II.2.2 Conditions de vie de la
population :
Dans cette section, on s'intéressera principalement
à l'étude des conditions de vie des Burkinabé selon leur
milieu de résidence pour pouvoir appréhender l'état de
pauvreté au niveau du pays. Il s'agira surtout de cerner leur avis par
rapport à cette question.
Ci-dessous le tableau donnant l'opinion des Burkinabé
sur leurs conditions de vie actuelles.
Tableau 5 : Opinion de
la population sur leurs propres conditions de vie actuelles.
Conditions de vie actuelles
|
Milieu de résidence (en %)
|
Total (en %)
|
Urbain
|
Rural
|
Mal
|
47,03
|
49,32
|
48,71
|
Bien
|
31,03
|
37,87
|
36,05
|
Ni bien ni mal
|
21,00
|
12,02
|
14,40
|
Ne sais pas
|
0,94
|
0,79
|
0,84
|
Total
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
Source : Afrobaromètre, Round 4,
Burkina Faso, calcul de l'auteur
Interrogés sur leurs conditions de vie actuelles, un
peu moins de la moitié des individus (environ 49%) les décrit
comme mauvaises, alors que 36% expriment le contraire. Cette fois, on constate
que cette opinion reste sensiblement égale en milieux rural et urbain
(respectivement 49% et 47%).Mais l'on constate toujours que les habitants de la
zone rurale ont une attitude davantage plus positive que ceux du milieu urbain
(38% en milieu rural contre 31 % en milieu urbain).
Comparant cette situation par rapport à l'année
dernière à la même période(voir
Tableau25 en annexe),environ 49% de la population jugent ses
propres conditions de vie comme meilleures, cependant 31% les trouvent pires et
18% déclarent qu'elles ont demeurés identiques.Ainsi,en milieu
rural, les répondants décrivent leurs conditions beaucoup plus
meilleures que ceux de la zone urbaine(52% contre 41% respectivement).L'effet
inverse est noté en milieu urbain où 40% des personnes affirment
le contraire,contre 28% en milieu rural. Toutefois la proportion de ceux qui ne
trouvent aucun changement concernant leurs propres conditions de vie restent
sensiblement égales en milieux urbain et rural (exactement 18,2% et
17,7%).
Se prononçant sur leurs futurs conditions de vie
(voir Tableau26 en annexe), la majeure partie de la
population, environ 63%, semblent plus optimistes et espèrent qu'ils
deviendront encore plus meilleures ; uniquement 8% des individus affirment
le contraire. Cependant les individus de la zone urbaine soutiennent
davantagecette opinion que ceux du milieu rural (68% et 61%).
Les graphiques ci-après illustrent ce qui
précédent.
Graphique7 :Conditions de vie actuelles des
Burkinabé comparées à celles de l'année
dernière.
|
Graphique 8 :
Conditions de vie des Burkinabé dans 12 mois.
|
ü Qu'en est-il de l'avis des chefs de
ménage sur leurs propres conditions de vie ?
Dans les sociétés africaines, le chef de
ménage reste un élément clé en ce qui concerne les
caractéristiques des ménages. De plus, son niveau de vie est
déterminant dans celui du ménage. C'est pourquoi recueillir leurs
opinions par rapport à leurs propres conditions de vie s'avère
être capitale pour mieux confirmer les propos
précédents.
Le tableau ci-dessous nous donne quelques informations
à ce propos.
Tableau 6 : Avis des
chefs de ménages sur leurs propres conditions de vie
actuelles.
Conditions de vie actuelles
|
Chefs de ménages déclarés(en %)
|
Mauvaise
|
48,64
|
Bien
|
35,91
|
Ni bien ni Mauvaise
|
14,77
|
Ne sais pas
|
0,68
|
Total
|
100,00
|
Source : Afrobaromètre, Round 4,
Burkina Faso, calcul de l'auteur
Les résultats fournis par ce tableau viennent confirmer
ce qui était soutenu sur cette question.En effet, il nous est permis de
constater que, parmi les chefs de ménage déclarés,
près de la moitié (environ 49%) affirment que leurs
conditions de vie actuelles sont encore mauvaises, alors que 36% soutiennent
que celles-ci demeurent encore bonnes. Aussi, 15% de ces chefs de
ménages déclarent que leurs conditions de vie n'ont point
changé. Toutefois, il est important de constater que les
résultats obtenus avec l'ensemble de la population sont sensiblement
identiques avec ceux enregistrés avec la population des chefs de
ménage.
En outre, on peut noter que les conditions de vie actuelles de
la population, même si elles sont relativement meilleures par rapport
à l'année passée, demeurent toutefois mauvaises et
inquiétantes. Cependant, les Burkinabé gardent encore espoir sur
des conditions de vie meilleures dans les années à venir.
Le fait qu'on note à peu près les mêmes
propos concernant la situation économique actuelle du pays et les
conditions de vie actuelles de la population pourrait sans doute être
expliqué par l'existence d'une liaison entre ces deux variables. En
effet, le test de khi deux détecte une liaison moyenne (V de Cramer =
0,379) entre ces deux variables, et de ce fait on peut dire que la situation
économique actuelle du pays détermine en quelque sorte les
conditions de vie de la population.
ü Face à cette situation, quelles sont leurs
préférences en matière de politiques
économiques ?
Pour ce qui est de leurs préférences en
matière de politique économiques,la majeure partie des
Burkinabé (62%) affirme qu'il est nécessaire d'accepter des
conditions de vie difficiles maintenantpour une amélioration de
l'économie dans le futur.Cette attitude témoigne en partie de
l'engagement des citoyens à faire des sacrifices pour améliorer
l'économie du pays et leurs conditions de vie qu'ils jugent mauvaises.
Cependant 30% d'entre eux jugent que les réformes économiques
entrepris par legouvernement sont très coûteuses et quece dernier
devrait les abandonner et essayer de répondre aux exigences de la
population. Cet avis est davantage partagé en campagne (32%) qu'en ville
(26%).
Cependant, même s'ils jugent nécessaire
d'accepter les dures conditions de vie, ils reconnaissent en à60% que
les politiques économiques du gouvernement ont nui à la plupart
des gens, et que seuls quelques-uns en ont profité ; ce qui est
rejeté par 32% des citoyens qui affirment le contraire.Aussi l'on peut
remarquer que les habitants du milieu rural partagent davantage que les urbains
l'idée selon laquellele gouvernement, à travers ses politiques
économiques, a aidé la majeure partie de la population (33%
contre 26% en milieu urbain).
Les graphiques ci-dessous illustrent ce qui
précède. Les affirmations citées dans les graphiques sont
les suivantes :
-Graphique 9: (Affirmation
1 :Le gouvernement devrait abandonner ses politiques
économiques. Affirmation 2 :On devrait accepter
les conditions de vie difficiles maintenant.)
-Graphique 10 : (Affirmation
1 :Les politiques économiques du Gouvernement ont
aidé la majorité de la population; seule une minorité en a
souffert.Affirmation 2 :Les politiques économiques
du Gouvernement ont nui à la plupart des gens,seuls quelques-uns en ont
profité.)
Graphique9 :
Attitudes économiques de la population : abandonner les politiques
économiques ou accepter des conditions de vie difficiles
maintenant ?
Graphique10 :Politiques
économiques du gouvernement :
ont-ils aidé la majorité de la
population ou n'ont profité
qu'à une minorité ?
II.2.3 La satisfaction des besoins
fondamentaux :
Le droit à l'alimentation étant l'un des droits
fondamentaux de la personne humaine, la question de savoir si au cours des
derniers mois les enquêtés ont été
confrontés à des problèmes de nourriture revêt
donc toute sa pertinence.
Sur ce point, la situation n'est pas très
inquiétante puisque uniquement 8% de la population affirment avoir
toujours des problèmes pour manger à leur faim. Toutefois,
l'accès à la nourriture n'est pas toujours facile pour une bonne
partie de la population. En effet, l'on constate que 23% d'entre eux affirment
avoir été confronté plusieurs fois à ce
problème et une même proportion pour quelques fois seulement. De
ce fait, plus de la moitié des Burkinabé (environ 60%) a donc
déjà été confrontée au moins une fois au
problème de la faim. Par contre, les 40% restants déclarent
n'avoir jamais été confronté à ce problème.
La question de l'accès à une nourriture suffisante semble se
poser davantage en milieu rural qu'en milieu urbain dans la mesure où
uniquement 35%d'entre eux affirment n'avoir jamais été
confronté à cette difficulté alors que la majorité
des urbains (53%) est à l'abri de ce besoin. D'ailleurs, ceux qui ne
mangent jamais à leur faim en milieu rural sont deux fois plus nombreux
qu'en milieu urbain (8% contre 4%).
Tableau 7 :
Fréquence des problèmes liés à
l'alimentation :
Milieu de résidence(en %)
Total(en %)
UrbainRural
Problèmes de nourriture
rencontrés
Jamais
52,9834,6939,55
Juste une ou deux fois
7,847,037,24
Quelques fois
19,4424,1522,90
Plusieurs fois
15,9925,0622,65
Toujours
3,768,967,58
Ne sais pas
-0,110,08Total100,00100,00100,00
Source : Afrobaromètre, Round 4,
Burkina Faso, calcul de l'auteur.
Concernant les régions, l'on constate que les plus
touchés par ce manque de nourriture sont la Boucle du Mouhoun, le
Centre-Est, le Centre-Sud et le Sahel. En effet les proportions des individus
qui rencontrent toujours des problèmes pour manger à leur faim
semblent assez importantes (14% dans la Boucle du Mouhoun, 22% au niveau du
Centre-Est, 12% au Sahel). De plus ceux qui n'ont connu aucune
difficulté pour manger à leur faim ne dépassent pas 30% au
niveau de celles-ci (22% dans le Centre-Est et Centre-Sud, 26% dans la Boucle
du Mouhoun et 30% au Sahel).Ceci n'est surprenante compte tenu du fait que la
pauvreté touche davantage ces régions.
|
|
|
|
D'autre part, pour ce qui concerne l'eau potable et les
médicaments, on note à peu près les mêmes
phénomènes. Ce sont respectivement 45% et 38% qui
déclarent n'avoir jamais été confrontés à ce
manque alors que 14% et 11% affirment respectivement avoir des problèmes
d'eau potable et de médicaments. Toutefois nous pouvons signaler que la
situation est davantage meilleure en ville qu'en campagne puisque 70% et 50%
des individus de la zone urbaine déclarent respectivementavoir toujours
l'accès à l'eau potable et aux médicaments contre 36% et
33% en milieu rural. Par ailleurs, qu'il s'agisse de l'eau potable ou des soins
médicaux, les répondants qui rencontrent toujours des
problèmes sont deux fois plus nombreux en milieu rural qu'en
milieu urbain. Ce qui confirme que la pauvreté touche davantage
les campagnes que les villes.
Concernant l'accès à l'eau potable, l'on peut
constater que les régions des Cascades, du Centre-Est, de l'Est et du
Sud-Ouest sont les plus défavorisées avec des proportions
respectives de 18%, 19%, 35% et 33% qui affirment rencontrer toujours des
difficultés pour obtenir de l'eau potable.
La difficulté de trouver des médicaments pour
des soins médicaux est davantage notée dans les régions du
Boucle du Mouhoun, du Centre-Est, du Centre-Sud, du Sahel où
respectivement 14%, 23%, 16% et 16% disent n'avoir pas
régulièrement accès aux soins médicaux. D'ailleurs
au niveau des régions de la Boucle du Mouhoun et du Centre-Sud, ceux qui
ont toujours accès aux soins médicaux quand ils en ont besoin ne
dépassent pas 20% (respectivement 19% et 14%).
Toutefois ces manques ne touchent apparemment pas les
régions du Centre et des Hauts Bassins puisque dans chaque situation
l'on constate que la majorité des populations de ces régions
affirment ne jamais être confronté à ces manques
cités,et de plus ceux qui en sont concernés ne dépassent
jamais les 6%.
Pour ce qui est de la pauvreté monétaire, on
peut constater que les revenus de la population sont relativement faibles. En
effet, 31% d'entre déclarent avoir toujours des problèmes
d'argent et uniquement 9% disent ne pas être confrontés à
ce manque d'argent.
Les graphiques ci-après illustrent ce qui
précédent.
Graphique11 :
Difficultés liées à la nourriture.
|
Graphique12 :
Problèmes d'accès à l'eau potable.
|
Graphique13 :L'accès aux soins
médicaux.
|
Graphique14 :
Problèmes liés au manque d'argent.
|
En outre, on peut dire que le niveau de pauvreté du
Burkina est inquiétant. Une bonne partie de la population risque
l'insécurité alimentaire, a un accès limité
à l'eau potable et ne bénéficie pas
régulièrement de soins médicaux. Ceci confirme en partie
les statistiques du PNUD en 2007 qui montrent qu'environ 46% de sa population
vivent au-dessous du seuil de pauvreté. De plus le revenu national brut
par habitant est estimé à moins de 430 dollars.
Deuxième Partie
DEMOCRATIE ET GOUVERNANCE AU BURKINA FASO
|
|