USAGES ET PRATIQUES D'INTERNET PAR LES ETUDIANTS AU
CAMEROUN : QUELS ENJEUX ?
ESSOUKAN EPEE Hermann
UFR LLASIC
Mémoire de master II
Recherches et Études en Information-Communication
Sous la direction de la Pr Fabienne Martin-Juchat
Année universitaire 2014-2015
DEDICACE :
À Melchisédek, qui m'a infiniment soutenu
et fortifié
durant cette exercice intellectuel et scientifique.
REMERCIEMENTS :
Ce travail de recherche est le fruit de la contribution de
plusieurs personnes, à qui nous tenons à adresser nos
sincères remerciements.
Nous pensons en pareil occurrence à la Pr Fabienne
Martin-Juchat notre Directrice de mémoire pour son accompagnement, son
orientation, son éclairage et sa disponibilité dans
l'encadrement.
Aux enseignants de l'Institut de la Communication et des
Médias (ICM) de l'Université Stendhal-Grenoble 3, pour leurs
enseignements et conseils ; singulièrement à la Pr Isabelle
Pailliart et au Pr Bertrand Cabedoche pour leurs suggestions qui nous ont
permis de faire un débroussaillage conceptuel.
À l'équipe dirigeante et aux responsables du
Département de Communication de l'Université de Douala (Cameroun)
à l'instar du : Pr Misse Misse, Dr HDR Thomas ATenga, Dr Georges
Madiba, Dr Caroline Metote, MM. Achille Ebana, Ndongue Epangue qui, durant
cette aventure scientifique ont également assuré le suivi et
l'optimisation de ce travail.
À M. Marcel Carminati, conseiller
Maître honoraire à la Cour des Comptes (France), pour les
discussions enrichissantes que nous avons eu sur le sujet. Y compris à
mes compagnons grenoblois, les doctorants Charles Le Grand Tchagneno, Simon
Ngono, Fulbert Fofack et Germain Yatombo qui, à travers les
échanges et leurs perceptions sur les usages et pratiques d'Internet
m'ont permis d'avoir une vision plus large de mon sujet de recherche.
Nous exprimons également notre gratitude
envers tous ceux, qui ont contribué de près ou de loin à
la réalisation de ce travail scientifique.
AVANT-PROPROS :
Le présent mémoire de recherche est
réalisé pour l'obtention du Master II en Recherches et Etudes en
Information-Communication ; un diplôme qui concède dans le
domaine des sciences humaines et sociales le grade de Maître et pour
cette spécialisation, celui de Maître en SIC (Sciences de
l'Information et de la Communication).
Toutefois ce travail de recherche ne prétend pas
être exhaustif suite à ses manquements, ni s'ériger comme
un manuel normatif ; mais il compte s'inscrire dans le sillage d'une
production scientifique qui, comme plusieurs autres est en constante
remise en question, à cause du caractère de son objet
d'étude qui n'est pas stable, mais dynamique et évolue
sensiblement avec le temps.
L'idée de cette étude est le fruit d'une
observation empirique réalisée sur les usages et pratiques
d'Internet par les étudiants de l'Université de Douala
(Cameroun). De cette observation, nous avons fait le constat selon lequel,
Internet représente un enjeu de plus en plus important pour ces derniers
malgré le contexte social et conjoncturel qui ne favorise pas
l'intégration et l'adoption rapide des TIC. Mais au-delà du
niveau de vie inférieur aux conditions d'accès à Internet,
nous nous sommes rendu compte que les étudiants de l'Université
de Douala recourent à plusieurs stratégies pour non seulement
accéder à Internet, mais également pour mener des
pratiques d'hybridations propres à leur contexte social, à
travers le braconnage ou le détournement des usages sur la Toile et sur
les dispositifs techniques à partir desquels d'autres usages sont
nés.
Cela étant dit, cette étude entend contribuer
modestement à la compréhension des logiques d'action et des
stratégies socio-économiques déployées par la
communauté estudiantine au Cameroun lors des usages d'Internet. Afin de
ressortir les actions d'adaptation, de « bricolage » et de
détournement lors de l'appropriation des dispositifs et de porter un
regard analytique sur le contexte de manque de ressources pour aller sur
Internet, les choix de navigation lorsqu'ils ont la possibilité de
s'offrir quelques heures de connexion.
Aussi, suite à l'application des instruments de
collecte des données, l'occasion nous a été donnée
de confronter nos points de vue, nos connaissances au terrain camerounais, ce
qui nous a permis d'opérationnaliser les enseignements reçues en
milieu universitaire et d'établir le lien entre les acquis
théoriques et les pratiques professionnelles. Une expérience
bénéfique, qui permettra certainement à travers ces
écrits de susciter l'attention et l'intérêt de la
communauté scientifique, des autodidactes, des usagers d'Internet et de
tout esprit curieux.
RESUME :
Le présent travail sur les usages et pratiques
d'Internet par les étudiants au Cameroun, plus précisément
de l'Université de Douala, nous a permis de porter un regard analytique
sur le contexte de manque de ressources des étudiants pour aller sur
Internet, les actions de braconnages pour y accéder, les choix de
navigation, les formes d'hybridations culturelles et les nouvelles pratiques
sociales issues de l'appropriation de cette plateforme
info-communicationnelle.
Pour ce fait, nous nous sommes donné pour objectifs de
présenter les usages d'Internet par les étudiants de
l'Université de Douala et les pratiques qui découlent de ces
usages, de comprendre les logiques et les motivations liées aux usages
et pratiques d'Internet, de décrire les enjeux et les défis qui
sont au coeur de ces usages.
Cela étant, nous avons fait le constat selon lequel,
malgré le manque de moyens financiers face à la cherté des
heures de connexion à Internet, le mauvais débit de connexion,
l'absence d'infrastructures de pointe et les coupures intempestives du courant
électrique, il s'observe une addiction des étudiants à
l'égard d'Internet. Ces derniers y vont généralement soit
pour se faire des relations, communiquer avec autrui, chercher du travail, soit
pour des raisons d'immigration, trouver l'âme-soeur, faire des cotages de
paris sur le football ou pour des raisons académiques (...).
Pour y parvenir, ces derniers recourent aux techniques
d'adaptation, de bricolage et de détournement parmi lesquelles :
organiser leur temps autours des choix spécifiques et des besoins
immédiats à satisfaire avant d'aller sur le Net, aller
régulièrement sur Internet durant un temps très
réduit pour consulter uniquement les mails et les notifications,
utiliser minutieusement et plusieurs fois les tickets achetés pour se
connecter à Internet jusqu'à épuisement des heures de
connexion, et emprunter parfois les mêmes tickets de connexion à
Internet à d'autres étudiants (...).
Ainsi, cette étude nous permet de comprendre en plus de
ce qui précède, qu'Internet est devenu pour les étudiants
de l'Université de Douala, un lieu d'affirmation de soi, une courroie de
reliance au monde, un outil capital de réalisation des projets et de
réussite. Et à travers ses multiples services, il semble plus
pratique pour ces derniers de recourir à Internet pour communiquer,
établir et maintenir le contact avec autrui que d'appeler à
partir d'un téléphone mobile. Car à travers la convergence
numérique, le Net permet aujourd'hui d'apporter une plus-value à
ces dispositifs techniques (ordinateur, téléphone mobile...) qui
jadis avaient des usages spécifiques.
Mots-clés : Usages, pratiques,
Internet, logiques d'action, appropriation, dispositifs,
hybridation.
ABSTRACT :
This discussion on the uses and the Internet by students
practice in Cameroon, specifically the University of Douala, has allowed us to
bring an analytical look at the context of lack of resources for students to go
on the Internet, shares of poaching for access, navigation choices, forms of
cultural hybridization and new social practices from the appropriation of this
info-communication platform.
For this, we set ourselves the objective to present the uses
of the Internet by students of the University of Douala and the practices that
flow from these practices, to understand the logic and motives related to
Internet uses and practices, describe the issues and challenges that are at the
heart of these uses.
However, we made the observation that, despite the lack of
financial means to face the high cost of Internet connection times, poor
connection speed, the lack of advanced infrastructure and untimely cuts the
electrical current, it is observed an addiction student with respect to
Internet. They usually go there to make new relationship, communicate with
others, looking for work or for immigration reasons, find soul mate, make
Cotages to bet on football or for academic reasons (...).
To achieve this, they make recourse to forms of
adaptation, make diversion and misappropriation including : organize
their time goshawks specific choices and immediate needs to be met before going
on the Net, going regularly on the Internet for a time very reduced to only
view messages and notifications, carefully use and many times the tickets
purchased to connect to the Internet connection until all hours, and sometimes
take the same connection to the Internet tickets to other students (...).
So, this study allows us to understand more of the foregoing,
the Internet has become for students of the University of Douala, a place of
self-affirmation, a reliance belt in the world, a vital tool for achieving
projects and success. And through its multiple services, it seems more
practical for them to use the Internet to communicate, establish and maintain
contact with others than calling from a mobile phone. For through digital
convergence, the Internet now allows to bring added value to these technical
devices (computer, mobile phone ...) that once had specific uses.
Keywords: Uses, practices, Internet, logics of
action, appropriation, devices, hybridization.
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS :
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
TIC : Technologies de l'Information et
de la Communication
CNIL : Commission Nationale de
l'Informatique et des Libertés
EDI : Echange de Données
Informatisées
DOD : Département
américain de la défense
UUCP : Unix to Unix
Copy Protocol
RIO : Réseau Intertropical
d'Ordinateurs
RINAF : Réseau Informatique
Régional pour l'Afrique
PII : Programme Intergouvernemental
d'Informatique
UNESCO : Organisation des Nations Unies
pour l'Education, la Science et la Culture
IP : Internet Protocol
GSM : Grandes et Moyennes Surfaces
MP3 : acronyme de l'anglais MPEG qui
signifie Moving Pictures Experts Group Audio Layer 3
LMD : Licence Master Doctorat
FTP : File Transfer Protocol
HTML : Hyper Text Markup Language
URL : Uniform Ressource Locator
3D : Trois dimensions ou tridimensionnel
(espace perçu par notre vision)
MINPOSTEL : Ministère des Postes et
Télécommunications
ART : Agence de Régulation des
Télécommunications
ANTIC : Agence Nationale des Technologies de
l'Information et de la Communication
CAMTEL : Cameroon
Télécommunication
MTN : Mobile Telephone Network
3G : Troisième
génération (qui renvoie à une génération de
normes de téléphonie mobile)
HIPSSA : appui à l'Harmonisation
des Politiques relatives aux TIC en Afrique subsaharienne
CAB : Central African Backbone
SMSI : Sommet Mondial de la
Société de l'Information
CERT : Computer Emergency Response
Team
SIGIPES : Système Informatique de
Gestion Intégrée des Personnels de l'Etat et de la Solde
SYDONIA : Système Douanier
Automatisé
IPES : Instituts Privées
d'Enseignement Supérieur
LISTE DES TABLEAUX ET IMAGES :
Tableau 1 : Evolution de la
connectivité au Cameroun
.......................................... 50
Image 1 : Internautes par milliers
d'habitants dans le monde en 2009 .........................
51
Image 2 : Rectorat Université de
Douala ...........................................................
55
Image 3 : Capture interface site web de
l'Université de Douala ................................
56
Image 4 : Bâtiment
bibliothèque centrale de l'Université de Douala
........................... 57
Image 5 : capture écran page
Yahoo ! Mail
........................................................ 60
Image 6 : capture page web d'un forum
............................................................
61
Image 7 : Capture écran Facebook
...................................................................
63
Tableau 2 : Usages du Web social par les
étudiants de l'Université de Douala ...............
64
SOMMAIRE :
DEDICACE ................................................................................................
1
REMERCIEMENTS ....................................................................................
2
AVANT-PROPROS
......................................................................................
3
RESUME ....................................................................................................
4
ABSTRACT
................................................................................................
5
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
......................................................... 6
LISTE DES TABLEAUX ET
IMAGES ..............................................................
7
SOMMAIRE ................................................................................................
8
INTRODUCTION GENERALE
...................................................................... 9
PREMIERE PARTIE : SOCIOGENESE
D'INTERNET .......................................
45
Chapitre I : Mutations théoriques du Net
............................................................. 46
Chapitre II : Corpus de l'étude et
présentation de l'Université de Douala ........................
54
DEUXIEME PARTIE : USAGES ET PRATIQUES
D'INTERNET PAR LES ETUDIANTS DE L'UNIVERSITE DE DOUALA
...................................................................
58
Chapitre III : Jeux d'acteurs et
scénarisations des pratiques sociales d'Internet ..................
59
Chapitre IV : Internet. Réalité(s)
hybride(s), reproduction sociale et simulation ................ 73
TROISIEME PARTIE : CADRE REGLEMENTAIRE
REGISSANT LA COMMUNICATION ELECTRONIQUE AU CAMEROUN ET PRESENTATION DES
RESULTATS
..............................................................................................
82
Chapitre V : Cadre réglementaire de la
communication électronique au Cameroun ............. 83
Chapitre VI : Analyses et interprétations
des résultats ................................................ 96
CONCLUSION GENERALE
...........................................................................
105
BIBLIOGRAPHIE
.........................................................................................
108
LISTE DES ANNEXES
...................................................................................
117
TABLE DES MATIERES
...........................................................................
123-125
INTRODUCTION GENERALE :
L'arrivée d'Internet au Cameroun en 19971(*),2(*),3(*),4(*) a créé une grande exaltation faisant
place, d'une part à un discours louangeur et, d'autre part, à un
discours apocalyptique. Pour certains, Internet serait un réducteur des
différenciations sociales et un libérateur du poids de la
tradition (...) pour d'autres, un outil de déculturation qui
favorise la rupture des modèles sociaux dans la vie pratique des jeunes
et le détournement des mineurs à travers les sites de charmes et
de pornographie5(*). C'est
ainsi qu'en 1998, dix capitales régionales étaient
connectées au réseau ; et au début de l'an 2000,
c'est presque l'ensemble du pays qui le sera6(*).
Mais au-delà de ces représentations, le
développement des technologies et l'expansion d'Internet dans le monde
plus précisément en Afrique, ont créé de nouveaux
enjeux et défis chez les étudiants au Cameroun, qui font usage du
Net pour la plupart des cas, dans une logique de convergence
numérique7(*) et
d'hybridation8(*), pour non
seulement complémenter les méthodes traditionnelles de recherche,
également profiter des avantages qu'offre le numérique.
Cependant il faut souligner que, le contexte
socio-économique au Cameroun ne facilite pas la démocratisation
d'Internet qui reste toujours l'apanage de définition de ceux qui ont
des ressources à cause de sa cherté. Selon le PNUD (Programme des
Nations Unies pour le Développement), un Camerounais vit avec moins de
1,25 dollar par jour9(*). Or
les coûts d'accès à Internet restent paradoxaux quant-au
niveau de vie des camerounais ; surtout pour les étudiants dont les
revenus sont très négligeables. Puisque, ces derniers doivent
généralement. se munir de près d'un Euro pour
bénéficier de deux heures de connexion à Internet ou de
deux Euros pour cinq heures. Des tarifs susceptibles d'être revus
à la hausse et à la baisse en fonction du lieu et du débit
de connexion.
Mais par dessus ce contexte mitigé et des défis
qui se présentent, nous constatons que les usages d'Internet au Cameroun
foisonnent chez les étudiants et tendent à s'accoutumer comme des
secondes natures. Cette plate-forme de communication est devenue une partie
intégrante de la vie des jeunes et en pareille occurrence des
étudiants. Internet gagne considérablement du terrain, comme le
souligne Abdoul BA : « Après les bistrots et
les bars, les cybercafés sont en train de devenir les seconds endroits
les plus fréquentés par les
Camerounais... »10(*) À cette citation nous ajoutons les
restaurants, les « tournes-dos »11(*) et les commerces à la
sauvette12(*) menés
en bordure de route qui restent les endroits les plus fréquentés
par la quasi-totalité des camerounais.
Aussi, nous pouvons noter que les cybercafés, lieu de
prédilection d'accès à Internet, sont de véritables
vecteurs de socialisation au Cameroun ; où plus jeunes, jeunes et
moins jeunes trouvent le plus souvent des raisons de partager et
d'échanger non seulement de manière médiée (sur
Internet à travers un ordinateur), y compris de manière directe
avec les personnes qui partagent le même espace physique de communication
qui est le cybercafé.
Ainsi, à travers nos observations empiriques, nous
avons fait le constat selon lequel dans les usages et pratiques d'Internet par
les étudiants au Cameroun, il existe entre ces derniers et le dispositif
un rapport au corps et à la réflexivité. Le rapport au
corps se manifeste d'une part à travers la présence du corps sur
les applications d'Internet, c'est-à-dire les photos de soi et des
autres, les transactions, les messages envoyés et reçus, les
actions menées sur la Toile qui construisent grâce à nos
données une identité numérique. Laurence
Tobin, aborde cette pensée en travaillant sur le corps et
identité dans les blogs adolescents13(*) ; à travers nos observations,
au-delà du cadre des adolescents, ce rapport s'applique également
lors des usages et pratiques d'Internet par les étudiants au
Cameroun ; par le biais de leurs photos, leurs communications et
l'ensemble des actions qu'ils mènent sur le Net, qui laissent ainsi une
traçabilité des données concourant à la
construction de leurs identités numériques.
En sus, le rapport au corps se manifeste à travers
l'intégration et l'incorporation d'Internet dans leur vie comme
conditions sine qua non au passage obligatoire à la
modernité14(*) et à la compétitivité ; car
la lutte contre l'analphabétisation informatique au Cameroun est une
priorité pour les étudiants. La réflexivité
quant-à elle est liée au rapport de ces derniers à
Internet comme miroir, condition de retour sur soi et comme moyen pour
faciliter leurs activités. Ces rapports sont marqués par
l'égocentrisme parce qu'à travers Internet, les étudiants
cherchent à explorer leur intérieur par le biais des actions
narcissiques en ne parlant que de soi et en ramenant toutes les actions
menées sur Internet à leurs centres d'intérêts.
Ceux pour qui faire des publications sur les réseaux
sociaux, commenter les photos pour lesquelles ils ont un intérêt,
améliorer leur niveau de connaissance, chercher des emplois, se
distraire ou interagir via les logiciels et applications gratuits tels que
Skype, Viber, Whatsapp... ne diront pas le contraire.
D'ailleurs, dans le troisième tome de La
société conquise par la communication de Bernard
Miège, Dominique Wolton à travers son
hypothèse d'un individualisme connecté à la technique qui
nous semble tout à fait pertinente, considère
que les sociétés contemporaines tendent à devenir des
sociétés individualistes de masse en ce qu'elles voient cohabiter
autant la valorisation de l'individu que la valorisation du grand nombre (...)
avec Internet, écrit-il, nous sommes entrés dans (...)
l'ère des solitudes interactives15(*). Une hypothèse qui se vérifie amplement
au Cameroun, car Internet rapproche les usagers de ceux qui sont
éloignés et les éloigne de ceux qui sont proches.
Nonobstant les faits, dix-huit ans après
l'arrivée d'Internet, le paysage médiatique camerounais reste
encore fortement édulcoré. Car il faut souligner que, les
médias classiques et traditionnels continuent à rivaliser
d'adresse avec les médias numériques. Dans un contexte où
nombre de Camerounais ne sont pas prêts à s'offrir les services
onéreux du Net taxés d'élitistes ; à
côté de la gratuité de l'affichage, de la radiodiffusion et
voire de la télévision pour les médias classiques. Y
compris ceux des tambours, balafons et maracas obtenus à vil prix lors
des cérémonies (mariages, deuils, fêtes...) et du bouche
à oreille pour faire allusion aux médias traditionnels.
La migration massive des jeunes et des étudiants vers
le Net n'est pas du tout une sinécure, cela demande d'énormes
initiatives et sacrifices qui transforment profondément les habitudes de
vie et de consommation de ces derniers. Mais face à ce prix à
payer, de nombreux enjeux se profilent à l'horizon : s'arrimer aux
évolutions du monde, être connecté au réseau des
réseaux et rester compétitif pour espérer avoir un avenir
meilleur.
Cela étant dit, avec la société de
l'information traduite par l'abondance des flux communicationnels et la
promesse de la modernité, la communication digitale est devenue un
complément incontournable de la communication classique et la condition
nécessaire de réussite pour les étudiants au Cameroun, qui
ont besoin des compétences technologiques et d'une formation de pointe
afin de s'affirmer au sein du terroir et au-delà de l'hinterland.
Aussi, il faut rappeler que ce changement de cap est
lié à la multiplication des outils technologiques, qui facilitent
la diffusion de l'information et consacrent selon Georges Madiba
l'ipséité et l'individualisation de l'En-Soi,
(one to one) et non plus seulement la dialectique plurielle du
Moi-Pour-Soi, (one to many)16(*). Allant dans le même sillage, nous pensons
qu'avec la temporalité des usages, l'En-Soi (être
inconscient selon Sartre) qui jadis était considéré comme
une cible amorphe et passive dans la réception, devient à travers
le Pour-Soi et le Pour-Autrui (être conscient)17(*) un acteur social actif
à partir de l'intégration, l'appropriation et les actes de
détournement d'Internet. Les conditions de vie au Cameroun ne favorisent
certainement pas l'intégration et l'acquisition rapide des TIC
(Technologies de l'Information et de la Communication), mais n'annihilent
également pas le caractère actif des étudiants sur
Internet, qui jusqu'ici, restent des excellents braconniers du Net.
Tandis que la France et plusieurs pays mondialisés du
globe envisagent passer à la 5G ; l'arrivée de la 3G au
Cameroun en septembre 2014 avec NEXTELL et plus récemment
déployée en mars 2015 par MTN Cameroon et ORANGE Cameroun ;
a crée un engouement particulier chez les jeunes et en pareil occurrence
chez les étudiantes de l'Université de Douala. Aujourd'hui, il
semble impossible pour ces dernières de se passer d'Internet, de ses
applications et logiciels gratuits ; puisque la gratuité et les
dons sont les choses les mieux appréciées au Cameroun.
Autrefois, l'élément qui permettait
généralement de garder et d'entretenir les relations à
distance entre les jeunes et les étudiants au Cameroun était le
numéro de téléphone. De nos jours avec la gente
féminine, il est question de Whatsapp, Viber, Skype, Instagram,
Facebook, et Messenger pour ne citer que ceux-là. Un usage
récurrent d'Internet qui a poussé ces dernières à
se doter de préférence aux ordinateurs, des
téléphones portables et tablettes de dernières
générations pour apprécier la convergence numérique
et mener des pratiques hybrides.
C'est ainsi que certaines pratiques d'Internet ont notamment
évolué ; désormais la recherche de l'âme-soeur
sur Internet par certaines étudiantes ne se fait plus que dans les
cybercafés comme l'affirmait Baba Wame dans sa
thèse de doctorat. Les dispositifs numérique
info-communicationnels tels que les téléphones portables
évolués et les tablettes numériques permettent
dorénavant à certaines étudiantes à la recherche de
l'âme-soeur, de traverser les barrières spatio-temporelles et
psychologiques. Car, loin d'aller dans les cybercafés et box pour mener
des actions tabous et séductrices, avec la crainte d'être vue et
entendu par d'autres internautes partageant la même sphère, elles
peuvent faire ce qu'elles veulent, où elles veulent en toute
intimité.
Autant, nous considérons Internet comme une
plate-forme de réseautage informant et communicant, qui permet de
générer des négociations entre usagers dans le processus
relationnel de médiation et de médiatisation ; dans cette
étude nous estimons que le Net est un espace de communication virtuel
qui produit une stimulation sociale chez les étudiants de
l'Université de Douala à travers sa capacité d'hybridation
des médias et de reliance planétaire.
Nous nous attelons dans notre travail de recherche non pas
à réfléchir sur la transparence et la
légitimité d'Internet, encore moins sur sa dimension
fonctionnelle. Mais à présenter le décalage entre les
usages et les pratiques d'Internet propres au terrain camerounais, à
ressortir les stratégies socio-économiques et culturelles des
acteurs, en mettant l'accent sur les relations construites non pas seulement
à travers la communication de masse, également par la
communication interpersonnelle à partir des logiques d'action des
individus.
Il est également question pour nous, d'analyser
à la fois les usages et les pratiques spécifiques du Net dans la
communauté estudiantine au Cameroun, tout en incluant les actions
d'adaptation, de bricolage et de détournement lors de l'appropriation du
dispositif par ces derniers. Et de porter un regard analytique sur le contexte
de manque de ressources pour aller sur Internet, les choix de navigation
lorsqu'ils ont la possibilité de s'offrir quelques heures de connexion,
y compris celle de la question de l'identité numérique face aux
problèmes économiques qui peuvent empêcher ces derniers de
se poser des questions essentielles sur les données qu'ils mettent en
ligne, et enfin sur les « digitals natives » au
Cameroun ; une question sur les générations qui n'a pas
encore été confrontée au terrain camerounais.
I- JUSTIFICATION DU CHOIX DE L'OBJET D'ETUDE
Vue les conditions de vie avec le chômage et le sous
emploi, 90 % des étudiants au Cameroun vivent sous le toit familial et
sont à la charge de leurs parents ; les dépenses
liées à Internet impactent directement les habitudes
économiques de la famille et les rapports socio-culturels de
manière collective et individuelle.
Les parents, pour l'épanouissement et la
réussite de leurs progénitures dans les études, consentent
des sacrifices financiers énormes au point de réduire les
dépenses ménagères, voire de se priver. Afin d'octroyer de
l'argent à leurs enfants pour satisfaire les besoins liés au
numérique tels qu'aller naviguer et faire de la recherche en ligne sur
les données scientifiques ; bien que la plupart du temps la
navigation sur Internet soit attachée à d'autres usages n'ayant
aucun rapport avec la recherche scientifique. Certains étudiants ne
pouvant pas bénéficier de ces sacrifices familiaux,
épargnent leurs propres revenus pour s'offrir quelques heures de plaisir
(de connexion à Internet).
Ce contexte conjoncturel, qui laisse affleurer tout de
même une relation affective des jeunes au Net, marque
l'intérêt de travailler sur les usages et pratiques d'Internet
par les étudiants au Cameroun, afin de savoir pourquoi ils vont sur
le web, ce qu'ils consultent et les usages détournés du Net lors
de sa pratique et de son appropriation. Car nous nous sommes rendus compte que
face aux usages et pratiques d'Internet observés chez les
étudiants en France et en Europe de l'ouest, les usages et pratiques
d'Internet chez les étudiants au Cameroun sont différents et
spécifiques à cet échantillon, illustrant qu'il n'ya pas
de singularité culturelle, ni de culture universelle, mais que les
usages des artéfacts dépendent fortement du contexte social,
politique, économique et culturel des usagers, surtout de leurs
compétences et rapports aux outils techniques ou technologiques.
Internet bien plus qu'un simple changement technologique,
revêt ainsi les caractéristiques d'une innovation structurelle
(Drevillon, 1986) qui met en jeu des rapports sociaux et des valeurs de
référence et peut, par là-même, modifier les
soubassements et les finalités de l'Université. Pourtant, deux
constats s'imposent :
D'une part, bien qu'Internet soit en partie né dans les
laboratoires de recherche universitaire et que certains groupes de chercheurs
et d'étudiants aient été les pionniers dans son
utilisation (Flichy, 1998), sa diffusion auprès de l'ensemble des
étudiants, tout comme l'importance de l'utilisation des T.I.C. dans
l'Enseignement Supérieur, doivent être relativisées
(Papadoudi, 2000 ; Ruano-Borbalan, 2001). S'il existe bien une
démarche volontariste et incitatrice de l'État en faveur du
développement des N.T.I.C. dans le milieu universitaire, on ne peut pour
autant parler d'une véritable intégration de ces N.T.I.C. dans
les politiques de formation18(*). C'est une réalité qui s'observe au
Cameroun.
Par ailleurs, force est de constater que les pratiques
d'Internet des étudiants constituent un domaine peu connu et peu
maîtrisé (Metzger, Flanagin & Zwarun, 2003 ; Selim,
2003). Rares sont les acteurs universitaires (par exemple, responsables du
secteur informatique ou responsables des bibliothèques) qui ont une
représentation précise des utilisations concrètes qui sont
faites de ce nouveau média, du profil des utilisateurs et des facteurs
déterminant leurs pratiques : toutes connaissances utiles pour
battre en brèche le présupposé implicite selon lequel les
apprenants forment un public globalement homogène et motivé,
qu'il suffit d'exposer aux technologies pour qu'ils en tirent
bénéfice (Papadoudi, 2000)19(*).
II- OBJECTIFS DE LA RECHERCHE :
1) Objectif général :
- Présenter les usages d'Internet par les
étudiants de l'Université de Douala et les pratiques qui
découlent de ces usages.
2) Objectifs spécifiques :
- Comprendre les logiques et les motivations liées aux
usages et pratiques d'Internet ;
- Décrire les enjeux et défis qui sont au coeur
des usages d'Internet.
III- PROBLEMATIQUE :
III-1. REVUE DE LA LITTERATURE:
Ici, nous comptons présenter de manière non
exhaustive les travaux qui précèdent le nôtre sur la
question des usages et pratiques d'Internet. Aussi, nous nous inscrivons dans
un héritage scientifique.
Dans l'enquête du pôle européen de Nancy en
1999 menée sur les usages d'Internet chez les étudiants, les
loisirs arrivaient en tête (76%), suivis des études (55%), puis
des motivations professionnelles (22%). Dans l'enquête de la salle micro
1 de Lyon 3 en 1999, chez les non-utilisateurs de la salle, 36% utilisaient
Internet pour leur usage personnel, 8% pour des cours, et 5% pour un usage
professionnel. Selon l'enquête de 2000 de l'IEPE, plus large, les
pratiques d'Internet sont plus équilibrées : 36,5% l'utilisent
pour leurs études, 26,5% pour leurs loisirs. Cette même
enquête, la seule disponible sur le sujet, nous renseigne sur l'achat en
ligne chez les étudiants : 90% des étudiants n'ont jamais
acheté sur Internet ou n'ont pas l'intention de le faire20(*).
Selon les auteurs, l'utilisation majoritaire d'Internet comme
outil de loisirs chez les étudiants est liée au contexte de son
utilisation. En effet, 35% des usagers du pôle européen utilisent
Internet dans le cadre familial, 17% dans le cadre amical. 86% de ces personnes
ont appris à surfer dans ces cadres là, d'où l'association
de la notion de plaisir à l'utilisation d'Internet.
Moisy Magali et Albero
Brigitte affirment dans leur étude menée en 2006
que, 26% des étudiants déclarent avoir développé
des relations "virtuelles" sur Internet. 54% ont établi une ou deux
relations de ce type, tandis que 41 % déclarent avoir
expérimenté entre trois et dix relations qui restent virtuelles
à cause de la distance géographique. 20% des étudiants ont
rencontré une personne qu'ils ont connue grâce à Internet.
Ceci est arrivé une seule fois pour 42% d'entre eux, deux fois pour 19%,
entre trois et six fois pour 21% et entre dix et quinze fois pour 14%. Pour 59%
des répondants, la curiosité a été la motivation
première, suivi par l'envie de consolider cette relation (40%), voire de
développer une relation amoureuse (38%). Le devenir de ce type de
relation est aussi divers que dans le monde analogique : les amitiés
s'enrichissent (40%), se transforment en relation amoureuse (35%),
s'appauvrissent (38%) ou s'arrêtent d'elles-mêmes (59%)21(*).
Isabelle Faurie, Brigitte Almudever
et Violette Hajjar, quant-à elles, ont choisi
mener leur étude sur les étudiants ayant une ancienneté
d'usage d'Internet qui se situe entre deux (2) et quatre (4) ans,
relativement expérimentés. Pour ces dernières, leur temps
de connexion, qui atteint pour une majorité d'entre eux de deux (2)
à cinq (5) heures par semaine, est supérieur à celui
des internautes français (en moyenne 3 heures par semaine, source
Nielson/NetRatings), bien qu'il existe une grande variabilité
interindividuelle. S'ils utilisent en moyenne trois applications (la
navigation, le mail et le transfert/téléchargement de
données), leurs taux de pratique des différentes applications se
révèlent néanmoins très disparates et justifient de
distinguer trois catégories :
Les applications dites
« dominantes », utilisées
par plus de 85 % des étudiants interrogés : le mail et
la navigation ; les applications
« intermédiaires »,
utilisées par 30 à 55 % des étudiants : le
transfert/téléchargement de données, le chat et
l'utilisation des messageries instantanées, l'abonnement à des
listes de diffusion ; les applications plus
« marginales », avec moins de
15 % d'utilisateurs : la participation à des forums de
discussion, les jeux en réseau et la création d'un site et/ou
d'une page web22(*).
Cette répartition montre une utilisation plus intense
des pratiques « intermédiaires » et
« marginales », en particulier du chat et des
messageries instantanées, chez les étudiants par rapport à
l'ensemble de la population des internautes et confirme d'autres
résultats de recherche en ce domaine (Beaudouin, 2002).
Avec Émilie Vayre et
al23(*), la
population étudiante en France représente une marge non
négligeable dans les usages d'Internet, elle fait 19% des internautes
français (Ipsos Média, 2006). Une enquête
réalisée en 2004 par l'Observatoire de la vie étudiante
(OVE)24(*) indique que
98% des étudiants disposent d'un accès à Internet sur leur
lieu d'enseignement. Cependant, seulement 68% y ont accès hors lieu
d'enseignement. Une enquête plus récente (2007)25(*) rapporte que les
étudiants utilisent principalement Internet pour la messagerie
électronique (92%) et les recherches liées aux études
(86%) mais aussi pour télécharger (34%) et échanger
(chat - forum, 33%).
Par ailleurs, les résultats issus du Baromètre
de la Délégation aux usages d'Internet (2006)26(*) indiquent que 25,1% des
étudiants ont accès à un bureau virtuel ou un
Environnement Numérique de Travail (ENT) et 59,7% à des
ressources pédagogiques en ligne. La majorité de ces derniers
(64,5%) déclare consacrer moins de deux (2) heures par semaine
à l'utilisation de ces ressources.
A travers les travaux énumérés plus haut,
nous constatons que les usages et pratiques d'Internet chez les
étudiants évoluent et se différencient au fil du temps.
Ces derniers ont plus recourt à Internet pour les besoins personnels
Ainsi, l'arrivée des réseaux sociaux et du Web
2.0 (ou Web social) dans l'Internet aura contribué, sans nul doute,
à l'émergence de nouvelles pratiques démocratiques. Ces
dernières iront donc au-delà de la gouvernance étatique
(gouvernement et parti politique), puisqu'elles investissent désormais
les différents lieux de participation sociale : associations de
tous genres, groupes de discussion, forum d'échanges, blogues personnels
ou professionnels, etc. Ainsi, grâce à Internet, l'espace public
devient un lieu de socialisation virtuel à partir duquel les
citoyens-usagers pourront agir directement sur leur milieu par l'entremise d'un
réseautage social formel ou informel : en débattant, en
effectuant des choix, en votant27(*).
Au Cameroun, les étudiants sont plus que jamais
fascinés par ces réseaux qui rentrent subrepticement dans les
habitudes des populations des cités capitales Douala et Yaoundé,
car « si on ne veut pas faire vieux jeu, il faut maintenant passer par
HI5, Twitter, Facebook, Netlog, etc. »28(*). La preuve, les termes
nés et utilisés sur ces plateformes numériques, sont
rentrés dans leur langage quotidien, notamment « Buzz »,
«LOL », « MDR », « Taggés », « ton
mur », « je t'ai fait une demande d'ami », « j'ai vu ton
profil »... Tout cela, ajouté à la dénomination
« Facebook » d'un des bars environnants l'Université de Douala
et la gratuité de ce réseau social octroyé par les
operateurs de téléphonie mobile, traduit l'usage effectif des
réseaux sociaux par la communauté d'étudiants à
Douala29(*).
Avec Éric George, « Les
services d'Internet peuvent en effet être considérés comme
des catalyseurs de l'action collective. Dans certains cas, le rôle
d'Internet peut même être structurant. Ainsi, l'investissement
humain est considérable dans le cas des actions de traduction, mais sans
Internet, il serait sans doute impossible de mener à bien cette
opération [mobilisation]. » Pour l'auteur, les
réseaux sociaux joueront un rôle primordial auprès de
l'opinion publique, cherchant la mobilisation et prônant
l'activisme30(*).
La première limite d'un tel système de
règles est le risque de bureaucratie. La seconde, plus forte encore, est
l'inégalité a posteriori. Car comme l'explique
Dominique Cardon, on est tous égaux a priori, mais la
différence se creuse ensuite dans la mesure de nos actes, entre ceux qui
agissent et ceux qui n'agissent pas. Internet donne une prime incroyable
à ceux qui font. Et du coup, il peut y avoir une tyrannie des
agissants.
Selon les mécanismes de la e-réputation,
l'internaute prend d'autant plus de poids qu'il partage, discute, écrit
et commente beaucoup. Que ce soit sur Wikipédia, parmi ses
«followers» actuels et potentiels sur Twitter ou au sein de
son réseau d'«amis» sur Facebook, le plus agissant est
systématiquement plus respecté, plus écouté, donc
plus puissant a posteriori que le simple visiteur contemplatif ou le
débutant qui commence à peine à se construire une audience
parmi ses pairs sur Wikipédia, Twitter, Facebook ou toute autre
communauté de la Toile.
Ainsi, les travaux cités précédemment
présentent Internet dans une dynamique optimiste, d'innovation et de
démocratisation des pratiques sociales. Or les usages du Net
s'inscrivent dans d'autres pratiques sociales que celle de la
démocratisation de la société.
Cela étant dit, le Net est un espace composite, devenu
central dans notre vie sociale et vital pour nos économies. Ses
registres «démocratiques» sont donc par essence pluriels et
très variables. Les applications qui par exemple s'imposent sur les
Smartphones et les tablettes, explique Dominique Cardon,
« peuvent facilement enfermer l'utilisateur dans des usages
spécifiques, dans des territoires volontairement limités, au
contenus contrôlés et avec des publicités
personnalisées. On n'entre plus dans un Internet qui est une sorte de
texte commun fonctionnant sur la logique de cette circulation ouverte que
favorisait le lien hypertexte, mais dans des enclos structurés par des
applications » 31(*).
Faut-il pour autant verser dans le pessimisme ? Non,
répond Cardon, car ces applications qui favorisent par ailleurs le
développement d'Internet ne correspondront jamais qu'à une part
de nos usages numériques. Très confortables, elles s'ajoutent
sans pour autant nuire à ces pratiques du Net qu'il qualifie de plus
«démocratiques», surtout si les communautés
d'internautes restent vigilantes à certaines dérives
(...)32(*)
Avec Guy Lacroix, l'Internet s'insère
dans un vaste dessein à dimension utopique : celui de la
transformation des rapports entre les hommes et les sociétés,
grâce aux vertus du développement des technologies de
l'information et des communications (TIC). Relier les hommes les uns aux autres
par ordinateur interposé, grâce au développement
d'autoroutes d'information (en fait des câbles en fibre optique à
haut débit et des myriades de satellites), est censé redonner un
souffle nouveau à la croissance économique, améliorer le
sort de l'humanité, renforcer la démocratie et apporter la paix.
L'auteur dans son argumentaire, présente le projet prophétique
d'Internet dans sa vocation à devenir des autoroutes de
l'information33(*).
Pour ce dernier, Internet apparait comme un messianisme
technologique, qui bien que comportant une « technologie
mégalomaniaque », (le projet de relier les uns aux autres tous
les individus de la planète par le biais d'une sorte de système
nerveux artificiel) reste séduisant, et certains le prennent très
au sérieux, qui en rajoutent dans la présentation
angélique. Pourtant cette ritournelle « des lendemains qui
chantent par la grâce des nouvelles technologies » n'est pas
récente ; périodiquement on nous interprète de
nouvelles orchestrations. Chaque tournant technologique en informatique est
« promotionné » par une débauche de discours
optimistes34(*). Nous
comprenons avec l'auteur que le projet d'Internet pour la planète n'est
qu'un mirage fabriqué par des discours prophétiques.
Mahama Salomon nous rappelles les usages et
pratiques pervers d'Internet avec l'arnaque, la prostitution, l'exposition des
mineurs à des rencontres à risques et aux contenus portant
atteinte aux bonnes moeurs, le détournement des mineurs (nantis) qui y
passent un temps important, négligeant alors les études. Pour ce
dernier, sur le plan juridique, s'il fallait comparer le Cameroun à la
France qui est dotée du CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et
des Libertés), nous dirons simplement que nous vivons une situation de
vide juridique. En effet nous notons : l'absence de lois
appropriées pour lutter contre les délits informatiques et
cybernétiques, pour protéger et sécuriser les
données, pour assurer la liberté d'accès à
l'information et protéger contre les intrusions non
autorisées. La principale loi portant
réglementation des télécommunications ne fait pas
d'allusion à l'accès à l'Internet;
l'inexistence d'une législation relative au commerce en ligne ou
à l'échange de données informatisées (EDI). Cette
législation devrait pourtant donner une reconnaissance juridique
à la signature électronique et favoriser la mise en place des
transactions en ligne35(*).
Ainsi, les travaux énumérés plus haut par
nos prédécesseurs sur la question d'Internet, ses usages et ses
pratiques, présentent plusieurs points essentiels pour notre
étude. Toutefois, nous établissons une sérieuse
démarcation, dans la mesure où, la majeure partie de ces travaux
sont des tapuscrits préconisant qui s'inscrivent dans la dimension
fonctionnaliste du Net, son caractère prophétique et utopique,
ses services et ses dérives.
Or, comme nous l'avons dit dans nos propos liminaires, nous
nous attelons à présenter le décalage entre les usages et
les pratiques d'Internet propres au terrain camerounais, à ressortir les
stratégies socio-économiques et culturelles des acteurs, en
mettant l'accent sur les relations construites non pas seulement à
travers la communication de masse, également par la communication
interpersonnelle à partir des logiques d'action des individus.
Il est également question pour nous, d'analyser
à la fois les usages et les pratiques spécifiques du Net dans la
communauté estudiantine de l'Université de Douala, tout en
incluant les actions d'adaptation, de bricolage et de détournement lors
de l'appropriation du dispositif par ces derniers. Et de porter un regard
analytique sur le contexte de manque de ressources pour aller sur Internet, les
choix de navigation lorsqu'ils ont la possibilité de s'offrir quelques
heures de connexion, y compris celle de la question de l'identité
numérique face aux problèmes économiques qui peuvent
empêcher ces derniers de se poser des questions essentielles sur les
données qu'ils mettent en ligne, et enfin sur les « digitals
natives » au Cameroun ; une question sur les
générations qui n'a pas encore été
confrontée au terrain camerounais.
III-2. PROBLEMES QUI DECOUENT DE LA REVUE DE LA
LITTERATURE :
Le Cameroun envisage être un pays émergeant en
2035 et à travers sa politique de développement, l'accent est mis
sur les piliers structurants parmi lesquels : l'éducation et la
formation aux métiers professionnalisant, afin de bâtir une
jeunesse compétente et compétitive face aux enjeux et
défis que présente aujourd'hui l'évolution du monde.
Mais l'absence de connexion dans les Universités
camerounaises pouvant permettre aux étudiants d'accéder
gratuitement au web, et la cherté des tarifs de connexion à
Internet représentent jusqu'aujourd'hui une pierre d'achoppement pour
les étudiants appelés à faire face aux enjeux et
défis qu'offre le numérique pour s'insérer pleinement dans
la société de l'information. Or, les études en France
indiquent que 98% des étudiants disposent d'un accès à
Internet sur leur lieu d'enseignement, 68% y ont accès hors lieu
d'enseignement36(*). Des
conditions propices d'accès à Internet, qui favorisent
l'appropriation des technologies et le développement des industries
créatives.
Aujourd'hui, les pratiques du Net par les jeunes en Europe
plus précisément en France suscitent de nombreux
intérêts à s'orienter sur la question des
générations. Pour prendre quelques exemples
récents, on peut penser à des dé?nitions comme « Net
generation », « Nintendo generation », «
génération avatar » ou encore celle-ci, aujourd'hui
très en vogue: «Digitals natives»37(*). Bien que selon Fausto
Colombo, de telles dé?nitions doivent être tenues pour franchement
discutables du point de vue interprétatif et même sans doute
dangereuses, précisément en fonction de leur pouvoir de
suggestion et de leur apparente capacité à saisir avec
netteté certaines évidences supposées de notre
société38(*).
Néanmoins, l'évocation de la question des
générations dans notre étude ne se situe pas dans une
analyse conceptuelle liée à l'identité réelle des
jeunes d'aujourd'hui39(*),
ni sur des rapports affectifs entretenus par les étudiants
vis-à-vis des outils du numérique (PC, mobile, tablette)40(*). Mais sur le rapport affectif
entretenu par les étudiants vis-à-vis d'Internet et le recourt
aux outils numériques (ordinateur, PC, téléphone mobile,
tablette) qui leurs permettent d'accéder au Net et de mener des actions
d'hybridations, tout en établissant une différence entre le
numérique et le digital41(*).
Ainsi, Internet est devenu au Cameroun une sorte de
« religion » où à travers la
promesse de la modernité et le culte de l'évasion
planétaire, les étudiants se font des violences consenties en se
dépossédant de leurs subsides pour satisfaire des besoins
numérico-virtuels, grêlés par un attachement affectif au
réseau des réseaux.
Tandis que, le contexte social et économique
marqué par la forte conjoncture, laisse percevoir qu'un Camerounais vit
avec moins de 1,25 dollar par jour42(*), l'accès à Internet reste toujours
onéreux et paradoxal pour les étudiants qui doivent
généralement se munir comme nous l'avons dit en prélude,
de 1 dollar pour bénéficier de deux heures de connexion à
internet ou de 2 dollars pour cinq heures. Des tarifs susceptibles d'être
revus à la hausse et à la baisse en fonction du lieu et du
débit de connexion.
Mais au-delà de ces difficultés et défis,
nous constatons que les usages d'Internet au Cameroun abondent chez les
étudiants et tendent à s'accoutumer comme des secondes natures.
Ainsi, dans le but de comprendre ces logiques et pratiques sociales, le noeud
gordien qui constitue le problème de recherche, se situe au niveau
de la pertinence des usages d'Internet dans la vie pratiques des
étudiants au Cameroun, face aux enjeux et défis qui leurs sont
propres.
III-3. QUESTIONS DE RECHERCHE
l QUESTION PRINCIPALE :
Quels types d'usages les étudiants de
l'Université de Douala font-ils d'Internet ? Et quelles sont les
pratiques générées par ces usages ?
l QUESTIONS SECONDAIRES :
1) Comment les étudiants
accèdent-ils à Internet au Cameroun ? Par ailleurs, les
pratiques du Net changent-elles leurs habitudes de vie ?
2) Face aux défis financiers et au
mauvais débit de connexion, comment font-ils pour s'adapter, bricoler et
s'approprier Internet ?
IV- CONSTRUCTION DES HYPOTHESES :
Les hypothèses construites sont de trois ordres :
une hypothèse principale (générale) et deux
hypothèses de travail (secondaires).
l Hypothèse principale :
Les étudiants de l'Université de Douala
recourent à Internet beaucoup plus pour une visée
communicationnelle qu'informationnelle : premièrement pour
les réseaux sociaux, faire la veille relationnelle (savoir ce
que font leurs amis et leurs contacts), promouvoir les associations ethniques,
religieuses et idéologiques sur les réseaux sociaux (Le groupe de
tous les Bétis, Bana Ba Sawa...) faire des rencontres amicales
(Facebook...) et amoureuses pour d'autres (Badoo, Twoo...). Ensuite vient
l'utilisation massive des applications et logiciels gratuits
d'appels audio comme visio, de chats vidéo, sms, envois des photos tels
que Skype, Viber, Whatsapp, Instagram, Google Hangouts, Yahoo Messenger... cela
à partir d'un ordinateur, d'un téléphone portable ou d'une
tablette.
En troisième recours, s'observe la recherche
informationnelle impulsée par la contrainte des travaux
académiques à réaliser et le désire de connaitre.
Et même dans cette recherche informationnelle, les usages liés aux
travaux académiques sont minoritaires, car ils se font de manière
irrégulière. Nous avons observé une pratique qui gagne du
terrain dans les usages du Net ; de nombreux étudiants à
l'Université de Douala font de la recherche informationnelle sur
Internet pour des raisons d'immigration, de sondages, de
pronostiques et de cotages des matchs destinés aux paris sur le
football communément appelés
« parifoot ». La recherche informationnelle se
fait aussi dans l'intérêt de trouver une école plus
moderne, afin de bénéficier d'une formation meilleure ; de
trouver du travail au Cameroun et au-delà des frontières.
Le comble, ce sont les loteries américaines et
canadiennes qui suscitent de nombreuses participations des
étudiants au Cameroun, nourris par l'espoir d'obtenir une green card
(carte verte) pour les Etats-Unis ou une carte de résident permanent
pour le Canada, afin de se faire une nouvelle vie et de nouveaux projets.
l Hypothèses de travail :
1) Les étudiants de
l'Université de Douala vont généralement dans des
cybercafés, où ils doivent acheter des heures de connexion pour
avoir accès à Internet. Les prix s'appliquent par endroit, mais
communément il est question de près d'un (1) euro pour deux
heures et près de deux (2) euros pour cinq heures. En plus des
cybercafés, d'autres étudiants accèdent par défaut
à Internet à travers leurs téléphones mobiles et
tablettes grâce aux services proposés par les opérateurs de
téléphonie mobile au Cameroun. Les plus nantis s'offrent des
clés Internet pour pouvoir se connecter à travers un ordinateur.
Ces pratiques d'Internet changent largement leurs habitudes
de vie ; car les étudiants, à travers une dépendance
progressive, manifestent de plus en plus un attachement affectif envers le Net,
au point de se priver du temps et des ressources disponibles pour satisfaire
leurs besoins liés au numérique. Et cette dépendance
introduit des répercussions sur le plan familial (réduction des
dépenses ménagères, privation), individuel (sensation de
perte de temps), économiques (appauvrissement), social (Internet nous
rapproche des personnes éloignées et nous éloigne des
personnes proches), culturel (Internet participe à la rupture et au
détachement des modèles culturelles propres au terroir).
2) Pour s'adapter, bricoler et s'approprier
Internet, les étudiants de l'Université de Douala organisent leur
temps autour des choix spécifiques, et des besoins immédiats
avant d'aller sur le Net. Généralement, pour des raisons
financières, ils ouvrent plusieurs comptes clients dans
différents cybercafés pour bénéficier des offres,
et cela en fonction des actions à mener sur Internet. Pour des actions
jugées non capitales, ils ouvrent des comptes clients dans des
cybercafés moins coûteux avec un faible débit de connexion.
Pour des tâches urgentes, ils vont dans des cybercafés plus chers
avec un débit de connexion plus rapide. De nombreuses stratégies
sont également mises sur pieds, aller régulièrement sur
Internet durant un temps très réduit pour consulter uniquement
ses mails et les notifications, ou faire une tâche précise ;
une stratégie qui permet d'économiser les heures de connexion et
être « à la page » avec le reste du monde,
même s'ils sont moins actifs et moins entreprenants que les autres sur la
Toile.
De plus, par solidarité les étudiants, ayant des
forfaits Internet depuis leurs téléphones mobiles ou des
clés Internet, font largement bénéficier leur entourage en
partageant la connexion Internet avec des camarades de classe, les membres du
même groupe de travail, voire les amis proches.
V- CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
V-1. ANCRAGE THEORIQUE :
-- La sociologie des usages
Le courant de la sociologie des usages est choisi dans ce
travail pour aborder la question des usages et pratiques d'Internet par les
étudiants au Cameroun.
Les débats autour de ce courant, affirme
Pierre Chambat, s'articulent depuis une quinzaine
d'années autour de trois problèmes : la technique, les
objets et le quotidien ; selon les modalités de leurs agencements,
trois approches sociologiques peuvent être dégagées :
la diffusion, l'innovation et l'appropriation43(*).
Avec Josiane Jouët, l'usage sociale des
moyens de communication (médias de masse, nouvelles technologies) repose
toujours sur une forme d'appropriation, l'usager construisant ses usages selon
ses sources d'intérêts, mais la polyvalence des TIC se prête
davantage à des applications multiformes (ludiques, professionnelles,
fonctionnelles)44(*). Chez
les étudiants au Cameroun, l'usage d'Internet est fortement
influencé par les pratiques de genres ; nous constatons que les
pratiques féminines s'inscrivent plus dans les rapports
d'échanges, à travers les réseaux sociaux (Facebook,
Twitter, Instagram...), les applications de communication gratuite (Whatsapp,
Skype, Viber, Yahoo Messenger, Google Hangouts...), et les sites de rencontre
(Badoo, Meetic...)
Tandis que les pratiques masculines, s'inscrivent plus dans
la recherche des informations pratiques, la consultation des moteurs de
recherches (Google, Wikipédia...), des réseaux sociaux
professionnels (Viadeo, Linkedin...), les sites des écoles
étrangères et des organisations qui promeuvent l'immigration. De
cette observation, nous remarquons que l'appropriation d'Internet se fait dans
la singularité et l'appartenance au corps social, ce qui permet aux
étudiants de mener des pratiques à des fins
d'épanouissement personnel et par rapport à leurs
intérêts.
Ainsi, s'il est vrai avec Jacques Perriault
que bon nombre d'innovations ont été
détournées de leurs visées originelles, pour tendre vers
une logique peu à peu dictée par les usagers : «
L'individu détient fondamentalement une part de liberté dans
le choix qu'il fait d'un outil pour s'en servir conformément ou non
à son mode d'emploi ». La description de nombreux
exemples observés met l'accent sur « les pratiques
déviantes par rapport au mode d'emploi, qui étaient autre chose
que des erreurs de manipulation » (...) et qui correspondraient
« à des intentions, voire des
préméditations »45(*). L'usager évolue de l'état simple de
récepteur à celui d'« hyper-acteur de technologies
interactives », de l'appropriation à l'invention de
nouveaux usages en passant par les détournements46(*).
Les étudiants de l'Université de Douala
s'approprient aussi Internet pour se construire une identité, à
travers les enjeux de reconnaissance, d'appartenance et de visibilité.
Dominique Pasquier a montré que la réception des
fictions télévisuelles constituait pour de jeunes
téléspectateurs à la fois « un mode de
consolidation du soi et un mode d'affirmation du soi pour les autres » au
sein de groupes de pairs47(*). Ceci apparaît également dans les
nouvelles pratiques des TIC (jeux vidéo, blogs...)48(*).
De son côté, Silverstone dans
ses travaux analyse la domestication des TIC au sein de la vie quotidienne en
quatre phases : appropriation, objectification, incorporation
et conversion. Avec l'appropriation, la technique quitte
le monde de la marchandise, l'individu ou le foyer le fait sien. Il doit
acquérir un certain nombre de savoirs et de savoirs-faire pour
maîtriser l'objet. La nouvelle technique trouve avec
l'objectification un emplacement matériel dans l'environnement
familier qui lui permet d'être utilisé. Souvent une
différentiation spatiale apparaît entre ce qui est individuel ou
partagé, adulte ou adolescent, masculin ou féminin. Durant la
troisième phase, l'objet technique est utilisé et
incorporé dans les routines de la vie quotidienne. Ce processus
s'accompagne d'un travail constant de différentiation des autres objets
techniques et de particularisation. Enfin la phase de conversion
correspond au processus au cours duquel la TIC en usage « établit
des relations nouvelles entre le foyer et le monde extérieur».
L'usager se montre aux autres avec la technique, il leur en parle49(*).
Les usages et pratiques d'Internet par les étudiants au
Cameroun s'inscrivent dans une dynamique de stratégies et tactiques de
braconnage du Net au sens de Michel de Certeau. Car, la
« fracture numérique » observable dans cet
environnement, à travers les conditions infrastructurelles,
économiques, socioculturelles et la maîtrise basique des TIC par
bon nombre d'étudiants laisse affleurer un bricolage dans
l'appropriation d'Internet. Eric George souligne à ce
propos qu'il est important de tenir compte des usages dans la vie quotidienne,
et citant Gilles Pronovost : « Les usages
des médias ne peuvent être définis en dehors du
système culturel de référence plus global d'un acteur,
sans tenir compte de l'ensemble de ses pratiques
quotidiennes »50(*). En fonction de leurs cultures, de leurs niveaux de
vie, de leurs compétences et de leurs rapports au dispositif, les
étudiants au Cameroun s'approprient ainsi différemment
Internet.
Toutefois, les usages et pratiques
d'Internet, laissent entr'apercevoir chez les usagers le sentiment de perte de
temps, d'énergie et d'argent. Ce sentiment est fortement tributaire du
comportement affectif et émotionnel des étudiants à
l'endroit du dispositif. Mais nous voulons souligner que le sentiment de perte
de temps ne s'inscrit que dans la dimension possessive du Net, qui à
travers la désanctuarisation des frontières, les services
pluriels, l'idéologie de la liberté pour tous, et le mythe
d'ubiquité ; appose une charge psychologique dans le mental de
l'usager qui en retour influence fortement ses actions.
Pour autant, il faut rappeler que les étudiants font
activement recourt à Internet dans l'optique de satisfaire leurs besoins
liés au numérique et d'atteindre des objectifs ; d'où
la théorie des usages et
satisfactions. Nous précisons, bien que cette
théorie connaisse plusieurs limites et semble vieillotte, nous la citons
dans notre étude parce qu'en fonction du contexte, elle s'applique
largement sur le terrain camerounais.
-- Les usages et gratifications : Une
théorie antérieure encore pertinente pour la sphère
médiatique camerounaise
Au-delà du macro-social, nous comptons également
aborder la théorie des usages et gratifications dans
une dimension micro-sociale et locale des usages d'Internet. Cette
théorie s'inscrit dans les objectifs de la satisfaction des usagers dans
la pratique et l'appropriation des objets en considérant le public non
plus comme de cibles amorphes, mais comme un acteur actif doté des
capacités créatives. Nous mettons également en cause la
dimension psychologisante de la théorie, tout en reconnaissant que les
étudiants font usage d'Internet dans le but de satisfaire un besoin et
d'atteindre un but.
A l'origine, cette théorie a surgi
dans les années 1940 et a connu une renaissance dans les années
1970 et 1980. Dans un paradigme fonctionnaliste les Uses and Gratifications
présentent l'utilisation des médias en termes de satisfaction des
besoins sociaux ou psychologiques de l'individu (Blumler & Katz
1974)51(*). Centrée
sur le public pour comprendre la communication de masse, cette approche met
l'accent sur le « pourquoi » les gens utilisent les
médias plutôt que sur leurs contenus. En s'interrogeant moins sur
ce que « les médias font aux individus » mais sur ce
que « les individus font des médias »52(*). Ce qui suppose que le public
n'est pas un consommateur passif des médias ; mais un usager actif
dans l'interprétation, l'intégration et l'appropriation des
médias.
En remontant l'histoire de manière diagonale,
plusieurs travaux et théoriciens ont permis de consolider la
théorie des Usages et Gratifications. En 1944 Herta Herzog
(classification des raisons pour lesquelles les gens choisissent des
types spécifiques de médias), 1954 Wilbur Schramm
(détermine quelle forme de médias un individu
choisirait, à travers la Fraction de la sélection), 1969
Jay Blumler et Denis McQuail (examinent les
motivations des gens pour regarder certains programmes politiques à la
télévision), 1970 Abraham Maslow (extension des
besoins et théorie de la motivation), 1973-74
McQuail, Blumler et Brown
ont été rejoints par Elihu Katz, Michael
Gurevitch et Hadassah Haas, dans leur exploration des
médias53(*). Au fil
des années, de nombreux contemporains se sont intéressés
à la question des usages et de la satisfaction des usagers, avec des
analyses critiques et d'enrichissement.
Nous avons choisi cette théorie parce qu'elle a une
pertinence pour la sphère médiatique en Afrique, plus
précisément au Cameroun. Car, avec la faiblesse théorique
et l'eurocentrisme théorique, et comme le précisait Sylvie
Capitant, « les audiences africaines ont été
très souvent négligées. Il peut s'avérer
très intéressant non seulement de les replacer au centre, mais de
plus de leur supposer une intentionnalité dans leurs usages des
médias. La théorie des Usages et Gratifications permettent ce
retournement de perspectives tout particulièrement intéressante
dans le contexte africain où les audiences ont longtemps
été ignorées ou seulement considérées comme
passives54(*)».
Or, les individus se tournent vers les médias dans l'intention de
satisfaire un besoin. Les usagers sont actifs avant la réception et
agissants, puisqu'ils recourent à Internet dans l'intention de remplir
un certain nombre d'objectifs.
Eu égard au contexte, nous comptons
réactualiser le modèle des Usages et Gratifications dans son
application sur les usages et pratiques d'Internet par les étudiants au
Cameroun. En dehors de la dimension macro-sociologique présentée
par la théorie des usages et gratifications nous abordons
également la dimension micro-sociologique des usages d'Internet. En
mettant l'accent sur les relations construites non pas seulement par la
communication de masse, également par la communication interpersonnelle
à l'instar des messageries instantanées ou le chat, soit
l'échange directe avec un interlocuteur, ou encore une publication dans
les réseaux sociaux. Il s'agit de pratiques communicationnelles qui
présentent chez des étudiants au Cameroun, des facteurs de
satisfaction.
Nous mettons également en exergue la typologie de
Denis McQuail (McQuail 1987: 73) sur les raisons communes pour l'utilisation
des médias
Cette typologie de McQuail reste pertinente, car les usagers
d'Internet ont également des raisons d'usages axées sur les
informations (scientifiques, recrutement, newsletter,
nouveautés sur les produits, magazine online, radio et TV en ligne...),
l'identité personnelle (parler de soi, publier ses
photos, des données sur soi, participer aux évènements,
Tagger et Liker, trouver le renforcement des valeurs personnelles...),
l'intégration et l'interaction sociale (réseaux
sociaux, messageries instantanées, forums et discussions, services en
lignes, logiciels et applications de communication, appartenance à
communauté virtuelle...) et le divertissement ( jeux,
concours, promotions, téléchargement des sonneries,
vidéos, films en streaming... ).
V-2 DEFINITIONS DES CONCEPTS :
- Usage :
L'un des premiers emplois de la notion d'usage en sociologie
des médias provient du courant fonctionnaliste américain des
« uses and gratifications », proche de l'École de Columbia.
Dans les décennies 1960 et 1970, des chercheurs désirent prendre
une distance face à la pensée unitaire dominante décrivant
l'action des médias trop exclusivement en termes d'effets (« ce que
les médias font aux gens »). Ils cherchent à abandonner ce
média-centrisme. Ils proposent un déplacement du programme de
recherche vers les usages (« ce que font les gens avec les médias
»). Ils postulent ainsi que les membres des audiences utilisent «
activement » les médias pour en retirer des satisfactions
spécifiques répondant à des besoins psychologiques ou
psychosociologiques55(*).
Dans le dictionnaire Robert de sociologie (1999), l'usage
renvoie à « l'utilisation d'un objet, naturel ou symbolique,
à des fins particulières ». On pense ici aux usages
sociaux d'un bien, d'un instrument, d'un objet pour mettre en relief «
les significations culturelles complexes de ces conduites de la vie
quotidienne ». C'est assurément ce sens qui est utilisé
dans le contexte des études d'usages des TIC. Pour
Proulx, les usages sociaux sont définis comme les
patterns d'usages d'individus ou de collectifs d'individus (strates,
catégories, classes) qui s'avèrent relativement stabilisés
sur une période historique plus ou moins longue, à
l'échelle d'ensembles sociaux plus larges (groupes, communautés,
sociétés, civilisations)56(*).
Avec Millerand (1998), le terme « usage
» peut être utilisé pour signifier à la fois
utilisation, pratique et appropriation. Il renvoie ainsi à un continuum
de définitions qui vont de l'adoption à l'appropriation en
passant par l'utilisation (Breton et Proulx,
2002)57(*).
Emmanuel Béché quant-à lui, défini
les usages comme des tâches, actions et activités à
connotations techniques, sociales et cognitives qui sont effectivement
réalisées avec une technologie58(*).
Dans de nombreux travaux, l'usage est conçu comme un
construit social ; mais les divers cadres d'analyses théoriques du
concept, a amené Pierre Chambat à nuancer. Pour
ce dernier : « Alors que la question des usages occupe
une place importante, voire centrale dans la sociologie des TIC, le contenu et
le statut théorique sont loin de faire consensus. Il serait vain de
prétendre en apporter ici une définition, car sa signification
résulte d'opinions théoriques qui la dépassent : elle
participe en effet de débats qui opposent, en sociologie, l'agent et
l'acteur, les niveaux micro et macro, la technique et le social, l'empirisme et
la théorie critique. Elle constitue donc moins un point d'appui qu'un
noeud de difficultés, d'autant que s'ajoutent les incertitudes sur la
communication comme objet scientifique. Notion carrefour, l'usage peut
cependant être l'occasion des confrontations entre les disciplines qui se
partagent le champ de communication. Encore faut il dépasser le stade de
l'accumulation des monographies sur telle ou telle technique
particulière et sortir d'un schéma linéaire plaçant
les usages en bout de course59(*) ».
Malgré cette posture de Chambat qui
stipule que l'usage ne peut être défini dans son ensemble nous
pouvons souligner avec Josiane Jouët que les usages sont
souvent le prolongement de pratiques sociales déjà formées
comme le bricolage domestique exercé par les premiers programmeurs
amateurs. Pour cette dernière, de l'adoption à la banalisation,
la construction de l'usage s'opère par étapes marquées par
le désenchantement de la technique, par un rétrécissement
des usages au regard des attentes initiales et des emplois
frénétiques de la phase d'exploration, bref par son passage au
statut d'objet d'ordinaire qui l'incorpore dans les pratiques sociales60(*).
Bien que nous partageons l'avis de Pierre
Chambat, nous emploierons le terme d'usage selon Josiane
Jouët ; puisque nous tenons compte des bricolages, de la
banalisation d'Internet lors de son usage par les acteurs sociaux. En d'autres
termes, nous mettons l'accent sur «ce que les usagers (étudiants)
font du Net ».
- Pratique :
Yoann Bazin nous précise qu'il
n'existe pas d'approche unifiée du concept de pratique. Ce qui devient
compréhensible si l'on considère la littérature sur la
pratique comme un « point de tension » dans l'action humaine -
tension déjà présente dés l'étymologie du
terme. D'un côté, le terme de pratique est emprunté au grec
ancien où prassein qui signifie « faire, exécuter,
accomplir » mais aussi « traverser, parcourir ». On y trouve
donc une dimension de conduite de l'action atteignant un objectif ; elle est un
medium complet et efficace pour atteindre un objectif fixé. Avec ce
dernier pratiquer c'est, étymologiquement, mener une action à
bien, concevoir et réaliser une activité : la modeler. Il est
intéressant de souligner ici que ce n'est pas tant l'objectif qui est
central mais bien sa réalisation via une conduite définie et
répétitive : la pratique61(*).
Pour l'auteur (...) Toute l'ambiguïté de la
pratique vient du fait que, d'un autre côté, le latin
pratice renvoie à la vie active et à la conduite des
affaires et que le praktikê grec se rapporte à la science
pratique (en opposition la theoretikê ou à la
gnôstikê, la théorie comme science
spéculative) et relève de ce que l'on pourrait appeler un rapport
au monde. Elle devient plus une attitude ou une posture qu'une action
efficace62(*).
Ainsi, pour Schatzki et al.
(2001), la pratique est l'unité d'un champ, d'un réseau de
pratiques humaines interconnectées, elle est fondamentalement collective
puisqu'elle se construit et se transmet dans un processus de socialisation et
s'organise sur la base d'un ensemble de compréhension pratiques
partagées. Selon Bourdieu, le champ est à la
fois le lieu d'origine et de réalisation des pratiques, il est un espace
structuré de positions dans lequel la vie sociale trouve son
sens63(*). La pratique
n'existe donc pas en dehors d'un espace social où les individus
évoluent. Étant un produit de l'histoire de l'acteur et du champ
social, l'habitus va générer des pratiques qui sont à la
fois fondamentalement individuelles et toujours collectives64(*).
Avec Rouleau Linda et al,
il s'agit de comprendre comment les individus réalisent leurs actions en
contexte, étant entendu que ces actions ne sont pas le seul fait d'une
délibération, mais qu'elles s'inscrivent dans un contexte de
relations sociales, de significations, de règles et routines, de
savoir-faire et d'objectifs donnant sens à l'action; autrement dit que
ces actions actualisent et renouvellent un ensemble de pratiques existantes.
C'est ce que l'on entend généralement par perspective de la
pratique65(*).
La pratique est une activité mettant en oeuvre les
principes d'un art ou d'une science, d'une doctrine ou d'un corps
obligatoire66(*). Selon
Lévy-Bruhl, elle désigne les règles de la
conduite individuelle et collective, le système des devoirs et des
droits, en un mot les rapports moraux des hommes entre eux67(*).
La notion de pratique chez Michel de Certeau
se situe « entre sa dimension stratégique (le lien) et sa
dimension tactique (l'autre) »68(*). Ihadjadene en abordant le concept
établit un net distinguo ; pour lui
l' « usage » désigne la façon
dont on utilise le dispositif et la « pratique »
les études centrées sur l'humain qui analysent son comportement,
ses représentations son état cognitif ses attitudes.
Nous nous inscrivons dans le même
sillage qu'Ihadjadene, nous établissons une différence entre
l'usage et la pratique d'Internet. L'usage implique la dimension technique et
technologique de l'objet (fonctions et services qui permettent les usages) et
la pratique implique la dimension sociale (culture, conduites,
compétences, habitudes, représentations).
- Internet :
Etymologiquement Internet est une abréviation de
l'anglais international network, « réseau
international ». Employé avec une majuscule, le mot
désigne la même réalité en anglais et en
français. Avec une minuscule, le mot anglais désigne une
interconnexion de réseaux informatiques. Parler d'Internet avec une
majuscule signifie en revanche que l'on se réfère au
réseau mondial le plus étendu69(*).
Pour Francis Balle, Internet est un
réseau mondial constitué lui-même par une multitude de
réseaux informatiques de dimension locale, régionale, nationale
ou continentale reliés les uns aux autres, interconnectés. Pour
l'auteur c'est un mode de communication planétaire accessible à
tous70(*).
Avec Serge Cacaly et al,
Internet est l'interconnexion des réseaux de transmission (...) cette
possibilité d'échanger les données avec les environnements
divers va modifier le comportement de nombreux universitaires, lesquels
mettront au point et installeront gratuitement sur le réseau mondial
aussi constitué plusieurs outils facilitant l'usage « du
réseau des réseaux »71(*).
Jacques Le Bohec définit Internet
comme un Réseau informatique mondial qui permet de
télécharger et d'expédier des documents, de s'informer sur
les sites ou les blogs, de jouer en ligne, de gérer ses messages
électroniques, de chatter avec ses amis, d'acheter et de partager des
oeuvres culturelles (peer to peer), de remplir des formalités
administratives, etc.72(*)
Bernard Lamizet et Ahmed
Silem quant-à eux abordent une dimension tout autre. Alors que
l'on parle de plus en plus d'autoroutes de l'information, censées
véhiculer aisément et rapidement textes, sons et images, selon
ces auteurs Internet opérationnel depuis plusieurs années,
préfigure ce que pourrait être un réseau international de
communication. Expérience scientifique grandeur nature pour les uns,
« lieu de rencontre le plus branché depuis
woodstock » pour les autres73(*). Les auteurs considèrent Internet comme un
espace sociologique de communication ; pour eux, Internet est né de
la collaboration entre la politique publique, les industriels et le monde de la
recherche (...) ils continuent en affirmant que la définition
sociologique de la nature de l'espace de communication que représente
Internet se pose. Internet donne l'image d'une métaphore de
démocratie ; car les principes qui ont présidé
à l'évolution de l'Internet favorisent l'égalité
des usages et la liberté de tous74(*).
La définition de Bernard Lamizet
et Ahmed Silem nous semble la plus appropriée,
bien que nous concevons également Internet comme une épée
à double lames tranchantes qui peut servir d'une part à la
manifestation d'une démocratie et d'autre part comme outil de
répression. Cela étant dit, dans notre étude
Nous définissons Internet comme une plate-forme de
réseautage informant et communicant, qui permet de générer
des négociations entre usagers dans le processus relationnel de
médiation et de médiatisation.
- Appropriation :
Le concept appropriation tire ses origines du latin «
proprius » et « ation ». Le radical «
Propius » renvoie à la fois à « celui que je
suis » et à « ce qui m'appartient en propre » ; le
suffixe « ation » renvoie à « l'action en train
de s'accomplir ». Ainsi, nous aborderons le concept d'appropriation selon
les auteurs appartenant à différentes disciplines et courant de
pensées.
Avec le philosophe Haumesser,
l'appropriation se définit à travers quatre notions :
l'aliénation(l'appropriation passe par une
croyance, une culture, une technologie de l'objet étranger qui devient
propre à l'individu),
l'intériorisation(l'individu à travers
l'apprentissage modifie les règles de l'usage de l'objet de
l'appropriation et les ajustent dans le but de singulariser l'objet),
la singularisation() et la volonté
autonome de l'individu(elle ne vise pas la modification de
l'objet d'appropriation, toutefois se présente comme une
stratégie individuelle propre à faciliter
l'apprentissage)75(*).
Dans ses propos, Haumesser met en exergue la
volonté consciente de l'individu sans laquelle l'appropriation ne peut
se réaliser. Pour ce dernier, par opposition à un processus
naturel, l'appropriation est un processus voulu car l'objet de l'appropriation
ne provient pas de l'individu, il vient s'ajouter comme une « seconde
nature » à l'individu.
En sociologie le concept d'appropriation trouve son origine
dans l'anthropologie de Karl Marx, qui l'inscrit dans sa
conception du travail comme l'impulsion motrice primordiale76(*). L'appropriation
désigne, chez Marx, le processus par lequel les hommes
dépassent ce qu'ils ont extériorisé grâce à
un effort d'objectivation pour s'engendrer eux-mêmes à travers la
maîtrise et l'évolution de savoirs. L'école marxiste met
ainsi en lumière les dimensions majeures de l'appropriation : L'action
sur le monde, le travail, la praxis.
Pour les sociologues, l'appropriation peut être
définit comme un processus dont les acquis, l'instabilité et les
recherches de nouveaux équilibres correspondent à la dynamique de
l'identité individuelle. C'est un accomplissement intérieur.
C'est aussi, par nature, une expérience socialement
médiatisée, qui implique donc l'existence de modèles
transmis, en particulier, par l'éducation77(*).
Avec Proulx ces travaux s'inscrivent dans
les courants dits de l'autonomie sociale : l'appropriation est un procès
à la fois individuel et social. Josiane Jouët
quant-à elle, trouve que l'appropriation est un autre acte qui parcourt
les problématiques des usages domestiques et professionnels et que l'on
retrouve analysée dans sa dimension subjective et collective. Pour
l'auteure, « L'appropriation est un procès : elle est l'acte de
se constituer un soi »78(*). Dans la construction de l'usage elle se fonde aussi
sur des processus qui témoignent d'une mise en jeu de l'identité
personnelle et de l'identité sociale de l'individu. L'appropriation
précède alors d'une double affirmation : de la
singularité et de l'appartenance qui relie au corps social79(*).
Ainsi, nous pouvons comprendre travers ces définitions
que l'appropriation est un processus individuel dont l'expression se manifeste
au niveau social. Cette définition de Josiane Jouet
est adaptée à notre étude, mais nous tenons
également compte des conditions de réalisation de l'appropriation
selon Serge Proulx.
Avec Serge Proulx, quatre conditions sont
requises pour que l'appropriation d'une technique s'avère :
a) maîtrise technique et cognitive de l'artefact
; b) intégration significative de l'objet technique
dans la pratique quotidienne de l'usager ; c) l'usage
répété de cette technologie ouvre vers des
possibilités de création (actions qui génèrent de
la nouveauté dans la pratique sociale) ; d) finalement,
à un niveau plus proprement collectif, l'appropriation sociale suppose
que les usagers soient adéquatement représentés dans
l'établissement de politiques publiques et en même temps pris en
compte dans les processus d'innovation (production industrielle et distribution
commerciale) (voir Breton et Proulx, 2002, chapitre 11)80(*).
En sus, il est important de souligner avec Nelly
Massard81(*) que
l'appropriation recouvre trois processus donnant lieu chacun à un
résultat qu'elle a nommé « état »
d'appropriation :
- Le processus cognitif, issu des
travaux en Sciences du langage, en Sciences de l'éducation, en
Ergonomie. A ce niveau l'appropriation est le processus qui permet à un
individu de rééquilibrer sa structure cognitive suite à
des perturbations dans son environnement. Ses représentations vont
guider son action avec l'outil et cette action va réactualiser ses
représentations. C'est un processus récursif. Le résultat
de ce processus est une « stabilité » retrouvée suite
à cette phase de perturbation dans la structure cognitive de l'individu.
Dans le cas de l'appropriation d'un outil, il se manifeste par une
récurrence en termes d'utilisation et se caractérise par une
maîtrise cognitive et technique minimale du dispositif technique pour en
faire usage. Dans le cas de l'appropriation d'un savoir, on parle d'une
intériorisation des connaissances.
- Le processus de construction de
sens, à partir des travaux en Sociologie des usages, en
Sciences de l'Information et de la Communication, en Sociologie et Psychologie
du travail. L'appropriation ici est le processus par lequel un individu va
investir des significations, des valeurs dans l'usage de l'outil. C'est le
processus par lequel un individu va donner du sens à un outil. Ces
études s'appuient sur le fait que le concepteur d'un objet a des usages
prescrits et l'utilisateur via un processus d'appropriation va construire son
propre usage de celui-ci. Et, lorsque l'outil est mis en production,
l'utilisateur via le processus d'appropriation va construire son usage propre.
La littérature explorée montre que le mécanisme est le
suivant : l'acteur va choisir parmi un ensemble de possibles, et construire son
usage pour donner du sens et de l'efficience à la technologie. Le
résultat du processus est caractérisé, par un écart
d'usage entre ceux imaginés par les concepteurs et ceux effectifs des
utilisateurs, et par des usages différents entre utilisateurs dans un
même contexte.
- Le processus de formation de pratiques
qui provient des travaux en Sciences de gestion, et notamment
l'approche structurationniste. L'appropriation est le processus par lequel les
routines de l'organisation vont se construire sur les bases des
propriétés de la technologie. Le mécanisme (au niveau
organisationnel) est le suivant : L'organisation a des structures sociales. Le
développeur de la technologie incorpore les structures sociales de
l'organisation dans la technologie. La technologie a des structures sociales
(des caractéristiques structurelles et l'esprit). Son introduction va
perturber la stabilité de l'organisation. A partir de plusieurs cycles
de structuration (action des utilisateurs avec la technologie), il y a
production de structures sociales de l'organisation avec une technologie en
usage. L'organisation retrouve ainsi une stabilité.
C'est par l'appropriation des technologies que de nouvelles
structures émergent dans l'organisation, ce qui explique donc les
changements vécus par une organisation avec l'introduction de TIC. Le
résultat de ce processus se caractérise par une stabilité
en termes de structures de l'organisation suite à des transformations
structurelles plus ou moins importantes.
Au delà des définitions se rapportant
uniquement à des disciplines ou à des courants de pensées,
Nelly Massard apporte une définition intégrante
qui permet de prendre en compte les facteurs cognitif, relationnel et
praxéologique de l'appropriation.
- Dispositif :
La plupart des définitions en Sciences de
l'Information et de la Communication, se rapportant au dispositif s'appuie sur
les travaux de Michel Foucault, qui définit le
dispositif comme : « Un ensemble hétérogène,
comportant des discours, des institutions, des aménagements
architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des
mesures administratives, des énoncés scientifiques, des
propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit, aussi
bien que du non-dit82(*)». Nous comprenons donc avec Foucault que le
dispositif est de nature essentiellement stratégique. Ce qui suppose
qu'il s'agit là d'une certaine manipulation de rapports de forces, d'une
intervention rationnelle et concertée dans ces rapports de forces, soit
pour les développer dans telle direction, soit pour les bloquer, ou pour
les stabiliser, les utiliser. Le dispositif est donc toujours inscrit dans un
jeu de pouvoir, mais toujours lié aussi à une ou des bornes de
savoir, qui en naissent mais, tout autant le conditionnent. C'est cela le
dispositif : des stratégies de rapports de forces supportant des types
de savoir, et supportés par eux83(*).
S'inscrivant dans le même sillage que Foucault,
Giorgio Agamben84(*) appelle dispositif : « tout ce
qui a, d'une manière ou d'une autre, la capacité de capturer,
d'orienter, de déterminer, d'intercepter, de modeler, de contrôler
et d'assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des
êtres vivants ». L'auteur donne une définition plus
grande à la classe déjà très vaste des dispositifs
de Foucault, et inclut dans les dispositifs non seulement les prisons, les
asiles, les écoles, les usines, les disciplines, la confession, les
mesures juridiques, dont l'articulation avec le pouvoir est en un sens
évident. Mais aussi, le stylo, l'écriture, la littérature,
la philosophie, l'agriculture, la cigarette, la navigation, les ordinateurs,
les téléphones portables et, pourquoi pas le langage
lui-même.
Ce qui est d'avantage intéressant dans la
pensée de Giorgio Agamben, c'est qu'il en ressort deux grands ensembles
ou classes : d'une part les êtres vivants (ou les substances), de
l'autre les dispositifs à l'intérieur desquels ils ne cessent
d'être saisis ; entre les deux classes (...) résulte de la
relation. Pour l'auteur pour parler de dispositif, il faudrait faire allusion
à la subjectivation. Car, un même individu, une même
substance, peuvent être le lieu de plusieurs processus de
subjectivation : l'utilisateur de téléphones portables,
l'internaute, l'auteur de récits, le passionné de tango,
l'altermondialiste, etc. La définition de Giorgio
Agamben nous semble plus adéquate, car en abordant le concept
de dispositif l'auteur ressort la dimension relationnelle qui existe entre
l'Homme et les dispositifs, entrainant ainsi la subjectivation.
Ainsi, pour Armand et Michelle
Mattelart, le terme dispositif renvoie à l'idée
d'organisation et de réseau. Il désigne un ensemble
hétérogène qui englobe discours, institution,
architecture, décisions réglementaires, lois et mesures
administratives, énoncés scientifiques, propositions
philosophiques, morales et philanthropiques85(*).
En Sciences de l'Information et de la Communication, nous
affirment Appel V., Boulanger H.,
Massou L., le dispositif est une notion clé intimement
liée à l'analyse des processus de médiation, analyse qui
permet notamment d'associer l'étude des supports médiatiques et
technologiques à celle des enjeux et acteurs de situations sociales
particulières. Dans ses usages et mutations, le dispositif peut
être envisagé comme instrument de captation et de
compréhension des processus de médiation et des situations (ou
contrats) de communication, en identifiant les composants en jeu et leurs
articulations86(*).
Dès lors, pour Philippe
Breton, J. Caune, Dominique Wolton
et al, un dispositif est un agencement
d'éléments, organisé selon une intention plus ou moins
visible et cherchant à atteindre des effets (objectifs,
finalités). Il n'est pas isolé. Il dépend
« d'objets de même nature qui le précédent et qui
le suivent ». Un dispositif est composé
d'éléments stables et intangibles auxquels se greffent des
procédures, des actions de médiation et des outils
dérivés de leur fonction première (guides, annuaires,
diverses ressources, etc.). Les dispositifs sont considérés comme
des réseaux de médiation du savoir, où sont en tension des
échanges, des transmissions et des productions87(*).
Avec Boyomo Assala, entre la
médiation et les dispositifs, il existe des passerelles qui
interpénètrent, juxtaposent et entrecroisent les deux
concepts88(*). C'est ainsi
qu'il mentionne plusieurs formes de dispositifs en communication des
organisations : les dispositifs de médiation des organisations, les
dispositifs institutionnels, les dispositifs formels et techniques de la
communication des organisations. Et ces dispositifs permettent selon lui,
à la communication de gérer et d'entretenir des sentiments
d'appartenance et de véhiculer des référents identitaires
organisationnels89(*).
Pour Ngo Ndom Nina90(*), le dispositif désigne un complexe
d'humain et de non humain à travers lequel s'échange
l'information ; et les dispositifs communicationnels subsument des
représentations idéologiques relatives à leurs
utilisateurs. L'auteure relève dans un premier temps un appel respectif
des positions des intervenants ou des utilisateurs, ensuite représente
les dispositifs de communication comme des appareillages qui permettent
d'asseoir et de véhiculer des idéologies.
En s'inscrivant dans le même sillage qu'Agamben,
nous entendons par dispositif :
« Tout réseau coercitif
d'éléments concrets mis en relation, au sein duquel se
définissent les manières de faire, d'agir et de sentir propres
à induire les comportements, à orienter les modes de penser et
à modifier les visions du monde91(*)».
VI- CADRE METHODOLOGIQUE :
VI-1. LOGIQUE DE LA RECHERCHE :
La construction de l'objet d'étude qui nous est
assigné, nous inscrit dans une approche compréhensive, dont la
logique de recherche se veut empirico-inductive (holisme méthodologique)
et le prélèvement qualitatif ; basée sur les logiques
d'action des étudiants au Cameroun dans les usages, les pratiques et
appropriations d'Internet, y compris sur les différentes perceptions qui
découlent.
Notre recherche nous a conduit à l'utilisation de
quatre techniques : La méthode netnographique, la recherche
documentaire, l'entrevue de recherche et l'analyse de contenu.
VI-2. INSTRUMENTS DE COLLECTE DE DONNEES :
Les outils de collecte de données utilisés ici
sont : la netnographie, la recherche documentaire, la grille d'entretien
et l'analyse de contenu.
A- La netnographie :
La technique de recherche utilisée est la
méthode netnographique, c'est une étude qualitative qui
consiste à observer les actes communicationnels d'une communauté
virtuelle en cherchant à leur donner un sens92(*). A travers une observation des
comportements des étudiants de l'Université de Douala sur
Internet et une participation optionnelle, nous comptons nous appuyer sur la
compréhension des phénomènes propres et spécifiques
à cette communauté étudiée ;
c'est-à-dire sur la connaissance enracinée dans les faits. Tout
en préconisant l'interprétation métaphorique,
herméneutique et analytique des données93(*).
B- La recherche documentaire :
Notre travail de recherche nous a amené à
consulter les documents écrits comme numériques, les ouvrages
spécialisés et d'ordre général sur la communication
et les filières connexes, les interfaces numériques des
entreprises constituant notre corpus. Dans l'optique d'extraire les
informations nécessaires à la rédaction de notre
mémoire et les opinions de ceux qui nous ont
précédé et qui ont ouvert la voie au domaine
d'étude afin d'étayer notre argumentation.
Pour y parvenir, nous avons consulté les sites
Internet, les bibliothèques (bibliothèque universitaire,
bibliothèque de l'ICM, bibliothèques privées des
aînés académiques et praticiens de la communication). Nous
avons bénéficié des documents (archives) relatifs à
notre corpus, les mémoires et thèses s'inscrivant dans notre
champ d'étude en général et dans notre espace
d'intervention en particulier. Sans omettre les nombreux séminaires,
conférences et colloques organisés à l'Université
de Douala par le Département de Communication (le LACREM) et à
l'Université Stendhal-Grenoble3 organisés par le GRESEC ;
qui nous ont servi de garde-fous et de fil conducteur dans la recherche.
C- Le schéma d'entrevue :
Le schéma d'entrevue a pour technique d'investigation
scientifique, l'entrevue de recherche plus connu sous le nom
de grille d'entretien. Nous l'avons conçu en vue
d'interroger en profondeur les étudiants dans leurs usages et pratiques
d'Internet afin de mieux cerner les enjeux et défis liés à
leurs rapports à internet. Les entretiens sont semi-directifs et
semi-participatifs, structurés de questions ouvertes et fermées,
afin de mieux atteindre nos objectifs.
D- Les catégories d'analyse
La technique de recherche utilisée
ici est l'analyse de contenu. C'est une technique indirecte
d'investigation scientifique qui est composée selon Roger Mucchielli de
trois genres : les méthodes d'analyse logique et esthétique,
les méthodes d'analyse sémantique et les méthodes
d'analyse à la fois logiques et sémantiques94(*).
Dans le cadre de notre travail de recherche, nous avons
opté pour les méthodes logico-sémantiques, pour analyser
les détournements, les pratiques culturelles et les manières de
faire qui se rapportent à des stratégies d'usages d'Internet par
les étudiants au Cameroun. Afin de comprendre les raisons et la
situation concrète dans laquelle ces actions sont menées.
VII- CHAMP ET POPULATION A L'ETUDE :
Notre champ d'intervention est l'Université de Douala
au Cameroun, avec pour échantillon les étudiants de la
Faculté des Lettres et Sciences Humaines, précisément ceux
de la filière communication.
Les critères de choix exprimés sur les
étudiants ne relèvent pas du hasard. Car au Cameroun cette
catégorie est celle qui recourt le plus au Web et à Internet dans
son ensemble ; c'est la communauté la plus sensible aux
Technologies de l'Information et de la Communication, c'est elle qui a une
maitrise plus accrue des artefacts techniques et technologiques95(*).
De plus, en ce qui concerne l'échantillonnage, la
population à l'étude est composée d'un échantillon
de soixante (60) individus des deux sexes, âgés de 18 à 32
ans. Nous comptons interviewer vingt (20) étudiants du cycle Licence,
vingt (20) étudiants du cycle Master et vingt (20) doctorants. Dans
cette approche qualitative qui se veut compréhensive, nous avons choisi
un échantillon de soixante individus pour être plus efficace dans
la collecte, le traitement et l'interprétation des données.
Surtout qu'il s'agit aussi pour nous d'appréhender les logiques et les
raisonnements qui poussent les acteurs à l'action.
VIII- DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE :
Compte tenue des principes méthodologiques en sciences
humaines et sociales, des normes académiques de rédaction et de
dépôt du mémoire, notre étude s'étend sur six
mois, une délimitation temporelle qui permettra d'infirmer ou de valider
nos hypothèses une fois confrontées aux données du
terrain.
Le Cameroun possède plusieurs Universités
publiques et privées, s'étendre sur l'ensemble
nécessiterait assez de temps et de moyens, c'est la raison pour laquelle
à travers la délimitation spatiale nous nous sommes
attardés à l'Université de Douala et comme nous l'avons
dit plus haut, au sein de cette Université publique, nous avons pour
échantillon les étudiants de la filière communication qui
est une composante de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines.
IX- PLAN DE TRAVAIL :
Le mémoire est structuré de trois parties,
comportant chacune deux chapitres et chaque chapitre entretien en son sein des
sections qui servent de sous-parties.
Nous aborderons de prime abord la sociogenèse
d'Internet, ses mutations théoriques, son évolution dans le monde
et la connexion du Cameroun à ce réseau. Dans la même
première partie, nous présenterons de manière plus
explicite le corpus de l'étude, l'Université de Douala et ses
supports numériques.
Ensuite, dans la deuxième partie nous allons nous
appesantir sur les usages et pratiques d'Internet par les étudiants de
l'Université de Douala, les jeux d'acteurs et les logiques d'action, la
typologie des usages d'Internet et les stratégies, les promesses des
interfaces numériques et la dimension économique du Net comme
forme de sociabilité.
Enfin, il sera question dans la troisième partie de
faire affleurer le cadre réglementaire régissant la communication
électronique au Cameroun et la présentation des résultats,
suivis d'une conclusion et des perspectives qui s'inscriront dans la
continuité du sujet en thèse de doctorat si l'occasion nous est
donnée.
PREMIERE PARTIE :
SOCIOGENESE D'INTERNET
« Internet et le multimédia ne sont pas
seulement de nouveaux systèmes techniques ; ils constituent un
nouvel espace de parole en plus d'ouvrir sur de nouveaux possibles en terme
d'écriture et de lecture (hypertexte)96(*) »
Chapitre I : Mutations théoriques du Net
Section 1 : Essor et évolution d'Internet
1-1. De l'alphabet au
digital :
La naissance de différents systèmes
d'écriture bien que séparés de manière
spatio- temporelle, (Mésopotamie, Égypte, Chine, Amérique
précolombienne), a une origine unique (..) tous les alphabets du monde
proviendraient donc de la même source proche-orientale97(*). Pour Jean-Marie
Durand, l'existence de l'écriture est une
caractéristique du Proche-Orient ancien. Elle apparaît en
Mésopotamie du sud, dès la fin du IVe millénaire, dans les
tablettes dites « pictographiques » d'Uruk98(*).
Cela étant dit, le langage a connu plusieurs
systèmes d'écriture. Écrit d'abord au moyen d'images en de
simples illustrations mnémotechniques99(*), marquant le stade pictographique (écritures
cunéiformes ou chinoises). Ensuite, d'autres images furent choisies pour
représenter des syllabes parce qu'elles étaient plus
simplifiée, c'est le stade syllabique (hiéroglyphes
égyptiens, katakana japonais). Dans la continuité, certains
caractères furent ensuite pris pour les sons fondamentaux du langage
articulé : les bruits produits par la bouche ou la gorge (consonnes) ou
les cordes vocales (voyelles), chaque signe correspondant à un son,
c'est le stade alphabétique100(*).
Toutefois, s'il est vrai que dans le silence de la voix, il
faut produire des sons, mentalement au moins, pour lire l'alphabet, il est
important de souligner avec les travaux de Birdwhistell sur la communication
non verbale et l'école de Palo Alto, qu'il existe une
communication extra et paralinguistique. Cette communication se manifeste par
les cris, le silence, les postures, le look, les couleurs, les attitudes, le
comportement, la proxémique et bien d'autres. En partant sur ce
raisonnement qui nous semble fondé, l'alphabet tire ses sources bien au
delà du stade pictographique comme énoncé par de nombreux
théoriciens.
Car, même si un idéogramme évoque une
signification sans médiation sonore (si vous avez besoin d'entrer dans
un magasin et vous voyez l'idéogramme correspondant à ouvert),
vous agissez, sans aucun besoin de prononcer le mot, pour entrer. Nous pouvons
comprendre que tout alphabet est phonétique ; le phonème est
nécessaire à la transition vers le sens101(*).
Ainsi, ces alphabets primitifs vont évoluer et se
matérialiser à travers plusieurs inventions grâce à
la maîtrise de l'écriture manuscrite dans le monde. Les Chinois
vont inventer la xylographie ou gravure, l'allemand Gutenberg permettra
d'associer le texte à la gravure à partir de caractères en
plomb mobiles qu'il crée102(*).
Le premier objet utilisant le digital sera inventé en
1835 par Samuel Morse, cette invention marque le début
de la communication numérique103(*).
Toutefois, c'est Alan Turing en 1936 qui
donnera une définition précise dans son modèle à
travers le concept d'algorithme. La Machine de Turing, l'ordinateur
digital, sera l'apothéose moderne de la culture alphabétique,
synthèse ultime de la science de Démocrite,
Galilée, Descartes et
Laplace104(*). Ces évolutions auront un retentissement avec
l'arrivée d'Internet.
1-2. Du «Net» au «Web» : une
maïeutique évolutionnaire :
Internet est né en 1969 sous l'impulsion du
département américain de la défense (DOD), issue de
croisements entre plusieurs disciplines et courants de recherche parmi
lesquels : Les mathématiques, les télécommunications,
la cryptographie, l'électronique, l'informatique... A cette
époque, le réseau ARPANET devait assurer les échanges
d'informations électroniques entre les centres névralgiques
américains dans le contexte de la guerre froide.
Le concept employé avec un grand
« I », tel que nous le connaissons
maintenant est une infrastructure de communication à l'échelle
planétaire issue de l'interconnexion de réseaux informatiques
publics et privés. Mais à l'origine, Internet s'écrivait
avec un petit « i », et désignait
simplement l'idée d' « interconnected
network » ou
d' « inter-networking » puis
« internetting » c'est à dire la
possibilité de faire dialoguer plusieurs réseaux ensemble et non
pas l' « International Network » comme on peut le
lire parfois.
Son évolution a dépassé le cadre
technique pour s'étendre au social, à travers les dimensions
commerciale, politique, culturelle, liées à l'information et
à la communication. Mais si aujourd'hui il est possible de surfer sur le
Net, cliquer sur un lien, écouter de la musique, regarder des
vidéos en ligne, c'est grâce au scientifique britannique
Tim Berners-Lee, qui, en 1989 lance l'idée de la Toile
et en Novembre 1990 présente son projet au CERN, pour finalement
inventer en 1994105(*)
le World Wide Web, communément appelé le Web, parfois la Toile,
littéralement la « toile d'araignée mondiale ».
Section 2 : Internet au Cameroun
2-1. La connexion du Cameroun au réseau
mondial :
Depuis 1985, le Cameroun disposait de CAMPA, un réseau
X.25 national à commutation par paquets géré par INTELCAM
(...). Ce réseau permettait d'utiliser le vidéotex, le courrier
électronique et d'établir des liaisons spécialisées
(point à point)106(*). Ces dispositifs étaient essentiellement
utilisés pour les communications des entreprises107(*).
Avant l'arrivée d'Internet au Cameroun en
1997108(*),109(*), 110(*) deux réseaux «
pré-internet»111(*) existaient également : l'un basé sur
le protocole UUCP (Unix to Unix Copy Protocol), et l'autre sur
le protocole Fidonet112(*).
Le Cameroun se connectera ensuite en 1992 sur le protocole
UUCP, il s'agissait du RIO (Réseau Intertropical d'Ordinateurs)
créé par l'ORSTOM 113(*). Ce réseau donnait accès au courrier
électronique et au transfert des fichiers114(*). Au cours de la même
année, le pays se connecte à un autre réseau basé
sur le protocole UUCP, le Réseau Informatique Régional pour
l'Afrique (RINAF), créé par le Programme Intergouvernemental
d'Informatique (PII) de l'UNESCO.
Entre 1994 et 1995, sur le protocole Fidonet qui jadis
convenait aux lignes de téléphone fixe avec une qualité
médiocre, s'ajoutera deux autres réseaux : Healthnet,
réservé aux professionnels de santé (réseau mis en
place par l'organisation SatelLife de 1989 à 1997), et Camfido avec pour
but de fournir la possibilité d'échanger des informations. Ces
deux réseaux sont hébergés par l'Ecole Nationale
Supérieure Polytechnique (ENSP) dans son centre de recherche Automation
Control Laboratory115(*).
Ainsi, le Cameroun passera en full IP (connexion
Internet) en 1997, précisément le 5 avril, avec l'installation
d'un noeud d'accès international à Yaoundé par Intelcam
116(*)(inauguré
officiellement en février 1998). Il est suivi en avril 1999 de
l'installation à Douala d'un second noeud. Ces deux noeuds sont des
centres de télécommunications par satellite : celui de
Yaoundé est relié au fournisseur américain MCI117(*) et celui de Douala est
relié à l'opérateur TeleGlobe118(*).
L'accès à Internet en 1997 pour le
« grand public », a suscité un espoir de changement
dans le paysage médiatique Camerounais et dans la vie des usagers. Mais
cet espoir était mitigé sur le plan socio-culturel, à
travers de nombreuses représentations construites autour du dispositif.
D'un côté, une jeunesse enthousiaste face à la navigation
qui permettait de s'évader et aux services fournis par Internet, qui
permettaient de briser ce qui jusque là était tabou (la
banalisation de la vie sexuelle par les jeunes et les plus jeunes,
écouter les musiques sensuelles ou celles qui incitent à la
violence, se détacher du contrôle parental, aller à la
rencontre de l'autre...). De l'autre côté, des parents qui
percevaient Internet comme un instrument de déviance ; à
cause des sites de « charme » et de pornographie. C'est
ainsi que le Net était accusé de rompre avec les modèles
sociaux dans la vie et les pratiques quotidiennes des jeunes filles119(*).
En 1998, le pays comptait trois fournisseurs d'accès
à Internet (CAMTEL, CENADI et ICCNET)120(*) et quatre cybercafés à Yaoundé.
Près de 2.000 personnes et institutions utilisaient Internet de
façon permanente ou occasionnelle. Le taux de fréquentation des
points Internet était d'environ 100 personnes par jour. Les jeunes
filles étaient les plus nombreuses à utiliser cet outil de
communication. Elles représentaient près de 70% de la
clientèle des cybercafés et recherchaient surtout des conjoints
européens sur le Web121(*).
Aujourd'hui, le nombre de fournisseurs d'accès Internet
à largement crû ; parmi les plus connus nous pouvons
citer : CAMTEL, ORANGE, MTN, NEXTELL, CREOLINK, RINGO, YOOMEE (..) qui
irriguent le pays au moyen des principales technologies de connexion à
Internet. Ces fournisseurs restent toutefois encore concentrés dans les
grandes villes de Yaoundé et Douala.
Tableau 1 : Evolution de la
connectivité au Cameroun
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
UUCP
|
-
|
-
|
+
|
+
|
++
|
++
|
++
|
Fidonet
|
-
|
-
|
-
|
-
|
+
|
+
|
+
|
Internet
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
opérationnel
|
Légende : (-)
absent ; (+) peu répandu ; (++) répandu.
Source : Devriendt
Arthur (données regroupées par Larry Landweber).
2-2. La portée d'Internet pour les usagers
au Cameroun :
La portée d'Internet est aujourd'hui inestimable pour
les usagers au Cameroun. Le Net est porteur de modernité, il est
perçu par ses thuriféraires comme un espace où l'on peut
s'exprimer en tout anonymat, communiquer en temps réel, partager, faire
des rencontres et se divertir. Pour les autodidactes, les universitaires et
professionnels c'est un tremplin à la réussite, un cyberespace
qui permet d'avoir accès à la connaissance et de la produire.
Internet représente un espace de conquête pour
les usagers Camerounais. Nous observons une sorte de convergence et de
traduction des pratiques sociales sur la Toile qui jadis n'existaient que sur
le plan physique. Nous avons les communautés tribales, religieuses et
idéologiques sur le Net via les réseaux sociaux, la
recherche des conjoints en ligne, l'accès aux oeuvres culturelles,
scientifiques et littéraires qui jusque là étaient
réservées aux élites et la vente en ligne.
Pour les entreprises du Cameroun, l'arrivée d'Internet
a permis le développement et la création de nouveaux emplois tels
que le cyber-journalisme, les Communities manager, les développeurs web,
les designers, les gestionnaires des médias sociaux, les chargés
de communication web et les experts en sécurité informatique pour
ne citer que ceux là.
Les entreprises y trouvent de nombreux avantages : Internet
assure à la structure non seulement une fonction vitrine, une fonction
sociale, également une fonction marchande qui lui permet de toucher
différentes cibles à travers différentes
stratégies. Avec la communication numérique, l'organisation peut
atteindre à la fois la masse, le segment de cible, la niche
« et évaluer clairement les retombées du produit, de la
marque ou du service mis en ligne à la différence des ventes
classiques dont les retombées se mesurent communément à
travers le chiffre d'affaire ».
En plus, au-delà du fait que la Toile confère
une grande visibilité à l'entreprise, le coût de la
stratégie est aussi moindre. C'est l'une des raisons qui a permis le
développement massif de différentes tactiques, techniques et
stratégies de communication en ligne parmi lesquelles : la
publicité en ligne, le netlinking, le web marketing (marketing direct,
marketing viral, marketing communautaire). Ou encore, à travers la
guérilla online (animation des forums de discussions, inscription aux
réseaux sociaux et sites de partage comme Facebook, Myspace, Hi5, You
Tube ...) avec pour objectif la visibilité, l'influence et les ventes
spécifiques122(*).
Bien qu'Internet déshumanise les
relations sociales et humaines à travers les échanges
médiés par les dispositifs, il représente un excellent
réducteur spatio-temporel, en dé-sanctuarisant les
frontières physiques et géographiques. Un internaute qui est
intéressé par un produit ou un service en ligne peut
désormais bénéficier sans contrainte de temps ni de lieu.
Internet ne tient pas compte des jours fériés, ni des vacances
encore moins des heures tardives, il reste opérationnel à temps
et en contre temps.
Image 1 : Internautes par
milliers d'habitants dans le monde en 2009.
Source : Union internationale des
télécommunications
2-3. Les « digitals
natives », une problématique postmoderniste au
Cameroun :
Les « digitals natives » sont
généralement des jeunes âgés de 12 à 25 ans
qui ont toujours connu le Web, le GSM, le PC, le numérique. Ils manient
ces outils numériques avec une certaine aisance et compétence.
Pour au moins les trois quarts d'entre eux, il est impossible de se passer
d'Internet pendant une journée. "C'est le premier geste du matin, avant
même le petit-déj", affirme Fanny, 20 ans. "Ce serait comme si on
m'enlevait mon petit chien", confie Michaël, 13 ans123(*).
Il faut souligner qu'il y'a quelques années, un
concepteur de jeux américain Marc Prensky, les a
baptisés « digitals natives », « les
natifs numériques » en français. Parce qu'ils ont
grandi dans l'environnement des ordinateurs, de l'Internet, des GSM, des
baladeurs MP3. Il les oppose aux « digital immigrants »,
« les migrants numériques » qui ont assisté
à la naissance du Web et même des PC et qui ont dû
s'intégrer, s'adapter et apprendre le nouveau langage.
Au Cameroun, le contexte social ne permet pas encore de parler
de « digitals natives », car jusqu'aujourd'hui, les
étudiants camerounais, jeunes comme moins jeunes, sont encore pour la
plupart dans une phase d'apprentissage, d'acquisition des compétences et
d'intégration des technologies. La faible pénétration
d'Internet et des technologies de l'information et de la communication, le
manque d'infrastructures et de compétences ont créé un
retard conséquent. Aujourd'hui, plus jeunes, jeunes et moins
jeunes ; c'est-à-dire « natifs du
numériques » et « migrants du
numériques » ont presque les mêmes compétences
basiques des technologies.
Ceux qui sont « nés à l'ère
numérique », à cause de la non familiarisation avec les
outils numériques sont restés longtemps non concernés par
les technologies. La cherté des dispositifs techniques de
médiation (ordinateurs, portables, tablettes...) à conduit
à l'inculturation des plus jeunes. Car ces dispositifs étaient
l'apanage de définition de ceux qui avaient assez de ressources
financières et leurs concédaient une stature sociale.
Culturellement au Cameroun, on ne donnait pas ce qui est précieux aux
enfants ; et ces outils jadis estimables étaient utilisés
par les « migrants du numériques » qui avaient plus
de maîtrise que « les cadets sociaux » les plus
jeunes, ne pouvant qu'observer « les aînés
sociaux » dans leurs usages.
Mais aujourd'hui, avec les usages effrénés des
outils numériques par les jeunes et leur affection pour Internet,
dû à la libéralisation de la communication
électronique au Cameroun, ce fossé dans les usages des TIC entre
« cadets sociaux » et « aînés
sociaux »124(*) s'est considérablement réduit ; nous
observons même dans ce dynamisme de la jeunesse un dépassement
dans les usages et les appropriations des TIC, à travers l'adoption de
nouveaux logiciels et applications de communication digitales et les pratiques
numériques propres à certaines tranches d'âges.
D'ailleurs, ce terme de jeunes générations se
trouve confronté aux représentations culturelles de ce qu'est la
jeunesse. Au Cameroun comme dans plusieurs pays de l'Afrique subsaharienne, un
individu devient majeur à 21 ans, même à la trentaine il
continue d'être très jeune, voire une personne immature qui a
beaucoup à apprendre de la vie et ne mérite pas de
responsabilité. La société est structurée à
travers les perceptions telles que plus on vieillit, plus on acquiert de la
sagesse, les notions culturelles de chefferies traditionnelles et des royaumes
tribaux, favorisent la gérontocratie et concèdent une
représentation différente de ce que peut être la jeuneuse
et en pareille occurrence les jeunes générations.
L'environnement socio-culturel, à côté du
contexte économique lié aux représentations sociales, au
manque des infrastructures de pointe, au non accès à la
technologie par une partie de la population jeune et à l'absence de
compétences, ne permettent pas de parler de « digitals
natives » au Cameroun. Toutefois, l'emploi de ce terme se fera dans
un futur proche grâce au transfert des connaissances et des technologies
qui s'opère au Cameroun, à la rupture des perceptions sociales et
au dynamisme de la jeunesse dans les usages du numérique.
La jeunesse camerounaise est progressivement friande face au
TIC, à travers un comportement affectif et identitaire. Le contexte
conjoncturel de la société camerounaise entretenant le
chômage, le sous-emploi et l'oisiveté, est en train
d'érigé Internet comme un outil d'occupation et de passe-temps
des jeunes, en attendant que la situation change (trouver un emploi). Ces
derniers s'accrochent au numérique comme un tremplin qui leurs
permettrait de trouver un emploi, d'acquérir des compétences,
d'être pratique et compétitif, de se dé-stresser et de
faire des rencontres. Des pratiques sociales menées malgré la
cherté de la connexion à Internet, la mauvaise qualité du
débit de connexion et les coupures intempestives de courant
électrique qui sont de vieilles habitudes familières à
« tout bon camerounais » qui, avec le temps, a appris
à « faire avec ».
Ainsi, au delà des tares et des vices, la gente
féminine estudiantine s'est appropriée les applications telles
que : Whatsapp, Viber, Skype, Messenger (...) comme nouvelle donne.
Aujourd'hui chez bon nombre d'étudiants au Cameroun, ne pas faire usage
de ces logiciels c'est être déphasé de la
réalité (ne pas être à la mode). Pourtant, dans la
plupart des cas ils n'ont pas d'autres sources de revenus que celles des
parents. Et étonnamment, ce sont ces derniers qui se permettent de
s'octroyer des Smartphones, et Tablettes numériques du dernier cri, dans
l'intérêt de s'octroyer pour les uns, des artéfacts
technologiques permettant de bénéficier des avantages qu'offre le
numérique et pour les autres d'acquérir une identité
socioculturelle qui n'est pas la leur afin de masquer leur état de
pauvreté, pour se faire apprécier, envier et courtiser.
Chapitre II : Corpus de l'étude et
présentation de l'Université de Douala
Section 1 : L'Université de Douala
1-1. Etablissements et centres
spécialisés :
Créée le 19 janvier 1993 par le décret
n°93/026125(*),
l'Université de Douala, constitue en son sein un effectif de 50 000
étudiants126(*)
et treize écoles et facultés127(*) dont :
-- ESSEC (Ecole Supérieure des
Sciences Economiques et Commerciales)
-- FSEGA (Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion Appliquée)
-- FLSH (Faculté des Lettres et
Sciences Humaines)
-- FSJP (Faculté des Sciences
Juridiques et Politiques)
-- ENSET (Ecole Normale Supérieure
d'Enseignement Technique)
-- IUT (Institut Universitaire de
Technologie)
-- IBA (Institut des Beaux Arts)
-- ISH (Institut des Sciences
Halieutiques)
-- FMSP (Faculté de Médecine et
des Sciences Pharmaceutiques)
-- FGI (Faculté de Génie
Industriel)
-- FS (Faculté de Sciences)
-- AI (Académie Internet)
-- CEPAMOQ (Centre de Physique Atomique,
Moléculaire et Quantitative)
Nous précisons que notre échantillon est
uniquement constitué des étudiants de la Faculté de
Lettres et Sciences Humaines et en pareil occurrence, ceux des cycles LMD
(Licence Master Doctorat) de la filière communication.
Image 2 : Rectorat
Université de Douala
Source : www.univ-douala.com
Section 2 : Supports numériques
2-1. Site web :
L'Université de Douala dispose d'un site web lui
permettant de présenter ses différentes écoles et
formations, de donner de la visibilité sur ses actions, de permettre aux
apprenants, responsables administratifs et académiques d'avoir
accès aux informations officielles concernant la structure.
Toutefois ce site web classique, en qualité de vitrine
de l'Université reste très basique et se limite à la
présentation des écoles, facultés et responsables
administratifs de l'Université. Les pages de navigation sont très
limitées, elles présentent des promesses d'interfaces sans suites
de contenus. En plus les informations ne sont presque pas
actualisées.
Image 3 : Capture interface site
web de l'Université de Douala
Source : www.univ-douala.com
2-2. Bibliothèque :
La bibliothèque centrale de l'Université de
Douala est encore à 90% structurée par des ouvrages dont le
support est le papier (Livres, mémoires et thèses, rapports,
travaux scientifiques...). Selon Chantale Moukoko, responsable
de la bibliothèque de l'Université de Douala, "La France a
octroyé à l'Université une subvention de 20.000 euros pour
nous équiper en bornes QuickDo-BookBox, de même qu'en liseuses et
pour parachever l'aménagement de la bibliothèque avec un pan
dédié exclusivement à la bibliothèque
numérique"128(*).
Ainsi, l'Université de Douala servira de centre
d'expérimentation d'un projet de création et de
développement du marché du livre numérique en Afrique.
Elle proposera aux apprenants à travers les bornes QuickDo-BookBox un
accès aux contenus académiques et culturels récents et
variés à prix adaptés, quelques soient leurs zones
d'habitation (urbaines, périurbaines et rurales).
Le système QuickDo-BookBox, est une infrastructure de
distribution physique de contenus numériques en Afrique,
développée par Dominique Buende, lauréat
du prix Orange de l'Entrepreneur social en Afrique, qui mettra sur pied ce
projet pilote de numérisation de la bibliothèque à
l'Université de Douala129(*), afin de démocratiser l'accès au
savoir, en conciliant les intérêts de l'éditeur, de
l'auteur et du lecteur.
L'opérationnalité du système était
prévue pour le mois de mars 2015, mais il est encore en cours de
finalisation car la structure est à la recherche de partenaires
commerciaux et de clients. De plus, si la version numérique des ouvrages
peut être conservée indéfiniment, en revanche, la
capacité de stockage des liseuses est encore limitée à 400
ouvrages130(*).
Image 4 : Bâtiment
bibliothèque centrale de l'Université de Douala
Source : www.univ-douala.com
DEUXIEME PARTIE :
USAGES ET PRATIQUES D'INTERNET PAR LES ETUDIANTS DE
L'UNIVERSITE DE DOUALA
« Les usages sont d'ailleurs souvent le
prolongement de pratiques sociales déjà formées comme le
bricolage domestique exercé par les premiers programmeurs amateurs (...)
de l'adoption à la banalisation, la construction de l'usage
s'opère par étapes marquées par le désenchantement
de la technique par un rétrécissement des usages au regard des
attentes initiales et des emplois frénétiques de la phase
d'exploration, bref par son passage au statut d'objet d'ordinaire qui
l'incorpore dans les pratiques sociales131(*) »
Chapitre III : Jeux d'acteurs et
scénarisations des pratiques sociales d'Internet
Section 1 : Typologie des usages d'Internet par
les étudiants
Les étudiants de l'Université de Douala font
usage de plusieurs services d'Internet tels que : la messagerie
électronique ou E-mail, les News ou forums de discussions, le WWW dit le
Web, l'échange et le transfert des fichiers (File Transfer Protocol),
Gopher, Mosaic (...) Nous illustrerons les trois premiers services d'Internet
qui produisent plus de satisfaction chez les étudiants de
l'Université de Douala.
1-1. Le courrier électronique (Simple Mail
Transfert Protocol) :
Encore appelée messagerie électronique
ou l'e-mail, c'est l'application du réseau la plus
utilisée par les étudiants de l'Université de Douala et
les usagers d'Internet au Cameroun. L'e-mail permet de recevoir et de
transmettre le temps d'un clic de souris, des messages, des images des
fichiers132(*).
La messagerie électronique n'apporte que peu
de nouveautés par rapport aux autres médias. Elle est cependant
le seul outil à réunir autant de qualités :
rapidité (elle est extrêmement rapide pour
communiquer, avec le même ordre de grandeur que le temps
d'établissement d'une communication téléphonique),
asynchronisme (quelque soit le moment où
l'émetteur envoie son message, le récepteur a toute latitude pour
choisir le moment où il va le lire), économie
(il y'a aucun coût additionnel pour l'échange des messages),
communication de groupe (un message peut être
explicitement adressé à plusieurs personnes),
données exploitables (contrairement à un texte
reçu par télécopie, un texte reçu par messagerie
peut être annoté, corrigé ou réédité
avant d'être éventuellement
réexpédié)133(*).
Les étudiants de l'Université de Douala à
travers la création de différents comptes utilisateurs (Yahoo!
Mail, Gmail, Hotmail, Outlook...) recourent à la messagerie
électronique régulièrement par le biais d'un ordinateur
pour plusieurs raisons : La boîte e-mail est
utilisée par ces derniers comme une boîte à lettre
électronique, qui assure le transport et le transfert des fichiers,
à travers les mouvements d'envois et de réceptions des messages,
des courriels. En plus, il a un énorme avantage de ne pas tenir compte
des jours chômés et fériés, ni des mauvais temps,
encore moins des périodes de repos ; sa rapidité dans
l'envoi et la réception des fichiers permet de respecter les
délais d'envoi des candidatures ou des demandes. Il suffit d'avoir un
accès à la connexion Internet pour pouvoir
bénéficier de ses avantages.
Ce service d'Internet est considéré par les
étudiants comme étant le plus sérieux et le plus
important, car il leurs permet de s'adresser avec assurance aux
administrations, aux entreprises, aux organisations et aux
individualités, surtout de recourir à l'envoi des pièces
jointes qu'ils peuvent consulter à tout moment voire, modifier.
Aussi, bon nombre d'étudiants l'utilise de plus en plus
comme un espace de stockage des données (documents, photos, musiques,
vidéos), dans l'espoir d'assurer la pérennité des
fichiers.
Image 5 : capture d'écran page
Yahoo ! Mail
Légende : cette page
présente l'usage de la messagerie électronique, lors de l'envoi
d'un message multimédia à plusieurs récepteurs.
Source :
https://fr-mg42.mail.yahoo.com
1-2. Forums de discussions/News (Network News
Transfert Protocol) :
Les news groups et les forums permettent
à plusieurs internautes de se retrouver et d'échanger à
plusieurs sur un thème au choix134(*). Les news sont un système de
conférences électroniques distribuées,
dédiées à des domaines d'activités très
divers. Ces conférences, appelées « groupes de
news », peuvent être utilisées par les étudiants
de deux façons : elles permettent à ces derniers de diffuser
très largement des informations dans un domaine spécifique. Par
exemple diffuser une information sur comment faire pour immigrer au Canada ou
aux Etats-Unis, soit poser des questions sur le sujet. Ces actions peuvent
ainsi servir de moyen de débat ou fournir de l'aide dans un domaine
particulier grâce au jeu des questions-réponses135(*).
Les forums constituent des espaces de débats sociaux
pour les étudiants de l'Université de Douala ; des espaces
où ils peuvent avoir des informations, des réponses sur certaines
questions avec des personnes qui s'intéressent au même
sujet ; c'est un lieu où ils peuvent partager des opinions,
découvrir d'autres points de vue et défendent leurs idées.
Pour ces derniers, les forums de discussions sont une façon d'informer,
parfois redécouvrir l'information différemment de ce qui est
présenté dans la sphère médiatique.
Image 6 : capture de page web
d'un forum
Légende : Forum de
discussion sur l'immigration au Canada
Source :
http://www.forum.immigrer.com
1-3. Le Web (HyperText Transfert
Protocol) :
Le World-Wide-Web ou W3, encore appelé la Toile, est le
plus récent des services d'information sur Internet. Il peut être
présenté comme un sur-ensemble de Gopher offrant trois
complémentarités importantes : HTML (Hyper
Text Markup Language) qui est le format de document de WWW ;
l'hypertext avec des liens vers d'autres documents ;
l'URL (Uniform Ressource Locator) qui est une convention pour
désigner de manière unique un document accessible (par FTP
anonymous, Gopher, WWW...) sur Internet136(*).
Les étudiants de l'Université de Douala se
servent du Web pour naviguer, consulter les pages, et faire des publications.
Autour de l'intermédiation, l'interaction, l'interactivité et la
possibilité de personnaliser les outils, le Web permet de valoriser
l'accès à la culture et à l'information, de valoriser les
contenus à long terme et de stimuler la création.
Ainsi, la sociabilité des étudiants de
l'Université de Douala sur Internet s'opère le plus à
travers les médias sociaux à l'instar de Facebook, Youtube,
Badoo, Linkedin, Twitter, Google+, Viadeo, Myspace (...) au sein desquels ils
se constituent des réseaux sociaux. L'adhésion à ces
réseaux sociaux est considérée par plusieurs
étudiants comme des effets de mode. Pour les uns, les réseaux
sociaux dont Facebook par excellence, sont des espaces de convivialité
et pour d'autres, des sphères de distraction et de perte de temps.
Toutefois malgré l'arrivée récente de la
3G, le débit de connexion continue de causer des difficultés
à naviguer via un téléphone mobile ou une
tablette numérique. Avec la lenteur du débit, seule une
minorité dotée de patience fait usage de ces dispositifs
généralement pour aller sur les réseaux sociaux, surtout
la nuit lorsque les cybercafés sont fermés ou quand ils ont la
paresse d'y aller, parfois lorsqu'ils n'en ont pas la possibilité. Pour
d'autres services du Net, la quasi-totalité des étudiants
recourent aux ordinateurs, à partir desquels le niveau de connexion est
plus acceptable.
Après avoir confronté notre guide d'entretien au
terrain camerounais et doualais, nous nous sommes rendu compte que les
étudiants de l'Université de Douala vont sur Facebook pour
retrouver des amis et se faire des amis, créer et adhérer
à des groupes, revendiquer et sensibiliser les autres, se
prévaloir en présentant ses acquis, ses oeuvres et ses biens,
faire des annonces, être visible à travers une présentation
de soi, faire toutes sortes de promotions, partager un évènement
heureux ou malheureux, partager des contenus multimédias, publier et
commenter des publications, tagger, aimer une page, une publicité (...)
communiquer.
Avec Judith Donath, quand vous écoutez
de près ce que les gens échangent quand ils parlent ensemble,
spécialement avec leurs amis, la plupart du temps, cela n'a pas grand
sens. La plupart des conversations se construisent autour de « Salut,
comment ça va ? », « Qu'est-ce que tu fais ?
». Sur le mur de Facebook, on retrouve le même type
d'échanges que ceux qu'on a dans la vie réelle, et cela ressemble
plus à un toilettage social bien souvent qu'à un moyen de
transmettre des informations importantes137(*).
En abordant le concept de toilettage social elle se
réfère à Robin Dunbar, l'anthropologue,
qui, dans son ouvrage Grooming, Gossip and the Evolution of Language
(Toilettage, bavardage et l'évolution du langage), a
dressé le parallèle entre nos interactions quotidiennes et le
rôle social du toilettage chez les grands singes, à savoir
maintenir les liens sociaux138(*).
Image 7 : Capture d'écran
Facebook
Légende : Valorisation de
la cuisine camerounaise par un étudiant de l'Université de
Douala
Source :
https://www.facebook.com
Les étudiants une fois connectés sur Internet,
ont l'habitude de mener différentes actions via l'ouverture de
plusieurs onglets et pages web, qu'ils scrutent à travers les actions de
zapping à la recherche de nouvelles sensations, des offres et services
qui leurs produiront plus de satisfaction et pourront leurs permettre de
satisfaire leurs besoins. C'est ainsi que dans les logiques utilitaristes,
d'intégration et de positionnement, ils vont également sur les
réseaux sociaux professionnels tels que Viadeo et Linkedin, pour entrer
en contact avec des professionnels, des formateurs, des entreprises et des
potentiels recruteurs dans l'espoir de trouver un emploi, de se rapprocher des
personnalités et d'avoir un carnet d'adresse relationnel imposant avec
des connaissances très bien placées socialement.
De nombreux usages s'observent aussi sur les sites de
rencontre (Badoo, Twoo...) dans le but de chater, draguer, se faire de nouveaux
amis, partager ses centres d'intérêts et se rencontrer ; sur
les sites d'hébergement des vidéos comme Youtube, où ils
partagent et regardent des vidéos, font la promotion de certaines
vidéos, et se divertissent.
Cela étant, ces différents usages du Web social
par les étudiants de l'Université de Douala se regroupent en cinq
grandes dimensions : la dimension identitaire, la
dimension relationnelle, la dimension
promotionnelle, la dimension revendicative et
sensibilisatrice, la dimension
info-communicationnelle :
Tableau 2 : Usages du Web social
par les étudiants de l'Université de Douala
Dimensions
|
Variables
|
Indices
|
Identitaire
|
Facebook, Instagram, Badoo, Twoo, Youtube,
|
Publier les photos et vidéos sur sa personne, se
prévaloir en présentant ses acquis, ses oeuvres et ses biens,
tagger, aimer une page, une publicité, se présenter
|
Relationnelle
|
Linkedin, Viadeo, Facebook, Twoo, Myspace, Badoo
|
Retrouver des amis et se faire des amis, créer et
adhérer à des groupes, publier et commenter des publications,
garder le contact, trouver un emploi, l'âme-soeur
|
Promotionnelle
|
Facebook, Blog, Instagram, Youtube
|
Diffuser des annonces, faire la promotion culturelle ou
institutionnelle, partager un évènement heureux ou malheureux
|
Revendicative et sensibilisatrice
|
Twitter, Facebook, Youtube, Forum
|
Faire des revendications et sensibiliser les autres,
créer des mouvements, des rassemblements
|
Info-communicationnelle
|
Google, Wikipédia, Forum, portails et revues
scientifiques, sites web, applications de communication (Whatsapp, Skype,
Viber, Tango, Google Hangouts, Snapchat)
|
Rechercher les informations, échanger, partager des
contenus multimédias, passer des appels, envoyer des messages (...)
communiquer.
|
Source : L'auteur
Section 2 : Logiques d'action des étudiants
dans les usages d'Internet
-- Concepts clés : logique d'action,
logique de l'action collective, logique de l'usage et logique
sociale :
Les origines étymologiques, nous rappellent
que le terme logique qui vient du grec «logikè»
signifie art ou science du raisonnement, et renvoie à
l'étude des opérations de l'esprit considérées par
rapport à la fin à laquelle il tend. Pour le sociologue, il
s'agit d'explorer le lien entre l'intention et l'action, de retrouver la piste
sinueuse des choix opérés par l'acteur et de rendre compte de ce
qui les fonde... (Amblard et al. 2005,
p.198)139(*).
Les concepts de « logique »,
« logiques d'action », « logique de
l'usage » et de « logiques sociales »
entretiennent de nombreuses incompréhensions ; surtout lorsqu'ils
sont employés dans les domaines tels que la communication,
l'économie, la politique, le social et la technique.
Ainsi, nous pouvons citer plusieurs contributions faites dans
ce sillage parmi lesquelles140(*) : les travaux sur l'acteur
stratégique (M. Crozier et E. Friedberg) ;
l'acteur social-historique, en référence
à la sociologie de
Pierre
Bourdieu ; l'acteur identitaire (R.
Sainsaulieu) ; l'acteur culturel (P. d'Iribarne) ;
l'acteur groupal (R. Kaes, D. Anzieu) ; l'acteur
pulsionnel, théories socio-psychanalytiques (
Eugène
Enriquez). Les travaux sur la logique de l'usage (Jacques
Perriault), la logique de l'action collective (Mancur Olson),
la sociologie de la régulation (J.-D. Reynaud),
l'économie des conventions (Eymard-Duvernay et al.),
les économies de la grandeur (Boltanski et
Thévenot) et la sociologie de la traduction ou
théorie de l'acteur-réseau (M. Callon, B. Latour) pour
ne citer que ceux-là.
Avec Bernard Miège, la
« logique sociale » essaie de mettre en évidence un
certain nombre de phénomènes relativement nombreux, qui
structurent le champ de la communication aujourd'hui141(*). Pour ce dernier, les
logiques sociales à l'oeuvre dans ce champ constituent des
« Mouvements de longue durée, portant aussi bien sur des
processus de production-consommation, que sur des mécanismes de
formation des usages ». Pour l'auteur, les logiques sociales
sont non seulement au coeur de l'industrialisation et de la commercialisation
des biens, y compris au centre des usages qui découlent de ces biens.
Mancur Olson, dans ses travaux sur la
sociologie des groupes et des mouvements sociaux, fait plutôt
référence à la « logique de l'action
collective » qu'il aborde sous l'angle de l'économie. Sa
perspective repose sur le postulat selon lequel, les individus sont des
décideurs rationnels et conscients, dont les actes sont
influencés par les coûts et les bénéfices qu'ils
associent aux différentes options qui se présentent à eux
dans une situation donnée142(*).
Pour ce dernier, quand les membres d'un groupe social ont un
objectif commun dont la réalisation serait profitable à tous, ce
groupe agira collectivement pour défendre les intérêts
partagés par ses membres (...) mais au contraire, des individus
rationnels guidés par leur propre intérêt n'agiront pas de
cette manière, sauf si des incitations spécifiques les incitent
à le faire. Olson ressort ainsi dans le deuxième
cas, la position rationnelle qu'a un individu égoïste qu'il nomme
celle du « passager clandestin » (free rider) :
celui-là qui profite du bien collectif sans investir pour le
produire143(*).
Quant à la « logique d'action »,
elle est abordée pour accéder aux comportements des acteurs dans
une vision de dépassement du dualisme acteur/système, dans la
revendication de la prise en compte des multiples dimensions de l'action qui
entretiennent des proximités. Pour les tenants de cette approche, il est
question de prendre en compte le lien entre l'intention et l'action, de
retrouver les mobiles ondoyants des choix opérés par l'acteur et
de rendre compte de ce qui fonde ces choix.
Ces trois concepts clés explorent l'intention et le
sens qu'un acteur donne à son action et servent dans notre travail
à dépasser le dualisme acteur/système, pour saisir les
mobiles qui sont à l'origine de toute action.
Avec Jacques Perriault, la
« logique de l'usage » est la construction par l'individu
du choix d'un instrument et d'un type d'emploi pour accomplir un projet. Les
critères de choix possibles revêtent des valeurs
différentes en fonction de multiples facteurs liés à la
personne et aux contextes : affectifs, psychologiques, cognitifs,
culturels, sociaux. La logique de l'usage proprement dite est le schéma
qui articule ces caractéristiques en vue de l'action suivante :
utiliser un instrument pour un projet déterminé (...)144(*)
Pour l'auteur, la notion de logique de l'action tente
d'expliquer : la représentation au sens de
Maurice Godelier145(*) (elle relie la perception et la
compréhension d'un objet en fonction de la culture, la
légitimation de cette nouvelle connaissance, la classification et la
production de nouvelles connaissances) ; la norme sociale de
l'usage (l'usage est relié à la
société) ; la niche d'usage (l'outil trouve un
rôle au terme d'un processus d'ajustement, de durée très
variable) ; la construction d'un projet (le choix d'un instrument
et de sa fonctionnalité et les raisonnements mis en oeuvre qui
aboutissent tantôt au respect du mode d'emploi, tantôt au
détournement, ou encore à la substitution ou à l'abandon),
l'empreinte de la technique146(*) (l'utilisateur accumule et travaille une
expérience, lorsqu'il utilise une machine)147(*).
2-1. Les logiques d'usages d'Internet
:
· La logique utilitariste
Cette logique regroupe en son sein d'autres
raisonnements : les logiques de
légitimation, d'appartenance
et
d'info-communicationnelle.
Les étudiants recourent d'abord à Internet, dans
le but de satisfaire leurs besoins. Ce comportement intéressé
s'observe dans les actions de sélection des contenus, de zapping d'une
page ou d'un site à un autre en accordant le temps et
l'intérêt au plus offrant et au plus satisfaisant.
Dans une logique d'ensemble ou utilitariste, ces derniers
recourent à la Toile, pour échanger et discuter (réseaux
sociaux, applications et logiciels de communication), pour obtenir des
informations (recrutement, newsletter, nouveautés sur les produits,
magazine online, TV en ligne), bénéficier des offres (jeux,
concours, promotions) ou obtenir un statut (appartenir à une
communauté virtuelle et recevoir des notifications) et des services
(faire des achats et transactions en ligne).
· La logique de communication
Internet va au-delà de la simple transmission des
informations ; en ce sens, contrairement à certains médias
classiques et traditionnels, le Net à travers le paradigme de la
convergence entre l'informatique, l'audiovisuel et le multimédia, fait
partager et communier, favorise la création, et la diffusion des
contenus qui sont produits par les usagers.
Les usages et pratiques d'Internet chez les étudiants
de l'Université de Douala, sont fortement inscrits sur les
réseaux sociaux : faire la veille relationnelle (savoir ce
que font leurs amis et leurs contacts), promouvoir les associations ethniques,
religieuses et idéologiques sur les réseaux sociaux (Le groupe de
tous les Bétis, Bana Ba Sawa...) faire des rencontres amicales
(Facebook...) et amoureuses pour d'autres (Badoo, Twoo...). Ensuite vient
l'utilisation massive des applications et logiciels gratuits
d'appels audio comme visio, de chats vidéo, sms, envois des photos tels
que Skype, Viber, Whatsapp, Instagram, Google Hangouts, Yahoo Messenger (...)
cela à partir d'un ordinateur, d'un téléphone portable ou
d'une tablette.
Nous nous rendons compte que les étudiants au Cameroun
recourent à Internet, plus pour une logique communicationnelle
qu'informationnelle.
· La logique de
positionnement
Cette logique engage l'identité et l'image des
étudiants. Elle s'inscrit en filigrane dans les stratégies de
communication en ligne, c'est le fil conducteur des autres logiques148(*). Elle fédère
l'usage et l'appropriation d'Internet ; elle induit le social et le
culturel dans le positionnement de l'individu, à travers de nombreuses
actions sur la Toile telles que s'inscrire dans les sites ou les pages web des
organisations publiques ou privées pour bénéficier des
offres et des services.
C'est le cas pour de nombreux étudiants qui
s'inscrivent sur les sites professionnels dans l'espoir de trouver un emploi,
sur les pages des entreprises afin de bénéficier de certains
logiciels et applications gratuites et sur les sites de rencontre
espérant trouver l'âme-soeur ou des amis.
· La logique
d'intégration
Cette logique s'inscrit dans l'intégration des TIC,
à ce niveau s'effectue une sorte de négociation entre les usagers
et la technologie, cette négociation peut aboutir par le rejet ou par
l'adoption de l'artefact qui est issue de la persuasion. Le degré
d'intégration chez les étudiants de l'Université de
Douala se traduit à travers la banalisation des techniques d'usage,
l'hybridation des pratiques, et l'inventivité dans l'appropriation
à travers les pratiques culturelles propres au contexte camerounais.
La logique d'intégration des étudiants de
l'Université de Douala s'observe aussi à travers les actions
menées sur le Net dans un but de reconnaissance, d'appartenance et
d'identification à une sphère, afin de sortir de l'anonymat,
d'être vus, connus et acceptés par d'autres.
2-2. Enjeux et défis des
usages d'Internet :
Vues les conditions de vie et la non capacité pour bon
nombre de dépendre de leurs propres revenus, les étudiants au
Cameroun de tous âges, vivent généralement sous le toit
familial et sous la charge de leurs parents ; les dépenses
liées à Internet impactent directement les habitudes
économiques de la famille et les rapports sociaux entre les membres.
Les parents, pour l'épanouissement de leurs
progénitures par les études, consentent des sacrifices
financiers au point de réduire les dépenses
ménagères, voire de se priver ; afin d'octroyer de l'argent
à leurs enfants pour satisfaire les besoins liés au
numérique, tels qu'aller naviguer ou, faire la recherche en ligne sur
les données scientifiques, bien que la plupart du temps la navigation
sur Internet soit attachée à d'autres usages n'ayant aucun
rapport avec la recherche scientifique. Certains étudiants ne pouvant
pas bénéficier de ces sacrifices familiaux, épargnent
leurs propres revenus pour s'offrir quelques heures de plaisir (de connexion
à internet).
Ces actions sont consenties parce que pour ces derniers,
Internet représente plusieurs enjeux : la diffusion et la
production des connaissances, qui permettent aux étudiants
« d'exploiter des documents liés à leurs
études » ; le Net leurs permet aussi de se
« rapprocher des amis, de se faire des amis sans se
déplacer », « d'échanger avec des
connaissances sans tenir compte des frontières »,
« de voir ce qui se fait ou se passe dans le monde » et
« de trouver également des réponses à de
nombreuses problématiques pouvant nous turlupiner dans plusieurs aspects
de la vie » nous affirment certaines étudiants.
Pour d'autres, Internet « est un allié
essentiel », c'est « un outil qui permet de combler leurs
besoins informationnels ». Mais au-delà de ces enjeux, les
usages d'Internet au Cameroun connaissent de nombreux défis :
malgré l'avènement de la 3G, les utilisateurs ne parviennent pas
à tirer pleinement profit des avantages qu'offre Internet, car le
défi majeur est lié à la qualité de la connexion,
généralement lente, pour ouvrir certaines pages web ou
télécharger les documents voire parfois envoyer un mail. Il faut
attendre longtemps et parfois ces actions se soldent par des échecs
à cause de la mauvaise qualité du réseau.
Mais, le manque d'argent qui est le premier frein. Les prix
d'accès à Internet continuent à être au dessus des
moyens des étudiants et même des Camerounais disposants des
revenus modestes, et ces problèmes financiers participent aux
écarts dans les usages et pratiques d'Internet et ralentissent la
maîtrise des artéfacts technologiques. En plus, les coupures
intempestives du courant électrique représentent une frustration
dans les usages d'Internet, puisque les dispositifs techniques de connexion
à Internet sont régulièrement alimentés par
l'électricité.
Section 3 : Stratégies estudiantines dans
les différents usages d'Internet
3-1. L'accès à Internet :
Les étudiants au Cameroun vont
généralement dans des cybercafés, où ils doivent
acheter des heures de connexion pour avoir accès à Internet. Les
prix s'appliquent par endroit, mais communément il est question de
près d'un euro pour deux heures et près de deux euros pour cinq
heures.
En plus des cybercafés, d'autres étudiants
accèdent par défaut à Internet à travers leurs
téléphones mobiles et leurs tablettes numériques
grâce aux services proposés par les opérateurs de
téléphonie mobile au Cameroun. Les plus nantis s'offrent des
clés Internet pour pouvoir se connecter à un ordinateur soit au
domicile, soit à l'école ou dans tout autre lieu.
3-2. L'appropriation du Net : du bricolage au
détournement :
Pour s'adapter, bricoler et s'approprier Internet, les
étudiants au Cameroun organisent leur temps autours des choix
spécifiques, et des besoins immédiats avant d'aller sur le Net.
Etant donné que les heures de connexion sont payantes et hors de leur
portée, les étudiants réservent de l'argent en fonction de
ce qu'ils iront faire dans cet espace virtuel.
Généralement, pour des raisons
financières ils ouvrent plusieurs comptes clients dans différents
cybercafés pour bénéficiers des offres, et cela en
fonction des actions à mener sur la Toile. De nombreux cybercafés
pour attirer et fidéliser la clientèle, proposent des ouvertures
de compte avec pour bonus, dix heures de connexion à raison de
près de deux euros ; une offre alléchante qui permet
d'obtenir le double des heures de connexion au même prix avec pour
inconvénient l'ouverture du compte client dans ce cybercafé.
C'est ainsi que nombre d'étudiants déploient
des ruses pour bénéficier des offres et services proposés.
Pour des actions jugées moins capitales à l'instar du
divertissement, ou aller sur Facebook pour aimer et commenter les publications,
ils vont dans des cybercafés moins coûteux avec un faible
débit de connexion à Internet. Pour des tâches urgentes
comme envoyer un courriel, postuler en ligne pour un emploi, faire de la
recherche pour un travail académique ou échanger avec une
personne proche vivant hors du pays sur Skype, Viber (...), ils vont dans des
cybercafés plus coûteux avec un débit de connexion moins
faible.
D'autres stratégies sont également mises sur
pied : ainsi, aller régulièrement sur Internet durant un
temps très réduit pour consulter uniquement ses mails et les
notifications. A travers les formes de braconnage, un ticket acheté par
un étudiant pour se connecter à Internet est le plus souvent
utilisé plusieurs fois jusqu'à épuisement des heures de
connexion, ce même ticket peut également être donné
à une autre personne (ami, camarade, proche...). Une stratégie
qui permet d'économiser de l'argent, les heures de connexion et
« être à la page » avec le reste du monde.
De plus, par solidarité les étudiants ayant des
forfaits Internet depuis leurs téléphones mobiles et des
clés Internet commercialisés par les opérateurs de
téléphonie mobile au Cameroun149(*), et font souvent bénéficier leur
entourage en partageant la connexion avec des camarades de classe, les membres
du même groupe de travail voire les amis proches. Des actions qui
permettent de renforcer les liens entre amis, camarades et voisins même
si ces liens sont bâtis sur des intérêts. A partir de ces
forfaits Internet depuis leurs téléphones mobiles ou des
clés Internet, ils peuvent se connecter dans d'autres espaces publics et
privés que les cybercafés.
Cela étant, l'usage et l'appropriation d'Internet chez
les étudiants au Cameroun laissent affleurer de nombreuses pratiques
sociales et culturelles. Autrefois, l'élément qui permettait
généralement de garder et d'entretenir les relations à
distance entre les jeunes au Cameroun était le numéro de
téléphone. De nos jours par effet de mode et avec la gente
féminine, il est question de Whatsapp, Viber, Skype, Instagram,
Facebook, et Messenger pour ne citer que ceux-là. Des applications,
logiciels, médias et réseaux sociaux de satisfaction ont
poussé cette dernière à se doter, de
préférence aux ordinateurs prisés par le sexe masculin, de
téléphones portables et de tablettes de dernière
génération pour mieux apprécier la convergence
numérique et mener des pratiques hybrides.
C'est ainsi que certaines pratiques d'Internet ont
évolué. Désormais la recherche de l'âme-soeur sur
Internet par certaines étudiantes qui continue d'être
d'actualité, ne se fait plus uniquement dans les cybercafés comme
l'affirmait Baba Wame dans sa thèse de
doctorat150(*) ou
seulement par le l'intermédiaire d'un ordinateur. Les dispositifs
numériques info-communicationnels tels que les téléphones
portables évolués et les tablettes numériques permettent
dorénavant à certaines étudiantes à la recherche de
l'âme-soeur, de traverser les barrières spatio-temporelles et
psychologiques. Car, loin d'aller dans les cybercafés et box pour mener
des actions taboues et séductrices, avec la crainte d'être vues et
entendues par d'autres internautes partageant la même sphère,
elles peuvent faire à partir d'un téléphone portable ou
d'une tablette numérique ce qu'elles veulent, où elles veulent en
toute intimité.
De nombreux étudiants au Cameroun font également
de la recherche informationnelle sur Internet pour des raisons
d'immigration, dans l'intérêt de trouver une école
plus moderne, afin de bénéficier d'une formation
meilleure ou de trouver du travail au-delà des frontières.
Si le nomadisme par la mer/océan et par la terre/route s'avère
périlleux, le comble ce sont les loteries américaines et
canadiennes qui suscitent de nombreuses participations des
étudiants(es) au Cameroun, nourris par l'espoir d'obtenir une green card
(carte verte) pour les Etats-Unis ou une carte de résident permanent
pour le Canada, afin de voyager légalement, se faire une nouvelle vie et
de nouveaux projets.
En sus, chez la gente masculine une pratique gagne du terrain
dans les usages du Net : se servir d'Internet pour faire des sondages, des
pronostics et des cotages des matchs destinés aux paris sur le
football communément appelés
« parifoot » ; une activité
célèbre au Cameroun, qui encourage les jeunes à s'adonner
aux jeux de hasard et à penser leur avenir en terme de gains. Pour
autant, le chômage et le sous-emploi ont crée du désespoir
chez les jeunes moins patients et moins entreprenants, qui
préfèrent miser leurs subsides au point de se priver dans
l'espoir de gagner gros, remporter « la cagnotte » ou le
« jackpot ». Un gain incertain qui permettra non seulement
d'obtenir un retour sur investissement mais aussi de tirer quelques
bénéfices. C'est ainsi qu'Internet est devenu un partenaire qui
leurs permet de faire, par le biais d'un ordinateur des sondages, des
pronostics en comparant les matchs précédents afin de choisir les
équipes « dites favorites » et de miser en toute
espérance.
Chapitre IV : Internet. Réalité(s)
hybride(s), reproduction sociale et simulation
Section1 : Promesses des interfaces
numériques
1-1. Internet, un espace de médiation et de
remédiation : la convergence numérique et l'hybridation des
pratiques :
Internet plus qu'un multimédia est un
plurimédia, en ce sens qu'il contient virtuellement tous les autres
médias (...) ainsi que tous les nouveaux médias qu'on peut
obtenir par la combinaison de plusieurs d'entre eux151(*) ; ce qui permet
d'effectuer par le biais de la convergence numérique, une
remédiation des pratiques sociales.
La convergence est le fruit de la numérisation des
contenus (films, images, audio, vidéos, textes...), des
technologies (réseau hertzien, câble ou
réseau satellite, réseau ADSL, fibre optique...) et des
médias (télévision, radio, presse
écrite, Internet...) dans un même format et stockés, lus,
vus, écoutés à partir de n'importe quel dispositif
technique (ordinateur, Smartphone, Tablette numérique...)152(*),153(*).
Cette convergence numérique entraine continuellement
l'hybridation des pratiques chez les étudiants de l'Université de
Douala. Une hybridation qui s'opère à travers la substitution et
le greffage des pratiques préexistantes sur un espace nouveau à
partir duquel émerge l'innovation. C'est ainsi que l'ordinateur
substitue le magnétoscope en possédant un lecteur (DVD, VCD, CD),
le calendrier support papier en support numérique, et s'adapte en
dispositif pour passer les appels audiovisuels, envoyer les sms, ou visionner
les vidéos. Le téléphone mobile quant à lui permet
d'intégrer l'horloge et la montre à bracelet, les baladeurs et
lecteurs audio, vidéo (MP3, MP4), l'agenda, la calculette en
calculatrice numérique, le dictaphone en microphone, l'appareil photo,
la radio et la télévision mobile, voire le GPS (...)
Avec Internet, la convergence numérique permet
également aux étudiants de l'Université de Douala de
créer des contenus multimédias en étant à la fois
acteurs et spectateurs, de substituer la dimension spatio-temporelle en
étant absents physiquement, mais présents virtuellement, de mener
leurs activités en ligne sans toutefois se déplacer et subir des
embouteillages, lorsqu'ils font des achats ou cherchent à
bénéficier de services.
1-2. L'imaginaire dans la construction d'une
culture planétaire :
Nous ne saurons aborder les notions
d' « imaginaire » et
d' « utopie » dans la construction d'une culture
planétaire sans parler d'Harold Innis
et de Marshall Mc Luhan.
Si les deux auteurs canadiens sont restés
fascinés par des sociétés du passé, Mc
Luhan par le Moyen-âge et les sociétés tribales,
Harold Innis par le siècle d'or de la Grèce de
Périclès, l'oeuvre de chacun répond à des
questions, à des préoccupations spécifiques, à un
projet propre154(*).
Innis a essayé de déterminer les conditions de
l'équilibre et de la pérennité des sociétés,
des empires, des civilisations qui selon lui se regroupaient en un empire
mondial. Mc Luhan a tenté de comprendre les causes, le
sens et la direction des mutations consécutives à l'invention de
nouveaux médias et de leur impact sur la vie des hommes et des femmes
modernes, ou post-modernes si l'on préfère155(*), à travers lesquelles
il a prédit un village planétaire.
Dans notre étude, nous nous inscrivons dans une
démarche critique envers tout déterminisme technique ou
technologique et toute idéologie qui soutient la thèse d'une
culture planétaire. A travers notre étude de terrain menée
sur les usages et pratiques d'Internet par les étudiants au Cameroun,
plus précisément ceux de l'Université de Douala, nous nous
sommes rendu compte qu'il existe une rupture dans la construction d'une culture
planétaire ou commune aux internautes.
Car, le problème de la fracture numérique
dû au retard pris par les pays dépourvus en infrastructure de
pointe en télécommunication comme le Cameroun, présentent
sans doute l'inégale répartition des populations
connectées, entre les villes, également entre les
étudiants appartenant à une même ville et à une
même Université. Ces inégalités dans la culture
numérique au Cameroun s'observent tant au niveau du sexe, de
l'appartenance sociale, ethnique qu'au niveau des compétences
personnelles. Et comme le précise Manuel Castells,
« la fracture numérique ne se mesure pas seulement au
nombre de connectés, mais aux effets simultanés de la connexion
et de la non-connexion ». Pour lui, les infrastructures de
télécommunication sont un enjeu aussi important que les
« vrais problèmes » du tiers-monde que sont
l'éducation, la santé ou l'accès à l'eau156(*).
Nous constatons avec Patrice Flichy
que, l'imaginaire Internet renvoie à de nombreux thèmes
de l'univers culturel américain : celui de la
« frontière », qui incline à voir dans le
cyberspace un territoire à conquérir, celui de la
communauté ou encore de la liberté individuelle157(*).
Des propos similaires tenus lors de l'avènement de
l'électricité, qui allait apporter « la
connaissance » avec la lumière, ou des chemins de fer qui
allaient apporter « l'association universelle » avec le
rapprochement des distances physiques. Aujourd'hui, on tient le même type
de propos avec l'Internet et les techniques d'information et de communication,
qui apporteraient l'intelligence collective, comme un véritable cerveau
planétaire158(*).
Pourtant nous vivons un paradoxe sur la question des
frontières. Depuis la chute du mur de Berlin, l'ouverture, la libre
circulation, le village global passe pour l'horizon indépassable du
progrès, qu'il soit politique, économique ou culturel. C'est dans
ce sillage qu'Internet est devenu le symbole de cette idéologie du
décloisonnement généralisé. Cependant, il n'y a
jamais eu autant de contrôles, de blocages, de censures, de quotas, un
peu comme si les frontières étaient des hydres : pour un mur
abattu, on en érige deux nouveaux159(*).
En outre, loin du partage d'une même culture, nous
observons les regroupements des Internautes sur la Toile selon les goûts,
les centres d'intérêts et les appartenances. Nous pouvons citer la
construction des forums de discussions spécialisés, des
communautés ethniques, tribales, religieuses, intellectuelles ou
idéologiques. Cette sanctuarisation des frontières
endogènes à Internet avec la construction des groupes
privés, permet de s'interroger sur la thèse d'une culture globale
et même celle d'Internet comme espace public virtuel
planétaire.
Enfin, en filigrane des services qu'offre Internet se trouve
dissimulée une forte idéologie basée sur l'économie
et la surveillance permettant ainsi de localiser, cibler et agir plus
facilement sur les internautes. Des actions qui consolident la thèse de
Patrice Flichy que nous partageons
largement : c'est d'autant plus regrettable que « la
prolifération des utopies, l'abondance des discussions et des
controverses sont les conditions pour qu'une société s'approprie
une nouvelle technique, la fasse sienne, l'intègre dans sa vision
d'avenir »160(*).
Section 2 : Dimensions économiques et
formes de sociabilités de la « Toile »
2-1. Les concepts de
« connectivity » et
« connectedness » : entre sociabilité,
commercialisation et info-marchandisation des données
numériques :
En parlant de
« connectivity » et
« connectedness » nous mettons en
exergue l'interactivité et les interactions des usagers, en pareil
occurrence des étudiants de l'Université de Douala avec les
outils techniques qui permettent d'assurer la connexion et l'accès
à Internet, y compris les différentes actions et contacts
réalisés au sein du cyberespace.
Le concept de
« connectivity » renvoie dans
notre étude à la dimension technique de la connexion, c'est la
liaison entre deux périphéries informatiques. La
connectivité dans ce sens est la possibilité pour un usager de se
connecter à Internet, par le biais des dispositifs techniques tels
que : l'ordinateur, les téléphones mobiles et les tablettes
numériques, que se soit par fil, wifi ou par la puce d'un
opérateur de téléphonie mobile.
Le concept de
« connectedness » dans ce travail
se rapporte à la connexité sur Internet, qui est le fait
d'être toujours connecté. Elle établit sur Internet une
présence et une liaison continuelle, sans rupture dans cet espace
virtuel ; c'est l'exemple typique des réseaux sociaux (Facebook)
où l'internaute est sur la Toile, même si physiquement il est
absent et n'est pas actif devant son écran. Ce concept se rapporte
à la dimension sociale et marchande du Net, octroyant la
possibilité aux individualités et collectivités de
communiquer.
Nous nous attarderons sur le
« connectedness » qui constitue
aujourd'hui un enjeu majeur de la sociabilité sur Internet, la
commercialisation et l'info-marchandisation des données
numériques des usagers. Car à côté de nombreux
avantages et satisfactions que produit le Net tels que naviguer sur la Toile,
créer des profils sur les réseaux sociaux, faire des achats et
des transactions en ligne, bénéficier des offres et de la
gratuité de certains services (...) il existe des contraintes qui
constituent des menaces pour la vie privée des étudiants de
l'Université de Douala, y compris celle de la quasi-totalité des
internautes de la planète.
A l'heure de l'économie numérique, la
marchandisation des données personnelles sur Internet est qu'on le
veuille ou non, devenue une réalité. La collecte d'informations
nominatives est un principe obligatoire de fonctionnement pour tout site
commercial, social, professionnel voire académique. Elle s'accompagne
souvent d'une revente de tout ou d'une partie de ces
données, afin de garantir la rentabilité de son activité
on-line. Pour certains sites c'est même devenu la seule raison
d'être161(*).
Lorsque les internautes font usages d'Internet, il s'effectue une sorte de
récolte de données personnelles à travers la
traçabilité des informations qu'ils donnent parfois sans le
savoir.
De plus cette récolte des données est
obligatoire lorsqu'il s'agit de connaître le nom et les
coordonnées d'un client pour lui faire parvenir sa commande ; elle est
nécessaire lorsqu'il s'agit d'engager une démarche de
personnalisation. Et en demandant à l'internaute de fournir au site des
informations sur ses centres d'intérêts, il devient de ce fait
possible de lui proposer des produits et des services adaptés162(*). Malheureusement ces centres
d'intérêts, goût et points de vue issus le plus souvent des
relations sociales sont utilisés et vendus par les acteurs
institutionnels du Web (sites de recherche, de rencontre, de
sociabilité, sites professionnels, d'entreprises) comme des
info-marchandises. Cela à partir de la géolocalisation, les
échanges de fichiers des usagers, le profiling, le publipostage,
l'algorithme (...) qui constituent un fichage organisé et
géré par les professionnels et structure une part
considérable des activités de l'économie numérique.
Ces actions sont le fruit de l'application des méthodes
du marketing de masse et de proximité sur Internet qui ont fondé
un système de récolte des données pour garantir la
rentabilité des entreprises Web. Parmi ces méthodes nous pouvons
énumérer163(*) :
Le marketing one to one qui permet
d'établir une relation personnalisée entre l'entreprise et
l'internaute. A travers cette relation, l'entreprise propose des offres et
services en rapport avec les centres d'intérêts de l'internaute,
dans l'optique de le faire passer du statut de prospect ou d'acheteur
occasionnel, à celui de fidèle client.
Le permissible marketing qui consiste
à obtenir l'autorisation de l'internaute pour établir une
communication et entretenir la relation en envoyant des offres commerciales
pertinentes.
La gratuité sur Internet qui se
rapporte aux services gratuits pour permettre l'adoption en masse du service
par les internautes, dans le but d'acquérir une audience importante
à vendre aux annonceurs. En même temps transformer progressivement
le service gratuit en service payant.
La marchandisation des données personnelles par
les internautes aux structures telles que : EasyPanel, mysurvey,
panelopinea, Maximiles (...) qui gagnent de l'argent grâce aux annonceurs
à qui elles revendent les informations qu'elles détiennent sur
les internautes. Toutefois, ces informations sont recueillies directement
auprès des internautes qui échangent les informations sur leur
vie contre des points, avec lesquels il est possible de
bénéficier des produits, des biens et de services dans les
magasins, boutiques et supermarchés.
A ce titre, le public (audience anonyme) est une cible, une
image, un contact, un prospect (potentiel client) que les acteurs
institutionnels du Web vendent d'une part aux annonceurs pour faire monter les
prix des publicités diffusées sur leurs pages web, soit qu'ils
vendent d'autre part à certaines industries créatives qui ont
besoin d'adapter leurs produits et de les proposer directement aux usagers en
fonctions de leurs profils virtuels. Ces actions menées permettent de
comprendre avec plus de clarté que derrière la sensation de la
gratuité des services d'Internet, se trouve une commercialisation
identitaire. Si les internautes ne paient pas financièrement pour
bénéficier de certains services sur Internet, c'est parce qu'il
y'a une sorte de paie tacite compensatoire : celle de la vente des
informations sur leurs identités164(*).
2-2. Internet comme
démocratie paradoxale : Surveillance sur la
« Toile », contrôle social et
géolocalisation
De nombreux étudiants considèrent Internet comme
un espace de liberté et de gratuité et d'autres comme une
entreprise à but lucratif et un centre commercial sous-contrôle.
Sans toutefois exclure les actions de liberté
régulièrement converties en libertinage (injures et pratiques
perverses sur les réseaux sociaux), les actions de promotion et de
fichage présentées dans la gratuité (exemple : pour
accéder à nos services gratuits veuillez permettre à
l'application d'avoir accès à vos données personnelles),
les cookies, la surveillance, le contrôle social et la
géolocalisation (exemple : nouvelle connexion établie
à partir de...) sur Internet tendent à consolider la
deuxième thèse qui englobe nécessairement la
première, c'est-à-dire : celle d'une liberté
surveillée.
Toutefois comme le souligne Richard Godin,
il faut reconnaitre d'une part le Net comme un espace de
délibération virtuel et de pratiques démocratiques
à travers lequel ont émergé : cyberactivisme,
cybercitoyenneté, cybermobilisation, cyberprotestation165(*). Avec
Jean-Rémi Gratadour, le succès d'Internet
réside dans le fait qu'il permet aux166(*) usagers qui sont à la fois spectateurs et
acteurs d'être actifs là où les autres médias les
rendent passifs167(*).
Dans ce sillage, le Net favorise le développement des industries
créatives en mettant l'accent sur l'intermédiation
c'est-à-dire, permet de démocratiser l'accès à la
culture et à l'information, de valoriser les contenus sur le long terme,
et de stimuler la création.
C'est d'ailleurs sur ce point de vue philanthropique connu de
tous, que nous nous appuyons pour mettre sous les projecteurs d'autres
pratiques contraignantes qui érigent aujourd'hui Internet comme une
démocratie paradoxale.
Garnier Franck nous rappelle que la
nature même d'Internet rend inévitable la collecte d'informations
sur les utilisateurs. En effet, comme il ne peut y avoir de contact direct avec
les clients potentiels, il est indispensable d'obtenir des informations sur
eux168(*). Par
conséquent, collecte de données sur les internautes,
référencement des données personnelles dans les moteurs de
recherches, géolocalisation en continu des usagers d'applications
mobiles et numériques présentent une unitransparence. Car, les
internautes sont transparents envers le système, mais le système
ne l'est pas pour eux ; dans cette dimension relationnelle moins
démocratique, l'internaute est contrôlé mais ne peut pas
contrôler le contrôleur.
Plusieurs mécanismes consolident la notion de
« discipline » sur Internet. Pour illustration, le code
Internet Protocol (IP) permet d'identifier, de reconnaitre celui qui s'est
connecté et de retracer toutes ses actions dans le réseau,
certains usagers soucieux de naviguer en tout anonymat se voient dans
l'obligation de télécharger sur Internet en toute
légalité les logiciels tels que Tor, Tuxler, IP Hide
(...) qui permettent de brouiller le traçage et la localisation pendant
la navigation. En outre, lorsque un internaute veut se connecter à un
site web, être membre d'une communauté, ou faire usage de certains
logiciels et applications, il lui est présenté une politique de
confidentialité qu'il est obligé de respecter pour
bénéficier du service ou y adhérer.
Ainsi, nous abordons les relations de pouvoir sur Internet non
pas au sens de Karl Marx pour qui le pouvoir est une question
de propriété, de classes sociales169(*). Mais au sens de
Michel Foucault170(*) à travers une dimension
plurielle : celle de la relation de pouvoir entre les Hommes sur Internet
et celle de la relation de pouvoir entre les Hommes et les dispositifs
contraignants qui sont les institutions du Web.
Au sein du réseau, le pouvoir moderne est fondé
sur la visibilité du citoyen et est constitué par trois
éléments : les sujets (sites de recherches,
sites de sociabilité, les industriels et le public), les
outils (textes, vidéos, sons, images) et un
objet (l'esprit de l'internaute, agir sur son comportement,
ses affects et le pousser à l'adhésion, à l'action)
171(*).
Les étudiants de l'Université de Douala faisant
déjà face à d'autres difficultés telles que les
problèmes financiers pour aller sur Internet, la mauvaise qualité
du débit de connexion et les coupures intempestives du courant
électrique, n'ont pas la possibilité de se poser certaines
questions ou de faire face aux effets contraignant du Net. Une fois
connectés sur Internet, ces derniers ne se préoccupent
qu'à satisfaire leurs besoins immédiats peut importe les
conditions d'accès, d'adhésion ou de fidélisation.
Section 3 : Représentations des usages
d'Internet
Nous avons choisi résumer les représentations
et perceptions des usages d'Internet chez les étudiants des cycles LMD
afin d'éviter les redondances.
2-1. Perceptions des étudiants du cycle
Licence :
Les étudiants du cycle Licence c'est-à-dire des
niveaux 1, 2 et 3, perçoivent Internet comme une solution importante
pour leurs carrières et leurs formations à distance ; c'est
un espace qui leurs permet de réaliser des projets personnels et
collectifs. Pour ces derniers Internet est un lieu où ils peuvent
obtenir l'information en temps réel, « être à la
page » quant aux nouvelles évolutions dans le monde, se
rapprocher de la famille éloignée et des amis.
Nous constatons que les étudiants du cycle Licence
accordent une grande crédibilité à Internet, et sans
véritable remise en cause ils continuent à croire à la
dimension salvatrice du réseau des réseaux.
2-2. Perceptions des étudiants du cycle
Master :
Pour les étudiants de Master Internet est une
fenêtre ouverte au monde qui permet de briser les barrières, et
pour certains de se retrouver en plein dans le village planétaire. Pour
ces derniers le Net est un vivier d'emplois (trouver des jobs, des stages
académiques et professionnels), un espace par excellence de transaction
et de divertissement (faire du shopping, regarder des films, écouter de
la musique), c'est un lieu où ils peuvent également trouver des
réponses à de nombreuses problématiques sur la vie.
Nombre d'étudiants de Master perçoivent Internet
comme un espace qui favorise les rencontres (amoureuses et amicales) et la
liberté d'expression, bien qu'elle se traduise le plus souvent en
libertinage (injures, condescendance, manque de respect à autrui au nom
de la liberté d'expression). Pour d'autres, Internet constitue tout
simplement une plus-value dans l'acquisition des connaissances et leurs permet
d'être plus créatifs, performant dans les domaines
académique et professionnel. Ils se servent aussi de la Toile pour
élargir leurs réseaux relationnels.
Contrairement aux étudiants du cycle Licence, ceux de
Master ont des perceptions très variées, certains croient au
déterminisme d'Internet pour leur vie et d'autres se servent d'Internet
comme outil complémentaire dans l'acquisition des connaissances, la
réalisation des projets et la satisfaction des besoins.
2-3. Perceptions des
doctorants :
Pour bon nombre de doctorants de l'Université de
Douala, Internet est un couteau à double tranchant qui permet
l'évasion et l'aliénation des internautes, à travers d'une
part les sites de rencontres et les réseaux sociaux où les
individus se comportent comme des marques qui se positionnent dans un
marché. Et d'autre part, le volet relationnel entre les hommes et la
dimension encyclopédique de cette espace, qui permet aux apprenants et
chercheurs d'entrer en possession de la documentation nécessaire.
Contrairement aux étudiants des cycles Licence et
Master, les doctorants ont une perception plus critique d'Internet, bien qu'ils
lui reconnaissent aussi une dimension importante. Pour eux, Internet devrait
être utilisé en cas de nécessité, de manière
complémentaire aux autres tremplins de communication et non comme une
panacée ou comme un outil miracle.
TROISIEME PARTIE :
CADRE REGLEMENTAIRE REGISSANT LA COMMUNICATION
ELECTRONIQUE AU CAMEROUN ET PRESENTATION DES RESULTATS
« (...) le chercheur ne doit pas se porter
uniquement sur la sophistication de l'analyse : il est fondamental dans
l'enquête de recueillir des données adaptées et pas trop
biaisées et de savoir en tirer parti »172(*)
Chapitre V : Cadre réglementaire de la
communication électronique au Cameroun
Section 1 : Les acteurs de régulation de la
communication électronique au Cameroun
1-1. Les forces sociales en
présence :
Plusieurs acteurs interviennent dans le secteur de la
communication électronique au Cameroun. Notamment l'Etat et ses
institutions, les opérateurs de téléphonie mobile, les
fournisseurs de services, les clients et utilisateurs.
A) Les acteurs
institutionnels :
A-1. L'Etat du Cameroun :
- La Présidence de la
république : il définit et oriente la politique
nationale en matière de Technologies de l'Information et de la
Communication (TIC) en général ;
- Les services du Premier Ministre qui sont
chargés du suivi, c'est-à-dire qui assurent la mise en oeuvre de
la politique nationale.
- Le Parlement : L'Assemblée
Nationale légifère dans le secteur et le contrôle de
l'action gouvernementale.
- Le MINPOSTEL : le Ministère des
Postes et Télécommunications est chargé de la supervision,
de la réglementation, de l'élaboration de la politique et des
études sectorielles. Il joue un rôle fondamental dans la mise en
place et l'évaluation de la politique gouvernementale dans le secteur.
Il contribue également au développement des infrastructures et
gère le spectre des fréquences au nom de l'État.
- L'ART : L'Agence de Régulation
des Télécommunications, crée en 1998 est
l'institution publique chargée particulièrement de la
régulation, du contrôle et du suivi des activités du
secteur des télécommunications. Cette agence permet de
gérer le règlement des conflits entre les opérateurs du
secteur notamment les questions relatives à l'interconnexion ou
l'accès au réseau de télécommunication, la
numérotation, l'interférence des fréquences et le partage
des infrastructures. Elle est placée sous la tutelle du MINPOSTEL.
- L'ANTIC : L'Agence Nationale des
Technologies de l'Information et de la Communication créée en
2002 par décret numéro 2002/092 du 08 Avril 2002. Elle a pour
mission de promouvoir et de suivre l'action gouvernementale dans le domaine des
Technologies de l'Information et de la Communication.
L'ANTIC est l'autorité de certification Racine
(certificat d'autorité de certification auto-signé)
chargée de la régulation des activités de
sécurité des réseaux et systèmes d'information, et
de celles relatives au développement des TIC. Elle est placée
sous la tutelle directe de la Présidence de la République.
A-2. Les entreprises de
télécommunication :
Nous recensons les opérateurs de
téléphonie mobile au Cameroun et les fournisseurs de
services :
-- Les opérateurs de
téléphonie mobile au Cameroun :
1- CAMTEL : Opérateur historique des
télécommunications au Cameroun, entreprise détenue par
l'État du Cameroun ; mais qui n'obtient étonnamment sa
licence que le 26 septembre 2014 comme quatrième opérateur de
téléphonie mobile au Cameroun ;
2- ORANGE Cameroun : Entreprise de
téléphonie mobile au Cameroun, filiale de la multinationale
Orange structure française née de France Télécom,
l'opérateur téléphonique historique en France.
Suite à la libéralisation de la
téléphonie au Cameroun en 1998, le pays obtiendra son tout
premier opérateur de téléphonie MOBILIS
(Société Camerounaise de Mobile), qui deviendra quatre ans plus
tard en 2002 Orange Cameroun. Elle a activé la 3G au Cameroun le 13 mars
2015.
3- MTN Cameroon : Entreprise de
téléphonie mobile au Cameroun, filiale de la multinationale MTN
Group (Mobile Telephone Network) qui est une structure sud-africaine.
MTN Cameroon devient en février 2000, le second
opérateur de téléphonie mobile au Cameroun à partir
du rachat de la licence de Camtel Mobile. Elle lance effectivement ses
activités au Cameroun en 2002, et active la 3G le 11 mars 2015.
4- NEXTELL (VIETTEL) Cameroon : Entreprise de
téléphonie mobile au Cameroun, filiale de la multinationale
Viettel Group, opérateur historique des télécommunications
au Vietnam. Nextell est le troisième opérateur de
téléphonie mobile au Cameroun. Bien que devenu fonctionnel
récemment le 18 septembre 2014, il est le premier à exploiter la
technologie 3G au Cameroun.
-- Les fournisseurs de
services :
Nous n'énumérons que les plus importants
fournisseurs d'accès Internet au Cameroun :
1- MTN Cameroon
2- ORANGE Cameroun
3- CAMTEL
4- NEXTELL
5- CREOLINK Communications
6- RINGO
7- YOOMEE
B) Le cadre politique :
La volonté de bâtir une société de
l'information intégrante s'est manifestée pour la première
fois dans le discours du Chef de l'Etat, Paul BIYA,
Président de la République du Cameroun, prononcé le 3
novembre 2004. Le président déclarait alors : «Notre
pays a besoin d'un accès généralisé à
l'Internet ». De là, plusieurs actions ont été
entreprises visant à créer un cadre favorable au
développement des TIC au Cameroun. Sans être exhaustif, nous
pouvons citer173(*) :
- La validation du Document de Stratégie pour la
Croissance et l'Emploi, ancré sur les Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD) et les recommandations du Sommet Mondial de
la Société de l'Information (SMSI), qui décline la vision
de développement du Cameroun en vue de son émergence à
l'horizon 2035 ;
- L'ouverture du marché des communications
électroniques à un troisième opérateur de
téléphonie mobile pour la fourniture des services 3G ;
- L'instauration d'un cadre réglementaire incitatif et
favorable aux investissements dans le domaine des
télécommunications et des TIC.
C) Le cadre
réglementaire :
En tenant compte d'un environnement mouvant et des menaces
qu'il présente, le Président de la République a
promulgué cinq lois essentielles au rang desquelles174(*) :
- La loi n°98/013 du 14 juillet 1998 relative à la
concurrence ;
- La loi n° 2010/012 du 21 décembre 2010, relative
à la cybersécurité et à la cybercriminalité
au
Cameroun qui dote le pays d'une autorité de
certification Racine et réprime les crimes cybernétiques;
- La loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010,
régissant les communications électroniques au
Cameroun qui consacre la délivrance des licences
multiservices ;
- La loi n° 2010/021 du 21 décembre 2010,
régissant le commerce électronique au Cameroun qui favorise
l'éclosion du e-commerce ;
- La loi-cadre n°2011/012 du 6 mai 2011 portant
protection du consommateur au Cameroun.
En marge des textes législatifs, plusieurs textes
réglementaires subséquents ont également été
signés. A travers le projet « d'appui à l'Harmonisation des
Politiques relatives aux TIC en Afrique subsaharienne », en
abrégé HIPSSA qui est l'une des composantes du projet global
UIT-ACP-Union Européenne, le Cameroun a pu harmoniser son cadre
légal et réglementaire avec celui de la sous-région
Afrique centrale.
D) Le cadre infrastructurel :
Le Cameroun a réalisé d'importants projets pour
mettre en oeuvre les actions prescrites par le SMSI. L'on peut citer, sans
être exhaustif175(*) :
- L'extension du réseau de transport à fibre
optique (plus de 6 000 km déployé) pour permettre l'accès
large bande à toutes les régions, départements et autres
localités reculées du pays ainsi que l'interconnexion avec les
pays de l'hinterland aux différents câbles sous marins à
fibre optique ;
- la construction des points d'atterrissement des câbles
sous-marins à fibre optique (SAT-3 et WACS) ;
- Le Projet Central African Backbone (CAB) : le Cameroun est
au centre du projet CAB dont l'objectif est de compléter les
chaînons actuellement manquants pour, à la fois, fournir les
liaisons de télécommunications indispensables entre les Etats de
l'Afrique Centrale, assurer leur raccordement au réseau à fibre
optique mondial et permettre ainsi la mise à disposition de l'Internet
Haut Débit au plus grand nombre en se reliant à moindre
coût à la station terminale du câble sous-marin
intercontinental SAT-3 situé dans la capitale économique
Douala.
L'interconnexion par fibre optique du Cameroun avec la
République du Tchad est effective depuis mars 2012 ;
- La construction des Télécentres Communautaires
Polyvalents et points d'accès numériques, équipés
le cas échéant de panneaux solaires ;
- La couverture en réseau des zones
frontalières et enclavées :
- La mise en place d'une Infrastructure nationale à
Clé Publique (PKI) et d'un Computer Emergency Response Team (CERT) ;
- Le développement des réseaux de
télémédecine et de téléenseignement à
travers le projet panafricain de services en ligne ;
- La mise en oeuvre de l'e-government par le
déploiement d'un Intranet Gouvernemental et des principales applications
métiers de l'Etat, à l'instar du :
· Système Informatique de Gestion
Intégrée des Personnels de l'Etat et de la Solde (SIGIPES)
· Système Douanier Automatisé (SYDONIA) ;
· Projet e-régulation accompagné par le
CNUCED, base de données en ligne conçue pour apporter une totale
transparence dans les procédures administratives de la vie de
l'entreprise au Cameroun;
· Projet Devhope, portail de projets communautaires et de
responsabilité sociale des entreprises qui permet aux initiateurs des
projets (notamment les collectivités territoriales
décentralisées) d'avoir les financements des bailleurs de fonds
traditionnels, les dons des citoyens et des entreprises qui s'engagent dans la
responsabilité sociale ;
· L'e-procurement dont le plan directeur est en cours
d'élaboration avec la coopération coréenne...
- La refondation de l'Ecole Nationale Supérieure des
Postes et Télécommunications du Cameroun
- L'Emergence d'Instituts Privés d'Enseignement
Supérieur (IPES). Le Cameroun compte à ce jour
Quatre-vingt dix huit (98) IPES répartis dans les 10
régions du pays, dont 33 dans le domaine des TIC.
Section 2 : Les missions des organes de
régulation
2-1. Fonctions et
responsabilités :
A) ART (Agence de Régulation des
Télécommunications)
L'ART a été créée par la loi
n°98/014 du 14 juillet 1998 régissant les
télécommunications au Cameroun et est placée sous la
tutelle technique du Ministère chargé des
Télécommunications et sous la tutelle financière du
Ministère chargé des Finances. Elle assure pour le compte de
l'Etat, la régulation, le contrôle et le suivi des
activités des opérateurs et exploitants du secteur des
Télécommunications et des Technologies de l'Information et de la
Communication. Elle veille également au respect du principe
d'égalité de traitement des usagers dans toutes les entreprises
de communications électroniques.
A ce titre, elle a entre autres pour missions176(*):
- De veiller à l'application des textes
législatifs et réglementaires en matière des
Télécommunications et des Technologies de l'Information et de la
Communication;
- De s'assurer que l'accès aux réseaux ouverts
au public s'effectue dans des conditions objectives, transparentes et non
discriminatoires;
- De garantir une concurrence saine et loyale dans le secteur
des Télécommunications et des Technologies de l'Information et de
la Communication;
- De sanctionner les manquements des opérateurs
à leurs obligations ainsi que les pratiques anticoncurrentielles;
- De définir les principes devant régir la
tarification des services fournis;
- D'instruire les demandes de licence et préparer les
décisions y afférentes ;
- De délivrer formellement les
récépissés de déclaration;
- De définir les conditions et les obligations
d'interconnexion et de partage des infrastructures;
- D'émettre un avis sur tous les projets de texte
à caractère législatif et réglementaire en
matière de communications électroniques;
- D'assurer l'assignation et le contrôle du spectre des
fréquences ;
- De préparer les dossiers d'appels d'offres pour les
concessions et les licences;
- D'établir et de gérer le plan de
numérotation;
- De soumettre au Gouvernement, toute proposition et
recommandation tendant à développer et à moderniser le
secteur des Télécommunications et des Technologies de
l'Information et de la Communication;
- D'assigner les ressources en adressage;
- D'instruire les, dossiers d'homologation des
équipements terminaux et de préparer les décisions y
afférentes;
- De délivrer les agréments;
- D'exercer toute autre mission d'intérêt
général que pourrait lui confier le Gouvernement dans le secteur
des Télécommunications et des Technologies de l'information et de
la Communication;
- De garantir la protection des consommateurs.
B) ANTIC (Agence Nationale des Technologies de
l'Information et de la Communication)
Créée par décret du Président de
la République 2002/092 du 8 avril 2002 l'Agence
Nationale des Technologies de l'Information et de la Communication
(ANTIC) est un établissement public administratif
doté de la personnalité juridique et de l'autonomie
financière. Elle est chargée de la promotion et du suivi de
l'action des pouvoirs publics en matière des technologies de
l'information et de la communication, et est placée sous la tutelle
technique de la Présidence de la République et sous la tutelle
financière du Ministère des Finances. Son siège est
fixé à Yaoundé177(*).
A ce titre, l'ANTIC a pour missions, notamment178(*) :
- D'élaborer et de suivre la mise en
oeuvre de la stratégie nationale de développement des
technologies de l'information et de la communication;
- D'identifier les besoins communs des services publics en
matière d'équipements informatiques et logiciels.
- De veiller à l'harmonisation des standards techniques
et de proposer des référentiels techniques, afin de favoriser
l'interopérabilité entre les systèmes d'information ;
- De fournir son expertise aux administrations pour la
conception et le développement de leurs objets techniques;
- De coordonner la réalisation et d'assurer le suivi
des sites Internet, Intranet et Extranet de l'Etat et des organismes publics ;
- De concourir à la formation technique des formateurs
des universités, lycées, collèges, écoles normales
et écoles primaires ;
- De participer aux actions de formation des personnels de
l'Etat dans le domaine des technologies de l'information et de la
communication, émettant des recommandations sur le contenu des
formations techniques et sur les programmes d'examens professionnels et des
concours;
- D'entretenir des relations de coopération technique
avec des organismes internationaux publics ou privés agissant dans ce
domaine, suivant les modalités prévues par la législation
en vigueur. Dans cette perspective, elle est chargée de l'enregistrement
des noms de domaines «.cm» ;
- De mettre en place des mécanismes pour régler
des litiges d'une part, entre les opérateurs des technologies de
l'information et de la communication et d'autre part, entre opérateurs
et utilisateurs, pour les problèmes spécifiquement liés
aux contenus et à la qualité de service (spamming, phishing,
filoutage, hacking ;
- De veiller, dans l'usage des technologies de l'information
et de la communication, au respect de l'éthique, ainsi qu'à la
protection de la propriété intellectuelle, des consommateurs, des
bonnes moeurs et de la vie privée ;
- D'élaborer la politique et les procédures
d'enregistrement des noms de domaines «.cm », de
l'hébergement, de l'administration des serveurs racine, de l'attribution
d'agrément de Registrar, du «. cm » ;
- De planifier d'attribuer et de contrôler les adresses
Internet (IP) au Cameroun ;
- De mettre en place des mécanismes pour assurer la
sécurité de l'internet au niveau national ;
- De réguler les technologies de l'information, de la
communication et Internet.
2-2. Défis et risques :
· ART :
De nombreux défis se situent au niveau des
différentes technologies de connexion actuellement en vigueur au
Cameroun, dont le débit et la qualité sont à
améliorer179(*) :
- Le RTC (Dial up) : C'est un mode
d'accès via le réseau téléphonique filaire
classique. Il nécessite donc une ligne téléphonique, un
ordinateur et un modem pour joindre le FAI, lequel se chargera de la connexion
à Internet.
Le débit maximal ici est de 56 Kbps
en théorie, cependant une liaison RTC est soumise à des
perturbations électromagnétiques et dépend de la
qualité du fil de cuivre ce qui ramène le débit aux
alentours de 40 Kbps. Malheureusement,
le débit est inapproprié pour les besoins de plus en plus
croissants pour un Internet de qualité ; il est
impossible d'utiliser une même ligne téléphonique pour se
connecter et téléphoner simultanément ; le coût de la connexion dépend du temps
de connexion et peut donc devenir rapidement prohibitif ; la connexion n'est pas permanente à cause des
perturbations électromagnétiques.
- Le RNIS ou ISDN
(Integrated Services Digital Network) en anglais, est la version
entièrement numérisée du RTC. Le RNIS ne transporte donc
plus un simple signal analogique, comme dans le cas du RTC, mais un signal
numérisé. Les usagers ont donc accès à une large
palette de services (vocaux ou non).
En monoposte, le RNIS
nécessite l'utilisation d'une carte (ou un boîtier externe)
dédiée. Un routeur RNIS est également utilisé dans
le réseau. L'accès de base offre un débit de 128 Kbps. Mais son installation nécessite
l'intervention d'un technicien (et donc des frais supplémentaires) :
installation d'une prise RJ45 et d'un boîtier spécial
(boîtier TNR), son débit reste relativement
faible aujourd'hui avec l'arrivée des autres technologies.
- L'ADSL :
Développée dans le laboratoire américain BellCore en 1987,
la technologie ADSL est une technologie permettant de faire passer du haut
débit sur la paire de cuivre utilisée pour les lignes
téléphoniques de la boucle locale. La technique consiste à
utiliser les fréquences supra vocales laissées libres par le
service téléphonique traditionnel. En effet une ligne
téléphonique possède une bande passante d'environs 1Mhz
dans laquelle seule une largeur de bande de 4Khz est utilisée pour les
communications téléphoniques soit environs 10%.
A ce niveau l'Etat à plusieurs défis à
relever : Les campagnes sont exclues de ce mode de communication, car il
est nécessaire de se situer dans une zone compatible et proche d'un
centre téléphonique, puisque la dissipation d'énergie est
à l'origine de cette contrainte, dont la couverture ADSL n'est pas
disponible partout; comme autre inconvénient, l'obligation d'ouvrir une
ligne téléphonique même si l'utilisateur n'en a pas
l'utilité ; et plus on est loin du répartiteur (DSLAM), plus
la connexion est mauvaise (la ligne ne dépasse pas 5,4 km).
· ANTIC :
L'Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la
Communication fait face à plusieurs défis parmi
lesquels180(*) :
- L'accès aux services et équipements TIC reste
hors de portée du fait des coûts encore très
élevés de ceux-ci ;
- Le coût toujours très élevé du
« .cm » et sa difficile acquisition, qui est alourdie par
une longue procédure administrative et par une qualité technique
pas toujours très fiable ;
- Pour ce qui est du matériel TIC de l'Etat, il y' a
une inadéquation entre les équipements, les solutions, leurs
coûts et leur utilisation finale ;
- Le web « présence du Cameroun »
est très faible que ce soit au niveau institutionnel ou au niveau du
secteur privé et de la société civile ;
- La quasi-absence de services publics en ligne,
L'e-government ou gouvernement électronique est à la traîne
au Cameroun ; d'après le Responsable de l'ANTIC le problème
est beaucoup plus organisationnel.
Section 3 : Bilan et état actuel de la situation
Nous allons mettre l'accent sur l'ANTIC qui
est chargée de la matérialisation et du développement des
TIC. L'ART s'inscrit plus au niveau
immatériel, elle assure pour le compte de l'Etat la régulation,
le contrôle et le suivi des activités des opérateurs et
exploitants du secteur des Télécommunications et des Technologies
de l'Information et de la Communication. Elle veille également au
respect du principe d'égalité de traitement, des usagers dans
toutes les entreprises de communications électroniques, et est
habilitée à sanctionner en cas de non respect des lois.
3-1. Sur le plan
sociétal :
Sur le plan sociétal, un
Computer Emergency Response Team fera office de cellule
de veille pour la sécurité informatique au sein de l'ANTIC. De
façon permanente, l'agence pourra prévenir et maîtriser les
incidents de sécurité qui pourraient survenir dans le cyberespace
camerounais. Pour l'heure, le Cameroun dispose au MINSPOTEL de l'infrastructure
à Clé Publique ou -Public Key Infrastructure en anglais-
reçue de l'Union Internationale des Télécommunications en
2005. Cette infrastructure aide au renforcement de l'efficacité des
services publics en ligne, permet de sécuriser le processus de
transmission des documents sensibles de l'administration et facilite la
prestation des services publics aux populations des zones urbaines, rurales et
reculées via Internet.
L'agence a élaboré le
document de Stratégie Nationale de Développement des
Technologies de l'Information et de la Communication, validé en
2007 par la Présidence de la République. C'est au final, un
ouvrage qui expose le contexte global du développement des TIC, dresse
l'état des lieux des TIC, recense les axes d'interventions prioritaires
et définit le cadre opérationnel de la mise en oeuvre de cette
stratégie. Ce document sert désormais de boussole à
l'Agence et à l'ensemble des parties prenantes (pouvoirs publics,
secteur privé et société civile) pour le
développement et le déploiement harmonisés des TIC au
Cameroun.
Dans le cadre de sa mission de coordination de la
réalisation et du suivi des sites Internet, Intranet et Extranet de
l'Etat et des organismes publics, l'Agence Nationale des Technologies de
l'Information et de la Communication a développé, avec le
concours de tous les départements ministériels et autres
administrations publiques, le document de référence de
l'architecture d'un site web gouvernemental au Cameroun. Ce document de
référence permet d'harmoniser l'architecture et les contenus
des sites web des administrations publiques camerounaises. Cette
initiative est en harmonie avec la circulaire du Premier Ministre n°
007/CAB/PM du 23 août 2000 relative à la création et
l'utilisation des sites Internet gouvernementaux.
Dans le cadre de sa mission consistant à veiller
à l'harmonisation des standards techniques et à proposer des
référentiels techniques afin de favoriser
l'interopérabilité entre systèmes d'information, l'ANTIC a
élaboré de façon participative avec les administrations
publiques le plan de rédaction du schéma directeur des TIC
des administrations et des organismes publics. Ce document permet
désormais à nos administrations de se servir de ce guide pour
l'élaboration, par chacune, de son propre schéma directeur en
fonction des objectifs et orientations qui lui sont siennes. L'appropriation de
la mise en application de ce document de référence participera
à la modernisation de nos administrations publiques, et facilitera
également le déploiement de l'e-government au Cameroun, en ce
sens qu'il favorisera la simplification des procédures administratives
dans le cadre des projets, à l'instar de celles consacrées au
développement logiciel181(*).
3-2. Sur le plan social :
L'ANTIC se déploie sur trois axes principaux sans que
ceux-ci soient nécessairement exclusifs à un domaine 182(*):
- Le Gouvernement et les administrations publiques ;
- Le secteur privé ;
- Le grand public.
Bien que les applications soient encore
embryonnaires, l'ANTIC élabore et assure la mise en oeuvre de la
stratégie nationale de développement des TIC, coordonne et
contrôle la bonne exécution des projets gouvernementaux de nature
interministérielle dans ce domaine.
Auprès du secteur privé, l'agence
contribue au développement d'un environnement
sécurisé des transactions électroniques, elle veille
à l'adaptation de la législation et de la réglementation
nationales à l'évolution des TIC, afin de promouvoir le commerce
électronique et de créer les conditions de renforcement de la
confiance des consommateurs.
Auprès du grand public, L'ANTIC oeuvre
pour la vulgarisation des techniques et des utilisations des TIC, pour la
facilitation de l'accès aux TIC et pour l'information publique
essentielle. A ce titre elle est notamment chargée de la gestion des
noms de domaine .CM et concourt à la réduction du coût
d'acquisition du .CM (.com.cm, .edu.cm, .net.cm, .co.cm).
Pour combler le vide juridique qui fait défaut à
ce secteur, l'ANTIC a contribué à
l'élaboration du projet de loi sur la communication électronique,
du projet de loi sur la cybersécurité et la
cybercriminalité et du projet de loi sur le e-commerce. Dans le cadre de
la promotion et de la vulgarisation des TIC comme outils de modernisation de
l'administration et de compétitivité des entreprises, l'ANTIC a
organisé à l'intention des administrations, des entreprises des
secteurs public et privé, plusieurs séminaires en collaboration
notamment avec ses partenaires CISCO, l'Université des Nations Unies
(UNU/IIST) et la Chambre de Commerce Internationale du Cameroun. Au rang de ces
évènements, on peut citer183(*) :
- Le séminaire gouvernemental sur les TIC comme
accélérateur du développement économique du
Cameroun sous le haut patronage du Chef de l'Etat et sous la présidence
effective du Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
- Le colloque international sur la modernisation du Cameroun
par les TIC ;
- Le séminaire de formation des Fournisseurs
d'Accès Internet (ISP) sur la mise en place d'un Point d'Echange
Internet (IXP) au Cameroun ;
- Le séminaire de formation sur le gouvernement
électronique (e-government) à l'intention des responsables
administratifs et des responsables TIC des administrations publiques ;
- Le séminaire sur le commerce électronique
(e-commerce) sous la présidence du Ministre du Commerce.
Chapitre VI : Analyses et interprétations
des résultats
Section 1 : Méthode d'analyse du corpus
1-1. Choix de la
méthode :
Dans le cadre de ce travail, nous avons
opté pour les méthodes d'analyse à la fois logiques et
sémantiques (logico-sémantiques)184(*) ; prenant en compte
l'indexation, la catégorisation, l'analyse, la description et la
comparaison des données du terrain.
A travers notre enquête psychosociologique185(*) réalisée
via les entretiens semi-directifs, au mode de recueil des
données tenant compte du sexe (masculin et féminin), du niveau
d'études (cycles Licence, Master, Doctorat) et de la filière des
étudiants de l'Université de Douala (Communication), nous nous
sommes attaché à présenter les usages d'Internet par les
étudiants et les pratiques qui découlent de ces usages, à
comprendre les logiques et les motivations liées aux usages et pratiques
d'Internet et à décrire les enjeux et défis qui sont au
coeur des ces usages.
Cela afin de faire ressortir les détournements, les
pratiques culturelles, les formes d'hybridations et les manières de
faire qui se rapportent aux stratégies et aux raisons d'usages
d'Internet par les étudiants de l'Université de Douala, en proie
au contexte camerounais qui ne favorise pas l'adoption d'Internet, ni des
artéfacts technologiques.
2-2. Analyses des
données :
Comme nous l'avons précisé à
l'introduction générale, la population étudier est
composée d'un échantillon de soixante (60) individus des deux
sexes, âgés de 18 à 32 ans. Nous avons interviewé
vingt (20) étudiants du cycle Licence, vingt (20) étudiants du
cycle Master et vingt (20) doctorants. Dans cette approche qualitative, nous
avons choisi un échantillon de soixante individus pour être plus
efficace dans la collecte, le traitement et l'interprétation des
données.
L'Université de Douala, constitue en son sein un
effectif de 50 000 étudiants186(*) et treize écoles et facultés187(*). Nous avons choisi de
manière spécifique la filière communication parce que, le
laboratoire à travers ses axes de recherches s'inscrit sur l'analyse des
communications et des récits médiatiques, un domaine
d'étude qui englobe l'ensemble des techniques, outils, médias et
moyens info-communicationnels, en pareil occurrence Internet ;
contrairement aux étudiants des sciences exactes (physique, génie
industriel...) et des autres disciplines en sciences humaines et sociales
(anthropologie, psychologie...) de l'Université de Douala.
En outre, la composition hétéroclite des
Unités d'Enseignements (UV) au cycle Licence avec les troncs communs
tels que sociologie de la communication et des médias, psychologie
sociale et de la communication, économie des médias, analyse des
discours médiatiques, sémiologie de l'image, médias de
masse, culture informationnelle (...) rend cet échantillon qualitatif,
plus sensible aux usages et pratiques d'Internet.
En sus, parce que nous travaillons sur un objet mouvant et
évolutif avec une cible hétérogène, nous avons
élaboré une grille d'entretien constituée des questions
ouvertes et fermées afin de décrire,
expliquer, comprendre et
classifier les usages et pratiques d'Internet.
-- Codification, catégorisation,
description des questions et présentation des
résultats :
Nota bene : Le code 1 =
cycle Licence, code 2 = cycle Master, code 3
= Doctorants.
A- La place d'Internet dans les usages et pratiques
quotidiennes
1) Par quels dispositifs accédez-vous à
Internet ?
Indicateurs
|
Code 1
|
%
|
Code 2
|
%
|
Code 3
|
%
|
Ordinateur
|
8
|
40
|
9
|
45
|
12
|
60
|
Téléphone m.
|
9
|
45
|
6
|
30
|
6
|
30
|
Tablette
|
3
|
15
|
3
|
15
|
0
|
0
|
Clé Internet
|
0
|
0
|
2
|
10
|
2
|
10
|
Total
|
20
|
100
|
20
|
100
|
20
|
100
|
En nous référant aux résultats nous
constatons que pour accéder à Internet, les doctorants font le
plus recourt à l'ordinateur (60%), tandis que les étudiants du
cycle Licence privilégies le téléphone mobile (45%), et
ceux de Master se trouvent dans les usages intermédiaires entre les
différents dispositifs.
2) Quels sont vos différents espaces de
connexion à Internet ?
Indicateurs
|
Code 1
|
%
|
Code 2
|
%
|
Code 3
|
%
|
Cybercafés
|
10
|
50
|
12
|
60
|
11
|
55
|
Maison
|
8
|
40
|
6
|
30
|
5
|
25
|
Travail
|
2
|
10
|
2
|
10
|
2
|
10
|
Etablissement
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
10
|
Total
|
20
|
100
|
20
|
100
|
20
|
100
|
A tous les niveaux les cybercafés sont les espaces de
connexion les plus fréquentés par les étudiants de
l'Université de Douala, suivi par la connexion à la maison
à partir des téléphones portables, tablettes ou
clés Internet.
3) Pendant votre navigation sur Internet, que
consultez-vous prioritairement ?
Variables
|
Code 1
|
%
|
Code 2
|
%
|
Code 3
|
%
|
Messagerie
|
8
|
40
|
10
|
50
|
10
|
50
|
Réseaux sociaux
|
2
|
10
|
5
|
25
|
6
|
30
|
Moteurs
de recherche
|
10
|
50
|
5
|
25
|
4
|
20
|
Total
|
20
|
100
|
20
|
100
|
20
|
100
|
A cette question plusieurs réponses ont
été données, mais en les catégorisant la messagerie
électronique est consulté prioritairement suivi des
réseaux sociaux, sauf pour le cycle Licence où l'inverse se
produit.
4) Combien de jours par semaine allez-vous sur
Internet et par jour, quelle est votre durée de
connexion ?
Variables
|
Code 1
|
%
|
Code 2
|
%
|
Code 3
|
%
|
3 fois /semaine
Pour 2 à 3h
|
13
|
65
|
9
|
45
|
15
|
75
|
2 fois /semaine
Pour 2h
|
0
|
0
|
8
|
40
|
0
|
0
|
Tous les jours
Pour 1 à 2h
|
7
|
35
|
3
|
15
|
5
|
25
|
Total
|
20
|
100
|
20
|
100
|
20
|
100
|
Les étudiants de l'Université de Douala
fréquentent Internet en moyenne trois (3) fois par semaines pour une
durée de deux à trois heures de connexion.
B- Intérêt des usagers
1) Avez-vous un budget lié aux dépenses
pour Internet ?
Indicateurs
|
Code 1
|
%
|
Code 2
|
%
|
Code 3
|
%
|
Non
|
10
|
50
|
18
|
90
|
20
|
100
|
Oui
|
10
|
50
|
2
|
10
|
0
|
0
|
Total
|
20
|
100
|
20
|
100
|
20
|
100
|
Nous constatons qu'au niveau des deux réponses les
résultats sont instables, croissant pour les uns, décroissants
pour les autres. Pour la plupart des étudiants, lorsqu'ils font leurs
premiers pas à l'Université ils sont accompagnés
financièrement par leurs parents comme actions d'encouragement, plus ils
évoluent, plus les aides financières sont réduites voire
supprimées.
2) Comment faites-vous pour bénéficier
des services d'Internet ? En d'autres termes, quelles sont les ressources
financières qui vous permettent d'avoir accès à la
connexion Internet ?
Variables
|
Code 1
|
%
|
Code 2
|
%
|
Code 3
|
%
|
Economies
|
8
|
40
|
18
|
90
|
10
|
50
|
« Débrouillardise »
|
8
|
40
|
0
|
0
|
10
|
50
|
Salaire
|
4
|
20
|
2
|
10
|
0
|
0
|
Total
|
20
|
100
|
20
|
100
|
20
|
100
|
Les résultats présents traduisent le fait que
plusieurs étudiants vont sur Internet grâce aux économies
pour les uns, par « débrouillardise » pour les
autres et une minorité ont un salaire. Cette minorité sont les
étudiants du cycle Licence qui pour la majorité sont moins
intéressés aux études, mais sont inscrits par contrainte
familiale ou par curiosité. Plus ils progressent, plus
l'intérêt pour les études s'accroît et moins ils font
des jobs pour se consacrer à leurs études.
3) Quelles sont les raisons principales qui vous
poussent à économiser de l'argent pour bénéficier
des services d'Internet : raisons académiques ou
réalisations des projets ?
Variables
|
Code 1
|
%
|
Code 2
|
%
|
Code 3
|
%
|
Raisons académiques
|
2
|
10
|
10
|
50
|
10
|
50
|
Réalisations des projets
|
18
|
90
|
10
|
50
|
10
|
50
|
Total
|
20
|
100
|
20
|
100
|
20
|
100
|
Les étudiants du cycle Licence vont
particulièrement sur Internet pour d'autres raisons que celles
académiques, pour réaliser leurs projets : rencontres
amoureuses et amicales, discuter avec les proches et les inconnus, se divertir
(regarder et télécharger les contenus multimédias),
chercher les opportunités de travail et de voyage. Tandis que les
étudiants des autres cycles ont des motivations
équilibrées sur la réalisation de leurs projets et les
raisons académiques.
4) En utilisant Internet, quelles sont les
gratifications et les satisfactions que vous tirez ?
Variables
|
Code 1
|
%
|
Code 2
|
%
|
Code 3
|
%
|
Obtenir des documents scientifiques
|
0
|
0
|
11
|
55
|
13
|
65
|
Communiquer avec les autres
|
5
|
25
|
6
|
30
|
6
|
30
|
Etre informé
|
15
|
75
|
3
|
15
|
1
|
5
|
Total
|
20
|
100
|
20
|
100
|
20
|
100
|
Les étudiants de doctorat et de master ont
premièrement comme satisfactions dans les usages d'Internet d'obtenir
des documents scientifiques ensuite la gratification dans le fait de
communiquer avec les autres. En revanche les étudiants du cycle Licence
ont plus de satisfactions dans l'obtention d'informations et dans la
communication avec les autres.
5) Quelles sont les communautés en ligne et
groupes auxquels vous appartenez ?
Variables
|
Code 1
|
%
|
Code 2
|
%
|
Code 3
|
%
|
Ethniques
|
10
|
50
|
7
|
35
|
6
|
30
|
Académique
|
2
|
10
|
11
|
55
|
9
|
45
|
Professionnelle
|
6
|
30
|
2
|
10
|
4
|
20
|
Ludique
|
2
|
10
|
0
|
0
|
1
|
5
|
Total
|
20
|
100
|
20
|
100
|
20
|
100
|
Ces résultats traduisent l'intérêt des
étudiants à posséder leurs propres espaces privés
sur la Toile. Des espaces qui servent de relais aux communautés,
associations et groupes physiques. Nous constatons que les étudiants de
licence sont plus attachés aux communautés ethniques, tandis que
ceux de master et doctorat ont un grand intérêt pour
communautés académiques.
C- Représentations des intéressés
1) Que représente Internet dans votre vie et
pour vos études ?
Variables
|
Code 1
|
%
|
Code 2
|
%
|
Code 3
|
%
|
Outil important
|
10
|
50
|
12
|
60
|
13
|
65
|
Ouverture au monde
|
5
|
25
|
4
|
20
|
4
|
20
|
Solution à la réussite
|
5
|
25
|
4
|
20
|
3
|
15
|
Total
|
20
|
100
|
20
|
100
|
20
|
100
|
Pour l'ensemble des étudiants de l'Université
de Douala Internet est un outil important, pour une autre partie le Net permet
l'ouverture au monde et une minorité étant majoritairement les
étudiants du cycle Licence, croient à la dimension
déterministe d'Internet qu'ils considèrent comme solution
à leur réussite.
2) Quels sont les freins et les défis qui se
présentent à vous pour accéder à Internet ? Et
lorsque vous parvenez à accéder, quels problèmes
rencontrez-vous pendant la navigation sur Internet ?
Variables
|
Code 1
|
%
|
Code 2
|
%
|
Code 3
|
%
|
Problèmes financiers
|
6
|
30
|
9
|
45
|
8
|
40
|
Mauvais débit de connexion
|
8
|
40
|
9
|
45
|
8
|
40
|
Coupures d'électricité
|
6
|
30
|
2
|
10
|
4
|
20
|
Total
|
20
|
100
|
20
|
100
|
20
|
100
|
Le problème financier pour s'acheter les heures de
connexion qui ne sont pas à la portée de tous les
étudiants et Camerounais, représente un frein et un défi
pour accéder à Internet ; une fois connecté le second
problème est le mauvais débit de la connexion qui est très
lent. En plus de ces difficultés viennent s'ajouter les coupures
intempestives du courant électrique.
Section 2 : Interprétations des
résultats issus des analyses
L'interprétation des résultats issus des
différentes analyses, nous permettra de situer les aboutissements de la
recherche.
Au Cameroun, les espaces de connexion à Internet les
plus fréquentés par les étudiants de l'Université
de Douala sont les cybercafés, où ils accèdent à
Internet à partir d'un ordinateur (60% d'usage chez les doctorants). En
plus des cybercafés, les domiciles familiaux représentent le
second espace sollicité pour se connecter à Internet, cela par le
biais d'un téléphone mobile (utilisé à 45% par les
étudiants du cycle Licence), ou d'une tablette numérique
(utilisé à 15% par les étudiants de Master).
Une fois connectés, les étudiants de master et
les doctorants consultent prioritairement la messagerie électronique,
qui selon eux, représente le service le plus important d'Internet.
Ensuite ils recourent aux réseaux sociaux pour établir, maintenir
et entretenir les relations sociales basées le plus souvent sur les
salutations, les publications, les commentaires ou l'observation des actions
menées par les activistes. En troisième ressort, ce sont les
moteurs de recherches, sites d'entreprises et scientifiques qui sont
consultés, afin de combler un besoin informationnel, acquérir de
nouvelles connaissances, les actualiser ou trouver un emploi. Quant aux
étudiants en licence ils mettent la priorité sur les moteurs de
recherches qu'ils perçoivent comme des banques de données pouvant
apporter les solutions à n'importe quel problème, ils
s'intéressent ensuite à la messagerie électronique et en
dernier ressort aux réseaux sociaux.
Par ailleurs, les fréquentations sporadiques d'Internet
par les étudiants, en moyenne trois fois par semaines pour une
durée de deux à trois heures de connexion sont le fruit d'un
malaise financier. Lorsque les plus jeunes font leur entrée à
l'Université, ils sont accompagnés financièrement par
leurs parents ; plus ils évoluent, plus les aides
financières sont réduites pour les uns et voire supprimées
pour les autres. Par conséquent, pour accéder
aux services d'Internet bon nombre d'étudiants font des économies
à partir de l'argent qu'ils possèdent, d'autres se
débrouillent pour en avoir et une minorité qui travaille y
accède grâce à son salaires.
Ainsi, nous constatons que sur le Net les usages sont
très variés, les étudiants du cycle licence vont
prioritairement sur Internet pour d'autres raisons qu'académiques, pour
réaliser leurs projets : rencontres amoureuses et amicales,
discuter avec les proches et les inconnus, se divertir (regarder et
télécharger les contenus multimédias), chercher les
opportunités de travail et de voyage. Tandis que ceux des cycles master
et doctorat ont des motivations plus équilibrées, à 50%
ils vont sur Internet pour réaliser leurs projets et à un autre
pourcentage idem, ils vont pour des raisons académiques. Avec pour
satisfactions d'obtenir des documents scientifiques, ensuite de communiquer
avec les autres.
Un autre intérêt pour ces derniers est de pouvoir
posséder leurs propres espaces privés sur la Toile. Des espaces
qui servent de relais aux communautés, associations et groupes qui jadis
ne se manifestaient qu'à travers des rencontres physiques. Par les
usages et pratiques sociales nous constatons que pour l'ensemble des
étudiants de l'Université de Douala Internet est un outil
important, qui permet l'ouverture au monde, l'acquisition des connaissances, la
réalisation des projets personnels et collectifs.
A ces usages et pratiques du Net se greffent les freins et
défis : le problème financier pour s'acheter les heures de
connexion, et une fois connecté, le mauvais débit de la connexion
qui est très lent ; en plus de ces difficultés viennent
s'ajouter les coupures intempestives du courant électrique.
CONCLUSION GENERALE :
Les usages et pratiques d'Internet par les
étudiants au Cameroun, plus précisément de
l'Université de Douala constituent un véritable
intérêt en ce sens, qu'Internet bien qu'existant dans le contexte
doualais depuis plus de deux décennies, continue à être un
objet de curiosité à travers lequel les étudiants
délèguent leurs impuissances : s'évader en navigant,
briser les frontières spatio-temporelles, obtenir la sensation
d'ubiquité et d'omnipotence sur la Toile, sensibiliser et faire des
revendications, acquérir les connaissances, chercher du travail,
communiquer avec les personnes éloignées, immigrer en toute
légalité, être à la fois acteurs et spectateurs
(...) pouvoir se faciliter la vie en obtenant ce qu'ils veulent en un clic.
Plus captivants encore, sont les réalités
stratégiques utilisées par ces derniers pour se connecter
à Internet, les usages et les pratiques qu'ils font de ce dispositif.
En rappelant le contexte d'étude, les conditions
socio-économiques au Cameroun ne facilitent pas l'accès à
la connexion à Internet à cause de sa cherté.
Malgré le manque de moyens financiers, nous avons observé une
addiction des étudiants à l'égard d'Internet. Un
comportement ambivalent qui à suscité notre intérêt
pour cette étude et nous a permis de situer le problème de
recherche au niveau de la pertinence des usages d'Internet dans la vie
pratiques des étudiants au Cameroun, face aux enjeux et défis qui
leurs sont propres.
Et de ce problème est né plusieurs
questionnements : Quels types d'usages les étudiants de
l'Université de Douala font-ils d'Internet ? Et quelles sont les
pratiques générées par ces usages ? Comment les
étudiants accèdent-ils à Internet au Cameroun ? Par
ailleurs, les pratiques du Net changent-elles leurs habitudes de vie ? Face aux
défis financiers et au mauvais débit de connexion, comment
font-ils pour s'adapter, « bricoler » et s'approprier
Internet ?
Dans cette approche qualitative et significative, nous avions
apporté des résultats provisoires selon lesquels :
Les étudiants au Cameroun recourent à Internet
beaucoup plus pour une visée communicationnelle
qu'informationnelle : premièrement pour les
réseaux sociaux (...), Ensuite vient l'utilisation massive des
applications et logiciels gratuits d'appels audio comme visio (...) et enfin la
recherche informationnelle impulsée par la contrainte des travaux
académiques à réaliser, le désir de
connaître, les raisons d'immigration et les paris sur le football
(...).
Comme deuxième hypothèse, les étudiants
au Cameroun vont généralement dans des cybercafés,
où ils doivent acheter des heures de connexion pour avoir accès
à Internet. Les prix s'appliquent par endroit, mais communément
il est question de près d'un euro pour deux heures et près de
deux euros pour cinq heures. En plus des cybercafés, d'autres
étudiants accèdent par défaut à Internet à
travers leurs téléphones mobiles et tablettes grâce aux
services proposés par les opérateurs de téléphonie
mobile au Cameroun. Les plus nantis s'offrent des clés Internet pour
pouvoir se connecter à travers un ordinateur.
Pour la troisième hypothèse, nous avons
affirmé que les pratiques d'Internet changent largement leurs habitudes
de vie ; car les étudiants, à travers une dépendance
progressive, manifestent de plus en plus un attachement affectif envers le Net,
au point de se priver du temps et des ressources disponibles pour satisfaire
entre autres leurs besoins liés au numérique.
Pour étayer nos hypothèses, nous nous sommes
appuyés sur un ancrage théorique mettant en oeuvre la
sociologie des usages, afin d'aborder les usages et pratiques
d'Internet par les étudiants de l'Université de Douala, qui
s'inscrivent dans une dynamique de stratégies d'appropriation et des
tactiques de « braconnage » du Net. Nous avons
également énoncé au-delà du macro-social la
théorie des usages et gratifications en prenant en
compte la dimension micro-sociale et locale des usages d'Internet chez les
étudiants, qui recourent à cette plateforme de communication dans
l'optique de satisfaire leurs besoins liés au numérique et
d'atteindre leurs objectifs.
En confrontant nous instruments de collecte des données
au terrain doualais, l'analyse de ces différentes questions nous permet
d'infirmer partiellement notre première hypothèse. Car les
étudiants de master et les doctorants consultent prioritairement la
messagerie électronique, ensuite ils recourent aux réseaux
sociaux pour établir, maintenir et entretenir les relations sociales et
en troisième ressort aux moteurs de recherches. En retour, la
deuxième et la troisième hypothèse sont confirmées
par les résultats.
Ainsi, la présence d'Internet au Cameroun contribue
à la transformation des mentalités chez les étudiants,
surtout celles de la gente féminine dont le Net représente un
facteur d'émancipation et de révolution face aux questions de
revendication, d'accès à la liberté d'expression, au monde
extérieur, à l'éducation, à l'entrepreneuriat et
à la promotion. Des motivations qui traduisent les résultats
selon lesquels, à l'Université de Douala les étudiantes
recourent le plus à Internet contrairement aux étudiants ;
elles sont les plus actives sur la Toile et sont le plus souvent
à l'initiative des formes d'hybridations culturelles et de nouvelles
pratiques sociales.
Néanmoins, perdurent de nombreux obstacles qu'il faut
lever : le manque d'infrastructures de pointe, les coupures intempestives
du courant électrique, la cherté de la connexion à
Internet par rapport au niveau de vie des Camerounais et le mauvais
débit de connexion. Pourtant, le Cameroun pilier agricole de la
sous-région Afrique centrale, possède la fibre optique pour un
Internet ultra rapide et accessible à tous, le pays dispose
également plus de cinq centrales hydroélectriques, plus de
trente-deux centrales thermiques et de nombreuses centrales à gaz
naturel188(*). De telles
ressources une fois utilisées à bon escient, permettront
certainement de réduire davantage la fracture numérique et
d'accélérer le développent du pays.
Toutefois, cette étude nous ouvre d'autres pistes de
réflexion notamment celles des interrelations entre les innovations
technologiques sur Internet stimulées par le nouvel esprit du
capitalisme et les changements sociaux chez les usagers au Cameroun, une
réflexion qui permet de renouveler la problématique du changement
social à partir du lien établi entre la technologie et la
société. Un tel lien qui a fortement bouleversé les
pratiques culturelles dans la société camerounaise et a induit de
nouvelles habitudes et perceptions.
Une autre réflexion s'inscrit également sur
la multiplicité identitaire des internautes Camerounais : entre
toilettage social et recomposition de la sociabilité.
L'identité sociale des individus se décline en identités
numériques créées selon les profils voulus par les
internautes qui peuvent en posséder plusieurs. Cette banalisation de la
présence en ligne en fonction des actions que l'internaute souhaite
mener sur la Toile est de même une piste captivante à explorer.
Autant, l'étude aurait pu être encore plus
intéressante si nous avions abordé les usages d'Internet
comme formes d'expression de soi, en élargissant le champ
d'intervention au delà des étudiants de l'Université de
Douala, mais sur les jeunes Camerounais. Tout en présentant d'une part,
la microsociologie des pratiques sur Internet où les actions des
internautes tendent plus à se singulariser qu'à se
fédérer ; et d'autre part de mettre en exergue le web
collaboratif, où les internautes à travers les usages
créatifs du Web 2.0 participent au développement des industries
créatives.
Ce qui nous permettra d'aborder Internet non plus à
travers la vision du passage de la valeur sociale à la valeur marchande,
mais de partir de cette dimension marchande pour ressortir les actes
symboliques qui participent à la culturalisation des pratiques
d'Internet par les usagers.
De ces nombreuses perspectives, il sera question pour nous si
l'opportunité nous est donnée de continuer en thèse de
doctorat, de consacrer de prime abord la première année aux
lectures approfondies afin de mesurer la faisabilité du sujet, de le
recadrer, de définir les objectifs, de réorienter la
problématique, d'élaborer les hypothèses de travail et de
mettre sur pied un cadre théorique et méthodologique qui nous
permettra de collecter les données du terrain.
La deuxième année nous permettra de descendre
sur le terrain, d'y confronter nos outils de collecte et de recueillir les
données, les traiter, les analyser et les interpréter. La
troisième année sera consacrée à la
rédaction et à la présentation des résultats.
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-- 12 Janvier au 08 Avril 2015 :
Séminaire GPB (visioconférence) ; Communication,
médias et champs sociaux. Multiplex entre les Universités
Stendhal-Grenoble 3, Paris Nord, Lille 3 et Antananarivo ;
-- 19 Janvier au 15 Mars 2015 :
Séminaire sur la communication internationale (Chaire UNESCO).
Organisé à l'Université Stendhal-Grenoble 3 par le GRESEC
(Groupe de Recherches sur les Enjeux de la Communication) ; comme invité
le Pr Fausto Colombo ;
-- 10-12 Avril 2014 : Colloque
international Communication et changements sociaux en Afrique 3. Sur le
thème : Tics, industries culturelles et industries
créatives : appropriation sociale et diversité
culturelle. Organisé à l'Université de Douala, par le
département de Communication LACREM (Laboratoire d'Analyse de
Communication et des Récits Médiatiques). Comme
modérateurs, Pr Bernard Miège, Pr
Bertrand Cabedoche, Pr Boyomo Assala, Pr
Misse Misse, Pr Same Kollè, Pr Serge
Balima, Pr Miguel De Aguilera, pour ne citer que
ceux-là ;
- 13-28 Janvier 2014 : Séminaire
doctoral sur la méthodologie et l'épistémologie de la
recherche tenu à l'Université de Douala, organisé par
la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, comme invité, le
Pr Grégoire BIYOGO ;
- 17-18 mai 2013 : Séminaire
tenu à l'Université de Douala, sur les Théories
critiques avec les étudiants de Master II communication, comme
invité, le Pr Charles Boyomo Assala ;
- 17-22 Janvier 2013 : Séminaire
(Journées d'animation scientifiques) organisé à
l'Université de Douala, par le Département de Communication
(LACREM) sur la méthodologie de recherche en sciences sociales,
comme hôte le Pr Bertrand CABEDOCHE.
DOCUMENTS OFFICIELS ET
SCIENTIFIQUES :
-- Martin-Juchat Fabienne, Dumas Aurélia et Pierre
Julien Chercheurs associés à la Chaire Orange ; Vers des
bricolages stratégiques pour faire face à l'ambivalence affective
du rapport au numérique, Digital Natives Chair, An Orange and
Grenoble Ecole de Management Partnership, 2014
-- 16ème session annuelle de la Commission des Nations
Unies sur la Science et la Technologie pour le Développement,
Genève, juin 2013, disponible sur http://unctad.org
-- PNUD (2012), Rapport mondial sur le développement
humain, In Banque de France -Rapport annuel de la Zone franc-2011, disponible
sur http://www.banque-france.fr
-- Ferréol Gilles (dir) ; Dictionnaire de
sociologie, 4e édition (revue et augmentée),
Paris, Armand Colin, 2011
-- Loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010
régissant les communications électroniques au Cameroun
-- Le Bohec Jacques, Dictionnaire du journalisme et des
médias, Mayenne, Presses Universitaires de Rennes, 2010
-- Corroy Laurence, Gonnet Jacques ; Dictionnaire
d'initiation à l'info-com, 2e Edition, Paris, Vuibert, 2008
-- Cacaly Serge, Le Coadic Yves-François, Pomart
Paul-Dominique, Sutter Eric, Dictionnaire de l'information, 3e
édition, Paris, Armand Colin, 2008
-- Corroy Laurence, Gonnet Jacques ; Dictionnaire
d'initiation à l'info-com, 2e Edition, Paris, Vuibert, 2008
-- Enquête «Conditions de vie 2006»
-- Enquête «Conditions de vie 2003»
-- Balle Francis (dir) ; Dictionnaire des
Médias, Paris Larousse, 1998
-- Lamizet Bernard, Silem Ahmed ; Dictionnaire
encyclopédique des sciences de l'information et de la
communication, Paris, ellipses/édiction markéting S.A,
1997
WEBOGRAPHIE ET SITOGRAPHIES :
-- http://lesenjeux.u-grenoble3.fr
-- http://osp.revues.org
--
http://www.recherche-qualitative.qc.ca/Revue.html
-- http://www.persee.fr
-- http://www.sergeproulx.info
-- revues.mshparisnord.org
--
www.univ-montp3.fr
--
http://archive.wikiwix.com
-- www.cairn.info
-- http://fr.wikipedia.org/wiki/Netnographie
-- www.culturemobile.net
-- http://questionsdecommunication.revues.org/1232
LISTE DES ANNEXES
Images 1 et 2 : Cybercafés
au Cameroun
Source :
https://www.google.fr/search?q=image+d'un+cybercafé+au+cameroun
Images 3 et 4 : Hybridation des
pratiques numériques
Légende : Les deux images
montrent qu'à partir d'un téléphone mobile ou d'un
ordinateur, il est possible de regarder les programmes
télévisés en direct grâce à la connexion
Internet.
Source : L'auteur
Image 6 : Hybridation des
pratiques numériques
Légende : Skype permet les
échanges de tout type de contenus multimédias.
Sources :
https://www.google.fr/search?q=image+vidéo+skype+des+africains+sur+un+ordinateur
Image 7 : Facebook comme
outil de protestation. Cet homme est un albinos Camerounais portant un
tee-shirt avec le nom de la multinationale britannique qui gère
l'électricité au Cameroun.
Légende : Mouvement de
protestation et de boycott lancé par plusieurs internautes Camerounais
sur Facebook pour décrier les coupures intempestives du courant
électrique géré par la multinationale britannique ENEO au
Cameroun. Un appel à ne plus payer les factures
d'électricité.
Source : page Facebook d'un
étudiant de l'Université de Douala
GUIDE D'ENTRETIEN
Date : ..... /..../....
Heure : de ....h....
à ....h....
Jour : ...................................
Lieu :
.........................................................................................................
Statut de l'enquêté :
Détail :
L'interviewé
Identité :
Sexe :
Niveau d'études :
Bonjour,
Je vous remercie de bien vouloir me consacrer votre temps. Je
suis ESSOUKAN EPEE Hermann, étudiant en Master II RETIC
(Recherches et Études en Information-Communication), inscrit à
l'Université Stendhal-Grenoble3. Je viens vous interviewer dans le cadre
de la recherche que je fais sur les «Usages et pratiques
d'Internet par les étudiants au Cameroun : Quels
enjeux ?». Je vous rassure que cet entretien est
strictement confidentiel et anonyme.
A) La place d'Internet dans les usages et pratiques
quotidiennes
Q-1. Faites-vous usage d'Internet ?
- ?Oui
?- Non
Q-2. Si oui, par quels dispositifs
accédez-vous à Internet ?
- Ordinateur -
Téléphone mobile - Tablette
- Clé Internet -
Autres :
..................................................................
Q-3. Quels sont vos différents espaces
de connexion à Internet ?
- Cybercafés ? - Maison
- Etablissement
- Travail ?-
Autres :.....................................................................
Q-4. Pendant votre navigation sur Internet,
que consultez-vous prioritairement ?
........................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Q-5. Combien de jours par semaines
allez-vous sur Internet et par jour, quelle est votre durée de
connexion ?
..............................................................................................................................................................................................................................
B) Intérêt des usagers
Q-1. Avez-vous un budget lié aux
dépenses à Internet ?
- Oui
- Non
Q-2. Comment faites-vous pour
bénéficier des services d'Internet ? En d'autres termes,
quelles sont les ressources financières qui vous permettent d'avoir
accès à la connexion Internet ?
....................................................................................................
.....................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Q-3. Quelles sont les raisons principales qui
vous poussent à économiser de l'argent pour
bénéficier des services d'Internet : raisons
académiques ou réalisations des projets ?
...........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Q-4. En utilisant Internet, quelles sont les
gratifications et les satisfactions que vous tirez ?
.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Q-5. Quelles sont les communautés en
ligne et groupes auxquels vous appartenez ?
.....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
C) Représentations des
intéressés
Q-1. Quelles perceptions avez-vous d'Internet
au Cameroun ?
...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Q-2. Que représente Internet dans
votre vie et pour vos études ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Q-3. Quelle niveau de maîtrise et de
compétence avez-vous du numérique ?
- Excellent - Très bien -
Bien - Assez-bien - Passable - Nul
-Autres :.......................................................................................
Q-4. Concrètement à quoi vous
sert Internet ?
..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Q-5. Quels sont les freins et les
défis qui se présentent à vous pour accéder
à Internet ? Et lorsque vous parvenez à accéder,
quels problèmes rencontrez-vous pendant la navigation sur
Internet ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
TABLE DES MATIERES :
DEDICACE ................................................................................................
1
REMERCIEMENTS ....................................................................................
2
AVANT-PROPROS
......................................................................................
3
RESUME ....................................................................................................
4
ABSTRACT
................................................................................................
5
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
......................................................... 6
LISTE DES TABLEAUX ET
FIGURES ............................................................
7
SOMMAIRE
................................................................................................
8
INTRODUCTION GENERALE
...................................................................... 9
PREMIERE PARTIE : SOCIOGENESE
D'INTERNET .......................................... 45
Chapitre I : Mutations théoriques du Net
............................................................ 46
Section 1 : Essor et évolution d'Internet
.............................................................. 46
1-1. De l'alphabet au
digital.................................................................................
46
1-2. Du «Net» au «Web» :
une maïeutique
évolutionnaire.............................................
47
Section 2 : Internet au Cameroun
........................................................................ 48
2-1. La connexion du Cameroun au
réseau mondial
................................................... 48
2-2. La portée d'Internet pour les
usagers au Cameroun ..............................................
50
2-3. Les « digitals
natives », une problématique postmoderniste au Cameroun
................... 52
Chapitre II : Corpus de l'étude et
présentation de l'Université de Douala ....................
54
Section 1 : L'Université de Douala
..................................................................... 54
1-1. Etablissements
.........................................................................................
54
1-2. centres spécialisés
......................................................................................
55
Section2 : Supports numériques
........................................................................ 55
1-1. Site web
................................................................................................
55
1-2. Bibliothèque
..........................................................................................
56
DEUXIEME PARTIE : USAGES ET
PRATIQUES D'INTERNET PAR LES ETUDIANTS DE L'UNIVERSITE DE DOUALA
........................................................................
58
Chapitre III : Jeux d'acteurs et
scénarisations des pratiques sociales d'Internet ........ 59
Section 1 : Typologie des usages d'Internet par
les étudiants ................................ 59
1-1. Le courrier électronique
(Simple Mail
Transfert Protocol)
................................. 59
1-2. Forums de discussions/News
(Network News Transfert
Protocol) ........................ 61
1-3. Le Web
(HyperText
Transfert Protocol)
....................................................... 62
Section 2 : Logiques d'action des étudiants
dans les usages d'Internet ..................... 65
2-1. Les logiques d'usages
.............................................................................
67
2-2. Enjeux et défis des usages
d'Internet
..............................................................
69
Section 3 : Stratégies estudiantines dans
les différents usages d'Internet .................. 70
3-1. L'accès à Internet
....................................................................................
70
3-2. L'appropriation du Net : du
bricolage au détournement ......................................
70
Chapitre IV : Internet. Réalité(s)
hybride(s), reproduction sociale et simulation ......... 73
Section1 : Promesses des interfaces
numériques ................................................... 73
1-1. Internet, un espace de médiation
et de remédiation : la convergence numérique et
l'hybridation des pratiques
..............................................................................................
73
1-2. L'imaginaire dans la construction d'une
culture planétaire ...................................
74
Section 2 : Dimensions économiques et
formes de sociabilités de la « Toile » .............
76
2-1. Les concepts de
« connectivity » et
« connectedness » : entre sociabilité,
commercialisation et info-marchandisation des données numériques
..................................................... 76
2-2. Internet comme démocratie
paradoxale : Surveillance sur la « Toile »,
contrôle social et géolocalisation
...........................................................................................
78
Section 3 : Représentations des usages
d'Internet ............................................... 80
2-1. Perceptions des étudiants du
cycle Licence ....................................................
80
2-2. Perceptions des étudiants du
cycle Master .....................................................
80
2-3. Perceptions des doctorants
......................................................................
81
TROISIEME PARTIE : CADRE
REGLEMENTAIRE REGISSANT LA COMMUNICATION ELECTRONIQUE AU CAMEROUN ET
PRESENTATION DES RESULTATS ............ 82
Chapitre V : Cadre réglementaire de la
communication électronique au Cameroun ... 83
Section 1 : Les acteurs de régulation de la
communication électronique au Cameroun.. 83
1-1. Les forces sociales en
présence
.................................................................
83
1-2. L'ANTIC et l'ART : contexte de
création ......................................................
88
Section 2 : Les missions des organes de
régulation............................................... 88
2-1. Fonctions et responsabilités
..........................................................................
90
2-2. Défis et
risques......................................................................................
90
Section 3: Bilan et état actuel de la situation
...................................................... 92
3-1. Sur le plan sociétal
............
.................................................................... 92
3-2. Sur le plan
social....................................................................................
94
Chapitre VI : Analyses et interprétations
des résultats ........................................... 96
Section 1 : Méthode d'analyse du corpus
............................................................ 96
1-1. Choix de la méthode
................................................................................
96
2-2. Analyses des données
...............................................................................
96
Section 2 : Interprétations des
résultats issus des analyses .......................................
103
CONCLUSION GENERALE
..........................................................................
105
BIBLIOGRAPHIE
.......................................................................................
108
LISTE DES ANNEXES
.................................................................................
117
TABLE DES MATIERES
.........................................................................
123-125
* 1 Wame Baba ; Internet au
Cameroun : les usages et les usagers. Essai sur l'adoption des
technologies de l'information et de la communication dans un pays en voie de
développement, Thèse de Doctorat, Université de Paris
II (Panthéon- Assas), 2005
* 2 Mahama Salomon, Point sur
l'internet et la téléphonie mobile au Cameroun, DEA
Informatique, Université de Yaoundé I, 2008, mémoire en
ligne disponible sur www.memoireonline.com
* 3 BA Abdoul ; Internet,
cyberespace et usages en Afrique, Paris, L'Harmattan, 2003,
* 4 Devriendt Arthur ;
Technologies de l'information et de la communication et fragmentation
urbaine à Yaoundé, Mémoire de Master 2 en
Aménagement, Urbanisme et Dynamique des Espaces, Université Paris
1 Panthéon-Sorbonne, 2009, disponible sur https://fr.scribd.com
* 5 Misse Misse, « Net
optimistes » et « Net pessimistes » au Cameroun
ou les Internautes face aux pouvoirs, Juin 2011,
revues.mshparisnord.org
* 6 Bakoa Monda ;
Télécommunications du Cameroun : un réseau en
constance extension, In Cameroon Tribune, No 6254 du 27
décembre 1996
* 7 Spitz Bernard ; La
révolution du numérique : l'ère de la
convergence, Communication et langages, vol 121, 1999, pp. 115-121,
disponible sur www.persee.fr
* 8 Sonnac Nathalie, Gabszewics
Jean ; L'industrie des médias à l'ère
numérique, Paris, édition La Découverte, coll.
Repères, 2013, disponible sur www.cairn.info
* 9 PNUD (2012), Rapport mondial sur le
développement humain, In Banque de France -Rapport annuel de la Zone
franc-2011, disponible sur http://www.banque-france.fr
* 10 BA Abdoul ; Internet,
cyberespace et usages en Afrique, Paris, L'Harmattan, 2003, p. 174
* 11 Les
« tournes-dos » sont des lieux non conventionnels
ou se vendent à moindres coûts de la nourriture prête
à consommer, de qualité secondaire ne respectant presqu'aucune
condition sanitaire, ni nutritionnelle. Permettant aux individus n'ayant pas la
possibilité de s'acheter un repas de qualité dans un restaurant
de pouvoir manger à leur faim à moindre coût même si
le repas n'est pas de bonne qualité. Cette stratégie est celle du
bourrage de l'estomac, d'où le fameux concept de
« bourratifs » très employé au Cameroun
renvoyant à cette nourriture vendue.
* 12 En abordant le terme de
« commerces à la sauvette », nous faisons
allusion aux produits de consommation vendus en bordure de route ; parmi
les plus prisés nous pouvons citer : poissons et viandes à
la braise, beignets avec du haricot et de la bouillie de maïs (le bhb),
prunes et maïs grillés pour ne citer que ceux là.
* 13 Galinon-Melenec Béatrice,
Martin-Juchat Fabienne (dir) ; Le corps communicant. Le XXIe
siècle, civilisation du corps ? Paris, L'Harmattan, 2007, p.
217
* 14 Avec Patrice Flichy, dans ses
travaux sur le corps dans l'espace numérique, le corps subit
chez les accrocs d'informatique, un abandon et une transfiguration au point de
perdre des repères temporels, et de ne plus ressentir ni la faim, ni la
fatigue. Disponible sur
http://www.bodyspacesociety.eu/wp-content/uploads/2011/02/3-Flichy.pdf
* 15 Miège Bernard ;
La société conquise par la communication III. Les Tic entre
technique et ancrage social, Grenoble, Presse Universitaire de Grenoble,
2007, P. 84-85
* 16 Miège Bernard,
Missé Missé (dir); Mutations socioprofessionnelles et enjeux
citoyens du cyber -journalisme dans l'espace public au Cameroun,
Communication et changement social en Afrique et dans les Caraïbes-2,
disponible sur
http://lesenjeux.u-grenoble3.fr/2010-supplementA/Madiba/index.html
* 17 Sartre, Jean Paul ;
L'être et le néant, essai d'ontologie
phénoménologique, Paris, Gallimard, 1943, disponible sur
http://la-philosophie.com
* 18 Isabelle
Faurie, Brigitte Almudever
and Violette Hajjar, « Les usages
d'internet des étudiants : facteurs affectant l'intensité,
l'orientation et la signification des pratiques », L'orientation
scolaire et professionnelle [Online], 33/3 | 2004, Online since
28 September 2009, connection on 14 March 2015. URL :
http://osp.revues.org/712 ; DOI : 10.4000/osp.712
* 19 Op. Cit. Isabelle
Faurie, Brigitte Almudever and Violette
Hajjar, http://osp.revues.org/712 ; DOI : 10.4000/osp.712
* 20 Emmanuelle Beauville Berger,
Claire Nguyen, Virginie Rose. Les usages d'Internet chez les étudiants
de l'Ecole Normale Supérieure-Lettres et Sciences Humaines de Lyon.
domainshs.info.docu. 2005. <mem00000367>
* 21 Moisy Magali, Albero Brigitte ;
Les étudiants internautes, Université Rennes 2-CREAD1,
Maison des Sciences de l'Homme, Programme e-pathie, Paris, N°54,
disponible sur www.inrp.fr/biennale/8biennale/contrib/longue/54.pdf
* 22 Isabelle Faurie, Brigitte
Almudever and Violette Hajjar ; Les usages d'internet des
étudiants : facteurs affectant l'intensité, l'orientation et
la signification des pratiques, L'orientation scolaire et
professionnelle [Online], 33/3 | 2004, Online since 28 September
2009, connection on 25 March 2015. URL : http://osp.revues.org/712 ;
DOI : 10.4000/osp.712
* 23 Vayre Émilie,
Croity-Belz Sandrine, Dupuy Raymond ; Usages d'Internet
chez les étudiants à l'université: effets des dispositifs
de formation en ligne et rôle du soutien social. L'orientation
scolaire et professionnelle [Online], 38/2 | 2009, Online since
15 June 2012, connection on 25 March 2015. URL :
http://osp.revues.org/1918 ; DOI : 10.4000/osp.1918
* 24 Enquête «Conditions de
vie 2003», http://www.ove-national.education.fr.
* 25 Enquête «Conditions de
vie 2006», http://www.ove-national.education.fr.
* 26
http://www.delegation.internet.gouv.fr/actuas/html/G200612.htm.
* 27 Godin Richard, Réseaux
sociaux et nouveaux espaces démocratiques, disponible
www.ameriquefrancaise.org
* 28 Essono Louis-Martin ; Les
réseaux sociaux prennent leur envol au Cameroun, disponible sur
www.cursus.edu/fiche-usager,
Mis à jour le vendredi 3 juin 2011, consulté le 23 Avril 2015
* 29 Deffo Foungou L. M. ;
Usages et appropriations des réseaux sociaux numériques par
les étudiants de Douala, Mémoire de DEA/Master II en
communication des organisations, Université de Douala, Douala, 2013,
p.8
* 30 Op.cit. Godin Richard
* 31 Cardon Dominique ; La
démocratie Internet. Comment et pourquoi la Toile invente un autre type
de démocratie, disponible sur www.culturemobile.net
* 32 Ibid. Cardon D.
* 33 Lacroix Guy ; Le mirage
Internet. Enjeux économiques et sociaux, Paris, Editions Vigot,
1997, p. 5
* 34 Ibid. Lacroix Guy, p. 14
* 35 Mahama Salomon, Point sur
l'internet et la téléphonie mobile au Cameroun, DEA
Informatique, Université de Yaoundé I, 2008, mémoire en
ligne disponible sur
www.memoireonline.com
* 36 Émilie Vayre, Sandrine
Croity-Belz and Raymond Dupuy, « Usages d'Internet chez les
étudiants à l'université: effets des dispositifs de
formation en ligne et rôle du soutien social », L'orientation
scolaire et professionnelle [Online], 38/2 | 2009, Online since
15 June 2012, connection on 04 March 2015. URL :
http://osp.revues.org/1918 ; DOI : 10.4000/osp.1918
* 37 Fausto Colombo ; La
génération internet n'est plus ce qu'elle était. Le
rôle des médias dans l'identité
générationnelle. Communication & langages, 2011, pp
3-21
* 38 Fausto Colombo ; Does
aWeb Generation Really Exist ? in Ramón Sala
verría & Charo Sádaba (dir.), Towards New Media
Paradigms: Contents, Producers, Organisations and Audiences, Pamplona,
Eunate, 2003.
* 39 Ibid, Fausto Colombo
* 40 Fabienne Martin-Juchat,
Aurélia Dumas et Julien Pierre Chercheurs associés à la
Chaire Orange ; Vers des bricolages stratégiques pour faire
face à l'ambivalence affective du rapport au numérique,
Digital Natives Chair, An Orange and Grenoble Ecole de Management Partnership,
2014
* 41 Nous établissons une
différence entre les concepts numérique et digital. Parce que
d'un côté nous avons de manière littérale, la
conversion des données physiques aux données informatiques et
numériques conservables dans divers périphéries de
stockages virtuels ou physiques ; or quand nous abordons le concept de
digital, nous faisons recourt à trois dimensions constitutives :
les dispositifs numériques (Ordinateur, PC,
téléphone mobile, tablette, téléviseur), le
web (la dématérialisation, les échanges,
la rupture et la désanctuarisation des frontières), et les
usages (les pratiques, l'appropriation, les
détournements).
* 42 PNUD (2012), Rapport mondial sur
le développement humain, In Banque de France -Rapport annuel de la Zone
franc-2011, disponible sur http://www.banque-france.fr
* 43 Chambat Pierre ; Usages
des technologies de l'information et de la communication (TIC) :
évolution des problématiques, TIS, vol. 6, n°3, Dunod,
1994
* 44 Jouët Josiane ;
Retour critique sur la sociologie des usages, Réseaux, 2000,
volume 18 n°100. pp. 487-521, disponible sur http://www.persee.fr
http://monindependancefinanciere.com
* 45 Gilles Boenisch,
« Jacques Perriault, La logique de l'usage. Essai sur les
machines à communiquer », Questions de
communication [En ligne], 15 | 2009, mis en ligne le 18 janvier
2012, consulté le 17 décembre 2014. URL :
http://questionsdecommunication.revues.org/1232
* 46 Vidal Geneviève ; La sociologie des usages,
continuités et transformations. Lavoisier, Hermes Science publications,
2012, disponible sur http://www.cndp.fr
* 47 Pasquier Dominique ;
Chère Hélène. Les usages sociaux des séries
collège, Réseaux n° 70, 1995
* 48 Pasquier Dominique ;
Cultures lycéennes. La tyrannie de la majorité, Paris,
Ed. Autrement, 2005, disponible sur http://rfp.revues.org/325
* 49 Flichy Patrice ;
Technique, usage et représentations, Réseaux, 2008/2
n° 148-149, p. 147-174
* 50 Op.cit. Vidal
Geneviève
* 51
visual-memory.co.uk/daniel/Documents
* 52 Op.cit. Jouët
Josiane
* 53
http://monindependancefinanciere.com
* 54 Capitant Sylvie ;
Médias et pratiques démocratiques en Afrique de l'Ouest :
usages des radios au Burkina Faso ; Thèse de doctorat en
sociologie, Paris1, Université Panthéon-Sorbonne, 2008,
consultable sur
https://fr.scribd.com/doc
* 55 Proulx Serge; Penser les usages
des TIC aujourd'hui : enjeux, modèles, tendances in Lise Vieira et
Nathalie Pinède, éds, Enjeux et usages des TIC : aspects sociaux
et culturels, t. 1, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2005, p.
7-20, disponible sur http://www.sergeproulx.info
* 56 Ibid. Proulx, 2005
* 57 Béché Emmanuel ;
Usages et représentations sociales de l'ordinateur chez les
élèves dans deux lycées du Cameroun. Esquisse d'une
approche de l'appropriation des technologies. Éducation.
Université de Liège, Belgique; Université de
Yaoundé I, Cameroun, 2013, disponible sur
https://tel.archives-ouvertes.fr
* 58 Ibid. Béché
Emmanuel
* 59 Chambat Pierre ; Usages
des technologies de l'information et de la communication (TIC) :
évolution des problématiques, TIS, vol. 6, n°3, Dunod,
1994, p. 249-270
* 60 Op. Cit. ; Retour
critique sur la sociologie des usages, In: Réseaux, 2000
* 61 Bazin Yoann ; Lente
acquisition de la pratique et construction de l'expérience: vers une
gérontocratie organisationnelle ? Management & Avenir, 2009/10
n° 30, p. 90-106, disponible sur
http://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2009-10-page-90.htm
* 62 Ibid. Bazin Yoann
* 63 Caro Jean-Yves ; La
sociologie de Pierre Bourdieu : éléments pour une théorie
du champ politique, Revue française de science politique, volume
30, 1980 disponible sur http://www.persee.fr
* 64 Ibid. Bazin Yoann
* 65 Rouleau Linda, Allard-Poesi
Florence, Warnier Vanessa ; Le management stratégique en
pratiques, Revue française de gestion 5/2007 (n° 174),
p. 15-24 disponible sur
www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2007-5-page-15.htm
* 66 Ferréol Gilles
(dir) ; Dictionnaire de sociologie, 4e édition
(revue et augmentée), Paris, Armand Colin, 2011
* 67 Lévy-Bruhl Lucien ;
La morale et la science des moeurs, Paris, Alcan, 1903, p. 9
* 68 Freijomil Andrés G.,
« Les pratiques de la lecture chez
Michel de Certeau », Les Cahiers du Centre de Recherches
Historiques [En ligne], 44 | 2009, mis en ligne le 16 novembre 2011,
consulté le 04 juin 2015. URL : http://ccrh.revues.org/3533 ;
DOI : 10.4000/ccrh.3533
* 69 Corroy Laurence, Gonnet
Jacques ; Dictionnaire d'initiation à l'info-com, 2e
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* 70 Balle Francis (dir) ;
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* 71 Cacaly Serge, Le Coadic
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* 72 Le Bohec Jacques,
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Universitaires de Rennes, 2010, p. 317
* 73 Lamizet Bernard, Silem
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l'information et de la communication, Paris, ellipses/édiction
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* 74 Ibid. Lamizet, Silem, p. 316
* 75 Haumesser, M. ; « La
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* 76 Serfaty-Garzon, P.;
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* 77 Ibid. Serfaty-Garzon
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n°100. pp. 487-521, disponible sur
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso.
* 79 Op. Cit. ; Retour critique
sur la sociologie des usages
* 80 Proulx Serge; Penser les usages
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* 81 Massard Nelly, Revisiter la
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* 82 Foucault M. ; Dits et
écrits, volume III, p.299, in Qu'est-ce qu'un
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* 83 Ibid. p. 9
* 84 Agamben Giorgio ; Qu'est-ce
qu'un dispositif ? Edition Payot et Rivage, Paris, 2007, p.31-32
* 85 Mattelart A., Mattelart M. ;
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Découverte, Paris, 2004, p.53
* 86 Appel V., Boulanger H., Massou L.
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usages et objets, De Boeck, Bruxelles, 2010, p.9-10
* 87 Op.cit. Médiations,
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* 88 Op.cit. Communication
organisationnelle, sociologie de la médiation organisationnelle,
p.20
* 89 I bid. p.101
* 90 Op. cit. p.14
* 91 Essoukan Epée Hermann ;
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* 93 Sayarh Nada, La netnographie :
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* 94 Mucchielli Roger ;
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* 95 Koudjou Carine Laure ;
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* 98 Christin Anne-Marie (dir) ;
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* 99 Ces illustrations
mnémotechniques étaient semblables aux signes actuels de la
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* 104 Op. Cit ; Longo Giuseppe,
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* 105 www.lefigaro.fr
* 106 Op.cit. Ba Abdoul, p. 118
* 107 Jensen Mike ; Cameroon
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* 108 Mahama Salomon, Point sur
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* 113 L'ORSTOM (Office de la
Recherche Scientifique dans les Territoires d'Outre-mer) est devenu Institut de
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* 114 Ngounou Ingrid Alice ;
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* 115 Ibid. Devriendt Arthur
* 116 Ibid. Ngounou Ingrid Alice
* 117 Filiale de Worldcom, revendue
la même année à Cable & Wireless.
* 118 Op.cit. Devriendt
Arthur
* 119 Misse Misse,
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pessimistes » au Cameroun ou les Internautes face aux pouvoirs,
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* 120 Étude menée par
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Yaoundé I, 1998
* 121 Jean Lucien Ewangue, Le
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* 122 Ngono Simon, Avantages et
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* 123 Source : Le-Vif
* 124 Bayart Jean-François,
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* 125 Kemayou Louis Roger ;
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* 126
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* 127 http://www.univ-douala.com/
* 128 www.scidev.net
* 129
www.ticmag.net/une-bibliotheque-numerique-a-luniversite-de-douala-en-2015/#.VTtNe5NwbK-
* 130 Ibid. www.scidev.net
* 131 Jouët Josiane ;
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* 132 Perret Emmanuel ;
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* 133 Simeray Alain (coord.) ;
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* 134 Ibib. Perret Emmanuel
(coord.), p. 28
* 135 Ibid. Simeray Alain
(coord.), P. 85
* 136 Op.cit. Simeray Alain
(coord.), P. 71
* 137 À quoi sert
Facebook ? Entretien téléphonique avec Judith Donath,
fondatrice du Sociable Media Group, propos recueillit par Hubert Guillaud par
téléphone le 12 janvier 2011, disponible sur
http://www.futura-sciences.com
* 138 Op.cit. À quoi sert
Facebook ?
* 139 Brechet J-P., Schieb-Bienfait
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image institutionnelle, Mémoire de DEA/Master II, Communication des
organisations, Université de Douala, Douala, 2014
* 141 Misse Misse ; Les
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doctorat en sciences de la communication, Tome 1, Université
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* 142 Olson Mancur ; Logique
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l'Université de Bruxelles, Belgique, 2011, P. 7
* 143 Ibid. Olson
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8
* 144 Perriault Jacques ;
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* 145 Godelier Maurice ;
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* 146 Perriault Jacques ; Un
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vapeur, in Culture technique n°4, février 1981
* 147 Op.cit. La logique de
l'usage. Essai sur les machines à communiquer, p. XV-XVI
* 148 Op.cit. Essoukan Epée
Hermann, 2014
* 149 Le Cameroun compte actuellement
cinq (5) opérateurs de téléphonie mobile dont :
Camtel, Orange Cameroun, MTN Cameroon, NEXTELL Cameroon.
* 150 Wame Baba ; Internet au
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* 155 Ibid. Tremblay Gaëtan,
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* 162 Op.cit. Garnier Franck
* 163 Op.cit. Garnier Franck
* 164 Séminaire sur la
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l'Université Stendhal-Grenoble 3 par le GRESEC (Groupe de Recherches sur
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invité le Pr Fausto Colombo
* 165Godin Richard ;
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* 166Godin Richard ;
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* 168 Op.cit. Garnier Franck ;
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corrigés, 4e édition, Paris, Armand Colin, 2010, p. 336
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http://unctad.org
* 174 Ibid. disponible sur
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* 175 Op.cit. disponible sur
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* 176 Loi n° 2010/013 du 21
décembre 2010 régissant les communications électroniques
au Cameroun, Article 36 (1) (2) (3) (4)
* 177 http://www.guide.mboa.info
* 178 Loi n° 2010/013 du 21
décembre 2010 régissant les communications électroniques
au Cameroun, Titre VII, Article 96 (1) (2)
* 179 Mahama Salomon, Point sur
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Informatique, Université de Yaoundé I, 2008, mémoire en
ligne disponible sur www.memoireonline.com
* 180 Interview du Directeur
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* 181 http://www.guide.mboa.info
* 182 Ibid. www.guide.mboa.info
* 183 www.guide.mboa.info
* 184 Mucchielli Roger ;
L'analyse de contenu. Des documents et des communications, 9e
édition, ESF, rue Maurice-Hartmann, 2006, P. 35
* 185 Berthier Nicole ; Les
techniques d'enquête en sciences sociales. Méthodes et exercices
corrigés, 4e édition, Paris, Armand Colin, 2010, p. 12
* 186
https://www.cameroon-tribune.cm
* 187 http://www.univ-douala.com/
* 188 Op.cit. Essoukan Epée
Hermann, Master II/DEA, Université de Douala, Douala, 2014, p.61-62
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