CHAPITRE I : CADRE
THEORIQUE
1. Contexte et
présentation générale
« Un ménage a atteint la
sécurité alimentaire lorsqu'il a accès à la
nourriture nécessaire pour la vie en bonne santé de tous ses
membres, adéquate en termes de qualité, quantité et
sécurité sanitaire, culturellement acceptable et quand il
n'existe pas de risque anormal de perdre cet accès » (CILSS
2008).
Dans les pays en développement (PED) notamment ceux du
Sahel, la transition démographique est en cours et l'urbanisation est un
phénomène en pleine expansion. Cette dernière est souvent
considérée comme un facteur de croissance économique. En
terme d'alimentation notamment, les villes sont réputées
connaître une moindre saisonnalité de l'offre et présenter
une meilleure disponibilité ainsi qu'une plus grande
variété alimentaire, par rapport au milieu rural. Ainsi, les
acteurs impliqués dans les problématiques de
sécurité alimentaire ne se sont pas beaucoup
intéressés au milieu urbain. Pourtant, en ville,
l'insécurité alimentaire est masquée par des statistiques
agrégées qui ne tiennent pas compte des fortes disparités
des situations sociales et économiques, caractéristiques du
milieu urbain. En fait, la pauvreté en ville est un
phénomène qui s'accentue dans les pays en développement.
De plus, il ressort que les pauvres urbains présentent des taux de
malnutrition infantile comparables à ceux des pauvres ruraux.
En outre, les personnes en insécurité
alimentaire sont difficiles à identifier, car l'approche « zone
à risque » classiquement utilisée en milieu rural n'est pas
adaptée aux villes. La sécurité alimentaire des
ménages est fonction de plusieurs facteurs connus : parmi eux, les
disponibilités alimentaires au niveau national et local, les
technologies permettant la diffusion des produits agricoles dans le temps et
l'espace, les circuits de distribution, les prix de vente, le revenu, le
support de la communauté et les habitudes et choix alimentaires sont des
facteurs primordiaux, influençant fortement l'état de
sécurité alimentaire. Selon le contexte (notamment urbain ou
rural) leur importance relative change. Toute analyse de la
sécurité alimentaire doit donc nécessairement tenir compte
de l'environnement spécifique des ménages. Par ailleurs, il est
judicieux d'évaluer la sécurité alimentaire dans le temps,
afin d'appréhender la disponibilité, l'accessibilité et
l'utilisation biologique de la nourriture.
On désigne cet aspect dynamique par la notion de
vulnérabilité alimentaire des ménages, qui est fonction de
deux facteurs importants : le degré d'exposition des ménages
à des chocs/risques, d'une part, et leur capacité à y
faire face, ou résilience, d'autre part. On ne trouve aucun dispositif
national au Niger qui permette de capter les formes urbaines de
l'insécurité alimentaire. Les travaux de recherche qui existent
soulignent le caractère complexe, multiforme et multifactoriel de la
vulnérabilité alimentaire en ville, et le manque
d'adéquation des outils classiques de surveillance et d'alerte. Il y a
donc urgence à affiner des indicateurs, méthodes et outils
d'identification, de mesure et de surveillance de la
vulnérabilité urbaine. Pour cela, il est
indispensable de mieux connaître les causes et les mécanismes
liés à la vulnérabilité, ainsi que de savoir qui
sont les personnes vulnérables en ville et où elles
résident.
Au Niger, la vulnérabilité alimentaire est un
thème qui s'est imposée du fait de son caractère
récurent. En effet, dans ce pays presque une année sur deux est
déficitaire. Mieux, même pendant les années
excédentaires, environ une personne sur cinq n'arrive pas à
manger correctement. Parmi elle, on dénombre des ruraux et des urbains
(UNFPA 2014).
La vulnérabilité des nigériens à
l'insécurité alimentaire trouve ses origines dans les
déficits céréaliers et fourragers enregistrés
régulièrement depuis quelques décennies, les comportements
alimentaires inappropriés et dans la pauvreté structurelle des
ménages. Mais de tout le temps l'attention des pouvoirs publics dans
leurs tentatives de réponse se sont toujours focalisé sur le
milieu rural au détriment du milieu urbain. Or, dans un pays comme le
Niger où 20,4 % (INS 2013)de la population vivent en milieu urbain, la
prise en compte de la vulnérabilité alimentaire des citadins est
plus que nécessaire. En effet, des études récentes sur le
cas du Niger ont montré que la vulnérabilité à
l'insécurité alimentaire en milieu rural nigérien est en
baisse passant de 32,1% en 2011 à 22,3% en 2013. Par contre pour la
même période la situation alimentaire des personnes vivant en
milieu urbain se révélait beaucoup plus préoccupante
passant de 17,3% à 35,7%.( INS, Novembre 2013).
Il est donc urgent d'étudier la
vulnérabilité alimentaire dans les villes nigériennes. En
particulier dans l'agglomération de Niamey qui concentre 40 % de la
population urbaine du pays. Car, comme l'a souligné l'économiste
AMARTYA SEN (2003) « L'insécurité alimentaire et la
famine peuvent côtoyer les marchés bien
approvisionnés ».
La présente étude porte sur le
5emearrondissement de la ville de Niamey et s'inscrit dans la droite
ligne des enquêtes sur la mesure de la vulnérabilité
alimentaire en milieu urbain effectués à Ouagadougou et à
Banjul. Ce protocole de recherche est d'ailleurs une adaptation des deux
dernières.
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