DEUXIEME PARTIE
Résultats de l'Études
La deuxième partie englobe le 4ème et
le 5ème chapitre dans lesquels nous avons
décelé le comportement des partenaires légitimes dans
leurs foyers, interprété et analysé les résultats
obtenus et donné des recommandations appropriées.
Chapitre IV
LES PARTENAIRES LEGITIMES DANS LEURS FOYERS
Nous savons qu'à l'heure actuelle la moindre
démarche que nous avons à tenter, les demandes les plus
légitimes que nous avons à formuler prennent un temps
considérable et exigent de notre part des connaissances de toutes sortes
dont nous n'avions guère besoin autrefois. Aussi, a-t-on recours de
plus en plus à des conseillers qui se sont spécialisés
dans les questions qu'on leur soumet : conseiller juridique, conseiller
technique, conseiller psychologique, conseiller fiscal se partagent tour
à tour le soin de nous instruire, de nous guider, de nous
suggérer des solutions pour nos divers problèmes de la vie
courante. Or, la vie de famille aussi est terriblement compliquée.
Nombreux sont les problèmes rencontrés dans un foyer. Le but de
ce chapitre est de prouver que tous les problèmes de négligence
par l'un ou l'autre partenaire envers leur foyer à Port-au-Prince
prennent leur source dans les différents facteurs ci-dessous, faisant
l'objet de notre hypothèse :
- jalousie
- condition économique
- confiance dans la protection légale de l'union
- influence parentale
- incapacité à
communiquer
Il est donc nécessaire de développer les
idées précitées à travers les points
suivants :
- Le mariage
- Le parent, l'avenir des enfants.
4.1 Le mariage
Se marier n'est pas si facile, dit-on parfois. Un
regard sur le passé révèle que le mariage, simple et
facile au début de l'histoire de l'humanité, a revêtu des
formes diverses qui l'ont bien compliqué. Chaque peuple, aux
différents âges, l'a pratiqué avec ses coutumes propres.
Nous allons faire un coup d'oeil sur les familles
à Port-au-Prince à travers le mariage en ces trois sous
points :
. Coup d'oeil sur le mariage,
. Conflits familiaux à Port-au-Prince, causes
du divorce,
. La loi haïtienne et le mariage.
4.1.1 Différents endroits où l'on peut
trouver un partenaire
Les confidences reçues des couples mariés
à Port-au-Prince nous ont démontré qu'avant le mariage il
doit y avoir forcément une première étape : la
recherche du fiancé ou de la fiancée. Selon eux, on est capable
de rencontrer son partenaire n'importe où. Un premier couple a eu sa
rencontre à l'université. Ils étaient tous les deux
étudiants à l'une des universités de Port-au-Prince. Ils
s'attirent l'un vers l'autre. Ils étaient dans le même groupe
d'études et cela va engendrer après une certaine relation chez
eux. Ils finissent par se rendre compte qu'il se produisait le sentiment de
l'amour chez eux. Ils sont devenus deux amis et se sont fiancés, et peu
de temps après se sont mariés.
Un deuxième nous dit qu'ils ont eu leur
rencontre à l'école. Certes, ils étaient très
jeunes, mais ils ne pouvaient pas résister à leur amour. Ils
passent à l'action et deviennent époux.
Un troisième nous apprend qu'ils
fréquentent le même temple religieux à Port-au-Prince. Ils
se sont rencontrés à l'Église.
Un quatrième nous témoigne qu'ils se
sont vus pour la première fois dans un tap tap. Ils n'avaient pas de
voiture et avaient l'habitude de fréquenter le transport commun. Ils
échangent de mots, puis d'adresse et le reste était venu comme
par enchantement. Pour eux, même quand on n'est pas des piétons,
il serait toujours bon d'utiliser aussi le transport commun car, à leur
avis, il y a pas mal de bonheur caché là-dans.
Le cinquième nous déclare que leur
rencontre a pris naissance dans une banque de la capitale. La fille
était allée ouvrir un compte où le garçon
était un caissier. Pendant la transaction bancaire, ils profitent pour
'échanger leur adresse, et ceci, pour leur bonheur.
Le sixième rejoint un petit peu le
cinquième puisqu'ils s'étaient rencontrés eux aussi dans
une parfumerie où la fille était caissière.
Ils ne croyaient pas que cela allait se transformer en amour;
pourtant, c'était vraiment leur jour de bonheur.
Le septième couple concerne deux
invités à une cérémonie de graduation d'un ami
commun. Ils ont eu leur première rencontre ce jour là.
Le huitième était sur un même
stand en période carnavalesque. Pendant qu'ils se défoulent, ils
se rendent compte que l'un était attiré par l'autre et
décide de continuer leur amitié, laquelle se traduit après
en amour.
Le neuvième s'était rencontré
dans un hôpital où tous deux visitaient le même malade.
Pour le dixième, c'était à
l'occasion des funérailles de la mère de l'autre partenaire
qu'ils ont eu leur première rencontre.
Le onzième couple se rencontre chez un oncle.
Le partenaire était l'amie d'une des cousines de la jeune fille. La
jeune fille était venue visiter son amie pendant que le garçon
était déjà chez son oncle. Il fait la connaissance de la
jeune fille sans pourtant rien dans la tête. A force de se rencontrer,
ils terminent leur amitié en amour.
Un douzième nous fait savoir que la
partenaire travaillait comme servante chez une amie. Il sentait son coeur
vibré la première fois qu'il l'avait vu et lui partageait ses
sentiments.
Une treizième avance qu'ils habitaient dans
le même quartier. Ils deviennent amis et leur amitié s'est
transformée en amour.
Le quatorzième nous raconte qu'ils se
connaissaient depuis leur enfance. Ils sont originaires des Cayes. Ils ont
grandi ensemble dans le même quartier. Ils ont eu beaucoup d'habitudes
communes durant toute leur enfance.
Les différentes idées
énoncées font preuve qu'il existe différents endroits
où il est susceptible de rencontrer son partenaire de la vie.
Les différentes idées recueillies vont
identifier les circonstances qui peuvent influencer un couple à s'unir
par le lien conjugal.
Le premier couple rencontré était
sûr de son amour et juge normal de fonder un foyer légitime.
D'après le deuxième, ils s'aimaient
beaucoup, cela les incitait à s'unir par le mariage.
L'attachement amoureux entre un homme et une femme
peut se produire avec ou sans intimité génitale. Et bien que l'on
ait tendance à regrouper toutes les aventures amoureuses sous le
même nom, il existe trois catégories différentes :
l'aventure sentimentale, l'aventure érotique et l'aventure sentimentale
et sexuelle. Cette dernière entraîne un double attachement qui a
porté un troisième couple à fonder une famille
légitime.
Plus loin un quatrième couple nous dit qu'ils
s'entendaient très bien entre eux et se sentaient prêts à
s'unir.
D'après un cinquième, c'est par amour
et par compatibilité de caractère qu'ils ont pris la
décision de se marier.
Un sixième ajoute que l'un des deux
était tombé sous les charmes de l'autre et cela se dirigea vers
le mariage.
Les circonstances qui conduisent un septième
couple à s'unir par le lien conjugal, c'est le fait que la femme a fait
retrouver au bonhomme son sourire.
Autre type d'influence, c'est qu'un huitième
et un neuvième nous confient qu'ils ont déjà vécu
respectivement plus de 2 et 10 ans ensemble, il était temps de
légaliser leur relation.
Pour trois autres couples rencontrés c'est un
sentiment de solitude qui les a poussés au mariage. La peur de vieillir
seul peut faire oublier un idéal et accepter une union décevante.
Le besoin de protection devant les difficultés de la vie fait aussi
rechercher étourdiment la sécurité d'un foyer. L'espoir
d'un changement de vie favorable les incite à s'unir. L'homme
célibataire pense au confort douillet d'une maison tenue par une femme.
La femme compte beaucoup sur les avantages d'un changement de résidence,
d'un départ pour une contrée lointaine, peut-être.
Il est évident que l'amour ne doit pas s'unir
d'excuse à toutes les folies et faire passer outre le manque de
santé, d'argent, de logement, de situation. Il ne doit pas davantage
fermer les yeux sur de graves défauts de caractère. Mais les
avantages matériels ou moraux que procure un mariage ne sont en
réalité qu'un cadre dans lequel chacun met le portrait du
véritable amour ou sa caricature. La vie réserve à tous de
nombreuses difficultés. Le mariage édifié sur les bases
fragiles des valeurs matérielles va au - devant d'une ruine
inévitable et des conflits familiaux qui vont occasionner le divorce.
4.1.2 Conflits familiaux à Port-au-Prince
causes de divorce
Parmi les conjoints rencontrés à
Port-au-Prince, il y en a qui croient, après quelques mois ou quelques
années de mariage, qu'ils se sont trompés dans le choix qu'ils
ont fait de leur époux ou de leur épouse. De là viennent
les conflits dans le foyer. Un premier type de conflits prend naissance
à partir du mariage forcé des époux. La fille était
enceinte et l'Église ou la pression familiale les obligeaient à
se marier. On a aussi le cas où la fille était déjà
trop avancée en âge et se croyait obligée d'épouser
un homme qui n'était pas du tout de son choix et que l'homme
lui-même l'épousa à cause de sa situation
économique; mais l'amour vrai était absent. L'idéal de
tout jeune homme, de toute jeune fille, devrait être de fonder un foyer
où l'amour serait si grand et si profond qu'il s'épandrait
largement au-delà de ses limites. S'il existait dans ce foyer un vrai
amour, le problème de choix d'un mauvais partenaire n'irait pas se poser
mais, peut-être bien d'autres problèmes. Par exemple le
problème économique pourrait causer des conflits familiaux dans
ce foyer.
Dans notre recherche nous avons trouvé qu'un
couple qui a un faible moyen économique peut aussi connaître des
conflits familiaux. Le premier cas rencontré est un père qui
abuse de l'alcool à cause des problèmes économiques. Ce
père est devenu comme un bon à rien et démissionne dans la
famille. Il n'a aucun contrôle de ses enfants; il s'occupe seulement de
son alcool.
Dans un autre cas, le père qui est retourné
s'installer en Haïti avec toutes ses peines, ses haines, ses
problèmes économiques et ses angoisses, veut faire payer à
tous les membres de sa maison, comme s'ils étaient responsables de son
échec.
Quand la femme ne travaille pas en dehors du foyer
elle dépend économiquement de son mari et respecte toujours ses
propositions au détriment des intérêts des enfants. Alors,
la présence timide de la femme porte le mari à se
dire : << c'est moi qui gagne cet argent, j'ai donc le droit
d'en faire ce que je veux >>. La femme qui a renoncé à une
situation intéressante pour s'occuper uniquement de la maison, pense
qu'autrefois elle pouvait décider elle-même de l'emploi de son
argent sans consulter personne. Maintenant, elle découvre avec surprise
que les dépenses régulières du ménage sont si
élevées qu'il ne lui reste rien pour satisfaire ses petites
fantaisies, même les plus normales. Elle se dit aussi :<< Au
fond, je travaille plus longtemps que mon mari chaque jour ; d'ailleurs,
les principales dépenses du ménage, c'est moi qui les fais, car
c'est bien moi qui vais chez l'épicier, chez le boulanger, au
marché ; c'est moi qui choisis les vêtements des enfants ou
en tout cas les tissus pour les faire. Quand on doit exécuter le budget
de la maison, c'est moi qui dois le faire puisque mon mari est absent. Je
devrais donc avoir tout l'argent du ménage>>.
Un autre sujet nous dit qu'à cause des
problèmes économiques son conjoint est bien obligé de se
séparer d'elle. Chacun d'eux habite chez ses parents. Ils ne sont pas en
mesure de payer un loyer. La femme nous dévoile, que le fait que son
époux ne vit pas sous le toit marital entraîne des
difficultés à contrôler les entrées et sorties de
son mari. Alors sa vie de couple en est bouleversée. Le mari peut avoir
d'autres femmes. Il est sujet à être infidèle à tout
moment.
D'après un conjoint,
l'infidélité des époux est une cause susceptible de rendre
une famille malheureuse. Avant de parler trop de l'infidélité, il
semble nécessaire d'après le conjoint de définir la
fidélité. D'une manière générale, être
fidèle, c'est respecter la parole donnée, agir constamment en
vertu des principes dont on a reconnu une fois pour toute l'importance et la
valeur. Dans le domaine conjugal, c'est s'employer de tout son coeur à
mériter et à entretenir la confiance du conjoint.
A partir de notre recherche nous pouvons
vérifier que l'infidélité des partenaires est capable
d'empoisonner le foyer. Non seulement l'autre conjoint souffre, mais d'autres
membres de la famille souffrent également. Une progéniture
dit :<<Mon père a aussi ses qualités sauf son
infidélité qui dérange toujours ma famille. Il a d'autres
femmes dans sa vie. Ma mère elle-même est devenue presque folle et
cela l'empêche d'être une vraie mère à cause de
l'infidélité de son époux. De plus, elle gaspille tout son
temps à surveiller son mari>>. Pour cette progéniture,
l'infidélité est acte d'adultère qui est comparable au
vol. Prendre pour soi une femme qui a donné sa vie et tout son
être à un homme, c'est évidemment priver cet homme de ce
qu'il a de plus précieux parmi tout ce qui lui appartient.
Détourner un homme de sa femme, c'est prendre à cette
dernière l'essentiel de ce qui faisait sa joie, sa confiance et sa
sécurité. Mais, en réalité,
l'infidélité est plus qu'un vol, puisqu'il attire plusieurs
êtres dans un réseau de souffrances et de compromis :
enfants, parents, beaux-parents et même la société en
général. Il est vrai que, selon les conceptions modernes et plus
particulièrement du point de vue masculin, les infidélités
apparaissent comme de simples incartades sans conséquence. On estime que
l'homme qui trompe sa femme n'introduit guère dans son propre
ménage de sérieux ennuis, sauf peut-être quelques
scènes de jalousie. Mais on doit songer aux troubles graves qu'il peut
provoquer dans le foyer de la femme avec laquelle il a commis cet
adultère : jalousie compréhensible du mari, introduction
possible dans cette maison d'un enfant adultérin etc.
De plus l'époux ou l'épouse en
difficulté familiale est susceptible de s'entraîner dans l'abus
de l'alcool pour se défouler face à une situation douloureuse.
Pourtant, l'alcool peut influencer la vie de couple.
Un parent alcoolique est incapable de bien gérer sa famille. Quand il
en abuse, c'est aux membres de la famille de payer les conséquences.
Cependant l'infidélité plus
particulièrement celle du mari, peut aussi prendre naissance à
partir de cette idée <<la femme haïtienne a toujours tendance
à ne plus exhiber son charme, sa coquetterie après le
mariage>>. (1) Le changement de comportement du mari vis-à-vis de
sa femme est lié aussi à cette idée
précitée.
Une progéniture nous dit que son père
ne veut plus continuer à aimer sa mère parce qu'il la trouve
maintenant trop vieille et moins coquette.
1.- Idée d'un partenaire questionné à
l'occasion de l'enquête.
Tandis qu'un époux nous dit que ce qui
l'attirait et l'attire encore à aimer sa femme c'est qu'elle est
très charmante, elle se fait toujours très belle pour continuer
à l'attirer vers elle, même après le mariage.
Si un partenaire cherche et aime la coquetterie et
qu'il ne la trouve pas chez son partenaire, cela pourrait l'inciter à
le tromper. Et cette tromperie ravive la jalousie qui peut détruire la
famille.
Au cours d'un entretien tenu à
Port-au-Prince, un sujet nous dit que ce qu'il n'aime pas chez sa partenaire,
c'est que cette dernière a trop d'amis. Elle est sympathique avec tout
le monde. Cela le rend malheureux, jaloux et l'incite à la violence.
Un autre sujet ne supporte pas la familiarité
de son conjoint quand il embrasse une fille; cela la rend nerveuse et
agitée.
Un autre sujet ne tolère pas quand son
époux rentre tard le soir. A son avis il est tout à fait probable
qu'il aurait des aventures avec d'autres femmes.
Pour une autre, elle n'est pas heureuse avec son
mari et est capable de tout faire quand il manifeste ses actes de jalousie.
C'est l'un des comportements non satisfaisants de l'époux
vis-à-vis de l'épouse.
Quant aux comportements non satisfaisants de l'un
des époux vis-à-vis de son partenaire, nous avons bien
argumenté avec les idées fournies par nos enquêtés.
Si bien qu'un premier groupe d'enquêtés nous dit que leurs
partenaires sont un peu négligents en ce qui a trait à leur
foyer. Par exemple quand les enfants font quelque chose de mal, le partenaire
hésite à les punir, se plaint une enquêtée; elle
n'aime pas sa complaisance envers les enfants.
Par ailleurs, un partenaire nous partage son
insatisfaction à l'égard de sa femme qui est un peu
limitée en éducation (en termes d'instruction) et ne veut plus
continuer ses études.
Un autre finit l'entretien ainsi << elle est
trop renfermée sur elle-même ne pouvant pas partager ses
problèmes. Cela l'empêche de lui venir en aide quand c'est
nécessaire>>. Il continue encore <<j'ai un grave
problème. Mon épouse ne m'adresse pratiquement pas la parole.
Quand je lui demande ou lui suggère quelque chose, en
général elle ne me répond pas. Souvent, elle ne se rend
même pas compte que je lui parle. Parfois, j'attends quelques instants et
je répète ce que j'ai dit ou bien lui demande si elle a entendu
ce que je lui disais. Alors elle se met en colère, et dit que je lui
fais toujours des reproches. Cela me met mal à l'aise, car j'agis sans
mauvaise intension>>.
Une épouse pense que son époux est
égoïste. Selon elle, pour qu'il y ait vraiment un vrai couple il
faut que les deux partenaires soient unis. On doit apprendre à se
partager tout ce que l'on a. Alors que son partenaire fait toujours des
particularités.
A côté de tout cela, on rencontre un
autre couple où le mari reproche à sa femme d'être trop
exigeante quand elle veut quelque chose. Dans ce cas, le mari se trouve dans
l'obligation de faire n'importe quoi juste pour arriver à la
satisfaire.
Dans un autre cas, c'est la femme qui condamne les
attitudes du mari, qualifiées de mauvaises, puisque son mari lui exige
tout à la fois.
Un autre type de comportements non satisfaisants,
c'est que, quand le couple sort ensemble, cela pose un problème pour
le mari parce que la femme a pris trop de temps pour s'habiller. Cela agace
beaucoup l'époux et le rend même nerveux.
D'après un conjoint lorsqu'il y a divergence
religieuse, cela pose aussi de sérieux problèmes. Il explique
ceci: sa femme ne l'accompagne pas le dimanche pour aller à
l'Église. Pour elle c'est un sacrifice énorme si elle
cède son commerce un dimanche pour aller à l'Église. La
conception de la communauté chrétienne chez l'un est nettement
différente chez l'autre.
Une épouse condamne son époux
d'être trop passionné de son travail et n'est jamais
présent pour ses enfants, voir pour son épouse.
Plus loin, c'est un autre type de
mécontentement. Le conjoint ne tolère pas le sentiment
d'agressivité chez sa partenaire. Ses actes agressifs engendrent parfois
des disputes dans le foyer.
Un autre conjoint ne supporte pas du tout chez sa
conjointe l'esprit mesquin et l'arrogance qui lui font passer des ordres
à longueur de journée.
Un autre dévoile que son conjoint est
rancunier et n'aime pas faire des concessions, n'aime pas pardonner même
quand on lui fait des excuses.
Considérant qu'il existe chez les
époux des comportements non satisfaisants, mais aussi des comportements
satisfaisants, faisons place maintenant à ces derniers.
Durant notre enquête, une conjointe nous dit
qu'elle aime son mari parce qu'il est objectif dans toutes ses
décisions.
Un autre aime sa femme parce qu'elle est obéissante et
sage. Il apprécie son comportement dans le foyer.
Pour une autre, elle aime son partenaire parce qu'il
a le sens de l'humour et il est ouvert au dialogue.
Tandis que pour d'autres couples, la femme aime la
façon dont leurs maris leur font des compliments. Cela les rend
heureuses. Leurs maris sont des hommes de parole. Ils tiennent toujours leurs
promesses. Une d'entre elles dit que son mari est un homme patient et
généreux.
Diverses opinions sont tenues durant notre entretien
sur la négligence du foyer haïtien à Port-au-Prince. La
question basée sur la loi haïtienne concernant le mariage avait
suscité beaucoup de réponses.
4.1.3.- La loi haïtienne et le
mariage
En ce qui a trait au mariage, différentes opinions sont
émises par les époux sur la protection que la loi haïtienne
leur accorde. Certains se sentent rassuré avec la présence de ces
lois. D'autres suggèrent que l'on applique le principe « la
loi est une pour tous ». Cependant une conjointe répondant
à sa manière, met de côté ces lois pour expliquer
que, si elle n'a pas encore divorcé, c'est franchement à cause de
sa fille qui aime trop son papa. A propos, on constate qu'il existe chez le
partenaire le sentiment de méfiance. Pour eux, (les
enquêtés), ce ne sont que des théories lorsque l'on parle
de la loi haïtienne. Parce qu'en Haïti on peut tout acheter,
même la justice. La loi n'est pas équitable en Haïti.
Par ailleurs un conjoint nous dit que la loi
haïtienne n'est pas toujours en faveur des femmes.
Parlant de la loi haïtienne à propos du
mariage, on ne peut pas nier que le mariage c'est l'union légitime d'un
homme et d'une femme. Ce lien va donner naissance à des enfants. A ce
point, se forme déjà une famille triangulaire
avec : père - mère - enfants.
4.2 Les parents, l'avenir des enfants
L'un des plus grands avantages accordés à la
majorité des enfants est celui d'avoir à la fois un père
et une mère. Tous deux sont indispensables pour une action
éducative équilibrée. Le foyer doit viriliser l'homme et
féminiser la femme, ce qui explique le rôle complémentaire
de chacun des deux auprès de l'enfant. Lorsque ce dernier se trouve en
face d'une maman qui prend la place du père et d'un père qui ne
sait pas s'élever virilement au niveau de ses responsabilités, sa
situation est critique. Au fait, un parent isolé a aussi des
conséquences négatives sur son enfant puisque le premier
modèle d'un enfant ne doit être que ses parents.
4.2.1 Le premier modèle d'un enfant
La famille est le milieu par excellence pour adapter à
la vie sociale, un individu qui ne saurait se débrouiller tout seul et
qui devra un jour apporter au groupe auquel il appartient sa part
d'activité et de prospérité.
L'enfant est un être humain complet. Il a tout
ce qu'il faut pour grandir, pour s'instruire, pour acquérir le
savoir-vivre et le savoir-faire. Mais il ne saurait parvenir de lui-même
à ce plein épanouissement. Il faut que les aînés,
pleins de tendresse et de compréhension, le prennent par la main et le
conduisent vers le but que la nature et la raison lui assignent.
Le premier modèle d'un enfant ne saurait
être que son père et sa mère. C'est à partir du
comportement des parents que l'enfant fait l'apprentissage. Le petit
garçon s'identifie à son père et la petite fille à
sa mère (le complexe d'oedipe.) Ainsi voyons comment les
progénitures rencontrées au cours de notre enquête
qualifient le comportement de leurs parents.
Le manque de communication est l'un des principaux
problèmes qui affectent la relation conjugale. Durant notre recherche
empirique à Port-au-Prince, une progéniture nous dit qu'il a
attribué les problèmes conjugaux de ses parents à un
manque de compréhension et de dialogue entre eux. La première
cause de l'incapacité à communiquer convenablement est le fait
qu'il n'existe pas un encadrement familial pour les couples mariés. Dans
de nombreux foyers, le mari, de retour à la maison, dit à son
épouse quelque chose de ce genre : « comment
ça va, chérie... ? », il agrémente quelques
phrases toutes faites. Et dans de nombreux cas, ce sera l'unique conversation
qu'auront entre eux les conjoints avant de se coucher. Une épouse qui
s'enferme dans le mutisme, simplement parce que son conjoint lui a dit ou fait
quelque chose qui ne lui paraît pas opportun ou parce que qu'il adopte
une attitude qui ne lui semble pas adéquate, n'a pas non plus compris la
nécessité et l'utilité du dialogue. Une autre cause pour
laquelle les conjoints ne parviennent pas à communiquer d'une
manière correcte et efficace est qu'ils craignent de partager leurs
sentiments et leurs pensées intimes. La crainte de se trouver face
à une attitude de rejet qui fait mal, bloque le désir
d'échanger des pensées et des sentiments. Une troisième
cause pour laquelle les conjoints ne communiquent pas est qu'il s'avère
plus facile de réprimer ce que nous pensons ou sentons que de l'exprimer
correctement. Cette raison est en relation étroite avec l'estime de soi.
Une quatrième cause pour laquelle un couple ne parvient pas à
communiquer d'une façon satisfaisante concerne les échecs
répétés dans les tentatives faites pour établir des
voies de dialogue stables. Si, à chaque fois que l'un des deux conjoints
tente d'entamer une conversation intime, l'autre change de sujet ou simplement
tourne le dos, la communication peut s'avérer impossible. La
capacité à communiquer est l'un des facteurs fondamentaux dans
toutes les relations interpersonnelles. C'est pourquoi le bonheur d'un couple
est directement lié au degré de communication mutuelle atteint
par les conjoints.
Parmi les réponses de notre questionnaire
nous avons trouvé qu'une progéniture qualifie le comportement de
ses parents ainsi : « ni l'un ni l'autre n'est en mesure de
résoudre les vrais problèmes de couple ». Tandis qu'une
autre progéniture nous dit que ces problèmes existent par le
fait que son père n'a pas trop de confiance en soi. D'après une
quatrième progéniture, le comportement négatif de ses
parents se manifeste par le fait que son père est incompréhensif.
Une autre, de préférence, dit que sa mère est
bornée et n'a pas eu vraiment une instruction assez adéquate.
Tandis que la sixième progéniture nous dit qu'il y a un manque
d'éducation et du côté de son père et de sa
mère; ce qui est à la base de ces comportements jugés
mauvais. Pour rejoindre la première progéniture, une
septième ajoute qu'il existe entre ses parents un problème de
communication qui engendre leur comportement. Il ajoute : « un
couple incapable de dialoguer manque de la base nécessaire à une
bonne relation. La qualité de celle-ci dépendra de leur
faculté à s'exprimer verbalement ». Quant à la
huitième progéniture, elle nous apprend qu' « un
conflit entre deux personnes qui s'aiment n'est pas forcément
destructeur. Vous aimez tant que vous êtes prêts à
négocier et à traiter un problème, jusqu'à trouver
une solution qui vous satisfasse mutuellement ». Pour elle, son
père est intolérant, intransigeant, tenace et ne fait jamais de
concession. La neuvième progéniture qualifie déjà
le comportement de son père comme celui de quelqu'un qui a les
symptômes psychonévropathiques, à partir de la
rigidité de ses réponses et de ses ordres. Souvent, même
inconsciemment, il émet des expressions qui génèrent
l'inimitié. Une dixième nous dit pendant notre recherche
empirique à Port-au-Prince, que son père est trop radical dans
ses décisions.
Le parent est le principal modèle d'un enfant
dans un foyer. C'est pourquoi une onzième progéniture
enquêtée disait que ses parents n'ont pas eu la chance d'avoir eux
mêmes des parents responsables qui pourraient assurer leur
éducation familiale et ne se constituaient pas comme de vrais
modèles pour eux. De là leur problème de gestion de leur
propre foyer aujourd'hui. Ils n'ont pas eu de la chance d'avoir un encadrement
familial eux mêmes.
Un bon père ambitieux pour son enfant,
sourcilleux de sa formation, de son être surveille d'un oeil attentif ses
études scolaires. C'est une douzième progéniture qui nous
dit que son père est irresponsable, qu'il n'a pas soucis pour les
obligations de la famille. Et, une treizième ajoute que sa mère
n'a pas eu le soin de prendre en main ses responsabilités en tant que
mère de famille et en tant qu'épouse.
La quatorzième a répondu autrement.
Elle a qualifié le comportement de ses parents comme
héréditaire et culturel. Le père veut toujours se pencher
vers le traditionnel; il pense que, c'est un problème
d'Haïtien.
La quinzième quant à elle, croit que
les parents étaient trop jeunes pour se marier parce qu'en Haïti on
n'est pas encore prêt pour fonder un foyer à 18 ans d'âge;
généralement les Haïtiens vivant en Haïti ne sont pas
formés pour prendre des responsabilités à cet
âge.
La seizième progéniture émet
ses idées en disant que quand les deux partenaires d'un couple n'ont
pas une même foi chrétienne, cela pose aussi un grave
problème. Il continue : son père est catholique et sa
mère protestante. Il constate que son père voulait toujours faire
savoir à sa maman que tout ce qui est des péchés pour son
épouse ne l'est pas pour lui. De cela survient un problème de
religion dans le foyer.
La dix-septième progéniture a une
autre opinion concernant le comportement des parents dans le foyer. Pour elle,
ce comportement est lié à la réaction de sa mère
face à certaines situations. Et elle ajoute que sa mère est moins
affectueuse, elle oublie toujours les anniversaires de naissance des membres de
la famille et même l'anniversaire de son mariage. Elle est très
négligente en ce sens. La dix-huitième prolonge les idées
de la dix-septième en disant que sa mère est indifférente
vis-à-vis de son père. Pour une dix-neuvième, le
comportement de sa mère est intolérable puisqu'elle est
réellement trop bavarde. Elle condamne en même temps son papa
parce qu'il ne fait rien à la maison même quand la servante
s'absente un jour. C'est sa maman qui fait tous les travaux de
ménage.
Il importe que nous nous entendions d'abord sur la
nature même des dispositions du coeur qui animent deux personnes au
point de les rapprocher suffisamment pour qu'elles forment un couple. Cet
attrait, d'ailleurs indéfinissable, s'appelle généralement
l'amour. Et si nous disons <<généralement>>, c'est
que d'autres sentiments, auxquels nous avons donné le même nom et
qui ne sont pas de l'amour véritable, interviennent souvent dans la
formation de couples précaires et malheureux. L'insurmontable
difficulté que l'on rencontre lorsque l'on cherche à
définir l'amour tient premièrement au fait que celui-ci est trop
grand, trop profond, trop mystérieux pour qu'on ose l'enfermer dans des
limites précises. D'autre part, la langue française ne dispose
que d'un seul mot, le verbe aimer, pour exprimer soit le tendre rapprochement
de deux êtres, soit le goût que l'on éprouve pour un
aliment, un objet, une activité, etc. Aimer sa femme, son mari et aimer
voyager sont deux sentiments très différents, et pourtant ils
s'expriment par le même verbe. C'est parfois lorsqu'il s'agit des
sentiments que peut éprouver un homme pour une femme et
réciproquement, que le malentendu devient sérieux ou même
tragique. Tant qu'on parle d'amour du prochain, en général,
d'amour paternel, maternel, filial, on se sent dans une zone bien
délimitée des sentiments, sur un terrain solide. Dès qu'il
est question de l'amour d'un sexe pour l'autre, on pénètre sur un
terrain mouvant, mal défini, où chaque pas peut présenter
des délicieuses surprises ou des pièges cruels. Pour renforcer
ces idées, la vingtième progéniture nous disait qu'on ne
pourrait jamais former un vrai couple si l'on ne s'aime pas, s'il n'existe pas
un amour propre au sein du foyer. A son avis le premier problème de ses
parents est basé sur le fait que sa mère n'a jamais aimé
son père. Elle était trop avancée en âge; donc elle
a dû épouser son père.
Pour une autre progéniture, le comportement
des parents est dû au fait que son père, un type colérique,
veut toujours imposer ses opinions. C'est un type égocentrique. Toutes
les décisions de la famille doivent passer forcément par lui.
Il est à noter qu'après les
différentes idées énoncées ci-dessus, il est tout
à fait exact de dire que le premier modèle de l'enfant est ses
parents. L'enfant a toujours tendance de faire apparaître ce qu'on
appelle en psychologie la projection ou le prototype de ses parents. C'est
pourquoi un parent isolé a toujours une conséquence
néfaste sur son enfant.
4.2.2 Conséquence d'un conjoint
isolé
Pour donner une bonne éducation familiale, il faut que
le père et la mère soient présents à la maison, le
plus possible. La vraie famille, complète, active, n'existe que lorsque
les parents sont tous deux à la maison. Plus le père ne passe de
temps à la maison, plus sa femme et ses enfants ont l'occasion de se
rendre compte qu'il lui arrive de commettre des erreurs. L'avenir des enfants
est conditionné par la présence du père et de la
mère dans le foyer. L'idée de la première
progéniture en ce sens est que les deux parents doivent se mettre
ensemble pour bien gérer une famille. D'après une autre, la
présence du père et de la mère au foyer assure mieux
l'éducation de leur enfant. Pour une autre : la famille se compose
du père, de la mère et des enfants (s'il y en a.) Pour renforcer
ses idées une autre progéniture est allé lui-même
plus loin que les autres pour nous dire que dès la création, Dieu
a créé l'homme et la femme pour former une famille. A chacun son
rôle spécifique dans une famille. Une famille mono parentale a
plus de difficultés à réussir l'éducation de ses
enfants.
Avec les témoignages recueillis auprès
des interviewés représentant la famille légitime (30
partenaires et 20 progénitures) sur les attitudes et comportements des
conjoints à l'égard de leurs foyers dans différentes zones
de résidences à Port-au-Prince, nous pouvons dire que nous sommes
arrivés à inventorier les problèmes qui peuvent nuire aux
bonnes relations des couples légitimes à Port-au-Prince. Notre
objectif est atteint puisque après cette recherche, nous pouvons dire
que tous les problèmes de négligence dont fait montre l'un ou
l'autre des partenaires légitimes haïtiens que nous avons
interviewé à Port-au-Prince vis-à-vis du foyer,
dérivent de ces facteurs : -
jalousie,
- condition économique,
- confiance dans la protection légale de l'union,
- influence parentale,
- incapacité à communiquer.
Ainsi nous avons abouti à la confirmation de
notre hypothèse. Dans le prochain chapitre nous allons
interpréter ces résultats et formuler les recommandations qu'un
psychologue peut donner à toute famille confrontée à au
moins l'un des problèmes révélés par cette
recherche.
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