert HERTZOG
`Réformes des finances publiques et modernisation de l'administration,
édition Economica Paris. 2011.
- Dumazy (W) et Trosh (A), « La
nouvelle compétence de la cour des comptes en matière de bon
usage des deniers publics », Revue des centres d'études et de
recherches en administration publique N°
1-2000.
Pages39-48. www.pyramides.revues.org
- Desaunay (G), « Gestion et
différences culturelles », RFAP, N°24-1982.
- Delpérée, (F) « Une
énième réforme de l'Etat », in La réforme
de l'Etat (s,dir) Jean Jacques Pardini et Claude Deves. Actes du colloque
international de Toulon (1er et 2 octobre 2004), édition
Bruylant Bruxelles 2007.
- Ely (M), « Eléments pour
une approche managériale des finances publiques dans les pays du Maghreb
» in, `Les mutations de l'action publique au Maghreb', Les
deuxièmes journées maghrébins de droit organisés
à la faculté de droit et des sciences politiques de Tunis, les 15
et 16 mars Tunis.
- Huges (R), « Le budget pluriannuel
au Royaume-Uni » in La bonne gouvernance des finances publiques dans
le monde (S. dir Michel Bouvier), édition LGDJ. France 2010.
- Hertzog (R), « Finances publiques,
finances privés : nouvelles frontières, nouvelles similitudes
» in RFFP N°100,2007.
83
- Henri (J), « Les nouveaux rapports
du plan et du budget » in mélanges Paul Marie Gaudemet,
édition Economica. Paris 1984.
- Jarnevic (J-P), « Le paradoxe de
l'information et du contrôle parlementaire sur les finances publiques
», in `la réforme de l'Etat'(s, dir) Jean-jacques Pardini,
Claude Deves, Acte du colloque international de Toulon 1er et 2eme
octobre 2004, édition Bruylant. Bruxelles. 2005.
- Khochtali (A), «
Budgétisation et gouvernance publique transparente en Tunisie
» in colloque international `5ème Réunion annuelle des
hauts responsables du budget des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord'
organisé par l'OCDE et l'Ecole Nationale des Finances sous
l'intitulé le 15 et 16 novembre 2012 Tunisie.
- Koudra (Z), « Gouvernance et bonne
gouvernance » in. Info Juridiques, n°110/111 avril
2011.
- Kharrat (A) :
> « Reddition des comptes
et responsabilité des gestionnaires dans la communication de
l'information sur la performance des actions publiques »
Servir-ENA, N°20-1996.
> « L'imputabilité et l'obligation de
rendre compte dans la gestion publique », Revue Tunisienne
d'Administration Publique. ENA N°1-2, 1990.
> « Cour des comptes et évaluation
de la gestion publique », RTF n°11, 2009
- Lamarque (D), « Evaluation et
budget », Revue politique et management public. Volume 17 n°2
juin 1999
- Mahbouli (A), « La cour des comptes :
situation et perspectives », RTD.1985.
- Nioche (J-P), « Science
administrative ; management public et analyse des politiques publiques
», RFAP, N°24-1982.
- Poli (R), « Les indicateurs de
performance de la dépense publique », RFFP, N°82-2003.
- Pariente (A) et Coulibaly (A-S) «
Programmes et mesure de la performance en France et dans les pays africains
», RFFP N°98-juin 2007.
- Robert (F), « La rénovation
des pouvoirs du parlement », RFFP n°76-novembre 2001.
- Roux (A), « Réforme de
l'Etat et l'expérimentation », in La réforme de l'Etat
(s,dir) Jean Jacques Pardini et Claude Deves. Actes du colloque international
de Toulon (1er et 2 octobre 2004), édition, Bruylant
Bruxelles 2007
- Simony (M), « La démarche
de performance dans le cadre des finances publiques », RFFP,
n°98-2007.
- Sayari (M), « L'Etat et
l'administration publique à l'ère de la gouvernance »
in, les mutations de l'action publique au Maghreb journées
d'études organisée à La Faculté de droit et des
sciences politiques de Tunis les 15 et 16 mars 2007.
Sfar (A), « Système d'aide
à la décision budgétaire ADEB », Revue
Tunisienne d'Administration publique Servir n°5-1992.
Thèses et Mémoires
:
- Ayari (M), « La bonne gouvernance
financière », mémoire en vue de l'obtention du
mastère en droit public et financier, Faculté des sciences
juridiques, politiques et sociales. Tunis, 20062007.
- Bouchouicha (M), « La faute de gestion
dans le secteur public », Mémoire en vue de l'obtention du
mastère en sciences juridiques fondamentales, à Faculté
des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis.2003.
84
- El Boghdadi (J), « Les apports de la
nouvelle loi organique du budget », mémoire pour l'obtention du
mastère en droit public et financier, Faculté des Sciences
Juridiques Politiques et Sociales Tunis2. 2006.
- El Arbi (A), « La cour des comptes
», Mémoire en vue de l'obtention du diplôme
d'études approfondies en droit public et du commerce international.
Faculté de droit de Sfax. 2002.
- Jenayah (R), « Budget et Plan, Recherche
sur les instruments budgétaires d'exécution du plan : Une
approche de droit économique », Thèse de droit
public, Faculté de droit et des sciences politiques et
économiques de Tunis. Tunisie, 1982.
- Mehrez (W), « L'évaluation de la
gestion budgétaire », Mémoire pour l'obtention d'un
diplôme de mastère en droit public, Faculté de droit et des
sciences économiques et politiques de Sousse. Tunisie, 2010-2011
Dictionnaires et lexiques :
- Lassègue (P), Lexique de
comptabilité, 3éme édition Dalloz, Collection Sirey.
France.1993. Support de cours :
- Chikhaoui (L), Cours des finances
publiques, ENA. Tunisie. P. 24. (Disponible sur le site :
www.ena.tn)
- Choubani (R), Cours de finances publiques,
1er année mastère de recherche en droit public et
sciences politiques à la faculté des sciences juridiques,
politiques et sociales de Tunis.2011-2012
Rapports, documents officiels
:
- Arthuis (J), « LOLF : culte des
indicateurs ou culture de la performance ? », Rapport d'information
n°220 (2004-2005) (Disponible sur :
www.sénat.com ).
- Bourdin (J), André (P) et Plancade
(J-P), Rapport d'information du sénat sur «
l'évaluation des politiques publiques en France », n°392-2004.
Disponible sur :
www.sénat.fr.
- Bouvard (M), Migaud (D), Courson (C ) et Brard (J-P).
Rapport d'information sur la mise en oeuvre de la loi organique
n°2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de
finances, (disponible sur
www.assemblée-nationale.fr).
- Bouvier (M) et Esclassan (M-Ch), Rapport
intitulé « Nouvelle gouvernance financière publique et
réforme des dispositifs de contrôle dans le cadre de la GBO en
Tunisie » Le 23 mai 2011. Pages12.
- BRAUN (G) Rapport d'information
intitulé, fait au nom de la commission des finances, « Etude
comparative portant sur la réforme de l'Etat à l'étranger
», n°348 (2000-2001). Disponible sur
www.sénat.fr
- Brahim (A), SYMPOSIUM INTERNATIONAL «
L'évolution du rôle des parlements dans le processus
budgétaire: Les expériences des pays UPCI et les États
membres de l'UE » Session trois - Table ronde II 23-25 Septembre 2010
Anemon Hôtel, Afyonkarahisar Maroc.
85
- Appui analytique du développement du
budget par objectifs, analyse du cadre conceptuel des budgets par objectifs,
Banque internationale pour la reconstruction et le développement
région Moyen-Orient Afrique du nord département du
développement économique et social Juillet 2005.
- Fiche du jumelage du programme d'appui
à la mise en oeuvre de l'accord d'association Tunisie- Union
Européenne, « Renforcement des capacités
institutionnelles de la cour des comptes de la république tunisienne
».
- Fiche de jumelage-appui à la gestion
budgétaire par objectifs, programme d'appui à la mise en oeuvre
de l'accord d'association Tunisie-union européenne.
- Guide méthodologique du Cadre de
Dépenses à Moyen Terme de l'Union Européenne-Tunisie.
Décembre 2009.
- Guide méthodologique de l'Union
Européenne-Tunisie, 'suivi de la performance et choix des indicateurs',
décembre 2009. Tunisie.
- Guide méthodologique de la Banque
Mondiale-Tunisie `Dialogue de gestion et pilotage de performance'
- Guide Méthodologique de la Banque
Mondiale-Tunisie `Etablissement des nomenclatures de programmes et
présentation budgétaire' juin 2007.
- Union Européenne - Banque Mondiale -
Banque Africaine de développement ; Performance de la gestion des
finances publiques en Tunisie, Rapport Final, Juin 2011
- Rapport du conseil exécutif de
l'Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la
culture « Budgétisation axée sur les résultats :
expériences des organisations des nations unies » Paris, 10
août 2000.
- Schéma directeur pour le
développement d'une gestion budgétaire par objectifs en Tunisie,
Banque mondiale Mars2009. Tunisie.
- Les déclarations de Mexico sur
l'indépendance des institutions supérieures de contrôle des
finances publiques en 2007.
- OCDE, les traitements du privé pour le
public éditions OCDE, Paris 1993.
Les textes officiels :
Droit Tunisien
Constitution
- Constitution tunisienne du 1er juin
1959 Loi et décret lois :
- La Loi Organique du Budget 13 mai 2004 Portant
modification et complétant la loi organique du budget n°67-53 du 8
décembre 1967 (JORT n°40 du 18 mai 2004. Page1292)
- La loi n°73-81 du 31 décembre
1973, portant promulgation du code de la comptabilité publique (JORT
n°51 du 31 décembre 1973, page2263).
86
- La loi n°85-74 du 20-07-1985 relative
à la définition et à la sanction des fautes de gestion
commises à l'égard de l'Etat, des EPA, des CPL et des entreprises
publiques et à la création d'une CDF (JORT n°56 des
26-30.07.1985).
- La loi n°87-17 du 10 avril 1987
relative à la déclaration sur l'honneur des biens des membres du
gouvernement et de certaines catégories d'agents publics (JORT n°
27 du 14 avril 1987 page 507).
- La loi n°2008-3 du 29 janvier 2008
modifiant et complétant la loi n°68-8 du 8 mars 1968 portant
organisation de la cour des comptes (JORT n°10 du 1 février 2008,
page572)
- Loi n°2008-19 février
2008, relative à l'enseignement supérieur (JORT N°19 du 4
mars 2008. Page848)
- Le Décret-loi n°2011-41 du 26
mai 2011, relatif à l'accès aux documents administratifs des
organismes publics (JORT n°39 du 31 mai 2011, page 803)
Décrets :
- Le décret n°82-06 du 5/01/1982
fixant le statut particulier des membres du corps général des
services public (JORT n°2 du 8-12/01/1982 page55).
- Le décret n°87-07 du 05/01/1982
fixant le statut particulier aux membres du contrôle
général des finances (JORT n°2 du 8-12/01/1982 page61).
- Le décret n°91-842 du 31 mai
1991 fixant le statut particulier aux membres du contrôle
général des domaines de l'Etat et des affaires
étrangères (JORT n°43 du 14/06/1991 Page 1152).
- Le décret N° 93-982 du 3 mai
1993 relatif à la relation entre l'administration et ses usagers. (JORT
n° 36 page 662).
- Le décret N°2003-2424 du 24
novembre 2003, portant création d'une unité de gestion par
objectifs pour la réalisation du projet de réforme de la gestion
du budget de l'Etat et fixant son organisation et les modalités de son
fonctionnement, (JORT N°97/2003, p. 3527).
- Le décret n° 2006-1433 du 22
mai 2006, modifiant le décret n° 2004-1107 du 17 mai 2004 portant
création d'une unité de gestion par objectifs pour la
réalisation du projet de mise à niveau des circuits de
distribution des produits agricoles et de la pêche et fixant son
organisation et les modalités de son fonctionnement (JORT n°43 du
30 mai 2006, page 1439).
- Le décret n° 2008-4112 du 30
décembre 2008, portant création d'une unité de gestion par
objectifs pour la réalisation du projet de réforme de la gestion
du budget de l'Etat et fixant son organisation et les modalités de son
fonctionnement (JORT N°4 du 13 janvier 2009 page 153).
- Décret n° 2010-2549 du
28/09/2010: portant création d'une unité de
gestion par objectifs pour le suivi de la réalisation des plans
d'aménagement urbain dans les gouvernorats de Sousse, Monastir, Mahdia
et Sfax et fixant son organisation et les modalités de son
fonctionnement, (JORT N°80, du 5 octobre 2010. p2768).
- Le décret n° 2012-2878 du 19
Novembre 2012 relatif au contrôle des dépenses publiques (JORT
n°95 du 1 décembre 2012, page 3051)
- Le décret n° 2013-2896 du
10/07/2013 portant modification du décret n° 2001-2795 du 6
décembre 2001, portant création d'une unité de gestion par
objectifs pour la réalisation du projet de développement agricole
intégré du bassin minier du gouvernorat de Gafsa et fixant son
organisation et les modalités de son fonctionnement (JORT n°58 du
19 juillet 2013, page 2218).
-
Droit comparé :
- La déclaration des droits de l'homme et
du citoyen de 1789 - La Loi Organique relative aux Lois de
Finances Française
Sites Web :
-
www.vie-publique.fr
-
www.gbo.tn
-
www.sénat.fr
-
www.performance-publique.gouv.fr
-
www.ena.tn
-
www.larousse.fr.
87
Tables des matières
Introduction 8
Première Partie. L'option pour un processus de
budgétisation axée sur les résultats 14 Chapitre
premier/- La budgétisation par programmes 15
Section 1. La programmation budgétaire stratégique
16
§1er. Les exigences d'une programmation
budgétaire à moyen terme 17
A-L'infléchissement du principe d'annualité 17
B-Le respect de la procédure du Cadre de dépense
à moyen terme 20
§2ème. Les instruments d'une programmation
budgétaire à moyen terme 21 A-La préparation du
cadre macro-économique à moyen terme 21
B-Le tableau des opérations financières de
l'Etat 23
Section 2. La Présentation nécessaire des
indicateurs de performance 24
§1er. L'identification des indicateurs de performance 24
A-Typologie des indicateurs 24 B-Importance des
indicateurs 25
§2ème. Le choix des indicateurs
26 A-Les qualités des indicateurs 26
88
B-La difficulté d'établir des indicateurs de
performance 27
Chapitre deuxième /- La rénovation de la
nomenclature budgétaire 28
Section1. D'une classification par nature des
crédits(...)29
§1er /- la classification administrative 29
§2ème /- La classification économique 32
Section2. (...) A une répartition par objectifs des
crédits 33
§1er /- Le fondement d'une répartition par objectifs
33
§2ème /- Les limites pratiques d'une
répartition par objectifs 35
Deuxième Partie. La consécration d'une pratique
budgétaire centrée sur la performance 37
Chapitre premier/- L'amélioration de l'information
financière 38 Section1. Un dialogue de gestion impliquant les
gestionnaires 39
§1er- L'alignement de la gestion publique sur une approche
managériale 39 §2ème - Une responsabilité accrue
des gestionnaires 42
A-Des responsabilités nouvelles 42
B-Les libertés octroyées aux gestionnaires
45
Section2. Un Contrôle de gestion propice à une
gestion axée sur les résultats 47
§1er Les avancées réalisées au niveau
du pilotage de la réforme 47
§2ème: l'expérimentation entravée de la
GBO sur le terrain de l'exécution budgétaire 50
Chapitre deuxième/- L'évaluation des politiques
publiques mises en oeuvre 53
Section 1. Le cadre institutionnel de l'évaluation de la
gestion budgétaire 54
§1er /- Un contrôle administratif et juridictionnel,
encore perfectibles 55
A-Le contrôle administratif 55 a)-Le
contrôle a priori 55
b)-Le contrôle concomitant 55
B-Le contrôle juridictionnel 58
1-La cour de comptes 59
a-)- L'ampleur de la tâche confiée à la
cour des comptes 59
b)- L'hégémonie de l'exécutif 60
2)-La cour de discipline financière 62
a)-La mission de la cour de discipline financière
62
b)-La portée de la mission du contrôle de la CDF
64
§2ème /- Un contrôle politique renforcé
65
A-La réévaluation du débat
budgétaire 65
B-La revalorisation de la loi de règlement 68
Section 2. Les finalités de l'évaluation de la
gestion budgétaire 69
§1er /- Garantir une meilleure
compréhension de la politique publique 69
§2ème/- Améliorer
l'exécution et les résultats de la politique déjà
évaluée 70 Conclusion générale 74
Annexes 75
89
Bibliographie 80
Tables des matières 87
|