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Négligence affective du foyer par les partenaires mariés à  Port-au-Prince: causes et conséquences

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par Jeannine Ambroise Germain
Université d'état d'Haiti - Licence en psychologie 2010
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION

Comment expliquer le phénomène de négligence dans un foyer ? Les démarches de certains auteurs autour de cette phénoménologie sont tout à fait restreintes. Ils ne donnent pas une réponse à notre question. Jusqu'à présent, on ne comprend pas pourquoi leur littérature ne concerne pas des relations intra-familiales (époux/épouses, parents/enfants). Leur approche n'est pas centrée sur les conséquences des comportements des époux pour leurs foyers. Cependant, Docteur Bijoux a attribué cette négligence à trois facteurs : la stérilité féminine, l'attachement exagéré de la fille à sa mère et l'insignifiance de la présence du père. Tandis que Rémy Bastien lui-même, dit que la virginité de l'épouse est importante parce que son bonheur dépend de sa première nuit de noces, c'est-à-dire si la femme est vierge ou pas. Alors que Maurice Tièche a défini tout un ensemble de facteurs qui, théoriquement, peuvent affecter les rapports entre les membres d'une famille, particulièrement entre les époux. Ces facteurs sont :

1-La femme plus instruite que le mari,

2-la femme plus âgée que le mari,

3-la femme beaucoup plus jeune que le mari,

4-la différence dans les démonstrations d'affection,

5-la différence de races,

6-la différence de classe sociale,

7-l' incompatibilité d'humeur,

8-le rôle du jeune mari.

La question posée, étant alors sans réponse convaincante, notre mémoire y répond.

Pareille question relève des disciplines psychologique et sociologique, parce qu'il convient de faire une analyse psycho-sociale à divers domaines des sciences humaines et psychologiques pour donner une formule en réponse à la question.

Elle relève de la psychologie parce qu'on va étudier le comportement des membres du foyer pour donner une réponse. Elle concerne la sociologie parce que l'attitude et le comportement des parents auront une répercussion sur les enfants, les futurs hommes et femmes de la société de demain.

Du point de vue historique, elle a ses origines dans l'histoire du pays. Les coutumes, moeurs du pays se rattachent à ce problème.

Nous la posons ainsi parce que nous avons constaté que depuis plusieurs années les époux et épouses n'arrivent pas à bien gérer leurs foyers. L'un des partenaires accuse l'autre de négligence ou de manque de responsabilité à son égard ou vis-à-vis des enfants. Les conséquences psycho-sociologiques sur les enfants, et l'avenir du pays nous ont poussé à poser cette question.

Résoudre ce problème se révèle actuellement une nécessité parce qu'en raison du nombre de divorces et de délinquants juvénile qu'a connus notre société, l'utilité scientifique d'une réponse à cette question est qu'on trouve une formule pour la réussite d'un enfant dans un foyer. C'est ce qui consacre l'utilité sociale de ce travail.

Pour répondre à la question que nous nous posons, nous présumons que, dans la réalité qui nous intéresse, cinq variables interviennent : jalousie, communication, condition économique, influence parentale, confiance dans la protection légale. La variable jalousie détermine d'une manière négative la variable communication. La variable communication influence elle-même la condition économique. La variable influence parentale réagit sur la confiance dans la protection légale de l'union.

Notre hypothèse se justifie par le fait que la théorie de relativité restreinte et la théorie du psychologue Maurice Tièche, soutiennent que la famille est nécessaire à l'individu et à la société puisqu'elle constitue la communauté en miniature dans laquelle l'enfant fera l'apprentissage de sa vie sociale. Pour ainsi dire, une réponse à cette question pourra faire diminuer la quantité de divorces et la délinquance juvénile.

Le mémoire comporte deux parties subdivisées en cinq chapitres.

Le premier chapitre est subdivisé en deux sections et a pour titre `le problème'. L'objectif de ce chapitre est de présenter le problème, la problématique, la question spécifique du mémoire. Nous avons parlé aussi dans ce chapitre du cadre conceptuel et théorique. Nous y avons présenté les idées des auteurs autour de la question.

Le deuxième chapitre a pour titre `cadre méthodologique.' Il est subdivisé en deux sections. L'objectif en est de préciser le type de matériel et la méthode que nous avons utilisée pour faire ce travail.

Le troisième chapitre a pour titre `attitudes et comportements observés'. Il est subdivisé en trois sections. L'objectif en est de projeter d'une manière générale les différents problèmes familiaux à Port-au-Prince, donner les types de familles, leurs caractéristiques et leur situation économique. Nous y avons présenté les idées sur les problèmes familiaux.

Le quatrième chapitre a pour titre « les partenaires légitimes dans leurs foyers ». Il est subdivisé en deux sections et trois sous sections. L'objectif de ce chapitre est de déceler le « comportement » des partenaires légitimes dans leurs foyers. Nous avons mis en relation les idées des membres du foyer légitimes.

Le cinquième chapitre a pour titre `Interprétation et recommandation'. Il est subdivisé en deux sections et deux sous sections. L'objectif en est de faire l'interprétation des résultats obtenus de la recherche et de donner des recommandations appropriées. Nous y avons développé des analyses et des recommandations.

PREMIERE PARTIE

Le problème : Aspects Méthodologiques et Théoriques

La première partie regroupe le 1er, le 2ème et le 3ème chapitre. A ce niveau nous présentons le problème, la méthode que nous avons utilisée pour la réussite du travail et les idées théoriques sur les différents problèmes familiaux.

Chapitre I.

Les cadres de l'Études

Quel problème résout ce mémoire? Dans quels cadres se situe ce problème?

C'est à ces deux questions que répond ce chapitre. En effet, nous allons y définir notre problème. Ensuite nous développerons les faits ou phénomènes historiques auxquels se rattache ce problème. Enfin, nous examinerons les idées qui serviront d'outils à la compréhension et à la résolution dudit problème.

Ce développement sera réalisé dans deux points.

1.1.- Problématique

Des conversations tenues occasionnellement avec des époux et épouses haïtiens à Port-au-Prince depuis plusieurs années nous ont révélé que souvent les uns comme les autres n'arrivent pas à bien gérer les relations et interactions nées de la fondation de leurs foyers. En effet, nous avons souvent entendu l'un des partenaires accuser l'autre de négligence ou de manque de sens de responsabilité à l'égard des enfants, en tout cas à l'égard de la famille prise comme une unité.

Si ces accusations sont vraies, comment s'explique le phénomène, à Port-au-Prince, dans ses manifestations, ses causes et ses conséquences, pendant la décennie 1990?

Le mariage forcé qui est un phénomène courant à Port-au-Prince ne serait-il pas l'une des causes du problème? On sait que souvent à Port-au-Prince, les jeunes garçons fiancés courtisent d'autres jeunes filles et entretiennent avec elles des relations sexuelles. Il arrive souvent que par hasard une des amantes tombe enceinte et ces jeunes garçons sont, sous les contraintes et menaces des parents de la fille enceinte ou simplement poussés par leur conscience, obligés de rompre avec la fiancée, pour épouser la fille enceinte.

La présence d'une maîtresse dans la vie de l'époux ou d'un amant dans celle de l'épouse, n'est-elle pas une autre cause susceptible de rendre l'un ou l'autre des partenaires indifférent envers le foyer? On sait que tout soupçon en ce sens alimente des scènes de jalousie et de discussions interminables qui entretiennent entre les époux, malaise et méfiance dont souffre le foyer puisque la communication et la compréhension mutuelles peuvent, dans ces cas, tendre vers le point minimum.

L'impossibilité par l'époux de satisfaire convenablement les besoins du foyer serait-elle pour rien à certaines négligences retrouvées dans certains foyers, puisque beaucoup d'épouses haïtiennes s'attendent à ce que ce soit l'époux qui assure le gros des dépenses du foyer?

Le manque de préparation de l'épouse à gérer des activités domestiques n'est-il pas aussi de nature à répugner l'époux et le porter à mépriser l'épouse? On sait qu'en Haïti, les travaux domestiques et l'occupation des enfants sont généralement considérés comme le lot de la femme, et que celles qui n'arrivent pas à bien s'en tirer, sont placées sous les feux de la critique de leurs partenaires.

Les activités professionnelles de l'un ou de l'autre partenaire doivent-elles être laissées de côté quand on recherche les causes possibles de la négligence du foyer? On sait que dans certaines familles de telles activités occupent tout le temps de l'un des époux (le mari le plus souvent) ou toute la priorité chez l'autre.

La différence d'éducation entre les époux, que ce soit dans le sens d'intégration de valeurs et normes sociales, que ce soit dans le sens de niveau de scolarisation, n'est-elle pas également une source d'indifférence, donc de négligence?

En tout cas, quelles qu'en soient les causes, la négligence de la famille est susceptible d'entraîner des conséquences négatives dont voici les trois principaux :

1 - Régression sentimentale et/ou économique du foyer;

2 - Échec social des enfants (mauvaise intégration sociale,

tendance à la délinquance);

3 - Éternelle guerre froide ou chaude entre les conjoints, dont

l'issue la plus fréquente est le divorce qui amène tout le

cortège de problèmes affectifs et légaux que l'on peut

imaginer.

Les problèmes qui opposent les partenaires conjugaux haïtiens et qui rejaillissent sur leurs familles semblent avoir peu intéressé les auteurs. Malgré nos multiples recherches, nous n'avons pu trouver que les idées du Docteur Legrand Bijoux et de Rémy Bastien qui ont inventorié certains faits susceptibles de nuire directement ou indirectement aux relations conjugales.

Le premier fait est la stérilité féminine. Dans ce sens le Docteur Bijoux a constaté que << la stérilité féminine est considérée comme une malédiction et la femme stérile, si elle est en puissance de mari , est ridiculisée et méprisée par le milieu>>. (1)

Le deuxième fait est la situation de conflit avec la belle-mère. Sous ce thème, le Docteur Bijoux écrit : << Il est classique de voir la belle-mère apprécier et même cajoler sa belle-fille tant que l'union de celle-ci avec son fils est régulière, et dans la suite monter en guerre contre elle dès que le problème de mariage légal se pose. Si le mariage a lieu malgré tout, il n'est pas rare de voir la belle mère dresser les rivales ou du moins << pousser>> des rivales contre sa belle-fille légitime>>. (1)

Le troisième fait est l'attachement exagéré de la fille à sa mère. Pour Bijoux << la fille s'attache également à sa mère et ceci d'une façon exagérée, même après qu'elle ait été officiellement émancipée par le mariage>>. (2)

1.- L. Bijoux , coup d'oeil sur la famille haïtienne, 1982, p.45

Ibid., p..66

Le quatrième fait est l'insignifiance de la présence du père. Le

Docteur Bijoux explique ce fait en ces termes : << Si le père existe dans la famille, les relations des enfants avec lui sont lointaines, superficielles, colorées par la peur, la méfiance et la rébellion. En général, en cas de conflit, la mère s'allie avec ses enfants contre le papa. Cette alliance peut le plus souvent être subtile plutôt que bruyante>>. (3)

Le cinquième fait qui est l'importance de la virginité de l'épouse est rapportée par Bastien qui stipule que << le bonheur futur de la nouvelle mariée dépend de sa première nuit de noces c'est-à-dire si elle est vierge ou pas>>. (4)

En mettant en parallèle les idées de la revue de la littérature et notre question de départ qui est : Comment s'expliquent la négligence et le manque de responsabilité des partenaires conjugaux à l'égard de leur famille? , nous remarquons qu'il existe une certaine conscience des faits capables de poser des problèmes aux membres d'un foyer légitime. Dans ce sens, les auteurs se dirigent vers notre question. Cependant, à l'exception de l'insignifiance de la présence du père et de l'importance de la virginité de l'épouse, les phénomènes dont ils parlent ne concernent pas des relations intra-familiales (époux / épouses, parents / enfants). De plus leur approche n'est pas centrée sur les conséquences des comportements des époux pour leurs foyers. Ainsi tenant compte du nombre et de la diversité de phénomènes qui, dans le milieu haïtien, sont susceptibles d'expliquer la négligence et le manque de responsabilité des partenaires conjugaux à

1.- Ibid., p. 45

2.- Ibid., p.65

3.- Ibid., p.66

4.- R. BASTIEN, le paysan haïtien, 1985, p.14

l'égard de leurs familles, nous concluons que tout est encore à faire dans ce domaine : inventaire des problèmes, recherche de leurs causes et de leurs conséquences. Telle sera notre mission dans ce mémoire. Nous l'accomplirons en portant nos observations sur les familles légitimes des couches moyennes de la ville de Port-au-Prince qui ont entre un an et vingt ans d'expérience.

1. 2.- Cadre conceptuel et théorique

Les idées théoriques qui sont pertinentes à notre question de recherche et qui vont servir de cadre théorique à ce mémoire sont toutes tirées de l'ouvrage du Psychologue Maurice Tièche  (1965)

Pour cet auteur, la famille est nécessaire à l'individu qui, sans elle, se sent affreusement seul ou qui, en elle, trouve << un grand réconfort dans la certitude qu'il a quelque part, fut-ce aux antipodes, au moins une personne de son sang qui pense à lui ou un rejeton qui constitue son oeuvre et perpétue son nom>>. (1)

L'auteur avance que la famille est aussi nécessaire à la société << puisque c'est elle qui constitue la communauté en miniature dans laquelle l'enfant fera l'apprentissage de la vie sociale>>. (2)

L'auteur a défini tout un ensemble de facteurs qui, théoriquement, peuvent affecter les rapports entre les membres d'une famille, particulièrement entre les époux. Ces facteurs sont :

1- La femme plus instruite que le mari;

2- La femme plus âgée que le mari;

3- La femme beaucoup plus jeune que le mari;

1.- M. Tièche, guide pratique d'éducation familiale, 1965, p.64

2.- Ibid., p.64

4- Différence de classe sociale;

5- Différence dans les démonstrations d'affection;

6- Différences de races;

7- Incompatibilité d'humeur;

8- Rôle du jeune mari.

En ce qui concerne l'action du facteur instruction, l'auteur écrit : << Si la femme est plus instruite que son mari, si elle possède des diplômes nettement supérieurs aux siens - si tant est qu'il en ait - un malaise sournois les opposera presque fatalement à moins qu'ils ne soient doués tous deux d'une nature angélique>>. (1)

En ce qui a trait à l'influence de l'âge de la femme sur les relations

conjugales, les idées de l'auteur sont les suivantes : << Lorsque le mari est plus jeune que sa femme, les causes de mésentente semblent être particulièrement graves et nombreuses puisque sur mille divorces, neuf cent vingt comprennent des couples de ce genre. S'il est plus jeune, l'adaptation sera difficile, même si les débuts sont sans histoires, car les années apportent de sérieuses désillusions quand les époux ne prennent pas les précautions nécessaires>>. (2)

Plus loin l'auteur ajoute ceci :<< Lorsque le mari est beaucoup plus âgé que sa femme, plus de quinze ans, par exemple, l'adaptation risque d'être compromise par son attachement à de vieilles habitudes que la jeune femme trouvera d'abord risibles, puis surannées et enfin tyranniques>>(3)

1.- Ibid, p. 456

2.- Ibid., p.456

3.- Ibid., p.457

Les idées de l'auteur relatives à la différence de classe sociale des

conjoints se lisent comme suit : << La différence de niveau social qui sépare les époux n'est pas nécessairement fatale à leur bonheur, mais elle peut, s'ils n'y prennent garde, engendrer de graves malentendus. Par niveau social, nous n'entendons pas celui que la richesse ou la pauvreté semble établir. Lorsqu'un << fils de famille>> épouse une << fille du peuple>>

- Pour employer le langage encore en vigueur - il sait bien qu'il aura quelque peine à initier sa femme au genre de vie en usage dans sa famille et dans son milieu. Pourtant, il y a de grandes chances qu'il y parvienne car beaucoup de jeunes femmes font preuve en cela d'un magnifique pouvoir

d'assimilation. Une personne invitée à un milieu plus simple où la vie est

beaucoup plus âpre, les difficultés et les peines plus nombreuses, il est beaucoup plus difficile de se mettre au niveau voulu>>. (1)

L'auteur complète ses idées sur la différence de classe sociale des

époux en avançant ceci : << Deux fiancés d'éducation et de classe sociale différentes estiment qu'à force de s'aimer, ils finiront par être transformés. Ce n'est certes pas impossible; pourtant cette transformation sera difficile. Chacun, en effet, a vécu au moins vingt ans dans le milieu qui lui est propre; or, les impressions de la première enfance sont les plus fortes et marquent définitivement celui qui les reçoit. Tant que dure la première exaltation des sentiments amoureux, les souvenirs d'enfance s'estompent, mais ils se réaffirment ensuite, surtout, chez le mari puisqu'il est en général plus âgé et que son rôle normal dans la famille fait de lui un chef >>. (2)

1.- Ibid., p. 457

2.- Ibid., p.458

3.- Ibid, p.458

Parlant des différences dans les démonstrations d'affection, l'auteur écrit ceci : << Lorsqu'un homme et une femme s'unissent par le mariage, ils constatent que les affinités qui les ont rapprochés leur donnent les mêmes besoins matériels, mentaux, moraux et spirituels à satisfaire. << Mais ils ne se rendent pas toujours compte que des besoins identiques peuvent se traduire de plusieurs manières. Deux personnes également éprises donnent souvent de leur affection des démonstrations très différentes >>. (3)

Sous l'angle des différences raciales, l'auteur croit que <<les mariages entre races différentes soulèvent souvent de sérieux malentendus>>. (1) Pour lui :<< On ne saurait nier qu'entre les blancs et les noirs, par exemple, il existe des différences profondes de mentalité, de besoins, de moeurs et que l'adaptation doit être particulièrement difficile. Sauf dans certains cas très rares, l'époux de couleur, l'époux de race blanche est plus ou moins considéré comme un intrus. C'est surtout la situation des enfants qui est pénible car ils ne sont réellement accueillis dans aucun des milieux auxquels leurs parents appartiennent>>. (2)

L'auteur explique l'incompatibilité d'humeur en ces termes : «  Il faut enfin aborder l'une des raisons le plus souvent invoquées pour expliquer la mésentente conjugale : lorsque aucune des discordes que nous venons de mentionner n'est en jeu et que pourtant l'adaptation ne parvient pas à se faire, les époux parlent d'incompatibilité d'humeur. >> (3)

1.- Ibid., p.458

2.- Ibid., p.459

3.- Ibid., p.459

<<En réalité, poursuit l'auteur, cette incompatibilité n'est pas autre

chose qu'un ensemble de divergences non acceptées. La plupart du temps, ce qui empêche cette indispensable adaptation, c'est que les mobiles ayant déterminé le mariage étaient entachés d'égoïsmes ... Ces motifs sont normaux et légitimes en soi, mais s'ils ne sont pas accompagnés d'un élan sincère, spontané et désintéressé des deux coeurs l'un vers l'autre, ils engendrent forcément un climat d'incompatibilité>>. (1)

Enfin, l'auteur expose par ces mots l'influence de changement du comportement du jeune mari sur les relations conjugales : << La première fissure qui apparaît généralement dans le bonheur extatique du début se manifeste lorsque le mari- c'est ordinairement lui qui commence - se montre un peu moins aimable, un peu moins courtois que lorsqu'il était fiancé. La surprise est d'autant plus grande que la courtoisie avait été extrême pendant la période des fiançailles et que la jeune fille s'y était délicieusement habituée. Elle n'avait pas songé qu'une fois mariée, elle partagerait avec son mari, non seulement les heures de loisirs, de joie, les promenades charmantes, les tête-à-tête agréables, mais également les heures de fatigue, de soucis, de difficultés, etc.

Tout cela tend à créer des difficultés entre jeunes époux qui n'ont pas encore eu le temps de se comprendre tout à fait et de s'adapter. >> (2)

1.- Ibid., p.459

2.- Ibid., p.461

1. 2.1.- Hypothèse de recherche

Dans ce mémoire, nous cherchons à vérifier l'hypothèse suivante :

Pendant la décennie tous les problèmes de négligence dont fait montre l'un ou l'autre des partenaires légitimes haïtiens à Port-au-prince à l'égard du foyer, tournent autour de l'un ou de plusieurs des facteurs ci-dessous :

- Jalousie,

- Condition économique,

- Confiance dans la protection légale de l'union,

- Influence parentale,

- Incapacité à Communiquer.

-

1.2.2.- Cadre opératoire

· a) Opérationnalisation des variables

Notre hypothèse de travail se compose d'une variable dépendante et de quatre (4) variables indépendantes.

La variable dépendante, celle que nous voulons expliquer est:

La négligence de leurs foyers par les partenaires légitimes à Port-au-Prince.

. Cette variable a quatre (4) dimensions:

. Absences d'un partenaire au foyer;

. Manque de dialogue avec les autres membres du foyer;

. Manque d'affection envers les autres membres du foyer;

. Manque d'attention aux problèmes du foyer.

· b) Définition des opérationnelle des variables

L'analyse conceptuelle de cette hypothèse révèle qu'elle se compose de cinq concepts principaux dont nous donnons ici la définition opérationnelle.

1- Négligence du foyer : ce concept se mesure chez un partenaire par la fréquence de ses absences, l'importance qu'il accorde au dialogue avec les autres membres de sa famille, l'importance des marques d'affection dont il fait preuve vis-à-vis de l'autre partenaire et leurs enfants (s'il y en a) et par l'importance de l'attention qu'il accorde aux problèmes de son foyer.

Compte tenu de cette définition, la force de la négligence du foyer va dans le même sens que la fréquence des absences mais dans le sens contraire de l'importance du dialogue, des marques d'affection et de l'attention aux problèmes du foyer.

2- Jalousie : Ce concept s'explique par les réactions de répulsion d'un partenaire face à sa présence, réelle, virtuelle ou fictive dans la vie de l'autre.

3- Condition économique : possibilité financière de l'un ou des deux partenaires face aux besoins du foyer.

4- Confiance dans la protection légale de l'union : ce concept traduit l'attitude du partenaire qui se croit certaines actions permises par le fait que la légitimité de l'union rend difficiles sinon impossibles certaines réactions de l'autre.

5- influence parentale : ce concept traduit la tendance des parents de l'un ou des deux partenaires à se dresser ou à dresser le partenaire qui est leur proche, contre l'autre, pour une raison quelconque.

6- Communication : Ce concept traduit le savoir des deux partenaires à faire passer une qualité, un caractère, faire partager leur opinion pour le bonheur du foyer.

Chapitre II.

METHODOLOGIE

Le présent chapitre introduit la notion de variable en présentant une définition, les structures et les différents mécanismes impliqués pour le développement de notre travail de recherche.

La première variable indépendante est la jalousie d'un partenaire. Cette variable a une seule dimension: conduite violente d'un partenaire en réaction à la présence (réelle ou virtuelle) d'une tierce personne dans la vie sentimentale de l'autre.

La deuxième variable indépendante est : la condition économique d'un partenaire. Cette variable a deux dimensions:

. Chance du partenaire de pouvoir mener une activité lucrative;

. Apport en termes financiers du partenaire à la résolution des

problèmes du foyer.

La troisième variable indépendante est : confiance dans la protection légale de l'union. Cette variable a deux dimensions:

. Connaissance des dispositions légales régissant le mariage;

. Interprétation des obligations légales du mariage.

La quatrième variable est : influence des parents. Cette variable a deux dimensions:

. Tendance d'un partenaire à se considérer comme enfant obéissant de ses parents;

. Relation antipathique d'un partenaire avec les parents de l'autre.

2.1- Processus de la recherche

Cette section veut décrire le processus de la recherche.

2.2. - Univers et échantillon

L'univers sur lequel porte notre analyse se compose des unités répondant aux critères suivants:

1. - être un Haïtien marié ou fils (ou fille) majeur, c'est-à-dire âgé d'au moins 18 ans, d'une famille légitime;

2. - que le mariage ait entre un an et vingt ans d'existence;

3. - que les partenaires soient de couches moyennes;

4. - que la famille concernée vive à Port-au-Prince depuis au moins cinq ans.

Pour avoir les données de vérification de l'hypothèse, 1e nous avons eu un univers et un échantillon sur lequel a porté notre analyse ; nous avons utilisé la technique d'échantillonnage intentionnel ; 2e nous avons mené deux séries d'observations : a) observation documentaire, c'est-à-dire nous avons collecté des informations, jugements et opinions écrits autour des relations développées dans le cadre familial b) observations empiriques c'est-à-dire nous avons recueilli auprès des unités de notre et échantillon à l'aide d'un questionnaire, des témoignages sur les attitudes et comportements des conjoints à l'égard de leurs foyers.

Les données recueillies ont été traitées par le biais de l'induction et de la déduction. Pour l'induction, on émet une conclusion générale fondée sur le constat de la répétition de faits, de comportements, d'idées. Cette conclusion est générale. Nous l'utilisons pour généraliser les idées similaires, convergentes, qui se renforcent. Pour la déduction, notre conclusion est fondée sur l'application à une situation particulière d'une conclusion induite ou d'un principe. C'est le cas de l'attraction et de la répulsion.

Pour constituer notre échantillon, nous avons utilisé la technique dite échantillonnage intentionnel qui est un «échantillonnage non probabiliste dans lequel les unités sont choisies suivant qu'elles répondent à un profil défini par le chercheur» (1)

Notre échantillon est constitué de :

a) 30 partenaires : 15 Époux / 15 Épouses

b) 20 progénitures : 10 Garçons / 10 Filles.

Nous avons fait en sorte que les unités choisies soient distribuées dans les différentes zones de résidence à Port-au-Prince.

Pour identifier des partenaires de couches moyennes, nous avons retenu trois critères:

- Niveau d'instruction supérieur au niveau primaire;

- Activité ou profession exigeant une formation préalable;

- Revenu pouvant satisfaire au moins les besoins primaires.

2.2.3.- Méthode de recherche

Nous avons opté pour la méthode qualitative.

Pour réunir les informations permettant la vérification de l'hypothèse, nous avons mené deux séries d'observations: documentaires et empiriques.

1. - observations documentaires

A l'aide de cette technique nous avons collecté les informations, jugements et opinions écrits autour des relations développées dans le cadre familial en Haïti, plus particulièrement à Port-au-Prince. Pour cela, d'abord nous avons fait l'inventaire de tous types de documents (ouvrages, mémoires, articles, brochures, films, vidéo, etc.) susceptibles de contenir directement ou indirectement ce genre d'informations. Ensuite, nous en avons expliqué les plus pertinents.

2. - Observations empiriques

Il s'agissait de recueillir auprès des unités, des témoignages sur les attitudes et comportements des conjoints à l'égard de leurs foyers. Pour effectuer ce travail nous avons utilisé un schéma d'entrevue élaboré sur la base des indicateurs des concepts composant l'hypothèse. Ce schéma d'entretien est présenté en annexe.-

Nous avons personnellement conduit les entretiens à Port-au-Prince qui se réduit à la commune de Port-au-Prince, c'est-à-dire l'espace borné : au nord par Boulevard Harry Truman, au Sud par l'Ave Christophe, à l'Est par l'Ave Saint Martin et à l'Ouest par la Rue Dr Dehoux (cimetière). Nous avons choisi de mener l'enquête de terrain dans cette commune qui présentait une situation complètement conflictuelle au sein des foyers conjugaux.

Nous avons élaboré un questionnaire de 14 questions que nous avons finalisées avec d'autres collègues. Ceci a donné lieu à des discussions sur les termes à utiliser, la pertinence des questions, mais aussi sur la manière d'aller à la rencontre des couples mariés et de leurs progénitures et de leur présenter la démarche.

Les questions ont été testées sur un petit échantillon de population. Il a été décidé que nous interrogerons que des couples mariés et de leurs progénitures âgés d'au moins 18 ans vivaient dans la commune de Port-au-Prince.

30 partenaires dont 15 époux et 15 épouses et 20 progénitures dont 10 garçons et 10 filles ont été interrogés pendant une période allant du mois de mai au mois d'août 2003. Nous avons utilisé un questionnaire où l'enquêté a eu le soin de le remplir sous notre supervision. Nous avons pris la précaution de ne pas influencer les réponses de l'enquêté et nous l'avons mis en confiance afin de trouver des vraies réponses. Nous n'avons rencontré aucun problème majeur sauf les jours de grèves et de manifestations dans les rues de Port-au-Prince qui retardaient dès fois les jours destinés pour les entretiens.

Chapitre III

GENERALITES SUR LES PROBLEMES FAMILIAUX

Personne ne peut remplacer, auprès du mari, la femme qui lui a tout donné d'elle-même, qui a fait de lui le centre de ses préoccupations, de sa solitude, le premier objet de sa tendresse. Du coté de la femme, il n'est pas d'homme au monde qui puisse lui offrir mieux que ce que lui a donné son mari sincère qui la protège, la chérit et s'appuie sur elle pour s'acquitter d'une manière toujours plus efficace de son rôle social.

Ainsi, malgré cette relation soudée, il arrive parfois qu'il existe pas mal de divergences d'opinions qui débouchent sur différents problèmes familiaux.

3.1.-Types de familles à Port-au-Prince : leurs caractéristiques et leur situation économique.

Selon certains auteurs, un type est un modèle idéal, un ensemble de caractères organisés en un tout, le moyen de distinguer un objet, un individu. En anthropologie, un type est un ensemble de caractères (en général à la fois physiques et psychiques.)

En ce qui a trait à la famille, il est généralement admis qu'elle est l'union plus ou moins durable et socialement approuvée d'un homme, d'une femme et de leurs enfants.

Une famille existe quand il y a des personnes apparentées vivant sous le même toit, spécialement le père, la mère et les enfants.

Le terme famille peut encore désigner en ce sens: Toutes personnes unies par un lien de parenté ou d'alliance. Dans cette acception, le mot désigne tous ceux-là qui sont liés, non seulement par les liens biologiques et du mariage, mais aussi par l'adoption.

Le sentiment et l'institution s'y confortent réciproquement. Le terme alliance désignant déjà les unions fondées sur les stratégies patrimoniales, au sens large, il nous a paru plus clair d'y renoncer et de garder le terme « moderne» qui marque mieux la continuité entre les formes contemporaines de ce modèle et les caractéristiques qu'il présentait au cours du XIXè siècle.

On se souvient de ce modèle qui se définit par une double inspiration: d'une part la recherche du bonheur, particulièrement à travers le sentiment amoureux ; d'autre part le respect de l'institution considérée comme le guide infaillible vers ce bonheur. Plus précisément, on admet que la loi exprime la nature de l'homme et que lui obéir, ce n'est jamais autre chose que suivre la pente de ses véritables désirs. On recherche donc le bonheur. On se marie par amour. Ainsi l'intensité des gratifications immédiates n'est pas le critère ultime dans le choix.

Généralement on distingue quatre types de familles.

La famille née d'un mariage patriarcal.

Dans le cas d'une relation patriarcale, le mari est le chef de la famille et son rôle n'est pas mis en question. Ses décisions font office de lois. Le chef patriarcal peut choisir ou non de consulter les membres de sa famille, suivant qu'il est plus ou moins autoritaire.

La famille née d'un mariage matriarcal.

Dans le cas d'une famille matriarcale, c'est la femme qui est le chef de la famille. Cette famille n'est pas rare dans certaines cultures où la femme a comblé les besoins de la société pendant de nombreuses années. Elle peut quelquefois se produire par défaut, par exemple: quand le mari ne joue pas son rôle de chef de famille et ne prend pas de décisions. Il peut arriver également que la femme usurpe l'autorité du mari.

La famille née d'un mariage égalitaire.

Le sens de ce terme relativement nouveau est né après l'apparition du mouvement prétendu de libération de la femme. Dans ce cas, le mari et la femme s'efforcent de guider la famille en tant que personnes investies d'une même autorité et d'un même droit de regard. La décision de l'un est aussi importante que celle de l'autre.

La famille née d'un mariage conflictuel.

Dans ce cas le mari et la femme sont en compétition pour diriger la famille. Adversaires, ils ne fixent jamais de règles claires et l'autorité de la famille passe de l'un à l'autre suivant que l'un ou l'autre gagne la bataille.

Dans la structure des groupes familiaux, on distingue deux types de relations fondamentales: les relations par descendance commune et celles par union, alliance ou affinité. On appelle type minimal, la famille simple ou nucléaire, composée de deux adultes de sexes différents, et de leurs enfants;

c'est-à-dire d'une seule union entre adultes et d'un seul niveau de descendance.

La famille forme un tout. Toucher à l'un de ses membres, c'est compromettre sa fonction sociale et même son existence. Chacune de ses parties doit sentir à quel point les autres lui sont nécessaires et précieuses. Mais dans cette cellule, il n'en va pas comme dans celles qui composent le corps: sans prétendre à une autonomie totale, elles possèdent toutes une personnalité plus ou moins marquée. Pour former une famille, deux personnes se sont unies librement; un peu moins librement peut-être, mais en pleine connaissance de leurs responsabilités. Elles donnent naissance à des enfants. Et c'est en vertu de l'amour qui les unit que ces personnes forment un tout dont les parties se relâchent un peu avec le temps et par la force des choses, puisque les enfants quitteront le foyer paternel et fonderont d'autres foyers.

Jetons un regard sur la situation économique de la famille à Port-au-Prince.

Se basant sur le revenu mensuel de ménages, l'espace habitable, la consommation d'eau et d'électricité, on a répertorié à Port-au-Prince trois grandes strates:

1ère strate: elle groupe les gens à bas revenu, c'est-à-dire les ménages gagnant moins de $ H 1000 par mois;

2ème strate : elle rassemble les gens aux revenus moyens, c'est-à-dire les ménages gagnant entre $ H 1000 et $ H 3000 le mois;

3ème strate: elle réunit les gens à hauts revenus soient les ménages gagnant plus de $ H 3000 par mois. (1)

1.- J. M. GABRIEL, misère et injure dans les bidonvilles de Port-au-Prince, 1995, p.51

Pour opérationnelle qu'elle est, cette division cache des aspects très intéressants de la réalité Port-au-Princienne: elle ne fait pas clairement ressortir les misères insupportables des ménages qui n'ont aucun espoir de gagner même $ H 20 par mois, ni le luxe des ménages qui font des rentrées supérieures à $ H 10.000. (1)

Plus d'un million de Port-au-Princiens sont mal nourris, mal logés, en proie à la misère la plus abjecte...

Au point de vue de satisfaction des besoins, la société Port-au-Princiennne, étant une société de marché, offre des chances inégales aux différentes strates socio-économiques. Cette société qui n'offre rien (biens et services) gratuitement exige que tout le monde travaille pour avoir un certain pourvoir d'achat. Ce pouvoir d'achat, très élevé chez les gens de statut socio-économique élevé, débarrasse ces derniers de tous soucis matériels. Les gens de statut socio-économique moyen ont la possibilité de subsister à condition qu'ils supportent victorieusement la perpétuelle concurrence au niveau du marché du travail par leur compétence et leurs astuces et accointances politiques.

Quant aux gens de faible statut socio-économique, ils vivent en marge de la société, exposés qu'ils sont aux souffrances et aux privations les plus humiliantes. Eternels chômeurs, ce sont des gens que la société semble refuser.

3.2. - Problèmes des époux avant et après le mariage

Vus sous ces angles, les tempéraments étudiés et décrits, sont finalement non seulement désagréables et irritants mais aussi irréconciliables et incompatibles. Cherchons à aller plus loin, à dépasser les apparences et les comportements extérieurs. Ces deux attitudes humaines ne pourraient-elles pas être chacune l'expression d'un sentiment particulier, intime, congénital, indestructible mais modifiable à des degrés divers et de diverses façons? Pensons un peu. Un individu qui naît avec une prédisposion à se déprécier lui-même peut-il en aucune façon ressembler à un individu qui naît avec une prédisposion à s'exalter lui-même? Alors qu'un seul mot de désapprobation réussira à bouleverser le premier, tout un discours de reproches arrivera à peine à émouvoir l'autre. Alors que le premier aura toujours l'impression, malgré une très grande application, de n'avoir pas tout bien fait ou de ne pas en avoir fait assez, le deuxième conservera l'illusion que ses contributions les plus parcimonieuses auront été indispensables. Oui, il y a des individus qui ont une piètre estime de soi et il y en a qui ont une grande estime de soi. Eux seuls le savent. Eux seuls sentent leur «petit moi» se contracter ou leur «grand moi» se dilater sous le vent brûlant de l'anxiété ou de la colère...

Obtenir et conserver une juste estimation de personne n'est pas un phénomène spontané mais le résultat d'une éducation quotidienne basée sur l'amour inconditionnel. L'encouragement amènera un «petit moi» à découvrir que malgré ses craintes et ses doutes, il est quelqu'un qui a une valeur inestimable alors qu'une éducation basée sur l'amour inconditionnel manifesté dans beaucoup de respect amènera un «grand moi» à comprendre que malgré ses prétentions, il n'est pas le centre du monde, mais qu'il est tout simplement aussi bon et aussi mauvais que les autres...

Il n'est pas difficile maintenant d'imaginer ces deux tempéraments, un «petit moi» et un «grand moi», plus ou moins équilibrés, plus ou moins déséquilibrés, très équilibrés ou franchement déséquilibrés, c'est-à-dire avec des degrés d'anxiété et de colère variée, qui se rencontrent pour vivre à deux, selon toutes les combinaisons possibles de tempéraments et d'équilibres qui existent: un homme au «petit moi» avec une femme au «grand moi» ; un homme au « grand moi» avec une femme au « grand moi»; un homme au «petit moi» avec une femme au «petit moi»...

Comment pourront-ils survivre à une vie à deux si tous les deux ne se sont pas engagés solennellement à s'aimer inconditionnellement? Comment pourront-ils survivre à une vie à deux s'ils n'ont pas pris les résolutions nécessaires et établi les priorités qui leur permettront à tous les deux de passer du temps ensemble afin de s'attacher l'un à l'autre et d'éprouver l'un pour l'autre de la tendresse, malgré leur mauvais caractère ? Comment pourront-ils survivre à une vie à deux, s'ils n'ont pas décidé, tous les deux, qu'en dépit de leur «petit moi» ou de leur «grand moi»,, ils assumeront leur rôle d'homme responsable d'aimer et de femme collaboratrice pour être aimée?

Pour vivre heureux à deux, il faut aimer d'un amour qui ne périt jamais. Cet amour seul peut concilier les contraires et accorder les incompatibilités... Un «grand moi» qui aime un «petit moi» veillera à ne pas réveiller son anxiété. Il sera prévenant, attentionné et franc, sans artifice, sans hypocrisie, sans équivoque. Il saura cependant, et c'est très important, s'opposer à son anxiété, la circonscrire et l'empêcher de prendre des proportions démesurées en ne l'acceptant pas comme «vraie». Un «grand moi» a le dos large. Il est capable de supporter énormément de tension, d'opposition et de chantage ; mais en le faisant, il ne rend pas service au «petit moi». Etre complice d'un mensonge n'est jamais profitable à personne. Pour un «grand moi», aimer «petit moi», c'est le garder dans le présent, dans la réalité, et l'arracher à l'avenir et aux intuitions de son imagination déséquilibrée par l'anxiété. Pareillement, un «petit moi» qui aime un «grand moi» veillera à ne pas réveiller sa colère en nourrissant son agressivité. Il aura pour lui du respect, de la considération, des égards particuliers et évitera de lui faire honte et de le blesser par des remarques, des critiques ou de plaisanteries désobligeantes. Il saura désamorcer sa colère. Pour un «petit moi» aimer un «grand moi» c'est l'amener à abandonner sa colère, à la mépriser pour ce qu'elle est, de l'orgueil, et l'encourager à être véritablement aussi bon et aussi gentil qu'il pense et qu'il veut l'être. Maintenant, quelles que soient ses forces ou ses faiblesses, un couple peut commencer à investir dans l'éternité.

La structure familiale haïtienne chevauche à la fois sur le mariage civil ou religieux, le concubinage et l'union libre. La norme la plus explicite et la plus fortement institutionnalisée, est la fidélité sexuelle de la femme au mari. Ce dernier peut avoir des relations sexuelles cachées avec d'autres femmes; l'opinion publique tolère de tels écarts. Mais la femme qui dévie de la norme, tombe violemment sous le coup du contrôle et des sanctions de la société.

La femme haïtienne, prise individuellement, ne reconnaît pas à son mari le droit de fréquenter d'autres femmes. Les sentiments de satisfaction, d'auto estime, la sensation de sécurité émotionnelle et de prestige social sont définis largement en relation avec les normes de l'exclusivité sexuelle. Les conséquences économiques de la polygamie jointes à la jalousie sexuelle multiplient les possibilités de conflits, de rivalités, de ruptures dans les familles haïtiennes.

Longtemps, avant l'ère chrétienne, on se mariait dans le but unique d'avoir des enfants. La conception d'aujourd'hui en est tout à fait différente. Les deux époques sont nettement différentes l'une de l'autre. Nous constatons, qu'en dépit de l'amour pour son épouse, quand le couple n'a pas d'enfant, l'homme fréquentait souvent une autre partenaire dans le but d'en avoir. Et cela provoquait parfois l'abandon du toit marital et même le divorce. Ainsi commence la dégradation conjugale et familiale.

N'est-il pas nécessaire de relever quelques raisons qui peuvent causer en quelque sorte la polygamie :

a) Un mari qui n'a aucune crainte de Dieu ;

b) Un mari très éloigné de sa femme, pendant une longue durée ;

c) Une femme qui ne s'occupe point des affaires domestiques et de celles de son mari ;

d) une femme déréglée et rebelle, qui n'a point d'égards pour Dieu, etc.

N'est-il pas nécessaire de relever aussi quelques effets?

a) cela engendre bien l'amertume et l'hostilité au sein de la famille ;

b) une grande hostilité entre les femmes rivales ;

c) il peut produire sur les enfants des effets psychologiques dans le sens négatifs ;

d) la pauvreté, la misère et la souffrance de toutes sortes peuvent régner au sein de la famille. etc.

Autres problèmes rencontrés dans le lit de noces:

Les parents constituent très souvent de graves problèmes pour la suivie du foyer. Parfois ils dominent et dirigent les conjoints mariés, sans que ces derniers ne s'en rendent compte.

Des parents trop possessifs et des enfants trop dépendants peuvent détruire le foyer.

La mère du conjoint a souvent tendance à garder son fils pour qu'il ne se marie pas.

Le problème fondamental de ces gens est d'ordre socio-économique.

C'est-à-dire ils sont très jaloux du moyen économique de leur enfant qui passera dans un instant de cérémonie sous l'obédience d'une telle femme...

Il existe une résistance de la part des parents de l'homme future conjoint.

Le choix des conjoints, en dépit des apparences, reste encore enveloppé dans un système relativement fermé. Ils (parents) consentent difficilement à marier leur fils, leur support économique... Un mariage est une question longuement et soigneusement discutée.

Un autre type de cas qu'on ne peut pas ignorer, c'est la relation basée sur le bien matériel. Presque dans toutes les familles et même dans celles qui sont chrétiennes, la maman et les soeurs ont très souvent tendance à donner leur fille comme un produit au plus offrant.

Elles voudraient que la fille ait une vie large et très large matériellement et qu'elles jouissent aussi du bien être de leur fille.

Tandis qu'un autre type de parents veut que cette relation soit basée sur le mode de traitement du futur marié vers la fille. C'est-à-dire ils voudraient que la fille soit heureuse et très bien traitée et qu'elle mène une vie plus ou moins aisée bien qu'ils n'aient rien voulu de celle-ci.

D'autres faits sont encore à souligner: l'importance de la virginité de l'épouse. Le bonheur futur de la nouvelle mariée dépend de sa première nuit de noces c'est-à-dire si elle est vierge ou pas. Cependant la virginité peut compromettre les relations conjugales si la conjointe croit qu'à cause de cette virginité, elle a tous les droits sur le mari.

Ainsi si nous nous amusons à énumérer des cas, nous ne pourrons pas continuer le travail. Mais nous n'avons pas le droit de garder le silence sans faire allusion à la stérilité féminine et à la grossesse non désirée, comme d'autres facteurs qui peuvent théoriquement affecter les rapports entre deux époux.

3.2.1.- Intervention de l'Etat dans le mariage.

Quelles sont en Haïti, les mesures sociales de protection des familles?

Dans la loi du 12 septembre 1961 créant le certificat prénuptial, on relève ceci :

a) au niveau du préambule:

Considérant qu'il est du devoir de l'Etat de sauvegarder sa communauté ethnique en civilisant l'acte sublime de procréation par l'instauration d'une politique d'eugénique rendant obligatoire le certificat prénuptial sur toute l'étendue du territoire ;

Considérant qu'en raison du caractère de prévoyance sociale qui se dégage de pareille démarche, il importe, en vue de favoriser l'élan du mariage parmi les populations urbaines et rurales du pays, de prévoir les cas où une exemption pourra être accordée par l'autorité compétente ;

b) au niveau des articles:

Les futurs conjoints se présenteront dans un délai maximum de trente jours avant la date fixée pour la célébration de leur mariage au service médical du Bien -Etre Social et de Recherche ou à tout autre service de Santé agréé par cet organisme à l'effet d'obtenir un certificat prénuptial dont la forme sera déterminée par un règlement d'administration.

Le médecin social ou autre devra être un conseiller fidèle impartial, appelé à mettre les intéressés en connaissance de leur état physiologique ou pathologique.

Aucun ministre du culte ne pourra également procéder à la célébration d'un mariage sans la représentation par les intéressés de leur certificat prénuptial dont il sera fait mention sur l'acte de mariage devant être expédié conformément à la loi du 7 décembre 1927, à l'officier de l'Etat Civil compétent en vue de sa transcription dans les registres à ce destinés...

Quels sont les devoirs des membres d'une famille, en Haïti?

L'article 1 du décret du 8 octobre 1982 stipule que: «Le mariage crée entre le mari et la femme, des droits et devoirs réciproques: vie commune, fidélité, secours et assistance: »

L'article 1 du décret du 8 décembre 1960 stipule que: «Tout père et mère ou toute personne responsable de l'éducation, de la formation d'un mineur ont pour obligation d'envoyer ce dernier à l'école. >>

Par contre l'article 3 du même décret fait obligation au mineur «:Tout mineur qui aura délibérément suspendu ou discontinué ses études dans un établissement quelconque sans un certificat motivé d'un médecin de la Santé Publique affecté à cet effet; ou tout mineur qui aura abandonné son établissement durant trois jours consécutifs sans cause de maladie ou d'empêchement constaté par un médecin de la Santé Publique ou tout mineur qui isolément ou par groupe, aura abandonné ses études dans le but de paralyser les activités normales de la nation, encourra une peine disciplinaire...

L'Etat joue donc un rôle très important dans la famille et dans la vie d'un couple basé sur le lien du mariage.

3.2.2- La communication dans le cercle de famille

De nombreux couples échouent en raison de leur incapacité à communiquer. C'est l'une des caractéristiques les plus faciles à identifier dans une relation conjugale détériorée.

Quand un couple adopte la formule du «discours» au lieu du dialogue, peut être que chacun parle suffisamment, mais en réalité ils ne se communiquent rien. La relation peut être dominée par une terrible lutte pour la domination, accompagnée d'accusations, de critiques et même d'humiliations dans les moments de tension.

De nombreux couples communiquent au moyen de ces procédés destructeurs, simplement parce qu'ils n'ont pas appris d'autres méthodes de communication. Ils marchent dans l'ornière qu'ils ont eux-mêmes tracée, et se sentent misérables, inutiles, isolés.

Les conjoints très unis, en revanche, sont ceux qui ont appris à maintenir ouverts les canaux de communication. Ils écoutent avec respect et acceptent tous les sentiments et les réactions émotionnelles de l'autre, même lorsqu'ils ne les partagent pas. Tous deux se sentent libres d'interrompre l'autre à certaines occasions, sans crainte que celui-ci soit dérangé. On ne complète pas toujours ses phrases, mais le récepteur du message les comprend. Tous deux expérimentent la joie d'écouter les incidents racontés par l'autre. Dans la joie et dans la tristesse, ils communiquent.

En plus de la verbalisation, il s'établit assez souvent une communication au moyen de signes, qu'ils ont appris à émettre avec le temps, et qu'eux seuls savent décoder correctement. Un geste esquissé, un regard, un sourire... peut signifier autant qu'une multitude de phrases, mais sans diminuer la nécessité et l'importance de la communication verbale.

Comme ces conjoints communiquent bien entre eux et se sentent libres d'exprimer ce qu'ils pensent et ressentent, ils constituent une véritable équipe pour tout ce qui concerne la marche du foyer et de la famille: ainsi ils économisent temps et énergie. Lorsque surgit un conflit, ils l'affrontent d'une manière constructive, et le résolvent avec un minimum de contrariétés et de frictions. Ils cherchent ensemble des solutions aux problèmes et aux frictions. Ils cherchent ensemble des solutions aux problèmes avec optimisme et confiance, en partant du principe qu'ils finiront par les résoudre de manière satisfaisante pour tous les deux.

Certains couples ne se regardent jamais dans les yeux, par manque de temps, négligence ou perte d'intérêt.

Le contact visuel diminue aussi lorsqu'il y a quelque chose à cacher. Il est difficile de regarder quelqu'un dans les yeux et de soutenir son regard lorsqu'il existe une tromperie ou une dissimulation de la part de l'un des deux. Le regard possède un grand pouvoir de communication.

Dans une cafétéria ou un restaurant, on peut distinguer avec une relative facilité les couples mariés des couples fiancés. Les fiancés se regardent dans les yeux avec beaucoup d'affection. Ils mangent lentement, entre regards, sourires et dialogues. Ils se prennent aussi par la main. Les couples mariés, en revanche, manifestent généralement de la distance. Le regard, dans ce cas, se tourne vers le menu, les assiettes, les murs ou les autres convives, mais ces personnes se regardent très peu souvent dans les yeux.

Tous les couples doivent passer du temps à communiquer par le regard, mais en particulier lorsqu'ils passent par la crise.

Les enfants qui manquent de manifestations physiques d'affection deviennent généralement des adultes souffrant de troubles émotionnels. Le contact physique se révèle indispensable au bien-être psychique. Les adultes ne sont pas très différents des enfants en ce qui concerne le contact physique. Nous avons tous des besoins profonds de contact physique direct et affectueux et de l'intimité qu'il génère. Les adultes ont davantage besoin de caresses que de relation sexuelle.

Certaines personnes insistent sur le fait qu'elles n'aiment pas qu'on les touche: elles pensent qu'elles n'en ont pas besoin et cela les dérange. De telles réactions ont généralement pour origine une expérience traumatisante durant l'enfance ou une relation conjugale dans laquelle on a élevé des barrières affectives afin de s'isoler d'offenses réelles ou imaginaires. Mais même le couple le plus distant peut, en relativement peu de temps, expérimenter un changement important dans ses interactions s'il pratique la simple méthode des caresses affectueuses.

Des conjoints peuvent se prendre par la main lorsqu'ils marchent dans la rue ou quand ils voyagent en voiture; se caresser avec tendresse de temps en temps; s'approcher l'un de l'autre dans la nuit sans intentions érotiques ; s'asseoir l'un près de l'autre pour regarder la télévision; se saluer par une étreinte et un baiser après avoir été séparés; se donner une petite tape affectueuse lorsqu'ils se croisent dans la maison.

Les femmes éprouvent un besoin particulier d'être prise dans les bras en dehors de la chambre à coucher, cela leur apporte une grande satisfaction émotionnelle. Une femme qui associe chaque caresse avec une rencontre sexuelle commencera à s'en trouver offensée.

Shere Hite(1), dans sa fameuse étude sur la sexualité féminine, découvrit que même les femmes qui n'expérimentaient pas l'orgasme pendant les relations intimes jouissaient d'une façon significative des rencontres sexuelles. Pour quelle raison? Parce que la sensation d'intimité, c'est-à-dire les caresses, et la proximité physique dont elles jouissaient lors de ces expériences étaient pour elles extrêmement gratifiantes.

Une communication efficace, le regard de l'un sur l'autre et le contact physique pratiqué régulièrement susciteront des sentiments de tendresse, de

satisfaction personnelle et de sécurité émotionnelle.

La formation du lien de couple nécessite l'investissement de beaucoup de temps et d'effort.

(1) un Psychologue

Les fiancés se comportent comme des personnes qui s'aiment ; et les

gens mariés doivent aussi agir comme des amoureux, parcourant ou répétant les étapes de l'attachement, afin de renouveler et d'affirmer leur amour mutuel.

De cette manière, le lien reste établi fermement et s'améliore avec le temps. La tendresse mutuelle et l'attirance réciproque lieront sentimentalement et affectivement les deux conjoints dans une aventure permanente.

DEUXIEME PARTIE

Résultats de l'Études

La deuxième partie englobe le 4ème et le 5ème chapitre dans lesquels nous avons décelé le comportement des partenaires légitimes dans leurs foyers, interprété et analysé les résultats obtenus et donné des recommandations appropriées.

Chapitre IV

LES PARTENAIRES LEGITIMES DANS LEURS FOYERS

Nous savons qu'à l'heure actuelle la moindre démarche que nous avons à tenter, les demandes les plus légitimes que nous avons à formuler prennent un temps considérable et exigent de notre part des connaissances de toutes sortes dont nous n'avions guère besoin autrefois. Aussi, a-t-on recours de plus en plus à des conseillers qui se sont spécialisés dans les questions qu'on leur soumet : conseiller juridique, conseiller technique, conseiller psychologique, conseiller fiscal se partagent tour à tour le soin de nous instruire, de nous guider, de nous suggérer des solutions pour nos divers problèmes de la vie courante. Or, la vie de famille aussi est terriblement compliquée. Nombreux sont les problèmes rencontrés dans un foyer. Le but de ce chapitre est de prouver que tous les problèmes de négligence par l'un ou l'autre partenaire envers leur foyer à Port-au-Prince prennent leur source dans les différents facteurs ci-dessous, faisant l'objet de notre hypothèse :

- jalousie

- condition économique

- confiance dans la protection légale de l'union

- influence parentale

- incapacité à communiquer

Il est donc nécessaire de développer les idées précitées à travers les points suivants :

- Le mariage

- Le parent, l'avenir des enfants.

4.1 Le mariage

Se marier n'est pas si facile, dit-on parfois. Un regard sur le passé révèle que le mariage, simple et facile au début de l'histoire de l'humanité, a revêtu des formes diverses qui l'ont bien compliqué. Chaque peuple, aux différents âges, l'a pratiqué avec ses coutumes propres.

Nous allons faire un coup d'oeil sur les familles à Port-au-Prince à travers le mariage en ces trois sous points :

. Coup d'oeil sur le mariage,

. Conflits familiaux à Port-au-Prince, causes du divorce,

. La loi haïtienne et le mariage.

4.1.1 Différents endroits où l'on peut trouver un partenaire

Les confidences reçues des couples mariés à Port-au-Prince nous ont démontré qu'avant le mariage il doit y avoir forcément une première étape : la recherche du fiancé ou de la fiancée. Selon eux, on est capable de rencontrer son partenaire n'importe où. Un premier couple a eu sa rencontre à l'université. Ils étaient tous les deux étudiants à l'une des universités de Port-au-Prince. Ils s'attirent l'un vers l'autre. Ils étaient dans le même groupe d'études et cela va engendrer après une certaine relation chez eux. Ils finissent par se rendre compte qu'il se produisait le sentiment de l'amour chez eux. Ils sont devenus deux amis et se sont fiancés, et peu de temps après se sont mariés.

Un deuxième nous dit qu'ils ont eu leur rencontre à l'école. Certes, ils étaient très jeunes, mais ils ne pouvaient pas résister à leur amour. Ils passent à l'action et deviennent époux.

Un troisième nous apprend qu'ils fréquentent le même temple religieux à Port-au-Prince. Ils se sont rencontrés à l'Église.

Un quatrième nous témoigne qu'ils se sont vus pour la première fois dans un tap tap. Ils n'avaient pas de voiture et avaient l'habitude de fréquenter le transport commun. Ils échangent de mots, puis d'adresse et le reste était venu comme par enchantement. Pour eux, même quand on n'est pas des piétons, il serait toujours bon d'utiliser aussi le transport commun car, à leur avis, il y a pas mal de bonheur caché là-dans.

Le cinquième nous déclare que leur rencontre a pris naissance dans une banque de la capitale. La fille était allée ouvrir un compte où le garçon était un caissier. Pendant la transaction bancaire, ils profitent pour 'échanger leur adresse, et ceci, pour leur bonheur.

Le sixième rejoint un petit peu le cinquième puisqu'ils s'étaient rencontrés eux aussi dans une parfumerie où la fille était caissière.

Ils ne croyaient pas que cela allait se transformer en amour; pourtant, c'était vraiment leur jour de bonheur.

Le septième couple concerne deux invités à une cérémonie de graduation d'un ami commun. Ils ont eu leur première rencontre ce jour là.

Le huitième était sur un même stand en période carnavalesque. Pendant qu'ils se défoulent, ils se rendent compte que l'un était attiré par l'autre et décide de continuer leur amitié, laquelle se traduit après en amour.

Le neuvième s'était rencontré dans un hôpital où tous deux visitaient le même malade.

Pour le dixième, c'était à l'occasion des funérailles de la mère de l'autre partenaire qu'ils ont eu leur première rencontre.

Le onzième couple se rencontre chez un oncle. Le partenaire était l'amie d'une des cousines de la jeune fille. La jeune fille était venue visiter son amie pendant que le garçon était déjà chez son oncle. Il fait la connaissance de la jeune fille sans pourtant rien dans la tête. A force de se rencontrer, ils terminent leur amitié en amour.

Un douzième nous fait savoir que la partenaire travaillait comme servante chez une amie. Il sentait son coeur vibré la première fois qu'il l'avait vu et lui partageait ses sentiments.

Une treizième avance qu'ils habitaient dans le même quartier. Ils deviennent amis et leur amitié s'est transformée en amour.

Le quatorzième nous raconte qu'ils se connaissaient depuis leur enfance. Ils sont originaires des Cayes. Ils ont grandi ensemble dans le même quartier. Ils ont eu beaucoup d'habitudes communes durant toute leur enfance.

Les différentes idées énoncées font preuve qu'il existe différents endroits où il est susceptible de rencontrer son partenaire de la vie.

Les différentes idées recueillies vont identifier les circonstances qui peuvent influencer un couple à s'unir par le lien conjugal.

Le premier couple rencontré était sûr de son amour et juge normal de fonder un foyer légitime.

D'après le deuxième, ils s'aimaient beaucoup, cela les incitait à s'unir par le mariage.

L'attachement amoureux entre un homme et une femme peut se produire avec ou sans intimité génitale. Et bien que l'on ait tendance à regrouper toutes les aventures amoureuses sous le même nom, il existe trois catégories différentes : l'aventure sentimentale, l'aventure érotique et l'aventure sentimentale et sexuelle. Cette dernière entraîne un double attachement qui a porté un troisième couple à fonder une famille légitime.

Plus loin un quatrième couple nous dit qu'ils s'entendaient très bien entre eux et se sentaient prêts à s'unir.

D'après un cinquième, c'est par amour et par compatibilité de caractère qu'ils ont pris la décision de se marier.

Un sixième ajoute que l'un des deux était tombé sous les charmes de l'autre et cela se dirigea vers le mariage.

Les circonstances qui conduisent un septième couple à s'unir par le lien conjugal, c'est le fait que la femme a fait retrouver au bonhomme son sourire.

Autre type d'influence, c'est qu'un huitième et un neuvième nous confient qu'ils ont déjà vécu respectivement plus de 2 et 10 ans ensemble, il était temps de légaliser leur relation.

Pour trois autres couples rencontrés c'est un sentiment de solitude qui les a poussés au mariage. La peur de vieillir seul peut faire oublier un idéal et accepter une union décevante. Le besoin de protection devant les difficultés de la vie fait aussi rechercher étourdiment la sécurité d'un foyer. L'espoir d'un changement de vie favorable les incite à s'unir. L'homme célibataire pense au confort douillet d'une maison tenue par une femme. La femme compte beaucoup sur les avantages d'un changement de résidence, d'un départ pour une contrée lointaine, peut-être.

Il est évident que l'amour ne doit pas s'unir d'excuse à toutes les folies et faire passer outre le manque de santé, d'argent, de logement, de situation. Il ne doit pas davantage fermer les yeux sur de graves défauts de caractère. Mais les avantages matériels ou moraux que procure un mariage ne sont en réalité qu'un cadre dans lequel chacun met le portrait du véritable amour ou sa caricature. La vie réserve à tous de nombreuses difficultés. Le mariage édifié sur les bases fragiles des valeurs matérielles va au - devant d'une ruine inévitable et des conflits familiaux qui vont occasionner le divorce.

4.1.2 Conflits familiaux à Port-au-Prince causes de divorce

Parmi les conjoints rencontrés à Port-au-Prince, il y en a qui croient, après quelques mois ou quelques années de mariage, qu'ils se sont trompés dans le choix qu'ils ont fait de leur époux ou de leur épouse. De là viennent les conflits dans le foyer. Un premier type de conflits prend naissance à partir du mariage forcé des époux. La fille était enceinte et l'Église ou la pression familiale les obligeaient à se marier. On a aussi le cas où la fille était déjà trop avancée en âge et se croyait obligée d'épouser un homme qui n'était pas du tout de son choix et que l'homme lui-même l'épousa à cause de sa situation économique; mais l'amour vrai était absent. L'idéal de tout jeune homme, de toute jeune fille, devrait être de fonder un foyer où l'amour serait si grand et si profond qu'il s'épandrait largement au-delà de ses limites. S'il existait dans ce foyer un vrai amour, le problème de choix d'un mauvais partenaire n'irait pas se poser mais, peut-être bien d'autres problèmes. Par exemple le problème économique pourrait causer des conflits familiaux dans ce foyer.

Dans notre recherche nous avons trouvé qu'un couple qui a un faible moyen économique peut aussi connaître des conflits familiaux. Le premier cas rencontré est un père qui abuse de l'alcool à cause des problèmes économiques. Ce père est devenu comme un bon à rien et démissionne dans la famille. Il n'a aucun contrôle de ses enfants; il s'occupe seulement de son alcool.

Dans un autre cas, le père qui est retourné s'installer en Haïti avec toutes ses peines, ses haines, ses problèmes économiques et ses angoisses, veut faire payer à tous les membres de sa maison, comme s'ils étaient responsables de son échec.

Quand la femme ne travaille pas en dehors du foyer elle dépend économiquement de son mari et respecte toujours ses propositions au détriment des intérêts des enfants. Alors, la présence timide de la femme porte le mari à se dire : << c'est moi qui gagne cet argent, j'ai donc le droit d'en faire ce que je veux >>. La femme qui a renoncé à une situation intéressante pour s'occuper uniquement de la maison, pense qu'autrefois elle pouvait décider elle-même de l'emploi de son argent sans consulter personne. Maintenant, elle découvre avec surprise que les dépenses régulières du ménage sont si élevées qu'il ne lui reste rien pour satisfaire ses petites fantaisies, même les plus normales. Elle se dit aussi :<< Au fond, je travaille plus longtemps que mon mari chaque jour ; d'ailleurs, les principales dépenses du ménage, c'est moi qui les fais, car c'est bien moi qui vais chez l'épicier, chez le boulanger, au marché ; c'est moi qui choisis les vêtements des enfants ou en tout cas les tissus pour les faire. Quand on doit exécuter le budget de la maison, c'est moi qui dois le faire puisque mon mari est absent. Je devrais donc avoir tout l'argent du ménage>>.

Un autre sujet nous dit qu'à cause des problèmes économiques son conjoint est bien obligé de se séparer d'elle. Chacun d'eux habite chez ses parents. Ils ne sont pas en mesure de payer un loyer. La femme nous dévoile, que le fait que son époux ne vit pas sous le toit marital entraîne des difficultés à contrôler les entrées et sorties de son mari. Alors sa vie de couple en est bouleversée. Le mari peut avoir d'autres femmes. Il est sujet à être infidèle à tout moment.

D'après un conjoint, l'infidélité des époux est une cause susceptible de rendre une famille malheureuse. Avant de parler trop de l'infidélité, il semble nécessaire d'après le conjoint de définir la fidélité. D'une manière générale, être fidèle, c'est respecter la parole donnée, agir constamment en vertu des principes dont on a reconnu une fois pour toute l'importance et la valeur. Dans le domaine conjugal, c'est s'employer de tout son coeur à mériter et à entretenir la confiance du conjoint.

A partir de notre recherche nous pouvons vérifier que l'infidélité des partenaires est capable d'empoisonner le foyer. Non seulement l'autre conjoint souffre, mais d'autres membres de la famille souffrent également. Une progéniture dit :<<Mon père a aussi ses qualités sauf son infidélité qui dérange toujours ma famille. Il a d'autres femmes dans sa vie. Ma mère elle-même est devenue presque folle et cela l'empêche d'être une vraie mère à cause de l'infidélité de son époux. De plus, elle gaspille tout son temps à surveiller son mari>>. Pour cette progéniture, l'infidélité est acte d'adultère qui est comparable au vol. Prendre pour soi une femme qui a donné sa vie et tout son être à un homme, c'est évidemment priver cet homme de ce qu'il a de plus précieux parmi tout ce qui lui appartient. Détourner un homme de sa femme, c'est prendre à cette dernière l'essentiel de ce qui faisait sa joie, sa confiance et sa sécurité. Mais, en réalité, l'infidélité est plus qu'un vol, puisqu'il attire plusieurs êtres dans un réseau de souffrances et de compromis : enfants, parents, beaux-parents et même la société en général. Il est vrai que, selon les conceptions modernes et plus particulièrement du point de vue masculin, les infidélités apparaissent comme de simples incartades sans conséquence. On estime que l'homme qui trompe sa femme n'introduit guère dans son propre ménage de sérieux ennuis, sauf peut-être quelques scènes de jalousie. Mais on doit songer aux troubles graves qu'il peut provoquer dans le foyer de la femme avec laquelle il a commis cet adultère : jalousie compréhensible du mari, introduction possible dans cette maison d'un enfant adultérin etc.

De plus l'époux ou l'épouse en difficulté familiale est susceptible de s'entraîner dans l'abus de l'alcool pour se défouler face à une situation douloureuse.

Pourtant, l'alcool peut influencer la vie de couple. Un parent alcoolique est incapable de bien gérer sa famille. Quand il en abuse, c'est aux membres de la famille de payer les conséquences.

Cependant l'infidélité plus particulièrement celle du mari, peut aussi prendre naissance à partir de cette idée <<la femme haïtienne a toujours tendance à ne plus exhiber son charme, sa coquetterie après le mariage>>. (1) Le changement de comportement du mari vis-à-vis de sa femme est lié aussi à cette idée précitée.

Une progéniture nous dit que son père ne veut plus continuer à aimer sa mère parce qu'il la trouve maintenant trop vieille et moins coquette.

1.- Idée d'un partenaire questionné à l'occasion de l'enquête.

Tandis qu'un époux nous dit que ce qui l'attirait et l'attire encore à aimer sa femme c'est qu'elle est très charmante, elle se fait toujours très belle pour continuer à l'attirer vers elle, même après le mariage.

Si un partenaire cherche et aime la coquetterie et qu'il ne la trouve pas chez son partenaire, cela pourrait l'inciter à le tromper. Et cette tromperie ravive la jalousie qui peut détruire la famille.

Au cours d'un entretien tenu à Port-au-Prince, un sujet nous dit que ce qu'il n'aime pas chez sa partenaire, c'est que cette dernière a trop d'amis. Elle est sympathique avec tout le monde. Cela le rend malheureux, jaloux et l'incite à la violence.

Un autre sujet ne supporte pas la familiarité de son conjoint quand il embrasse une fille; cela la rend nerveuse et agitée.

Un autre sujet ne tolère pas quand son époux rentre tard le soir. A son avis il est tout à fait probable qu'il aurait des aventures avec d'autres femmes.

Pour une autre, elle n'est pas heureuse avec son mari et est capable de tout faire quand il manifeste ses actes de jalousie. C'est l'un des comportements non satisfaisants de l'époux vis-à-vis de l'épouse.

Quant aux comportements non satisfaisants de l'un des époux vis-à-vis de son partenaire, nous avons bien argumenté avec les idées fournies par nos enquêtés. Si bien qu'un premier groupe d'enquêtés nous dit que leurs partenaires sont un peu négligents en ce qui a trait à leur foyer. Par exemple quand les enfants font quelque chose de mal, le partenaire hésite à les punir, se plaint une enquêtée; elle n'aime pas sa complaisance envers les enfants.

Par ailleurs, un partenaire nous partage son insatisfaction à l'égard de sa femme qui est un peu limitée en éducation (en termes d'instruction) et ne veut plus continuer ses études.

Un autre finit l'entretien ainsi << elle est trop renfermée sur elle-même ne pouvant pas partager ses problèmes. Cela l'empêche de lui venir en aide quand c'est nécessaire>>. Il continue encore <<j'ai un grave problème. Mon épouse ne m'adresse pratiquement pas la parole. Quand je lui demande ou lui suggère quelque chose, en général elle ne me répond pas. Souvent, elle ne se rend même pas compte que je lui parle. Parfois, j'attends quelques instants et je répète ce que j'ai dit ou bien lui demande si elle a entendu ce que je lui disais. Alors elle se met en colère, et dit que je lui fais toujours des reproches. Cela me met mal à l'aise, car j'agis sans mauvaise intension>>.

Une épouse pense que son époux est égoïste. Selon elle, pour qu'il y ait vraiment un vrai couple il faut que les deux partenaires soient unis. On doit apprendre à se partager tout ce que l'on a. Alors que son partenaire fait toujours des particularités.

A côté de tout cela, on rencontre un autre couple où le mari reproche à sa femme d'être trop exigeante quand elle veut quelque chose. Dans ce cas, le mari se trouve dans l'obligation de faire n'importe quoi juste pour arriver à la satisfaire.

Dans un autre cas, c'est la femme qui condamne les attitudes du mari, qualifiées de mauvaises, puisque son mari lui exige tout à la fois.

Un autre type de comportements non satisfaisants, c'est que, quand le couple sort ensemble, cela pose un problème pour le mari parce que la femme a pris trop de temps pour s'habiller. Cela agace beaucoup l'époux et le rend même nerveux.

D'après un conjoint lorsqu'il y a divergence religieuse, cela pose aussi de sérieux problèmes. Il explique ceci: sa femme ne l'accompagne pas le dimanche pour aller à l'Église. Pour elle c'est un sacrifice énorme si elle cède son commerce un dimanche pour aller à l'Église. La conception de la communauté chrétienne chez l'un est nettement différente chez l'autre.

Une épouse condamne son époux d'être trop passionné de son travail et n'est jamais présent pour ses enfants, voir pour son épouse.

Plus loin, c'est un autre type de mécontentement. Le conjoint ne tolère pas le sentiment d'agressivité chez sa partenaire. Ses actes agressifs engendrent parfois des disputes dans le foyer.

Un autre conjoint ne supporte pas du tout chez sa conjointe l'esprit mesquin et l'arrogance qui lui font passer des ordres à longueur de journée.

Un autre dévoile que son conjoint est rancunier et n'aime pas faire des concessions, n'aime pas pardonner même quand on lui fait des excuses.

Considérant qu'il existe chez les époux des comportements non satisfaisants, mais aussi des comportements satisfaisants, faisons place maintenant à ces derniers.

Durant notre enquête, une conjointe nous dit qu'elle aime son mari parce qu'il est objectif dans toutes ses décisions.

Un autre aime sa femme parce qu'elle est obéissante et sage. Il apprécie son comportement dans le foyer.

Pour une autre, elle aime son partenaire parce qu'il a le sens de l'humour et il est ouvert au dialogue.

Tandis que pour d'autres couples, la femme aime la façon dont leurs maris leur font des compliments. Cela les rend heureuses. Leurs maris sont des hommes de parole. Ils tiennent toujours leurs promesses. Une d'entre elles dit que son mari est un homme patient et généreux.

Diverses opinions sont tenues durant notre entretien sur la négligence du foyer haïtien à Port-au-Prince. La question basée sur la loi haïtienne concernant le mariage avait suscité beaucoup de réponses.

4.1.3.- La loi haïtienne et le mariage

En ce qui a trait au mariage, différentes opinions sont émises par les époux sur la protection que la loi haïtienne leur accorde. Certains se sentent rassuré avec la présence de ces lois. D'autres suggèrent que l'on applique le principe « la loi est une pour tous ». Cependant une conjointe répondant à sa manière, met de côté ces lois pour expliquer que, si elle n'a pas encore divorcé, c'est franchement à cause de sa fille qui aime trop son papa. A propos, on constate qu'il existe chez le partenaire le sentiment de méfiance. Pour eux, (les enquêtés), ce ne sont que des théories lorsque l'on parle de la loi haïtienne. Parce qu'en Haïti on peut tout acheter, même la justice. La loi n'est pas équitable en Haïti.

Par ailleurs un conjoint nous dit que la loi haïtienne n'est pas toujours en faveur des femmes.

Parlant de la loi haïtienne à propos du mariage, on ne peut pas nier que le mariage c'est l'union légitime d'un homme et d'une femme. Ce lien va donner naissance à des enfants. A ce point, se forme déjà une famille triangulaire avec :
père - mère - enfants.

4.2 Les parents, l'avenir des enfants

L'un des plus grands avantages accordés à la majorité des enfants est celui d'avoir à la fois un père et une mère. Tous deux sont indispensables pour une action éducative équilibrée. Le foyer doit viriliser l'homme et féminiser la femme, ce qui explique le rôle complémentaire de chacun des deux auprès de l'enfant. Lorsque ce dernier se trouve en face d'une maman qui prend la place du père et d'un père qui ne sait pas s'élever virilement au niveau de ses responsabilités, sa situation est critique. Au fait, un parent isolé a aussi des conséquences négatives sur son enfant puisque le premier modèle d'un enfant ne doit être que ses parents.

4.2.1 Le premier modèle d'un enfant

La famille est le milieu par excellence pour adapter à la vie sociale, un individu qui ne saurait se débrouiller tout seul et qui devra un jour apporter au groupe auquel il appartient sa part d'activité et de prospérité.

L'enfant est un être humain complet. Il a tout ce qu'il faut pour grandir, pour s'instruire, pour acquérir le savoir-vivre et le savoir-faire. Mais il ne saurait parvenir de lui-même à ce plein épanouissement. Il faut que les aînés, pleins de tendresse et de compréhension, le prennent par la main et le conduisent vers le but que la nature et la raison lui assignent.

Le premier modèle d'un enfant ne saurait être que son père et sa mère. C'est à partir du comportement des parents que l'enfant fait l'apprentissage. Le petit garçon s'identifie à son père et la petite fille à sa mère (le complexe d'oedipe.) Ainsi voyons comment les progénitures rencontrées au cours de notre enquête qualifient le comportement de leurs parents.

Le manque de communication est l'un des principaux problèmes qui affectent la relation conjugale. Durant notre recherche empirique à Port-au-Prince, une progéniture nous dit qu'il a attribué les problèmes conjugaux de ses parents à un manque de compréhension et de dialogue entre eux. La première cause de l'incapacité à communiquer convenablement est le fait qu'il n'existe pas un encadrement familial pour les couples mariés. Dans de nombreux foyers, le mari, de retour à la maison, dit à son épouse quelque chose de ce genre : « comment ça va, chérie... ? », il agrémente quelques phrases toutes faites. Et dans de nombreux cas, ce sera l'unique conversation qu'auront entre eux les conjoints avant de se coucher. Une épouse qui s'enferme dans le mutisme, simplement parce que son conjoint lui a dit ou fait quelque chose qui ne lui paraît pas opportun ou parce que qu'il adopte une attitude qui ne lui semble pas adéquate, n'a pas non plus compris la nécessité et l'utilité du dialogue. Une autre cause pour laquelle les conjoints ne parviennent pas à communiquer d'une manière correcte et efficace est qu'ils craignent de partager leurs sentiments et leurs pensées intimes. La crainte de se trouver face à une attitude de rejet qui fait mal, bloque le désir d'échanger des pensées et des sentiments. Une troisième cause pour laquelle les conjoints ne communiquent pas est qu'il s'avère plus facile de réprimer ce que nous pensons ou sentons que de l'exprimer correctement. Cette raison est en relation étroite avec l'estime de soi. Une quatrième cause pour laquelle un couple ne parvient pas à communiquer d'une façon satisfaisante concerne les échecs répétés dans les tentatives faites pour établir des voies de dialogue stables. Si, à chaque fois que l'un des deux conjoints tente d'entamer une conversation intime, l'autre change de sujet ou simplement tourne le dos, la communication peut s'avérer impossible. La capacité à communiquer est l'un des facteurs fondamentaux dans toutes les relations interpersonnelles. C'est pourquoi le bonheur d'un couple est directement lié au degré de communication mutuelle atteint par les conjoints.

Parmi les réponses de notre questionnaire nous avons trouvé qu'une progéniture qualifie le comportement de ses parents ainsi : «  ni l'un ni l'autre n'est en mesure de résoudre les vrais problèmes de couple ». Tandis qu'une autre progéniture nous dit que ces problèmes existent par le fait que son père n'a pas trop de confiance en soi. D'après une quatrième progéniture, le comportement négatif de ses parents se manifeste par le fait que son père est incompréhensif. Une autre, de préférence, dit que sa mère est bornée et n'a pas eu vraiment une instruction assez adéquate. Tandis que la sixième progéniture nous dit qu'il y a un manque d'éducation et du côté de son père et de sa mère; ce qui est à la base de ces comportements jugés mauvais. Pour rejoindre la première progéniture, une septième ajoute qu'il existe entre ses parents un problème de communication qui engendre leur comportement. Il ajoute : « un couple incapable de dialoguer manque de la base nécessaire à une bonne relation. La qualité de celle-ci dépendra de leur faculté à s'exprimer verbalement ». Quant à la huitième progéniture, elle nous apprend qu' «  un conflit entre deux personnes qui s'aiment n'est pas forcément destructeur. Vous aimez tant que vous êtes prêts à négocier et à traiter un problème, jusqu'à trouver une solution qui vous satisfasse mutuellement ». Pour elle, son père est intolérant, intransigeant, tenace et ne fait jamais de concession. La neuvième progéniture qualifie déjà le comportement de son père comme celui de quelqu'un qui a les symptômes psychonévropathiques, à partir de la rigidité de ses réponses et de ses ordres. Souvent, même inconsciemment, il émet des expressions qui génèrent l'inimitié. Une dixième nous dit pendant notre recherche empirique à Port-au-Prince, que son père est trop radical dans ses décisions.

Le parent est le principal modèle d'un enfant dans un foyer. C'est pourquoi une onzième progéniture enquêtée disait que ses parents n'ont pas eu la chance d'avoir eux mêmes des parents responsables qui pourraient assurer leur éducation familiale et ne se constituaient pas comme de vrais modèles pour eux. De là leur problème de gestion de leur propre foyer aujourd'hui. Ils n'ont pas eu de la chance d'avoir un encadrement familial eux mêmes.

Un bon père ambitieux pour son enfant, sourcilleux de sa formation, de son être surveille d'un oeil attentif ses études scolaires. C'est une douzième progéniture qui nous dit que son père est irresponsable, qu'il n'a pas soucis pour les obligations de la famille. Et, une treizième ajoute que sa mère n'a pas eu le soin de prendre en main ses responsabilités en tant que mère de famille et en tant qu'épouse.

La quatorzième a répondu autrement. Elle a qualifié le comportement de ses parents comme héréditaire et culturel. Le père veut toujours se pencher vers le traditionnel; il pense que, c'est un problème d'Haïtien.

La quinzième quant à elle, croit que les parents étaient trop jeunes pour se marier parce qu'en Haïti on n'est pas encore prêt pour fonder un foyer à 18 ans d'âge; généralement les Haïtiens vivant en Haïti ne sont pas formés pour prendre des responsabilités à cet âge.

La seizième progéniture émet ses idées en disant que quand les deux partenaires d'un couple n'ont pas une même foi chrétienne, cela pose aussi un grave problème. Il continue : son père est catholique et sa mère protestante. Il constate que son père voulait toujours faire savoir à sa maman que tout ce qui est des péchés pour son épouse ne l'est pas pour lui. De cela survient un problème de religion dans le foyer.

La dix-septième progéniture a une autre opinion concernant le comportement des parents dans le foyer. Pour elle, ce comportement est lié à la réaction de sa mère face à certaines situations. Et elle ajoute que sa mère est moins affectueuse, elle oublie toujours les anniversaires de naissance des membres de la famille et même l'anniversaire de son mariage. Elle est très négligente en ce sens. La dix-huitième prolonge les idées de la dix-septième en disant que sa mère est indifférente vis-à-vis de son père. Pour une dix-neuvième, le comportement de sa mère est intolérable puisqu'elle est réellement trop bavarde. Elle condamne en même temps son papa parce qu'il ne fait rien à la maison même quand la servante s'absente un jour. C'est sa maman qui fait tous les travaux de ménage.

Il importe que nous nous entendions d'abord sur la nature même des dispositions du coeur qui animent deux personnes au point de les rapprocher suffisamment pour qu'elles forment un couple. Cet attrait, d'ailleurs indéfinissable, s'appelle généralement l'amour. Et si nous disons <<généralement>>, c'est que d'autres sentiments, auxquels nous avons donné le même nom et qui ne sont pas de l'amour véritable, interviennent souvent dans la formation de couples précaires et malheureux. L'insurmontable difficulté que l'on rencontre lorsque l'on cherche à définir l'amour tient premièrement au fait que celui-ci est trop grand, trop profond, trop mystérieux pour qu'on ose l'enfermer dans des limites précises. D'autre part, la langue française ne dispose que d'un seul mot, le verbe aimer, pour exprimer soit le tendre rapprochement de deux êtres, soit le goût que l'on éprouve pour un aliment, un objet, une activité, etc. Aimer sa femme, son mari et aimer voyager sont deux sentiments très différents, et pourtant ils s'expriment par le même verbe. C'est parfois lorsqu'il s'agit des sentiments que peut éprouver un homme pour une femme et réciproquement, que le malentendu devient sérieux ou même tragique. Tant qu'on parle d'amour du prochain, en général, d'amour paternel, maternel, filial, on se sent dans une zone bien délimitée des sentiments, sur un terrain solide. Dès qu'il est question de l'amour d'un sexe pour l'autre, on pénètre sur un terrain mouvant, mal défini, où chaque pas peut présenter des délicieuses surprises ou des pièges cruels. Pour renforcer ces idées, la vingtième progéniture nous disait qu'on ne pourrait jamais former un vrai couple si l'on ne s'aime pas, s'il n'existe pas un amour propre au sein du foyer. A son avis le premier problème de ses parents est basé sur le fait que sa mère n'a jamais aimé son père. Elle était trop avancée en âge; donc elle a dû épouser son père.

Pour une autre progéniture, le comportement des parents est dû au fait que son père, un type colérique, veut toujours imposer ses opinions. C'est un type égocentrique. Toutes les décisions de la famille doivent passer forcément par lui.

Il est à noter qu'après les différentes idées énoncées ci-dessus, il est tout à fait exact de dire que le premier modèle de l'enfant est ses parents. L'enfant a toujours tendance de faire apparaître ce qu'on appelle en psychologie la projection ou le prototype de ses parents. C'est pourquoi un parent isolé a toujours une conséquence néfaste sur son enfant.

4.2.2 Conséquence d'un conjoint isolé

Pour donner une bonne éducation familiale, il faut que le père et la mère soient présents à la maison, le plus possible. La vraie famille, complète, active, n'existe que lorsque les parents sont tous deux à la maison. Plus le père ne passe de temps à la maison, plus sa femme et ses enfants ont l'occasion de se rendre compte qu'il lui arrive de commettre des erreurs. L'avenir des enfants est conditionné par la présence du père et de la mère dans le foyer. L'idée de la première progéniture en ce sens est que les deux parents doivent se mettre ensemble pour bien gérer une famille. D'après une autre, la présence du père et de la mère au foyer assure mieux l'éducation de leur enfant. Pour une autre : la famille se compose du père, de la mère et des enfants (s'il y en a.) Pour renforcer ses idées une autre progéniture est allé lui-même plus loin que les autres pour nous dire que dès la création, Dieu a créé l'homme et la femme pour former une famille. A chacun son rôle spécifique dans une famille. Une famille mono parentale a plus de difficultés à réussir l'éducation de ses enfants.

Avec les témoignages recueillis auprès des interviewés représentant la famille légitime (30 partenaires et 20 progénitures) sur les attitudes et comportements des conjoints à l'égard de leurs foyers dans différentes zones de résidences à Port-au-Prince, nous pouvons dire que nous sommes arrivés à inventorier les problèmes qui peuvent nuire aux bonnes relations des couples légitimes à Port-au-Prince. Notre objectif est atteint puisque après cette recherche, nous pouvons dire que tous les problèmes de négligence dont fait montre l'un ou l'autre des partenaires légitimes haïtiens que nous avons interviewé à Port-au-Prince vis-à-vis du foyer, dérivent de ces facteurs :
- jalousie,

- condition économique,

- confiance dans la protection légale de l'union,

- influence parentale,

- incapacité à communiquer.

Ainsi nous avons abouti à la confirmation de notre hypothèse. Dans le prochain chapitre nous allons interpréter ces résultats et formuler les recommandations qu'un psychologue peut donner à toute famille confrontée à au moins l'un des problèmes révélés par cette recherche.

Chapitre V

INTERPRETATION ET RECOMMANDATIONS

Dans notre travail de recherche, en formulant notre hypothèse, nous nous disons que les éléments ou facteurs qui sont jalousie, condition économique, confiance dans la protection légale de l'union, influence parentale et incapacité à communiquer, sont liés par un rapport de détermination à la négligence du foyer par les partenaires légitimes des couches moyennes à Port-au-Prince, dans les années 90.

C'est cette réalité que nous nous attendions à trouver après analyse. C'est notre attente théorique.

En effet : les résultats de l'analyse confirment cette relation que nous avons prévue. Nous pouvons dire que notre attente est totalement comblée et notre hypothèse est confirmée aux chapitres III et IV du mémoire. Les entretiens que nous avons eus avec un échantillon de 30 couples légitimes et 20 progénitures révèlent que les problèmes de négligence du foyer conjugal sont axés sur : premièrement la jalousie. Le phénomène de jalousie influe de manière négative la vie conjugale. Selon notre recherche ce sentiment peut détruire une famille. Nombreux sont les partenaires conjugaux qui n'échappent pas de ce phénomène. Faisant allusion à quelques propos de couples, nous avons trouvé plusieurs scènes de jalousie. Par exemple : un conjoint n `admet pas que son partenaire manifeste de la sympathie vis-à-vis du sexe opposé. Tantôt les femmes n'acceptent pas que leurs maris rentrent tard le soir à la maison. Ils risquent d'être sanctionnés par des scènes de jalousie ; deuxièmement la condition économique du couple. Différents conflits familiaux prennent source dans la situation économique du foyer. Nous avons trouvé un père qui abuse de l'alcool et est devenu un bon à rien. A la maison il démissionne dans le rôle de père de famille à cause de son rendement économique qui est nettement inférieur au besoin du foyer. Nous avons trouvé également que, quand les femmes ne travaillent pas, il y en a parmi elles qui sont obligées de se courber aux exigences de leurs maris, ce, au détriment des enfants. La situation économique influe sur la vie du couple. Troisièmement la confiance dans la protection légale de l'union. Nous avons trouvé quand la femme est finalement mariée, elle se sent protégée par la loi. Bien qu'elle n'ait pas trop confiance en la loi haïtienne, elle sait que son mari ne peut pas l'abandonner selon ses caprices, et, à cause de cela, commence à exhiber sa mauvaise humeur ou sa vraie façade. Cela influe sur la vie du couple. Quatrièmement l'influence parentale. Nous avons trouvé que les parents constituent très souvent de graves problèmes pour la suivie du foyer. Il arrive que le parent soit le dominant du foyer de son enfant sans que ce dernier ne s'en rende compte. Les parents possessifs exigent que le choix du partenaire de son enfant doive être forcément son propre choix. Cela influe sur la vie du couple. 5ème l'incapacité à communiquer. Pour garder solide l'union conjugale, il faut qu'il existe la capacité du couple à communiquer. Alors que nous avons trouvé que de nombreux couples échouent en raison de leur incapacité à communiquer.

A ce point, notre démarche consiste à évaluer avec soin le résultat de notre recherche et à formuler des recommandations en vue d'aider les familles à mieux gérer leurs foyers afin que les époux et leurs progénitures ne connaissent plus la phénoménologie de négligence du foyer.

5.1.- Evaluation des résultats

Nous avons observé dans notre résultat que l'incapacité à communiquer constitue un grave problème pour un foyer. (Dans beaucoup de foyers à problèmes, la femme plus instruite que le mari crée un malaise). Quel est le sens de ce résultat ? Nous pouvons dire que cette incapacité à communiquer est possible parce que, en théorie si la femme est plus instruite que le mari, déjà qu'il y a un problème car notre société exige que le mari ait une certaine formation supérieure ou égale à la femme. Alors, si ce n'est pas le cas, il y aura de toute façon un malaise. Cela peut même créer l'agressivité verbale du mari vis-à-vis de sa femme. Cette dernière préfère garder le silence au lieu d'entamer toute conversation pénible avec son mari, qui aboutira normalement à une discussion intenable.

Nous avons observé encore dans le résultat de notre recherche que le phénomène de jalousie est considéré comme un obstacle pour l'avancement d'un foyer. (Dans les foyers où la femme est plus âgée que le mari, les causes de mésentente sont nombreuses.) Quel est le sens de ce résultat ? Nous pouvons dire que la jalousie est possible parce que, en théorie la femme se sent plus en sécurité : sociale, physique, économique et autres quand son mari est plus âgé qu'elle. Si c'est elle la plus âgée, elle risque à croire à tort ou à raison que le mari ira courtiser d'autres femmes plus jeunes. L'imagination de la femme occasionne des scènes de jalousie.

Dans notre résultat, nous avons aussi observé que l'infidélité sexuelle influe considérablement la relation du couple. Quand la femme est beaucoup plus jeune que le mari, la relation du couple avant le mariage n'est pas toujours la même après le mariage. Quel est le sens de ce résultat ? Nous pouvons dire que l'infidélité sexuelle de la femme est possible parce qu'en théorie, la femme plus jeune que le mari a toujours tendance à ridiculiser les paroles du mari qu'elle trouve trop désuètes. Elle trouve que son mari est démodé par rapport aux gens de son âge ou précisément ses camarades. La femme ira trouver les jeunes de son groupe d'âge où le cadre lui paraît plus attrayant et l'ambiance beaucoup plus agréable. Si ces jeunes ne la comprennent pas, ils profitent pour la courtiser. Cela peut la rendre infidèle à son mari. D'où la multiplication des problèmes pour ce foyer.

Dans ce résultat, nous avons encore observé que l'influence parentale est très fatale pour un foyer. Dans les foyers où le couple vient de deux niveaux sociaux différents, nous pouvons dire que l'influence parentale est possible parce que, en théorie les parents de conjoint les plus aisés ou les plus haut placés socialement, sont plus possessifs. Ils aimeraient être toujours sûrs du choix de leur enfant. S'il y a malgré tout une différence de niveau social entre les conjoints, les parents influent sur la vie du couple, ce qui se manifeste à partir de leur comportement vis-à-vis du beau-fils ou de la belle fille. Même si les époux s'aiment vraiment à la folie, inévitablement divers conflits sont possibles.

Dans notre résultat, nous avons observé que la situation économique de l'époux/épouse affecte le lien conjugal. Quel est le sens de ce résultat ? Nous pouvons dire qu'il est possible parce que, si la situation économique de l'époux/épouse conditionne le choix de son conjoint, il existera alors l'amour conditionnel. En théorie quand l'amour est conditionné, il ne pourra pas y avoir l'affection conjugale. La négligence de cette affection s'installe bel et bien dans ce foyer et cela engendrera tout un réseau de problèmes.

Dans notre résultat, nous avons enfin observé que la confiance dans la protection légale de l'union influe négativement sur la vie d'un couple. La femme n'accepte plus les mauvais comportements de son mari après le mariage. Quel est le sens de ce résultat ? Nous pouvons dire qu'il est possible parce que, en théorie une femme qui n'est pas mariée et qui n'a pas une vie de couple est considérée comme une « vieille fille ». Elle est ridiculisée par certaines personnes ; cela peut même la rendre malheureuse lorsqu'elle est restée chez ses parents après sa trentaine. Dans ce cas, aucune femme n'aimerait rester sans avoir accompli cet acte social (mariage), si cela n'était pas ses voeux de rester célibataire ou de devenir religieuse. Pour ce faire, certaines d'entre elles s'organisent à tout prix pour trouver un mariage même quand cela va leur coûter très cher. Elles consentent leur mauvais choix, mais c'est juste pour satisfaire le désir de la société. Pour arriver à cette nuit de noces, durant les jours de fiançailles, la jeune fille se comporte comme un ange, très respectueuse, joviale, gentille etc. Une fois mariée, c'est cette même femme qui va prouver le contraire. Elle donne maintenant sa vraie façade, sa vraie personnalité parce qu'elle sait que la loi ne permet pas le divorce du jour au lendemain. Le mari ne peut pas la quitter aussi facilement comme avant le mariage. Le fait qu'elle est en connaissance de la couverture de cette loi ne préserve pas son foyer des effets négatifs des divergences conjugales.

En parcourant tout le travail, nous sous sommes rendu compte qu'il existe un comportement utile à un foyer, comportement qu'il faut à tout prix maintenir et même renforcer.

C'est la famille née d'un mariage égalitaire. Ce fait est nécessaire à un foyer parce que, quand il y a égalité dans un foyer, l'intervention de l'un est aussi importante que celle de l'autre. Le couple prend toutes les décisions de concert. Il y a entente. Le dialogue est possible ; on sait que, avec le discours, c'est un couple qui vit de façon harmonieuse et qui va rendre sans doute, la vie agréable aux enfants. C'est une famille heureuse et équilibrée.

Par contre, ce même parcours nous révèle des comportements qui se révèlent anormaux et nuisibles pour un foyer. Suite à ce résultat nous allons, pour contribuer à la résolution de ces problèmes, proposer des recommandations, dans la deuxième section de ce chapitre.

5.2.1 Les problèmes

Une vie à deux peut être heureuse ou malheureuse suivant le comportement, la personnalité des conjoints dans le foyer.

L'analyse nous a révélé onze faits qui, à Port-au-Prince, dans notre public cible, peuvent rendre malheureuse une vie à deux.

1- Le mariage forcé

Ce fait est nuisible, parce que pour vivre heureux à deux il faut que l'amour soit inconditionnel. Si l'un ou l'autre est forcé de se marier, il y avait quasiment une condition, d'ailleurs qui sera nuisible pour le foyer. A ce fait, prenons un exemple tiré du chapitre 4 où la fiancée était enceinte ; sous la pression de l'Eglise et sur les menaces des parents de la jeune fille, le jeune garçon était obligé de se précipiter bien qu'il eût déjà promesse de mariage avec sa vraie fiancée. Après la nuit de noces, le mari se voyant hors de danger ou des menaces de ses beaux-parents, active un comportement nuisible envers sa femme qu'il n'aimait pas vraiment et à laquelle il ne peut donner ses attentions, ses affections et ses tendresses. Ainsi vient naître dans ce foyer une perpétuelle guerre froide très nuisible à la famille.

2- La présence d'une maîtresse ou d'un amant dans la vie de l'autre conjoint.

Ce fait est anormal parce que: premièrement sur le plan de santé, celui ou celle qui est infidèle peut attraper des maladies MST et les transmettre à son partenaire. Bien que ce dernier ou cette dernière soit fidèle, elle sera victime quand même de cette éventuelle maladie. Si c'est le cas d'une maladie incurable, nous sommes maintenant face aux enfants orphelins de père et de mère. Ces enfants peuvent devenir des délinquants, des rejets de la société; deuxièmement sur le plan économique, la famille régresse parce qu'au lieu de travailler, le couple passe la majorité de son temps à multiplier des scènes de jalousie. En plus de cela, il arrive des cas où la maîtresse ou l'amant profite de faire vider les poches de son concubin/sa concubine pour réussir ses moments de folie. Cela fait baisser encore l'économie du foyer. A la longue, le couple préfère divorcer. C'est encore un problème qui peut nuire à l'économie du couple, chaque partenaire ayant tout à recommencer. C'est un fait qui est totalement nuisible pour un foyer parce qu'il engendre toute une série de problèmes.

3- La situation de conflit avec la belle mère.

C'est un fait nuisible à la famille parce qu'un foyer ne peut pas être dirigé avec une situation conflictuelle avec la belle-mère qui le plus souvent considère sa belle fille comme quelqu'un qui vient la séparer de son fils. Cela crée parfois un malaise quand la belle fille se rend compte de l'hypocrisie de sa belle-mère. C'est un fait nuisible au foyer qui entraîne de la mésentente entre le couple par rapport à la belle-mère.

4- La femme plus instruite que le mari.

Ce fait est anormal parce que, en théorie la femme se sent mieux encadrée et plus à l'aise de présenter son mari à un ami quand le mari est plus instruit. Il est nuisible quand elle est plus instruite que son mari parce qu'elle ne se sent pas fière de son mari en ce qui a trait à la scolarité. Elle est timide ou inquiète, quand c'est le mari qui doit prendre la parole en public ou quand son mari converse avec des amis mieux formés que lui.

5- La femme plus âgée que le mari.

Quand cela arrive, il est tout à fait nuisible parce que, en théorie on dit pour qu'une famille ne connaisse pas certains problèmes, il faut que le mari ait 7 ans de différence d'âge sur sa femme. Si la femme est plus âgée, elle a tendance à influencer sa vie de couple. Il est probable d'avoir dans ce cas une famille matriarcale où c'est la femme qui le principal chef de la maison. Autre type de problème qu'il peut y avoir, c'est quand la femme est plus âgée : très souvent elle est susceptible lorsque son mari est en présence d'une plus jeune femme. C'est une femme qui n'est pas du tout en paix quand son mari chatte sur l'internet ; son imagination la porte à faire des scènes de jalousie insensées.

6- La différence de classe sociale.

C'est un fait nuisible pour un foyer. C'est le cas où l'un ou l'autre partenaire va s'arranger pour s'adapter à une société ou à un groupe d'hommes et femmes qui n'est pas de la même classe sociale. Cela peut créer des ennuis ou des problèmes.

7- L'incompatibilité de caractère

C'est un fait nuisible parce que quand il y a divergences non acceptées dans un foyer, cela conduit parfois au divorce. Tant qu'il y a divorce, il y a perpétuel recommencement et régression de l'économie.

8- Un mari très éloigné de sa femme pendant de longue durée, sous prétexte de travailler ailleurs.

Ce fait est très négatif pour un foyer parce que l'homme et la femme sont créés pour vivre ensemble. Le lien conjugal vient encore renforcer davantage cette théorie. Quand deux personnes sont mariées, elles doivent partager le même toit marital, et encore plus, le même lit. Quand une des deux est absente cela crée un vide dans le foyer. Le plus faible charnellement, a tendance à aller chercher un/une concubin(e) pour combler son vide. C'est un comportement qui rallie une liste de problèmes dans le foyer.

9- Une femme qui ne s'occupe points des affaires domestiques ni de celles de son mari.

Dans ce cas, cette femme ne gère pas son foyer, c'est un fait nuisible puisque, en théorie notre société exige en ce qui a trait à la vie domestique d'un foyer, que la femme soit le boulon centre du foyer. Quand elle n'est pas à même de gérer sa famille et délaisse pratiquement son mari et ses enfants si elle en a eus, deux possibilités s'imposent au mari: ou bien il entretient une relation extra-familiale, ou bien il demande le divorce.

10- La relation basée sur le bien matériel.

Ce fait est anormal parce que quand la situation économique de l'autre s'améliore ou l'autre est capable maintenant de se procurer ce qu'il /elle veut, son partenaire est devenu moins important économiquement dans sa vie comme autrefois. Il/elle ne va plus protéger leur union conditionnelle parce qu'il/elle ne dépend plus de l'autre. Il/elle ira sans hésitation à la recherche de son vrai amour.

11- L'incapacité à communiquer.

Ce fait est anormal parce que la communication est la pièce maîtresse pour une vie à deux. Un couple sans dialogue est un couple terne, sans vie. Ce fait est nuisible parce qu'on ne peut pas se concilier et progresser sans le dialogue.

5.2.2.- Recommandations

Aux différents problèmes rencontrés pouvant nuire au foyer conjugal, nous avons formulé des solutions.

Pour le premier problème, nous proposons, pour le résoudre, que :

- les jeunes évitent la grossesse non désirée ;

- le jeune homme n'ait pas de relations sexuelles avec une fille qu'il n'a pas l'intention d'épouser.

Pour le deuxième problème, nous proposons aux conjoints de rester fidèles l'un envers l'autre.

Pour le troisième problème, nous proposons au couple, une fois marié de ne pas raconter à tort et à travers à leurs parents leurs mésententes, ce, pour empêcher les conflits, surtout avec les belles-mères.

Pour le quatrième problème, nous proposons pour le résoudre, au mari de poursuivre ses études, pour mieux encadrer sa femme.

Pour le cinquième problème, nous proposons aux futurs mariés de s'assurer vraiment que le garçon soit le plus âgé du couple.

Pour le sixième problème, nous proposons pour le résoudre, aux futurs mariés et a celui qui est le plus aisé, de s'assurer vraiment qu'il aime sans contrainte sa future conjointe afin que rien ne puisse l'empêcher de le chérir, de l'aimer, de le/la protéger dans les bons et dans les mauvais jours.

Pour le septième problème, nous proposons au couple, pour le résoudre, qu'il accepte les divergences. Aucun homme n'est parfait. Il faut cultiver la tolérance quand on s `aime de tout coeur.

Pour le huitième problème, nous proposons au conjoint de ne pas prendre habitude de quitter le toit conjugal pour une longue durée, sous aucun prétexte.

Pour le neuvième problème, nous conseillons à la femme de faire échange d'idées avec d'autres mères de famille qui n'ont pas ce genre de problème. Au fur et à mesure, elle finira par corriger certains points négatifs quand il s'agit de s'occuper les affaires domestiques de son foyer.

Pour le dixième problème, nous conseillons aux futurs mariés de ne pas associer le bien matériel et le choix de leur époux/épouse, car cela apporte malheur.

Pour le onzième problème, nous conseillons aux époux le dialogue. Ils pourront dialoguer avec les yeux, avec les gestes, avec le sourire, avec les mots. S'il n'est pas coutume chez eux de dialoguer, ils doivent s'entraîner à le faire au moins une fois par semaine, ce qui deviendra 3 fois par semaine et plus tard pourquoi pas à chaque rencontre dans la maison, à longueur de journée.

Selon nous, les solutions 1, 2, 3, 4, 5, et 10 sont complémentaires. Elles peuvent entrer dans une proposition qui se formule comme suit : Avant d'avoir des relations sexuelles avec un homme ou une femme il faut être sûr de l'avoir aimé vraiment afin que rien ne puisse briser cet amour. Ensuite, après le mariage si par malheur vient s'infiltrer un cortège de problèmes, il ne faut jamais partager les mésententes du couple avec les parents, ou plutôt le faire avec circonspection.

Par ailleurs, les solutions 8, 9, et 11 ne peuvent pas se regrouper, ils restent tels qu'elles sont.

Dans notre société haïtienne, les quatre solutions sont faisables en raison de trois possibilités:

1- Elaboration d'un programme d'Education familiale ;

2- Elaboration d'un plan approprié au besoin d'un foyer ;

3- Création d'un programme d'encadrement des jeunes dès la puberté.

Il est vrai que les facteurs économiques, politiques peuvent jouer contre cette proposition, cependant si l'on invente un nouveau Ministère, Ministère à la condition familiale, il est possible d'atteindre ces trois points précités.

Si nous n'avons pas pu explorer du tout ou efficacement certains aspects (Agressivité physique du mari vis-à-vis de sa femme, Virilité précoce de l'époux) de notre problématique, c'est en raison du fait que nous ne trouvons pas de données à propos de ces aspects.

A-t-on atteint tous les objectifs du travail ?

La conclusion répond à cette question.

CONCLUSION

En écrivant ce mémoire, nous avons eu l'intention de résoudre le problème suivant : l'explication des causes de la négligence du foyer par les partenaires (époux/épouses)

A cette négligence, nous avons au départ, supposé six causes et trois conséquences.

Les causes supposées étaient le mariage forcé, la présence d'une maîtresse dans la vie de l'époux ou d'un amant dans celle de l'épouse, l'impossibilité par l'époux de satisfaire convenablement les besoins du foyer, le manque de préparation de l'épouse à gérer des activités domestiques, les activités professionnelles de l'un ou de l'autre partenaire, la différence d'éducation entre les époux, que ce soit dans le sens d'intégration de valeurs et normes sociales, que ce soit dans le sens de niveau de scolarisation. Les conséquences hypothétiques étaient régression sentimentale et ou économique du foyer, échec social des enfants (mauvaise intégration sociale, tendance à la délinquance), éternelle guerre froide ou chaude entre les conjoints, dont l'issue la plus fréquente est le divorce qui amène tout le cortège de problèmes affectifs et légaux que l'on peut imaginer.

Nos recherches ont prouvé que la question posée était encore sans réponse. Nous avons alors décidé d'y répondre.

Notre question spécifique met en évidence une variable dépendante et cinq variables indépendantes.

Ces variables sont :

a) La variable dépendante : négligence de leurs foyers par les partenaires légitimes à Port-au-Prince, qui est le phénomène que nous analysons.

b) Les variables indépendantes : la jalousie d'un partenaire, la condition économique d'un partenaire, la confiance dans la protection légale de l'union, l'influence parentale, la communication dans le foyer.

Nous avons au départ prétendu qu'il existe une relation de détermination entre la variable négligence et les variables indépendantes.

L'analyse des données recueillies a comblé notre attente puisque nous avons découvert que les problèmes de négligence par l'un ou l'autre partenaire envers le foyer à Port-au-Prince prennent leur source de différents facteurs : jalousie, condition économique, confiance dans la protection légale de l'union, influence parentale et problème de communication.

En nous référant au cadre théorique et conceptuel, nous avons interprété la réponse trouvée. Nous résumons ici cette interprétation.

Le phénomène de jalousie influe de manière négative sur la vie conjugale. Selon notre recherche, ce sentiment peut détruire une famille. Différents conflits familiaux prennent leur source à partir de la situation économique du foyer. Quand la femme est finalement mariée, elle se sent protégée par la loi, et commence à exhiber son caractère ou sa vraie façade. Les parents constituent très souvent de graves problèmes pour la suivie du foyer de leur enfant. Les parents possessifs exigent que le choix du partenaire de leur enfant doive être forcément leur propre choix. Pour garder solide l'union conjugale il faut qu'il existe la capacité du couple à communiquer. Alors que de nombreux couples échouent en raison de leur incapacité à communiquer.

Il ressort de notre analyse que onze problèmes doivent retenir l'attention des autorités compétentes. La négligence du foyer par les époux tourne autour de ces problèmes que voici, par ordre d'importance : le mariage forcé, la relation basée sur le bien matériel, la différence de classe sociale, l'incapacité à communiquer, la présence d'une maîtresse ou d'un amant dans la vie de l'autre conjoint, la situation de conflit avec la belle-mère, la femme plus instruite que le mari, la femme plus âgée que le mari, l'incompatibilité de caractère, un mari très éloigné de sa femme et pendant de longue durée sous prétexte de travailler ailleurs, une femme qui ne s'occupe point des affaires domestiques et de celles de son mari.

Pour la résolution de ces problèmes, les principales recommandations que nous avons formulées sont les suivantes :

Les jeunes doivent empêcher la grossesse non désirée. Le jeune homme ne doit pas faire le sexe avec une fille qu'il n'a pas intension d'épouser. Un conjoint doit rester avec une seule femme ou un seul homme dans sa vie. Un couple, une fois marié ne doit pas raconter à ses parents les mésententes du foyer. Nous conseillons aux futurs mariés de s'assurer vraiment que le garçon est le plus âgé du couple. Nous conseillons aux futurs mariés et à celui le plus aisé de s'assurer vraiment qu'il aime sans contrainte son futur conjoint afin que rien ne puisse l'empêcher de le chérir, de l'aimer, de le/la protéger dans les bons comme dans les mauvais jours. Nous proposons au couple d'accepter les divergences. Nous conseillons au conjoint de ne pas prendre habitude de quitter le toit conjugal pour une longue durée sous aucun prétexte. Pour corriger certains points négatifs quand il s'agit d'occuper les affaires domestiques du foyer, nous conseillons à la femme confrontée à ce problème, de faire échange d'idées avec d'autres mères de famille qui n'ont pas connu ce genre de problèmes. Au fur et à mesure elle finira par les corriger. Nous proposons aux futurs mariés de ne pas associer le bien matériel avec le choix du conjoint. Nous suggérons au couple le dialogue dans le foyer.

Les solutions proposées sont regroupées en quatre se révèlent et faisables en raison de la possibilité de :

1- Elaborer un programme familial,

2- Envisager un plan approprié au besoin d'un foyer,

3- Créer un programme d'encadrement des jeunes dès la puberté.

Bien sûr, nous sommes consciente des limites que notre travail comporte, comme certains aspects (agressivité physique et sexuelle du mari vis-à-vis de sa femme, virilité précoce de l'époux

Par ailleurs, consciente des défaillances, des erreurs, de la prévention et souvent de la précipitation que laisse voir cette première recherche, nous regrettons de n'avoir pas exploré plus finement des données trouvées.

Nous nous réservons donc la possibilité, et même le devoir, de poursuivre ce qui n'a été ici qu'ébauché. Nous souhaitons perfectionner le travail pour traiter les problèmes d'agressivité sexuelle chez la femme.

D'un autre côté, nous aimerions que le gouvernement haïtien utilise notre travail afin de donner une nouvelle orientation aux parents qui sont considérés comme les premiers modèles de l'enfant, parce que c'est dans la famille que l'enfant fait l'apprentissage de la vie sociale. Enfant d'aujourd'hui/ homme et femme de demain.

Pour ce faire, il faut créer un nouveau ministère « Ministère à la condition familiale » qui aura pour mission de finaliser les trois points pré-cités.

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